Cours de Droit Penal Special4
Cours de Droit Penal Special4
Cours de Droit Penal Special4
B- L’élément moral
Il faut que l’auteur du détournement ait agit sciemment. Cela suppose que l’auteur
connaissait la qualité de la détention et que l’auteur connaissait le caractère illicite de
l’interversion au titre duquel il a procédé.
A- L’élément matériel
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L’élément matériel prévoit l’emploi de moyens frauduleux. Il peut s’agir donc : des
mises en scène, des machinations, des mensonges mis sur pied qui ont pour but de désarmer la
méfiance de la victime. Les manœuvres frauduleuses doivent aboutir à la remise volontaire de
la chose à l’escroc car ces manœuvres ont créé dans l’esprit de la victime une erreur, qui a
conduit à la remise de la chose convoitée. La chose remise peut être : un bien mobilier, des
fonds, des valeurs, la fourniture d’un service, la signature d’un acte portant décharge d’une
obligation.
B- L’élément moral
L’escroquerie est un délit intentionnel. L’agent doit avoir agi de mauvaise foi et tromper
volontairement afin d’obtenir la remise de la chose. La mauvaise foi se déduit des artifices ou
des moyens de tromperie employés.
Certaines manœuvres frauduleuses sont incriminées par la loi de manière autonome par
le biais des incriminations spéciales à savoir les filouteries (art 322 – 322-1 CP).
On distingue :
C’est le fait de se faire servir des boissons ou des aliments dans un établissement sans
toutefois payer la facture.
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Dans les deux premiers cas, la durée de la fourniture de boissons ou d’aliments ou
l’occupation de logement ne doivent pas avoir excédé une semaine.
C’est une innovation du nouveau Code pénal, qui punit tout preneur par bail (locataire)
d’un immeuble bâti ou non qui, débiteur de 2 mois de loyers n’a ni payé lesdits loyers, ni libéré
l’immeuble concerné un mois après sommation de payer ou de libérer les lieux. Il est clair que
ce texte protège les propriétaires de local à louer mais à condition que le bail soit dûment
enregistré.
Concernant l’élément intentionnel, la filouterie est d’abord le fait d’une personne qui
sait être dans l’impossibilité absolue de payer le bien ou le service, et les juges se doivent de
relever cet élément de l’infraction.
Concernant la filouterie de loyers, l’élément moral n’est pas forcément tourné vers la
mauvaise foi de l’agent, il peut arriver que l’agent se trouve dans l’incapacité financière de
payer tout en étant de bonne foi. Bref, le juge ne recherche pas ici la mauvaise foi ou la bonne
foi, il constate uniquement le non paiement de loyers.
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CHAPITRE II : LES DELITS COMPLEMENTAIRES
Ce sont des actes établis par l’existence d’une infraction d’origine objectivement
punissables. Deux situations sont possibles : soit l’individu détient la chose ayant une
provenance illicite ou profite du produit de l’infraction, on parle dans ce cas de recel
(paragraphe1), soit parce que l’individu tente de transformer la somme d’argent d’origine
criminelle en un bien licite ou en d’autres instruments financiers légaux : on parle de
blanchiment de capitaux (paragraphe2).
Paragraphe1 : Le recel
La notion de recel est fréquemment employée par le législateur. Il faut donc distinguer
le recel des délinquants ou de malfaiteurs (art 194 CP) et le recel des choses. Nous nous
limiterons au recel des choses.
Aux termes de l’article 324 CP : « est puni des peines de l’article 318 ci-dessus, celui
qui détient ou dispose des choses obtenues à l’aide d’un délit, soit en connaissance de cause,
soit ayant des raisons d’en soupçonner l’origine délictuelle ». Le receleur cherche donc à tirer
bénéfice de sa participation à l’entreprise du coupable et est poussé par le lucre en ce sens que
« c’est le receleur qui fait le voleur ». Parler du recel revient à voir ses conditions
d’incrimination (A) et ses modalités de répression (B).
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contravention n’existe pas. L’infraction d’origine peut donc être le vol, l’abus de confiance,
l’escroquerie…
Le recel ne saurait se confondre avec l’infraction principale, car on ne peut pas être à la
fois voleur et receleur (qualification incompatible). Toutefois, il existe sur le plan procédural,
une solidarité entre l’auteur de l’infraction préalable et le receleur dans le cadre de la jonction
des procédures avec pour conséquence, la possibilité d’un recours du solvens contre ses
coobligés, recours que la jurisprudence impose systématiquement au nom de la connexité. Cette
solidarité est de droit par la restitution des objets et le versement des dommages et intérêts. En
outre, la chose recelée doit être nécessairement une chose mobilière : meuble.
La chose recelée n’est pas forcément la chose elle-même objet de l’infraction. Cela peut
être par exemple, l’équivalent en argent au cas où la chose est revendue ou inversement, la
chose acquise avec l’argent volé. C’est la subrogation réelle qui intervient ici et qui permet de
considérer que le recel peut porter sur l’objet qui a été substitué.
- L’ élément matériel
La matérialité du recel peut se dégager à travers la détention qui consiste dans la simple
réception de la chose d’où le recel détention. Cependant, la jurisprudence constate le recel, si
la détention est très éphémère et si l’agent connaît l’origine frauduleuse de l’objet. Ainsi la
chambre criminelle de la Cour de cassation a admis que le passager d’un véhicule volé est
receleur de celui-ci, s’il connaît l’origine frauduleuse de l’objet. La matérialité du recel peut
aussi se dégager à travers le fait de service d’intermédiaires, afin de transmettre la chose.
Le recel peut aussi se manifester sous la forme de recel profit. Ici, c’est le bénéfice du
recel de la chose qui constitue l’essence même du recel. L’agent profite personnellement du
crime. La jurisprudence a une interprétation assez large de la notion de recel profit. C’est ainsi
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que la Cour de cassation a condamné de receleur, une dame qui profitait du train de vie de son
conjoint qui ne correspond pas au revenu de celui-ci et qui avait des raisons d’en soupçonner
l’origine frauduleuse.
- L’élément moral
On ne peut pas être receleur par une imprudence. Le receleur doit avoir connu l’origine
délictuelle de la chose. Peu importe s’il ne connaît pas tous les détails de l’infraction préalable.
Le receleur doit être animé d’une intention coupable. Il doit avoir pleine connaissance de
l’origine délictuelle de l’objet et la volonté de profiter de l’infraction. Le législateur va plus loin
en affirmant qu’il pèse sur ledit receleur, des raisons d’en soupçonner l’origine délictuelle.
B- Le régime répressif
Le recel simple est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans et d’une amende de 100 000
à 1 million de francs. Le recel aggravé, c’est-à-dire en cas de crime, les peines sont doublées.
Introduite dans le nouveau Code pénal à travers l’article 249-4 intitulé blanchiment
d’argent au moyen des jeux et loteries, cette infraction a vu le jour dans notre arsenal répressif
par la loi n°97 /19 du 7 Août 1997 relative au contrôle des stupéfiants, substances psychotropes
et des précurseurs. Ce texte traitait exclusivement du trafic de drogue et a été élargi par la suite
par le règlement CEMAC portant sur la prévention et la répression des blanchiments des
capitaux. L’article 98 de la loi dispose : « constitue un blanchiment, le fait d’apporter son
concours à la conservation ou au transfert des fonds ou des biens provenant des infractions
prévues aux articles 91 et 97 de ladite loi, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine
illicite desdits biens ou ressources qui permettent soit d’aider toute personne à échapper aux
conséquences juridiques de l’acte ». Le règlement CEMAC quant à lui, définit le blanchiment
au terme de son article premier comme « la conversion au transfert des biens provenant d’un
crime ou d’un délit dans le but de dissimuler ou de déguiser les origines illicites ». Cette
incrimination est tributaire d’une infraction préalable qui aboutit à la conversion des biens, d’où
ses éléments constitutifs (A) et ses modalités de répression (B).
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Le blanchiment consiste à faciliter par tous moyens, la justification mensongère de
l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime ou délit. La loi vise ici, le fait
d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du
produit du crime.
Le blanchiment est une infraction intentionnelle. Il faut donc que son auteur connaisse
l’existence de l’infraction d’origine et qu’il agisse en connaissance de cause. La preuve de
l’intention appartient selon la règle actori incumbit probatio au ministère public.
B- La répression du blanchiment
Elle varie en fonction des textes. Dans le texte de 1887, le blanchiment est un crime,
tandis que dans le texte communautaire CEMAC, le blanchiment est puni d’un emprisonnement
de 5 à 10 ans et d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 fois le montant blanchi.
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SOUS-TITRE 2 : LES ATTEINTES MATERIELLES AUX BIENS
Le délit requiert avant tout, un bien appartenant à l’agent. En outre, la nature du bien
peut être soit mobilière ou non. Ces atteintes matérielles visent donc à créer un danger pour les
personnes quoique l’infraction ne suppose pas nécessairement que des personnes aient été
nécessairement atteintes.
- L’élément matériel
Cette infraction suppose un acte de destruction ou de détérioration soit par le feu, soit
par un moyen quelconque. Les atteintes matérielles visent donc à créer un danger pour les
personnes, car si le feu est mis soit sur des lieux servant à l’habitation, soit sur un véhicule
contenant une ou plusieurs personnes, il crée du danger.
L’élément matériel vise tout véhicule de terre, mer ou mines à leur dépendance
lorsqu’elles sont exploitées.
- L’élément intentionnel
Il s’agit d’un délit intentionnel. L’agent doit non seulement savoir qu’il est propriétaire
du bien en question, mais également être conscient que ses actes sont de nature à endommager
ou détruire le bien.
B- Le régime répressif
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ou la destruction provoque des blessures, maladie ou incapacité de travail telles que prévues
aux articles 277 et 280 CP. L’emprisonnement est de 6 à 20 ans (voir article 289 alinéa 2 CP).
La peine d’emprisonnement à vie au cas où l’incendie ou la destruction provoque la mort
d’autrui (article 289 alinéa 3 CP).
Cette infraction suppose que le bien appartient en tout ou partie à autrui ou alors est
grevé d’une charge en faveur d’autrui. Le bien peut être de nature mobilière ou non,
contrairement au délit puni par l’article 227 CP qui crée un danger pour les personnes et au délit
de l’article 316 qui ne présente aucun danger pour les personnes.
- L’élément matériel
Il s’agit ici de tout acte de destruction, de dégradation, de détérioration d’un bien en tout
ou partie. Le législateur n’a pas spécifié de moyens précis pour y arriver et laisse donc libre
cours à l’imagination de l’agent. Il s’agit ici d’une infraction de résultat qui aboutit soit à
endommager le bien, soit à son anéantissement.
L’agent doit avoir conscience qu’il endommage le bien d’autrui. Les mobiles ici sont
indifférents.
B- La répression
En cas de délit simple, la peine est d’un emprisonnement de 15 jours à 3 ans et une
amende de 5 000 à 100 000 francs ou de l’une des ces deux peines seulement. En cas de délit
aggravé, la peine est d’un emprisonnement de 2 à 10 ans et d’une amende de 10 000 à 500 000
francs, seulement si la destruction porte sur les édifices, ouvrages, navires ou installations.
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CHAPITRE II : LES ATTEINTES MATERIELLES INVOLONTAIRES AUX BIENS
Les dangers inhérents à l’emploi de certains moyens tels que le feu, les explosifs ou
toutes autres substances dangereuses ont conduit le législateur à intervenir pour sanctionner des
comportements involontaires. En effet, l’art 228(2) (a-b) C¨P constitue l’incrimination
spécifique des destructions, dégradations involontairement causées par l’effet d’une explosion
ou d’un incendie.
A- L’élément matériel
L’élément matériel appelle deux observations. D’une part, le législateur a spécifié les
moyens utilisés par l’agent à savoir le feu, les explosifs, les combustibles, les moyens
mécaniques ou électriques ce qui conduit à exclure par le silence de la loi les autres moyens
dangereux. D’autre part, les moyens mis en œuvre doivent mettre en danger les personnes. Les
destructions et détériorations en cause entraînent forcément un dommage important
puisqu’elles sont provoquées par des incendies ou des explosions. Le fait que ces atteintes
matérielles trouvent leur origine dans une explosion ou un incendie les rend nécessairement
dangereuses pour les personnes qui peuvent subir à cette occasion des lésions.
B- L’élément moral
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TITRE II : LA PROTECTION PENALE DU BIEN PUBLIC
Parler de la protection pénale du bien public revient à mettre en évidence les mesures
prises par la loi pour protéger le patrimoine de l’Etat. En droit pénal, les Etats se sont toujours
préoccupés à remédier aux atteintes de leurs patrimoines. En Afrique et au Cameroun en
particulier, la protection de la fortune publique est devenue une exigence républicaine. Ceci se
vérifie par la répression de tout acte visant la soustraction, le détournement des biens publics
(art 184 CP) d’une part (Section I) et par une spécialisation de la répression des atteintes à la
fortune publique (Section II).
1- L’élément matériel
Le détournement suppose une pluralité d’actes constitutifs et une diversité des modes
de perpétration de l’infraction. Ainsi le texte distingue le fait de retenir frauduleusement un bien
appartenant à l’Etat, le fait d’obtenir frauduleusement un bien appartenant à l’Etat. Le
législateur ne détermine pas les moyens par lesquels la rétention et l’obtention peuvent être
réalisés ; ainsi au regard de ces dispositions légales, l’incrimination de détournement apparaît
comme une forme globalisant les atteintes aux biens. En effet l’acte de détournement doit être
distingué des notions voisines à savoir la faute de gestion. On peut définir la faute de gestion
comme un acte de commission ou d’omission ne s’inscrivant pas dans l’intérêt de la structure
administrative et caractérisant une fraude, un abus ou une imprudence. Elle constitue une
entorse au comportement normalement prudent, diligent d’un agent public. Il peut s’agir d’un
engagement d’une dépense sans avoir qualité pour le faire ou sans avoir reçu délégation de le
faire, l’engagement d’une dépense sans crédit disponible, le fractionnement des commandes
ayant pour effet de les soustraire à la compétence de la commission des marchés publics. La
faute de gestion peut donc avoir une incidence financière ou non. C’est celle ayant une
incidence financière qui peut conduire au détournement des biens publics et si seulement si à
cet acte matériel de mauvaise gestion s’ajoute un élément moral c’est-à-dire que l’agent a agi
en connaissance de cause et avec la volonté de commettre les actes prévus à l’art 184 cp et par
conséquent porter atteinte à la fortune publique. De quel type de bien s’agit-il ici, la loi énumère
les biens mobiliers, immobiliers appartenant à l’Etat et même des biens qui ne font pas encore
partie de la propriété de l’Etat d’où le terme « confié à l’Etat ». Par ailleurs, le législateur
considère que le détournement est possible même si la chose n’est pas encore en la possession
de l’Etat. Cette hypothèse difficile à mettre en œuvre soulève des difficultés quant à la
détermination du moment de la commission de l’infraction. En outre, l’art 184 CP parle de
quiconque, par conséquent punit à la fois tout fonctionnaire, agent public, employé ou tout autre
personne auteur du détournement des deniers publics.
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2- L’élément moral
L’agent doit agir en connaissance de cause avec la volonté de commettre les actes prévus
à l’art 184 CP et l’intention de porter atteinte à la fortune publique. La personne poursuivie doit
avoir voulu par la fraude s’emparer d’un bien meuble ou immeuble d’où la mauvaise foi qui
anime l’agent.
A- La compétence
Les règles de compétence déterminent à quelle juridiction il faut s’adresser pour juger
telle ou telle affaire. On distingue la compétence ratione loci, la compétence ratione personae
et la compétence ratione materiae.
Ainsi l’art 3 de la loi du 14 Décembre 2011 dispose que « le tribunal a son siège à
Yaoundé et son ressort couvre l’ensemble du territoire national ».
Elle détermine les personnes susceptibles d’être traduites devant une juridiction. Les
personnes poursuivies sont les détourneurs de fonds publics d’un montant soit supérieur ou égal
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à 50 millions de francs CFA. Ces personnes peuvent être soit titulaires d’une charge publique
soit des personnes privées.
La procédure applicable devant le TCS est radicalement différente de celle suivie devant
la juridiction de droit commun. Elle se distingue davantage sur les garanties procédurales et sur
la gestion de l’action publique.
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III-Partie Les atteintes contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat
Chaque société définit les principes qu’elle tient pour vrais et impose des limites ; elle
établit donc des interdits dans l’espoir de se pérenniser. Parlant des atteintes à la sûreté de l’Etat,
le Code pénal camerounais les qualifie d’infraction ayant pour but de compromettre l’existence
de la nation ou d’en modifier la structure constitutionnelle et tendent à bouleverser l’ordre
politique. En effet, les atteintes à la sûreté de l’Etat constituent celles qui frappent les bases de
l’organisation sociale et l’ordre public. On distingue les atteintes à la sûreté intérieure (chapitre
1) et les atteintes à la sûreté extérieure (chapitre 2).
Aux termes de l’article 111 du Code pénal, la sécession est le fait de celui qui en temps
de guerre, ou en temps de paix entreprend par quelques moyens que ce soit de porter atteinte à
l’intégrité du territoire. Ce texte s’applique donc à ceux qui veulent soustraire à l’autorité du
pays une part du territoire sur lequel cette autorité s’exerce. D’un point de vue théorique, on
pourrait soutenir que le séparatisme est moins une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat qu’une
infraction contre la sûreté intérieure. La sécession entraîne la formation d’un Etat nouveau ou
le rattachement à un autre Etat. Bref, la sécession implique la dislocation d’un Etat mettant en
péril l’intégrité de celui-ci.
Comme acte matériel, on peut citer les actes de propagande soit écrit, soit de manière
orale, excitant les populations à porter atteinte à l’intégrité du territoire national. Il s’agit ici
d’une entreprise parfaitement coordonnée et orientée vers une fin unique à savoir la rupture de
l’intégrité du territoire.
Elle consiste en une attaque contre le gouvernement en place en vue de son changement
c’est-à-dire dans le fait de modifier par la violence les lois constitutionnelles, soit de renverser
les autorités politiques mises en place par lesdites lois, soit enfin de les mettre dans
l’impossibilité d’exercer leur pouvoir. Aux termes de l’article 114 Code pénal, sera puni à vie
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celui qui tente par la violence, soit de modifier les lois constitutionnelles, soit de renverser les
autorités politiques instituées par lesdites lois ou de les mettre dans l’impossibilité d’exercer
leur pouvoir. Le terme violence suppose l’accomplissement d’actes assez graves, exemple :
inciter les habitants à s’armer et se mettre en route afin de déloger le Président de la République.
La révolution implique une résolution d’agir qui ne saurait résulter de vagues projets, mais doit
s’exprimer en une décision précise et bien arrêtée d’où le dol aggravé.
Le législateur ici a voulu frapper par cette incrimination les activités particulièrement
dangereuses pour la sûreté de l’Etat. Par conséquent, il a donc voulu sévir sur les actes
préparatoires acheminant les coupables vers la commission des infractions telle que la
sécession, la guerre civile, la révolution etc. Aux termes de l’article 115 CP : « est puni d’un
emprisonnement à vie tout individu qui dans le but de commettre l’un des crimes prévus par
l’article 111, 112 et 114, ou pour empêcher l’action de la force publique contre les auteurs de
ces crimes organise une bande armée… ». Le législateur met un point d’honneur sur la
pérennité de l’organisation sociale d’un pays en réprimant les actes préparatoires qui constituent
des activités particulièrement dangereuses pour la sûreté de l’Etat ; la bande armée obéit à
certains critères qui auraient trait à son organisation, son armement et son but.
Concernant le but, la bande armée a pour objectif celui de troubler l’Etat par l’un des
crimes suivants : la sécession, la révolution… Les pénalités applicables aux membres de la
bande armée sont distinctes : selon qu’on est subalterne, l’emprisonnement est de 10 à 20 ans.
Les subalternes bénéficient d’une exemption de peine lorsqu’ils se sont retirés du complot ou
de la conspiration au premier avertissement et en ont informés les autorités policières,
judiciaires ou militaires.
Il est parfois difficile d’établir l’existence du but que ce sont proposés les coupables
d’un attentat ou d’un complot portant atteinte à l’intégrité de l’Etat. C’est donc pour pallier à
cette difficulté de preuve que le législateur a érigé en infraction distincte et autonome des faits
qui ne constituent pourtant en réalité que des actes préparatoires. C’est ainsi que le législateur
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punit d’un emprisonnement de 10 à 20 ans celui qui provoque ou facilite le rassemblement des
infiltrés par quels que moyens que ce soit, empêche par quels que moyens que ce soit la
convocation, l’exercice de la force publique ou s’en empare, envahit, ou détruit les édifices
publics ou privés, porte un uniforme, un costume, ou autre insigne officiel civil ou militaire.
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