Cours de Droit Penal Special4

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L’élément matériel est constitué par l’acte de détournement.

En effet, l’individu a reçu


la chose pour un usage bien déterminé. Il s’écarte du but pour lequel la chose lui a été remise.
L’infraction apparaît donc lorsque le comportement est contradictoire avec le droit reçu.
Lorsqu’il se soustrait à la confiance légitime qui le lie au propriétaire de la chose. L’élément
matériel est donc un fait ou un acte positif. C’est le fait d’avoir détourné, détruit ou dissipé un
bien.

B- L’élément moral

Il faut que l’auteur du détournement ait agit sciemment. Cela suppose que l’auteur
connaissait la qualité de la détention et que l’auteur connaissait le caractère illicite de
l’interversion au titre duquel il a procédé.

III- Les modalités de répression

L’abus de confiance est un délit instantané qui se réalise au moment où l’accipiens


intervertit son titre par un acte de disponibilité ou d’appropriation. La prescription de l’abus de
confiance commence à courir du moment où la victime découvre l’existence de l’infraction.
C’est-à-dire, le jour où la victime adresse une mise en demeure à l’autre partie infidèle. Les
pénalités diffèrent selon qu’il s’agit de l’escroquerie simple (peine de 05 à 10 ans et d’une
amende de 100 000 à 1 000 000 de francs CFA). Concernant l’abus de confiance aggravé, les
peines sont doublées si l’abus de confiance a été commis soit par un avocat, un notaire, un
huissier, un commissaire-priseur, par un agent d’affaires, par un employé au préjudice de son
employeur ou réciproquement, par une personne faisant appel ou ayant fait appel au public (Art
321 CP).

SECTION III : L’ESCROQUERIE ET LES INFRACTIONS VOISINES (Art 318 CP)

L’escroquerie suppose l’emploi de la ruse pour dépouiller la victime. En effet, c’est


l’action de se faire remettre le bien d’autrui en usant des manœuvres frauduleuses.
L’escroquerie s’oppose au vol en ce sens que l’escroc, au lieu de s’emparer de la chose
convoitée, contre le gré du propriétaire en obtient de sa victime, la remise volontaire. Elle se
distingue de l’abus de confiance car, la fraude manifestée par un détournement est postérieure
à la remise alors que, dans l’escroquerie, la fraude est antérieure car, c’est elle qui conditionne
le dessaisissement.

Si le voleur soustrait, l’auteur de l’abus de confiance détourne, l’escroc quant à lui


trompe sa victime par des manœuvres frauduleuses afin de pousser cette dernière à lui rendre
le bien convoité. L’escroquerie est donc le fait de tromper intentionnellement une personne
pour obtenir d’elle à son préjudice la remise d’un bien. Parler de l’escroquerie, revient à
présenter ses éléments constitutifs (I), ses modalités de répression (II) et ses infractions voisines
(III).

I- Les éléments constitutifs de l’escroquerie

A- L’élément matériel

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L’élément matériel prévoit l’emploi de moyens frauduleux. Il peut s’agir donc : des
mises en scène, des machinations, des mensonges mis sur pied qui ont pour but de désarmer la
méfiance de la victime. Les manœuvres frauduleuses doivent aboutir à la remise volontaire de
la chose à l’escroc car ces manœuvres ont créé dans l’esprit de la victime une erreur, qui a
conduit à la remise de la chose convoitée. La chose remise peut être : un bien mobilier, des
fonds, des valeurs, la fourniture d’un service, la signature d’un acte portant décharge d’une
obligation.

B- L’élément moral

L’escroquerie est un délit intentionnel. L’agent doit avoir agi de mauvaise foi et tromper
volontairement afin d’obtenir la remise de la chose. La mauvaise foi se déduit des artifices ou
des moyens de tromperie employés.

II- Les modalités de répression

L’escroquerie simple est punie d’un emprisonnement de 05 à 10 ans ; l’amende de


100 000 à 1 000 000 de francs ; l’escroquerie aggravée voir l’article 312 CP qui double la peine
de l’escroquerie simple lorsque celle-ci est commise par un avocat ,notaire, commissaire
priseur, huissier, agent d’exécution ou agent d’affaires. L’escroquerie est un délit complexe
dont les éléments sont parfois dispersés dans l’espace. La prescription de l’escroquerie est de
03 ans à compter de la remise de la chose. Concernant l’escroquerie simple les art 318 du cp ne
s’appliquent pas entre conjoints.

III- Les infractions voisines de l’escroquerie

Certaines manœuvres frauduleuses sont incriminées par la loi de manière autonome par
le biais des incriminations spéciales à savoir les filouteries (art 322 – 322-1 CP).

A- Les cas de filouteries

On distingue :

- Les filouteries de boissons ou d’aliments (art 322(a) CP)

C’est le fait de se faire servir des boissons ou des aliments dans un établissement sans
toutefois payer la facture.

- Les filouteries de logement (art 322(b) CP)

Elles consistent dans le fait de se faire attribuer et d’occuper effectivement une


chambre dans un hôtel sans pouvoir payer le prix.

- Les filouteries de taxi (art 322 (c) CP)

Elles consistent à se faire transporter en taxi ou en voiture de place et de ne pas payer le


prix.

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Dans les deux premiers cas, la durée de la fourniture de boissons ou d’aliments ou
l’occupation de logement ne doivent pas avoir excédé une semaine.

- Les filouteries de loyers (art 322-1 CP)

C’est une innovation du nouveau Code pénal, qui punit tout preneur par bail (locataire)
d’un immeuble bâti ou non qui, débiteur de 2 mois de loyers n’a ni payé lesdits loyers, ni libéré
l’immeuble concerné un mois après sommation de payer ou de libérer les lieux. Il est clair que
ce texte protège les propriétaires de local à louer mais à condition que le bail soit dûment
enregistré.

Concernant l’élément intentionnel, la filouterie est d’abord le fait d’une personne qui
sait être dans l’impossibilité absolue de payer le bien ou le service, et les juges se doivent de
relever cet élément de l’infraction.

Le délit ne sanctionne pas la seule imprudence ou négligence de celui qui a oublié


argent, chéquier mais qui est disposé à payer.

Concernant la filouterie de loyers, l’élément moral n’est pas forcément tourné vers la
mauvaise foi de l’agent, il peut arriver que l’agent se trouve dans l’incapacité financière de
payer tout en étant de bonne foi. Bref, le juge ne recherche pas ici la mauvaise foi ou la bonne
foi, il constate uniquement le non paiement de loyers.

B- Les modalités de répression

Les filouteries d’aliments, de logement et de taxi sont punies d’un emprisonnement de


5 jours à 6 mois et d’une amende de 5 000 à 25 000 francs. Concernant les filouteries de loyers,
l’agent est puni d’un emprisonnement de 6 mois à 3 ans et d’une amende de 100 000 à 300 000
francs ou de l’une de ces deux peines seulement. En cas de condamnation, le tribunal ordonne
l’expulsion du preneur et de tout occupant.

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CHAPITRE II : LES DELITS COMPLEMENTAIRES

On entend par délit complémentaire, l’infraction qui matériellement dérive de la trilogie


fondamentale et qui vient compléter le système de protection des biens. Ils sont dits
complémentaires, soit en ce qu’ils prolongent l’action du délinquant après la commission du
délit de base par l’incrimination autonome du profit tiré de l’infraction d’origine ; soit en ce
qu’ils caractérisent les formes spéciales de détournement ou de fraudes liées à la nature des
biens ou de la situation juridique en cause. Dans un premier temps, on parlera du délit de
conséquence (section1) et dans un second temps, des détournements spéciaux (section2).

SECTION I : LES DELITS DE CONSEQUENCE

Ils résultent d’un acte d’aide et d’assistance ou d’appropriation postérieure à l’infraction


préalable et principale. Ces délits ne doivent pas être considérés comme des actes de complicité,
mais comme des délits distincts.

Ce sont des actes établis par l’existence d’une infraction d’origine objectivement
punissables. Deux situations sont possibles : soit l’individu détient la chose ayant une
provenance illicite ou profite du produit de l’infraction, on parle dans ce cas de recel
(paragraphe1), soit parce que l’individu tente de transformer la somme d’argent d’origine
criminelle en un bien licite ou en d’autres instruments financiers légaux : on parle de
blanchiment de capitaux (paragraphe2).

Paragraphe1 : Le recel

La notion de recel est fréquemment employée par le législateur. Il faut donc distinguer
le recel des délinquants ou de malfaiteurs (art 194 CP) et le recel des choses. Nous nous
limiterons au recel des choses.

Aux termes de l’article 324 CP : « est puni des peines de l’article 318 ci-dessus, celui
qui détient ou dispose des choses obtenues à l’aide d’un délit, soit en connaissance de cause,
soit ayant des raisons d’en soupçonner l’origine délictuelle ». Le receleur cherche donc à tirer
bénéfice de sa participation à l’entreprise du coupable et est poussé par le lucre en ce sens que
« c’est le receleur qui fait le voleur ». Parler du recel revient à voir ses conditions
d’incrimination (A) et ses modalités de répression (B).

A- Les conditions d’incrimination

Le recel est une infraction de conséquence. Il intervient après la commission d’une


infraction préalable. Autrement dit, il faut une infraction préalable qui va être à l’origine du
recel, d’où sa condition préalable (1). Cependant, le recel demeure un délit distinct, voire
autonome. Il n’est punissable, si tous les éléments constitutifs sont réunis (2).

1- La condition préalable : l’exigence d’une infraction initiale

Le recel est inconcevable en l’absence de l’infraction d’origine, de celle qui le précède.


L’infraction préalable peut être soit un crime, un délit. Le recel consécutif à une simple

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contravention n’existe pas. L’infraction d’origine peut donc être le vol, l’abus de confiance,
l’escroquerie…

Néanmoins, le recel constitue un délit autonome. C’est ainsi que la poursuite et la


condamnation du receleur n’est pas conditionnée par la poursuite de l’auteur de l’infraction
d’origine (exemple : l’auteur du vol est inconnu, décédé ou bénéficie d’une immunité
personnelle). Toutefois, il y a un lien notamment dans l’hypothèse où l’infraction d’origine
n’est plus punissable en cas d’abrogation de la loi pénale, l’amnistie réelle où l’infraction
d’origine bénéficie d’un fait justificatif comme l’état de nécessité. Ainsi, le juge ne pourra plus
constater l’origine frauduleuse de la chose recelée et par conséquent ne pourra plus punir le
recel. Par ailleurs, il ne suffit pas de dire que la chose a une origine suspecte. Ainsi, les juges
doivent expressément déterminer le délit principal en précisant l’infraction commise.
L’existence de l’infraction d’origine et sa qualification doivent être constatées avec
suffisamment de précision, car la décision qui condamne le receleur doit être fondée sous peine
de cassation.

Le recel ne saurait se confondre avec l’infraction principale, car on ne peut pas être à la
fois voleur et receleur (qualification incompatible). Toutefois, il existe sur le plan procédural,
une solidarité entre l’auteur de l’infraction préalable et le receleur dans le cadre de la jonction
des procédures avec pour conséquence, la possibilité d’un recours du solvens contre ses
coobligés, recours que la jurisprudence impose systématiquement au nom de la connexité. Cette
solidarité est de droit par la restitution des objets et le versement des dommages et intérêts. En
outre, la chose recelée doit être nécessairement une chose mobilière : meuble.

La chose recelée n’est pas forcément la chose elle-même objet de l’infraction. Cela peut
être par exemple, l’équivalent en argent au cas où la chose est revendue ou inversement, la
chose acquise avec l’argent volé. C’est la subrogation réelle qui intervient ici et qui permet de
considérer que le recel peut porter sur l’objet qui a été substitué.

2- Les éléments constitutifs du recel

- L’ élément matériel

En tant qu’incrimination autonome, le recel peut résulter soit, de la détention de la chose


d’origine illicite, soit du profit tiré d’une entreprise criminelle.

La matérialité du recel peut se dégager à travers la détention qui consiste dans la simple
réception de la chose d’où le recel détention. Cependant, la jurisprudence constate le recel, si
la détention est très éphémère et si l’agent connaît l’origine frauduleuse de l’objet. Ainsi la
chambre criminelle de la Cour de cassation a admis que le passager d’un véhicule volé est
receleur de celui-ci, s’il connaît l’origine frauduleuse de l’objet. La matérialité du recel peut
aussi se dégager à travers le fait de service d’intermédiaires, afin de transmettre la chose.

Le recel peut aussi se manifester sous la forme de recel profit. Ici, c’est le bénéfice du
recel de la chose qui constitue l’essence même du recel. L’agent profite personnellement du
crime. La jurisprudence a une interprétation assez large de la notion de recel profit. C’est ainsi

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que la Cour de cassation a condamné de receleur, une dame qui profitait du train de vie de son
conjoint qui ne correspond pas au revenu de celui-ci et qui avait des raisons d’en soupçonner
l’origine frauduleuse.

- L’élément moral

On ne peut pas être receleur par une imprudence. Le receleur doit avoir connu l’origine
délictuelle de la chose. Peu importe s’il ne connaît pas tous les détails de l’infraction préalable.
Le receleur doit être animé d’une intention coupable. Il doit avoir pleine connaissance de
l’origine délictuelle de l’objet et la volonté de profiter de l’infraction. Le législateur va plus loin
en affirmant qu’il pèse sur ledit receleur, des raisons d’en soupçonner l’origine délictuelle.

Généralement, les juges se contentent de relever la connaissance de l’infraction


d’origine par des simples indices ou en scrutant les circonstances de la commission de
l’infraction.

B- Le régime répressif

Le recel simple est puni d’un emprisonnement de 5 à 10 ans et d’une amende de 100 000
à 1 million de francs. Le recel aggravé, c’est-à-dire en cas de crime, les peines sont doublées.

Paragraphe 2 : Le blanchiment des capitaux

Introduite dans le nouveau Code pénal à travers l’article 249-4 intitulé blanchiment
d’argent au moyen des jeux et loteries, cette infraction a vu le jour dans notre arsenal répressif
par la loi n°97 /19 du 7 Août 1997 relative au contrôle des stupéfiants, substances psychotropes
et des précurseurs. Ce texte traitait exclusivement du trafic de drogue et a été élargi par la suite
par le règlement CEMAC portant sur la prévention et la répression des blanchiments des
capitaux. L’article 98 de la loi dispose : « constitue un blanchiment, le fait d’apporter son
concours à la conservation ou au transfert des fonds ou des biens provenant des infractions
prévues aux articles 91 et 97 de ladite loi, dans le but de dissimuler ou de déguiser l’origine
illicite desdits biens ou ressources qui permettent soit d’aider toute personne à échapper aux
conséquences juridiques de l’acte ». Le règlement CEMAC quant à lui, définit le blanchiment
au terme de son article premier comme « la conversion au transfert des biens provenant d’un
crime ou d’un délit dans le but de dissimuler ou de déguiser les origines illicites ». Cette
incrimination est tributaire d’une infraction préalable qui aboutit à la conversion des biens, d’où
ses éléments constitutifs (A) et ses modalités de répression (B).

A- Les éléments constitutifs

La loi attache le blanchiment à un crime ou à un délit qui lui confère sa nature


d’infraction de conséquence. La particularité du texte communautaire a été de créer un délit
général de blanchiment. Ainsi, toute infraction peut donner lieu à un blanchiment, à condition
que ses caractéristiques criminelles soient relevées.

Il comporte une dimension à la fois matérielle et morale.

- L’élément matériel (la matérialité de l’acte)

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Le blanchiment consiste à faciliter par tous moyens, la justification mensongère de
l’origine des biens ou des revenus de l’auteur d’un crime ou délit. La loi vise ici, le fait
d’apporter un concours à une opération de placement, de dissimulation ou de conversion du
produit du crime.

- L’élément moral (intentionnel)

Le blanchiment est une infraction intentionnelle. Il faut donc que son auteur connaisse
l’existence de l’infraction d’origine et qu’il agisse en connaissance de cause. La preuve de
l’intention appartient selon la règle actori incumbit probatio au ministère public.

B- La répression du blanchiment

Elle varie en fonction des textes. Dans le texte de 1887, le blanchiment est un crime,
tandis que dans le texte communautaire CEMAC, le blanchiment est puni d’un emprisonnement
de 5 à 10 ans et d’une amende pouvant aller jusqu’à 5 fois le montant blanchi.

SECTION II : DES DETOURNEMENTS SPECIAUX (voir cours de droit pénal des


affaires)

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SOUS-TITRE 2 : LES ATTEINTES MATERIELLES AUX BIENS

Contrairement aux infractions d’atteinte à la propriété des biens, qualifiées par la


doctrine d’atteinte juridique aux biens qui constituent des actes préjudiciables au droit d’autrui
sur les choses, l’infraction ici réside uniquement dans le fait qu’elle soit passée frauduleusement
entre les mains d’une personne qui n’en est ni le propriétaire, ni le détenteur légitime. Les
atteintes matérielles quant à elles, lèsent les intérêts des possesseurs des biens en ce qu’elles
s’attaquent à la matière même de celle-ci. La chose objet de l’infraction est alors détruite,
dégradée, endommagée en partie seulement et non dans son entièreté. La spécificité de ces
atteintes apparaît à travers une double dimension intentionnelle (chapitre1) et non
intentionnelle (chapitre2).

CHAPITRE I : LES ATTEINTES MATERIELLES VOLONTAIRES AUX BIENS

Il revient à étudier ici l’article 227 CP relatif à l’incendie et à la destruction, et l’article


316 CP relatif aux destructions.

SECTION I : INCENDIE ET DESTRUCTION

A- Les composantes de l’infraction

Le délit requiert avant tout, un bien appartenant à l’agent. En outre, la nature du bien
peut être soit mobilière ou non. Ces atteintes matérielles visent donc à créer un danger pour les
personnes quoique l’infraction ne suppose pas nécessairement que des personnes aient été
nécessairement atteintes.

- L’élément matériel

Cette infraction suppose un acte de destruction ou de détérioration soit par le feu, soit
par un moyen quelconque. Les atteintes matérielles visent donc à créer un danger pour les
personnes, car si le feu est mis soit sur des lieux servant à l’habitation, soit sur un véhicule
contenant une ou plusieurs personnes, il crée du danger.

L’élément matériel vise tout véhicule de terre, mer ou mines à leur dépendance
lorsqu’elles sont exploitées.

- L’élément intentionnel

Il s’agit d’un délit intentionnel. L’agent doit non seulement savoir qu’il est propriétaire
du bien en question, mais également être conscient que ses actes sont de nature à endommager
ou détruire le bien.

B- Le régime répressif

Le délit d’incendie et de destruction rend son auteur passible d’un emprisonnement de


3 à 10 ans e d’une amende de 5 000 à 100 mille francs. Ces peines sont applicables aux auteurs
des délits consommés comme à leur simple tentative. La peine est aggravée au cas où l’incendie

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ou la destruction provoque des blessures, maladie ou incapacité de travail telles que prévues
aux articles 277 et 280 CP. L’emprisonnement est de 6 à 20 ans (voir article 289 alinéa 2 CP).
La peine d’emprisonnement à vie au cas où l’incendie ou la destruction provoque la mort
d’autrui (article 289 alinéa 3 CP).

SECTION II : DESTRUCTION (article 316 CP)

A- Les composantes de l’infraction

Cette infraction suppose que le bien appartient en tout ou partie à autrui ou alors est
grevé d’une charge en faveur d’autrui. Le bien peut être de nature mobilière ou non,
contrairement au délit puni par l’article 227 CP qui crée un danger pour les personnes et au délit
de l’article 316 qui ne présente aucun danger pour les personnes.

- L’élément matériel

Il s’agit ici de tout acte de destruction, de dégradation, de détérioration d’un bien en tout
ou partie. Le législateur n’a pas spécifié de moyens précis pour y arriver et laisse donc libre
cours à l’imagination de l’agent. Il s’agit ici d’une infraction de résultat qui aboutit soit à
endommager le bien, soit à son anéantissement.

- La destruction est volontaire

L’agent doit avoir conscience qu’il endommage le bien d’autrui. Les mobiles ici sont
indifférents.

B- La répression

En cas de délit simple, la peine est d’un emprisonnement de 15 jours à 3 ans et une
amende de 5 000 à 100 000 francs ou de l’une des ces deux peines seulement. En cas de délit
aggravé, la peine est d’un emprisonnement de 2 à 10 ans et d’une amende de 10 000 à 500 000
francs, seulement si la destruction porte sur les édifices, ouvrages, navires ou installations.

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CHAPITRE II : LES ATTEINTES MATERIELLES INVOLONTAIRES AUX BIENS

Les dangers inhérents à l’emploi de certains moyens tels que le feu, les explosifs ou
toutes autres substances dangereuses ont conduit le législateur à intervenir pour sanctionner des
comportements involontaires. En effet, l’art 228(2) (a-b) C¨P constitue l’incrimination
spécifique des destructions, dégradations involontairement causées par l’effet d’une explosion
ou d’un incendie.

SECTION I : LES COMPOSANTES DE L’INFRACTION

Aux termes de l’article 228 CP « … » cet article vise la destruction, la détérioration


involontaire des biens.

A- L’élément matériel

L’élément matériel appelle deux observations. D’une part, le législateur a spécifié les
moyens utilisés par l’agent à savoir le feu, les explosifs, les combustibles, les moyens
mécaniques ou électriques ce qui conduit à exclure par le silence de la loi les autres moyens
dangereux. D’autre part, les moyens mis en œuvre doivent mettre en danger les personnes. Les
destructions et détériorations en cause entraînent forcément un dommage important
puisqu’elles sont provoquées par des incendies ou des explosions. Le fait que ces atteintes
matérielles trouvent leur origine dans une explosion ou un incendie les rend nécessairement
dangereuses pour les personnes qui peuvent subir à cette occasion des lésions.

B- L’élément moral

Le délit incrimine les destructions et dégradations involontairement provoquées.


L’explosion ou l’incendie sont ici le résultat d’une imprudence grave caractérisée par une
violation manifestement délibérée de l’obligation de prudence ou de sécurité. L’agent doit avoir
manqué à une obligation de sécurité imposée par la loi. L’agent a conscience et volonté de
transgresser une norme de sécurité et de prudence mais sans intention de produire le dommage
qui peut en résulter.

Le législateur poursuit un objectif précis. Celui de responsabiliser davantage les


justiciables qu’il s’agisse des professionnels ou de simples particuliers.

SECTION II : LE REGIME REPRESSIF

A- Les peines ordinaires

Un emprisonnement de 3 mois à 3 ans et une amende de 5 000 à 500 000 ou l’une de


ces peines seulement.

B- Les peines aggravées

La peine est un emprisonnement de 6 à 20 ans au cas où l’incendie ou destruction


provoque des blessures, maladies ou incapacités de travail. La peine est un emprisonnement à
vie au cas où l’incendie ou la destruction provoque la mort d’autrui ; voir art 289 (2) (3) CP.

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TITRE II : LA PROTECTION PENALE DU BIEN PUBLIC

Parler de la protection pénale du bien public revient à mettre en évidence les mesures
prises par la loi pour protéger le patrimoine de l’Etat. En droit pénal, les Etats se sont toujours
préoccupés à remédier aux atteintes de leurs patrimoines. En Afrique et au Cameroun en
particulier, la protection de la fortune publique est devenue une exigence républicaine. Ceci se
vérifie par la répression de tout acte visant la soustraction, le détournement des biens publics
(art 184 CP) d’une part (Section I) et par une spécialisation de la répression des atteintes à la
fortune publique (Section II).

SECTION I : LE DETOURNEMENT DES BIENS PUBLICS (Art 184 CP)

L’incrimination d’atteinte à la fortune publique est appelée détournement. Aux termes


de l’art 184 on entend par détournement « … ». Il revient donc à voir ses éléments constitutifs
et ses modalités de répression.

A- Les éléments constitutifs du détournement

1- L’élément matériel

Le détournement suppose une pluralité d’actes constitutifs et une diversité des modes
de perpétration de l’infraction. Ainsi le texte distingue le fait de retenir frauduleusement un bien
appartenant à l’Etat, le fait d’obtenir frauduleusement un bien appartenant à l’Etat. Le
législateur ne détermine pas les moyens par lesquels la rétention et l’obtention peuvent être
réalisés ; ainsi au regard de ces dispositions légales, l’incrimination de détournement apparaît
comme une forme globalisant les atteintes aux biens. En effet l’acte de détournement doit être
distingué des notions voisines à savoir la faute de gestion. On peut définir la faute de gestion
comme un acte de commission ou d’omission ne s’inscrivant pas dans l’intérêt de la structure
administrative et caractérisant une fraude, un abus ou une imprudence. Elle constitue une
entorse au comportement normalement prudent, diligent d’un agent public. Il peut s’agir d’un
engagement d’une dépense sans avoir qualité pour le faire ou sans avoir reçu délégation de le
faire, l’engagement d’une dépense sans crédit disponible, le fractionnement des commandes
ayant pour effet de les soustraire à la compétence de la commission des marchés publics. La
faute de gestion peut donc avoir une incidence financière ou non. C’est celle ayant une
incidence financière qui peut conduire au détournement des biens publics et si seulement si à
cet acte matériel de mauvaise gestion s’ajoute un élément moral c’est-à-dire que l’agent a agi
en connaissance de cause et avec la volonté de commettre les actes prévus à l’art 184 cp et par
conséquent porter atteinte à la fortune publique. De quel type de bien s’agit-il ici, la loi énumère
les biens mobiliers, immobiliers appartenant à l’Etat et même des biens qui ne font pas encore
partie de la propriété de l’Etat d’où le terme « confié à l’Etat ». Par ailleurs, le législateur
considère que le détournement est possible même si la chose n’est pas encore en la possession
de l’Etat. Cette hypothèse difficile à mettre en œuvre soulève des difficultés quant à la
détermination du moment de la commission de l’infraction. En outre, l’art 184 CP parle de
quiconque, par conséquent punit à la fois tout fonctionnaire, agent public, employé ou tout autre
personne auteur du détournement des deniers publics.

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2- L’élément moral

L’agent doit agir en connaissance de cause avec la volonté de commettre les actes prévus
à l’art 184 CP et l’intention de porter atteinte à la fortune publique. La personne poursuivie doit
avoir voulu par la fraude s’emparer d’un bien meuble ou immeuble d’où la mauvaise foi qui
anime l’agent.

B- Les modalités de répression

Le régime des peines de l’infraction de détournement varie en fonction de la valeur du


bien. Au cas où la valeur des biens excède 500 000 et inférieure à 50 millions c’est
l’emprisonnement à vie. Au cas où la valeur des biens est supérieure à 100 000 et inférieure ou
égale à 500 000 c’est l’emprisonnement de 15 à 20 ans. Au cas où la valeur des biens est égale
ou inférieure à 100 000, l’emprisonnement est de 5 à 10 ans et l’amende de 50 mille à 500
mille francs. Le sursis ne peut être accordé et la confiscation est généralement prononcée ainsi
que les déchéances de l’art 30 CP. Ce présent article ne s’applique pas aux détournements et
recels d’effets militaires visés au Code de justice militaire.

SECTION II : LA SPECIALISATION DE LA REPRESSION DES DETOURNEMENTS


DES DENIERS PUBLICS

Elle repose essentiellement sur la réhabilitation du Tribunal criminel spécial. En effet,


le TCS loin d’être une innovation dans le paysage répressif camerounais fut créé pour la
première fois en 1961 par la loi n° 61/LF/06 du 04 Avril 1961 et fut supprimé par l’ordonnance
n°72/4 du 26 Août 1972 portant organisation judiciaire. L’avènement du TCS de 2011 mérite
certaines précisions relatives au contexte. En effet, le phénomène de la corruption et de
détournement de la fortune publique a atteint des proportions inquiétantes et la réhabilitation
du TCS est donc une réaction de l’Etat face à la dérive managériale des biens publics.
Néanmoins, la nature spéciale du TCS amène à s’interroger sur le respect des grands principes
de la justice criminelle d’où l’étude de la compétence du TCS et de la procédure (A) applicable
devant le TCS (B).

A- La compétence

Les règles de compétence déterminent à quelle juridiction il faut s’adresser pour juger
telle ou telle affaire. On distingue la compétence ratione loci, la compétence ratione personae
et la compétence ratione materiae.

- La compétence ratione loci ou territoriale

Ainsi l’art 3 de la loi du 14 Décembre 2011 dispose que « le tribunal a son siège à
Yaoundé et son ressort couvre l’ensemble du territoire national ».

- La compétence ratione personae ou personnelle

Elle détermine les personnes susceptibles d’être traduites devant une juridiction. Les
personnes poursuivies sont les détourneurs de fonds publics d’un montant soit supérieur ou égal

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à 50 millions de francs CFA. Ces personnes peuvent être soit titulaires d’une charge publique
soit des personnes privées.

- La compétence ratione materiae ou matérielle

L’art 2 de la loi de 2012/011 du 16 Juillet 2012 matérielle modifiant et complétant certaines


dispositions de la loi no 2011/028 du 14 décembre 2011 portant création du tribunal criminel
spécial dispose que : « le tribunal est compétent pour connaître, lorsque le préjudice est d’un
montant minimum de 50 millions, des infractions de détournement de deniers publics et des
infractions connexes prévues par le Code pénal et la Convention internationale ratifiés par le
Cameroun ». Sont considérées comme infractions connexes la corruption, l’escroquerie, l’abus
de confiance, la concussion… (La notion de connexité voir l’art 6 (3) CPP).

B- La procédure applicable devant le Tribunal Criminel Spécial

La procédure applicable devant le TCS est radicalement différente de celle suivie devant
la juridiction de droit commun. Elle se distingue davantage sur les garanties procédurales et sur
la gestion de l’action publique.

- La question des garanties procédurales : Le caractère spécial du TCS tient au délai


imparti au juge(1) au double degré de juridiction (2) et à l’administration du pourvoi
de la partie civile(3).
1) Le délai imparti au juge
La loi a institué un délai à chaque étape de la procédure (voir la loi) mais ces
différents délais ne sont pas rigoureusement respectés par le juge.
2) Le double degré de juridiction
Le TCS juge en premier et en second ressort et admet comme seule voie de
recours des décisions du TCS le pourvoi en cassation. Cette situation constitue
donc une entorse au principe du double degré de juridiction.
3) L’administration du pourvoi
La loi interdit à la partie civile d’articuler son pourvoi sur les faits alors qu’elle
autorise au ministère public d’organiser son pourvoi sur les faits et sur le droit
d’où l’inégalité des parties au procès.
- La gestion de l’action publique devant le TCS
Contrairement à la règle devant les juridictions de droit commun exprimée par
l’indisponibilité de l’action publique , il apparait que devant le TCS , l’action est
disponible. En effet la loi autorise l’arrêt des poursuites en cas de restitution du corps
du délit. Or en droit pénal la restitution de la chose n’efface en aucun cas le caractère
criminel de l’acte.

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III-Partie Les atteintes contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat

Chaque société définit les principes qu’elle tient pour vrais et impose des limites ; elle
établit donc des interdits dans l’espoir de se pérenniser. Parlant des atteintes à la sûreté de l’Etat,
le Code pénal camerounais les qualifie d’infraction ayant pour but de compromettre l’existence
de la nation ou d’en modifier la structure constitutionnelle et tendent à bouleverser l’ordre
politique. En effet, les atteintes à la sûreté de l’Etat constituent celles qui frappent les bases de
l’organisation sociale et l’ordre public. On distingue les atteintes à la sûreté intérieure (chapitre
1) et les atteintes à la sûreté extérieure (chapitre 2).

CHAPITRE I : LES ATTEINTES A LA SURETE INTERIEURE DE L’ETAT

Ces infractions touchent l’organisation interne de la nation, sa structure constitutionnelle


et ses liens avec ses citoyens. On peut citer la sécession (art 111 CP), la formation des bandes
armées (Art 115 CP), les mouvements insurrectionnels (art 116 CP), la guerre civile (art 112
CP), les révolutions (art 114 CP), la propagation des fausses nouvelles (art 113 CP).

Toutes ces infractions constituent des atteintes à la personnalité de l’Etat et à la paix


intérieure. Elles sont constituées de manœuvres qui ont pour but de déstabiliser l’organisation
sociopolitique de l’Etat et de porter atteinte à l’intégrité du territoire en temps de paix ou en
temps de trouble. Quatre infractions seront étudiées dans cette rubrique à savoir : la sécession,
la révolution, la bande armée et l’insurrection.

SECTION I : LA SECESSION ET LA REVOLUTION

Paragraphe 1 : La sécession (article 111 Code pénal)

Aux termes de l’article 111 du Code pénal, la sécession est le fait de celui qui en temps
de guerre, ou en temps de paix entreprend par quelques moyens que ce soit de porter atteinte à
l’intégrité du territoire. Ce texte s’applique donc à ceux qui veulent soustraire à l’autorité du
pays une part du territoire sur lequel cette autorité s’exerce. D’un point de vue théorique, on
pourrait soutenir que le séparatisme est moins une atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat qu’une
infraction contre la sûreté intérieure. La sécession entraîne la formation d’un Etat nouveau ou
le rattachement à un autre Etat. Bref, la sécession implique la dislocation d’un Etat mettant en
péril l’intégrité de celui-ci.

Comme acte matériel, on peut citer les actes de propagande soit écrit, soit de manière
orale, excitant les populations à porter atteinte à l’intégrité du territoire national. Il s’agit ici
d’une entreprise parfaitement coordonnée et orientée vers une fin unique à savoir la rupture de
l’intégrité du territoire.

Paragraphe 2 : La révolution (article 114 Code pénal)

Elle consiste en une attaque contre le gouvernement en place en vue de son changement
c’est-à-dire dans le fait de modifier par la violence les lois constitutionnelles, soit de renverser
les autorités politiques mises en place par lesdites lois, soit enfin de les mettre dans
l’impossibilité d’exercer leur pouvoir. Aux termes de l’article 114 Code pénal, sera puni à vie

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celui qui tente par la violence, soit de modifier les lois constitutionnelles, soit de renverser les
autorités politiques instituées par lesdites lois ou de les mettre dans l’impossibilité d’exercer
leur pouvoir. Le terme violence suppose l’accomplissement d’actes assez graves, exemple :
inciter les habitants à s’armer et se mettre en route afin de déloger le Président de la République.
La révolution implique une résolution d’agir qui ne saurait résulter de vagues projets, mais doit
s’exprimer en une décision précise et bien arrêtée d’où le dol aggravé.

SECTION II : LA BANDE ARMEE ET L’INSURRECTION

Paragraphe 1 : La formation des bandes armées (article 115 CP)

Le législateur ici a voulu frapper par cette incrimination les activités particulièrement
dangereuses pour la sûreté de l’Etat. Par conséquent, il a donc voulu sévir sur les actes
préparatoires acheminant les coupables vers la commission des infractions telle que la
sécession, la guerre civile, la révolution etc. Aux termes de l’article 115 CP : « est puni d’un
emprisonnement à vie tout individu qui dans le but de commettre l’un des crimes prévus par
l’article 111, 112 et 114, ou pour empêcher l’action de la force publique contre les auteurs de
ces crimes organise une bande armée… ». Le législateur met un point d’honneur sur la
pérennité de l’organisation sociale d’un pays en réprimant les actes préparatoires qui constituent
des activités particulièrement dangereuses pour la sûreté de l’Etat ; la bande armée obéit à
certains critères qui auraient trait à son organisation, son armement et son but.

Concernant l’organisation, dans la bande armée, on retrouve une structure hiérarchisée,


disciplinée, où les rôles, fonctions ou tâches sont attribués de manière méthodique. C’est une
organisation coordonnée ayant à sa tête un chef ou meneur. Le caractère de l’organisation
permet ici de différencier la bande armée des attroupements ou rébellion. D’après l’article 115
(3) Code pénal, constitue une bande armée tout rassemblement d’au moins cinq personnes dont
l’une est porteuse d’une arme apparente ou cachée.

Concernant le but, la bande armée a pour objectif celui de troubler l’Etat par l’un des
crimes suivants : la sécession, la révolution… Les pénalités applicables aux membres de la
bande armée sont distinctes : selon qu’on est subalterne, l’emprisonnement est de 10 à 20 ans.
Les subalternes bénéficient d’une exemption de peine lorsqu’ils se sont retirés du complot ou
de la conspiration au premier avertissement et en ont informés les autorités policières,
judiciaires ou militaires.

Par ailleurs, l’armement de la bande armée comprend non seulement l’armement


classique (pistolets, fusils, mitraillettes, grenades…) mais aussi tout objet porté avec intention
d’en faire usage pour causer des dommages matériels ou corporels (barre de fer, pierres voir art
117 CP).

Paragraphe 2 : Les mouvements insurrectionnels (article 116 CP)

Il est parfois difficile d’établir l’existence du but que ce sont proposés les coupables
d’un attentat ou d’un complot portant atteinte à l’intégrité de l’Etat. C’est donc pour pallier à
cette difficulté de preuve que le législateur a érigé en infraction distincte et autonome des faits
qui ne constituent pourtant en réalité que des actes préparatoires. C’est ainsi que le législateur

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punit d’un emprisonnement de 10 à 20 ans celui qui provoque ou facilite le rassemblement des
infiltrés par quels que moyens que ce soit, empêche par quels que moyens que ce soit la
convocation, l’exercice de la force publique ou s’en empare, envahit, ou détruit les édifices
publics ou privés, porte un uniforme, un costume, ou autre insigne officiel civil ou militaire.

Concernant l’élément matériel, ces agissements peuvent être la confection des


barricades, des retranchements ou tous autres travaux visant à entraver ou arrêter l’exercice de
la force publique, les entraves à la réunion de la force publique réalisée à l’aide de la violence
ou menace, la distribution des mots d’ordre ou les insignes de ralliement etc. La loi n’exige pas
que l’occupation soit exécutée avec violence et elle applique la même peine au propriétaire ou
au locataire qui connaissait le but des insurgés.

Concernant l’élément moral, le coupable doit être animé de l’intention de troubler


l’organisation sociale de l’Etat, et c’est cet élément moral qui va différencier les mouvements
insurrectionnels de simple révolte (des grévistes qui saccagent des édifices publics ou privés)
ou du port prohibé d’uniformes.

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