Première Partie
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nationale et qu’il convient de sanctionner ce qui peut en fausser le jeu, porter atteinte à leur
sécurité ou à leur crédibilité par des pratiques frauduleuses. Mais si l’accord se fait sur ces
objectifs, les opinions divergentes sur les moyens à mettre en œuvre pour les atteindre.
En droit pénal marocain des affaires, « La criminalité d’affaires s’entend de toutes les infractions
qui violent les normes légales faites par l’Etat pour réglementer la vie des affaires ».
Actuellement cette matière est désignée plus par« criminalité d’affaires » que de « droit pénal des
affaires ».
La criminalité est apparue sous une terminologie qui a fait fortune : la criminalité en col blanc.
Cette terminologie a été utilisée par un homme politique britannique dès la fin du XIXème siècle
1872. Il explique que c’est une criminalité des classes aisées, il faut la distinguer de certaines
criminalité segmentaires, c’est un acte générique qui s’intéresse à une certaine catégorie de
personne, elle est portant relative aux activités professionnelles de ces criminels.
E effet, le droit pénal des affaires est une banche du droit pénal spécial qui s’est développée en
raison de la nécessité d’encadrer l’activité économique et financière par la création d’obligations
spécifiques et de la volonté du législateur de renforcer l’efficacité de cette réglementation par des
sanctions pénales. La plupart des obligations vont ainsi être assorties d’une peine, conduisant à
une inflation pénale. L’essor du droit pénal des affaires est également lié à la transformation ou
l’évolution de la criminalité d’affaires et à la nécessaire adaptation du droit pénal au
particularisme du droit des affaires.
L’essor des activités économiques, le développement des sociétés ont inévitablement entraîné la
multiplication de comportements déviants qui devaient être sanctionnés afin d’assurer la sécurité
des relations d’affaires. Mais au-delà de la stricte sanction des agissements malhonnêtes, le droit
pénal des affaires est devenu progressivement un instrument qui permet au législateur d’imposer
ses choix de politique économique en sanctionnant la transgression de la norme établie, c’est-à-
dire à la valeur essentielle du moment que le législateur entend faire respecter.
Première partie : le cadre général du droit pénal des affaires
Chapitre 1 : les différentes infractions courantes :
Section 1 : l’escroquerie
L’escroquerie est un délit tendant, à l’appropriation frauduleuse de la fortune d’autrui. Dans
l’escroquerie, c’est la tromperie qui détermine le consentement de la victime, qui retient
l’attention.
Pour qu’un acte soit qualifié d’escroquerie, il doit réunir les 3 éléments constitutifs d’un délit, à
savoir : l’élément légal, l’élément matériel et l’élément moral
1. L’élément légal : Selon le principe de la légalité des délits et des peines, il faut qu’un acte
soit prévu et puni par la loi pour que l’auteur soit incriminé.
Au Maroc l’article 540 du code pénal prévoit que : « Quiconque, en vue de se procurer ou de
procurer à un tiers, un profit pécuniaire illégitime, induit astucieusement en erreur une personne
par des affirmations fallacieuses, ou par la dissimulation de faits vrais, ou exploite
astucieusement l’erreur où se trouvait une personne et la détermine ainsi à des actes
préjudiciables à ses intérêts pécuniaires ou à ceux d’un tiers, est coupable d’escroquerie et puni
de l’emprisonnement d’un à 5 ans et d’une amende de 500 à 5000 dirhams »
Alors qu’au sens de l’article 546 du code pénal, les coupables du délit d’escroquerie peuvent être
frappés pour 5 ans au moins et 10 ans au plus de l’interdiction d’exercice de l’un ou de plusieurs
des droits civiques, civils ou de famille ou de l’interdiction de séjour.
2. L’élément matériel :
Les procédés de tromperie L’escroquerie peut se réaliser par quatre moyens différents. En
pratique, l’auteur de l’escroquerie peut cumuler les quatre moyens.
1er moyen : l’usage d’un faux nom : Utiliser un faux nom c’est faire usage d’un nom qui n’est
pas le sien. Soit on usurpe le nom d’un tiers, soit on invente un nom totalement fictif ou
imaginaire. L’usage d’un faux est donc un mensonge déterminé. La particularité est que le
mensonge à lui seul est suffisant pour caractériser l’élément matériel.
2ème moyen : l’usage d’une fausse qualité : Faire l’usage d’une fausse qualité c’est usurperun
état ou un titre et faire état d’une qualité professionnelle que l’on n’a pas. Par exemple, l’auteur
de l’escroquerie peut se présenter comme un gérant de société, un expert-comptable ou encore un
avocat. Là encore, le mensonge à lui seul est suffisant.
3ème moyen : l’abus d’une qualité vraie : Abuser d’une qualité vraie c’est faire usage d’une
qualité que l’on a vraiment pour donner l’apparence d’une vérité à des déclarations mensongères.
4ème moyen : l’emploi de manœuvres frauduleuses : On parle de mensonge appuyé car il est
appuyé par différents actes. De simples allégations mensongères ne sauraient, en elles- mêmes, et
en l’absence de toute autre circonstance, constituer des manœuvres frauduleux .
.
3. L’élément moral : Pour que l’auteur de l’escroquerie soit incriminé, il faut prouver qu’il a eu
l’intention de commettre ce délit. En effet, il doit avoir la volonté de tromper la victime, en
utilisant des moyens frauduleux pour le faire.
La criminalité économique a de multiples aspects qui justifient le recours à une sanction pénale
qu’il s’agisse, évidemment, de la criminalité organisée ou de la banale criminalité en col blanc.
Au Maroc, le droit pénal des affaires au sens strict, c'est-à-dire qui comprend des infractions
spéciales hors du champ du droit pénal ou même du droit commun a vu le jour avec l’élaboration
de la loi 17-95 modifiée par la loi 20-05 qui crée des infractions spécifiques par exemple la
distribution de dividendes fictifs. Et c’est ainsi, que la sanction pénale est perçue certains comme
une arme privilégiée contre la crise pour son exemplarité et efficacité. Les sanctions civiles ou
administratives qui aboutissent à l’octroi des dommages et intérêts ou des amendes semblent, en
comparaison, moins dissuasives. Dans le sens où chacun doit réaliser que la peine n’est pas une
fin en soi, ce n’est qu’un moyen au service de droit le mieux possible l’autorité du droit en
général.
La confédération générale des entreprises au Maroc a présenté au débat son avant-projet de
réforme de la loi n°17-95 relative aux sociétés anonymes. Les propositions de réformes
suggérées ont bien montré que les insuffisances de la loi ne se limitaient pas au seul aspect pénal.
On a ainsi pu justement affirmer que la réforme de la loi sur la SA a était bien plus grande que
celle du droit pénal de la SA.
Dépénaliser la vie des affaires, c’est ainsi réduire non seulement l’espace pénal, mais également
le risque anormal et le temps.
C’est retrouver une cohérence, une plus grande sécurité juridique, une confiance des acteurs dans
la norme et la capacité à l’appliquer par les acteurs et les opérateurs juridiques.
Il s’agit pour cela de limiter l’instrumentalisation d’une justice pénale qui doit rester accessible à
tous, de promouvoir une justice civile qui doit être rapide et efficace, en affirmant toujours le
principe d’égalité des citoyens devant la loi comme le socle intangible sur lequel est bâti notre
droit, donc notre contrat social.
Il convient de signaler que l’inflation est corrélativement, une dilution du pénal : « trop de pénal
tue le pénal ». Et même lorsque le recours pénal serait justifié en lui-même, il arrive que les
conditions de son application altèrent sensiblement l’autorité des décisions.
La loi 20-05 a supprimé certaines dispositions pénales, a remplacé d’autres par des amendes et a
réduit le montant de certaines amendes dans le but de rendre aux patrons et aux gestionnaires
imprudents mais de bonne foi le gout d’entreprendre et également pour garder l’attractivité
économique du pays et promouvoir son développement et sa croissance dans un cadre
moralement saint.
C’est d’abord vers une nouvelle configuration du champ pénal qu’il faut tendre, en modifiant
les modes de régulation applicables à l’activité, au contrôle et à la structure des entreprises.
Le mouvement de dépénalisation du droit des affaires n’a pas vocation à désarmer la justice
pénale face aux comportements frauduleux des acteurs économiques, bien au contraire. Il s’agit
de promouvoir une justice pénale occupant un espace moins large, mais une justice pénale plus
rapide et plus efficace. Deux pistes semblent devoir être explorées dans cette optique : recentrer
la justice pénale financière sur les véritables affaires pénales, en limitant l’instrumentalisation
des acteurs judiciaires, et améliorer la formation des magistrats, en développant une gestion plus
ambitieuse des ressources humaines.