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Sous le soleil
de minuit
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Castor Poche
Collection a n i m é e p a r
François Faucher, Hélène Wadowski
Martine Lang et Soazig Le Bail

À Maude, Aurélien, Théophane


et à mes vingt neveux et nièces.

Une production de l'Atelier du Père Castor

© 1996, Castor Poche Flammarion


pour le texte et l'illustration
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SIMONE SCHMITZBERGER

Sous le soleil
de minuit

Castor Poche Flammarion


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S i m o n e S c h m i t z b e r g e r , l'auteur, est mère de


trois enfants. Elle est titulaire d'une maîtrise de
lettres modernes. Journaliste à L'Est républicain,
elle vit à Épinal. Elle écrit beaucoup pour la pres-
se des jeunes, notamment dans Pomme d'Api. « Je
suis née et j'ai grandi en terre vosgienne. Mes
parents y cultivaient la terre, c o m m e leurs
ancêtres, avec courage et sérénité.
Dépourvue de tout sens pratique, je me cachais
derrière mes livres pour échapper aux travaux
agricoles. On finissait p a r m'oublier, quelque part
sous un arbre, au bout d'un champ, perdue dans
un roman. Je n'aimais que cela, lire et écrire ;
quand je déclarais en rougissant que je voulais
devenir écrivain ou journaliste, personne, jamais,
ne me contredisait. Dans mon immense naïveté,
j'ai pris ce silence pour un encouragement. »

Michel B o u c h e r , l'illustrateur de la couverture,


est né près de Paris en 1955. Il a trois enfants.
Après des études d'architecture aux Beaux-Arts, il
décide de se consacrer à l'illustration de livres
pour enfants.
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S o u s le soleil d e m i n u i t :
Max, seize ans, part en camp de vacances itiné-
rant dans les îles Lofoten, en Norvège, au-dessus
du cercle polaire. Le voyage commence mal : mal-
gré sa bonne volonté, il n'arrive pas à dérider
Aude, sa belle voisine de droite à la mine boudeu-
se. Heureusement, à gauche, il y a Marie, qui sou-
rit.
Au fil du périple, les adolescents vont se décou-
vrir, des liens vont se nouer, des fils s'embrouiller,
des drames se jouer...
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Quand on me demande de résumer cet


été-là, celui de mes seize ans, je dis : « Deux
ou trois bleus, un petit coup de soleil... »
J'ai le sens... du raccourci. Les autres,
d'ailleurs, sont un peu brouillés. Comme
des œufs. Quand j'étais môme, il paraît que
je n'aimais que le jaune et je le réclamais en
disant : « Je veux le soleil. »
Oui, il y a des petits naïfs qui croient cela,
que le bonheur est enfermé dans une coque
blanche qu'il suffit de casser à volonté...
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Chapitre 1

P a s compliqué, comme garçon ! Mes


parents me déposent à deux heures du
matin, devant un bus, avec un gros sac
bourré de vêtements propres et un petit,
bien garni de victuailles à quatre-vingts
pour cent sucrées, en me disant de mon-
ter, eh bien, j'obéis. Comme un gamin.
Je m'installe au milieu du car, pas trop à
l'avant, pour ne pas côtoyer ceux que la
route indispose, mais pas non plus à l'ar-
rière, pour me démarquer de ceux qui veu-
lent se faire remarquer à tout prix... Et me
voilà parti en vacances ! Facile pour moi !
Maintenant, il faut que je vous dise de
quoi il retourne, sinon c'est vous qui allez
descendre de l'histoire.
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Zap Itinéraires, ça s'appelle. « Une for-


mule souple », a annoncé le responsable
à ma mère. Le concept me plaît bien.
Quand j'étais petit, c'est ce qu'on disait de
mes cheveux : souples. Résultat : j'en fais
ce que je veux.
« Des vacances idéales pour les quinze-
d i x - h u i t a n s », a s s u r a i t la b r o c h u r e . . .
J'allais enfin vivre trois semaines sans
Théo ( m o n petit frère de quatorze).
Relâche. Ça va me faire du bien d'être un
peu moi-même, c'est-à-dire gentil. Avec
un cadet, on est toujours obligé de haus-
ser le ton, histoire de lui faire le caractè-
re. Il me remerciera plus tard... Mais
revenons à mon voyage...
La destination : les îles Lofoten... Rien
à voir avec La Baule ou Toulon. J'ai tout
de suite dit oui, quand j'ai su où ça
perche. Prends un globe terrestre. Tu vois
le cercle polaire, oui, tout en haut de
l'Europe ! E h bien, c'est encore plus
haut ! Tout au nord de la Norvège, il y a
un archipel pas trop frileux qui barbote
dans l'Arctique glacé. C'est là.
Si j'en crois le dépliant qu'on nous a
distribué au moment d'envoyer le chèque,
le paysage vaut le déplacement. Ima-
gine la côte la plus découpée que tu
connaisses, mais en dix fois plus escarpée.
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Des falaises vertigineuses. On nous pro-


met des dénivelés de mille mètres !...
J'oubliais le soleil. Jamais couché. Le
grand jeu ! Il fait des heures sup chaque
été p o u r épater les touristes. Le spec-
tacle dure jusqu'à la mi-juillet. Au-delà
de cette date, la nuit reprend peu à peu
ses droits mais, d'ici là, le c a m p sera
près de s'achever. Question température,
jamais plus de douze degrés en août,
mais des pointes en juillet qui peuvent
aller jusqu'à trente. Un climat privilégié
en raison du Gulf Stream. Idéal p o u r
moi, tout ça ! Je ne m o u r r a i pas de froid
et en plus je pourrai me payer le luxe de
ne pas revenir hâlé si j'en ai envie car
tout le m o n d e croit que, là-haut, il fait
frisquet tout le temps.
Quand on va vers le sud, on se sent tou-
jours obligé de revenir bronzé au troisiè-
me degré pour épater les voisines. Au
bout du compte, on se ruine en huile
solaire, un investissement qui ne rappor-
te pas toujours, sans parler des risques de
cancer de la peau... Mais je m'égare, je
suis un incorrigible optimiste...
Le programme de Zap Itinéraires pré-
voit une grille d'activités élaborées au
jour le jour, en concertation. « C'est vous
qui la composerez, comme le menu », a
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expliqué l'animateur lors de la réunion


préparatoire. Côté cuisine, je ne compte
pas trop m'investir, préférant laisser la
place à ceux qui n'ont pas d'autres occa-
sions pour se mettre en valeur. Je vais
plutôt m ' i m p l i q u e r dans l'animation,
avec ma guitare service.
En y réfléchissant, je peux aussi jouer
sur les deux tableaux : rien ne m'empêche
de leur faire mes spaghettis bolognaise,
de temps en temps. Parce que c'est facile
et que cela m'attire généralement des
compliments et la reconnaissance des
plus affamés. J'en ai remarqué quelques-
uns, dans le fond du car, qui sont du
genre glouton. Mieux vaut se les conci-
lier.
Qu'est-ce que ça pionce, a u t o u r de
moi ! Il y en a qui font semblant, j'en suis
sûr : ça donne une contenance, de dor-
mir, quand on ne connaît personne...
Tout à coup, j'ai un doute : oui, ça m'arri-
ve ! J'ai peut-être eu tort de m'embarquer
là-dedans... Notez que, questions rela-
tions humaines, ça ne devrait pas man-
quer d'intérêt... Avec le flair que j'ai, il me
semble que je me suis assis à côté d'une
fille pas inintéressante, d'un point de vue
esthétique. En tout cas, ce doit être la
plus blonde, si j'en juge par la tache clai-
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re de sa chevelure contre la vitre. Vive-


ment qu'il fasse jour, que je puisse vérifier
si mes premières impressions sont fon-
dées...
J'ai commencé à prendre des notes, une
habitude que nous a refilée notre mère.
Chaque fois qu'on partait en vacances, on
faisait un concours, avec Théo, celui qui
aurait le plus beau cahier, au retour, à
montrer aux mamies puis à nos maî-
tresses respectives. On se ruinait en cartes
postales. On demandait des dépliants à
chaque office du tourisme, à chaque gui-
chet et pendant les pauses, entre deux
musées, deux cathédrales, on faisait nos
découpages et nos collages. Ils étaient
bien tranquilles, les parents, pendant ce
temps ! C'est ce qu'on appelle des péda-
gogues. Tu parles : des petits malins, oui !
Mes notes d'aujourd'hui sont plus som-
maires. Quelques repères pour fixer mes
souvenirs. Histoire de ne pas être trop
vague quand je voudrai briller dans une
conversation sur l'Europe de Nord. Le
problème, c'est que je ne les relirai peut-
être jamais. Je les égarerai sous une pile
de quelque chose. Enfin, c'est une ma-
nière de m'accrocher. J'ai toujours tel-
lement peur de passer à côté de quelque
chose.
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— Allez, fini, les rêves ! On se réveille !


Préparez vos papiers !
Tiens, j'ai dû m'assoupir... Ce n'est
pourtant pas m o n genre. mais pourquoi
est-ce qu'on nous tire du sommeil si tôt ?
Je repense au programme « souple » du
dépliant : ça commence bien ! Publicité
mensongère ! Je vais noter les entorses à
la loi et si ça dépasse les bornes, je les
attaque en justice : ça fera un dossier
p o u r Nanette, la sœur de maman, qui est
avocate. La défense des opprimés. C'est
un peu comme Uncle Gauthier (Pronon-
cer à l'anglaise. Oui, m ê m e le th... On
l'appelle ainsi avec Théo), le frère de
papa, qui est éducateur de rue. Ça fait de
beaux débats, en famille. La différence
entre eux, si je les suis bien, c'est que lui
défend tout le monde et pour rien.
Le responsable passe dans l'allée, pour
réveiller les plus récalcitrants. Je me sou-
viens qu'il ne veut pas être appelé « dirlo ».
La terminologie des « colos » n'a pas cours
à Zap Itinéraires. Son prénom me revient :
Bernard. Il n'est pas très grand, mais
carré. Solide, comme on dit. Un regard
franc et bienveillant. Il est tout près de
moi. Il sent bon la savonnette Donge, sen-
teur Cologne. La même que chez Mamie
Marcelle. Du coup, ça me le rend familier.
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Comme si on s'était lavés ensemble, dans


une autre enfance. Mon regard ne se
dérobe pas au sien, papillon beige qui
cherche visiblement à se poser. Je lui
tends mes pupilles gris-bleu épanouies.
— Qu'est-ce qui se passe, dis-je - assez
fort pour qu'un maximum d'oreilles fémi-
nines profitent de mon humour -, les
Belges mobilisent au prétexte qu'ils ont
vu passer un gros aigle qu'ils ont pris
pour un bombardier ?
— Un contrôle, explique Bernard. Ils
fouillent tous les véhicules... Je ne sais
pas ce qu'ils cherchent.
Un policier (ou un douanier, je ne fais
pas bien la différence) pénètre à ce
moment-là dans le bus. Bernard va à sa
rencontre et répond à ses questions cal-
mement. Il lui explique qui nous sommes
et où nous allons.
Moi, si j'étais policier, je le croirais tout
de suite, sur parole. Bernard, il a la
tronche de ces mecs, comme Uncle
Gauthier, qui ne disent jamais un men-
songe. Par exemple, tu leur demandes
s'ils ont déjà fumé un joint, ils te répon-
dent : « Oui, un huitième et demi d'un, un
soir que... », au lieu de dire non, qui est
aussi proche et même plus de la vérité.
Le contrôle a commencé. C'est tout ce
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qu'il y a de plus sérieux, leur affaire. Je


me sens obligé de détendre l'atmosphère
en demandant s'il s'agit d'un trafic de
frites. Ma voisine de gauche a gloussé. Je
fais mes réflexions assez haut pour être
entendu à deux rangs en moyenne de
mon insignifiante personne. Eh oui, c'est
comme ça, les garçons complexés, ils
sont obligés de se démener sans cesse
pour qu'on les voie exister !
La voisine de droite n'a toujours pas
percuté. Justement, voilà Bernard qui me
demande de la « secouer gentiment ».
— Comptez sur moi, chef ! La douceur,
ça me connaît ! Et si elle est vraiment
dans le cirage, je me porte volontaire
pour le bouche à bouche !
Je n'ai même pas besoin de faire un
geste. Le miracle se produit : elle se
retourne gracieusement vers moi, les
mirettes tout azur et me gicle :
— Pauvre mec, va !
Phonétiquement, cela s'écrirait : pôôv'-
meïque !!!
Le ton montre assez qu'elle pense le
peu qu'elle vient de dire. Comme je ne
suis pas complètement maso, je me tour-
ne vers ma voisine de gauche qui, elle,
sourit. Peut-être bien qu'elle se moque de
moi, mais enfin, je n'ai pas d'autre choix
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que de me montrer aimable avec celle-ci


puisque je n'ai pas trouvé de répartie
pour l'autre ! Ce que je peux être lent !
J'incline cérémonieusement la tête et me
présente, comme ma mère m'a appris à le
faire :
— Maximilien... Max, pour les amis !
— Marie, pour tout le monde !
Hé, hé, j'ai eu tort de me polariser sur
la blonde ; cette brunette-là n'est pas mal
du tout et, en plus, elle semble avoir de
l'humour... Ce qui est rare, chez les filles
de cet âge. Elles pensent à tout, pour
séduire, sauf à cela. Je l'ai déjà dit à
« Princesse fatale », ma cousine. Elle m'a
répondu : « Je laisse ça aux moches ! » Eh
bien, non, mesdemoiselles, je vous le dis,
il y a un créneau à prendre, même si vous
êtes belles ! Vous forcez toujours trop sur
le romantisme !
Mais qu'est-ce que je raconte ? Je crois
bien que j'ai pensé tout haut. Marie rit
aux éclats. Des dents parfaites. Elle est
bien, cette petite-là.
Je jette un œil à l'autre pour une ultime
comparaison et j'ai un choc : elle a allu-
mé une clope. Strictement interdit.
Même si on est révolté, on respecte au
moins cette règle de pure hygiène, non ?
Ce doit être ma bonne éducation qui
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— Un peu tard, mais à l'arrivée, si vous


n'êtes pas trop fripés !
Adeline se forçait visiblement à être de
bonne humeur mais on sentait que la
nostalgie l'avait atteinte aussi, elle, la
vieille routière.
Richard ne cherchait même pas à don-
ner le change. Il avait rangé son guide et
ses cartes et ne commentait plus rien.

Encore quelques heures et l'équipée se


dissoudrait. Bernard les regardait, avec
sa future nostalgie, sûr qu'il ne les rever-
rait jamais, malgré les adresses échan-
gées et toutes les promesses. Tous les ans,
il revivait le même scénario... « On passe-
ra te voir », disaient ceux qui n'habitaient
pas trop loin. Ils étaient sincères, mais
ignorants. La vie est un torrent qui vous
emporte sans que vous ayez le temps de
vous attarder devant chaque nénuphar...
Max venait de se réapproprier son car-
net. Quand il eut fini de s'esclaffer sur les
bons mots écrits par ses admiratrices, il
le tendit à Marie, d'un air humble :
— Tu ne m'as rien écrit ? Même pas ton
adresse !
— Non merci, je n'ai pas envie d'être sur
une liste d'attente !
Il se rassit, déchira les adresses des
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autres et tous leurs mots qui l'avaient


bien fait rire quelques instants plus tôt et
tendit de nouveau son carnet vierge à
Marie.
Elle y écrivit son adresse avec applica-
tion et ajouta même son numéro de télé-
phone.
Il referma le carnet et lui chuchota,
sans rire :
— Y a pas à dire, faut être con comme je
le suis pour ne pas m'être aperçu tout de
suite que t'es la seule !
Elle sourit longuement, secoua la tête
pour enlever la mêche gênante et déclara :
— Faut toujours que tu exagères, mais...
c'est ce qui fait ton charme !
— Ton indulgence te perdra, fillette...
Il lui prit la main et elle la lui laissa jus-
qu'à l'étape. C'était Hambourg.
On a dressé les tentes, comme à l'aller.
Aude m'a aidé. J'ai une requête à lui faire,
mais j'hésite.
Elle est maintenant en train de déchi-
queter son sandwich, assise sur une
borne, un peu à l'écart. Elle a de nouveau
son air sauvage.
Je prends mon courage à (un nombre
impressionnant) de mains et me lève :
— Attends-moi un instant, dis-je à Marie,
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qui me sourit entre deux bouchées. Fais-


moi confiance, je reviens...
Aude a levé le nez et me regarde venir,
avec hargne. Son air habituel, en fait.
D'une certaine façon, ça me rassure.
Je fais semblant de lui braquer un
flingue et lance :
— Aude, j'ai un service à te demander...
— Je ne promets rien, dis toujours...
Elle est assise et moi debout avec mon
mètre quatre-vingts. Confortable comme
position, pour une demande délicate.
Elle vient d'avaler son dernier morceau
et éructe :
— Accouche !
Dans ces cas-là, pas besoin d'introduc-
tion, droit au but :
— Est-ce que tu veux me donner ta place,
dans la tente ?
D'abord elle ne comprend pas, puis la
question finit par se loger dans son cer-
veau, enfin elle se lève, glisse le bout de ses
mains dans les poches avant de son panta-
lon moulant et - contre toute attente - sou-
rit. Pas un vrai sourire, comme ceux de
Marie, non, un rictus plutôt, légèrement
moqueur, mais enfin, un sourire quand
même. Je ne vais pas faire le difficile.
Alors, je lui souris, moi aussi, histoire de
gagner du temps. Et la voilà qui enchaîne :
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— Ma place ? Autrement dit, tu m'en-


voies me pieuter ailleurs ?
— S'il te plaît, si ça ne...
— ... me dérange pas, ben voyons !
Comme je prends un air catastrophé,
elle se radoucit.
— Pourquoi je devrais dégager ? Je pète
en dormant ?
Je soupire, en guise de réponse. Elle
reprend :
— C'est pour étendre tes grandes gui-
boles ou pour y mettre une autre nana ?
— Deuxième solution !
— Ça va, j'ai compris ! Marie, hein ?
Mais, crétin, pourquoi t'as attendu le der-
nier soir ?
— C'est bien ce que je me demande !
Elle éclate de rire.
— Ah, c'est vrai, ces choses-là, ça se pro-
gramme pas !
— Mais non, c'est pas ce que tu crois !
— Fais ce que tu veux, puceau ! Mais,
avec les autres qui écoutent, tu vas pas
t'amuser !
— Te fatigue pas, c'est pas pour la baise...
— Ah, là là, c'est toujours ceux qui la ramè-
nent le plus qui sont les plus romantiques !
Alors, c'est pour lui dire des poèmes ?
— Oui, je commencerai par Le loup et
l'Agneau, puis Le Corbeau et le Renard...
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— La vache ! Si c'est tout ce que tu


connais, tu vas pas pouvoir assurer toute
une nuit... Et elle va se faire chier...
Tout en disant cela, elle jetait un œil du
côté de Marie, qui s'était de nouveau
mêlée à un groupe.
— T'en fais pas pour moi, j'improvise-
rai...
Elle se mit à rire franchement et on
aurait dit qu'il faisait de nouveau soleil
dans sa vie. Quand elle était petite, elle
devait faire cette tête-là, aux récrés. Avant
d'avoir des soucis de grande...
— Ah, que c'est beau, un mec amoureux,
ça me rappelle de vieux souvenirs... Bon,
je te donne ma place mais tu me revau-
dras ça ?
Son ton joyeux s'assombrit tout à coup.
Elle planta ses yeux dans les miens
comme une menace et ajouta :
— Si un jour, j'ai besoin d'un coup de
main, je t'appelle. Hein ? Même dans dix
ans ?
Je compris que l'appel était sérieux.
Comme si j'étais dans un palais de justi-
ce, je prononçai, sans rire :
— C'est juré !
Marie a bien voulu, sans hésiter. Elle
est là, dans son sac de couchage, à côté de
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moi ; emballée comme un cadeau. Je ne


la vois pas. Je la touche du bout des
doigts. Délicatement. J'ai tellement peur
de faire un faux geste.
Je caresse sa joue, je dessine son nez, je
reconnais le tracé parfait de sa bouche
ronde qui bouge sous mon doigt. Les
autres, ils n'existent plus. J'ai juste un peu
de peine pour Olivier. Mais c'est comme
si j'étais parti dans un autre voyage, après
lui avoir dit au revoir. Comment faire
pour la rapprocher encore de moi, sans
être maladroit ?
J'allonge mon bras. C'est fantastique, il
glisse comme sur des roulettes sous ses
épaules et voilà sa tête qui bascule dans
un creux que je ne me connaissais pas,
quelque part entre ma poitrine et mon
cou. Il lui va.
Il me reste une main pour découvrir
ce corps ami blotti contre moi, mais
emprisonné dans le tissu. Pas de fausse
manœuvre. Ne pas déchirer l'emballage
d'un seul coup comme je fais quand on
m'offre quelque chose. D'abord dénouer
doucement le ruban doré. J'ouvre mon
sac de couchage. Ziip ! Oh ! le méchant
bruit de la fermeture. C'est fou le vacar-
me qu'on fait, tous les deux, et les autres
qui font semblant de ne rien entendre...
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Ziip ! La voilà qui ouvre le sien. On écla-


te de rire, tous les deux, le plus discrète-
ment qu'on peut ! ... Chtt ! Je t'attire
doucement... Non, c'est toi qui t'ap-
proches. Merci, Marie, tu as compris
mon malaise : au lit avec une fille que je
connais !

C'est l'été, pour nous, et il fait grand


soleil.
Marie a posé sa tête juste sur ma poi-
trine, en haut, à gauche.
— Fais gaffe, t'es juste sur mon coup de
soleil !
Elle n'en revient pas.
— Un coup de soleil, mais comment t'as
fait ?
Elle vient de comprendre que je plai-
sante.
— J'ai le cœur qui pèle, mais je l'ai bien
cherché. Je me suis trop exposé... Il va
falloir que tu me soignes : des séances de
rayons pas trop fortes au début et après
un peu plus intenses, jusqu'à ce que j'aie
le cœur tout doré.
En guise de consentement, elle esquis-
se un mouvement pour se rapprocher
encore (comme si c'était possible), mais
pas un mot. C'est son style. Elle groupe
toujours ses réponses... D'ailleurs, com-
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ment pourrait-elle parler puisque je n'ar-


rête pas de lui prendre la bouche.
— Tu sais ce qu'elle m'a confié, Princesse
fatale ? dis-je entre deux baisers... La
première fois, faut le faire sur un matelas
de roses...
Toujours pas de réponse, mais je sens
sur ses lèvres qu'elle sourit jusqu'aux
yeux.
— Ça t'amuse, Marie ? T'aimes pas les
roses, peut-être tu voudrais des...
Elle m'interrompt en me chuchotant à
l'oreille :
— Je ne ris pas, je souris tout haut.
— Ah, j'aime mieux ça ! J'ai déjà com-
mandé les roses...
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Castor Poche

Des livres pour toutes les envies de lire,


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Des livres pour ceux qui dévorent.
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Des livres pour ceux qui croient ne pas aimer lire.
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entier ; des récits qui parlent de vous mais aussi
d'ailleurs, de pays lointains ou plus proches, de
cultures différentes ; des romans, des récits, des
témoignages, des documents écrits avec passion
par des auteurs qui aiment la vie, qui défendent
et respectent les différences. Des livres qui abor-
dent les questions que vous vous posez.
Les auteurs, les illustrateurs, les traducteurs
vous invitent à communiquer, à correspondre
avec eux.

Castor Poche
Atelier du Père Castor
4, rue Casimir-Delavigne
75006 PARIS
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Castor Poche

A chacun ses intérêts, à chacun ses lectures.

9 séries à découvrir :
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C a d e t : dès 5/6 ans
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Castor Poche, des livres p o u r toutes les envies de lire : p o u r


c e u x q u i a i m e n t les histoires c o n t e m p o r a i n e s qui p a r l e n t de la
vie de tous les jours, ici m a i s aussi d a n s d ' a u t r e s pays. Voici u n e
sélection de r o m a n s q u i se p a s s e n t a u j o u r d ' h u i .

5 Le fauteuil de Grand-Mère Junior


par Charlotte H e r m a n
Sheila, la j e u n e Américaine, est furieuse. Elle vient d ' a p p r e n -
d r e q u ' à dix ans elle va d e v o i r p a r t a g e r sa c h a m b r e avec sa
g r a n d - m è r e . P o u r t a n t , très vite, u n e c o m p l i c i t é se n o u e e n t r e
elles, et Sheila fait tout ce q u ' e l l e p e u t p o u r r e n d r e la vie de sa
g r a n d - m è r e plus d o u c e . Sheila ne m a n q u e pas d'idées m a i s
elles s o n t r a r e m e n t a p p r é c i é e s p a r sa g r a n d e s œ u r et ses
parents...

13 David l'étrange Junior


par Veronica Robinson
Un g a r ç o n de treize ans vient d ' e m m é n a g e r d a n s u n e m a i s o n
voisine. Les e n f a n t s c h e r c h e n t à faire sa c o n n a i s s a n c e , m a i s le
n o u v e a u v e n u l e u r s e m b l e bizarre, étrange... C'est q u e David
n ' e n t e n d rien : il est s o u r d de naissance. Les e n f a n t s réussiront-
ils à c o m m u n i q u e r , à se c o m p r e n d r e ?

22 L ' a u t r e Senior
par Andrée Chedid
Tôt le matin, S i m m traverse u n village paisible, q u a n d tout à
coup, tout bascule d a n s u n t r e m b l e m e n t de terre.
De t o u t e s ses forces, de toute son âme, S i m m c h e r c h e à s a u v e r
le j e u n e é t r a n g e r avec lequel il a é c h a n g é u n regard, u n e
complicité, q u e l q u e s s e c o n d e s avant le d r a m e .
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Vivre a u j o u r d ' h u i

26 L e s e c r e t d e J e r e m y Junior
par Patricia H e r m e s
À l'idée d'aller dans une école inconnue, Jeremy, dix ans, est
prise de panique. C'est qu'elle a un lourd secret qu'elle ne peut
partager avec ses amies, un secret que même ses grands-pa-
rents n'aiment pas évoquer. Maintenant tout le monde risque
de le découvrir...

28 U n e d i f f i c i l e a m i t i é Junior
par Marilyn Sachs
L'amitié de Peter et de Veronica n'est pas très appréciée par
leur entourage. Et le printemps de ses treize ans va ressembler
pour Peter à un combat sur tous les fronts : contre ses parents,
contre les copains, et même contre Veronica..

30 Q u i t t e r s o n p a y s Junior
par Marie-Christine Helgerson
Meng, ses petites sœurs et ses parents fuient la guerre qui
ravage leur pays, le Laos. Après une longue marche dans la
jungle inhospitalière, après une traversée dramatique du Mé-
kong en crue, après la peur et la faim, la famille Xiong, épuisée,
arrive en Thaïlande. Existe-t-il une terre d'accueil où Meng et
les siens retrouveront leur joie de vivre?

40 L a f l û t e t s i g a n e Junior
p a r Bertrand Solet
La vie quotidienne de Yoska et des siens ne ressemble pas tout
à fait à la nôtre. Ils aiment s'en aller sur les routes de France,
loin de la ville. « Nous ne sommes pas des nomades, dit sa sœur
Paprika d'un air fier, mais des Tsiganes de la tribu des roms. »
Le monde bouge et change, il y a de fascinantes machines, et
l'école... Il faudrait à la fois rester tsigane et vivre comme les
autres. Est-ce possible ? Et les autres surtout, accepteront-ils
Yoska?
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Castor Poche Connaissances

Une nouvelle série


à partir de 8/9 ans.

C a s t o r Poche C o n n a i s s a n c e s
Des petits « poches » à lire d'un trait
ou à prendre et à reprendre.
Des textes pour stimuler la curiosité,
pour susciter l'envie d'en savoir plus.

C a s t o r Poche Connaissances
En termes simples et précis,
des réponses à vos curiosités, à vos interrogations.
Des textes de sensibilisation
sur des notions essentielles.
Les premières clés d'un savoir.
Des sujets variés.
Le sérieux de l'information
allié à la légèreté de l'humour.
Un ton alerte et vivant.

Dans chaque ouvrage,


un sommaire et un index détaillés permettent
de se référer rapidement à un point précis.
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C1 Bon pied, bon œil ! (Junior)


Notre santé
par Lesley Newson
Quels sont les moyens de défense et de reconstruction de notre or-
ganisme ?Que se passe-t-il à l'intérieur de notre corps lorsque nous
avons la varicelle ? Ce guide concis et vivant nous permet d'en sa-
voir plus sur les microbes, les virus, les bactéries et... sur nous-mêmes.
C2 Comme un sou neuf ! (Junior)
La bataille contre la saleté
par Lesley Newson
Qu'est-ce que la saleté ? Comment agissent le savon, les déter-
gents ? Une approche, à la fois scientifique et vivante des questions
d'hygiène, qui nous informe avec précision et humour, et nous
aide à combattre la saleté sur notre corps, sur nos vêtements, dans
nos maisons et dans nos villes.

C3 La m a r c h e des millénaires (Senior)


A l'écoute de l'Histoire
par Isaac Asimov & Frank White
Parce qu'il traîte autant des modes de vie et de l'évolution des tech-
niques que des faits dits historiques, ce livre transforme le domaine
parfois rebutant de l'Histoire en une matière vivante et attrayante.
Les connaissances historiques sont mises en relation avec les grandes
préoccupations d'aujourd'hui, et deviennent du coup captivantes.
C4 Sale temps p o u r un dinosaure ! (Junior)
Les caprices de la météo
par Barbara Seuling
Comment se forme un grêlon ? En quoi une tornade diffère d'un
cyclone ? Quelle est la température la plus chaude jamais enregis-
trée sur terre ? Qu'est-ce que la foudre ? Mille informations sur le
temps et la météorologie sont regroupées dans ce petit livre, qui
dissipent les interrogations et ... éclaircissent notre ciel !
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C5 Les c o u l i s s e s d u z o o ( J u n i o r )
Carnets d'un vétérinaire
par Sheldon L. Gerstenfeld
Comment les kangourous montrent-ils leur colère ? Comment faire
une prise de sang à une tortue ? Comment administrer un médica-
ment à un hippopotame ? Comment prendre la température d'un élé-
phant ? Écrit par un vétérinaire, un guide présentant avec humour
une foule d'informations sur les animaux du zoo.

C6 Les d i e u x s ' a m u s e n t ( S e n i o r )
La mythologie
par Denis Lindon
Un précis de mythologie aussi savant que souriant. Un livre passion-
nant, drôle et instructif, qui nous permet de (re)découvrir les plus
belles histoires du monde : les amours de Jupiter, les facéties de Mer-
cure, les complexes d'Œdipe, les colères d'Achille, les ruses d'Ulysse...

C7 Un a p p é t i t d ' o g r e ( J u n i o r )
Le mystère des aliments
par Lesley N e w s o n
Pourquoi les vaches peuvent-elles se nourrir d'herbe et pas nous ?
Comment se fait-il que la cuisson durcisse le blanc d'œuf et ramollis-
se les pâtes ? Comment sont fabriqués les bonbons ? Àces questions,
et à bien d'autres, une biologiste apporte des réponses claires, souvent
drôles, mais toutes scientifiques.

C8 Top c h r o n o ( J u n i o r )
La mesure du temps qui passe
par Franklyn M. Branley
Pourquoi y a-t-il soixante minutes dans une heure ? Pourquoi février
ne compte que vingt-huit jours ? Qui a inventé les fuseaux horaires ?
Pour mieux comprendre comment les hommes ont appris à mesurer
le temps qui passe et à y poser des jalons, un petit livre qui remonte
le temps - et vient à temps.
C9 B o u l e d e n e i g e e t c a r i b o u ( J u n i o r )
Du flocon au glacier
par Franck B. Edwards
Quoi de plus innocent qu'un flocon de neige ? Pourtant, c'est de flo-
cons de neige que naissent les glaciers. Et chaque année plus d'un
cinquième de notre planète est recouvert de neige pendant des mois.
Des hommes, des animaux, des plantes s'accommodent de la neige,
ils en tirent même parti, mais comment ?
CIO S i l e n c e o n t o u r n e ! ( S e n i o r )
L'enfance du cinéma
par Liliane Korb et Laurence Lefèvre
Des ombres chinoises aux premières salles : un vaste panorama de la
naissance du cinéma. Nous y découvrons des appareils aux noms
étranges tels le zootrope ou le praxinoscope, les noms des grands
inventeurs, Edison, les Frères Lumière, Méliès, Émile Cohl, les pre-
mières productions de Charles Pathé et Léon Gaumont...
C11 De la g r o t t e à la n i c h e ( J u n i o r )
L a domestication des animaux
par Margery Facklam
Comment le chien et le chat sont-ils devenus compagnons de l'hom-
me ? Qui a dompté le cheval ? D'où viennent la vache, la poule, le din-
don ? De l'éléphant au furet, en passant par le cormoran, les mystères
de la domestication animale.
C12 N e p e r d o n s p a s le n o r d ! ( J u n i o r )
S'orienter
par Vicki Mc Vey
Comment nous dirigeons-nous ? Comment trouvons-nous notre
chemin, dans les lieux inconnus comme les plus familiers ?
Sur quoi se repéraient les anciens navigateurs, au temps où il
n'existait pas de cartes ? Comment lire une carte, un plan ? Que
faire si l'on est perdu ? Pour les explorateurs en herbe, un guide de
l'orientation complété de jeux et de suggestions d'expériences.

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