Droit Bancaire
Droit Bancaire
Droit Bancaire
Introduction
Sont considérés comme établissements de crédit les personnes
morales qui exercent leur activité au Maroc, quels que soient le lieu de leur
siège social, la nationalité des apporteurs de leur capital social ou de leur
dotation ou celle de leurs dirigeants et qui exercent, à titre de profession
habituelle, une ou plusieurs des activités suivantes : la réception de fonds
du public - les opérations de crédit - la mise à la disposition de la clientèle
de tous moyens de paiement, ou leur gestion1.
Ces établissements n’ont pas cessé de jouer un rôle central dans le
développement économique, social et financier des Etats.
De fait de la nature des opérations qu’ils accomplissent, à savoir les
opérations de crédits, le dépôt des fonds de public, la mise à la disposition
de leurs clientèles des moyens de paiement, ainsi que la gestion de ces
moyens ; l’intervention de législateur est indispensable d’une part, afin
d’assurer la sécurité de ces transactions, de protéger le consommateur.
D’autre part, afin d’assurer la régulation et d’instaurer l’équilibre des
marchés financiers, ainsi que de promouvoir la transparence de secteurs
économique et financier.
Son obligation de mandataire met à sa charge un certain nombre
d’obligations générales et spécifiques, à l’instar de devoir d’information2 ,
de mise en garde et de sécurité, il est aussi obligé de respecter le secret
professionnel3 et d’exécuter le contrat de bonne foi (loyauté contractuelle
s’impose). Le respect de la vie privée et de l’intimité de son client, lui
impose également de ne pas s’incruster dans les choix effectués par son
client (principe de non-ingérence ou de non-immixtion).
Dans ce sens, et afin de se conformer aux standards internationaux
régissant les obligations de établissement de crédit, en l’occurrence, aux
conventions, traités et accords de l’ONU, aux résolutions de conseil de
1
Voir la loi n° 103-12 relative à l’établissement de crédit et organisme assimilés article 1.
2
Par exemple l’article 154 de la loi n° 103-12 sur le devoir des Etablissements de crédit à informer le public sur
le taux d’intérêts créditeur et débiteur
3
La protection de secret professionnel de la clientèle bancaire est consacrée en particulier par Art. 180 de la loi
n° 103-12 relative aux établissements de crédit et organismes assimilés, promulguée par le Dahir n° 1-14-193
du 24 décembre 2016, publié au B.O n° 6340, p. 978 et S. et également, dans façon générale par la loi n° 09-08
relative à la protection des personnes physiques à l’égard du traitement des données à caractère personnel,
promulgué par le Dahir n° 1-09-15, publié au B.O n° 5714 du 5 mars 2009,
1
sécurité, aux mesures de Groupe d’actions financières (GAFI), ainsi qu’aux
normes de Groupe d’Action financière du Moyen Orient et de l’Afrique du
Nord (GAFIMOAN), et à celles de groupe Egmont ; le Maroc a enrichi son
arsenal juridique en adoptant des textes juridiques et réglementaires
tenant à endiguer tt fléau qui peut nuire à son économie.
Dans ce travail, on va se focaliser dans un premier chapitre à
analyser les principe de non-ingérence, et de secret bancaire afférents à un
établissement de crédit, avant de se pencher dans un deuxième chapitre
sur les exigences qui s’impose aux établissement de crédit en matière de
Lutte contre le blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme.
2
Plan :
Introduction
Chapitre 1 : les devoirs de non-ingérence et de secret professionnel des
établissements de crédit.
Section 1 – Le devoir de non-ingérence
1- Généralités.
2- responsabilité du banquier.
Section 2 : Le respect du secret bancaire
1- Généralités.
2- La responsabilité du banquier.
Chapitre 2 : Le devoir de vigilance des établissements de crédits en matière
de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme
Section 1 : L’obligation de vigilance incombant aux établissements de crédit
1-La mise en place d’un dispositif de vigilance et de veille interne
2-L’identification et connaissance des relations d’affaires, clients
occasionnels et bénéficiaires effectifs
Section 2 : L’instauration des mesures de vigilance renforcées en matière
de risques élevés
1-Les mesures de vigilance relatives aux correspondants bancaires
2-La conservation des documents et le reporting à BANK AL-MAGHREB
3
Chapitre 1 : les devoirs de non-ingérence et de secret professionnel
des établissements de crédit.
Avec l’évolution de l’activité bancaire, de sa complexité et des
attentes de la clientèle, le banquier se voit aujourd’hui imposer certaines
obligations qui visent à la fois la protection du consommateur et
l’encadrement de la responsabilité du banquier. En effet, en plus du
classique secret professionnel, le banquier a le devoir d’informer son client,
de le mettre en garde mais aussi de ne pas s’immiscer dans ses affaires
autrement dit un devoir de non-ingérence. Ainsi, après avoir présenté plus
précisément le devoir de non-ingérence du banquier, nous verrons en quoi
son obligation d’informer le client prime sur ce devoir.
Section 1 – Le devoir de non-ingérence
1) Généralités.
En droit bancaire le principe de non-immixtion ou de non-ingérence
se définit par l’interdiction de s’immiscer dans les affaires du client soit en
s’informant sur celui-ci au-delà de ce qui lui est nécessaire, soit en prenant
une décision qui relève de la compétence de son client, ou en orientant la
prise d’une telle décision.
La banque n’a pas à se faire juge de l’opportunité du crédit sollicité
par une personne réputée connaître l’incidence du crédit sur sa situation
financière et le risque financier auquel elle s’expose, comme peut l’être un
chef d’entreprise.
Ainsi la banque n’a pas à apprécier l’opportunité ou la non opportunité
des projets de son client, quel qu’il soit, mais seulement à décider si elle
accepte ou non cette prise de risque pour elle-même.
2) responsabilité du banquier.
Ce principe est dégagé par la jurisprudence 4. IL a plusieurs
manifestations : premièrement, il interdit au banquier d’accomplir des
opérations de sa propre volonté sans avoir reçu préalablement l’ordre de
son client mandant5. Cette position a été illustré par un arrêt « à propos
4
La jurisprudence française avait posé ce principe depuis longtemps, précisément par l’arrêt du 28 janvier 1930
(RTD Civ. 1930. 369)
5
Com. 5 juin 2007, n° 06-12.632
4
d’un banquier ayant vendu des titres en acceptant une offre publique
d’échanges : il ne pouvait pas se prétendre gérant d’affaires, les conditions
du quasi-contrat n’étant pas réunies »6. Dans le même sens ; il a été jugé que
le banquier n’a pas à s’immiscer, notamment quand le compte de son client
ne présente aucune anomalie7. Par ailleurs, ce principe, interdit au banquier
de rechercher les raison des opérations accomplies par ses clients8 Ainsi, le
banquier n’a pas à s’incruster dans l’activité sociale d’une société 9. Ainsi, il a
été jugé que le banquier n’a pas à s’interroger « sur la cause ou sur
l’opportunité des chèques tirés »10.
Par ailleurs, est toujours, conformément au principe de non-
ingérence ; le banquier n’a pas à juger de la validité de l’opposition formulé
par le tireur d’un chèque11, ou celle du titulaire d’une carte bancaire12.
Toutefois, ce principe subi quelques limites. En effet, il est
contrebalancé par le devoir du banquier à l’égard de la caution, ce devoir lui
impose d’informer la caution sur la situation financière de son client,
notamment quand ce dernier se trouve dans une situation financière
irrémédiablement compromise13. Ce devoir est aiguisé quand il s’agit d’une
caution non avertie14 ou étrangère à la gestion de l’entreprise emprunteuse.
De surcroît, il a été jugé responsable un banquier qui a omis d’informer la
caution15.
Par ailleurs, ce principe subi une limite fondamentale, qui nous
intéresse davantage dans le cadre de cette étude : il s’agit de devoir de
6
Com. 12 janv. 1999, no 96-11026, Bull. civ. IV, n° 7; D. 2000. 239, note D. Fiorina. Cité in : P. LE TOURNEAU,
titre 333, « les contrats bancaires », Dalloz action droit de la responsabilité et des contrats, 2018-2019
7
Paris, 4 avr. 1997, RJDA 1997, n° 1227
8
Com. 10 nov. 1982, n° 81-11.912, Bull. civ. IV, n° 345 – Civ. 1ère, 8 févr. 1983, n° 81-14.573 ,Bull. civ. I, n° 51 –
Toulouse, 6 mai 1992, D. 1993. 555, note Ph. le Tourneau
9
Com. 28 juin 2016, no 14-21.256 , NP, RJDA 2016, n°809.
10
Com. 14 juin 2000, no 97-15.132, NP, RCA 2000, no 328. Cité in : Ph. LE TOURNEAU, titre 333, « les contrats
bancaires », Dalloz action droit de la responsabilité et des contrats, 2018
11
Com. 27 oct. 1992, n° 90-19.889, Bull. civ. IV, n° 321 - Com. 16 juin 2015, n° 14-13.493
12
Orléans, 2 févr. 1994, D. 1998. 37, note C. Lucas de Leyssac.
13
La jurisprudence française est abondante sur le devoir du banquier d’informer la caution, notamment, quand
il s’agit d’une personne dont la situation financière est obérée. V. par exemple : Civ. 1er , 16 mai 1995, n° 92-
20.976, NP, JCP 1996. II. 22736, note F.-X. Lucas. Civ. 1er, 13 mai 2003, n°01-11.511, Bull. civ. I, n° 114; D. 2004.
262, note E. Mazuyer
14
Dans ce sens, un arrêt de la cour de cassation française, Com. 30 juin 2009, n° 08-10. 719, NP, Gaz. Pal. 2009
2. 3766, note S. Piedelièvre : le demandeur était une caution avertie (gérant de la société qui avait mis en place
l’opération de lotissement et obtenu à cet effet un crédit d’accompagnement lotisseur), « ce dont il résulte que
la banque n’était pas tenue à son égard d’un devoir de mise en garde »
15
Il a été jugé qu’un banquier a manqué à son devoir de contracter de bonne foi, et ayant commis un dol par
réticence, le banquier qui n’a pas informer la caution. V. Par exemple : Civ. 1er , 13 mai 2003, n° 01-11, 511, Bull.
Civ. 1, n° 114 ; D. 2004
5
vigilance du banquier, lui imposant d’être diligent et vigilant, en
l’occurrence, vis-à-vis des opérations soupçonnées ou suspectes
qu’insinuent une éventuelle opération de blanchiment d’argent ou de
financement du terrorisme.
Le principe de non-immixtion ne peut pas empêcher le banquier
d’agir face à une éventuelle opération suspecte, le client de son côté ne peut
pas se prévaloir de principe de non-ingérence afin d’effectuer des
opérations prohibées.
Conformément aux exigences légales, le banquier ne peut pas invoquer
le principe de non-ingérence afin de s’exonérer de sa responsabilité face à
une opération illicite. Le devoir de vigilance prime sur le principe de non-
ingérence.
Section 2 : Le respect du secret bancaire
1) Généralités.
Le secret bancaire est défini comme étant l’obligation mise à la charge
des dirigeants et employés des banques de garder confidentielles les
informations qu’ils détiennent sur leurs clients et de ne pas les divulguer
aux tiers. Il bénéficie d’une protection pénale dans plusieurs législations
nationales16.
Au Maroc, il est consacré par la loi bancaire 103-12 qui lui assure une
protection pénale et lui apporte en même temps de nombreuses limitations.
Aussi la constitution de 2011 stipule dans son article 24 que «toute
personne a droit à la protection de sa vie privée ». Le secret bancaire fait
partie intégrante de la vie privée car l’accès à un compte bancaire peut
révéler énormément de détails relatifs à la vie privée du citoyen.
Le secret bancaire n’est qu’une simple obligation de discrétion du
banquier visant à protéger les intérêts de son client. Il peut être comparé au
secret professionnel des avocats, des médecins et des ecclésiastiques, avec
la différence que la banque est dépositaire non seulement de confidences,
mais aussi de biens matériels17.
16
https://www.challenge.ma/secret-bancaire-entre-agonie-et-mort-programmee-26204/ site visité le
22/12/2021
17
Paul G.MORCOS « le secret bancaire face à ses défis Edition Bruylant 2008 page 29.
6
Toutefois, dans la pratique quotidienne, les banquiers sont
obligés parfois de livrer des renseignements concernant l’un de leurs clients
à qui le demande selon les dispositions légales en vigueur. Mais, la levée du
secret bancaire est une compétence judiciaire, c’est le juge qui est habileté à
juger les motifs, les circonstances et à apprécier la nécessité de la levée du
secret bancaire. En revanche, il est permis au banquier de diffuser des
renseignements non confidentiels. Il peut donner toutes les informations
soumises à publication. Il peut aussi émettre des appréciations globales
telles qu’«échéances difficiles» ou «pas d’incidents de paiement.
Communication de l’information et secret professionnel18.
Conformément aux dispositions de la loi bancaire et à la législation en
vigueur, les traitements d’informations concernant le client sont en toutes
situations accompagnés de garantie destinées à assurer le respect du secret
professionnelle bancaire auquel le banque , ainsi que toute employé,
personne participant à sa gestion ou à sa direction, sont tenus.
Par exception à l’obligation de secret professionnel, la banque est
tenue de communiquer tout renseignement ou tout document concernant le
client ou concernant les opérations effectuées sur son compte à toute
autorité administrative ou judiciaire bénéficiant du droit de
communication.
Cependant et par le fait de son entrée en relation a avec la banque, le
client adhère aux usages bancaires en vertu desquels les renseignements et
données nécessaires ou utiles au bon fonctionnement de ses opérations
avec les établissements financières sont échangées ou enregistrées dans les
banques de données de la banque ainsi que dans les centrales des risques,
notamment Bank Al Maghreb ou celle de toute entité ayant reçu délégation
de cette dernière.
A cet effet le client autorise la banque à communiquer ces
renseignements et données pour les besoins de sa politique de gestion du
risque conformément à la législation en vigueur.
2) La responsabilité du banquier.
Le banquier est tenu à une discrétion absolue sous peine d’encourir
diverses sanctions d’ordre civil et pénal. C’est une obligation de résultat
18
Circulaire du wali BANK Al-Maghreb n° 15/w/16 du 18 juillet 2016 fixant les conventions types précisant les
clauses minimales d compte à vue, à terme, et de compte titres.
7
relevant de l’ordre public. Cette obligation disparaît quand la révélation du
secret est imposée par une disposition de la loi ou par un principe d’ordre
public (contrôle fiscal, témoignage devant la Justice…). Il peut tomber sous
le coup de la répression pénale s’il révèle une information couverte par le
secret bancaire, sans aucune autorisation de la loi, notamment si
l’information occupe une place primordiale dans la gestion des banques. Le
banquier ne doit donc en principe livrer à personne les informations
bancaires qu’il détient, hormis, bien entendu, son client, bénéficiaire du
secret, qui peut consentir à sa levée, et cette obligation s’impose à tous ceux
qui travaillent ou agissent pour le compte de la banque.
Néanmoins, le secret bancaire ne peut-être opposable à l’autorité
judiciaire agissant dans le cadre d’une procédure pénale. Le banquier ne
peut évoquer le secret bancaire pour s’abstenir de témoigner. Il en va de
même, en cas de saisie-arrêt sur le compte d’un client, le banquier tiers saisi
ne peut se retrancher derrière le secret bancaire pour refuser de
communiquer la situation financière de son client. Ou encore, au cas où le
juge rapporteur veut apprécier la situation économique du débiteur en vue
de prononcer le redressement ou la liquidation judiciaire. Aucun secret
bancaire ne peut être opposable à un magistrat rapporteur dans une affaire
concernant une banque, ou un expert désigné pour cette fin. Il peut
ordonner à l’établissement bancaire, pour le déroulement d’une affaire, de
verser au dossier tout document utile à la résolution d’un litige judiciaire.
L’article 180 de la loi 103-12 relative aux établissements de crédit
dispose que « Toutes les personnes qui, à un titre quelconque, participent à
l'administration, à la direction ou à la gestion d'un établissement de crédit,
ou qui sont employées par celui-ci, les membres du Conseil national du
crédit et de l'épargne, du Comité des établissements de crédit, de la
Commission de discipline des établissements de crédit, de la Commission de
coordination des organes de supervision du secteur financier prévue à
l'article 81 ci-dessous, les personnes chargées, même exceptionnellement,
de travaux se rapportant au contrôle des établissements soumis à la
surveillance de Bank Al-Maghreb en vertu de la présente loi et, plus
généralement, toute personne appelée, à un titre quelconque, à connaître
ou à exploiter des informations se rapportant à ces établissements, sont
strictement tenus au secret professionnel pour toutes les affaires dont ils
8
ont à connaître, à quelque titre que ce soit, dans les termes et sous peine
des sanctions prévues à l'article 446 du code pénal.
Le même article dispose que les établissement de crédit peuvent
communiquer des informations couveetes par le secret professionnel aux
agences de notation et aux personnes avec lesquelles ils négocient, ces
agences doivent conserver les informations confidentielles
En cas de non-respect de ce principe, les sanctions prévues à l’article
446 du code pénal marocain exposent les contrevenants à une possibilité
d’emprisonnement allant d’un à 6 mois de prison ferme et à une amende
pouvant atteindre les 20 000DH. En sus des sanctions prévues par les
clauses dudit article, le contrevenant s’expose également à la possibilité
d’un versement de dommages et intérêts au client concerné, si celui-ci
l’exige.
19
https://libreentreprise.ma/experts/le-secret-bancaire-est-il-absolu-ou-relatif/
9
Chapitre 2 : Le devoir de vigilance des établissements
de crédits en matière de lutte contre le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme
Face aux préoccupations croissantes que suscitent le blanchiment des
capitaux et le financement du terrorisme. Le Maroc a mis en place un dispositif qui
intègre les engagements internationaux pris en vertu des conventions bilatérales et
multilatérales qu’il a ratifiées, les recommandations du GAFI et du comité de Bale sur
le devoir de vigilance à l’égard de la clientèle ainsi que les dispositions pertinentes
des résolutions du Conseil de Sécurité basées sur le chapitre VII de la Chartes des
Nations-Unies qui forment l’un des piliers de l’ordonnancement juridique international
dans le domaine de lutte contre le terrorisme.
10
Ces transactions comprennent l’achat d’instruments d’investissement, de contrats
d’assurance, de virements électroniques etc.
III. Intégration: Les fonds illicites rentrent dans l’économie légitime par le
biais d’investissements jusqu’à ce que les fonds blanchis soient finalement reversés
au criminel.20
20
AMMC. « Guide Pratique LUTTE CONTRE LE BLANCHIMENT DES CAPITAUX ET LE FINANCEMENT DU
TERRORISME». Décembre 2019.
11
Les établissements sont tenus de mettre en place un dispositif de vigilance et
de veille interne permanant et permettant la mesure, la maitrise et la surveillance du
risque de blanchiment des capitaux et de financement de terrorisme. Ce dispositif
doit faire partie du dispositif global de gestion des risques de l’établissement
conformément à l’article du 2 de la circulaire de Bank-al Maghreb.
13
D’ailleurs, préalablement à l’ouverture de tout compte, les établissements
doivent conduire des entretiens avec les postulants le cas échéant avec leurs
mandataires afin de s’assurer de leur identité et recueillir tous les renseignements
relatifs à leurs activités notamment lorsqu’il s’agit de personnes morales et aussi
comprendre l’objet et la nature envisagée de la relation d’affaires. A cet effet une
fiche client est établie avant l’opération d’ouverture de tout compte au nom de
chaque client personne physique ou morale.
Sont soumises aux mêmes exigences les demandes d’ouverture des comptes
à distance par voie électronique à cela s’ajoutent selon l’article 20 certaines
conditions cumulatives additionnelles tels que : obtenir une pièce justificative
permettant de confirmer l’identité des clients (passeport, carte de séjour) et exiger
que la première opération portée au crédit du nouveau compte soit effectuée à partir
d’un compte déjà ouvert par le postulant sur les livres d’un établissement bancaire
situé dans un pays respectant les normes du groupe de GAFI. Ensuite, appliquer des
mesures de vigilance renforcée sur le compte de client tant qu’il ne s’est pas
présenté auprès de l’agence concernée.
14
Section 2 : L’instauration des mesures de vigilance
renforcées en matière de risques élevés
15
d’affaires, tenir le conseil de direction régulièrement informé sur la nature et les
volumes des opérations effectuées par ses clients, voire même l’obtention des
informations supplémentaires sur les raisons des opérations envisagées ou réalisées
par le client et augmenter le nombre et la fréquence des contrôles et la sélection des
schémas d’opérations qui nécessitent un examen plus approfondi.
16
Les établissements conservent pendant 10 ans tous les justificatifs relatifs
aux diverses opérations effectuées par les relations d’affaires et les clients
occasionnels et les correspondants étrangers y compris ceux relatifs aux donneurs
d’ordres de ces opérations à compter de la date de leur exécution.
Les résultats des analyses et vérifications menées sur les opérations réalisées
et les documents y afférents sont conservés dix ans à compter de leur production.
17
Conclusion.
Conformément aux exigences légales, le banquier ne peut pas
invoquer le principe de non-ingérence afin de s’exonérer de sa
responsabilité face à une opération illicite. Le devoir de vigilance prime sur
le principe de non-ingérence.
Il est vrai que malgré l’instauration et l’institution de devoir de
vigilance du banquier impliqué dans la lutte contre le blanchiment de
capitaux et le financement du terrorisme, ce fléau reste un défi à relever.
Toutefois, force est de reconnaître que les efforts déployés par l’Etat
marocain dans ce sens, par l’adoption de nombreux textes juridiques et
réglementaires sont fructueux.
L’une des manifestations majeures de ce combat mené contre ces
actes incriminés est la sortie très récente du Maroc de la liste noire des
paradis fiscaux de l’Union européenne, cet événement est à saluer, car ceci
renforce la crédibilité du système fiscal marocain et offre de nouvelles
perspectives aux investissements étrangers ensuite l’adoption de La loi n°
12-18 modifiant et complétant le Code pénal et la loi n° 43-05 relative à la
lutte contre le blanchiment de capitaux21. (Surtout l’élargissement du
champ des infractions constituant un blanchiment de capitaux (art. 574-1 et
574-2) ;
21
Voir BO n° 7018 du 2 septembre 2021, dans son édition de traduction officielle
18
19