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Chapitre AM2 : Interactions intermoléculaires : structure ↔ propriétés TSI1 – 2021/2022

Chapitre AM2 : Interactions intermoléculaires :


structure des molécules et propriétés de la matière
Introduction
Si les liaisons covalentes sont responsable de la structure microscopique des molécules et ions, leur intensité et
leur directionnalité ne peuvent expliquer les différent états de la matière à notre échelle macroscopique. En effet,
pourquoi l’eau, molécule de formule H2 O dont la structure est très “rigide”, peut se trouver à l’état solide, liquide
ou gazeux ? Quelle force est responsable de la cohésion des états condensés ?
En dehors des métaux, pour lesquels les atomes mettent en commun des électrons de conduction à grande
échelle, et des solides ioniques, dont la cohésion est due aux interactions électrostatiques, la cohésion de la plupart
des matériaux du quotidien (bois, plastique, tissu, roche, ciment, . . . ) est en fait due à des interactions dipolaires
électriques, dérivées de l’interaction électrostatique entre deux charges.
Ces interactions attractives, pour lesquelles on distingue trois mécanismes microscopiques distincts, sont regrou-
pées sous le nom d’interactions de van der Waals, du nom du physicien néerlandais Johannes Diderick van der
Waals qui fût le premier, en 1873, à introduire leurs effets dans une équation d’état des gaz qui porte son nom
(équation plus complète et complexe que la loi des gaz parfaits), travail pour lequel il recevra le prix Nobel en 1910.
Il fallut attendre encore plus de quarante années et l’avènement de la mécanique quantique pour que les méca-
nismes microscopiques sous jacents soient compris par les physiciens néerlandais Willem Hendrick Keesom (1912),
Peter Debye (≃ 1910) et allemand Fritz London (1930).

Objectifs du chapitre
• Expliquer l’origine physique et étudier les caractéristiques du moment dipolaire des molécules.
• Connaitre les différents types d’interactions intermoléculaires (de van der Waals) et citer leurs o.d.g.
• Prévoir et interpréter les propriétés physiques des corps purs du fait des interactions intermoléculaires.
• Expliquer les propriétés de solubilité et de miscibilité des espèces chimiques.
Capacités exigibles Validé ?
Géométrie et polarité des entités chimiques. Électronégativité : liaison polarisée, moment dipolaire,
molécule polaire.
Associer qualitativement la géométrie d’une entité à une minimisation de son énergie.
Comparer les électronégativités de deux atomes à partir de données ou de leurs positions dans le tableau
périodique.
Prévoir la polarisation d’une liaison à partir des électronégativités comparées des deux atomes mis en jeu.
Relier l’existence ou non d’un moment dipolaire permanent à la structure géométrique donnée d’une molécule.
Déterminer direction et sens du vecteur moment dipolaire d’une liaison ou d’une molécule de géométrie donnée.
Interaction entre entités : interactions de van der Waals et liaison hydrogène
Comparer les énergies de l’interaction de van der Waals, de la liaison hydrogène et de la liaison covalente.
Interpréter l’évolution de températures de changement d’état de corps purs moléculaires à l’aide de l’existence
d’interactions de van der Waals ou par pont hydrogène.
Solubilité et miscibilité.
Grandeurs caractéristiques et propriétés de solvants moléculaires : moment dipolaire, caractère protogène.
Mise en solution d’une espèce chimique moléculaire ou ionique.
Interpréter la solubilité d’une espèce chimique moléculaire ou ionique dans l’eau.

van der Waals Keesom Debye London

D. Manuel – 1/ 9 – Lycée B. Pascal


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I Énergie potentielle molaire d’interaction


I.1 Définition
On considère deux corps 1 et 2 en interaction. On suppose que la force −−→
−→ F1/2
d’interaction ne dépend que de la distance r entre les corps. La force exercée 1 u12 2
−−→ −−→ • •
par 1 sur 2 est notée : F = f (r)−
1/2 u→ = −F
12 2/1où −u→ est le vecteur
12
r
unitaire dirigé de 1 vers 2.
Si f (r) < 0, la force est attractive. Si f (r) > 0, la force est répulsive.
dEp
L’énergie potentielle d’interaction entre 1 et 2 notée Ep est définie comme = −f (r).
dr

Définition – Énergie potentielle molaire d’intéraction


On définit l’énergie potentielle molaire d’intéraction par la relation U = NA × Ep où NA est la constante
d’Avogadro. Elle s’exprime en J.mol−1 . Il s’agit de l’énergie moyenne d’une mole d’interactions.

Propriété – Énergie potentielle et travail de constitution


• En choisissant la constante d’intégration de sorte que l’énergie potentielle soit nulle à l’infini, alors l’énergie
potentielle Ep (r) correspond à l’opposé du travail nécessaire à la “constitution” du système 1 + 2, les deux
Z r
−−→ −

corps étant initialement infiniment éloignés : Ep (r) = −Wconstit = − F1/2 (r) · dr.
r=+∞
• Réciproquement, il s’agit de l’énergie qu’il faut fournir au système afin de le “déconstituer” et d’éloigner à
l’infini les particules 1 et 2.

I.2 Exemple : interaction coulombienne entre deux ions


Définition – Interaction coulombienne électrostatique

• La force d’électrostatique, appelée interaction coulombienne, entre deux 2) −u→


− (1/ •
12
charges ponctuelles q1 et q2 espacées d’une distance r = M1 M2 dans →
F M2 , q2
−−→ q1 q2 −→
une milieu de permittivité relative εr s’exprime Félec (1/2) = u12 1)
4πε0 εr r2 − (2/

F
où ε0 = 8, 85.10−12 F.m−1 est la permittivité du vide. •
M1 , q1
Elle est attractive si q1 q2 < 0 ⇔ charges de signe opposé, répulsive si q1 q2 < 0 ⇔ charges de même signe.
• La permittivité relative εr , grandeur sans
dimension supérieure à 1, caractérise la “résis- Composé Air Cyclohexane Acétone Éthanol Eau
C6 H12 C3 H6 O C2 H5 OH H2 O
tance” d’un milieu à l’établissement du champ εr 1 2 21 33 79
électrique.

Propriété – Énergie potentielle coulombienne


q1 q2
En choisissant une référence nulle à l’infini Ep (r → ∞) = 0, on obtient Ep,élec =
4πε0 εr r

Odg : Pour deux ions chargé +e et −e, par exemple Na+ et Cl− , espacés de r = 100 pm, on obtient :
— Dans l’air, Ep ≃ 10−18 J donc U ≃ −103 kJ.mol−1 .
— Dans l’eau, Ep ≃ 10−20 J donc U ≃ −10 kJ.mol−1 .
Remarque : Cette différence d’énergie entre l’air et l’eau explique pourquoi certains cristaux, comme le sel NaCl
par exemple, peuvent se dissoudre dans l’eau. En effet, le sel est composé d’ions N a+ et Cl− et la cohésion est
assurée par interaction électrostatique. Lorsque ce cristal est immergé dans l’eau, cette interaction est environ 100
fois plus faible que dans l’air, ce qui permet aux ions de se séparer et donc au cristal de se dissoudre.

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II Interactions intermoléculaires
Le calcul précédent permet d’expliquer le comportement des ions en interaction, mais n’explique nullement les
raisons de la cohésion de la matière constituée de molécules électriquement neutres, comme l’eau par exemple. Il faut
pour cela observer une échelle supérieure et s’intéresser à la répartition des charges au sein de la molécule.

II.1 Moment dipolaire électrique


1.a Définitions
Définition – Moment dipolaire électrique d’un couple de charge
On considère deux charges opposées, une positive +q placée en P , un négative −q placée −µ
→ •
−−→ P, q
en N . Le moment dipolaire électrique →

µ de ce couple s’exprime → −µ = qN P .

Il s’exprime en C.m. On définit une unité spécifique, le debye : 1 D = 3, 33.10−30 C.m.. N, −q

On considère une distribution de charges électriques globalement neutre de p charges positives qi placées en Pi
et n charges négatives −qj placées en Nj . La neutralité impose la relation pi=1 qi − nj=1 qj = 0.
P P

• En utilisant la relation de Chasles avec une origine O quelconque, le moment dipolaire d’un couple N et
−−→ −−→ −−→
P s’écrit →

µ = q N P = q OP − q ON . On généralise cette définition à la distribution de charges afin d’obtenir son
−−→ Pn −−→
moment dipolaire électrique − µ−→
Pp
tot = i=1 qi OPi − j=1 qj ONj .
• On introduit alors les barycentres P et N des charges positiveset négatives ainsi que la charge positive totale
Pp −−→ Pp −−→ Pn −−→ Pn −−→
q = i=1 qi . Ils vérifient ( i=1 qi ) OP = i=1 qi OPi et
Pn
j=1 −qj ON = j=1 −qj ONj .
−−→ −−→ −−→
Finalement, on obtient − µ−→
tot = q OP − q ON = q N P .

Propriété – Moment dipolaire d’une distribution de charges globalement neutre


Toute distribution de charges électriques globalement neutre est équivalente à un couple de charges q =
X
qi
pos.
−−→
et −q = qj placées aux barycentres P et N des charges positives et négatives : −
µ−→
X
tot = q N P .
nég.

1.b Moment dipolaire d’une liaison chimique et d’une molécule


Dans une liaison covalente, les électrons ne sont pas répartis de manière égale entre les deux H F
atomes. Par exemple, dans la molécule HF, les électrons de la liaison sont davantage situés sur • •
l’atome de fluor car il est plus électronégatif que l’atome d’hydrogène. Le nuage électronique a
l’allure ci-contre.
Pour quantifier, cet effet, on introduit le pourcentage d’ionicité de liaison noté δ. Dans HF, l’hydrogène H
porte en réalité une charge +q = δe où e est la charge élémentaire. Comme la molécule est neutre, le fluor F porte
−−→
une charge opposée −q = −δe. Le moment dipolaire de la molécule est donc → −
µ = δeF H.

Définition – Pourcentage d’ionicité d’une liaison covalente et moment dipolaire d’une molécule
• On considère une liaison covalente entre deux atomes A et B. Si les électronégativités sont différentes, par
exemple χ(B) > χ(A), l’atome B attire plus les électrons de la liaison que l’atome A, le barycentre des charges
négatives se trouve plus proche de B tandis qu’une relative absence de charge apparait au voisinage de A.
Pour simplifier, on considère que l’atome A porte une charge +q = δe et l’atome B porte −q = −δe où δ est
−−→
le pourcentage d’ionicité de la liaison. Le moment dipolaire de la liaison est alors →

µ = δeBA.
• Une molécule étant constitués d’un ensemble d’atomes reliés entre eux par des liaisons covalentes, le moment
dipolaire −
µ−−→ d’une molécule sera la somme des moments dipolaires → −
µ des liaisons : −µ−−→ = →

X
moléc i moléc µ. i
i liaisons


Une molécule possédant un moment dipolaire non nul (→
− ̸ 0 ) sera dite polaire. Une molécule possédant un
µ =


moment dipolaire nul (→

µ = 0 ) sera dite apolaire.

Complément : graphiquement, l’usage veut que l’on note δ+ la charge de l’extrémité positive du moment
dipolaire et δ− la charge de l’extrémité négative.

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Remarque : Dans la suite, on négligera en première approximation le moment dipolaire des liaisons C − H, le
carbone et l’hydrogène ayant des électronégativités voisines.

Exemple ou exercice d’application – Acide chlorhydrique


Dans une molécule d’acide chlorhydrique HCl, on mesure expérimentalement dH−Cl = 127 pm et µ = 1, 08 D.
Représenter la molécule en indiquant les charges formelles, puis le moment dipolaire. Calculer le pourcentage ionique
δ de la liaison.

1.c Influence de la géométrie de la molécule


La représentation de Lewis des molécules ne permet pas de rendre compte précisément de l’agencement spatial
des atomes qui les constituent. En pratique, les atomes s’agencent de façon à minimiser les forces de répulsion entre
les doublets d’électrons, liants ou non, maximisant ainsi les distances entre doublets.

Eau H2 O Dioxyde de carbone CO2 Dioxyde de soufre SO2


H O H O C O O S O

Coudée Linéaire Coudée


Trichlorure de bore BCl3 Trichlorure de phosphore PCl3 Trifluorure de chlore ClF3
Cl B Cl Cl P Cl F Cl F
Cl Cl F

Plane Pyramidale Plane

Conjointement aux liaisons covalentes mises en jeu, la géométrie particulière d’une molécule permet d’expliquer
la présence ou l’absence d’un moment dipolaire électrique.

Exemple ou exercice d’application – Quelques molécules usuelles


Voir exercice 1 du TD AM2.

1.d Conséquence : interaction entre un dipôle et une particule chargée


Physiquement, un moment dipolaire traduit une dissymétrie de
charges entre deux “extrémités” d’une molécule. Cette dissymé- ion
trie rend la molécule capable d’interagir avec d’autres charges, par ⊕ ion
if

re

exemple des ions. Très schématiquement, une charge positive pla-


ct

⇒ ⊕
pu
tra



lsi

δ− δ+
at

cée à proximité de la molécule est globalement attirée par l’extré- µ


δ− →

µ δ+
mité chargée δ+ et globalement repoussée par l’extrémité chargée δ− .
Bien entendu, c’est le contraire pour une charge négative.

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II.2 Interactions intermoléculaires de van der Waals


Les interactions (ou forces) de van der Waals ont été découvertes par Johannes van der Waals en 1873,
ce travail ayant été récompensé par le Prix Nobel en 1910.
Ce sont des interactions dipolaires électriques ayant trois origines différentes et qui s’additionnent. Toutes
ces interactions ont la particularité d’être associées à une énergie potentielle proportionnelle à 1/r6 où r est la
distance séparant les molécules : leur intensité diminue donc rapidement avec la distance, bien plus que l’interaction
coulombienne.

2.a Interaction entre dipôles permanents (Keesom)

On considère deux dipôles permanents en δ+


interaction. La charge δ+ du dipôle 1 est attirée →

µ2
par la charge δ− et repoussée par la charge δ+ du δ−
dipôle 2 et inversement pour la charge δ− . On peut

alors montrer que, à l’équilibre, les deux dipôles δ− −

µ 1 δ+ δ− −

δ+
µ 2
sont alignés et dans le même sens. δ− −

µ1 δ+
Ce mécanisme, définissant l’interaction de Keesom, correspond à une énergie molaire U ≃ 0, 5 à 3 kJ.mol−1 .

2.b Interaction entre un dipôle permanent et un dipôle induit (Debye)

Définition – Polarisabilité
Sous l’effet d’un champ électrique extérieur, le nuage électronique et les noyaux d’une molécule peuvent se
déformer. La polarisabilité α d’une molécule quantifie la capacité à se déformer du nuage électronique.
Pour une molécule initialement apolaire, cette polarisation fait apparaitre un moment dipolaire induit −µ−ind

proportionnel à sa polarisabilité α et au champ électrique extérieur.

Remarque : En général, une molécule est d’autant plus polarisable que sa masse molaire est élevée.

Ainsi, lorsqu’une molécule polaire se trouve à proximité d’une molécule apolaire, le nuage électronique de
la molécule apolaire se déforme. Schématique, un excès de charge négative δ− ′ se forme au voisinage de la charge

partielle δ+ de la molécule polaire. La molécule initialement apolaire acquiert à son tour un moment dipolaire induit

µ−ind
→ qui interagit alors avec le dipôle permanent de l’autre molécule comme pour l’interaction de Keesom.

Ce mécanisme, définissant l’interaction de apolaire polarisé



µ−ind

Debye, correspond à une énergie molaire U ≃ nuage ′ ′
⇒ δ− δ+
0, 02 à 0, 5 kJ.mol−1 . δ− →
−µ δ+ δ− →
−µ δ+

2.c Interactions entre dipôles induits (London)


Même en l’absence de dipôles permanents, deux molécule apolaires sont capables d’interagir entre elles. En
effet, sous l’effet des fluctuations quantiques et du mouvement thermique incessant des électrons, toute molécule
présente à chaque instant un moment dipolaire instantané → −µ (t) non nul et d’autant plus intense que la molécule
est polarisable. Ce moment instantané fluctue toutefois très rapidement, de sorte qu’il apparait en moyenne nul


⟨→

µ (t)⟩ = 0 . Lorsque deux molécules apolaires sont voisines, ces moments dipolaires instantanés vont interagir entre
eux et se stabiliser par induction du fait de l’interaction, ce qui se traduit globalement par une interaction attractive
entre les molécules. polaire
instantané apolaire polarisé polarisé
Ce mécanisme, définissant l’interaction de
London, correspond à une énergie molaire ⇒
−−→ −
µ−ind
→ −
µ−ind

U ≃ 0, 5 à 30 kJ.mol−1 . µ(t)

2.d Synthèse

Nom Dipôles en interaction Condition existence Ordre de grandeur


Keesom Permanent-permanent Molécules polaires 1 kJ.mol−1
Debye Permanent-induit Polaire - polarisable 0, 1 kJ.mol−1
London Induit-induit Molécules polarisables 10 kJ.mol−1

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Remarques :
— Les interactions de van der Waals sont toujours attractives.
— Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’interaction de London est généralement la plus intense des
trois interactions de van der Waals.
— L’énergie d’une liaison de van der Waals est de l’ordre de quelques kilojoules par mole, soit environ 100 fois
moins qu’une liaison covalente : on les qualifie de liaisons faibles.
— Plus une liaison est faible, plus la longueur de liaison est grande : deux molécules “liées” entre elles par une
interaction de van der Waals sont relativement éloignées l’une de l’autre, par rapport à une liaison covalente.
— Comme toutes les molécules sont polarisables, toutes sont sujettes aux interactions de van der Waals. Plus
la masse molaire d’une molécule est élevée, plus sa polarisabilité α augmente.

Molécule Keesom (%) Debye (%) London (%)


Ne 0 0 100
HCl 9 5 86
Ex :
HI 0,1 0,5 99,4
NH3 34 9 57
H2 O 69 7 24

L’eau et l’ammoniac possèdent un fort moment dipolaire permanent, ce qui explique l’intensité des interactions
de Keesom. En général, l’interaction de London est prédominante.

2.e Bonus : énergie d’interaction de van der Waals


• Les interactions de van der Waals, attractives, ont toutes une forme mathématique similaire, évoluant
CK CD CL C
comme 1/r6 . En sommant les trois contributions, on obtient UvdW (r) = − 6 − − 6 = − 6 où les coefficients
r r6 r r
dépendent du type de molécules mises en jeu.
Remarques :
— Le signe − est caractéristique d’une interaction attractive.
— L’évolution en 1/r6 caractérise des interactions à très courte portée : multiplier la distance r par 2 revient à
diviser l’interaction par 26 = 64.
• À courte distance, ces interactions attractives sont contrebalancées par une interaction répulsive très forte lorsque
les nuages électroniques des molécules commencent à se rencontrer. On modélise la répulsion par un potentiel de la
A
forme Urep = + n où n est un entier et A une constante positive. Lorsque r → 0, Urep → +∞ et forme ce que l’on
r
appelle une barrière de potentielle infranchissable.
• La somme de l’interaction attractive de van der Waals
et de l’interaction répulsive du nuage électronique forme l’éner- Ep
gie totale d’interaction. On utilise généralement le potentiel de
A C A
Lennard-Jones avec n = 12 : U (r) = 12 − 6 .
r r r12
— Cette énergie est minimale pour une distance d’équilibre
2A 1/6
 
req = ,
C
— elle croit fortement lorsque r → 0, formant une barrière req
r
de potentiel,
— elle s’atténue vers 0 lorsque r → ∞, libérant les molé-
cules de leur interaction.

C

r6

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II.3 Liaison hydrogène


Définition – Liaison hydrogène
La liaison hydrogène est une interaction à mi-chemin entre l’interaction de Debye et l’interaction ion-dipôle.
— D’un côté, un atome d’hydrogène H lié à un second atome A fortement électronégatif, comme l’oxygène,
forment un dipôle permanent plutôt intense.
— De l’autre côté, un atome léger B présentant un doublet non-liant, chargé négativement, se comporte à
mi-chemin entre un dipôle induit et une charge négative. δ+ δ−
Elle correspond à une énergie molaire U ≃ 10 à 40 kJ.mol−1 . Schématisée en pointillés : A H liaison
B

Remarques :
— La liaison hydrogène est plus intense qu’une liaison de van der Waals (environ 10 fois plus) mais moins
intense qu’une liaison convalente (environ 10 fois moins).
— En pratique, seuls les atomes d’azote N, d’oxygène O et de fluor F présentent un doublet non-liant suffisamment
délocalisé pour former des liaisons hydrogène.
— La longueur d’une liaison hydrogène est environ deux fois plus important que
O
celle d’une liaison covalente. Liaison H H H
— Les liaisons hydrogènes peuvent s’établir entre deux molécules différentes (liai-
son H intermoléculaire) ou bien au sein d’une même molécule (liaison H
intramoléculaire). O
— Exemple important : la molécule d’eau. H H

III Conséquences macroscopiques des interactions intermoléculaires


III.1 Changement d’état des corps purs
Un corps pur est un échantillon macroscopique de matière ne contenant qu’une seule espèce chimique. Les
interactions entre molécules d’un corps pur permettent d’interpréter qualitativement les températures de changement
d’état.
Propriété – Température et molécules
Au niveau microscopique, la température mesure l’agitation thermique des molécules. Grossièrement, plus la
température est élevée, plus leur énergie cinétique est importante, plus les molécules se déplacent vite.

Propriété – États de la matière et interactions intermoléculaires


Les trois états de la matière (solide, liquide et gaz) correspondent à des organisations de plus en plus désordonnées
des molécules :
— dans la phase solide, les molécules sont fortement liées et elles n’ont presque pas de liberté de mouvement.
— dans la phase liquide, les molécules sont moins fortement liées. Elles acquièrent une liberté de mouvement
mais restent liées assez fortement à un petit nombre de molécules qui les entourent.
— dans la phase gazeuse, les molécules ne sont presque plus liées, leur liberté de mouvement est quasiment
totale.
Les molécules sont d’autant plus rapprochées qu’elles sont liées. Pour une température donnée, plus les molécules
d’un corps pur sont fortement liées et plus ce corps pur se trouvera dans un état ordonné de la matière.

Propriété – Changement d’état et température


• Un changement d’état de la matière, ou transition de phase, correspond alors à une modification des liaisons
entre molécules, qui peuvent être rompues (vers les états désordonnés) ou formées (vers le états ordonnés).
• Plus un corps pur possède une température élevée, plus les molécules qui le constituent ont une grande énergie
cinétique, ce qui leur permet de rompre les liaisons intermoléculaires, favorisant ainsi les états désordonnés de
la matière.
• Réciproquement, plus les molécules d’un corps pur seront fortement liées, plus il faudra d’énergie pour les
séparer, ce qui se caractérise par des températures de changement d’état plus élevées.

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Exemple ou exercice d’application – Changements d’états : quelques exemples
Interpréter les propriétés physiques suivantes par l’analyse des interactions intermoléculaires.
1. Dans les conditions standard de température et de pression, le Gaz rare He Ne Ar Kr Xe
difluor et le dichlore sont des gaz, le dibrome un liquide et le
diiode un solide. Tfus (K) 3 24 84 117 161
Tvap (K) 4 27 87 120 165
2. Températures de fusion et d’ébullition des gaz rares :

Exemple ou exercice d’application – Composés hydrogénés


Voir exercice 3 du TD AM2.

III.2 Propriétés des solvants


Définition – Rappels
• L’opération consistant à regrouper en une même phase de deux espèces chimiques intialement dans deux
phases différentes est appelée :
— dissolution si les deux phases sont d’états physiques différents (p.ex. liquide et solide) ;
— mélange si les deux phases sont de même état physique (p.ex. deux liquides).
• On appelle solution un mélange dans lequel l’un des constituants, appelé solvant, est en très large excès par
rapport à tous les autres, appelés solutés.

2.a Caractères ionisant, dissociant et protique


Définition – Solvant ionisant
Un solvant constitué de molécules polaires possédant un important moment dipolaire est un solvant ionisant :
l’introduction d’un soluté partiellement ionique s’accompagne d’une ionisation du soluté en paire d’ions.

Le champ électrique créé par le solvant polaire ionisant agit sur le déséquilibre des charge des molécules du soluté
dans le sens de l’atténuation de la liaison covalente.

Définition – Solvant dissociant


Un solvant capable de séparer les ions en atténuant l’interaction coulombienne d’attraction mutuelle est dit
dissociant. Un solvant dans lequel peuvent exister des paires d’ions non séparée est dit non-dissociant.

Le caractère dissociant est lié à la permittivité relative εr du solvant : plus celle-ci est élevée, plus le solvant atténue
l’interaction coulombienne entre les deux ions, facilitant ainsi la séparation de la liaison sous l’effet de l’agitation
thermique.

Définition – Solvant protique


Un solvant capable de former des liaisons hydrogène est dit protique (ou protogène). Dans le cas contraire, il
est dit aprotique.

Remarque : Un solvant protique est presque toujours polaire, mais la réciproque n’est pas vraie.

Solvant Moment dipolaire (D) ϵr


Cyclohexane (C6 H12 ) 0 2
Ether (C4 H10 O) 1,2 4,2
Acétone (C6 H6 O) 2,9 20,7
Ethanol (C2 H6 O) 1,7 32,7
Eau (H2 O) 1,85 79

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2.b Mise en solution d’un composé


Propriété – Mise en solution d’un composé
La mise en solution d’un composé se déroule en trois étapes :
1. Ionisation : création d’une paire d’ions à partir d’une molécule.
2. Dissociation : séparation de la paire d’ion.
3. Solvatation : formation d’interactions stabilisatrices entre les ions formés et les molécules du solvant.

Ionis° Dissoc° Solvat°


Ex : Acide chlorhydrique HCl −→ H+ Cl− −→ H+ + Cl− −→ H+ (aq) + Cl− (aq).
Remarques :
— Pour des composés initialement ioniques, par ex. le sel NaCl composé des ions Na+ et Cl− , la phase d’ionisation
n’existe pas.
— Lorsque des liaisons hydrogène sont possibles entre le solvant et les ions, la solvatation est favorisée.
— Une mise en solution ne s’accompagne pas nécessairement de l’apparition d’ions. Par exemple, l’introduction
d’éthanol dans l’eau se limite à sa solvatation. Les interactions attractives sont alors les interactions de van
der Waals et/ou les liaisons hydrogène.

Lors de l’étape de solvatation, les interactions


ions/dipôle tendent à aligner le moment dipolaire de l’eau
et le champ électrique créé par l’ion, radial divergent pour
un cation et convergent pour un anion. Le schéma ci-
contre représente l’hydratation d’un cation et d’un anion
par des molécules d’eau.

Exemple ou exercice d’application – Solubilité dans l’eau de différents gaz


Interpréter les différences de solubilité des gaz suivants dans Gaz H2 CH4 C 2 H6
l’eau à 20°C, exprimée en mol.L−1 , à pression atmosphérique. Solubilité 8, 0.10−4 1, 5.10−3 2, 0.10−3

2.c Catégories de solvant et utilisation


Définition – Catégories de solvants
On distingue trois catégories de solvants :
— les solvants polaires protiques dissolvent bien les solutés polaires et ioniques (notamment anions).
Ex : eau, alcools, acides carboxyliques.
— les solvants polaires aprotiques dissolvent bien les solutés polaires et ioniques (notamment cations).
Ex : diméthylsulfoxyde.
— les solvants apolaires aprotiques dissolvent bien les solutés apolaires. Ex : cyclohexane.

Pour comprendre schématiquement les mécanismes microscopiques, plaçons nous dans le cas de la préparation
d’une solution du point de vue du soluté. Comme il est très minoritaire, après dissolution une molécule de soluté
est entourée presque uniquement de molécules de solvant. Ainsi, les interactions soluté-soluté sont remplacées par
des interactions soluté-solvant. Pour que la mise en solution ait lieu, il faut (qualitativement) que les interactions
soluté-solvant soient au moins aussi fortes que les interactions soluté-soluté.

Propriété – Critère de mise en solution


Une molécule peut généralement être mis en solution dans un solvant possédant des caractéristiques électrosta-
tiques similaires en terme de polarité et/ou de proticité : qui se ressemble s’assemble.

D. Manuel – 9/ 9 – Lycée B. Pascal

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