020 Actngodionne
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LA THÉRAPIE D’ACCEPTATION
ET D’ENGAGEMENT (ACT) :
UNE APPROCHE COMBINANT
LA PLEINE CONSCIENCE ET L’ACTION
Thanh-Lan Ngô
et Frédérick Dionne
INTRODUCTION
87
88 Pleine conscience et intervention
Figure 1
Hexaflex de l’ACT (adapté de Harris, 2009; Flaxman, Blackledge et
Bond, 2011; Flaxman, Bond et Liveheim, 2013; Hayes et coll., 2012)
(2) Êtes-vous prêt à Être dans l’ici et maintenant (5) des valeurs que
accepter cette vous avez choisies?
émotion
Savoir ce qui
complètement et
compte
sans vous
défendre?
Flexibilité
psychologique
Défusion Être présent, ouvert et Action engagée
Conscience pure
Méthodes de défusion
1. Modifier les paramètres du discours et le style : Répéter une pensée problé-
matique à voix haute pendant 30 secondes, jusqu’à ce que l’on n’entende
que le stimulus auditif. Il est possible de répéter la pensée en imitant un
personnage de bande dessinée (par exemple, Minnie Mouse) ou en chantant
sur un air connu (par exemple, sur l’air de « Joyeux anniversaire »).
2. Remplacer « mais » par « et » (par exemple, « Je veux commencer mon pro-
gramme de marche, et je n’ai pas d’énergie » au lieu de « Je veux commencer
mon programme de marche, mais je n’ai pas d’énergie »). Remarquer l’impact
différent de chacun des énoncés.
3. Traiter la pensée comme un objet externe en lui conférant une forme, une
taille, une couleur, etc.
4. Remercier votre esprit pour la pensée. Après tout, il est là pour assurer votre
survie.
5. Traiter l’esprit comme une entité distincte de soi. Parler du cerveau en ces
termes : « Le cerveau invente des histoires » ; « Le cerveau est une machine à
penser » ; « Le cerveau aime les histoires d’horreur » ; « Et que répond votre
cerveau ? » etc.
6. Imaginer que les pensées sont comme des passagers turbulents dans un
autobus. Ils peuvent être bruyants et tenter de vous dire quoi faire et où aller
mais vous seul avez le volant.
7. « J’ai la pensée » : Noter la pensée (par exemple, « je suis X ») puis ajouter « j’ai
la pensée que je suis X » puis ajouter « j’observe que j’ai la pensée que je suis
X ». Cet exercice crée une distance avec les pensées.
selon laquelle : « Les pensées ne sont que des pensées, pas des faits. » Notons
que la défusion est toujours temporaire. L’individu répète donc le processus
(prendre du recul, se désengager de la pensée) lorsque la pensée est un
obstacle et lorsqu’elle l’empêche d’agir de façon habile. Il apprend ainsi, de
façon expérientielle, que les pensées ne contrôlent pas les actions.
dire l’idée que je me fais de moi-même : « Je ne suis pas mes pensées », « Les
expériences ne me définissent pas »). Elle permet également le choix conscient
et l’action efficace en offrant un espace où les pensées et les émotions ne
contrôlent pas les actions. Le soi comme contexte augmente la tolérance à
la détresse. Les expériences étant moins menaçantes, l’individu n’a plus
besoin d’avoir recours à l’évitement expérientiel ou au contrôle excessif et
peut faire preuve de flexibilité psychologique. La pleine conscience peut
être un moyen puissant de développer le sentiment de soi qui est indépendant
du contenu de la conscience. Il permet de développer une position témoin
ou d’observateur face aux pensées, aux sensations et aux émotions. Tel qu’il
est présenté au Tableau 3, différentes métaphores et techniques peuvent être
utilisées :
Tableau 3
Méthodes pour développer le soi comme contexte
Méthodes pour développer le soi comme contexte
1. La métaphore de la lampe qui éclaire des meubles dans une pièce noire. La
lampe est le soi comme contexte (celui qui remarque), la lumière est le soi
comme processus (processus d’observation et de description) et les meubles
sont le soi concept (ma définition de moi-même).
2. La métaphore du ciel (soi comme contexte) et de la météo (soi concept).
3. La métaphore de l’échiquier : les pièces blanches sont les pensées positives
(par exemple, « je suis un gagnant »), les noires sont les pensées négatives (« je
suis un échec »). La lutte entre les deux équipes peut requérir beaucoup
d’énergie et gaspiller beaucoup de temps. Le soi comme contexte est l’échi-
quier qui n’est pas impliqué dans la bataille, qui offre un espace pour ces
échanges et qui reste en contact intime avec toutes les pièces.
4. La métaphore de la scène où évoluent les acteurs (pensées, émotions, sensa-
tions physiques). Le soi comme contexte observe la scène de son siège, comme
un spectateur.
dans un paquet de cartes qui représentent des valeurs par des images, les
trois qui correspondent aux valeurs les plus importantes pour lui en lui
demandant les questions suivantes :
–– Qu’est ce qui est important pour vous ?
–– Quel sens aimeriez-vous donner à votre vie ?
–– Si vous pouviez changer une chose dans votre vie, qu’est-ce que ce
serait ?
Le thérapeute débusquera également les règles qui mènent à des choix
basés sur l’évitement, la soumission sociale (« je devrais valoriser ceci ou
cela ») ou la fusion afin d’aider l’individu à choisir les valeurs qui lui tiennent
réellement à cœur.
CONCLUSION
Contrairement aux thérapies cognitivo-comportementales tradition-
nelles, les thérapies basées sur l’acceptation et la pleine conscience ne
cherchent pas à modifier directement les pensées même si elles sont biaisées
ou dysfonctionnelles. L’ACT, une des thérapies prototypiques de ce mou-
vement, est une thérapie expérientielle qui amène les patients à entrer en
contact avec leurs expériences personnelles au moment présent, sans s’y
identifier, sans tenter de les contrôler, afin de leur permettre de poser des
actions concrètes et de vivre conformément à leurs valeurs. Dans ce modèle,
les émotions, les pensées et les sensations aversives sont des événements
psychologiques transitoires inconfortables qui n’ont pas à dicter le compor-
tement et qui font partie de la vie. Comme le mentionne Harris (2009) :
« Il ne s’agit pas de se sentir bien, mais de se sentir vivant » (p. 82).
La pleine conscience est utilisée dans l’ACT pour soutenir certains
processus thérapeutiques dont la défusion cognitive, l’acceptation, le contact
flexible avec le moment présent et le soi comme contexte. Elle permet
d’augmenter la résilience, de contrer l’évitement expérientiel, de comprendre,
par la distanciation, que les pensées ne sont que des pensées et non des faits
et de permettre à l’individu de continuer à construire une vie qui vaut la
peine d’être vécue. Le but n’est pas de diminuer les pensées et émotions
indésirables, d’atteindre un état de relaxation ou de cultiver la pleine
La thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) 103
RÉFÉRENCES
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