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Module 1 Contexte
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Module 1 Contexte
Séquences 1.2 à 1.9
CONSERVATION ET HABITAT
Espèce parapluie. La protection d’un habitat pour répondre aux besoin d’une espèce parapluie
contribue à préserver l’habitat de nombreuses autres espèces. Bonnes espèces parapluie :
- les espèces de grande taille avec des espaces vitaux importants : en protégeant des
espaces suffisamment grands pour maintenir une population viable de l’espèce
concernée, un habitat suffisant est conservé pour assurer la survie de plusieurs autres
espèces dans le même habitat ;
- les espèce en danger.
Il existe 8 rangs taxonomiques majeurs, et chacun d’entre eux regroupe des organismes
partageant des caractéristiques communes :
Règne
Embranchement
Classe
Ordre
Famille
Genre
Espèce
Les rangs supérieurs caractérisent les organismes partageant des caractéristiques plus
générales, tandis que les rangs inférieurs regroupent des ensembles plus petits d’organismes
sur la base de caractéristiques plus précises. Les espèces sont la représentation la plus basique
des organismes vivants.
DÉFINITION D’ESPÈCE
SOUS-ESPÈCES
Parfois, les populations d’une même espèce se distinguent par des facteurs statistiquement
quantifiables. Dans ce cas, l’espèce en question est divisée en sous-espèces. Par exemple, les
éléphants africains sont divisés en deux catégories : l’éléphant de forêt et l’éléphant de savane.
Ces deux catégories sont considérées comme des sous-espèces du taxon éléphant d’Afrique.
NOMS D’ESPÈCES
Utilisation des noms binomiaux latins : la première partie décrit le genre de l’espèce, et la
seconde partie décrit l’espèce. Par exemple, le lion sera Panthera leo. Parfois un troisième rang
peut être ajouté. Par exemple, la sous-espèce lion asiatique est appelée Panthera leo spp.
persica.
Espèce endémique : distribution d’une espèce limitée aux frontières d’un territoire.
Espèce clé : espèces ayant un impact crucial sur l’écosystème. Leur disparition
provoque l’effondrement de l’environnement ou de l’écosystème, ainsi que la disparition
des autres espèces.
Distribution des espèces. Elle est déterminée par l’environnement (climat, nutriments,
composition des sols). La capacité des espèces à transcender des barrières physiques et
climatiques est déterminée par leur mobilité et par leur biologie. L’habitat de certaines espèces
se réduit à une petite parcelle de terrain (ex. : loup d’Ethiopie, distribution faible), tandis que
d’autres ont de claires capacités à se disperser (ex. : léopard, large distribution). Dans cette
perspective, le léopard peut être considéré plus fort que le loup d’Ethiopie : en cas de catastrophe
dans le milieu, le léopard aura une meilleure capacité à recoloniser un territoire.
Population minimale viable. Ce chiffre doit être celui assurant la survie de la population sur au
moins 100 ans, à un degré de certitude supérieur à 90 %. Il dépend en partie de la résistance
génétique de la population, puisque la survie à long terme d’une espèce repose sur sa diversité
génétique. Goulot d’étranglement de la population : réduction de la population qui sape la
diversité génétique.
Espèces clés. Certaines espèces modifient l’environnement dans lequel elles évoluent pour
répondre à leurs besoins, et créent ainsi des habitats pour d’autres espèces qui dépendront ainsi
de la survie de l’espèce ayant modifié l’habitat. Des écosystèmes peuvent aussi être maintenus
par la prédation, où le prédateur ultime maintient l’équilibre. La disparition de ce prédateur
provoquerait la multiplication d’espèces plus bas dans la chaîne alimentaires, et résulterait donc
en un déséquilibre de l’écosystème provoquant son effondrement. Cette situation est appelée
cascade trophique.
Établir des priorités de conservation repose sur la réponse à deux questions fondamentales :
• pourquoi protéger la biodiversité ?
• quelle fraction de celle-ci doit-on privilégier ?
Dans les deux cas, la notion d’espèces est importante et ce à titres différents.
2. La conservation d’un lieu contenant des espèces importantes (en termes de diversité
d’espèces ou d’effectifs présents) : il faut déterminer les zones à conserver. Différents modèles
existent, dont voici les deux philosophies principales :
1. les « hotspots » sont les lieux de concentration des espèces, y compris les plus
menacées ou endémiques. Ils sont particulièrement menacés par l’activité humaine.
L’idée est de concentrer les efforts de conservation sur ces espaces pour avoir plus
d’impact qu’ailleurs sur la biodiversité globale et la conservation des espèces en danger.
Limite : elle délaisse de larges territoires importants à conserver contenant de
nombreuses aires protégées ;
2. les « écorégions » : l’approche est plus englobante et vise à décrire les principaux
écosystèmes de la planète, et donc les espèces qui les peuplent, et à proposer alors
qu’une fraction de chacun soit conservée. En théorie, cela permet d’assurer la
représentativité de la conservation mais la difficulté est d’individualiser ces écosystèmes
et ensuite de choisir quoi prioriser en leur sein.
Zones clés pour la biodiversité (ZCB). Au sein de larges zones comme les hotspots ou les
écorégions, les zones clefs de biodiversité nous aident à définir des priorités de conservation à
l’échelle des sites. Ces zones clefs sont des territoires qui contribuent de façon significative à la
conservation globale de la biodiversité. Elles sont identifiées en utilisant un jeu de critères
quantitatifs standardisés à l’échelle mondiale et bâtis sur les expériences passées, notamment
les zones importantes pour les oiseaux ou pour les plantes. Cette approche fournit une base
objective, robuste et répétable pour décider quels sites sont particulièrement importants pour la
diversité biologique.
Ces zones prioritaires font actuellement l’objet de nombreux travaux visant à clarifier leurs
critères de désignation et bien les utiliser. Beaucoup correspondent à des aires déjà protégées
mais réfléchir à ces priorités nous conduit à déterminer de nouveaux espaces qui mériteraient
des mesures de conservation. Évidemment ceux-ci se raréfient au fil du temps et de la croissance
démographique. Ces priorités doivent aussi nous permettre de remettre en cause certaines aires
protégées existantes qui ne correspondant pas ou plus à une priorité de conservation.
Critère C: intégrité écologique. Sites avec une intégrité écologique intacte, maintenant la
totalité de leurs ensembles d’espèces dans leurs abondances ou biomasse naturelles,
soutiennent la capacité des espèces à se livrer à des mouvements naturels et permettent le libre
fonctionnement des processus écologiques. Il s’agit de grands sites qui n’ont essentiellement
pas été perturbés de manière significative par l’influence industrielle de l’homme.
Les critères KBA ont des seuils quantitatifs pour veiller à ce que l’identification d’un site soit
transparente, objective et reproductible. Ces seuils sont généralement la proportion minimale de
la population globale d’une espèce devant être présente sur le site. Bien que les ZCB aient des
limites définies, elles ne sont pas forcément des aires protégées, et n’ont pas obligation de l’être.
De nombreuses ZCB devront être conservées à travers d’autres approches de gestion basées
sur le site.
Les données des ZCB sont utilisées de différentes manières pour influencer les politiques de
conservation et le développement durable aux niveaux global, national et local. Par exemple, les
ZCB peuvent guider l’expansion stratégique et le renforcement des réseaux d’aires protégées
par les gouvernements et la société civile, alors qu’ils tentent d’atteindre les cibles pour la
biodiversité de la CDB et des Objectifs de développement durable.
De nombreuses espèces végétales et animales n’ont pas de population viable dans les aires
protégées, et certaines vivent même totalement en dehors de ses frontières. Limites des aires
protégées pour la conservation de toutes les espèces :
- elles dépendent des hommes : l’UICN décrit six catégories de gestion correspondent à
divers degrés d’intervention humaine, les deux premières correspondant à des aires
naturelles dans lesquelles l'intervention humaine et la modification du milieu naturel sont
limitées, mais cela ne les empêche pas d’être exposées aux effets plus globaux comme
la pollution et donc les espèces qu’elles contiennent sont également menacées ;
- la taille des AP : peu d’entre elles sont assez vastes pour contenir des populations
suffisamment grandes d’espèces menacées pour être génétiquement viables ;
- la configuration de l’AP : l’AP peut remplir sa mission de protection tant que les
individus d’une espèce ne franchissent pas les limites de l’AP, affectant notamment les
espèces ayant un espace vital différent entre saisons, ou les espèces migratrices ;
- la réalité et l’efficacité de la gestion : toutes les AP ne sont pas bien gérées, certaines
n’étant que des « parcs théoriques » qui n’ont d’existence que sur la carte ;
- insuffisantes pour la conservation des espèces menacées : dans ce cas, il serait
nécessaire de la reproduire en captivité, ex situ, avant de la réintroduire dans un habitat
qui lui convient et qui aura été convenablement protégé, ou nécessité de faire intervenir
les hommes pour l’aider à remplir sa mission.
Les besoins humains étant importants (alimentation, économie, matériaux divers …), il est
essentiel d’intégrer l’homme à l’action de conservation de la nature. Cela se réalise
graduellement au sein des aires protégées de catégorie IV à VI, et plus encore à l’extérieur des
aires protégées, au sein des autres zones naturelles ayant aussi un effet positif de conservation.
Il est toutefois important de noter que l’impact grandissant de l’homme ne permettra pas de
conserver ces espèces aussi complètement que dans une aire protégée où toute exploitation est
bannie.
Les aires protégées constituent indéniablement un bon moyen pour conserver les espèces
naturelles, mais on le voit, si elles sont nécessaires elles ne sont malheureusement pas
suffisantes. Il sera donc important de faire appel à d’autres solutions, d’autres territoires aux
objectifs différents pour parvenir à conserver toute la diversité biologique dans un contexte de
développement humain.
La catégorie IV regroupe les aires protégées, terrestres ou marines, dont l’objectif principal de
gestion est de garantir le maintien d’espèces particulières ou de l’habitat qui leur est favorable
par :
- une action spécifique sur le milieu ;
- des décisions de gestion pour assurer le maintien d’une espèce présente à cet endroit ;
- l’intervention humaine pour maintenir l’espèce ciblée, dans ce cas, le plan de gestion
prévoit ce qui doit être fait pour adapter l’aire protégée afin qu’elle soit dans un état
optimal pour cette valeur ;
- la protection et la restauration de l’aire pour répondre aux exigences des espèces visées.
L’intervention des gestionnaires par des actions physiques, sur le terrain, n’est donc pas une
caractéristique obligatoire de la catégorie IV, mais elle est souvent présente dès lorsqu’on
s’intéresse à des espèces précises, généralement menacées, et qui requièrent une attention
particulière.
Gouvernance. Du fait des interventions requises, parfois importantes, le budget de gestion peut
être conséquent et les aires protégées de catégorie IV ont souvent une gouvernance privée.
Mais évidemment toutes les formes de gouvernance y compris communautaire peuvent se
retrouver dans cette catégorie et s’intéresser à la conservation des espèces.
Du fait de leur attention portée sur une espèce ou un habitat particulier, les catégories IV jouent
un rôle très important dans la conservation de la biodiversité en général, complétant les autres
catégories qui concernent plus généralement l’échelle écosystème. Les aires protégées de
catégorie IV sont donc un outil au service de la conservation d’espèces.
La gestion des aires protégées de catégorie VI s’appuie sur l’utilisation durable des ressources
naturelles, quand celle-ci est compatible avec leur objectif premier (conservation de la nature).
Ces catégories VI sont des lieux où des activités humaines s’exercent sur les espèces. Ils
présentent certains avantages :
- générer des bénéfices dont le partage peut renforcer la conservation par ceux qui en
tirent profit ;
- inclure des acteurs (communautés riveraines), et associer la protection de leur culture à
celle de la nature, lorsque cela est compatible ;
- générer des comportements plus responsables envers les espèces ciblées et la nature
en général, voire plus équitables entre humains ;
- les AP de catégorie VI et les espèces qu’on y exploite contribuent aux efforts de
développement durable à toutes les échelles et permettent de faire entrer ces ressources
dans la comptabilité locale ou nationale tout en assurant la sensibilisation à l’importance
de conserver ces espèces ;
- l’exploitation des espèces est un véhicule pour la recherche, en particulier lorsque celle-
ci s’appuie sur la capture d’individus de l’espèce considérée.
L’exploitation des espèces visées doit être durable et donc raisonnable. Cela passe par une
utilisation limitée :
- en quantité ;
- dans l’espace organisée simplement sur certaines parties de l’aire protégée ;
- dans le temps (collecte limitée à certaines saisons).
La gestion d’une catégorie VI exige donc des compétences particulières par rapport aux autres
catégories en relation avec les formes d’exploitation qui seront développées et les espèces qui
seront utilisées. Leur progression rapide en nombre s’explique par le fait qu’elles accompagnent
de nouveaux types de gouvernance plus inclusifs, notamment vis-à-vis des communautés
riveraines. Beaucoup d’aires marines protégées sont ainsi créées par des villageois désireux
avant tout de protéger les zones de frayage qui vont ensuite alimenter leur pêche. En conclusion,
on le voit, la conservation d’une espèce dans les AP de catégories VI n’est pas nécessairement
synonyme de sa protection totale pourvu que sa valorisation consomptive se fasse dans des
conditions compatibles avec sa survie à long terme.
Qui est chargé des évaluations d’espèces ? Quiconque ayant des connaissances suffisantes
relatives à la situation d’une espèce, mais généralement, la plupart des évaluations sont
préparées par des membres de la Commission de la survie des espèces de l’UICN. Ces experts
travaillent avec le personnel du Secrétariat de l’UICN et les organisations partenaires de la Liste
rouge au Royaume Uni, qui gère la base de données et le site web de la Liste rouge.
Utilisations de la Liste rouge. Il s’agit de la base de données la plus largement utilisées pour
informer et influencer les actions et politiques de conservation. L’information qui sous-tend les
évaluations de la Liste rouge est souvent utilisée pour l’analyse et la recherche. Les résultats de
ces analyses alimentent souvent les politiques et accords de conservation internationaux, telles
que la Convention sur la diversité biologique ou la CITES. La Liste rouge de l’UICN est utilisée
par de nombreux organismes de financement et par des donateurs de conservation dans leurs
processus décisionnaires d’allocation de fonds pour les actions de conservation. Elle est utilisée
dans le secteur privée pour aider les entreprises à prendre des décisions informées et ainsi
minimiser leurs impacts sur la biodiversité. Et, elle est également utilisée à des fins d’éducation,
de communication et de sensibilisation du public.
Les individus impliqués dans le processus d’évaluation de la Liste rouge dépendent de ce qui
est évalué. Si l’évaluation fait partie d’un projet à grande échelle visant à évaluer toutes les
espèces au sein d’un groupe taxonomique particulier, le processus en question peut impliquer
différentes personnes :
• un responsable de projet pour coordonner tout le processus ;
• des compilateurs de données qui passent en revue toute la documentation disponible
pour trouver des données pertinentes pouvant être utilisées dans l’évaluation ;
• des contributeurs pour la collecte de données ;
• des évaluateurs qui se concentrent sur la vérification et la modification des données
collectées, et qui utilisent ces données pour évaluer des espèces ;
• les réviseurs qui révisent les évaluations des évaluateurs, et décident si celles-ci
conviennent ou non compte tenu de l’information disponible sur l’espèce ;
• l’unité de la Liste rouge qui contrôle la qualité de l’évaluation finale et décide si
l’évaluation peut être publiée ou si elle nécessite davantage de travail.
Actuellement, environ 2 millions d’espèces au monde ont été décrites, et un nombre inconnu
d’espèces n’ont pas encore été décrites ni même découvertes. En 2017, moins de 5% des
espèces décrites faisaient partie de la Liste rouge. L’objectif de la Liste rouge de l’UICN est de
fournir le statut d’un échantillon représentatif de biodiversité, l’accent étant porté sur la sélection
de certains groupes taxonomiques pouvant être évalués en totalité et dont le statut évolutif sera
suivi à long terme à travers des réévaluations.
NON ÉVALUÉE
Cette catégorie s’applique à toutes les espèces n’ayant pas encore été évaluées. Elle est toute
aussi importante que les autres catégories de la Liste rouge puisqu’elle signifie que nous ne
savons pas si ces espèces courent un risque faible ou élevé d’extinction, ou même si elle ont
déjà disparu.
DONNÉES INSUFFISANTES
Parfois, l’information disponible sur une espèce ne suffit pas pour permettre aux évaluateurs de
déterminer le risque d’extinction qu’elle court. Les espèces dans cette catégorie soulignent les
lacunes toujours présentes dans nos connaissances, et sont souvent considérées comme des
domaines sur lesquels il faudra se concentrer lors de futures recherches.
PRÉOCCUPATION MINEURE
Dans cette catégorie, les espèces sont celles courant le plus faible risque d’extinction. Elle inclut :
• des espèces répandues et abondantes, avec une population stable et parfois croissante ;
• des espèces ayant une aire de répartition restreinte, mais sans menaces actuelles ou
futures à même d’affecter la population ;
• des espèces répandues et abondantes, mais entrent dans une phase de déclin. Si les
causes de ce déclin ne sont pas résolues, les espèces concernées pourraient passer à
un rang supérieur de menaces et être menacées d’extinction.
QUASI-MENACÉE
Ici, les espèces courent un risque plus élevé que les espèces de Préoccupation mineure, mais
elle ne sont pas encore tout à fait menacées. Une faible pression supplémentaire suffirait à faire
passer ces espèces à une catégorie menacée. La catégorie Quasi menacée est aussi utilisée
pour les espèces qui dépendent d’un programme continu de conservation ou de gestion centré
sur l’espèce ou sur l’habitat pour garantir sa survie. Si ces interventions ciblées pour la protection
de l’espèce venaient à s’arrêter, il suffirait de cinq ans pour que l’espèce en question passe à
une catégorie d’espèce menacée.
CATÉGORIES MENACÉES
Ces deux catégories éteintes sont utilisées dans les cas extrêmes:
• Éteinte à l’état sauvage : l’espèce n’existe plus dans son habitat naturel, et ne peut être
rencontrée qu’en captivité (par exemple, dans des zoos ou des jardins botaniques) ;
• Éteinte : utilisée pour les espèces qui n’existent plus du tout, ni à l’état sauvage, ni en
captivité.
La Liste rouge de l’UICN place les espèces dans une des catégories de la Liste rouge de l’UICN
basée sur leur atteinte ou non de seuils quantitatifs et sur le fait qu’elles remplissent ou non des
conditions pour la catégorie en question. Ces seuils et conditions sont présentés en ensemble
de Critères de la Liste rouge. Cinq critères sont utilisés pour la Liste rouge :
Le Critère A : déclin de la taille de la population. Dans les critères de la Liste rouge, ce rythme
de déclin est appelé « réduction ». Ce critère contient quatre sous-critères qui permettent à
l’évaluateur d’utiliser les preuves de réduction passées, présentes et à venir possibles pour leur
évaluation. Les espèces connaissant le déclin le plus sévère seront listées dans une catégorie
supérieure à celles qui chutent à un rythme plus lent ou qui ne sont pas du tout en déclin.
Le Critère C : la population globale et son déclin. Les évaluateurs doivent être capables
d’estimer le nombre d’individus matures au sein de la population, et il doit aussi y avoir des
preuves que la population est bien en déclin.
Le Critère D : la taille de la population, mais nul besoin de prouver son déclin. Les seuils
relatif à la taille de la population sont bien plus faibles pour le Critère D que pour le critère C.
Sous ce critère, la possibilité est toujours présente pour que l’espèce entre dans la catégorie
Menacée sur la base de son aire de répartition très limitée et sa confrontation à une menace
sérieuse probable. Par « menace sérieuse probable » on entend que la menace pourrait ne pas
avoir lieu dans l’immédiat, mais que la possibilité que la menace survienne soudainement est
bien réelle. Une fois la menace présente, l’espèce pourra rapidement atteindre la catégorie En
Danger critique ou même Éteinte.
Le Critère E : lorsque les évaluateurs ont mené une analyse quantitative estimant la
probabilité de l’espèce à disparaître sur une période limitée. Tous ces critères de la Liste
rouge ont des seuils associés. Il y a aussi des définitions très précises pour les termes employés
comme : « taille de la population », « réduction », « localité » etc.
Toutes les évaluations publiées sur la Liste rouge sont constituées de trois parties :
1. le niveau de risque auquel l’espèce est confronté à travers les catégories et critères de
la Liste rouge de l’UICN qui lui sont attribuées ;
2. de la documentation et des données qui expliquent clairement pourquoi l’espèce en
question se voit appliquer une certaine catégorie et critères ;
3. la carte de l’aire de répartition.
DE LA DOCUMENTATION :
- une description de la zone d’occurrence de l’espèce sur toute son aire de répartition ;
- un résumé des habitats sur lesquels elle repose pour sa survie ;
- la taille de toute la population et la tendance actuelle ;
- une discussion pour savoir si l’espèce est exploitée et si cette exploitation est durable ou
non ;
- une description des menaces survenant sur toute l’aire de répartition et commence elles
affectent l’espèce ;
- un résumé des actions de conservation déjà en place et les recommandations d’actions
de conservation pour contribuer à la survie de l’espèce ;
- une évaluation rationnelle résumant les principales raisons pour lesquelles l’espèce est
listée dans une catégorie particulière de la Liste rouge.
UNE CARTE DE RÉPARTITION : elle se base sur les rapports de données collectées (ou points
d’observation), mais étant donné que les efforts de recherche couvrent rarement l’ensemble de
l’aire de répartition d’une espèce, des informations supplémentaires sont à considérer (exigences
en matière d’habitat, limites d’altitude etc.) pour constituer des polygones à partir des points
d’observation, formant ainsi des aires plus larges, non évaluées, où il est probable que l’espèce
existe. Les points d’observation peuvent aussi figurer sur la carte pour indiquer où une espèce a
été collectée à l’intérieur du polygone.
La carte indique :
- les aires desquelles l’espèce a probablement disparu (occurrence historique) ;
- les zones où elle a été introduite ;
Le risque d’extinction global d’une espèce ayant une grande aire de répartition est moindre, et
entre donc dans la catégorie « Préoccupation mineure » de la Liste rouge. Mais dans certaines
parties de son aire de répartition, la population peut être en déclin, et si ce phénomène n’est pas
reconnu et que rien n’est fait pour inverser la tendance, l’espèce pourrait disparaître de l’aire. Si
cela se produit dans différentes parties de son aire de répartition, alors la population globale
commencera à chuter rapidement et l’espèce progressera vers des catégories de menace plus
élevées de la Liste rouge. Donc, investir dans l’évaluation et le suivi du statut d’espèces au
niveau régional, et implémenter les actions de conservation appropriées dans ces aires sont une
forme d’assurance pour la survie de l’espèce dans son ensemble.
Les listes rouges nationales sont compilées et gérées par les autorités nationales de la Liste
rouge. Il peut s’agir des ministères du gouvernement, d’ONG locales ou d’institutions
académiques, voire une collaboration entre ces différentes institutions. L’UICN conseille souvent
les autorités nationales de la Liste rouge, mais s’implique rarement directement dans
l’établissement et la gestion des Listes rouges nationales.
L’approche la plus populaire pour évaluer les espèces au niveau national est d’utiliser les
catégories et critères de la Liste rouge de l’UICN. Cependant, étant donné que la méthodologie
de la Liste rouge a été désignée pour évaluer le risque de perdre une espèce au niveau global,
le seul fait d’appliquer les critères de la Liste rouge peut surestimer, ou dans certains cas sous-
estimer le risque d’extinction au niveau national. Cela est dû au fait que les individus provenant
de populations de la même espèce survenant en dehors du pays peuvent immigrer à l’intérieur
du pays et s’y établir avec succès. Effet de sauvetage: l’immigration d’individus contribue au
sauvetage d’individus de populations en déclin.
Processus de la Liste rouge nationale. Les Listes rouges nationales (ou régionales) emploient
les même neuf catégories utilisées au niveau global, avec exactement les mêmes définitions et
seuils applicables. L’UICN a ajouté deux catégories supplémentaires aux Listes rouges
régionales et nationales :
- Non Applicable : utilisée pour lister les espèces qui ont été identifiées comme survenant
dans un pays, mais où la décision a été prise de les exclure du processus de la Liste
rouge ;
- Éteinte au niveau régional : liste les espèces qui n’existent plus dans le pays, mais les
populations surviennent toujours à l’état sauvage dans d’autres pays. Dans ce cas,
l’espèce peut potentiellement revenir, soit à travers la recolonisation ou grâce à des
programmes de réintroduction.
Utiliser les critères de la Liste rouge de l’UICN pour un processus de Liste rouge régionale ou
nationale implique globalement trois étapes :
Première étape : lister toutes les espèces survenant dans le pays. Toutes les espèces
non-natives qui ont été introduites, les espèces erratiques et n’importe quelle autre
espèce ne convenant pas à une évaluation complète pour la Liste rouge doivent être
identifiées et placées dans la catégorie Non applicable.
Deuxième étape : les espèces restantes doivent être placées dans une catégorie de la
Liste rouge de manière préliminaire. L’évaluation doit se baser uniquement sur l’aire de
- leur reproduction est plus efficace car elles sont plus fertiles, utilisent mieux les
ressources ou produisent de grandes quantités de graines ;
- ces espèces se disséminent plus rapidement et sur de plus vastes étendues que les
espèces locales ;
- leur rythme de croissance est plus rapide que celui des espèces indigènes ;
- elles sont capables de mieux se développer dans des conditions plus difficiles que les
espèces indigènes ;
- elles sont capables de capter les ressources mieux que les espèces indigènes ;
- certaines plantes produisent des substances biochimiques dites « allélopathique » (par
les feuilles, les tiges ou les racines) qui empêchent les espèces locales de germer, de
pousser ou de se reproduire normalement.
Dégâts présents. Ils peuvent aller jusqu’à l’extinction d’espèces natives. Des habitats entiers
peuvent être anéantis, et les écosystèmes disposant d’une faible biodiversité sont généralement
les plus fragiles. Les espèces envahissantes peuvent totalement déstabiliser l’écosystème et
détruire les services qu’il génère.
Dégâts potentiels. Les changements climatiques peuvent créer des avantages pour les
envahisseurs. L’intensification des évènements climatiques peut disséminer des espèces
envahissantes sur des distances considérables, leur permettant de coloniser de nouveaux
habitats.
La plupart des biomes terrestres, marins et d’eau douce sont affectés à divers degrés, quel que
soit le climat. Cela devrait s’accentuer dans les décennies à venir avec l’intensification des
échanges commerciaux à l’échelle mondiale, des mouvements de populations, de
l’augmentation de la fragmentation des milieux, en synergie avec les effets des changements
climatiques et la présence d’un nombre potentiellement important « d’envahisseurs dormants ».
Ignorer le problème plutôt que de le combattre joue en faveur des espèces envahissantes qui
continuent à se propager.
Prévention. Le système le plus efficace reste la prévention. Il faut savoir à quels envahisseurs
l’écosystème de l’AP est le plus sensible en fonction de ce qui s’est passé dans les habitats
similaires, puis bloquer leurs voies possibles d’entrée. Leur introduction peut être naturelle, mais
dans la plupart des cas, les introductions sont induites par l’homme. Lorsqu’on connait les voies
d’entrée potentielles, il devient possible de mettre en place des réponses.
Détection. Si la prévention n’a pas été efficace et que des espèces exotiques s’infiltrent malgré
tout dans l’AP, il faut pouvoir les repérer rapidement. Pour cela, il faut mettre à la disposition des
patrouilles une liste des plantes indigènes connues dans le parc, ainsi qu’un guide de
reconnaissance des espèces envahissantes potentielles précisant leurs voies habituelles
d’introduction et leurs habitats de prédilection. Si peu de données sur la végétation de l’AP
existent, il faut demander aux patrouilles de repérer toute nouvelle espèce de plante, de la
photographier, de prendre sa localisation GPS, et puis de soumettre ces données a des
spécialistes pour identification. Attention, toutes les espèces exotiques ne sont pas forcément
envahissantes. Donc une fois détectée dans une AP, il faut vérifier le pouvoir envahissant de la
plante afin de la supprimer à temps si elle est perçue comme une menace. Attentions néanmoins
aux espèces envahissantes dormantes.
Phase de latence : période avant que la plante n’exprime son caractère envahissant. Le
changement climatique peut écourter cette phase de latence en créant des conditions
propices pour que de nouveaux pollinisateurs s’installent dans la zone au profit des
espèces envahissantes jusque-là dormantes.
Contrôle. La gestion (ou le contrôle) des espèces envahissantes est nécessaire lorsque les
tentatives d’éradication ont échoué ou si l’invasion a commencé et s’est propagée avant d’avoir
été détectée. Les trois principaux types de gestion de l’invasion sont :
- le contrôle mécanique,
La prévention doit rester prioritaire pour lutter contre l’invasion biologique. Retenons que sur le
terrain, même si ces espèces envahissantes sont connues, les solutions à mettre en œuvre le
sont beaucoup moins. Trop souvent, les espèces envahissantes ne sont simplement pas
considérées comme prioritaires ce qui peut être catastrophique pour la survie de l’AP.
Les rats. Ils ont colonisé environ 90 % des archipels du globe en suivant l’homme dans ses
invasions et ses découvertes de terres nouvelles. Ils s’adaptent très vite à leur nouveau milieu
en devenant prédateurs de tout ce qui vit. Les sites de reproduction des oiseaux marins sont
alors extrêmement exposés et on estime que les rats ont entraîné l’extermination de plus de 70
espèces. Les opérations d’élimination de ces rongeurs envahissants sont très complexes et
souvent vouées à l’échec du fait de leur incroyable capacité à s’adapter.
Le chat domestique. Introduit pour contrôler les populations de rongeurs, il se rabat sur toutes
les espèces à sa portée entraînant l’extinction d’oiseaux sur les îles où ils sont souvent
dépourvus de prédateurs. Le chat serait responsable de la disparition de plus de 60 espèces
dans le monde ces derniers siècles.
La perruche à collier (Psitaculla krameri). Vit à l’état naturel en Afrique de l’Ouest mais elle a
été introduite dans diverses villes au sud du continent où elle entre en compétition avec les autres
espèces cavernicoles (qui nichent dans un trou). Aux Seychelles, une vaste campagne
d’éradication de la perruche a été conduite pour protéger les espèces endémiques comme le
Perroquet noir de sa compétition directe.
L’écrevisse de Louisiane (Procambarus clarkii). Elle s’est établie dans de nombreux lacs,
zones humides et rivières d’Afrique de l’Est. En se propageant, elle a réussi à venir à bout de
plusieurs espèces natives de crabes d’eau douce tout en restant assez peu chassée par la loutre
à joue blanche dont les techniques de chasse sont exclusivement adaptées aux crabes d’eau
douce qui composent l’essentiel de leur diète.
La Fourmi Électrique (Wasmannia auropunctata). Depuis son introduction au Gabon par des
agronomes dans les années 1920, elle a envahi plusieurs pays d'Afrique centrale et menace leur
biodiversité indigène. Elle impacte également les couvées de tortues indigènes et la dispersion
des graines dont d’autres espèces de fourmis natives étaient initialement responsables. Elles
fragilisent ainsi les relations de coopération mises en place depuis des millénaires entre diverses
espèces locales de pollinisateurs et disperseurs de graines, dont le maintien garantissait
l’équilibre écologique d’habitats entiers.
Prévention. La solution privilégiée reste la prévention. Il faut suffisamment bien connaitre les
possibles canaux d’entrées des envahisseurs dans l’AP et mettre en place les mesures
adéquates d’information et de sensibilisation en amont.
Éradication. Si les mesures de prévention ne suffisent pas et que l’espèce s’installe malgré tout
dans l’AP, il faut pouvoir la détecter le plus tôt possible et mettre en place un programme
d’éradication.
En conclusion, les espèces envahissantes sont une menace très sérieuse pour les écosystèmes
et sont responsables d’un grand nombre de disparitions d’espèces locales. Il faut donc se
préparer à toute éventualité en n’oubliant pas que le temps joue en faveur de l’envahisseur.
82 % des processus biologiques ont été impactés par les changements climatiques de manière
directe ou indirecte.
Impacts sur les espèces. Dans les écosystèmes terrestres, marins et d’eau douce, les espèces
sont transformées aux niveaux génétiques, physiologiques, morphologiques et phénologiques.
La distribution des espèces est aussi affectée, modifiant ainsi les réseaux trophiques et créant
de nouvelles interactions.
Impacts sur l’activité humaine. Les rendements de la pêche et des récoltes sont désormais
imprévisibles, la diversité biologique des variétés de cultures est réduite, et l’impact des maladies
et épidémies augmente.
Impacts peu notables. En plus des changements plus facilement observables, il existe aussi
de nombreuses dynamiques moins visibles, comme les changements génétiques par exemple.
Comprendre les variations des procédés écologiques peut guider les stratégies d’adaptation de
l’homme. En plus de réduire les gaz à effet de serre, l’action climatique doit se concentrer sur
des stratégies qui préservent la biodiversité et les écosystèmes.
Le phoque annelé : vit sur la banquise et donne naissance à ses petits dans des grottes de glace.
La réduction de la banquise et des chutes de neige ont rendu les phoques incapables de
construire ces grottes, laissant ainsi les petits sans protection. Observation : la quasi-totalité des
petits ont été tués par des ours polaires - fait inquiétant à la fois pour les phoques annelés, et à
long terme, pour les ours polaires.
Récifs coraux : l’augmentation des températures des eaux provoque une surproduction
d’oxygène par les algues, et les niveaux atteints en deviennent toxiques. Conséquence : les
coraux rejettent les algues, blanchissent, et à terme, deviennent fragiles et se cassent. Les récifs
coralliens couvrent 1 % de l’océan, mais abritent 25 % de la vie marine. Environ 1 million de
personnes dépendent de ces récifs pour subsister.
Tortues luths : pondent leurs œufs dans des trous dans le sable, où ils sont couvés pendant des
mois. Si la température du sable est trop élevée, les embryons se développent en femelles. Un
déséquilibre croissant a été relevé dans la proportion de femelles. Les répercussions sur la survie
de l’espèce est encore incertaine, mais il s’agit certainement d’un éveil aux manières
improbables dont les changements climatiques peuvent avoir une influence.
Trois approches (pouvant être combinées) permettent de mesurer la vulnérabilité des espèces
aux changements climatiques :
Prédit les territoires possibles où le climat sera adapté dans le futur sur la base de la corrélation
entre la répartition d’une espèce et le climat « historique » de cet espace de répartition.
2. Approche mécaniste.
Estime le comportement probable de l’espèce face aux changements climatiques sur la base
d’une bonne connaissance de sa biologie, sa tolérance physiologique et ses interactions.
3. Approche basée sur le caractère (la plus répandue et recommandée par l’UICN).
Se base sur les caractéristiques biologiques de l’espèce pour estimer sa sensibilité et son
adaptation aux changements climatiques. Cette approche est utilisée pour prioriser les espèces
dans les interventions de conservation. Certaines caractéristiques peuvent être associés à une
plus grande sensibilité aux changements climatiques comme :
- les besoins liés à un habitat particulier ;
- une tolérance environnementale étroite pouvant être dépassée à cause des
changements climatiques ;
- la dépendance envers des facteurs environnementaux particuliers pouvant être
interrompus par le CC ;
- la dépendance envers des interactions environnementales interspécifiques pouvant être
interrompus par le CC ;
- une faible capacité à s’étendre et coloniser de nouveaux territoires utilisables.
Une espèce est considérée sensible aux CC si elle possède au moins une de ces
caractéristiques. Les caractéristiques suivantes doivent également être considérées :
- la sensibilité : incapacité d’une espèce à se maintenir telle qu’elle est si les conditions
climatiques changent ;
- la capacité d’adaptation : sa capacité à répondre aux modifications induites par les CC ;
- exposition : l’importance des CC auxquels l’espèce fait face ou fera face dans le futur.
Toute autre menace ou interventions humaines pour faire face aux changements climatiques
peuvent aggraver ces menaces.
La connectivité est un facteur-clé de la persistance des populations car elle promeut les flux de
gènes entre les populations et favorise une plus forte diversité d’espèces.
Corridors. La connectivité est souvent assurée par un corridor qui est un habitat généralement
plus long que large et qui connecte des fragments d’un habitat.
Principal objectif : faciliter le mouvement d’individus, soit par le phénomène de dispersion, soit
par les migrations, de façon à ce que les flux génétiques et la diversité soient maintenus entre
des populations locales.
Aires de conservation de la connectivité. Elles visent à connecter les aires protégées au sein
d’espaces occupés et utilisés par l’homme de façon à ce que l’homme et les autres espèces
puissent survivre et s’adapter aux changements. Cette notion met en évidence la notion d’espace
nécessaire pour la survie des espèces, et celle de fonctionnalité des déplacements, par
dispersion ou par migration.
Fragmentation des habitats. Elle touche les habitats périphériques aux aires protégées qui
sont occupés par l’homme. Le développement non planifié en ce qui concerne l’utilisation des
sols crée des fragments d’habitats pour les espèces animales et végétales, le plus souvent de
taille insuffisante pour accueillir des populations viables de ces espèces. Le phénomène de
fragmentation est le plus développé là où la densité humaine est la plus importante.
L’urbanisation constitue un stade maximal de la fragmentation où la nature cède la place aux
infrastructures humaines.
Les actions favorisant la connectivité sont donc plus faciles à mettre en œuvre lorsque la densité
humaine n’est pas trop élevée. Dans certains cas, cela n’est plus possible, notamment dans le
cas de mouvements migratoires d’espèces, mais cela ne concernent qu’un nombre limité
d’espèces et de sites géographiques. En conséquence le contact entre deux populations se fait
le plus souvent par continuum des espaces vitaux et non par des mouvements d’échange entre
deux populations. Ainsi, des corridors entre deux aires de distribution d’espèces ne sont pas
forcément utilisés comme des lieux de passage par les populations, mais comme extension de
l’espace vital.
Dans ce contexte la gestion de l’espace entre les aires protégées doit donc autant que possible
s’attacher à accroître l’espace vital des espèces concernées, ce qui est réalisé par exem ple en
créant des aires de conservation de la connectivité. On peut le faire de plusieurs façons :
- en louant des terrains renfermant des habitats importants en des lieux stratégiques pour
les espèces animales, afin de les destiner à un usage de conservation ;
- en créant des AP communautaires ou autres aires de conservation grâce à une approche
de planification décentralisée de l’utilisation des sols ;
- en créant des incitations pour que les terrains privés soient dévolus à la conservation sur
une base volontaire.
Une gestion « active » de la connectivité a déjà commencé à se développer, sans contact direct,
mais en planifiant des déplacements d’individus reproducteurs identifiés (absence de
consanguinité par exemple) entre des aires protégées isolées, parfois clôturées pour réduire les
conflits avec l’homme en zone densément peuplée.
Le commerce légal mais non durable. Pour de nombreuses espèces, les impacts du
commerce illicite sont amplifiés par le commerce légal mais non durable lié à un manque de
gestion plus général.
Examples :
- le commerce des ormeaux. L’espèce africaine de ce mollusque (Haliotis midae) est
commercialisé, et ne peut être trouvé qu’en Afrique d Sud. Il s’agit de l’espèce marine la
plus chère, mais la grande majorité de son commerce est illégal, et son expédition
traverse les pays voisins tels que le Zimbabwe et le Mozambique, le plus souvent à
destination de Hong Kong ;
- le commerce d’ailerons de requins. Ce mets est incontournable dans certains pays
asiatiques, mais sa prise se fait à partir d’animaux vivants, dont les carcasses vivantes
sont déchargées dans l’océan, une pratique complètement illégale ;
- le bois de rose malgache et d’ébène. Leur exploitation a sérieusement nuit aux aires
forestières restantes de Madagascar, ce qui en retour, menace la survie d’espèces
endémiques tel que le lémurien.
Cependant, l’offensive portée sur la faune et flore sauvage maintient des niveaux
dangereusement élevés, et le nombre d’espèces menacées par le commerce continue
d’augmenter à un rythme alarmant.
LA VISION DE TRAFFIC
À travers des collaborations avec des acteurs clés, TRAFFIC renforce les engagements
politiques visant à améliorer la gestion et l’application des actions, de réduire le désir du
consommateur pour des produits illicites d’origine sauvage, et de promouvoir des alternatives
durables et légales.
L’axe rouge. Se concentre sur l’action pour réduire les crimes liés à la faune et la flore sauvage
et leur commerce illicite. Pour y parvenir, on tente d’augmenter le risque et de réduire la
récompense associée au commerce de contrebande d’espèces d’origine sauvage, et de réduire
la motivation criminelle et la participation au commerce illicite.
L’axe vert. Se concentre sur l’action pour renforcer les avantages liés au commerce durable et
légal de produits sauvages.
En ce sens TRAFFIC est certainement un bon exemple de réponse globale à un défi global qui
menace des espèces dans le monde entier.
Les braconniers recherchent des méthodes qui sont peu pénibles, peu couteuses et peuvent
produire beaucoup. Ils adoptent généralement des méthodes non discriminées, qui tuent tous
les animaux présents. Ces méthodes sont donc plus dangereuses car toute une population locale
peut être tuée, ou bien toutes les femelles reproductrices. Parmi ces méthodes non discriminées
on trouve en particulier :
- les lignes de câbles, qui sont des dizaines ou des centaines de collets posés en forêt qui
vont capturer toute animal qui passe ;
- l’emploi de poison dans l’eau des points d’abreuvements.
Ces méthodes sont catastrophiques pour la survie des espèces et sont en lien avec la recherche
d’un prélèvement plus facile et la diminution des effectifs d’espèces cibles. Elles constituent aussi
une réponse à la lutte anti-braconnage. En effet si la surveillance est intense, un braconnier est
facilement détecté par les coups de feux qu’il tire. Les méthodes silencieuses se développent
alors, présentant moins de risque pour le braconnier. Le choix des méthodes indiscriminées est
donc une réponse à la surveillance qui doit s’y adapter.
On relève donc que la lutte anti-braconnage doit perpétuellement s’adapter aux méthodes
utilisées, tout comme ses indicateurs d’efficacité.
CAUSES DU BRACONNAGE
SURVEILLANCE ANTI-BRACONNAGE
Les trois types de surveillance sur les trois types de sites doivent être menés simultanément, et
non au détriment de l’un ou de plusieurs types. Le contrôle du braconnage commercial
international reprend les mêmes axes que le type précédent à ceci près que le site terminal est
situé dans un autre pays ou continent. Le contrôle national s’effectuera donc sur les sites de
prélèvements et le long du trajet national de commercialisation.
Zones intensives de protection (IPZ). Sur ces sites, les espèces clés auront plus de chances
d’être abattues. Ils seront particulièrement surveillés, avec des moyens adaptés ce qui impose
souvent un coût élevé, en considérant que ces sites changent souvent au cours des saisons.
Trajets de commercialisation. Peuvent prendre de nombreuses formes et la destination est
souvent un port ou aéroport international. Ceux-ci devront disposer de moyens de détection
efficaces comme les chiens et les scanners. Pour les trois types de braconnage l’existence d’un
système de renseignement permettant d’éviter l’abattage des espèces concernées ou leur
transport ou sortie du territoire joue un rôle clé.
Prédation naturelle trop forte. Dans ce cas, il sera parfois possible d’y soustraire l’espèce
concernée en plaçant une population dans un espace clôturé renfermant son habitat naturel et
vierge de prédateurs.
Les aires protégées ne sont pas une garantie pour la sureté de toutes les plantes.
Plans de gestion. Idéalement, toutes les aires protégées devraient avoir des plans de gestion
qui informent comment ces aires sont gérées. De tels plans de gestion exigent :
- un inventaire de toutes les espèces se trouvant dans la réserve ;
- des actions de gestion spécifiques pour soutenir ces espèces menacées en se
concentrant sur leur habitat.
Menaces propres à l’espèce (pas liées à la perte d’habitat). Des actions de gestion
spécifiques à l’espèce peuvent inclure changer le calendrier et la fréquence des feux pour
synchroniser la floraison ou veiller à la survie des plantes plus matures.
Une gestion plus active peut aussi être requise là où il faudrait manipuler l’habitat ou renforcer
les populations en plantant des graines ou des plantes matures. Pour ces espèces, la gestion
active peut également inclure la surveillance des ramasseurs, la propagation dans des
pépinières, ou encore l’établissement de populations ex situ.
Enfin, la gestion de l’environnement naturel et les espèces de plantes au sein des aires protégées
vont exiger un suivi pour évaluer l’efficacité des actions de gestion ou des interventions. La
gestion adaptative veillera à ce que le suivi des résultats soit considéré et utilisé pour adapter et
améliorer les plans de gestions en cours pour mieux protéger les espèces de plantes menacées.
Depuis 2017, plus de 12 000 espèces marines de regroupements taxonomiques complets ont
systématiquement été évalués sur la base des catégories et critères de la Liste rouge de l’UICN,
impliquant le travail et l’expertise de plus de 1 500 scientifiques à travers le monde. Les résultats
en cours indiquent que 20 % des espèces marines sont dans des catégories menacées. Ces
chiffres incluent 33 % des coraux formant des récifs, 17 % de mangroves et 16 % d’herbiers
marins.
Localisation des menaces. Bien que ces menaces peuvent certainement se trouver en pleine
mer, elles ont tendance à se concentrer le long des côtes et dans des zones proches des rivages
où l’activité humaine bat son plein. Ces résultats ont transformé les priorités de conservation à
travers le monde, et celles spécifiques aux espèces peuvent maintenant se concentrer sur des
aires ayant une plus grande richesse d’espèces menacées.
Coordination globale. De nombreuses espèces marines ont une répartition relativement large
ou répandue qui s’étend sur la zone de gestion de nombreux pays, ou même à travers le monde.
Pour ces raisons, les solutions de conservation pour éliminer ou réduire les menaces pesant sur
les espèces marines au niveau local doivent aussi être implémentées ou coordonnées à l’échelle
régionale ou globale pour une efficacité maximale.
Le conflit entre humains et espèces émerge lorsque l’interface entre ces deux populations est
réduite. Deux raisons à cela :
- croissance de la population (humaine ou animale) ;
- changement de style de vie (développement humain) ;
- changement de conditions (changements climatiques) ;
- mouvement vers, ou extension du domaine vital de ces populations animales ou
humaines.
Cause de conflits. Les être humains sont souvent la cause principale de l’existence de tels
conflits, et doivent ainsi apporter une solution. Toute espèce animale peut être la source de conflit
avec l’homme. Ces conflits peuvent affecter les hommes (mort, blessures) ou leurs biens
(cultures, maisons, et biens divers comme le bétail endommagés). Ils peuvent également donner
lieu à la transmission de maladies de l’homme vers l’animal (et vice versa).
Les aires protégées sont en première ligne de ces conflits puisqu’elles contiennent des
populations plus importantes de différentes espèces : lorsque l’aire est proche de zones
densément peuplées, les mouvements de l’espèce et la progressive extension de leur espace
vital crée des conditions de conflit.
Zones tampons. Les législateurs ont créé des zones tampons pour séparer les espèces des
hommes, leurs failles conceptuelles (questions de propriété, droits d’utilisation, manque
d’application) ont mené à leur perte progressive, réduisant ainsi l’interface entre hommes et
espèces à une simple ligne.
Construire une clôture. Celle-ci devrait être adaptée à l’espèce en question, dans des zones
très densément peuplées. C’est le cas de zones péri-urbaines ou des pays ayant une très forte
densité de population. Mais cette solution, efficace si elle a correctement été exécutée, n’est pas
viable partout en raison des coûts liés à la construction, la maintenance et la taille et la
localisation des aires protégées.
ESPECES MIGRATRICES
Espèce migratrice: « toute espèce ou de taxon inférieur d'animaux sauvages, dont une
fraction importante franchit cycliquement et de façon prévisible une ou plusieurs des
limites de juridiction nationale. »
Migration des mammifères. Les enjeux de gestion doivent considérer la possibilité de migration
de toutes les espèces impliquées. Lorsque cela est entièrement réalisé au sein de l’AP, le
gestionnaire a la possibilité de prendre les décisions de gestion appropriées. Si la migration inclut
des territoires externes, le gestionnaire devrait consulter avec les utilisateurs de ces espaces. La
fragmentation croissante des zones périphériques et leur utilisation de plus en plus intensive
complique cette concertation.
Migration d’oiseaux. La gestion d’espèces d’oiseaux migrateurs devrait s’adapter aux saisons
de présence, que ce soir pour la nidification, ou simplement comme une étape ou pour hiverner
plus longtemps.
Territoire : lorsque l’espace peut être défendu contre d’autres membres de la même
espèce.
Raisons de se déplacer :
- la population d’une espèce donnée utilisera un certain nombre d’espaces vitaux, qui
généralement se chevauchent partiellement, et peuvent être de tailles différentes ;
- changements climatiques : joue également un rôle important, en ce sens qu’il peut mener
à des déplacements dans le temps à cause de la transformation progressive de l’habitat.
La somme des espaces vitaux représente l’aire de distribution d’une espèce. Elle est donc
évolutive en fonction de la taille de la population et des menaces auxquelles elle est confrontée.
Important : la conservation ex situ n’est pas une réponse automatique à la conservation des
espèces.
Chaque espèce ne requiert pas forcément une composante ex situ dans sa stratégie de
conservation, et toutes les populations ex situ n’ont pas forcément d’objectif direct lié à la
conservation.
Étape 3 : déterminer les caractéristiques des populations ex situ requises pour remplir
leur rôle de conservation. Combien de fondateurs sont nécessaires, combien d’individus
devraient être au sein de la population et y a-t-il des risques d’adaptation à la captivité ? Outre
le rôle de la population ex situ, l’objectif de la gestion d’animaux en captivité est de maximiser la
variabilité génétique.
Exigences concernant les fondateurs : ils doivent provenir de multiples populations et ne doivent
pas être apparentés. Il a été calculé qu’un minimum de 15 fondateurs est requis pour établir une
population ex situ.
Étape 4 : définir les ressources et l’expertise nécessaires pour maintenir des populations
ex situ viables et conduire des évaluations de faisabilité et de risques. Par exemple, si l’on
souhaite développer une population ex situ du loup d’Ethiopie, différents facteurs sont à
considérer (est-il possible de construire un établissement d’élevage en captivité en Ethiopie ?
Combien cela va-t-il coûter ? Quels sont les protocoles d’élevage ?). Bien que le loup d’Ethiopie
n’ait pas été maintenu en captivité, des informations peuvent être obtenues d’autres canidés.
Ensuite, il faut conduire une évaluation des risques.
Tout ce processus de prise de décisions est extrêmement important pour s’assurer que la
conservation ex situ est utilisée sagement, et ces étapes doivent être suivies scrupuleusement
avant de prendre une décision.
Échantillons congelés.
Le furet à pieds noirs a été placé en captivité dans les années 1980. À l’origine de la population
actuelle ces furets, on compte 18 fondateurs, dont 15 qui ont pu se reproduire.
Pour maximiser la diversité génétique et gérer la population ex situ, les chercheurs ont utilisé
l’insémination artificielle. En plus de cela, une équipe chargée du recouvrement de la populations
de furets a utilisé une banque de ressources génomiques : elle a stocké des échantillons de
sperme d’individus captifs, piégé des furets sauvages, et collecté et cryoconservé le sperme de
ces individus pour un usage potentiel destiné à l’insémination artificielle dans la population
captive. À ce jour, huit furets ont été produits à partir du sperme cryoconservé entre 10 et 20
ans. Certains de ces donateurs de spermes sont des fondateurs originels, leurs gènes ont ainsi
pu contribuer à la population actuelle, et ce bien longtemps après leur mort.
Banques cryogéniques.
En conséquence des pressions anthropiques et des changements climatiques, les récifs coraux
sont en train de se dégrader à un rythme sans précédent. Alors que les pratiques de conservation
in situ telles que les aires marines protégées peuvent ralentir la perte de diversité génétique des
récifs, les effets globaux des changements climatiques continueront à causer le déclin des
populations. Ainsi, des efforts de conservation ont été faits pour établir une banque cryogénique
de coraux. La Reef Recovery Initiative a permis de congeler le sperme, les cellules souches et
les fragments adultes de 17 espèces de corail à travers le monde (Hawaii, Australie, Porto Rico
et Belize).
EN RÉSUMÉ
Le transfert : le déplacement par l’homme d’êtres vivants d’un site pour ensuite les
relâcher dans un autre.
Pour différencier les types de transferts, il faut s’intéresser à l’endroit où l’espèce sera relâchée.
Restauration de population. L’espèce est relâchée dans son aire de répartition originelle. Dans
cette catégorie, deux types de transferts peuvent être identifiés :
- le renforcement : déplacement vers une population existante de congénères. Objectif :
renforcer la viabilité de la population, par exemple en augmentant sa taille, sa diversité
génétique ou encore la représentation en son sein de groupes ou de stades spécifiques ;
- la réintroduction : transfert de l’espèce vers son aire de répartition originelle de laquelle
elle avait disparu. Objectif : rétablir une population viable de l’espèce prioritaire au sein
de l’aire de répartition originelle.
Introduction à des fins de sauvegarde. L’espèce est relâchée en dehors de son aire de
répartition originelle. Dans cette catégorie, deux types de translocation peuvent être identifiés :
- colonisation assistée : transfert pour éviter l’extinction des populations de l’espèce
prioritaire. Ce type de transfert a principalement lieu à des endroits où la protection contre
les menaces présentes ou futures dans l’aire de répartition actuelle est considérée plus
difficile que dans des aires alternatives.
- remplacement écologique : transfert pout assurer une fonction écologique spécifique. Il
sert à rétablir une fonction écologique perdue à cause d’une extinction, et fera souvent
intervenir la sous-espèce ou l’espèce parente la plus proche de celle qui a disparu au
sein du même genre.
Le transfert est généralement mis en œuvre au profit d’une espèce ou un habitat menacé, mais
son recours ne doit pas être automatique. Les transferts sont en effet toujours risqués, surtout
lorsque les organismes sont relâchés en dehors de leur aire de répartition originelle (suite à cela,
de nombreuses espèces sont devenues invasives avec des impacts désastreux).
Mais surtout, il faut s’assurer de bien peser le pour et le contre, et voir quels sont les bénéfices
potentiels et les impacts négatifs possibles, et comment ceux-ci pourraient affecter les intérêts
écologiques, sociaux et économiques.
De manière générale, chaque fois que la question d’opter pour le transfert ou non se pose, il doit
y avoir un équilibre entre le niveau de risque absolu et l’ampleur des bénéfices attendus.
Lorsqu’un niveau élevé d’incertitude persiste, ou qu’il est impossible d’évaluer sérieusement
qu’une introduction à des fins de sauvegarde présente de faibles risques, il faut y renoncer et
chercher des solutions de conservation alternatives.
2. Une stratégie de sortie claire. Permet d’avoir une sortie ordonnée et légitime en cas
d’abandon de transfert. Aussi, en prenant en compte le risque que représente le transfert, ainsi
que les nombreux facteurs biologiques et non biologiques que cela affecte, il est important de
réaliser une étude la faisabilité et une évaluation des risques.
Les évaluations de la faisabilité et du risque sont menées tout le long du processus de transfert.
La faisabilité est évaluée à quatre niveaux :
1. la faisabilité biologique ;
2. la faisabilité sociale ;
3. le respect de la règlementation ;
4. la disponibilité de ressources financières et humaines.
Tout risque possible pendant le transfert ou après le relâcher des organismes doit être évalué à
l’avance. Si une incertitude élevée relative aux risques d’un transfert en dehors de l’aire de
répartition originelle persiste, ce transfert ne doit pas avoir lieu.
Un transfert peut échouer en raison de processus mal conçus. Pour cela, il faut prendre en
considération les exigences légales, l’intervention des pouvoirs publics, la gestion des habitats,
le prélèvement et le lâcher d’organismes, des interventions et un suivi post-relâcher. De
nombreux aspects de la biologie de l’organisme transféré sont pertinents à la prise de décision
relative à la stratégie du lâcher. Les points suivants sont essentiels :
- l’étape du cycle de vie et la saison du lâcher ;
- la composition du groupe de fondateurs ;
- le nombre de spécimens relâchés ;
- les lâchers peuvent être répartis sur plusieurs sites ;
- l’atténuation du stress lors de la capture, de la manipulation, du transport et de la gestion
préalable au lâcher contribue à la réussite du transfert.
- diverses interventions et mesures de soutien préalables et postérieures à un lâcher
peuvent contribuer à la réussite.
La gestion du transfert est un processus cyclique de réalisation, de suivi, de retour d’information
et d’adaptation des aspects biologiques et non biologiques. Il se poursuit jusqu’à ce que le but
soit atteint ou que le transfert soit considéré comme un échec. À cet égard, le suivi et la gestion
continue sont essentiels.
Aires protégées. Plus de 3 400 (ou 83 %) des + 4 100 espèces vertébrées menacées au monde
sont représentées dans les aires protégées. Parmi elles, 627 ont plus de 50 % de leur aire de
répartition au sein du système d’aires protégées, et reposent donc grandement sur ce système
pour leur conservation. Toutefois :
- il n’existe pas de chevauchement parfait entre la répartition d’aires protégées et
d’espèces menacées ;
- les limites de l’aire protégée établit peu de barrières à la propagation d’espèces
envahissantes et de maladies.
La protection d’aires et des espèces ne sont pas des approches incompatibles. La conservation
des espèces contribue au recouvrement de systèmes dégradés et vice-versa.
Remplacement écologique. Là où les espèces ont déjà été perdues à cause de l’extinction, les
remplacements écologiques sont une corde supplémentaire à l’arc écologique. En choisissant
avec précaution les espèces qui peuvent être placées en dehors de leur aire de répartition
historique, nous pouvons commencer à rétablir les rôles écologiques perdus à travers de
nouvelles connections.
Manipulation génétique. Notre capacité à recréer des espèces disparues, tel que le pigeon
migrateur est devenu une réalité. De telles possibilités apportent avec elles pléthore de questions
éthiques et sociétales, ainsi que d’autres questions plus pragmatiques.
Les risques d’intervenir au niveau de l’espèce. Si nous considérons déplacer une espèce au-
delà des frontières naturelles, comment s’assurer que ses mouvements ne génèrent pas de
problèmes plus graves sous forme de maladie, de compétition ou de prédation ? Avec autant
des milliers d’espèces menacées d’extinction, comment planifier leur recouvrement et comment
le faire à travers des actions sensibles menant à leur rétablissement ?
Les aires protégées demeurent le pilier de notre réponse pour conserver les nombreuses
espèces menacées. Avec cela, nous devons aussi reconnaître que pour un nombre croissant
d’espèces, des efforts ciblés sont nécessaires pour limiter la croissance de la population.