Economie circulaire
Economie circulaire
Economie circulaire
Revue à comité de lecture et en accès libre éditée par l’Association Française d’Agronomie sous le numéro ISSN
1775-4240. Plus d’informations www.agronomie.asso.fr/aes
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Résumé
Plusieurs formes d’agriculture ont récemment émergé pour faire face aux externalités négatives
de l'agriculture. Certaines visent à réduire les impacts. D'autres comme l'agroécologie propose de
fonder l’agriculture sur les services écosystémiques. De ce fait, il coexiste actuellement deux grilles
d'évaluation mal articulées caractérisant, l'une les impacts sur les ressources naturelles et
l'environnement, l'autre les services fournis par la biodiversité à l'agriculture et à la société
(séquestration du carbone...). Nous présentons un cadre d'analyse basé sur les services
écosystémiques et l'économie circulaire, articulant ces deux démarches, pour évaluer les systèmes
agricoles. Puis, à partir des données de la littérature, nous comparons trois exemples : agriculture
raisonnée (AR), biologique (AB) et de conservation des sols (ACS). Nous montrons que l'AB a des
impacts plus importants que l'AC et l'ACS lorsque l’on considère les indicateurs les plus
couramment considérés (émissions de gaz à effet de serre, besoin en terre). Par contre, les
résultats sont revisités pour les services à la société : plus faibles pour l'AR, et plus élevés pour l’AB
et l'ACS. Une évaluation similaire est faite pour les systèmes d'élevage. Nous discutons comment
ces évaluations pourraient être mobilisées par les politiques publiques pour relever les grands défis
à l'agenda de l’agriculture.
Mots-clés : agroécologie, biodiversité, bioéconomie, évaluation multi-crières, services
écosystémiques
Abstract
Several forms of agriculture have recently emerged to address the negative externalities of
agriculture. Some are aimed at reducing impacts. Others such as agroecology propose to root
agriculture on ecosystem services. As a result, two poorly articulated assessment grids currently
coexist, one characterizing the impacts on natural resources and the environment, the other the
services provided by biodiversity to agriculture and society (carbon sequestration...). We present
an analytical framework based on ecosystem services and circular economy, articulating these two
approaches, to assess agricultural systems. Then, based on data from the literature, we compare
three examples of agriculture: technological (AR), organic (AB) and conservation (ACS). We show
that AB has greater impacts than AC and ACS when considering the most commonly considered
indicators (GHG emissions, land requirement). However, the results are revisited for services to
society: they are lower for AR, and higher for AB and ACS. A similar assessment is made for livestock
systems. Finally, we discuss how these assessments could be mobilized by public policies to meet
the major challenges on the agriculture agenda.
Keywords: agroecology, biodiversity, bioeconomy, multi-criteria assessment, ecosystem services
1
Introduction
Depuis les années 2000, les impacts environnementaux de l'agriculture dite « industrielle », basée
sur l’utilisation massive d’intrants, sont tellement importants qu’elle est une des premières activités
humaines conduisant au dépassement des « limites planétaires », notamment pour la biodiversité,
l'azote et le climat (Steffen et al., 2009). De ce fait, plusieurs instances internationales concluent
que poursuivre dans la même direction (c.-à-d. « business as usual ») n’est plus une option (IAASTD,
2009). Outre la nécessité de se saisir de ces enjeux environnementaux et d'atteindre des objectifs
quantifiés, il est maintenant attendu des politiques publiques que l'agriculture contribue à rendre
des services à la société tels que la fourniture de produits biosourcés (dont l'énergie), la
séquestration du carbone dans les sols, le contrôle de l’érosion. En outre, de plus en plus de
consommateurs veulent s'assurer que les aliments soient exempts de résidus de pesticides. Enfin,
la mise en évidence des effets des systèmes alimentaires mondialisés sur l’homogénéisation des
régimes alimentaires mondiaux, sur la santé humaine (par exemple obésité, maladie
cardiovasculaire) et sur l’environnement (par exemple du fait de la concentration des élevages ou
de la déforestation) a conduit à s'interroger sur leur opportunité et leur durabilité (Gordon et al.
2017).
Tout récemment, le Green Deal européen fixe des objectifs ambitieux au système alimentaire,
notamment vis-à-vis de l’atténuation du changement climatique et de l'érosion de la biodiversité
mais aussi vis-vis de la santé des plantes, animaux, écosystèmes et hommes (Bureau et al., 2020).
Par exemple, pour atteindre zéro émissions nettes en 2050, il est attendu que l'agriculture divise
par 2 ses émissions de gaz à effet de serre (GES) (MTES, 2020), séquestre 2 fois plus de carbone et
produise de l'énergie tout en réduisant la compétition pour l'utilisation des terres, et fasse tendre
vers zéro ses émissions importées. L’agriculture et les systèmes alimentaires doivent donc concilier
les enjeux relatifs au nexus production alimentaire-non alimentaire et conservation des ressources
naturelles dans un contexte de changement climatique (Therond et al., 2017a). A cette fin, il est
nécessaire de définir des indicateurs pour suivre les effets de ces politiques, pour attribuer des
moyens (subventions, dispositifs, règlements), ainsi que pour guider les acteurs des filières et des
territoires agricoles lorsque ces moyens sont attribués en fonction de l'atteinte d'objectifs. En
agriculture, la tâche est complexe car l'effet d'une pratique ou d'un système agricole sur
l'environnement est souvent multiple et associé à une grande incertitude. Autrement dit, il est
difficile de prévoir ex ante les impacts avec une grande précision du fait des interactions entre
pratiques et processus écologiques (Duru et al., 2015) ainsi que de possibles effets rebonds.
Jusqu'à ce jour, les politiques publiques privilégiées ne remettent pas en cause les économies
d'échelle et d'agglomération. Elles consistent à augmenter l'efficience d'utilisation des intrants par
les bonnes pratiques, l'agriculture de précision et la génétique pour réduire les ressources
consommées et les impacts sur l'environnement (Therond et al., 2017a). En toute logique, elles sont
évaluées par des indicateurs d'impacts agro-environnementaux (risque de lixiviation, risque de
fuites de pesticides) ou calculés par Analyse de Cycle de Vie (ACV, Van der Werf et al., 2020). Dans
ces dernières, les impacts considérés concernent le plus souvent : (i) les émissions de GES, les
émissions de polluants dans les sols et les eaux (eutrophisation, acidification, écotoxicité) et dans
l'air (particules fines, ammoniac) et parfois la toxicité humaine et (ii) l’utilisation de ressources
(terre, eau, énergie, phosphore....). Ces impacts sont quantifiés à travers des indicateurs qui sont
exprimés par une unité fonctionnelle, le plus souvent par unité de biomasse. Elle est sous-tendue
par l’idée qu’il faut chercher les modes de production agricole permettant d’atteindre les objectifs
de production de biomasse en minimisant les impacts sur l’environnement. En ne reconnaissant pas
les services que peuvent fournir certaines formes d'agriculture, elle est mal adaptée à l’évaluation
de systèmes agricoles qui visent ou rendent une large gamme de services à la société (van der Werf
et al., 2020). En se concentrant sur les impacts négatifs des activités agricoles, les politiques qui
s’appuient sur ce type d’indicateurs participent à la construction d’une vision de l’agriculture
centrée sur ses nuisances plutôt qu’une vision plus équilibrée prenant en compte les services
fournis. En conséquence, elles proposent une approche partielle des forces et faiblesses des
2
différents systèmes agricoles. Une méthode d’évaluation adaptée à ces multiples enjeux et à la
diversité des agricultures doit considérer conjointement les impacts négatifs et les services à la
société.
Pour faire face aux nombreux défis, il importe à la fois de minimiser les impacts et d'augmenter les
services tout en répondant aux attentes vis-à-vis des différents usages de la biomasse (alimentation
humaine et animale et produits biosourcés) et réduisant significativement la consommation de
ressources non renouvelables (systèmes sobres) (Muscat et al., 2020). A ces fins, dans une première
partie nous présentons deux courants de recherche émergents : les services écosystémiques et
l'économie circulaire (Kapsalis et al., 2019). Nous les mobilisons pour définir des principes de
catégorisation de formes d'agricultures génériques. Dans une deuxième partie, nous présentons
des formes d'agriculture génériques, et nous en évaluons quelques exemples emblématiques à
partir des données de la littérature. En dernière partie, nous montrons comment ces connaissances
peuvent être mobilisées par les politiques publiques et les acteurs économiques.
Cadre d'analyse
3
Figure 1 : Représentations de l'agriculture selon deux types d'évaluation : impacts vs. services (adaptée de
van der Werf et al., 2020 ; Therond et al., 2017b)
Les écosystèmes et paysages agricoles fournissent aussi des biens (alimentaires et non
alimentaires) et services à la société (régulation du climat par séquestration de carbone,
régulations de la qualité de l’eau, atténuation naturelle des pesticides ; stockage et restitution d’eau
bleue, stabilisation des sols) (fig 1, partie droite) (Therond et Tibi, 2018). Une analyse d'ensemble
des SE fournis par les écosystèmes agricoles met en évidence le rôle central de trois éléments de
l'écosystème dans leur fourniture : (i) la configuration spatiale et temporelle de l’écosystème et du
paysage ; (ii) la matière organique du sol ; et (iii) la biodiversité associée, souterraine et aérienne
(Therond et Duru, 2019).
Le paradigme de l'économie circulaire amène à repenser le processus de fabrication, d'utilisation
et le modèle d'élimination des produits et services dans une économie, dans les filières et les
territoires. Il vise à réduire les impacts et l’utilisation des ressources non renouvelables en
améliorant la fermeture des cycles biogéochimiques et le recyclage. Les principes sont de préserver
et valoriser le capital naturel, de tenir compte de la finitude des ressources, d'optimiser les
rendements des ressources et produits en circulation, et de réduire les externalités négatives. Ils
mobilisent les concepts de l'écologie industrielle, notamment l'utilisation en cascade de la
biomasse, souvent en développant des procédés industriels optimisant ses usages (Bugge et al.,
2016).
SE et économie circulaire peuvent être articulés dans une vision bioécologique de la bioéconomie
qui couple l'analyse des flux de matières et d’énergie et des régulations permises par la biodiversité
dans les sols et les paysages (Bugge et al., 2016). On parle alors de bioéconomie territorialisée
(Wohlfahrt et al., 2019) ou de bioéconomie circulaire basée sur la biodiversité (Palahi et al., 2020).
La bioéconomie territoriale vise à concevoir des modes de production, transformation et recyclage
de la biomasse pour satisfaire les besoins alimentaires, énergétiques, matériels et chimiques d'une
population donnée sur un territoire géographique donné, tout en substituant tout ou partie les
ressources partiellement ou entièrement non renouvelables avec de la biomasse et conservant ou
restaurant les ressources naturelles (y c. les SE). Ici la circularité des flux de biomasse est vue
comme centrale pour préserver ou restaurer les ressources naturelles et les SE associés. Cette
vision plus agroécologique et située de la bioéconomie repose sur une gestion intégrée et
multifonctionnelle des terres et vise une multifonctionnalité des écosystèmes. Elle offre ainsi une
perspective plus holistique de l'ensemble des enjeux liés à la biomasse (D'Amato et al., 2020).
Raisonner la production et l'allocation de la biomasse selon ces principes permettrait de disposer
de plus de biens et services issus de la biomasse en bénéficiant des complémentarités et synergies
entre différentes utilisations à différentes échelles tout en permettant de développer les SE et
réduire les impacts sur l'environnement.
Comme mentionné ci-avant, l'ACV est une méthode reconnue et appropriée pour évaluer les
impacts de l'agriculture (fig 1, côté gauche). Elle permet d'évaluer la possible réduction des impacts
4
permis par les systèmes agricoles basés sur un niveau réduit en intrants de synthèse utilisés. Par
contre, l'ACV ne permet pas (encore) d'évaluer les services à la société fournis par l'agriculture (fig
1, côté droit en bas). C'est une limite forte à l'évaluation des performances des systèmes
agroécologiques et de bioéconomie territorialisés car justement, un de leur objectif fondateur est
de fournir des services à la société.
Figure 2 : Catégorisation de formes agriculture selon la mobilisation des paradigmes des SE (axe vertical) et
de l'économie circulaire (axe horizontal). Adapté de Duru et al. 2015, Therond et al., 2017a, b.
Une première dimension (fig 2, axe vertical) permet de distinguer les formes d'agriculture selon
qu'elles reposent sur :
- l'augmentation de l'efficience d'intrants exogènes à l'exploitation agricole en mobilisant les
technologies et la génétique de façon à réduire les impacts de l'agriculture sur les ressources non
renouvelables, ainsi que ses impacts sur les écosystèmes (émissions dans l'eau : nitrates,
phosphore, pesticides, antibiotiques, et dans l'air ammoniac, particules fines) et la santé humaine.
- le développement des SE à l'agriculture qui remplacent tout ou une partie importante des
intrants de synthèse exogènes à l'exploitation agricole. Outre le fait de potentiellement réduire
les impacts, ces façons de produire permettent aux agriculteurs de fournir des « services
environnementaux » à la société et vise aussi à améliorer la valeur santé des produits agricoles.
Une deuxième dimension (fig 2, axe horizontal), qui porte sur le lien au territoire et au marché,
distingue :
- les systèmes de production basés sur des économies d'échelle qui s'inscrivent dans la production
de matières premières de base, le plus souvent à partir d'un petit nombre de produits (le blé, le
lait par exemple), souvent couplées à des économies d'agglomération et d’échelle via une
spécialisation des régions et territoires. Les types d'agriculture s'inscrivant dans cette logique
visent à produire des produits biosourcés via des dispositifs industriels de grandes taille plutôt
inscrits dans des chaines de valeurs elles aussi de grande taille (ex. biocarburant).
5
- les systèmes de production s'inscrivant dans une économie circulaire territoriale permettant
d'accroître la part des intrants utilisés issus d'un territoire, par exemple en procédant à des
échanges entre exploitations de différents intrants (paille et sources de protéines pour l'élevage,
matières organiques pour les systèmes de grandes cultures) de façon à mieux fermer les cycles
biogéochimiques et réduire la dépendance aux resssources externes (ex. tourteaux de soja).
Figure 3 : Formes génériques d'agriculture à la recherche de plus de durabilité (n° 1 à 4), représentées en
fonction : (i) de la part relative de SE ou intrants exogènes mobilisés pour la production agricole (axe
vertical), (ii) du type de relations qu’elles entretiennent avec le marché et le territoire (axe horizontal). Les
trapèzes verticaux et horizontaux indiquent qu'une forme d'agriculture peut combiner différents principes ;
par exemple, une exploitation spécialisée peut être connectée aux marchés mondiaux et mobiliser les
principes de l'économie circulaire.
Une variante de cette première forme consiste à remplacer des intrants de synthèse par des
intrants organiques et des technologies de biocontrôle : biopesticides, stimulateurs de santé des
6
plantes et du sol, apport d’organismes développés industriellement pour améliorer la nutrition des
sols et les régulations biologiques (Duru et al., 2015). Certains systèmes en agriculture biologique
simplifiés peuvent s'inscrire dans cette variante.
Une deuxième forme d’agriculture consiste à mobiliser les principes de l'économie circulaire pour
réduire les intrants et donc les impacts (fig 3, cadran en bas à droite). Ainsi, des systèmes agricoles
reposant sur une économie circulaire à l’échelle locale rendent plus facile le bouclage des cycles
biogéochimiques que ceux où les flux se font d’un continent ou une région à l'autre. Pour les
élevages, de ruminants et de monogastriques, une option est de rechercher une autonomie en
protéines à l'échelle du territoire, par exemple en faisant en sorte que la complémentation
protéique provienne de légumineuses à graines cultivées en France, c'est-à-dire en mobilisant des
principes de l'économie circulaire (fig 3, cadran en bas à droite). Cela offre alors des opportunités
de diversification des systèmes de culture et donc des possibilités pour développer les SE. Ces choix
peuvent aussi répondre aux enjeux énergétique (utilisation de Cive ou de déjections animales pour
produire de l'énergie) ou technologique, portés à l’échelle des territoires de projet (aliment sans
OGM) (Therond et al., 2017a).
Une troisième forme d'agriculture consiste à changer de paradigme de la façon de produire en
remplaçant une partie des intrants de synthèse par la biodiversité (fig 3, cadran en haut à gauche).
Cette forme d'agriculture permet aussi de fournir des services à la société tout en gardant la logique
d'économie d'échelle pour l'approvisionnement en intrants et la vente de produits. La
diversification de ces systèmes provient souvent plus de la diversité des cultures intermédiaires
("couverts") que d’une importante diversité de cultures de rente. La fonction de ces couverts est
d'accroître les fertilités physique, chimique et biologique des sols. L'enjeu est de développer les SE
sous tendant la production (structuration du sol, fourniture en eau et en nutriments, contrôle des
bioagresseurs) pour fournir une production agricole impactant moins l'environnement et
fournissant plus de services à la société (ex. stockage de carbone, contrôle de l’érosion).
En élevage, il s'agit de façons de produire recherchant l'autonomie alimentaire des animaux,
notamment protéique (fig 3, cadran en haut à gauche). Une première option pour renforcer les
services à la société est de développer des systèmes privilégiant les prairies permanentes et
temporaires pour les élevages de ruminants (Duru et Therond, 2019).
Une quatrième forme d'agriculture repose à la fois sur les SE et l'économie circulaire (fig 3, cadran
en haut à droite). C'est typiquement le cas d'exploitations inscrites dans des systèmes alimentaires
territorialisés, fortement engagées dans des projets de relocalisation alimentaire, en vente directe
ou en circuits courts de distribution, avec des paysans et des consommateurs locaux. Le
développement de ce type de systèmes alimentaires territorialisés permet une diversification des
productions locales mais, de ce fait, nécessite de repenser les filières du champ à l'assiette, et donc
de redonner leur place aux unités de transformation et de distribution locales. En élevage, cette
troisième forme correspond le plus souvent à des systèmes d'élevage herbager, possiblement
inscrits en agriculture biologique ou paysanne. Il est important de noter que les formes
d'agriculture 3 et 4 n'excluent pas d'utiliser les technologies de l'agriculture de précision et la
génétique.
7
travail du sol, rotation diversifiée, couverture permanente du sol.
L'évaluation à partir des données de la littérature, qui correspondent souvent à des méta analyses,
montre que les exemples illustratifs des trois formes d'agriculture ont des atouts et des limites en
termes d’impacts, mais sont plus homogènes en termes de services (fig 4a). Si on se limite aux
impacts par unité de production les plus couramment considérés (émissions de GES, besoin en terre
lié directement au rendement et eutrophisation), l'AB a le plus souvent des impacts plus importants
que l'AC et l'ACS mais l'AB présente comme points forts une écotoxicité et une toxicité humaine
bien plus faibles que les deux autres formes. Quant aux services à la société les plus souvent
considérés (stockage de C, contrôle de l’érosion, régulation de la qualité de l’eau…), ils sont
toujours les plus faibles pour l'AC, et les plus élevés pour l'ACS. L’AB se situe alors en position
intermédiaire.
Figure 4a : Impacts (partie droite de la diagonale) et services éosystémiques fournis à la société (partie
gauche) des agricultures conventionnelle (en rouge), biologique (en vert) et de conservation des sols (en
bleu). Dans cette figure plus le niveau est élevé (enveloppe externe) plus les services et la qualité
nutritionnelle des productions sont importants et les impacts négatifs sont réduits.
L’allongement des rotations est un principe de base en agronomie pour réduire la plupart des
intrants du fait d’une meilleure acquisition par les plantes des ressources disponibles ou d’une
moindre sensibilité aux bioagresseurs (Duru et al., 2015). Les associations de cultures,
particulièrement présentes en AB (et en agriculture paysanne, AP) mais aussi en ACS au sein des
couverts végétaux, sont aussi un levier de diversification très efficace pour développer les services
de fourniture en nutriments et de régulations biologiques (Bedoussac et al., 2015).
L’introduction de légumineuses dans les rotations, les couverts et les associations est un levier
majeur pour augmenter le service de fourniture en azote, mais aussi de mobilisation en phosphore
(Therond et Duru, 2019). En outre, les légumineuses permettent de réduire les émissions de GES,
au champ (Reckling et al., 2018) et en amont du fait d’une moindre consommation d’engrais azotés
(à moyen et long termes pour l’ACS) forts émetteurs de GES lors de leur fabrication.
A plus large échelle, les leviers pour fournir des SE portent sur le développement des infrastructures
agroécologiques et l’augmentation de l’hétérogénéité de la mosaïque paysagère (Dainese et al.,
2019 ; Therond et Duru, 2019). L’AP et l’AB mentionnent l’intérêt d’associer culture et élevage au
sein des exploitations ou de petits territoires. La relocalisation de l’alimentation animale offre des
opportunités de diversification des systèmes de culture (ex. introduction de légumineuses et
prairies temporaires) et de conservation des milieux ouverts et de la biodiversité associée (Moraine
et al. 2016). Toutefois, l’animal n’est pas facteur de durabilité en lui-même, il induit d’inévitables
8
pertes de polluants et GES et des pertes d’efficience dans la production d’aliments si les animaux
sont nourris avec des aliments et sur des terres mobilisables pour l’alimentation humaine (voir ci-
dessous). Le développement de la méthanisation agricole pourrait offrir le même type
d’opportunité de diversification que l’élevage sans en avoir les effets négatifs.
Productions animales au-delà du bio et du conventionnel
Dans un contexte de raréfaction de l'énergie et d'ambitions environnementales élevées, la
question du partage de la biomasse entre différents usages dont l'alimentation des animaux, est
essentielle. Etant donné que la production de protéines animales nécessite de 5 à 10 fois plus
d'énergie et de terre que la production de protéines végétales (Poore et Nemecek, 2018), le besoin
en biomasse et en énergie pour se nourrir dépend de la part de produits animaux dans
l'alimentation. D'autre part, l'élevage utilise une grande partie de la surface agricole utile. En
France, cela concerne 9,2M ha de prairies permanentes, mais aussi des surfaces qui pourraient avoir
un autre usage : 3M ha de prairies temporaires, 1,4 M ha de cultures fourragères (maïs), ainsi que
des céréales et oléoprotéagineux (30 M T rien que pour les ruminants, dont 2,8M T de soja importé).
Les prairies contribuent seulement à 30-40% de la production de lait, et les co-produits à 15% de
l'alimentation des monogastriques. De nombreux travaux de recherche montrent que la réduction
de consommation de produits animaux, pour ceux qui en consomment le plus (Duru et al., soumis)
est considérée comme incontournable pour atteindre la cible de division par deux des émissions de
GES. Ils argumentent aussi du bien fondé de cantonner l'élevage à l'utilisation des ressources
n'entrant pas en compétition avec l'alimentation humaine (surfaces en herbe non cultivables et co-
produits) (Van Zanten et al., 2016). Pour toutes ces raisons, l'évaluation des systèmes d'élevage est
faite séparément des cultures ; l'échelle de mesure ne pouvant être la même pour tous les
indicateurs.
Ces éléments clefs de contexte étant donnés, nous comparons des exemples de trois formes
d'élevage dont les impacts et SE sont renseignés dans la littérature : (i) l'élevage conventionnel, (ii)
l'agriculture biologique (lait à l'herbe ici) et (iii) la filière Bleu Blanc Coeur (BBC) pour laquelle les
produits animaux ont une teneur garantie en omega 3, un acide gras indispensable dont notre
alimentation est très déficitaire, où il y a affranchissement du soja importé en le remplaçant par des
légumineuses à graine (pois, féverole, lupin, soja) cultivées en France.
Figure 4b : Impacts et services à la société de 3 formes d'élevage : élevages conventionnels peu autonomes
en protéines (en rouge), agriculture biologique (en vert) et filière Bleu Blanc Coeur (en bleu). Dans cette
figure plus le niveau est élevé (enveloppe externe) plus les services et la qualité nutritionnelle des
productions sont importants et les impacts négatifs sont réduits.
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Les évaluations montrent que les trois exemples présentent des atouts et des limites en termes
d'impacts (fig 4b). Si on se limite aux impacts par unité de production les plus couramment
considérés, émissions de GES, besoin en terre (en fait le rendement), comme pour les systèmes de
culture, l'AB a toujours des impacts plus importants que l'AC et BBC. Quant aux services à la société,
ils sont toujours les plus faibles pour l'AC, et les plus élevés pour l'AB et BBC. En conclusion, comme
précédemment l'AB présente comme point fort une faible toxicité humaine et écotoxicité. BBC a
comme atout la fourniture de services à la société. Notons que ces formes d'agriculture peuvent
s'hybrider, comme c'est le cas pour la production d'œufs en AB et BBC à la fois.
Les pratiques qui permettent d'amplifier la réduction des impacts ou l'augmentation des services à
la société, au-delà des cahiers charges de l'AB et de BBC, sont principalement :
- le choix de légumineuses fourragères ou à graine pour renforcer l'autonomie protéique
- l'augmentation du carbone restitué au sol pour renforcer les services à la société
- l'amplification de l'intégration spatiotemporelle des ateliers de culture et d’élevage (Moraine et
al., 2016) et par le choix d’espèces herbivores (vaches, moutons…), permettant la réinstallation de
prairies permanentes afin de recoupler les éléments minéraux et stockant du carbone sous forme
de matière organique des sols).
- le choix de races locales ou mixtes, les croisements pour renforcer la cohérence entre choix
génétiques, adaptation au milieux et type de services recherchés.
Par ailleurs, il serait nécessaire de mobiliser des indicateurs du bien-être animal. Il est a priori
meilleur en AB du fait du lien au sol exigé, mais aussi pour BBC du fait d'une meilleure santé permise
par l'apport de lin (Duru, 2019). Ce serait aussi le cas pour les élevages label Rouge dont la qualité
gustative des produits est un atout, mais dont la performance en termes 'utilisation des terres et
d’émissions de GES est moindre.
Conclusion
Un enseignement majeur de ce travail est que l'évaluation conjointe d'une diversité d'impacts et
de services à la société est indispensable pour comparer les performances de différentes formes
d'agriculture car nous avons montré que suivant les critères mobilisés, leur classement est
bouleversé. C'est notamment le cas pour la comparaison des agricultures "conventionnelle" et
"bio", tant pour les cultures que pour les élevages. Aussi, l'évaluation des impacts ne doit pas se
limiter à ceux le plus souvent considérés dans la littérature (utilisation des terres, émissions de GES,
eutrophisation et acidification). L'écotoxicité et la toxicité humaine doivent être aussi considérées.
C'est d'autant plus important que les formes d'agriculture qui génèrent le moins d'impacts au vu
des indicateurs les plus courants ont les valeurs les plus élevées pour l'écotoxicité et la toxicité
humaine, autrement dit pour la santé des écosystèmes et la santé humaine. En outre, la
conservation de la biodiversité, pour elle-même et pour l’assurance écologique qu’elle offre, bien
que non prise en compte dans notre analyse, est un enjeu majeur inscrit dans de nombreux
programmes nationaux, européens et mondiaux. Les évaluations carbo-centrées sont donc
réductrices car elles ignorent ce qui touche à la biodiversité et à la santé.
Les exemples de formes d'agriculture alternatives aux systèmes conventionnels ont été évalués
plus performants pour la fourniture de SE à la société. Si leur développement est un objectif, ces
services pouvant être considérés comme des biens communs, devraient être rémunérés, soit par le
prix des produits, soit par des aides dédiées, telles que le paiement pour services
environnementaux. Par ailleurs, de nombreux résultats convergents laissent entendre que les
seules améliorations incrémentales (technologies et bonnes pratiques) des formes d'agriculture
conventionnelle ne permettront probablement pas d'atteindre les objectifs incontournables de
diviser par deux les émissions de GES d'ici 2050 et de conservation de la biodiversité et de santé
humaine. Étant donné son poids majeur, le redimensionnement de l'élevage doit être sérieusement
envisagé. Conservé là où il offre le plus de services, son redimensionnement engendre des menaces
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(perte de marchés) mais aussi des opportunités pour repenser une agriculture durable.
Le calcul des indicateurs est toujours complexe tant pour les impacts que pour les services. Les
différences en termes de services fournis à la société entre formes d'agriculture sont telles que
nous pensons que les indicateurs de moyens disponibles actuellement restent pertinents pour les
concevoir ou les évaluer, et ce malgré des imprécisions quant à leurs effets. Ainsi, pour les services
à la société, la teneur en MO des sols, un indicateur hybride à la fois de moyen et de résultat,
pourrait être un proxy à utiliser pour les rémunérer. En outre, la durée de couverture des sols avec
un couvert suffisamment développé, de même que la taille des parcelles et le taux d’habitat semi-
naturels sont des indicateurs très intégrateurs des SE de régulation.
Notre analyse montre que les politiques publiques en silo, par problème, ne sont pas adaptées pour
engager la transition. Elles ignorent que pour changer de pratiques, il faut d'abord changer la façon
de voir les choses (le sol, le système sol, la plante), autrement dit qu'il faut changer de paradigme,
dans la mesure où les pratiques "font système". Ainsi, une culture intermédiaire ne sera pas perçue
et gérée de la même manière selon qu'elle est imposée par une réglementation (par exemple dans
une exploitation conventionnelle en zone vulnérable) ou qu'elle est un choix délibéré comme
pratique pivot du système de culture (par exemple en agriculture de conservation des sols). Le
concept de santé, appliqué au vivant (les plantes, les animaux et les hommes), ainsi qu'à leur habitat
(les sols, les paysages) peut aider à sensibiliser aux effets multidimensionnels de l'agriculture, à
identifier les antagonismes et synergies sous-jacents aux différentes formes d'agriculture de façon
à faciliter les transitions (Duru et Therond, 2019).
La période actuelle est particulièrement propice pour conduire cette réflexion puisqu'elle
correspond au renouvellement de la PAC, à l'élaboration du pacte vert (Green deal) et de la
stratégie européenne « Farm to Fork » pour relever plusieurs défis : climatique, biodiversité et
sécurité sanitaire... Aussi, il nous semble important de promouvoir des politiques cherchant à
développer les formes d'agriculture qui permettraient d'appréhender de manière relativement
simple la complexité en spécifiant la "balance services/impacts" choisie selon les types de
production et les territoires. Elles pourraient ensuite être affinée pour introduire des options
supplémentaires afin de réduire les impacts ou augmenter les services. Autant les formes
d'agriculture telles que nous les avons présentées représentent un socle pour fixer des orientations
de politiques publiques sur la base d'un ensemble d'indicateurs de moyens qui font système, autant
les pratiques à mettre en œuvre sont dépendantes du contexte. Cela doit donner lieu à
l'élaboration de stratégies « chemin faisant » étayées par des indicateurs d'effets mesurés ou
calculables par des modèles et référentiels simples à mobiliser, possiblement au sein de réseaux
d'échanges qui peuvent faciliter les apprentissages.
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Références
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Annexe : Sources bibliographiques de l’évaluation des impacts et services de systèmes agricoles
illustrant trois formes d'agriculture et d'élevages présentées respectivement figures 4a et 4b.
AC : agriculture conventionnelle, AB : agriculture biologique, ACS : agriculture de conservation des sols,
BBC : filière Bleu Blanc Cœur
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