24 Sentiments Départ 180 189

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Langue : les sentiments après le départ de Abdeslem Lundi 10/01/22

1-le champ lexical des sentiments P(177-191)


sentir- l’angoisse – la pitié - pressentir – la peur – l’inquiétude –
la joie – la tristesse – l’espoir – le désespoir – la colère – je
pressens un grand malheur ...
2-les sentiments des personnages :
a. la tristesse : la mère cachait son visage avec ses mains (elle
pleurait)
b.« j’eus la sensation que nous étions devenus orphelins. »
comme si le père Abdeslem était mort.
c. la pitié et le mépris de leurs voisins : le narrateur avait pensé
aux sentiments négatifs des autres colocataires: (en voyant
que la famille est devenue pauvre, souffre et elle n’a plus de
valeur).
d.le sentiment de peur puisque la famille est devenue faible et
qu’elle n’était plus protégée (sans défense P182) pendant
l’absence du père.
e. le sentiment de l’ennui (P182) et que le temps ne passe pas
vite (un mois d’absence du père est très long à cause des
sentiments négatifs.)
f. L’espoir : utilisation du futur simple pour parler positivement
de l’avenir P184 « mon père reviendra bientôt et nous serons
de nouveau très riches »
g. la peine et le malheur : la difficulté de dormir la nuit à cause
de la faim (P189- sa mère n’avait pas préparé le dîner) et aussi
à cause de la peur.
Vendredi 14 janvier 2022
Activité orale : la Boîte du narrateur après la perturbation (P188)
-Le narrateur a jeté un coup d’œil sur sa ‘Boîte à Merveilles’ et
il ne pouvait plus regarder longtemps les objets pour
imaginer leurs dialogues et leurs gestes comme dans le passé.
-Sa Boîte à Merveilles est devenue une boîte normale qui a
perdu son côté merveilleux et magique à cause du malheur.
-Il la compare (par métaphore) avec un cercueil qui contient les
cadavres de ses amis (ses objets comme s’ils sont morts).
Mon père nous quitta le surlendemain à l’aube. Il
partit, avec pour tout bagage, une sacoche de berger, en
palmier nain, dont il avait fait l’acquisition la veille, une
faucille neuve et un sac en toile avec une fermeture à
coulisse ; Ma mère l’avait confectionné dans un morceau
de haïk de coton et l’avait bourré de provisions : olives,
figues sèches, farine grillée et sucrée, deux pains parfumés
à l’anis et dix qarchalas. Nous appelons ainsi des petits
pains ronds sucrés, parfumés à l’anis et à la fleur
d’oranger et décorés de grains de sésame.
J’étais réveillé quand mon père partit. Ma mère lui
fit quelques recommandations et resta après son départ,
prostrée sur son lit, le visage caché dans ses deux mains.
J’eus la sensation que nous étions abandonnés, que nous
étions devenus orphelins.
Tout le monde dans le quartier devait être au
courant de nos ennuis matériels et du départ de mon père.
Ils manifesteraient à notre égard une pitié ostentatoire
plus humiliante que le pire mépris.
Mon père partit, nous restions sans soutien, sans défense.
Le père dans une famille comme la nôtre,
représente une protection occulte. Point n’est besoin qu’il
soit riche, son prestige moral donne force, équilibre,
assurance, et respectabilité.
Mon père venait le soir seulement à la maison, mais
il semblait que toute la journée se passait en préparatifs
pour le recevoir. Je comprenais ce qui tourmentait ma
mère, ce matin, dans la lumière du jour à peine naissant.
Elle se rendait compte dans le tréfonds de son cœur que
ces préparatifs seraient vains. Personne le soir ne
pousserait plus notre porte, n’importerait de l’extérieur la
suave odeur du travail, ne servirait de lien entre nous et
la vie exubérante de la rue.
Pour ma mère et pour moi, mon père représentait
la force, l’aventure, la sécurité, la paix. Il n’avait jamais
quitté sa maison ; les circonstances qui l’obligeaient ainsi
à le faire prenaient dans notre imagination une figure
hideuse.

Le vent riait, jouait avec les portes, les cognait de fureur.


Pour conjurer ces forces obscures, je récitai trois fois la
sourate de l'Unité. Tremblant de tous mes membres,
j'enfouis mon visage dans un coussin. Je finis par
m'endormir.

Ma vie s'écoulait dans deux mondes opposés. Le jour je


subissais toutes sortes de contraintes, je prenais part à des
drames que je ne comprenais pas, la nuit me servait d'appât
à ses monstres, me lançais dans le vide de ses abîmes, me
faisait don de fruits que mes mains ne pouvaient saisir. Vie
double, semée d'embûches, de mirages, de farces, mais à
laquelle, je finis par m'habituer. Je n'agissais pas, je
subissais. Chaque fragment du devenir couvait une parcelle
de mystère. Les instants se succédaient avec chacun sa
charge de joie, hélas! trop éphémère avec son poids de
peine qui imprimait dans ma chair sa meurtrissure. Au gré
de l'humeur des uns et de la fantaisie des autres, mes jours
me paraissaient sombres ou radieux, mes nuits, un havre de
repos, un lieu de torture, un moment de félicité, le
douloureux calvaire des âmes damnées de toute éternité.

Ceci me donna par la suite le goût de l'aventure, à savoir: le


goût de la mort. Je mourais chaque soir pour renaître
instantanément dans un univers sans dimensions. Je
ressuscitais chaque matin pour retrouver le soleil, le chant
des moineaux, le pain de blé et la fraîcheur de l'eau de
source. Le pain et l'eau avaient bon goût et je me réjouissais
d'être sur une terre où ils ne manquaient pas. Cependant,
dans mes heures de chagrin et de solitude, ils paraissaient
amers, fades, durs pour mon gosier trop étroit.

Bien sûr, je préférais le jour à la nuit, les jours en principe


se tenaient, obéissaient à la logique du temps, se
succédaient en apparence bien en ordre. Les nuits
enfantaient des personnages, des sites, des événements,
lesquels créaient leur espace et leur temps. Mes parents, les
voisins, les enfants du Msid, le maître et sa baguette de
cognassier habitaient la terre ensoleillée mais il m'arrivait la
nuit de les rencontrer dans des pays lointains privés de
lumière, dans des sentiers hérissés de dangers. Nos
rapports, souvent n'étaient plus les mêmes que pendant le
jour. Maintes fois, j'essayai de les éviter, mes efforts
s'avéraient toujours vains. Je ne pouvais leur échapper, ni
dans ce monde, ni dans aucun autre. Il leur a été donné de
me choyer ou de me tourmenter selon leur bon plaisir. Plus
tard je me défendrai. Maintenant, je n'étais qu'un enfant, un
enfant couché en chien de fusil qui ronflait
discrètement alors que tous les hommes étaient déjà partis
au travail, alors que toutes les voisines avaient déjà procédé
à leur toilette.

Ma mère me réveilla.

Après déjeuner, ma mère me recommanda d’être bien


sage, prit son haïk et partit rendre visite à Lalla Aïcha
son amie. Elles avaient tellement de choses à se dire.
Je me souviens encore des heures affreuses passées à
l’attendre. Sans oser me mettre à la fenêtre,
réprimant l’envie que j’avais de courir dans l’escalier,
de sauter au soleil sur la terrasse. Je jetai un coup
d’œil dans ma Boîte à Merveilles. Ce n’était plus une
boîte à merveilles mais un cercueil où gisaient les
pitoyables cadavres de mes rêves. Je fis une atroce
grimace. Les voisines ne devaient pas m’entendre
pleurer. Je me mouchai dans un vieux chiffon qui
traînait par terre. Couché sur le dos, je contemplai
fixement les taches squameuses qui constellaient les
murs de notre chambre. Elles ne bougeaient plus.
Elles organisaient autrefois en mon honneur des
ballets à ravir les yeux. Je passais des heures à suivre
les évolutions de ces formes changeantes.
Maintenant, elles n’étaient plus que des taches figées
qui me donnaient la nausée.
Mon cœur se mit à battre de tristesse, d’angoisse, de
dépit et de colère. Il battait surtout de peur. Malgré
les discussions des voisines, le bruit familier des
petits balais de doum, le crépitement des étincelles,
les ronflement des soufflets, j’avais peur. Épuisé par
mes larmes silencieuses, je finis par m’endormir.

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