Cours Complements Machines Electriques, Prof Kamabu

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PREMIERE PARTIE

Chapitre premier

GÉNÉRALITÉS

1.1 RAPPEL DE QUELQUES NOTIONS D'ÉLECTROMAGNÉTISME

1.1.1 Création du champ magnétique

Le champ magnétique peut être créé par un aimant permanent [1]. On se rappellera que,
comme illustré sur la figure 1.1, les lignes du champ magnétique sont ininterrompues. Au sein de
l'aimant, elles vont du pôle sud (S) au pôle nord (N). A l'extérieur de l'aimant, elles vont du pôle
nord (N) au pôle sud (S).
Le champ magnétique peut aussi être créé par un courant électrique i, comme cela est
illustré sur la figure 1.1. Ce phénomène est traduit par le théorème d'Ampère dit aussi loi du
courant total :
 
c H.d  = N i (1.1)

où H est le vecteur intensité du champ magnétique et N le nombre des spires de l'enroulement.

B
a
b
i b
Nord
N

Sud c ℱ
a o f H

Fig 1.1
e
d

Fig 1.2

La circulation du vecteur intensité du champ magnétique sur le contour fermé c est donc égale au
courant total embrassé par ce contour. Notons que H se mesure en ampère par mètre (A/m).
Le sens du champ magnétique coïncide avec le sens de rotation du tire-bouchon ( ou d'une
vis droite) placé le long du conducteur, et qui se déplace dans le sens de circulation du courant
[2,3,4].
Le premier membre de la relation (1.1) est appelé force magnétomotrice (en abrégé f.m.m.)
ou potentiel magnétique scalaire (symbole ℱ ou F). La f.m.m. est mesurée en ampère-tour (At).
L'intégrale de la relation (1.1) peut être réalisée entre deux points a et b d'un champ magnétique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.1


Dans ce cas, elle est notée ℱab et est appelée différence de potentiel magnétique ou tension
magnétique.

1.1.2 Caractéristiques des matériaux ferromagnétiques

Pour un noyau magnétique donné, on peut écrire : H = Ni/ℓ = ℱ/ℓ et B = µH = /S. Ici, S
désigne la section transversale du circuit magnétique,  la longueur du circuit magnétique, B
l’induction magnétique,  le flux magnétique et μ la perméabilité du matériau. Par conséquent, la
courbe d'aimantation B = f(H) représente à une autre échelle la courbe = f(ℱ) .
Rappelons que μ se mesure en henry par mètre (H/m), B en tesla (T) et  en weber (Wb).
Supposons que le noyau soit complètement démagnétisé. Lorsqu'on fait varier le courant,
l'induction engendrée dans le noyau varie comme indiqué sur la figure 1.2 (chemin oa, abcd, defa).
On remarque que l'induction B engendrée dans le noyau dépend non seulement de la
valeur de l'intensité du champ H (ou du courant i), mais aussi du traitement antérieur du noyau. Ce
phénomène de dépendance de l'induction magnétique avec le passé du matériau et de
retardement de l'induction magnétique par rapport au champ inducteur est appelé hystérésis
magnétique. Le cycle abcdefa est appelé cycle d'hystérésis. L’induction Br = ob est l’induction
rémanente, tandis que le champ Hc = oc est le champ coercitif.
Les causes du phénomène d'hystérésis se trouvent dans la structure-même des atomes.
L’électron, gravitant autour du noyau atomique, crée un champ magnétique. Les atomes d'un
matériau ferromagnétique tendent à aligner leurs champs entre eux. Un tel matériau est donc
divisé en plusieurs petites régions aimantées appelées domaines de Weiss (figure 1.3.a).
L'aimantation d'un tel domaine est appelée aimantation spontanée. Lorsque l'échantillon n'est pas
aimanté, les champs des différents domaines ont des orientations très diverses ; si bien que
l'aimantation macroscopique résultante est nulle (figure 1.3.a).
Hext

a) b)
Fig 1.3

Lorsqu’on applique un champ extérieur Hext (figure 1.3.b), les domaines ont tendance à
aligner leurs champs suivant la direction de ce champ extérieur, en se retournant.
L'énergie nécessaire au retournement des domaines dans un échantillon représente un
type de pertes d'énergie communes à toutes les machines électriques. Ces pertes, dites pertes par
hystérésis, comprennent, pour ainsi dire, l'énergie dépensée pour la réorientation des domaines
durant chaque cycle d'un champ alternatif appliqué au noyau.
La modification de l’orientation des domaines de Weiss est aussi à la base de la
magnétostriction. La magnétostriction est par définition la déformation mécanique d'un matériau

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.2


ferromagnétique lors de son aimantation. Cette déformation a lieu dans une direction parallèle à
celle du champ magnétique. Inversement, une extension ou une compression mécanique
augmente ou diminue la perméabilité d'un échantillon. C'est ce phénomène de magnétostriction
qui est à la base du vrombissement des transformateurs.

1.1.3 Expression des pertes par hystérésis

L’énergie perdue par hystérésis par unité de volume de l'échantillon est donnée, pour un
cycle d'hystérésis, par la relation [2,5,8] :

W = HdB (1.2)
Les pertes par hystérésis sont donc proportionnelles à l'aire comprise sous ce cycle d'hystérésis.
Les matériaux à cycle d'hystérésis étroit sont appelés matériaux magnétiques doux. Ceux-
ci sont utilisés là où les pertes par hystérésis doivent être réduites, comme par exemple, dans les
circuits à champ magnétique alternatif des machines électriques. Les matériaux à large cycle
d'hystérésis sont appelés matériaux magnétiques durs. Ces derniers sont utilisés là où l’on a
besoin des valeurs élevées de l'induction rémanente Br et du champ coercitif Hc. On les utilise par
exemple pour la fabrication des aimants permanents. L'utilisation de la relation (1.2) pour
déterminer l'énergie perdue par hystérésis est fastidieuse, car elle nécessite la connaissance du
cycle pour chaque valeur de l'induction maximale. C'est pourquoi, une formule empirique a été
établie pour calculer ces pertes. Selon Steinmetz, les pertes par hystérésis par unité de masse (en
W/kg) dans un champ sinusoïdal valent [5,6] :
pH = k H f B2m (1.3)
où kH est un coefficient spécifique à chaque matériau, f la fréquence de variation du champ
magnétique, Bm la valeur maximale de l'induction magnétique.

1.1.4 Loi de Faraday

La f.é.m. ek induite dans un circuit fermé k est égale à l'opposé de la dérivé par rapport au
temps du flux magnétique k traversant une surface limitée par le contour de ce circuit : ek = - dk /
dt. Lorsque l'enroulement comprend N spires comme sur la figure 1.1, la f.é.m. de l'enroulement
sera égale à la somme des f.é.m. de toutes les spires :
e =  ek = -  d k = - d (  k )
N N N
(1.4)
k =1 k =1
dt dt k=1
Le terme entre parenthèse est appelé flux totalisé de l'enroulement (en anglais "flux
linkage") et est symbolisé par la lettre . On peut donc écrire :
N
d
 =  k et e= - (1.5)
k =1
dt
Lorsque les N spires sont traversées par le même flux  = k, le flux totalisé vaut  = N ,
et la f.é.m. e = - N d / dt.

1.1.5 Conducteur se déplaçant dans un champ magnétique

Lorsqu'un conducteur rectiligne de longueur  se déplace, à une vitesse ⃗, dans un champ


magnétique uniforme d'induction ⃗ (figure 1.4), il apparaît dans ce conducteur un champ électrique
induit ⃗ = v⃗ ⃗ et la f.é.m. induite dans le conducteur vaut :
    
ei =  E.d   (v  B).d  (1.6)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.3


Pour un conducteur se déplaçant perpendiculairement aux lignes du champ magnétique
uniforme, la f.é.m. vaut : ei = Blv. Le sens de la f.é.m. induite dans le conducteur peut être
déterminé à l’aide des règles mnémotechniques [1]. Citons, par exemple, la règle de la main droite,
qui est illustrée sur la figure 1.4. Cette règle s'énonce comme suit : Si on place la main droite
perpendiculairement aux lignes de champ de manière à ce que ces lignes entrent dans la paume
de la main, tandis que le pouce écarté coïncide avec le sens du mouvement du conducteur, les
quatre doigts tendus indiqueront le sens de la f.é.m. induite dans le conducteur.

N N

v v

B B

S S

Fig 1.5

On peut aussi appliquer la règle des fils élastiques, illustrée sur la figure 1.5. On considère
les lignes de champ comme des fils élastiques. Si le conducteur se déplace dans le champ, il tend
à entraîner ces fils élastiques, qui se déforment en s'enroulant autour de lui. Le sens de la f.é.m.
est alors donné par le sens de progression d'un tire-bouchon qui tournerait dans le sens
d'enroulement des fils élastiques.

1.1.6 Courants de Foucault

Considérons, comme illustré sur la figure 1.6.a, une tôle d'épaisseur e et de résistivité ρ,
soumise à une induction sinusoïdale B = Bm sin (2πft). On montre que les pertes par courants de
Foucault (i sur la figure) dans l'unité de volume (en W/m3) sont données par [4,5,7] :
pF =  e2 f B2m
2
2
(1.7)
6

e
a) b)
Fig 1.6
Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.4
Les facteurs Bm et f intéressent l'exploitant, tandis que les facteurs e et ρ intéressent le
constructeur. Le plus souvent, les courants de Foucault sont nuisibles, car ils provoquent les pertes
d'énergie qui diminuent le rendement et entraînent un échauffement dangereux des pièces qui en
sont le siège. Par conséquent, des précautions doivent être prises pour diminuer ces pertes. Si les
valeurs de l’induction Bm et de la fréquence f sont fixées, on peut réduire les pertes par courants de
Foucault, soit en diminuant l’épaisseur e des tôles, soit en utilisant des tôles de haute résistivité .
Toutes les masses métalliques soumises à un flux variable doivent être feuilletées, c'est-à-
dire qu'elles doivent être formées d'un empilage de tôles isolées les unes des autres et disposées
dans des plans parallèles aux lignes du champ magnétique (figure 1.6.b). Ceci permet de couper
le parcours des courants de Foucault engendrés dans des plans perpendiculaires au champ
magnétique. L’épaisseur des tôles est généralement comprise entre 0,25 mm et 1 mm. Le plus
souvent elle est égale à 0,5 mm [8].

1.1.7 Force électromagnétique

Une portion de conducteur d  , parcourue par un courant i et placée dans un champ


magnétique d'induction B est soumise à une force électromagnétique, dite de "force de Laplace"
(figure 1.7). L'expression de cette force est la suivante :
  
dF = id   B (1.8)
Pour un conducteur rectiligne de longueur  , disposé perpendiculairement à un champ
magnétique uniforme d'induction B, cette force a pour expression : F = i  B .

N N

B B

S S

Fig 1.8

Le sens de la force de Laplace peut être déterminé à l'aide des règles mnémotechniques
[1]. Une première règle est celle dite de la main gauche, et est illustrée sur la figure 1.7. Elle
s'énonce comme suit : Si la main gauche est disposée perpendiculairement aux lignes du champ
magnétique, de manière à ce que ces lignes pénètrent dans la paume, les doigts redressés de la

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main étant dirigés dans le sens du courant, le pouce écarté indique le sens de la force qui s'exerce
sur le conducteur.
On peut aussi appliquer la règle des fils élastiques, illustrée sur la figure 1.8. Elle s’énonce
comme suit : Le conducteur se déplace dans un sens contraire à celui de la concentration des
lignes du champ magnétique, considérées comme des fils élastiques, qui résultent de la
superposition du champ magnétique du conducteur et du champ magnétique externe.

1.1.8 Circuits magnétiques

Un circuit magnétique comme celui de la figure 1.1 peut être étudié à l'aide des relations
suivantes :
ℱab=ℛab  ou = ab ℱab (1.9)

où  est le flux de l'induction magnétique dans le tronçon ab, ℱab la différence de potentiel
magnétique du tronçon ab et ℛab la réluctance (résistance magnétique) du circuit magnétique du
tronçon ab.
La réluctance du circuit magnétique du tronçon ab peut être calculée à l'aide de la formule
suivante :

ℛ =∫ (1.10)
où μ est la perméabilité, S la section transversale et  la longueur du tronçon ab du circuit
magnétique. La réluctance ℛab se mesure en A/Vs, c.-à-d. en 1/Ωs ou en H-1.
La perméance du circuit magnétique du tronçon ab est égale à l'inverse de la réluctance
de ce circuit : = 1/ℛ. Elle est calculée à l'aide de la formule suivante :
dS
= S (1.11)

La perméance se mesure en Vs/A, c.-à-d. en Ωs ou en henry (H).

1.1.9 Circuits électriques à couplage magnétique

a) Définition
Sur la figure 1.9, on a représenté deux circuits électriques 1 et 2, traversés, coupés,
encerclés ou enserrés par les lignes d'un champ magnétique commun de flux commun c. Dans
un tel cas, on dit qu'il y a un couplage magnétique entre les circuits électriques 1 et 2.

21
12

i1 i 2

б1 N2 v2
v1 N1

б2

Fig 1.9

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.6


Examinons l'effet du courant i1 seul : i1  0, i2 = 0. Le flux 11, engendré dans le circuit 1 par
le courant i1, comprend deux parties : - le flux de dispersion ou de fuite σ1, dont les lignes de
champ traversent le circuit 1 seul et ne traversent pas le circuit 2; - le flux mutuel 21, dont les
lignes de champ traversent tous les deux circuits 1 et 2. On peut donc écrire : 11 = σ1 + 21.
Examinons ensuite l'effet du courant i2 seul : i1 = 0, i2  0. Le flux 22, engendré dans le
circuit 2 par le courant i2, comprend deux parties : - le flux de dispersion ou de fuite σ2, dont les
lignes de champ traversent le circuit 2 seul et ne traversent pas le circuit 1; - le flux mutuel 12,
dont les lignes de champ traversent tous les deux circuits 1 et 2. On peut donc écrire : 22 = σ2 +
12.
Examinons enfin l'effet des courants i1 et i2 appliqués simultanément : i1  0, i2  0. Le flux
commun est donc égal à la somme des flux mutuels dus aux effets séparés des deux courants :
c = 12 + 21. Le flux du circuit 1 engendré par les deux courants i1 et i2 vaut :
1 = 1 + 21 + 12 = 1 + c (1.12)
De même, le flux du circuit 2 engendré par les deux courants i1 et i2 vaut :
2 = 2 + 21 + 12 = 2 + c (1.13)
Les expressions de ces flux seront détaillées dans la section 3.2.3
On peut généraliser les notions précédentes au cas de K circuits électriques ayant des
couplages magnétiques. Le flux totalisé du circuit j vaut :
K
 j   L jp i p
p 1

Il peut être décomposé en : - flux propre  jj du circuit j; - et en flux mutuel  jp entre les circuits j
et p :
K
 j   jj    jp
p 1
p j

Le flux propre  jj peut être décomposé en : - flux de dispersion (ou flux de fuite)   1 , - et en flux
principal (ou flux utile ou flux de magnétisation)  mj du circuit j [27] :
 jj   j   mj
Le flux de dispersion (ou flux de fuite)  j du circuit j est le flux dont les lignes de champ traversent
les diverses spires du circuit j, mais ne traversent aucune des spires de l’un ou l’autre des (K-1)
circuits.
Le flux principal (ou flux utile ou flux de magnétisation)  mj du circuit j est le flux dont les lignes de
champ traversent les diverses spires du circuit j et une ou plusieurs des spires de l’un ou l’autre
des (K-1) circuits.

b) Marquage des bornes


Sur la figure 1.9, les sens de référence des courants i1 et i2 ont été choisis de telle sorte que
ces courants engendrent des flux orientés dans le même sens quand ces courants sont, soit
simultanément positifs, soit simultanément négatifs. D'habitude, sur les schémas électriques, on
n'indique pas explicitement la structure du circuit magnétique des enroulements couplés. Dans la
pratique, on place sur le schéma, un point (ou un astérisque) près d'une des bornes de chaque
enroulement [9]. Si les courants qui circulent dans les deux enroulements entrent tous les deux (ou

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.7


sortent tous les deux) par les bornes portant cette marque, les flux engendrés par ces courants
sont de même sens. C'est le cas de la figure 1.9. Par contre, lorsque l'un des courants entre par
une borne marquée et que l'autre courant sort par l'autre borne marquée, les flux crées par ces
courants sont de sens opposés.
Les bornes marquées de point ou d'astérisque sont appelées bornes homologues (en
anglais "dot marked terminals"). Si l'on suit les enroulements couplés, respectivement à partir des
bornes marquées, on trouve que les deux enroulements encerclent le noyau dans le même sens.

1.2 NOTATIONS ET CONVENTIONS

1.2.1 Sens de référence du courant et de la tension

Pour caractériser un dipôle (ou bipôle), deux grandeurs sont nécessaires (figure 1.10.a) :
- l'intensité du courant i(t) qui le traverse;
- la tension ou la différence de potentiel v(t) entre ses bornes.

i
AB
R
A B C D
eCD
vAB  A  B
a) b)
Fig 1.10

On a adopté arbitrairement comme sens physique du courant le sens de déplacement des


charges positives. Pour un dipôle, comme celui de la figure 1.10.a, ce courant est désigné par le
symbole iAB. Par convention, l'intensité du courant iAB est comptée positivement si le courant
circule effectivement de la borne A vers la borne B, et négativement dans le cas contraire [10]. Ce
sens du courant est indiqué sur le schéma (figure 1.10.a) par une flèche.

R i
i B
AB R
A B
eCD
e v   B  A
vAB  A  B
Fig 1.11
A
Fig 1.12

La tension ou différence de potentiel (d.d.p.) aux bornes de ce dipôle vaut : vAB = A - B, où
 désigne le potentiel d'une borne. Pour indiquer cette tension sur le schéma électrique, nous

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.8


utiliserons la convention suivante (figure 1.10.a) : Par convention, une flèche représente la d.d.p.
vAB entre la borne A voisine de sa pointe et la borne B voisine de sa queue. Deux autres
conventions sont également utilisées dans la littérature [3].
La figure 1.10.b représente une source idéale de tension. C'est un dispositif idéal qui
impose à ses bornes une tension constante eCD, indépendamment du courant débité. Cette d.d.p.
eCD est appelée f.é.m. de la source. Celle-ci est positive lorsqu'elle agit de C vers D, c.-à-d. lorsque
le potentiel de la borne C est inférieur à celui de la borne D.
Les sources réelles présentent une impédance interne. Le schéma d'une telle source est
repris sur la figure 1.11, où l'impédance interne est représentée par la résistance R. La loi d'Ohm
généralisée appliquée au schéma de la figure 1.11 s'écrit :
 A -  B + eCD = R i AB (1.14)
Pour un dipôle donné, lorsque la f.é.m. eAB et le courant iAB ont le même signe, cette f.é.m.
et ce courant ont le même sens physique. Dans ce cas, le dipôle AB est un dipôle générateur [11].
Par contre, lorsque la f.é.m. eAB et le courant iAB ont des signes contraires, cette f.é.m. et ce
courant ont des sens physiques opposés. Dans ce cas, le dipôle AB est un dipôle récepteur [11].
Ces deux cas ont donné naissance à deux conventions différentes dans le choix des sens de
référence du courant et de la tension.

1.2.2. Convention selon la règle des générateurs

Dans un générateur, le courant et la f.é.m. sont orientés physiquement dans le même sens.
Pour un générateur, le sens de référence (positif) du courant i peut donc être choisi identique à
celui de la f.é.m. e. Le schéma du générateur est donc celui de la figure 1.12. Il reste maintenant à
déterminer le sens de référence de la tension v.
Très souvent, on souhaite exprimer par un nombre positif la puissance électrique vi fournie
par un générateur. Pour cela , on appelle d.d.p. entre les bornes ou tension aux bornes d'un
générateur, la d.d.p. v entre ces bornes prise de façon telle qu'elle soit positive. On prend donc v =
B - A . La loi d'Ohm généralisée A - B + e = Ri s'écrit donc B - A = e - Ri, ou encore v = e - Ri.

Sur la figure 1.12, les sens de référence du courant et de la tension ont été choisis de telle
sorte que la pointe de la flèche de la tension soit orientée vers la borne du dipôle par laquelle le
courant sort du dipôle. C'est cette association des sens de référence du courant et de la tension
qu'on appelle convention selon la règle des générateurs [12]. Avec cette convention, une
puissance fournie par le dipôle est positive, tandis qu'une puissance reçue par le dipôle est
négative.

1.2.3 Convention selon la règle des récepteurs

Dans un récepteur, le courant et la f.é.m. ont des sens physiques opposés. Pour un
récepteur, on peut donc choisir comme sens de référence (positif) du courant i, le sens opposé à
celui de la f.é.m. e. Le schéma du récepteur est donc celui de la figure 1.13. Il reste maintenant à
déterminer le sens de référence de la tension v. i
R i
B
vR = R i

v   B  A
e v
d
ev  dt
A

Fig 1.13 Fig 1.14


Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.9
Très souvent, on souhaite exprimer par un nombre positif la puissance électrique vi
absorbée par un récepteur. Pour cela, on appelle d.d.p. entre les bornes ou tension aux bornes
d'un récepteur, la d.d.p. v entre ces bornes prise de façon telle qu'elle soit positive. On prend donc
v = B - A . La loi d'Ohm généralisée appliquée à la figure 1.13 s'écrit : B - A - e = Ri, ou encore
B - A = e + Ri; ce qui donne l'équation v = e + Ri.
Sur la figure 1.13, les sens de référence du courant et de la tension ont été choisis de telle
sorte que la pointe de la flèche de la tension soit orientée vers la borne du dipôle par laquelle le
courant entre dans le dipôle. C'est cette association des sens de référence du courant et de la
tension qu'on appelle convention selon la règle des récepteurs [12]. Avec cette convention, une
puissance reçue par le dipôle est positive, tandis qu'une puissance fournie par le dipôle est
négative.

1.2.4 Convention pour les circuits à courant alternatif

Pour les circuits à courant alternatif, les flèches indiquent les sens de référence du courant
et de la tension durant une alternance. Il est évident que durant l'autre alternance, ces sens
changent.

1.2.5 Circuits encerclés par un flux magnétique

a) Introduction
Lorsqu'un circuit électrique, comme celui de la figure 1.1 est encerclé (ou enserré) par un
flux variable, il est le siège d'une f.é.m. dont l'expression est donnée par la relation (1.5) de la loi de
Faraday. Ce circuit peut être représenté par le schéma équivalent de la figure 1.11. La loi d'Ohm
généralisée appliquée à ce schéma s'écrit : A - B + e = Ri, où e = eCD et i = iAB.

b) Convention selon la règle des récepteurs


Sur la figure 1.11, on a utilisé la convention selon la règle des récepteurs, avec v = A - B .
La loi d’Ohm s'écrit : v + e = Ri ou v = Ri - e. Sachant que e = - d/dt, on obtient :
d
v = Ri + (1.15)
dt
Dans cette relation, le terme vR = Ri représente la chute de tension sur la résistance R. On
l'appelle chute de tension ohmique [8]. Le terme d/dt est appelé tension induite [8, 17, 21]. Nous
allons le représenter par le symbole ev:
d
ev = (1.16)
dt
Notons que la tension induite ev a la même valeur absolue que la f.é.m. e, mais est de
signe opposé: ev = - e. Notons aussi que la relation (1.15) conduit au schéma équivalent de la
figure 1.14.

c) Convention selon la règle des générateurs


Lorsqu'on utilise la règle des générateurs, le schéma équivalent est repris sur la figure 1.12,
avec v = B - A. La loi d'Ohm généralisée s'écrit sous la forme suivante : A - B + e = Ri ou v = - Ri
+ e. Compte tenu de la relation e = - d/dt, on trouve :
d
v = - Ri - (1.17)
dt

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.10


1.3 REPRÉSENTATION EN COMPLEXE DES GRANDEURS SINUSOIDALES

1.3.1 Définition

Une grandeur, un courant par exemple, ayant une variation sinusoïdale en fonction du
temps est représentée par la relation :
i(t) = I m cos ( t + ) = 2 I cos (2  f t +  ) (1.18)
où Im est l'amplitude ou la valeur de crête, f = 1/T la fréquence en hertz (Hz), T la période en
seconde (s), ω = 2πf la pulsation en radian par seconde (rad/s), β la phase initiale (pour t = 0) en
radian (rad), et ωt + β la phase à un instant quelconque t en radian (rad). Pour définir une grandeur
sinusoïdale, il suffit donc de connaître trois paramètres : l'amplitude (ou la valeur efficace), la
période (ou la fréquence) et la phase initiale.
On appelle valeur instantanée complexe d'une grandeur sinusoïdale i(t) = Im cos(ωt + β), le
nombre complexe suivant :
i = I m e j( t+) = 2 I e j( t+) = 2 I e j e j t (1.19)
jωt
Le facteur e définit un opérateur de rotation, de vitesse angulaire ω et de module égal à
l'unité. Or, on montre, dans la théorie de l'automatique que, dans un circuit linéaire en régime
sinusoïdal permanent, tous les courants et toutes les tensions ont des variations sinusoïdales avec
la même pulsation ω. Le facteur ejωt est donc commun aux valeurs instantanées complexes de
toutes les grandeurs sinusoïdales de ce circuit. Il peut donc momentanément être omis dans les
calculs.
On appelle valeur efficace complexe de la grandeur sinusoïdale i(t), la grandeur complexe
I = I e j  = I / (1.20)
dont le module est égal à la valeur efficace I et dont l'argument est égal à la phase initiale  de
cette grandeur sinusoïdale i(t).
On appelle alors aussi amplitude complexe de la grandeur sinusoïdale i(t), la grandeur
complexe
I m  I m e j  I m / (1.21)
dont le module est égal à l’amplitude Im et dont l’argument est égal à la phase initiale  de la
grandeur sinusoïdale i(t).
La valeur efficace complexe et l’amplitude complexe sont également dénommées phaseur
ou substitut complexe. Dans la suite, ces deux dernières dénominations seront utilisées pour la
valeur efficace complexe. La représentation graphique des phaseurs dans un plan complexe
aboutit à un diagramme appelé diagramme des phaseurs.
Compte tenu de la pulsation ω qui est commune à tous les courants d'un circuit électrique,
le phaseur ̅ contient tous les paramètres nécessaires pour définir une grandeur sinusoïdale i(t). En
effet, connaissant le phaseur ̅ = d'une grandeur sinusoïdale i(t), on peut en déduire
l'expression de la valeur instantanée i(t) à l'aide de la relation suivante :
i(t) = Re[ 2 I e j t ] = Re[ 2 I e j e j t ] = 2 I cos(t + ) (1.22)

1.3.2 Opérations sur les phaseurs

Les phaseurs étant des nombres complexes, on peut leur appliquer toutes les règles des
opérations sur les nombres complexes. Supposons que a(t), b(t) et c(t) soient des grandeurs

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.11


sinusoïdales de même fréquence. Les développements mathématiques permettent d'établir les
propriétés suivantes [3,13] :
- si c(t) = a(t) + b(t), alors C = A + B (1.23)
- si c(t) = a(t) - b(t), alors C= A- B (1.24)
d b(t)
- si c(t) = , alors C = j  B (1.25)
dt
B
- si c(t) = b(t) dt , alors C = (1.26)
j

1.3.3 Grandeurs caractéristiques d'un dipôle

La tension aux bornes du dipôle est représentée par la relation :


v(t) = V m cos ( t + ) = 2 V cos ( t +  ) (1.27)
j
Son phaseur est représenté par la relation V = V e . On définit alors les grandeurs suivantes pour
caractériser le dipôle :
a) - L'impédance complexe Z est égal au quotient de la tension complexe par le courant
complexe :
j
Z = v = V = Vej  = Ze j  = Z cos  + j Z sin  = R + j X (1.28)
i I Ie
où R = Z cos  est la résistance, X = Z sin  la réactance du dipôle et  = α -  le déphasage entre
la tension et le courant. Les grandeurs Z, R et X se mesurent en ohm (Ω). Le terme cos  est
appelé facteur de puissance.
b) - L'admittance complexe Y est égale à l'inverse de l'impédance complexe :
Y = 1 = I = Y e- j  = Y cos  - j Y sin  = G + j B (1.29)
Z V
où G = Y cos  est la conductance et B = Y sin  la susceptance du dipôle. Les grandeurs Y, G et
B se mesurent en siemens (S) avec 1 S = 1A/1V.

c) - La puissance apparente complexe S :


S = V I * = V I e j  = V I cos  + j V I sin  = P + j Q (1.30)
où l’astérisque est utilisé pour désigner le complexe conjugué. On obtient alors les termes suivants
:
 S = VI, la puissance apparente (réelle), mesurée en volt-ampère (VA);
 P = VI cos , la puissance active, mesurée en watt (W);
 Q = VI sin , la puissance réactive, mesurée en volt-ampère réactif (VAR).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.12


1.4 SYSTEMES POLYPHASÉS

1.4.1 Définition

Un système polyphasé est un ensemble de m grandeurs sinusoïdales de même fréquence,


déphasées les unes par rapport aux autres. Le système polyphasé de m grandeurs est alors
appelé système m-phasé.
Un système m-phasé est dit symétrique ou équilibré si les valeurs efficaces de ces
grandeurs sinusoïdales sont égales et si le déphasage entre deux grandeurs consécutives vaut
2π/m.
Si les grandeurs de même fréquence n'ont pas la même valeur efficace ou si elles ne sont
pas exactement déphasées de 2π/m les unes par rapport aux autres, le système m-phasé est dit
déséquilibré ou non-symétrique.
Pour décrire l'organisation du système polyphasé, on fixe l'ordre de numérotation des
grandeurs de ce système. Prenons, par exemple un système polyphasé de tensions vj avec j = 1 à
m.
Dans un système polyphasé direct, on passe de la grandeur vj à la grandeur vj+1 par un
déphasage égal à -2π/m. Le système triphasé (m=3) direct des tensions, par exemple, est défini
par les relations suivantes :
v1 = 2 V cos t
v2 = 2 V cos (t - 2/3) (1.31)
v3 = 2 V cos (t - 4/3) = 2 V cos(t + 2/3)
Sur le diagramme des phaseurs, les phaseurs d'un système polyphasé direct sont donc ordonnés
dans le sens des aiguilles d'une montre.
Dans un système polyphasé inverse, on passe de la grandeur vj à la grandeur vj+1 par un
déphasage égal à +2π/m. Le système triphasé (m=3) inverse des tensions, par exemple, est
défini par les relations suivantes :
v1 = 2 V cos t
v2 = 2 V cos (t + 2/3) (1.32)
v3 = 2 V cos (t + 4/3) = 2 V cos(t - 2/3)
Sur le diagramme des phaseurs, les phaseurs d'un système polyphasé inverse sont ordonnés
dans le sens opposé à celui des aiguilles d’une montre.
Un système homopolaire est un système formé par des grandeurs qui sont en phase. Il est
défini par les relations suivantes :
v1 = 2 V cos  t , v2 = 2 V cos  t , v3 = 2 V cos  t (1.33)
Un circuit monophasé faisant partie d'un système polyphasé donné constitue une phase du
système (à ne pas confondre avec le mot "phase" utilisé pour désigner l'angle associé à une
grandeur sinusoïdale).
Les systèmes polyphasés utilisés dans la pratique sont les suivants :
- le système diphasé : On prend m = 4 pour le calcul du déphasage et m = 2 pour le nombre
de phases. Le système diphasé est un système de deux grandeurs de même valeur efficace et
de même fréquence dont l'une est déphasée de π/2 par rapport à l'autre. Ce n'est pas un
système polyphasé conforme à la définition, car un tel système exigerait un déphasage 2π/2 =π
entre les deux grandeurs.
- le système triphasé : m = 3
- le système tétraphasé : m = 4

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.13


- le système hexaphasé : m = 6
On définit l’opérateur de rotation « a » de la manière suivante (figure 1.15) :
1 3
a = e j2/3 = e  j 4 / 3  - + j = - 0,5 + j 0,866 (1.34)
2 2
1 3
a 2 = e j4/3 = e  j2 / 3 = - - j = - 0,5 - j 0,866 (1.35)
2 2
a3 = 1 (1.36)
1 + a + a2 = 0 (1.37)
Les opérateurs a, a2 et a3 sont représentés sur la figure 1.15.

Im

a3 Re

a2
Fig 1.15

De même, les relations suivantes sont nécessaires pour les calculs [7,46] :
1  a  j 3 a 2  3 e  j / 6
1  a 2   j 3 a  3 e j / 6
a  a2  j 3
Les trois tensions d'un système triphasé symétrique direct (1.31) sont représentées par les
phaseurs suivants :
2
V 1d = V , V 2d = a V , V 3d = a V (1.38)
Ce système symétrique est complètement défini par un seul phaseur V .
Les trois tensions d'un système triphasé symétrique inverse (1.32) sont représentées par
les phaseurs suivants :
2
V 1i = V , V 2i = aV , V 3i = a V (1.39)
Ce système symétrique est complètement défini par un seul phaseur V .

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.14


1.4.2 Les composantes symétriques

a) Définition
Pour étudier un circuit polyphasé symétrique, on fait le calcul pour une seule phase et les
résultats des autres phases sont obtenus en exploitant la symétrie du système polyphasé
symétrique (même module et déphasage de 2π/m). La phase utilisée pour le calcul est appelée
circuit ou schéma monophasé équivalent.
Une méthode d'étude des systèmes déséquilibrés a été proposée par Fortescue en 1918.
Elle consiste à décomposer un système déséquilibré de m phases en m systèmes équilibrés de m
phases, ces phases étant appelées, composantes symétriques (de Fortescue). Cette
décomposition est toujours possible.
Nous allons appliquer cette décomposition à un système triphasé (m=3). Soient , et
les trois phaseurs d'un système triphasé déséquilibré des tensions. Chaque phaseur est
déterminé par son module et son argument, c.-à-d. 2 degrés de liberté. Supposons que chaque
phaseur ait trois composantes. On peut alors écrire :
V a = V ad +V ai +V ah
V b = V bd +V bi +V bh (1.40)
V c = V cd + V ci +V ch
On aboutit à 9 composantes (18 degrés de liberté). Or les trois phaseurs de départ , et
n'ont au total que 6 degrés de libertés (2 par phaseur). Par conséquent les 9 composantes ci-
dessus ne peuvent pas être complètement indépendantes.
On force les composantes , et à constituer un système triphasé symétrique
direct. Elles exigent alors 2 degrés de liberté au lieu de 6. Ces trois phaseurs sont appelés
composantes symétriques directes (en anglais "positive-sequence components") et sont
représentés à l'aide des symboles portant l'indice "d" ou "1".
On force, ensuite les composantes , et à constituer un système triphasé
symétrique inverse. Elles exigent aussi 2 degrés de liberté au lieu de 6. Ces 3 phaseurs seront
appelés composantes symétriques inverses (en anglais "negative-sequence components") et sont
représentés à l'aide des symboles portant l'indice "i" ou "2".
Il reste maintenant trois phaseurs : , et . Ils ne peuvent pas constituer un
système direct ou inverse; sinon ils pourraient être combinés soit avec le système direct précédent,
soit avec le système inverse précédent. Pour occuper les deux degrés de liberté restant, on force
ces trois phaseurs à avoir le même module et le même argument. On obtient ainsi les
composantes dites homopolaires qui sont représentés à l'aide des symboles portant l'indice "h" ou
"o".
Compte tenu des relations (1.38) et (1.39), on peut écrire les relations suivantes entre les
composantes :
- système direct : V ad , V bd = a2 V ad , V cd = a V ad
- système inverse : V ai , V bi = a V ai , V ci = a2 V ai
- système homopolaire : V ah = V bh = V ch
Pour simplifier les notations, on pose :
V d = V ad , V i = V ai , V h = V ah (1.41)
Les composantes , et se réfèrent donc à phase a. Les relations (1.40) s'écrivent donc :
V a = V d +V i +V h
2
V b = a V d + a V i  Vh (1.42)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.15


V c = + a V d + a V i  Vh
2

La résolution de ces équations en fonctions de , et donne :


1 2
V d = 3 (V a + a V b + a V c )
1 2
V i = 3 (V a + a V b + a V c ) (1.43)
1
V h = 3 (V a + V b + V c )

Les équations (1.43) permettent de convertir les tensions de phase en composantes symétriques
des tensions. Les équations (1.42) permettent l'opération inverse. Sous forme matricielle, les
équations (1.42) s'écrivent :
Va   12 1 1 Vd 
Vb  =  a a 1 Vi  (1.44)
Vc   a a2 1 Vh 
C'est la transformation de Fortescue. Sous forme condensée, cette transformation s'écrit :
[V abc ] = [T ][V dih ] (1.45)
où [ T ] représente la matrice de la transformation de Fortescue.
Sous forme matricielle, les équations (1.43) s'écrivent aussi :
Vd  1 a a2  Va 
Vi  = 13 1 a a  Vb 
2
(1.46)
 
Vh 1 1 1  Vc 
 
C'est la transformation inverse de Fortescue. Sous forme condensée, cette transformation inverse
s'écrit :
-1
[V dih ] = [ T ] [V abc ] (1.47)
De même pour les courants on peut écrire :
[ I abc ] = [T ][ I dih ] (1.48)
-1
[ I dih ] = [ T ] [ I abc ] (1.49)

b) Effet de la transformation de Fortescue sur les impédances


Pour déterminer l'effet de la transformation de Fortescue sur les impédances, nous allons
partir du circuit de la figure 1.16, pour lequel il y aurait des couplages mutuels entre les phases.
Pour un tel circuit les tensions sont liées aux courants par la relation matricielle suivante :
V a   Z aa Z ab Z ac   I a 
    
V b  =  Z ba Z bb Z bc   I b  (1.50)
    
V c   Z ca Z cb Z cc   I c 

ou sous forme condensée :


[V abc ] = [ Z abc ][ I abc ] (1.51)

Compte tenu de la relation (1.45), on peut écrire :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.16


[ T ][V dih ] = [ Z abc ][ T ][ I dih ]
ou encore :
-1
[V dih ] = [ T ] [ Z abc ][ T ][ I dih ] = [ Z dih ][ I dih ]
en posant :
 Z dd Z di Z dh 
 
[ Z dih ] = [ T ] [ Z abc ][ T ] =  Z id Z ii Z ih 
-1
(1.52)
 
 Z hd Z hi Z hh 
Normalement la matrice [ Z abc ] n'est pas diagonale, mais peut être symétrique. Cette
symétrie peut être telle que la matrice [ Z dih ] devienne diagonale; ce qui simplifie
considérablement les calculs.

a Ia Ra X aa
jX

va Ib
b Rb Xb
jX

vb c Ic Rc Xcc
jX

vc

In
Fig 1.16

On montre que la matrice [ Z dih ] est diagonale ( Zij  0 avec ij) sous les conditions
suivantes [7] :
Z aa = Z bb = Z cc , Z ab = Z bc = Z ca , Z ba = Z cb = Z ac (1.53)
qui sont celles d'une parfaite symétrie entre les trois phases. Une valeur Z ij différente de Z ji est
permise.
Le type de matrice [ Z abc ] qui sera fréquemment rencontré dans la suite est celui où les
termes Zii de la diagonale principale sont égaux et où tous les termes Zij (avec i j), qui ne sont
pas sur la diagonale principale, sont égaux. La matrice [ Zabc] prend alors la forme suivante :
Zp Zm Zm 
Zabc   Zm Zp Zm  (1.54)
 Zm Zm Z p 

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.17


Dans ce cas, la relation (1.52) s’écrit :
1 a a2   Z p Zm Zm   1 1 1
Zdih   13 1 a2 a  Zm Z p Zm  a2 a2 1 (1.55)
1 1 1   Zm Zm Z p   a a 1
   

 Z p  (a  a2)Zm aZ p  (1  a2)Zm a2Z p  (1  a)Zm   1 1 1


Zdih   13 Z p  (a2  a)Zm a2Z p  (1  a)Zm aZ p  (1  a2)Zm  a2 a2 1 (1.56)
 Z p  2Zm Z p  2Zm Z p  2Zm   a a 1
  

 Z p  Zm a(Z p  Z m ) a 2 ( Z p  Z m ) 1 1 1
1 
Z dih    Z p  Z m a 2 (Z p  Z m ) a(Z p  Z m )  a 2
 a 1 (1.57)
3
Z p  2Z m Z p  2Z m Z p  2Z m   a a2 1

3( Z p  Z m ) 0 0  Z d 0 0
Z dih    0
1
3( Z p  Z m ) 0
 
0 Zi 0

(1.58)
3
 0 0 3( Z p  2 Z m )  0 0 Z h 

avec :
Zd  Z p  Zm (1.59)
Zi  Z p  Zm (1.60)
Z h  Z p  2Z m (1.61)

Lorsque la matrice [ Z dih ] est diagonale, il n'y a pas de couplage mutuel entre les schémas des
composantes direct, inverse et homopolaire. On obtient donc un schéma monophasé équivalent
pour le système direct, un schéma monophasé équivalent pour le système inverse et un schéma
monophasé équivalent pour le système homopolaire. Dans ce cas, les impédances Zd , Zi et Z h
correspondent respectivement aux impédances directe, inverse et homopolaire dont voici les
définitions pour un circuit symétrique :
- L'impédance directe Z d = V d / I d est l'impédance que présente une phase lorsqu'un système
direct des courants est appliqué au circuit.
- L'impédance inverse Z i = V i / I i est l'impédance que présente une phase lorsqu'un système
inverse des courants est appliqué au circuit.
- L'impédance homopolaire Z h = V h / I h est l'impédance que présente une phase lorsqu'un
système des courants homopolaires est imposé au circuit.

c) Puissance en fonction des composantes symétriques


La puissance apparente complexe totale vaut :
* * *
S3 = V a I a +V b I b +V c I c (1.62)
ou en notation matricielle :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.18


T * T *
S 3  = [V abc ] [ I abc ] = {[ T ][V dih ] } {[ T ][ I dih ] }
T T * *
S 3  = [V dih ] [ T ] [ T ] [ I dih ]
Après calcul, on trouve :
T
1 0 0
[T ] [T ] = 30 0
*
1
0 0 1 
D'où :
T *   
S 3  = 3 [V dih ] [ I dih ] = 3 Vd Id + 3 Vi Ii + 3 Vh Ih (1.63)
On constate qu'il n'y a pas de couplage des composantes (il n'y a pas de termes tels que
*
V d I ). Le facteur 3 provient du fait qu'il y a 9 composantes de tension et 9 composantes de
i
courant (3 pour la phase a, 3 pour la phase b et 3 pour la phase c). Pour faire disparaître le facteur
3, il faut définir la transformation Fortescue en multipliant la matrice de la relation (1.44) par 1/√3.
Dans la relation (1.46), le facteur 1/3 est alors remplacé par 1/√3. Cette dernière forme est
préférée par certains auteurs, car la transformation conserve les puissances.

1.5 MOUVEMENT DES MASSES TOURNANTES

1.5.1 Equation du mouvement

Si le mécanisme de masse m est animé d'un mouvement de translation à une vitesse v,


l'équation du mouvement s'écrit : Fm - Fr = m dv/dt , où Fm est la force motrice et Fr la force
résistante. Dans la plupart des mécanismes entraînés par les moteurs électriques, le mouvement
est surtout rotatif. Un tel groupe «moteur-appareil entraîné » est représenté sur la figure 1.17.
L’appareil entraîné constitue la charge du moteur.

Cm Cr
Cr
Appareil
Moteur
entraîné
électrique
= Ω
charge
Ω
Fig 1.17

Fig 1.18

Considérons le moment d'inertie J en kgm², le couple C en Nm, l'angle mécanique θm en


radians, la vitesse angulaire (mécanique) Ω en radians par seconde et le temps t en secondes. Le
mouvement des masses tournantes de la figure 1.17 est régi par l'équation :
J d 2 m = J d = C m - C r
2
(1.64)
dt dt

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.19


où Cm est le couple moteur, agissant dans le sens de rotation, et Cr est le couple résistant que
l'appareil entraîné, appelé charge, oppose à la rotation. Un couple moteur est considéré comme
positif lorsqu'il agit dans le sens de rotation. Un couple résistant est considéré comme positif
lorsqu'il agit dans le sens opposé au sens de rotation. Par conséquent :
- Dans la convention selon le fonctionnement en moteur : le couple moteur correspond au couple
électromagnétique Cém tandis que le couple résistant correspond au couple que l'appareil entraîné
oppose à la rotation.
- Dans la convention selon le fonctionnement en générateur : le couple moteur correspond au
couple appliqué par l'organe entraînant, alors que le couple résistant correspond au couple
électromagnétique que le générateur oppose à la rotation.
Si m est la masse du mécanisme en kg, R son rayon de giration en m, D son diamètre de
giration en m, G son poids en N et g l'accélération de la pesanteur en m/s², le moment d'inertie J
en kgm² vaut: J = m R² = G D²/ (4g). La grandeur GD² = 4gJ est fournie par le constructeur en Nm²
et est appelée moment de giration [5,15]. En remplaçant la vitesse angulaire par son expression Ω
= 2πn/60 = πn/30 où n est la vitesse de rotation en tours/minute, on modifie (pour faciliter les
calculs) la relation (1.64) comme suit, avec g = 9,81 m/s² :
GD  dn = C - C ou GD dn = C - C
2 2
m r m r (1.65)
4g 30 dt 375 dt
On appelle couple dynamique Cdyn, la différence entre le couple moteur Cm et le couple résistant
Cr, c-à-d : Cdyn = Cm - Cr. Dès lors, l'équation (1.64) s'écrit J dΩ/dt = Cdyn

1.5.2 Phases du fonctionnement d'un moteur

Suivant le signe de Cdyn, il y aura trois cas possibles de comportement du moteur :

a) Cdyn > 0 : Accélération


Le couple moteur est supérieur au couple résistant : Cm > Cr et dΩ/dt > 0. Dans ce cas, le
moteur accélère. La valeur de l'accélération α en rad/s² peut être calculée à partir de la formule
suivante :
 = d 2 m = d = C m - C r
2
(1.66)
dt dt J
b) Cdyn < 0 : Décélération ou freinage
Le couple moteur est inférieur au couple résistant : Cm < Cr et dΩ/dt < 0. Dans ce cas, le
moteur ralentit. Cette décélération peut être obtenue dans deux situations différentes :
- b1) Cm > 0 , mais Cm < Cr : cas où Cm est positif mais inférieur à Cr.
- b2) Cm < 0 : cas où Cm est négatif et agit donc dans le sens opposé à celui du mouvement.

c) Cdyn = 0 : Régime permanent ou établi


Le couple moteur est égal au couple résistant : Cm = Cr et dΩ/dt = 0. Dans ce cas, le
moteur fonctionne à une vitesse constante Ω = Ωp, qui peut être nulle.

1.5.3 Couple résistant

Suivant le sens d'action des couples résistants, ceux-ci peuvent être classés en deux
catégories :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.20


a) Couples de réaction
Ce sont les couples résistant de frottement, de coupe, etc. Ils s'opposent toujours au
mouvement de rotation et changent de sens lorsque le sens de rotation change. Une
caractéristique type de ces couples est reprise sur la figure 1.18.

Ω Cr = m g r
Cr
r

P =mg
a) b)
Fig 1.19

b) Couples actifs ou potentiels


Ce sont les couples dus à la pesanteur, à la traction, à la torsion des corps élastiques, etc.
Ces couples sont dits potentiels car ils sont liés à la variation de l'énergie potentielle des éléments
du dispositif entraîné. Ces couples conservent leur sens d'action lorsque le sens de rotation
change. La figure 1.19 donne par exemple le schéma d'un engin de levage. On voit que le couple
Cr = mgr créé par la charge de cet engin conserve le même sens à la montée comme à la
descente. Ce couple s'oppose au mouvement à la montée, mais contribue au mouvement à la
descente. Les couples actifs peuvent donc, soit contribuer au mouvement, soit freiner le
mouvement.

Cr /Cr N
Cm /CmN
1,5
1,5
4
1 1
1
1’
c
0,5 0,5
2
a
3 b
Ω/ΩN Ω/ΩN
0 0,5 1 1,5 0 0,5 1 1,5
Fig 1. 20 Fig 1. 21

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.21


1.5.4 Caractéristique mécanique de l'appareil entraîné

La relation Cr = f(Ω) entre le couple résistant Cr et la vitesse angulaire Ω de l'appareil


entraîné, pour une position donnée des organes de réglage, est appelée caractéristique
mécanique de cet appareil. Cette caractéristique peut prendre des formes très variées qui peuvent
être déduites de la formule expérimentale suivante [15] :

x
C r = C o + ( C rN - C o )(  ) (1.67)
N
où Co est le couple résistant de frottement dans les parties mobiles, CrN le couple résistant à la
vitesse nominale ΩN et x un exposant qui dépend de l'appareil. Suivant la forme de leur
caractéristique mécanique, les appareils entraînés peuvent être classés en quatre catégories
(figure 1.20) :

A) Appareils à couple résistant indépendant de la vitesse de rotation


Ces appareils ont un couple résistant Cr indépendant de la vitesse de rotation ou croissant
légèrement avec la vitesse de rotation. Leurs caractéristiques mécaniques sont proches des
courbes 1 et 1' de la figure 1.20 pour lesquelles x  0. Parmi ces appareils, on peut citer les
convoyeurs (à masse transportée constante), les appareils de levage, les pompes à piston à
hauteur de refoulement constante, etc.

B) Appareils à couple résistant croissant linéairement avec la vitesse de rotation


Leurs caractéristiques mécaniques sont proches de la droite 2 de la figure 1.20 pour
laquelle x = 1. Parmi ces appareils, on peut citer la génératrice à excitation indépendante.

C) Appareils à couples résistant croissant de façon non linéaire avec la vitesse de rotation.
Leurs caractéristiques mécaniques sont proches de la parabole 3 de la figure 1.20 pour
laquelle x  2. Les mécanismes de cette catégorie sont dits à caractéristique du type ventilation
[5,15]. Parmi ces appareils, on peut citer les ventilateurs, les pompes centrifuges, etc.

D) Appareils à couple résistant décroissant de façon non linéaire lorsque la vitesse de


rotation augmente.
Ces appareils ont un couple résistant qui décroît lorsque la vitesse de rotation augmente
(numéro 4 sur la figure 1.20). Leurs caractéristiques mécaniques sont dites de type essorage [5].
Parmi ces appareils, on peut citer les essoreuses, les concasseurs, les aléseuses, les fraiseuses,
les bobineuses, certains tours, etc.

1.5.5 Caractéristique mécanique d'un moteur électrique

La relation Cm = f(Ω), entre le couple moteur Cm et la vitesse angulaire Ω d'un moteur


électrique, pour une position donnée des organes de réglage, est appelée caractéristique
mécanique de ce moteur. Les caractéristiques types des moteurs électriques sont reprises sur la
figure 1.21. On appelle coefficient de rigidité de la caractéristique mécanique d'un moteur
électrique le coefficient β = dCm /dΩ . Suivant la valeur de ce coefficient, les moteurs électriques
peuvent être classés en trois catégories (figure 1.21) :

a) Moteurs à caractéristique mécanique absolument rigide


Ces moteurs ont une vitesse de rotation  indépendante du couple moteur Cm (droite « a »
de la figure 1.21 pour laquelle β). C'est le cas du moteur synchrone.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.22


b) Moteur à caractéristique mécanique rigide
Ces moteurs ont une vitesse de rotation  qui diminue un peu lorsque le couple moteur Cm
augmente (courbe « b » de la figure 1.21 pour laquelle β a une valeur absolue très élevée). Une
telle caractéristique est dite de type shunt. C'est le cas du moteur à courant continu à excitation en
dérivation ainsi que du moteur asynchrone.

c) Moteur à caractéristique mécanique douce


Ces moteurs ont une vitesse de rotation  qui décroît fortement lorsque le couple moteur
Cm augmente (courbe « c » de la figure 1.21 pour laquelle β a une valeur absolue modérée). C'est
le cas du moteur à courant continu à excitation série.

1.5.6 Temps de démarrage

Le temps mis par le groupe moteur-appareil entraîné pour passer de l'arrêt (Ω = 0) à la


vitesse de régime permanent Ωp est appelé temps de démarrage. Il peut être calculé à l'aide de la
formule suivante déduite de la relation (1.66) :
p J d
T d = 0 (1.68)
Cm - Cr

1.6 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D'UNE MACHINE ÉLECTRIQUE

1.6.1 Matériaux utilisés dans une machine électrique

Les parties d'une machine électrique peuvent être classées en trois catégories : les pièces
constructives, les parties actives (circuit magnétique et circuit électrique) et les isolants
(électriques).

a) Matériaux des pièces constructives


Les pièces constructives sont celles qui sont destinées à transmettre les charges
mécaniques, à donner à certains éléments les formes requises ou à fixer les parties actives dans
l'espace. Pour la fabrication de ces pièces, on utilise la fonte, l'acier, les métaux non ferreux et les
matières plastiques.

b) Matériaux magnétiques
Le circuit magnétique d'une machine électrique sert à canaliser le flux magnétique. Pour la
fabrication de ce circuit on utilise des matériaux ferromagnétiques (c.-à-d. très perméables). Ceux-
ci sont caractérisés principalement par la courbe d'aimantation B = f(H) et la valeur des pertes
magnétiques (par hystérésis et par courants de Foucault). Certaines parties du circuit magnétique
peuvent être soumises à des efforts mécaniques élevés. Les matériaux utilisés pour ces parties
doivent posséder de bonnes propriétés magnétiques et mécaniques.
Pour la fabrication du circuit magnétique, on utilise la fonte, l'acier, les tôles d'acier et les
alliages spéciaux.

c) Matériaux conducteurs
Les circuits électriques d'une machine électrique sont appelés enroulements. Ils servent à
canaliser le courant électrique et sont fabriqués en matériau conducteur.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.23


La circulation d'un courant dans un conducteur est accompagnée d'une dissipation de
puissance par effet Joule. Cette puissance dissipée constitue ce qu'on appelle pertes ohmiques,
pertes par effet Joule ou pertes dans le cuivre. Elles valent

pcu = RI 2 avec R = (1.69)
S
où pcu sont les pertes ohmiques en W, R la résistance en Ω, I l'intensité du courant en A, ρ la
résistivité en Ωmm²/m (ou en Ωm),  la longueur du conducteur en m et S la section du
conducteur en mm² (ou en m²). Pour les matériaux usuels et le domaine de fonctionnement
normal, la résistivité varie avec la température suivant la relation suivante :
 =  0 [1 + (t - t0 )] (1.70)
où t est la température en degré, t0 la température initiale en degré, ρ0 la valeur initiale de la
résistivité, et α le coefficient de variation de la résistivité avec la température.
Afin de réduire les pertes par effet Joule, on fabrique les enroulements à partir des
matériaux de résistivité aussi faible que possible. De plus, pour que le coût des machines soit
abordable, ces matériaux doivent être disponibles dans la nature en quantité suffisante. La
résistivité d'un conducteur dépend de son degré de pureté chimique, ainsi que des traitements
mécaniques et thermiques qu'il a subi. Les matériaux utilisés pour la fabrication des enroulements
sont les suivants :

c1) Le cuivre
Le cuivre est, après l'argent, le meilleur conducteur. En électrotechnique, on utilise le cuivre
électrolytique, qui est raffiné à 99,9 % et qui est la plus pure de variétés commerciales. A 20C, sa
résistivité vaut ρ20 = 0,01724 Ωmm²/m. Son coefficient de variation de résistivité avec la
température vaut α = 0,00393 /c.
Le cuivre électrolytique est obtenu dans la raffinerie sous forme de lingots. Il est ensuite
transformé en fils ou en barres. Cette transformation provoque un écrouissage du matériau qui
modifie ses propriétés. L'écrouissage accroît la résistivité du cuivre à ρ20 = 0,0176 Ωmm²/m. Le
cuivre écroui est utilisé pour les applications qui nécessitent des matériaux à résistance mécanique
élevé. C'est le cas des lames du collecteur, des bagues collectrices et des conducteurs des lignes
aériennes. Le fil destiné à la fabrication des enroulements doit être maniable. Pour le rendre
maniable, on le soumet à un recuit. Dans le cas des lignes de transport d'énergie, les conducteurs
de section supérieure à 10 mm² ne sont pas massifs, mais câblés (ou toronnés). L'effet combiné
de leur écrouissage et de leur câblage fait passer la résistivité du cuivre à ρ20 = 0,01786 Ωmm²/m.
Les autres grandeurs caractéristiques du cuivre sont :
- masse volumique : 8,89 kg/dm³
- tension de rupture : - métal recuit : 220 N/mm²
- métal écroui : 410 N/mm²

c2) L'aluminium
L'aluminium est aussi un bon conducteur d'électricité. La résistivité de l'aluminium écroui
vaut ρ20 = 0,02826 Ωmm²/m et son coefficient de variation de la résistivité avec la température vaut
α = 0,00403 /c. Les autres grandeurs caractéristiques de l'aluminium sont :
- masse volumique : 2,703 kg/dm³
- tension de rupture : - métal recuit : 90 N/mm²
- métal écroui : 200 N/mm²
Pour comparer l'aluminium au cuivre, on peut considérer deux conducteurs respectivement
en cuivre et en aluminium de même longueur  (= cu =  Al ) et de même résistance R (= Rcu =
RAl). On peut écrire :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.24


RAl =  Al  =  cu  = Rcu
S Al S cu
 Al 0,02826
S Al = S cu = S cu = 1,61 S cu (1.71)
 cu 0,0176
ce qui montre qu'à égalité de longueur et de résistance, la section ( le volume VAl) du conducteur
d'aluminium est 1,6 fois plus grande que la section (le volume Vcu) du conducteur de cuivre.
Compte tenu des valeurs de la masse volumique δ, le rapport des poids P de ces deux
conducteurs vaut :
P Al =  AL V Al = 2,703 . 1,6  0,5 (1.72)
Pcu  cu V cu 8,89 . 1
Par conséquent, à égalité de longueur et de résistance, un conducteur d'aluminium est beaucoup
plus léger qu'un conducteur de cuivre.
L'aluminium est largement utilisé dans la composition des conducteurs des lignes
aériennes et des câbles souterrains. A cause de son encombrement et de sa faible résistance
mécanique, l'aluminium ne convient pas pour la confection des enroulements des machines
électriques. Son unique application dans les enroulements des machines électriques est la
confection de la cage d'écureuil pour les moteurs asynchrones de petite puissance.

d) Les matériaux isolants


Les isolants sont destinés, soit à isoler les conducteurs entre eux, soit à isoler les
conducteurs de la masse. Les propriétés exigées des matériaux isolants sont les suivantes :
- Une rigidité diélectrique élevée: La rigidité diélectrique est la valeur maximum Em du champ
électrique (en kV/mm) auquel peut être soumis un diélectrique sans apparition de claquage dans
des conditions d'essai bien déterminées (fréquence industrielle, courant continu, choc de foudre).
Cette propriété intervient dans la détermination de l'épaisseur des isolants.
- la conductivité thermique qui favorise l'évacuation de la chaleur due aux pertes;
- la résistance mécanique qui entraîne une bonne tenue aux efforts mécaniques;
- la tenue à la chaleur qui détermine la durée de vie de la machine;
- la résistance à l'humidité;
- la résistance aux agents chimiques
- etc.
La température maximale d'une machine électrique est déterminée par la tenue à la
chaleur des isolants utilisés. Selon la loi de Montsinger, si la température augmente d'environ 8 C,
la durée de vie d'un isolant est réduite de moitié [7,26]. La commission électrotechnique
internationale (CEI) a prévu sept classes d'isolants solides des machines électriques suivant leur
tenue à la chaleur (Tableau 1.1).

Tableau 1.1
Classe Y A E B F H C
Température 90 105 120 130 155 180 >180
maximale [c] 

1.6.2 Mode de déplacement et forme des parties mobiles

Une machine électrique se compose d'une partie fixe (B sur la figure 1.22) appelée stator et
d'une partie mobile (A sur la figure 1.22), appelée rotor dans le cas d'un mouvement de rotation. Le
rotor et le stator sont séparés par un espace d'air appelé entrefer.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.25


7
6 B
4 5

3
1
2 A

Fig 1. 22 Fig 1. 23

Le stator ou le rotor comprennent un circuit magnétique, un ou plusieurs enroulements et


des pièces constructives. En général, la partie mobile de la machine ne possède qu’un degré de
liberté, les déplacements dans les autres directions étant empêchés grâce à des paliers.
Sur la figure 1.22, les lettres et les chiffres désignent les parties suivantes : A – rotor, B –
stator, 1 – arbre, 2 – palier, 3 – noyau rotorique, 4 – enroulement rotorique, 5 – noyau statorique, 6
– enroulement statorique, 7 – pièces constructives.
La partie mobile d'une machine électrique peut être animée d'un mouvement de rotation
(figure 1.22). Une telle machine est dite tournante ou rotative et sa partie mobile s'appelle rotor. Ce
type de machine est le plus répandu. Généralement le rotor est situé à l'intérieur du stator.
Il existe aussi des machines dites à entrefer axial, dans lesquelles le stator et le rotor ont la
forme de disque (figure 1.23).
On fabrique aussi des machines dans lesquelles la partie mobile est animée d'un
mouvement de translation par rapport au stator. Ces machines sont dites linéaires. Une machine
linéaire est dite plate lorsque ses parties fixe et mobile ont la forme de parallélépipède rectangle
(figure 1.24). Une machine linéaire est dite cylindrique lorsqu'une pièce magnétique de forme
cylindrique se déplace dans le sens axial à l'intérieur d'une pièce fixe de forme cylindrique (figure
1.25). Les machines linéaires plates sont utilisées dans le transport par rail; tandis que les
machines linéaires cylindriques sont utilisées pour la translation des éléments de certains
mécanismes.

Fig 1. 24
Fig 1. 25

1.6.3 Pertes d'énergie dans les machines électriques

a) Définition
Une fraction de l'énergie fournie à une machine électrique est transformée en pertes qu’on
peut classer en trois catégories :
- Les pertes d’énergie par effet Joule pcu, dues à la circulation des courants dans les
enroulements (appelées pertes ohmiques, pertes par effet Joule ou pertes dans le cuivre, section
1.6.1.C).
- Les pertes d'énergie provoquées par la variation périodique des flux magnétiques. La puissance
dissipée sous cette forme est appelée pertes magnétiques, ou pertes dans le fer, pfe.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.26


- Les pertes d'énergie par frottement des parties tournantes ou en mouvement en général. La
puissance perdue sous cette forme est appelée pertes mécaniques, pméc.

b) Pertes par effets Joule : pcu


Ces pertes sont calculées à l'aide de la relation (1.69). L'expression de la résistance utilisée
dans cette relation donne la valeur de la résistance ohmique Rohm qui correspond à une répartition
uniforme du courant suivant la section du conducteur (cas du courant continu ou des courants
alternatifs de très faible fréquence).

J J

P1
Machine
électrique P2
X
Fig 1.27

a) b) c) d)

Fig 1. 26
Lorsque le conducteur est parcouru par un courant alternatif, ce courant est répartie de façon
inégale sur la section du conducteur. Ce phénomène, appelé effet pelliculaire, est dû au champ de
dispersion. Pour l'expliquer, prenons une entaille, appelée encoche, qui ne renferme qu'un seul
conducteur (figure 1.26.a). La figure montre que la réactance (ou le flux totalisé) de dispersion d'un
élément de conducteur situé plus près de l'entrefer est inférieure à celle de l'élément situé plus
près du fond de l'encoche; ce qui entraîne une variation de la densité du courant avec la hauteur
du conducteur (figure 1.26.b). La répartition du courant suivant la largeur du conducteur est
presque uniforme. L'irrégularité ne se manifeste que suivant la hauteur de la section du
conducteur, la plus grande densité du courant J étant localisée dans les éléments du conducteur
situés plus près de l'entrefer. Cet effet pelliculaire est d'autant plus accentué que la fréquence du
courant est élevée.
Dans le cas des courants alternatifs, les pertes doivent donc être calculées d'après la
résistance effective Ref = kR Rohm, kR étant un coefficient de majoration de la résistance compte
tenu de l'effet pelliculaire. Le coefficient kR varie avec la hauteur du conducteur, mais est
indépendant de sa largeur.
Pour réduire la majoration des pertes due à l’effet pelliculaire, on divise le conducteur
massif en plusieurs conducteurs élémentaires suivant la hauteur de l’encoche (figure 1.26. c et d).
Ces conducteurs élémentaires sont transposés, soit dans les encoches, soit dans les parties
frontales.
c) Pertes magnétiques : pfe
Les pertes par hystérésis pH (section 1.1.3) associées aux pertes par courants de Foucault
(section 1.1.6) provoquent l'échauffement des organes de la machine dans lesquels le champ
magnétique est variable. Vu que ces deux types de pertes prennent naissance à l'intérieur du
noyau magnétique, elles sont souvent regroupées en un terme appelé pertes magnétiques ou
pertes dans le fer et que nous représentons par le symbole pfe.
En sommant les pertes par hystérésis pH données par la relation (1.3) et les pertes par
courants de Foucault pF données par la relation (1.7), on obtient une expression générale des
pertes magnétiques spécifiques :
p fe  k H f B m2  k F f 2 B m2 (1.73)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.27


où pfe sont le pertes magnétiques spécifiques en W/kg, f la fréquence en Hertz, Bm l’amplitude de
l’induction magnétique en tesla (T), kH un coefficient spécifique au matériau relatif aux pertes par
hystérésis, et kF un coefficient spécifique au matériau relatif aux pertes par courants de Foucault.

d) Pertes mécaniques : pmec


Les pertes mécaniques comprennent :
- Les pertes par frottement dans les paliers : Elles augmentent avec la vitesse de rotation et la
masse du rotor.
- Les pertes par frottement des balais sur le collecteur ou sur les bagues : Elles augmentent avec
la vitesse de rotation et avec la surface de contact des balais avec le collecteur ou avec les
bagues.
- Les pertes par frottement du rotor contre le fluide du milieu ambiant : Ces pertes augmentent
avec la masse volumique et la viscosité de ce fluide. Le plus souvent, c'est l'air qui est utilisé
comme fluide caloporteur dans les machines électriques. L'hydrogène a une masse volumique
plus faible que celle de l'air. L'hydrogène est plus efficace que l'air dans les échanges thermiques
par conduction et par convection. C'est la raison pour laquelle dans les machines électriques de
grande puissance, le refroidissement est assuré par circulation d'hydrogène. On peut aussi réduire
ces pertes en donnant au rotor une forme extérieure lisse et sans saillies. Toutes choses égales
par ailleurs, ces pertes augmentent avec le rapport diamètre/longueur de la machine.
- Les pertes par ventilation : C'est la puissance consommée par les ventilateurs ou les pompes
pour faire circuler le fluide dans le système de refroidissement. Ces pertes augmentent avec le
débit et la pression du fluide.

1.6.4 Rendement des machines électriques

Désignons par p les pertes totales d'énergie dans une machine électrique : p = pcu + pfe +
pméc. A cause de ces pertes et en vertu du principe de la conservation de l'énergie, la puissance
utile P2 (ou Pu) fournie par la machine, est inférieure à la puissance P1 reçue par la machine
(figure 1.27) : P1 = P2 + p.
Le rendement η d'une machine électrique est alors défini comme le rapport de la puissance
utile P2, fournie par la machine à la puissance P1 reçue par la machine :
- p p
 = P 2 = P1 = 1- =
P2
(1.74)
P1 P1 P1 P 2 + p
Un générateur reçoit la puissance mécanique Pméc à l'arbre et fournit la puissance
électrique Pél au récepteur. Le rendement d'un générateur est alors donné par : ηg = Pél / Pméc .
Un moteur reçoit la puissance électrique du réseau et fournit la puissance mécanique à
l’appareil entraîné par son arbre. Le rendement du moteur est donné par : ηm = Pméc / Pél.
Dans les machines électriques, les pertes d'énergie sont relativement faibles
(généralement inférieures à 10 %). L'énergie perdue est transformée en chaleur qui échauffe la
machine. Pour assurer un bon fonctionnement de la machine pendant une durée d'exploitation
normale (environ 20 ans), la température de la machine ne doit pas dépasser les limites indiquées
dans la section 1.6.1.d. Par conséquent, pour éviter un échauffement excessif de la machine, la
chaleur due aux pertes doit être évacuée vers l'extérieur à l'aide d'un système de refroidissement
efficace.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 1.28


DEUXIEME PARTIE

LE TRANSFORMATEUR
Chapitre 2

CONSTITUTION DU TRANSFORMATEUR
2.1 DEFINITIONS

Le transformateur est un appareil statique à induction électromagnétique, à deux


enroulements ou plus, destiné à transformer un système de tension et courant alternatifs en un
autre système de tension et courant alternatifs de même fréquence, généralement de valeurs
différentes [17].
Le transformateur monophasé est schématisé sur la figure 2.1. L'énergie électrique est
fournie par le réseau (ou la source) à un enroulement du transformateur appelé enroulement
primaire. Cette énergie est transmise par l'intermédiaire du champ magnétique au deuxième
enroulement, appelé enroulement secondaire. L'enroulement secondaire est branché sur les
récepteurs ( Zc ), auxquels il fournit l'énergie électrique.

A i 1 i 2
a

v1 v2 Zc
B b

Fig 2.1

Les grandeurs relatives à l'enroulement primaire sont désignées à l'aide des lettres
portant l'indice 1 (par exemple, la tension primaire v1, le courant primaire i1, leur fréquence f1, le
nombre de phases de l'enroulement primaire m1). Les grandeurs relatives à l'enroulement
secondaire sont désignées à l'aide des lettres portant l'indice 2 (par exemple, la tension
secondaire v2, le courant secondaire i2, leur fréquence f2, le nombre de phases de l'enroulement
secondaire m2).
Selon la définition ci-dessus, le transformateur est utilisé pour modifier la tension (v2 
v1) et le courant (i2  i1) sans changer la fréquence (f2 = f1 = f) ni le nombre de phases ( m2 = m1
= m). Lorsque m2 = m1 = 1, le transformateur est dit monophasé. Lorsque m2 = m1 = 3, le
transformateur est dit triphasé.
Le régime de fonctionnement nominal ou assigné d'une machine électrique est le
régime pour lequel la machine a été calculée et fabriquée. Les grandeurs qui caractérisent ce
régime sont appelées grandeurs nominales. Elles sont désignées par des lettres portant l'indice
N. Ces grandeurs sont marquées sur une plaque collée sur la machine, appelée plaque
signalétique de la machine. Les grandeurs nominales du transformateur sont les suivantes :
a) - La tension nominale primaire. C'est la tension simple V1N en monophasé, ou la tension
entre phases U1N en triphasé.
b) - La tension nominale secondaire. C'est la tension secondaire à vide (pour i2 = 0), lorsque la
tension primaire est égale à la tension primaire nominale. Il s'agit de la tension simple V2N en
monophasé, ou de la tension entre phases U2N en triphasé.
c) - La puissance nominale SN. C'est la puissance apparente nominale S1N de l'enroulement
primaire, qui est à peu près égale à la puissance apparente nominale S2N de l'enroulement
Machines électriques - Kamabu Tsongo 2.1
secondaire : SN = S1N  S2N. Les valeurs usuelles de la puissance apparente des transforma-
teurs sont les suivantes (kVA) : 25-50-100-160-(200)-250-(315)-400-(500)-630-800-1000-1250-
1600-2000-2500-3150-4000-5000-6300-8000-10000-12500-16000-20000. Les transformateurs
de puissance supérieure à 20 MVA sont fabriqués sur commande.
d) - Le courant nominal primaire : I1N = SN/V1N en monophasé ou I1N = SN/(√3U1N) en triphasé
(courant de ligne).
e) - Le courant nominal secondaire : I2N = SN/V2N en monophasé ou I2N = SN/(√3U2N) en
triphasé (courant de ligne).
f) - La fréquence nominale fN. C'est la fréquence des courants et des tensions. La fréquence
industrielle est de 50 Hz dans la plupart des pays, et 60 Hz dans quelques rares pays comme
les États-Unis d'Amérique.

Un transformateur est dit abaisseur lorsque U1N > U2N. Il est dit élévateur lorsque U1N <
U2N. Les bornes de l'enroulement haute tension (HT) sont désignées par des lettres majuscules
(A et B sur la figure 2.1). Les bornes de l'enroulement basse tension (BT) sont désignées par
des lettres minuscules (a et b sur la figure 2.1).
Les transformateurs utilisés dans les réseaux électriques (pour le transfert d’énergie)
sont appelés transformateurs de puissance. On rencontre aussi des transformateurs de types
spéciaux dans les diverses installations industrielles (les transformateurs de mesure, par
exemple).

2.2 ÉLÉMENTS CONSTITUTIFS D'UN TRANSFORMATEUR

2.2.1 Parties actives

Les parties actives sont celles qui assurent la conversion de l'énergie. Il s’agit du circuit
magnétique et des enroulements.
Pour réduire la consommation de puissance réactive, on diminue les flux magnétiques
de dispersion en réduisant les intervalles entre les enroulements primaire et secondaire. C'est la
raison pour laquelle on place les bobines des enroulements primaire et secondaire de chaque
phase sur une même portion de circuit magnétique (figure 2.2). Cette portion du circuit
magnétique est appelée colonne.
a BT b

2 2
2
3 HT

BT

Fig 2.3
A HT B
Fig 2.2

Les enroulements peuvent être concentriques comme sur la figure 2.2. Dans ce cas, les
enroulements sont réalisés sous forme de cylindres coaxiaux. Les enroulements peuvent aussi
être réalisés sous forme de bobines plates, appelées galettes (fig. 2.3). Dans ce cas, les
enroulements sont dits à galettes. Lors du montage, on alterne les galettes haute tension avec
les galettes basse tension.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 2.2


Pour réduire les pertes magnétiques, le noyau magnétique est constitué des tôles
d'acier doux, de résistivité élevée, et dont l’épaisseur est de l’ordre de 0,5 mm.
Le circuit magnétique d’un transformateur peut être, soit à colonnes, soit cuirassé. Dans
le transformateur monophasé à colonnes (figure 2.2), chaque colonne porte la moitié de
l’enroulement primaire et la moitié de l’enroulement secondaire. Les portions du circuit
magnétique reliant les colonnes sont appelées culasses. Dans le transformateur monophasé
cuirassé (figure 2.3), une colonne porte les enroulements primaire et secondaire, et est
entourée des deux côtés par d’autres tronçons du circuit magnétique. Dans le transformateur
cuirassé, le flux de la culasse est égal à la moitié du flux de la colonne. La section de la culasse
peut alors être égale à la moitié de la section de la colonne. Il en résulte une réduction de la
hauteur totale du transformateur; ce qui facilite son transport.
Le circuit magnétique du transformateur peut être élaboré de la manière suivante : -
confection séparée des colonnes et des culasses, - placement des enroulements sur les
colonnes, - liaison de ces colonnes et de ces culasses en un système fermé. Un tel circuit
magnétique est dit de type bout à bout (ou à joints plans). Pour empêcher la circulation des
courants de Foucault dans les parties jointives entre les colonnes et les culasses, on place dans
ces parties des joints isolants. Malheureusement, ces entrefers en matériaux non-magnétiques
augmentent la puissance réactive consommée par le transformateur. Par conséquent, malgré
sa facilité de fabrication, le circuit magnétique à joints plans est peu utilisé.
Le mode de construction le plus répandu est celui du circuit magnétique feuilleté à joints
enchevêtrés. Dans ce mode de construction, chaque tôle appartient à la fois à la colonne et aux
culasses. Les tôles sont empilées une à une et sont croisées aux joints comme illustré sur la
figure 2.4. Le placement des enroulements se fait de la manière suivante : - retrait des tôles de
la culasse supérieure, - placement des enroulements sur les colonnes, - remise des tôles
retirées. Dans ce mode de construction, l'entrefer entre les tôles horizontales et les tôles
verticales est très réduit. Grâce à cette réduction de l'entrefer, la puissance réactive
consommée par le transformateur à joints enchevêtrés sera plus faible que celle du
transformateur à joints plans.

Couches1,3,5… Couches 2,4,6...


Fig 2.4

Les colonnes, les culasses ainsi que les pièces de fixation des enroulements constituent
une structure appelée carcasse du transformateur.

2.2.2. Technologie de fabrication des pièces constructives

Suivant la technologie de fabrication, Il existe deux types de construction de


transformateurs : les transformateurs de type sec et les transformateurs immergés dans de
l'huile.

A) Transformateur de type sec


Dans ce type de construction, l'isolation des enroulements est réalisée à l'aide d'isolants
secs et le refroidissement est assuré par l'air ambiant, sans liquide intermédiaire. La circulation
de l'air pour le refroidissement peut être naturelle, forcée ou mixte. Les transformateurs de type
sec peuvent être classés en deux catégories :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 2.3


A1 - Les transformateurs secs à enroulement enrobé (ou encapsulé) : ce sont des
transformateurs de type sec dont un ou plusieurs enroulements sont enrobés, c.-à-d. enfermés
dans un moulage généralement à base de résine. L'enrobage de l'enroulement confère aux
transformateurs une excellente tenue à l'air humide, aux poussières et aux surtensions.
A2 – Les transformateurs secs à enroulements non-enrobés : ce sont des transformateurs
de type sec dont l'isolation des enroulements est réalisée de manière classique, sans enrobage.
L'isolation du transformateur de type sec doit avoir une haute résistance au feu. Il est
choisi de manière à ne pas dégager de gaz corrosifs ou toxiques. Les parties actives d'un
transformateur sec sont souvent entourées d'une plaque métallique. Celle-ci a pour rôle de
protéger ces parties contre les agents extérieurs et d'éviter les contacts des utilisateurs avec
les parties sous tension. Les transformateurs de type sec sont fabriqués jusqu'à une
puissance d'environ 10 MVA. [18,19].

B) Transformateur immergé dans l'huile


Dans ce type de construction, les parties actives (circuits magnétiques et enroulements
généralement isolés au papier imprégné) sont immergées dans un diélectrique liquide, c.-à-d.
dans l'huile (figure 2.5). Cette huile joue à la fois le rôle d'isolant et de fluide caloporteur pour le
transfert de chaleur. Elle doit par conséquent avoir une rigidité diélectrique élevée et une bonne
conductibilité thermique. De plus, pour la protection des personnes et de l'environnement, cette
huile doit être ininflammable et exempte de composés nocifs (corrosifs ou toxiques).

9
8 3
4
2
7
5

6
1

Fig 2.5
La cuve contenant l'huile et les parties actives du transformateur doit avoir une
résistance mécanique suffisante pour supporter la masse de son contenu ainsi que les
sollicitations dues à la manutention. Par suite des variations de température à l'intérieur de la
cuve, l'huile se dilate et si la cuve était complètement remplie, il s'y développerait des pressions
qui détruiraient cette cuve. De plus, si l'huile entre en contact avec l'air humide, elle s'oxyde en
absorbant de l'humidité; ce qui réduit ses qualités diélectriques. La cuve du transformateur doit
donc être fabriquée de manière à ce qu'elle absorbe la dilatation de l'huile tout en évitant la
contamination de cette huile. Pour atteindre ce double objectif, les constructeurs des
transformateurs ont adopté les variantes suivantes [18] :
B1 - Cuve rigide hermétique : La cuve rigide hermétiquement fermée n'est pas complètement
remplie d'huile. L'espace au-dessus de l'huile contient un gaz inerte, qui ne réagit pas
chimiquement avec l'huile. La dilatation de l'huile est absorbée par ce coussin ou matelas de
gaz. Dans une cuve de cette technologie, la pression peut atteindre des valeurs élevées.
B2 - Cuve hermétique élastique : La cuve élastique est complètement remplie d'huile. La
dilatation de l'huile est compensée par la déformation élastique de la surface, habituellement
ondulée, de la cuve.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 2.4


B3 - Cuve rigide hermétique à réservoir externe de gaz : C'est une technologie semblable à
celle du point B1 ci-dessus, mais une canalisation relie le matelas de gaz à un réservoir externe
de gaz à pression réduite.
B4 - Cuve munie d'un conservateur à respirateur : La cuve est complètement remplie d'huile.
La dilatation de l'huile s'opère à travers la canalisation entre la cuve et un réservoir d'expansion
appelé conservateur (3) situé au-dessus de la cuve (figure 2.5). Le conservateur n'est pas
complètement rempli d'huile; mais l'espace au-dessus de l'huile contient de l'air. L'air du
conservateur communique avec l'atmosphère à travers une canalisation (5) et un récipient (6)
contenant un produit qui absorbe l'humidité de l'air. Comme produit assécheur d'air appelé
aussi produit dessiccateur, on utilise généralement des cristaux de gel de silice (en anglais
"silica gel "). A l'état sec, ces cristaux sont de couleur bleue. Après avoir absorbé suffisamment
d'humidité, ces cristaux prennent la couleur rose et il faut les remplacer. Pour empêcher la
pénétration des gouttelettes d'eau dans la cuve, l’entrée d'air dans la canalisation (5 et 6) est
située vers le bas. L'huile utilisée dans un transformateur de cette technologie doit être
régulièrement traitée pour éliminer l'humidité absorbée.
B5 - Cuve munie d'un conservateur à membrane : Cette technologie est semblable à celle
du point B4 ci-dessus; mais pour éviter le contact direct entre l'huile et l'air ambiant, ces deux
corps sont séparés dans le conservateur par une membrane élastique.

C) Autres accessoires de la cuve


- Relais Buchholz. - Ce relais est placé dans la canalisation qui relie la cuve au
conservateur (7 sur la figure 2.5). Il sert à détecter les défauts internes à la cuve. La chaleur due
à un défaut de faible gravité provoque une décomposition de l'huile et des isolants solides
accompagnée d'un dégagement de gaz. Les bulles de ce gaz viennent se concentrer dans la
partie supérieure de la chambre du relais. Elles font alors basculer un flotteur qui ferme un
contact de signalisation (alarme, par exemple). En cas de défaut grave, comme un court-circuit
entre spires, une masse énorme de gaz est dégagée, la pression dans la cuve augmente et
l'huile s'écoule très rapidement vers le conservateur. Cet écoulement fait basculer un autre
flotteur qui ferme les contacts de commande débranchant le transformateur du réseau.
- Mécanisme de limitation de la pression. - Ce mécanisme protège la cuve contre les
déformations dues à un dégagement interne de gaz. Il est constitué d'un tuyau d'acier (8 sur la
figure 2.5), généralement incliné. Une extrémité de ce tuyau est dans la cuve; tandis que l'autre
est fermée à l'aide d'une membrane (9). La constitution de cette membrane est telle qu'elle
cède avant que la cuve ne se déforme. Au-dessus d'une certaine pression, la membrane est
expulsée et le mélange d'huile et de gaz est projeté loin de la cuve.
- Radiateurs et thermomètres. - Pour augmenter la surface d'échange de chaleur
entre l'huile chaude et l'air, la cuve peut être munie de radiateurs situés sur ses faces latérales
(pas repris sur la figure 2.5). La circulation de l'air sur les parois des radiateurs peut être
accélérée par des ventilateurs qui se mettent automatiquement en marche dès que la
température de l'huile dépasse une certaine valeur. On prévoit aussi dans la cuve des
thermomètres dont les indications sont affichées sur le tableau de commande.
- Indicateur du niveau d'huile et décanteur. - Le conservateur est muni d'un verre
indicateur à travers lequel on voit le niveau de l'huile (4 sur la figure 2.5). On prévoit aussi, à la
partie inférieure de la cuve, un décanteur qui recueille les impuretés.
- Isolateurs de traversée. - Les connexions des bornes des enroulements aux circuits
extérieurs se font à travers les isolateurs de traversée (2 sur la figure 2.5). Ce sont des
isolateurs, généralement en porcelaine, dont la tige centrale est conductrice. La taille d'un
isolateur de traversée augmente avec la tension.
- Commutateur de réglage de la tension. - Les transformateurs de puissance sont
munis de commutateurs servant au réglage de la tension.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 2.5


Chapitre 3

TRANSFORMATEUR MONOPHASÉ
3.1 FONCTIONNEMENT A VIDE

3.1.1 Définition du fonctionnement à vide

On applique aux bornes de l’enroulement primaire une tension sinusoïdale :


v1 = V 1m cos t = 2 V 1 cos t (3.1)
où V1m est l'amplitude, V1 la valeur efficace, ω = 2πf la pulsation et f la fréquence de la tension. On
appelle fonctionnement à vide, le fonctionnement du transformateur durant lequel l'enroulement
secondaire est ouvert (Zc , i2 = 0).
La figure 3.1 représente un transformateur monophasé fonctionnant à vide. Pour plus de
clarté, on a représenté les enroulements sur deux colonnes différentes. Les sens des grandeurs
indiqués sur cette figure sont les sens positifs.

i 1 i =0
2

v1 N1 N2
б1 v2

Fig 3.1

3.1.2 Équations du transformateur à vide

L’application de la tension v1 à l’enroulement primaire entraîne la circulation, dans cet


enroulement, d’un faible courant i0. Ce courant est appelé courant à vide. Il engendre un champ
magnétique constitué de deux composantes :
a) - Le champ magnétique commun, de flux commun c, dont les lignes de champ se referment à
l'intérieur du noyau magnétique et traversent toutes les N1 spires du primaire et toutes les N2 spires
du secondaire.
b) - Le champ magnétique de dispersion ou de fuite, de flux de dispersion σ1, dont les lignes de
champ ne traversent que les N1 spires du primaire.
Le flux totalisé de l'enroulement primaire vaut : 1 = N1(σ1 + c). Le flux totalisé de
l'enroulement secondaire vaut : 2 = N2c. Ces flux créent respectivement les tensions induites ev1
= d1/dt et ev2 = d2/dt dans les enroulements. Dans la suite, ce sont ces tensions induites qu’on
appellera forces électromotrices (section 1.2.5.b). Compte tenu des sens de référence de la figure
3.1, les équations des tensions aux bornes des enroulements sont les suivantes :
d
v1 = R1 i0 + ev1 = R1 i0 + dt 1 (3.2)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.1


d
v2 = ev2 = dt 2 (3.3)
où R1 est la résistance de l'enroulement primaire.
Les lignes du champ magnétique de dispersion se ferment par des chemins de faible
perméabilité. Le flux de dispersion est donc négligeable par rapport au flux commun : σ1 << c.
D'autre part, la résistance R1 étant très faible, on a : R1i0 << ev1. Par conséquent,
d
v1  ev1 = dt 1 = Ev1m cos t  V 1m cos t (3.4)
La f.é.m. ev1 est une fonction sinusoïdale dans le temps et elle est à peu près égale à la tension
appliquée (Ev1m  V1m). La relation (3.4) s'écrit :
d c ou d c = E v1m cos t ;
E v1m cos t = N 1 dt dt
(3.5)
N1
d'où
E v1m E v1m
c =  cos t dt = cos (  t - 90 ) =  cm cos ( t - 90 ) (3.6)
N1  N1
Le flux est donc lui aussi sinusoïdal, avec un amplitude :
V 2V V
cm = Ev1m =  1m = 2 fN1 = 4,44 1fN (3.7)
N1 N1 1 1
En conclusion, si la tension appliquée est sinusoïdale dans le temps, le flux et donc
l'induction (B = /Sfe où Sfe est la section du noyau magnétique) le sont également; mais le flux et
l'induction sont déphasés de 90 en arrière par rapport à la tension appliquée. De plus l'amplitude
du flux ou de l'induction ne dépend pas de propriétés du matériau, mais uniquement de la tension
appliquée V1, de la fréquence f et du nombre des spires N1. Cette importante conclusion est
valable non seulement pour le transformateur, mais aussi pour tout dispositif à courant alternatif.
Notons aussi que si une bobine à noyau magnétique conçue pour 60 Hz est soumise à une
même tension sous 50 Hz, l'induction et le flux augmentent de 20%, car 50/60 = 60/50 =1,2. Ceci
peut amener le circuit magnétique à la saturation et augmenter fortement le courant absorbé.
Compte tenu de la relation (3.7), la valeur efficace de la tension induite primaire vaut :

E v1 = Ev1m = N 1 cm = 2 f N 1 cm = 4,44f N 1 cm (3.8)
2 2 2
De la même manière, la relation (3.3) s'écrit :
d c = 
v2 = ev2 = N 2 dt N 2 cm cost = Ev2m cost (3.9)
Cette f.é.m ev2 est sinusoïdale, elle est en phase avec la f.é.m. ev1, et sa valeur efficace vaut :

V 2 = E v2 = Ev2m = N 2 cm = 2 f N 2 cm = 4,44f N 2 cm (3.10)
2 2 2
La relation donnée dans les formules (3.8) et (3.10) est appelée « relation de Boucherot » [45].

3.1.3 Courbe de courant à vide

Le courant i0 de l’enroulement primaire doit s’ajuster de manière à fournir la f.m.m. ℱ0 =


N1i0 requise pour la création du flux c déduit des relations (3.6) et (3.7). Or, le flux c est lié à la
f.m.m. ℱ0 par la relation ℱ0 = c/ m, où m= S/  est la perméance du circuit magnétique. Par
conséquent, le courant à vide vaudra : i0 = c/( mN1). La valeur du courant à vide i0 dépend donc
Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.2
des propriétés magnétiques des matériaux constituant le noyau magnétique.
En partant de la courbe  = f 2 (t) , on peut déterminer graphiquement la courbe i0 = f(t) , si
on connaît le cycle d'hystérésis  = f 3 (i) [9,16]. On choisit une valeur arbitraire de flux  (point
1) et on se déplace en passant successivement par les points 2,3 et 4. Le courant i0 est donné par
l'intersection (point 5) de l'horizontale passant par le point 4 avec la verticale passant par le point 1.
Cette procédure peut être reprise pour plusieurs valeurs du flux. On obtient alors une courbe
i0 = f(t) non-sinusoïdale, légèrement déphasée de celle du flux  = f 2 (t) , même si celle du flux
est sinusoïdale.
La courbe i0 = f(t) peut être décomposée en une série de Fourrier : i0 = Σ ik = Σ 2 Ik sin kωt
, où les termes ik sont sinusoïdaux et sont appelés harmoniques. Dans le cas présent, ces
harmoniques sont tous impairs : k = 1, 3, 5,... La valeur efficace I0 du courant à vide vaut :
2 2 2
I 0 = I 1 + I 3 + I 5 + ... (3.11)
On appelle alors taux d'harmonique, le rapport
2
+ 2 + 2 + ...
 = I 3 I 5 I7 (3.12)
I1
Le courant à vide i0 étant très faible ( 5% de I1N [20]), son caractère non-sinusoïdal est
souvent ignoré. Dans la pratique, on le remplace par un courant sinusoïdal équivalent de même
fréquence et de même puissance. Dans la suite, c'est ce courant sinusoïdal équivalent que nous
appellerons courant à vide et que nous désignerons par i0.

3.1.4 Schéma équivalent d’un circuit électrique à noyau magnétique

Le courant à vide i0 (trait continu sur la figure 3.2) peut être décomposé en deux courants :
a) - Le courant des pertes en fer ife. Il est en phase avec la tension v1 et est dû à la puissance
perdue dans le noyau magnétique sous forme de pertes en fer.
b) - Le courant magnétisant im. Il est en retard de phase de 90 par rapport à la tension v1.

i0

1
2
4 i0
5 = im
im + ife
t
3 i0
ife

Fig 3.2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.3


On a montré, dans la section 1.6.3, que les pertes en fer pfe, appelées aussi pertes
magnétiques, sont proportionnelles au carré de l'induction Bm = cm/Sfe, où Sfe est la section du
noyau magnétique. Selon la relation (3.7), cm est proportionnel à V1. Par conséquent, les pertes
en fer pfe sont proportionnelles au carré de la tension V1. Elles peuvent donc être représentées sur
le schéma équivalent (figure 3.3.a) par une résistance Rfe soumise à une tension V 1 et traversée
par un courant I fe , de sorte que V1 = RfeIfe et pfe = R fe I 2fe = V12 / R fe .
De même, le courant magnétisant, qui est en retard de phase de 90 par rapport à la
tension v1, peut être représenté sur le schéma équivalent (figure 3.3.a) par une réactance Xm,
soumise à la tension V 1 et traversée par un courant I m , de sorte que V 1 = j X m I m .
La figure 3.3.a donne le schéma équivalent d'une bobine à noyau magnétique. Le
diagramme des phaseurs correspondant est repris sur la figure 3.3.b.

I0 V1
Ife Im
V1 Rfe jXm Ife I0
0

Im 
a) b)
Fig 3.3

Prenons la tension V1 comme origine des phases (figure 3.3.b). Elle s’écrit : V1 = V10 .
Le courant à vide s’écrit alors I 0  I fe  jI m . La puissance apparente complexe absorbée par le
circuit électrique à noyau magnétique vaut :
S 0  V1 I 0*  V1 ( I fe  jI m )  V1 I fe  jV1 I m  P0  jQ 0
La puissance apparente complexe absorbée par le circuit électrique à noyau magnétique
comprend donc deux termes :
a) la puissance active P0 = V1 Ife couvrant les pertes en fer (et les pertes en cuivre représentées
par la résistance R1);
b) la puissance réactive Q0= V1 Im servant à la création du champ magnétique.
Cette conclusion est générale. Elle s’applique à tout circuit électrique à noyau magnétique. Les
deux termes P0 et Q0 se retrouvent dans la puissance apparente complexe absorbée à vide par
chaque machine électrique à courant alternatif. En charge, il s’ajoute à ces termes P0 et Q0 la
puissance absorbée par la charge.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.4


3.2 FONCTIONNEMENT EN CHARGE

3.2.1 Définition du fonctionnement en charge

On dit que le transformateur fonctionne en charge lorsque son enroulement secondaire est
fermé sur une charge (d’impédance Zc). Cette charge est alors traversée par un courant ic, avec
Ic  V2 / Zc (figure 2.1). Reprenons sur la figure 3.4 le schéma détaillé d’un transformateur
monophasé fonctionnant en charge. Les sens des grandeurs (courants, tensions, flux) repris sur
cette figure sont les sens positifs. Les sens positifs des courants i1 et i2 sont choisis de façon qu’un
courant positif engendre un flux positif. De plus, d’après cette figure, on a : ic = - i2.

21 12

A i 1
i 2 aa
i c

v1 N1 N2 v 2 Zc
б1 б2

X x

Fig 3.4

Durant le fonctionnement en charge, le champ magnétique est dû à l'effet des courants i1 et


i2 circulant simultanément : i1  0, i2  0. Nous utiliserons ici les notations de la section 1.1.9. Le flux
commun est donc égal à la somme des flux mutuels dus aux effets séparés des deux courants : c
= 12 + 21. Le flux du circuit 1 engendré par les deux courants i1 et i2 vaut :
1 = 1 +  21 + 12 = 1 +  c (3.13)
De même, le flux du circuit 2 engendré par les deux courants i1 et i2 vaut :
 2 = 2 +  21 + 12 = 2 +  c (3.14)

3.2.2 Transformateur parfait ou idéal

Pour obtenir un concept simple du transformateur, on considère un transformateur parfait


ou idéal. Ce dernier est caractérisé par les propriétés suivantes :
a) - Les résistances des enroulements sont négligeables : R1  R2  0.
b) - Les pertes magnétiques sont négligeables : pfe  0.
c) - La perméabilité du noyau est infiniment grande : μfe  .
Compte tenu de l'hypothèse c, on a : σ1  σ2  0 et 1  2  c. De plus selon
l'hypothèse a, on peut écrire : R1i1  R2i2  0. Par conséquent, les équations des tensions sont les
suivantes :
d c
v1 = ev1 = N 1 dt (3.15)
d c
v2 = ev2 = N 2 dt (3.16)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.5


3.2.3 Schéma équivalent du transformateur réel

a) Introduction
Lorsque le transformateur fonctionne à vide, pour établir le flux c, un courant à vide i0
circule au primaire de façon à créer la f.m.m. ℱ0 = c/ m = N1i0 où m est la perméance du noyau.
La résistance R1 et le flux de dispersion σ1 étant négligeables, la relation v1  ev1 reste
vérifiée lorsque le transformateur fonctionne en charge. C'est dire que dans un transformateur en
charge, la f.é.m. ev1 est presque la même que celle du transformateur à vide. Il en est de même du
flux c qui donne naissance à cette f.é.m. : Dans un transformateur en charge, le flux c est le
même que celui du transformateur à vide, à condition bien entendu que la tension v1 reste
inchangée. De même, la f.m.m. en charge ℱc = c/ m = N1i1 + N2i2 sera égale à la f.m.m. à vide ℱ0
, c-à-d : ℱ0 = ℱc ou N1i0 = N1i1 + N2i2; ce qui donne :
N2 '
i0 = i1 + i 2 = i1 + i 2 (3.21)
N1
Cette relation montre qu'en charge, le courant primaire i1 = i0 - i2' comprend deux composantes :
 le courant à vide i0, qui est le courant primaire servant à la création du flux c;
 le courant secondaire rapporté au primaire :
N2 i2
i 2' = i2 = , (3.22)
N1 
qui est le courant primaire servant à créer la f.m.m. contrebalançant celle du secondaire.

b) Inductances et tensions des enroulements


Le flux totalisé de l'enroulement primaire vaut :
 1 = N 1 1 = N 1 ( 11 + 12 ) = N 1 ( 1 + 21 + 12 )
= ( + + )=( + ) +
 1 = (1 + Lm1 ) i1 + L12 i2 = L11 i1 + L12 i2 , (3.23)
où interviennent les grandeurs suivantes :
- L'inductance de dispersion ou inductance de fuite du circuit 1 (quotient du flux totalisé de
dispersion   1  N  1 par le courant i1) :
 1 = N 1  1 / i1 = N 1
2
(3.24)
- L'inductance mutuelle des circuits 1 et 2 (quotient par le courant i2 du flux totalisé 12 = N1 12 créé
par le courant i2 à travers le circuit 1) :
L12 = N 1  12 / i 2 = N 1 N 2 (3.25)
- L'inductance principale ou inductance de magnétisation du circuit 1 (quotient du flux totalisé
principal m1 = N1 21 par le courant i1) :
L m1 = N 1  21 / i1 = N 1
2
(3.26)
- L'inductance propre du circuit 1 (quotient du flux totalisé propre  11    1   m1 par le courant i1)
:
L11 = N 1 11 / i1 = N 1 ( 1 + 21 )/ i1 = 1 + Lm1 (3.27)
De même, le flux totalisé de l'enroulement secondaire vaut :
 2 = N 2 2 = N 2 ( 22 + 21 ) = N 2 ( 2 + 12 + 21 )
= ( + + )= +( + )
Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.7
 2 = L21 i1 + ( 2 + Lm2 ) i2 = L21 i1 + L22 i2 (3.28)
où interviennent les grandeurs suivantes :
- L'inductance de dispersion ou inductance de fuite du circuit 2 (quotient du flux totalisé de
dispersion   2  N 2   2 par le courant i2) :
 2 = N 2  2 / i 2 = N 2
2
(3.29)
- L'inductance mutuelle des circuits 2 et 1(quotient par le courant i1 du flux totalisé 21 = N2 21 créé
par le courant i1 à travers le circuit 2) :
L 21 = N 2  21 / i1 = N 2 N 1 m (3.30)
- L'inductance principale ou inductance de magnétisation du circuit 2 (quotient du flux totalisé
principal  m 2  N 1 12 par le courant i2) :
Lm 2 = N 2 12 / i 2 = N 2
2
m (3.31)
- L'inductance propre du circuit 2 (quotient du flux totalisé propre  22    2   m 2 par le courant
i1) :
L22 = N 2 22 / i2 = N 2 ( 2 + 12 )/ i2 = 1 + Lm2 (3.32)

Compte tenu des relations (3.23) et (3.28), la loi d'Ohm généralisée appliquée aux deux
enroulements s'écrit :
d d
v1 = R1 i1 + dt 1 = R1 i1 + 1 dti1 + Lm1 dt
d ( i1 + N 2 i 2 ) (3.33)
N1
d 2
v2 = R 2 i 2 + = R2 i2 + 2 d i2 + Lm2 d ( N 1 i1 + i2 ) (3.34)
dt dt dt N 2

c) Schéma équivalent vu du côté primaire


En multipliant les membres de l’équation (3.34) par μ = N1/N2, on obtient :
 v2 =  2 R2 i2 +  2 2 d ( i2 ) +  2 Lm2 d ( i1 + i2 ) (3.35)
 dt  dt 
On définit alors :
- La tension secondaire rapportée au primaire :
v 2' =  v 2 (3.36)
- La résistance de l'enroulement secondaire rapportée au primaire :
R2' =  2 R 2 (3.37)
- L'inductance de dispersion de l'enroulement secondaire rapportée au primaire :
 ' 2 =  2   2 (3.38)
Au lieu de l’expression "rapporté à’’, on utilise aussi l’expression "ramené à", ou on dit "vu du côté".
Étant donné que
Lm1 = N 1m = N 2m (N1 / N2 ) =  Lm2 ,
2 2 2 2
(3.39)
le transformateur peut être caractérisé par les relations (3.33) et (3.35) écrites sous la forme
suivante :
d i1 d
v 1 = R1 i 1 +   1 + L m1 ( i1 + i 2' ) (3.40)
dt dt

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.8


di 2' d
v 2' = R 2' i 2' +  ' 2 + L m1 ( i1 + i 2' ) (3.41)
dt dt
A ces relations correspond le schéma équivalent de la figure 3.6, sans la partie en trait interrompu.
On a établi ce schéma en considérant les courants sinusoïdaux. C’est pour cette raison que les
inductances ont été désignées par les réactances correspondantes : X1 =  1 , Xm1 = Lm1 et X 2'
= 2 X2 = 2  2 =   ' 2 On désigne par Vm la tension aux bornes de la branche verticale. En
tenant compte des pertes en fer pfe de la même manière que dans la section 3.1.4, on ajoute sur
ce schéma la résistance Rfe telle que Vm = RfeIfe et pfe = VmIfe = Vm2 /Rfe.

I1 R1 jX1 jX’2 R’2 I'2 I2 Ic


I0 I' c
Ife Im
V1 Rfe Vm jXm1 V '2 V2

N1
N2

Fig 3.6

Notons que l'effet du transformateur parfait sur les impédances est de les multiplier par le
carré du rapport de transformation.

d) Schéma équivalent vu du côté secondaire


En divisant les membres de l’équation (3.33) par μ = N1/N2, on obtient :
v1 = R1  i + 1 d ( i ) + Lm1 d ( i + i ) (3.42)
  2 1  2 dt 1
 dt
2 1 2

On définit alors :
- La tension primaire rapportée au secondaire :
v 1' = v1 /  (3.43)
- Le courant primaire rapporté au secondaire :
i1' =  i1 (3.44)
- La résistance de l'enroulement primaire rapportée au secondaire :
R1' = R1 /  2 (3.45)
- L'inductance de dispersion de l'enroulement primaire rapportée au secondaire :
 ' 1 =   1 /  2 (3.46)
Le courant à vide rapporté au secondaire vaut :
i2
i 0' =  i0 = ( i1 + ) = i1' + i 2 (3.47)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.9


Le transformateur peut être caractérisé par les relations (3.42) et (3.34) écrites sous la
forme suivante :
di1' d
v 1' = R1' i1' +  ' 1 + L m 2 (i1' + i 2 ) (3.48)
dt dt
d i2 d '
v2 = R2 i2 +  2 + L m 2 (i1 + i 2 ) (3.49)
dt dt

I1 I'1 R’1 j X’1 jX2 R2 I 2 Ic


I '0
I'fe I' m
V1 V '1 R'fe V 'm jX m2 V2

N1
N2
Fig 3.7

A ces relations correspond le schéma équivalent de la figure 3.7 sans la partie en trait interrompu.
On a établi ce schéma en considérant les courants sinusoïdaux. C’est pour cette raison que les
inductances ont été désignées par les réactances correspondantes : X2 =  2 , Xm2 = Lm2 et X 1'
= X1 /2 =   1/2 =   ' 1 . La tension aux bornes de la branche verticale vaut V m' = Vm/μ. En tenant
compte des pertes en fer pfe de la même manière que dans la section 3.1.4, on ajoute sur ce
' ' ' '
schéma la résistance R fe' telle que Vm' = Rfe I fe et pfe = Vm' I fe = Vm'2 / Rfe . Le courant des pertes en
fer rapportée au secondaire vaut : i fe' = μ ife. Le courant magnétisant rapporté au secondaire vaut :
i m' = μ i m .

e) Schémas équivalents simplifiés


Les schémas équivalents des figures 3.6 et 3.7 sont dits schéma en T. Une première
simplification consiste à déplacer la branche verticale ou shunt du milieu du schéma en T vers les
bornes primaires ou secondaires. On obtient le schéma en Γ. Lorsque ce schéma est rapporté au
primaire, il se présente comme sur la figure 3.8 ou 3.9. Sa branche horizontale comprend
l'impédance de court-circuit, qui a pour expression :
' '
Z cc = Rcc + jX cc = (R1 + R2 ) + j ( X 1 + X 2 ) (3.50)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.10


I1 jXcc Rcc I'2 I2 I1 Rcc jXcc I '2 I2
I0 I'c I0

R fe jX m1 V'2 V1 R fe jX m1 V '2
V2 V2
V1

N1 N1
Fig 3.8 N2 Fig 3.9 N2

L'erreur introduite par le schéma en Γ est négligeable pour les transformateurs de puissance.
Pour les transformateurs de puissance supérieure à 100 kVA, le courant magnétisant est
inférieur à 2% de I1N; tandis que le courant des pertes en fer ne dépasse pas 0,5% de I1N [7]. Par
conséquent, on peut omettre la branche verticale du schéma équivalent, en posant : i0  0. Le
schéma se présente alors sous forme d'une impédance Z cc en série avec la source. Ce schéma
est appelé schéma de Kapp. Rapporté au primaire, ce schéma se présente comme sur la figure
3.10.
I1 Rcc jXcc I'2 I2 I1 jXcc I'2 I2

V1 V '2 V1 V '2
V2 V2

N1 N1
Fig 3.10 N2 Fig 3.11 N2

Pour les transformateurs de puissance, on néglige fréquemment la résistance Rcc vis-à-vis


de la réactance Xcc. Rapporté au primaire, le schéma se présente comme sur la figure 3.11.

3.2.4 Diagramme des phaseurs du transformateur

Le diagramme des phaseurs du transformateur est repris sur la figure 3.12. En partant de
V et de I c' = - I 2' , on peut établir ce diagramme à l'aide des équations suivantes :
2
'

' ' '


Z 1 = R 1 + jX 1 et Z 2 = R2 + X 2 (3.51)
' ' '
V m = V2 + Z I 2 c (3.52)
1
I 0 = Vm / Z m avec Z m= (3.53)
1 / R fe + 1 / jX m
'
I 1= I0 + I c (3.54)
V 1 = V m + Z1 I 1 (3.55)
Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.11
Ces opérations peuvent être réalisées dans l'ordre inverse en partant de et ̅ .
Lorsqu'on considère le schéma équivalent simplifié de Kapp de la figure 3.10, le
diagramme des phaseurs se simplifie en celui de la figure 3.13. Dans ce cas, la chute de tension
s'obtient simplement par le triangle R cc I 1 ' + jX cc I1 , que l'on appelle triangle de Kapp. Le diagramme
des phaseurs qui en résulte est aussi appelé diagramme de Kapp.

jX cc I 1
jX 1 I1

V1 R cc I 1
V1 R1I1
' /
jX 2 I C

Vm
'
R 2 IC
' '
I C  I 2
' V '2
V'2 '
1 I C
Io
I1
'
I1  I 2  I 'C
2
2
Io
Ife
Fig 3.13
Im 

Fig 3.12
3.2.5 Grandeurs réduites en monophasé

a) Définition des grandeurs réduites


Partons de la loi d'Ohm appliquée à un circuit à courant alternatif monophasé : V = Z I , où
la tension V se mesure en volt, l'impédance Z en ohm, et le courant I en ampère. De telles
grandeurs exprimées au moyen d'unités habituelles sont appelées grandeurs physiques [21].
Soient trois nombres réels VB, ZB et IB liés par la relation VB = ZBIB. La loi d’Ohm s’écrit :
V = Z I ou encore vr = z r i r
V B ZB IB (3.56)
à condition que :
vr = V , zr = Z et ir = I
VB ZB IB (3.57)
Les grandeurs vr , zr et ir sont des grandeurs réduites. On les appelle aussi grandeurs
relatives. Elles sont sans dimension et s'expriment en pour un (en anglais "per unit"), dont le
symbole est "p.u.") [7]. Les grandeurs réduites sont représentées par des lettres minuscules. Pour
éviter la confusion avec les lettres minuscules utilisées pour les valeurs instantanées, nous
ajouterons l'indice "r" aux lettres minuscules représentant les grandeurs réduites.
Les grandeurs VB, ZB et IB sont dites grandeurs de base ou de référence (tension,
impédance ou courant de base). Elles sont respectivement exprimées en volt, en ohm et en
Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.12
ampère. Les grandeurs de base seront représentées par des lettres majuscules portant l'indice B.
L'impédance en grandeurs réduites vaut :
Z R + jX = rr + jx
zr = Z = Z r
B B (3.58)
où la résistance en grandeurs réduites vaut rr = R/ZB et la réactance en grandeurs réduites xr =
X/ZB.
Si SB = VBIB est la puissance de base, la puissance apparente complexe en grandeurs
réduites vaudra :
S V I * VI cos   jVI sin  P + jQ
sr = S = V I = VB I B
=
SB
B B B

sr = vr ir = vr ir cos + jvr ir sin   pr  jqr (3.59)
où on retrouve les grandeurs suivantes:
- la puissance active en grandeurs réduites : pr = vrir cos 
- la puissance réactive en grandeurs réduites : qr = vrir sin 
- la puissance apparente réelle en grandeurs réduites : sr = vrir
Noter que l'admittance de base vaut : YB = 1/ZB.
On constate que des cinq grandeurs de base VB, IB, ZB, SB et YB, il suffit de choisir
arbitrairement deux pour que toutes les autres soient déterminées. On choisit généralement la
tension de base VB et la puissance de base SB. On en déduit :
- le courant de base : I B = S B / VB (3.60)
2
- l'impédance de base : Z B = V B / I B = V / S B
B (3.61)
2
- l'admittance de base : Y B = 1/ Z B = S B / V B (3.62)

b) Grandeurs réduites pour transformateur monophasé


Considérons une même puissance de base au primaire et au secondaire : S1B = S2B.
Prenons une tension de base primaire égale à la tension primaire nominale (V1B = V1N) et une
tension de base secondaire égale à la tension secondaire nominale (V2B = V2N). Il s'ensuit que
(figure 3.6) :
V 1B = V 1N = 
V 2B V 2N (3.63)

I 1B = S 1B / V 1B = V 2B = 1
I 2B S 2B / V 2B V 1B  (3.64)

En grandeurs réduites, la tension secondaire vaut v2r = V 2 / V 2B et le courant secondaire


i 2r = I 2 / I 2B . En grandeurs réduites, la tension secondaire ramenée au primaire vaut :
' 
v'2r = V2 = V 2 = V 2 = v2r
V 1B  V 2B V 2B (3.65)
On constate que les tensions en grandeurs réduites sont égales de part et d'autre du
transformateur parfait. De même :
'
i2' r = I2 = I 2 1 = I 2 = i2r
I 1B  I 1B I 2B (3.66)
Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.13
On constate aussi que les courants en grandeurs réduites sont égaux de part et d'autre du
transformateur parfait. Etant donné que les tensions et les courants en grandeurs réduites sont
respectivement égaux de part et d'autre du transformateur parfait, ce transformateur parfait devient
inutile sur le schéma équivalent en grandeurs réduites.
En conclusion, l'utilisation des grandeurs réduites fait disparaître le transformateur parfait
du schéma équivalent (figure 3.6 à 3.11) si les conditions suivantes sont remplies :
S 1B = S 2B et V 1B / V 2B = V 1N / V 2N =  (3.67)

c) Changement de système de base


Si zra est l'impédance en grandeurs réduites dans un ancien système de base (VBa, SBa),
l'impédance en grandeurs physiques vaudra :
2
Z = zra Z Ba = zra V Ba
S Ba (3.68)
L'impédance en grandeurs réduites dans le nouveau système de base (VBn, SBn) vaudra :
2
Z S Bn V Ba
z rn = Z = z ra S 2
Bn Ba V Bn
(3.69)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 3.14


Chapitre 4

TRANSFORMATEUR TRIPHASÉ
4.1 CONSTITUTION

Un transformateur triphasé peut être constitué :


- soit de trois transformateurs monophasés indépendants (figure 4.1);
- soit d’une unité triphasée monobloc dont les enroulements sont placés sur un circuit magnétique
commun à trois (figure 4.2) ou à cinq (figure 4.3) colonnes. Le transformateur à trois colonnes est
dit à flux forcé; tandis que le transformateur à cinq colonnes est dit à flux libre.
A B C
A B C
X Y Z
a b c
X Y Z
a b c

x y z
Fig 4.1
x y z
Fig 4.2
Dans un transformateur à trois colonnes, le flux de la culasse est égal au flux de la colonne.
Dans ce genre de transformateur, la culasse doit avoir la même section que la colonne. Pour
réduire la hauteur de la culasse, on utilise un circuit magnétique à cinq colonnes, pour lequel le flux
de la culasse est plus faible que le flux d’une colonne portant l’enroulement.
A B C A B C N

X Y Z

x y z VA
a b c

Fig 4.3
VC VB
Fig 4.4
Le transformateur triphasé monobloc est plus économique que le transformateur triphasé
constitué de trois unités monophasées indépendantes. Ce dernier n'est utilisé que dans le cas où
l'appareil triphasé monobloc de puissance égale est inutilisable à cause de ses dimensions.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.1


Les enroulements triphasés peuvent être couplés, soit en étoile (figure 4.4), soit en triangle
(figure 4.5), soit en zigzag (figure 4.6).
A B C n
A B C

Uba
Uac Va
Vb
Ucb
Fig 4.5 Vc Fig 4.6

Pour former une phase d'un enroulement en zigzag, on met en série deux demi-
enroulements placés sur deux colonnes différentes. Ce couplage permet d’équilibrer les flux et les
tensions de phase. Cependant, pour obtenir avec un enroulement en zigzag la même tension
qu'avec un enroulement en étoile, le nombre de spires de l'enroulement en zigzag doit être 1,15
fois supérieur à celui de l'enroulement en étoile; ce qui augmente le prix de revient.
Pour désigner le mode de couplage de l’enroulement HT, on utilise une lettre majuscule :
Y = étoile, D ou Δ = triangle et Z = zigzag.
Pour désigner le mode de couplage de l’enroulement BT, on utilise une lettre minuscule :
y = étoile, d = triangle et z = zigzag.
Pour indiquer que le point neutre est sorti et qu'il peut être utilisé pour le raccordement du
conducteur neutre, on ajoute l'indice "n" à la désignation littérale du mode de couplage en étoile ou
en zigzag : Yn, Zn, yn et zn.
Les bornes HT sont repérées par des lettres majuscules : A, B, C, N, par exemple, ou X, Y,
Z.
Les bornes BT sont repérées par des lettres minuscules : a, b, c, n, par exemple, ou x, y, z.

4.2 FONCTIONNEMENT EN RÉGIME SYMÉTRIQUE DIRECT

Lorsque le transformateur est constitué de trois unités monophasées, l'étude qui a été
développée au sujet du transformateur monophasé s'applique intégralement à chacune des
phases. Pour étudier un transformateur monobloc, on doit tenir compte des couplages
magnétiques entre les enroulements des phases. Cependant, l'étude montre que le schéma
équivalent du transformateur monophasé (fig. 3.6 à 3.11) reste valable aussi pour une phase du
transformateur triphasé monobloc [21].
Pour établir le schéma équivalent complet, prenons le transformateur de la figure 4.7, dont
l'enroulement primaire est couplé en étoile et l'enroulement secondaire en triangle. Sur cette figure,
les enroulements d'une même phase sont représentés suivant la même direction (verticale, par
exemple). Considérons par exemple la phase AX/ax. Le diagramme des phaseurs est repris sur la

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.2


figure 4.8. Il montre que la phase considérée fait correspondre à la tension primaire simple V A la
tension secondaire composée U ac = V a - V c . Le schéma équivalent de la phase considérée est
représenté sur la figure 4.9, par la partie comprise entre les tensions V A et U ac .

30°
A a a VA
y Uba a
Uac
b Uba
VA z b
Ucb b
U AC c Uac V a
x c
C VB Ucb
c
B VC VB
Fig 4.7 Fig 4.8

D'autre part, le schéma équivalent ne doit faire correspondre que des grandeurs
homologues, c.-à-d. les tensions simples. Il faut donc faire figurer, sur le schéma équivalent, la
tension simple secondaire V a . Le diagramme des phaseurs de la figure 4.8 montre aussi que la
tension simple V a est obtenue à partir de la tension composée U ac en divisant celle-ci par √3, et
en faisant tourner le phaseur obtenu /√3, soit de 30 en avant, soit de 330° en arrière. Le
phaseur U ac est donc en avance de 330° par rapport au phaseur V a . Comme U ac est en phase
avec V A , alors V A est en avance de 330° par rapport V a . Pour faire figurer V a sur le schéma
équivalent de la figure 4.9, on ajoute un transformateur parfait dont le rapport de transformation
vaut √3/1, un déphaseur parfait de 330. Un déphaseur parfait a pour rôle de faire tourner un
phaseur d'un angle bien déterminé, et son sens d'action est indiqué sur le schéma par une flèche.
330°
R1 jX1 jX’2 R’2

U ac
VA R fe jX m1 V '2 Uac Va
3

N1 3
N2 1
Fig 4.9

Compte tenu du diagramme des phaseurs et du schéma équivalent du transformateur


considéré, si on néglige la chute de tension sur les éléments R1, X1, R2' et X 2' , la relation entre les
tensions simples primaire et secondaire est la suivante :
N1
V A= 3 / 330 V a (4.1)
N2
Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.3
Le rapport de transformation (entre les tensions simples) devient un nombre complexe et vaut :

 = V A = N 1 3 / 330 =  / 330 (4.2)


V a N2
En multipliant le numérateur et le dénominateur de cette relation par 3 / 330 , on s'aperçoit que
 est aussi le rapport entre les tension composées :
3 V A / 330 U AC V A - V C
= = = =  / (4.3)
3 V a / 330 U ac V a - V c
Lorsque le rapport de transformation est un nombre complexe, les relations de la section 3.2.2
caractérisant le transformateur parfait prennent la forme suivante [43] :
a) relation entre la tension primaire et la tension secondaire : V1  µ V2 ;
b) relation entre la puissance apparente primaire et la puissance apparente secondaire :
3V1 I 1*  3V2 I 2* .
c) On en déduit la relation entre courant primaire et courant secondaire : I 1* / I 2*  V2 / V1  1 / µ
I2
ou I 1 / I 2  1 / µ * , soit : I 1  
µ*

12
UAC (ou VA )

9
Uac
3
(ou Va )

Fig. 4.10

4.3 GROUPE DE COUPLAGE D'UN TRANSFORMATEUR

On considère un transformateur alimenté par un système direct de tensions. Le déphasage


 est donné par l’angle d’avance de la tension supérieure (TS) sur la tension inférieure (TI)
homologue :    VTS   VTI . Ce déphasage α est toujours un multiple de 30. On sait aussi que
deux divisions consécutives du cadran d'une horloge forment un angle au centre de 30 (figure
4.10). On appelle alors indice horaire de couplage, et on désigne par H, l'heure indiquée par une
horloge dont la grande aiguille est superposée à la tension supérieure (TS) et est placée sur la
division 12, et dont la petite aiguille est superposée à la tension inférieure (TI) homologue (de
même nom) [43,45]. Cet indice horaire est aussi donnée par le rapport entre  et 30°, soit : H =
/30°. En d’autres termes, on a :  = H.30°.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.4
D'après la figure 4.10, l'indice horaire du transformateur de la figure 4.7 vaut : H = 11
(heures). C'est dire que compte tenu de l'indice horaire H, la relation (4.3) du rapport de
transformation complexe s'écrit :
 =  /H.30 (4.4)
Les transformateurs ayant le même indice horaire forment un groupe (ou classe) de
couplage. Le groupe de couplage d'un transformateur triphasé est désigné par trois symboles :
- une lettre majuscule désignant le mode de couplage de l'enroulement haute tension (de tension
supérieure) : Y = étoile, D = triangle, Z = zigzag.
- une lettre minuscule désignant le mode de couplage de l'enroulement basse tension (de tension
inférieure) : y = étoile, d = triangle, z = zigzag.
- l'indice horaire H.
Pour le transformateur de la figure 4.7, le groupe de couplage est Yd11. Les groupes de
couplage usuels sont repris dans le tableau 4.1. Dans ce tableau, les groupes couramment utilisés
sont repris en caractère gras. Pour le transformateur monophasé, le groupe de couplage est Ii0.

Tableau 4.1
H Groupe μ

Dd0 N1 / N2
0 Yy0 N1 / N2
Dz0 2N1 / 3N2
Dy5 N1 / 3 N2
5 Yd5 3 N1 / N 2
Yz5 2 N1 / 3 N 2
Dd6 N1 / N2
6 Yy6 N1 / N2
Dz6 2N1 / 3N2
Dy11 N1 / 3 N 2
11 Yd11 3 N1 / N 2
Yz11 2 N1 / 3 N 2
0 Ii0 N1 / N2

En changeant le repérage des bornes des transformateurs, on obtient ce qui suit [16] :
a) - Une permutation circulaire des désignations des bornes secondaires (ac, ba, cb) ajoute
4 à l'indice horaire.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.5


b) - En intervertissant les désignations des bornes secondaires (ax, by, cz), on ajoute 6 à
l'indice horaire.
c) - Si on permute les enroulements primaire et secondaire (Aa, Bb, Cc), le nouvel indice
horaire H' est lié à l'ancien indice horaire H par la relation : H' = 12 - H.

Dans la suite, l’effet du transformateur parfait de rapport de transformation , ainsi que


celui du déphaseur d’argument H30° (figure 4.9) seront traduits sur le schéma équivalent par un
élément unique, un transformateur parfait de rapport de transformation complexe  (relation 4.4).
De ce fait, le schéma équivalent en régime symétrique direct est celui de la figure 4.15.

4.4 FONCTIONNEMENT EN RÉGIME SYMÉTRIQUE INVERSE

Pour le fonctionnement en régime symétrique inverse, on applique le même raisonnement


que pour le fonctionnement en régime direct (section 4.3). Le schéma équivalent inverse est le
même que le schéma équivalent direct. Le déphasage α a la même valeur absolue, mais est de
signe opposé :  i =  / - H.30 . De ce fait, le schéma équivalent en régime symétrique inverse est
celui de la figure 4.16.

4.5 FONCTIONNEMENT EN RÉGIME HOMOPOLAIRE

Vis-à-vis de la composante homopolaire, le transformateur se comporte de la même


manière que vis-à-vis du troisième harmonique (section 4.7). On montrera que le schéma
équivalent en régime homopolaire est celui de la figure 4.17.

4.6 FONCTIONNEMENT EN RÉGIME DÉSÉQUILIBRÉ

4.6.1 Introduction

Comme expliqué dans la section 1.4.2, l'étude d'un régime déséquilibré se fait à l'aide des
composantes symétriques. Prenons un transformateur triphasé constitué de trois unités
monophasées indépendantes (figure 4.1). Désignons par Z m1 l'impédance de la branche verticale
du schéma équivalent du transformateur monophasé (figure 4.11) :

A IA R1 jX1 jX’2 R’2

VA R fe jX m1

B IB

VB
C IC

VC
Machines
Zn1 électriques - Kamabu Tsongo 4.6
IN
N
Fig 4.11
R fe ( jX m1 )
Z m1 = R + jX (4.5)
fe m1
L'impédance de l'enroulement primaire vaut :
Z p = R1 + jX 1 + Z m1 (4.6)

4.6.2 Couplage étoile-étoile Yy

Supposons que les enroulements soient couplés en étoile et que les points neutres soient
reliés à la terre à travers les impédances Z n1 et Z n2 . Si on alimente seulement l'enroulement
primaire, le schéma correspondant sera celui de la figure 4.11. Appliqué sur ce circuit, le deuxième
théorème de Kirchhoff donne :
V A  Z p + Z n1 Z n1 Z n1   I A
    
V B  =  Z n1 Z p + Z n1 Z n1   I B  = [ Z ABC ] 1 [ I ABC ] (4.7)
    
V C   Z n1 
Z p + Z n1  I C 
 Z n1
L'effet de la transformation de Fortescue sur les impédances est donné par la relation (1.52).
Compte tenu des relations (1.59) à (1.61), on obtient le résultat suivant :
 0 0 
Z p 
[ Z dih ]1 = [ T ] [ Z ABC ]1 [T ] =  0
-1
Zp 0  (4.8)
 
 0 

0 Z p  3Zn1 
De même, si on alimente seulement l'enroulement secondaire, les grandeurs de l’enroulement
secondaire étant rapportées à l’enroulement primaire, on trouve

Z ' 0 0 
 s 
[ Z dih ] 2 = [ T ] -1 [ Z ABC ] 2 [ T ] =  0 Z s' 0 

(4.9)
 
 0 0 Z s'  3Z n'2 

avec :
Z s ' = R2'  jX 2'  Z m1 (4.10)

I1h 3Zn1 R1 jX1 jX’2 R’2 3Z' n2 I 2h

V1h R fe jXm1 V 2h


Machines électriques - Kamabu Tsongo 1 4.7
Fig 4.12
Les relations (4.8) et (4.9) permettent de faire la synthèse du schéma équivalent direct (indice d,
figure 4.15), du schéma équivalent inverse (indice i, figure 4.16) et du schéma équivalent
homopolaire (indice h, figure 4.12). On remarque que :
- Seul le schéma équivalent homopolaire est affecté par les détails de mise à la terre du point
neutre.
- Si le point neutre est directement mis à la terre sans passer par une impédance (Zn1 = 0 ou Zn2 =
0), le terme correspondant est remplacé sur le schéma équivalent par un court-circuit.
- Si le point neutre n'est pas mis à la terre (Zn1   ou Zn2  ), le terme correspondant est
remplacé sur le schéma équivalent par un circuit ouvert.
- Il y a lieu de faire disparaître les transformateurs parfaits sur ces schémas équivalents, en
exprimant les paramètres en grandeurs réduites.

4.6.3 Couplage étoile-triangle Yd

Prenons de nouveau un transformateur triphasé constitué de trois unités monophasées


indépendantes (figure 4.13). L'enroulement primaire est couplé en étoile, avec le point neutre relié
à la terre à travers une impédance Z n . L'enroulement secondaire est couplé en triangle.

A IA R1 jX1 I' x jX2 R2 Ix a

VA R fe jX m1 E va U ab
E' va

B IB b
I' x Ix

VB E ' vb E vb U bc

C IC c
I' x Ix
VC
E ' vc E vc U ca
I n Zn

1
N
Fig 4.13

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.8


Posons : Z1 = R1 + jX1 et Z2 = R2 +jX2 . Pour la figure 4.13, compte tenu de la relation (4.5), on
peut écrire les relations suivantes :
'
V A = Z 1 I A + Z m1 ( I A + I x ) + Z n I n
'
V B = Z 1 I B + Z m1 ( I B + I x ) + Z n I n (4.11)

V C = Z 1 I C + Z m1 ( I C + I ) + Z n I n
x

In = I A + I B + Ic
qu'on peut transformer comme ceci :
' ' '
Z m1 ( I A + I x ) + Z m1 ( I B + I x ) + Z m1 ( I C + I x )
= (V A - Z 1 I A - Z n I n )+ (V B - Z 1 I B - Z n I n )+ (V C - Z 1 I C - Z n I n )

Z m1 ( I A + I x ) + Z m1 ( I B + I x ) + Z m1 ( I C + I x ) = E va  E vb  E vc
' ' ' ' ' '

Le second membre de cette équation s'écrit encore :


E va'  E vb'  E vc' =  ( E va + E vb + E vc ) = -  .3 Z 2 I x = - 3  2 Z 2 I x' = - 3Z 2' I x'
d'où
' ' '
Z m1 ( I A + I B + I C ) + Z m1 .3I x = - 3Z 2 I x
' '
Z m1 I n = - (3Z 2 + 3 Z m1 )I x
Z m1
I x' = - ’ In (4.12)
3 Z 2 + 3 Z m1
En substituant (4.12) dans (4.11), on trouve :
V A  Z L ZM ZM  I A
     
V B  =  Z M ZL Z M   I B  = [ Z ABC ][ I ABC ] (4.13)
    
V C   Z M   I C 
 ZM Z L
avec :
3Z 2' + 2 Z m1 Z m21
Z L = Z 1 + Z m1 '
+ Z n et Z M = Z n - '
3Z + 3 Z m1
2 3Z + 3 Z m1
2

Compte tenu des relations (1.59) à (1.61), l'effet de la transformation de Fortescue sur les
impédances donne le résultat suivant :
 Z dd 0 0
 
[ Z dih ] = [T ]-1 [ Z ABC ][T ] =  0 Z ii 0 (4.14)
 
 0 0 Z hh 
avec :
Z dd = Z L - Z M = Z 1 + Z m1 et Z ii = Z dd (4.15.a)
'
Z Z m1
2
Z hh = Z L + 2 Z M = Z 1 + 3 Z n + '
(4.15.b)
Z + Z m1
2

Les équations (4.15.a) montrent que, pour le couplage Yd, les schémas équivalents direct et
inverse sont respectivement identiques à ceux du couplage Yy (figures 4.15 et 4.16), avec bien
entendu, une valeur différente de l'indice horaire H. Le schéma équivalent homopolaire doit
traduire le fait que le courant homopolaire circule à l'intérieur des enroulements couplés en triangle

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.9


sans sortir de ces enroulements. Compte tenu du deuxième théorème de Kirchhoff, pour des
enroulements couplés en triangle, la somme des tensions homopolaires est nulle :
V ah +V bh +V ch = 0 (4.16)
Or, par définition V ah = V bh = V ch = V h . Par conséquent :
3 V h = 0 => V h = 0 et V ’h = 0 (4.17)
La tension homopolaire du côté triangle est nulle; ce qui se traduit sur le schéma équivalent (figure
4.14) par un court-circuit. Ce schéma satisfait aussi aux équations (4.15.b) et (4.17). De plus ce
schéma est tel que le courant homopolaire circule dans les enroulements couplés en triangle sans
sortir.

I1h 3Z n R1 jX1 jX’2 R’2 I 2h

I' x
V1h R fe jX m1 V 2h


1
Fig 4.14

4.6.4 Couplage quelconque

On peut généraliser les résultats ci-dessus pour établir les schémas équivalents d'un
transformateur à couplage quelconque. Ces schémas, vus du côté primaire, sont repris
respectivement sur les figures 4.15, 4.16 et 4.17.

I1d R1d jX1d jX’2d R’2d I 2d

I'2d

V1d R fed jX m1d V 2d

μ H 30°
1
Fig 4.15

Le schéma équivalent homopolaire comporte deux commutateurs dont les positions


dépendent du mode de couplage des enroulements :
- primaire avec couplage et commutateur sur position Yn, Y ou D;
- secondaire avec couplage et commutateur sur position yn, y ou d.
Il y a lieu de faire disparaître les transformateurs parfaits en utilisant les grandeurs réduites.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.10
On montre que les schémas équivalents des figures 4.15, 4.16 et 4.17 sont valables aussi
pour le transformateur monobloc avec Z dd = Z ii  Z hh [7,21].

I1i R1i jX1i jX’2i R’2i I 2i

I'2i

V1i Rfei jXm1i V 2i

μ  H30
... H 30
11
Fig 4.16

I1h 3Z n1 YN R1h jX1h jX’2h R’2h yN 3Z'n2 I 2h

Y D d y I'2h

V1h R feh jX m1h V 2h


1
Fig 4.17

4.7 EFFETS DES HARMONIQUES DANS LES TRANSFORMATEURS TRIPHASÉS

4.7.1 Introduction

Nous avons montré, dans la section 3.1.3, que le courant à vide i0 = f(t) n'est pas
sinusoïdal, mais qu'il peut être décomposé en une série de Fourrier ne contenant que des
harmoniques impairs :
i0 =  2 I k sin kt (4.18)
k
où le rang k est un nombre impair (k = 1, 3, 5, 7, etc).
Dans les différentes phases, les courants varient de la même manière et sont décalés dans
le temps d’un tiers de période. Il en est de même des tensions et des flux. Les courants de premier
harmonique (k = 1), appelé aussi harmonique fondamental, forment un système équilibré direct :
i A1 = 2 I 1 sin t
i B1 = 2 I 1 sin (t - 2/3) (4.19)
iC1 = 2 I 1 sin (t + 2/3)
Pour les harmonique de rang supérieur à un (k > 1), lorsque k n'est pas multiple de trois, on écrit :
k = 6n ± 1, avec n = 1, 2, 3, etc , de sorte que :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.11


i Ak = 2 I k sin kt
i Bk = 2 I k sin k(t - 2/3) = 2 I k sin (kt  2/3) (4.20)
iCk = 2 I k sin k(t + 2/3) = 2 I k sin (kt  2/3)
Le signe supérieur dans l’argument du sinus correspond à un système direct des courants;
tandis que le signe inférieur correspond à un système inverse des courants.
Les harmoniques dont le rang est multiple trois (k = 6n+3 avec n = 0, 1, 2, 3, etc) forment
un système homopolaire :
i Ak = 2 I k sin kt
i Bk = 2 I k sin k(t - 2/3) = 2 I k sin kt (4.21)
iCk = 2 I k sin k(t + 2/3) = 2 I k sin kt
Tous les harmoniques qui forment des systèmes de courants directs ou inverses peuvent
circuler librement dans toutes les phases quel que soit le mode de couplage des enroulements.
Cependant, comme illustré sur les figures 4.18 à 4.20, le mode de couplage des enroulements
impose les restrictions suivantes aux harmoniques des courants dont le rang est multiple de trois.
- Couplage Yn ou yn (figure 4.18) : Les harmoniques des courants dont le rang est multiple de
trois peuvent circuler dans les enroulements des phases. Le courant dans le conducteur neutre
vaut : iN = iA3 + iB3 + iC3 = 3 i3.
- Couplage Y ou y (figure 4.19) : Les harmoniques des courants dont le rang est multiple de trois
ne peuvent pas circuler dans les enroulements des phases. Le courant dans le conducteur neutre
vaut : iN = iA3 + iB3 + iC3 = 3 i3 = 0 => i3 = iN/3 = 0.
- Couplage D ou d (figure 4.20) : Les harmoniques des courants dont le rang est multiple de trois
circulent en circuit fermé dans le triangle, mais ils ne circulent pas dans les conducteurs de ligne :
i3 = 0.
A B C A B C A B C
i 3l
i3 i3 i3 i3 i3 i3
i3 i3 i3

iN = 3 i3 iN = 0 i3l = 0
iN
i3  0 Fig 4.20

N
3
N

Fig 4.18 Fig 4.19

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.12


4.7.2 Troisième harmonique du flux magnétique

Si le troisième harmonique i03 est absent des courants à vide, le flux magnétique n'est plus
sinusoïdal et comprend, par conséquent, le troisième harmonique :  = 1 + 3 + ... (section
3.1.3). Les harmoniques des flux magnétiques dont le rang est multiple de trois ( 3 ) forment un
système homopolaire des flux soumis aux restrictions suivantes (figures 4.21 à 4.23) :
- Transformateur triphasé constitué de trois unités monophasées (figure 4.21). Les
harmoniques des flux dont le rang est multiple de trois (système homopolaire) se ferment à
l'intérieur du circuit magnétique de chaque unité, suivant le même itinéraire que les premiers
harmoniques (formant un système direct). Par conséquent, la réactance de magnétisation
homopolaire est égale à la réactance de magnétisation directe : Xmh = Xmd = Xmi.
- Transformateur triphasé à cinq colonnes (figure 4.22). Les harmoniques des flux dont le rang
est multiple de trois, qui sont égaux et en phase dans les colonnes centrales (système
homopolaire), se referment par les colonnes extrêmes. On montre que dans ce cas
X mh  X md = X mi .
- Transformateur triphasé à trois colonnes (figure 4.23). Les harmoniques des flux dont le rang
est multiple de trois, qui sont égaux et en phase dans les trois colonnes (système homopolaire), se
referment par des circuits extérieurs au noyau magnétique. Ces circuits présentent une perméance
qui est des dizaines de fois plus faible que celle du circuit magnétique direct. Par conséquent, la
réactance de magnétisation homopolaire est de loin plus faible que la réactance de magnétisation
directe : X mh < X md = X mi

3
3

3 3
2

Fig 4.21
Fig 4.22

4.7.3 Effets des harmoniques suivant le mode de couplage

a) Couplage Yy
Le courant à vide ne contient pas de troisième harmonique de i03 ( figure 4.19); ce qui
entraîne l'apparition du troisième harmonique de flux 3 .
a1) Transformateur constitué de trois unités monophasées (figure 4.21). Les flux du troisième
harmonique se referment par un chemin de grande perméance. Dans un tel transformateur, 3 
0,17 1 [6]. Le flux 3 varie à la fréquence f3 = 3 f1, de sorte que ev3  3x0,17 ev1 = 0,51 ev1. On
montre que les amplitudes des f.é.m ev3 et ev1 s'ajoutent. Selon la relation (3.11), la valeur efficace,
en grandeurs réduites, de la f.é.m résultante est donnée par la racine carrée de 12 + 0,512. C'est
dire que Ev  1,12 Ev1. Cette élévation de la f.é.m des phases est dangereuse. Elle nécessiterait un
renforcement de l’isolement et donc un accroissement du prix de revient du transformateur. C’est
pour cette raison que le couplage Yy n’est pas utilisé dans un transformateur constitué de trois
Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.13
unités monophasées. Notons que ev3 n’apparaît pas dans les tensions composées, qui restent
sinusoïdales.
a2) Transformateur à cinq colonnes (figure 4.22). Pour les mêmes raisons qu'au point a1, le
couplage Yy n'est pas utilisé dans les transformateurs à cinq colonnes.
a3) Transformateur à trois colonnes (figure 4.23). Les flux du troisième harmonique se ferment
par la cuve ou dans l’air, par un chemin de faible perméance. Ces flux sont par conséquent faibles
et les courbes des tensions restent pratiquement sinusoïdales. Cependant, les flux 3 variant à la
fréquence f3 = 3 f1, il apparaît dans les parois de la cuve des courants de Foucault causant des
échauffements locaux; ce qui diminue le rendement du transformateur. Ces pertes dans les parois
de la cuve peuvent atteindre environ 55 % des pertes dans le noyau.

Fig 4.23
b) - Couplage Dy
Les courants du troisième harmonique circulent dans le contour du triangle. Le courant à
vide contient le troisième harmonique. Les courbes des flux et donc celles des f.é.m sont sinusoï-
dales. Les phénomènes défavorables liés au troisième harmonique sont absents.

c) - Couplage Yd
La connexion de l'enroulement primaire en étoile élimine les troisièmes harmoniques i31 des
courants primaires, et fait apparaître les troisièmes harmoniques des flux 3. Ces derniers
induisent, dans les enroulements secondaires, des courants du troisième harmonique i32 qui se
referment par le triangle secondaire. Ces courants secondaires i32 créent, dans le circuit magnéti-
que, des flux du troisième harmonique '3 . On peut montrer que '3 compense pratiquement 3,
de sorte que les flux et les tensions résultant restent sinusoïdaux. Ici aussi, les effets nuisibles du
troisième harmonique sont absents.

d) Transformateur triphasé à couplage Yy avec enroulement tertiaire


On a montré plus haut les défauts du couplage Yy. Dans le cas où on souhaite connecter
les deux enroulements primaire et secondaire en étoile, on ajoute un troisième enroulement dit
tertiaire, connecté en triangle. Ce dernier aura le même effet que l'enroulement en triangle du
couplage Yd, en supprimant l'effet nuisible du troisième harmonique.

4.8 GRANDEURS RÉDUITES EN TRIPHASÉ

On affectera l'indice " 1 " à la puissance d'une phase, et l'indice " 3 " à la puissance totale
des trois phases. Comme en monophasé, on choisit deux grandeurs de base. Si on choisit, par
exemple, la tension simple de base VB et la puissance totale de base des trois phases S 3B , on
obtient :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.14
- le courant de base : I B = S 3B
3VB
3 2
- l'impédance de base : Z B = V B = V B
I B S 3 B
S
- l'admittance de base : Y B = 1 = 3B2
Z B 3V B
On souhaite que, dans un système triphasé équilibré, les valeurs réduites des tensions
simple vr = V/VB et composée ur = U/UB soient égales [7]. Pour réaliser cette égalité, on choisit la
tension simple de base VB et la tension composée de base UB de telle manière que : UB = √3 VB.
Dans ce cas,
3V = V =
ur = U = vr
UB 3V B V B
A partir des valeurs de U B et S 3B = 3 U B I B , on détermine :
S
- le courant de base : I B = 3B
3U B
2
- l'impédance de base : Z B = V B = U B = U B
IB 3 I B S 3B
- l'admittance de base : Y B = 1 = S 32B
ZB U B
En grandeurs réduites, la puissance apparente complexe des trois phases vaut :

S3 = 3V I = 3VI cos   j3VI sin  = P3 + jQ3


*
=
s3r S3B 3V I
B B 3VB IB S 3B
s3r = vr ir = vr ir cos  + jvr ir sin   p3r  jq3r  s1r

où on retrouve les grandeurs suivantes :


- la puissance active en grandeurs réduites : p3r = vrir cos 
- la puissance réactive en grandeurs réduites : q3r = vrir sin 
- la puissance apparente réelle en grandeurs réduites : s3r = vrir
Si zra est l'impédance en grandeurs réduites dans un ancien système de base (UBa, S3φB
S 3Ba ), l'impédance en grandeurs physiques sera donnée par :
2
Z = zra Z Ba = zra U Ba
S 3Ba
L'impédance en grandeurs réduites dans le nouveau système de base (UBn , S 3Bn ) vaudra :

Z S 3Bn U 2Ba
zrn = Z = zra S 2
Bn 3Ba U Bn

Machines électriques - Kamabu Tsongo 4.15


Chapitre 5

ESSAIS

CARACTÉRISTIQUES DE FONCTIONNEMENT

FONCTIONNEMENT EN PARALLÈLE

DES TRANSFORMATEURS
5.1 ESSAIS DES TRANSFORMATEURS

5.1.1 Essai à vide sur un transformateur monophasé

L'essai à vide est effectué en appliquant la tension nominale V1N, à la fréquence


nominale fN, à un enroulement, l'autre étant ouvert (figure 5.1). On préfère alimenter
l'enroulement basse tension; ce qui nécessite une faible tension d'essai. On mesure alors : -
l'intensité du courant primaire I0, - la puissance consommée par le transformateur P0, - les
tensions primaire V1O et secondaire V20. De ces données, on déduit :

W T
A

V V

Fig 5.1

a) - Le courant à vide en grandeurs réduites : i0r = I0 / I1N.


b) - Le rapport de transformation. Le schéma équivalent à vide est repris sur la figure 5.2.

I0 R1 jX1 jX’2 R’2 I'2  0 I2  0

Ife Im
V10 Rfe Vm jX m V 20

 :1
Fig 5.2

Les valeurs de I0, R1 et X1 étant négligeables, on néglige la chute de tension sur l'impédance R1
+ jX1. Dès lors Vm  V10 et le rapport de transformation est donné par :
E v1 V m V 10
   (5.1)
E v2 V 20 V 20

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.1


c) - Les pertes à vides. Pendant l'essai à vide, la puissance consommée P0 est égale aux
pertes à vide P0 = R1 I 02 + pfe. Le courant à vide I0 étant négligeable, les pertes par effet Joule
sont négligeables : R1 I 02  0. Par conséquent, les pertes à vide ne diffèrent pas des pertes en
fer : P0  pfe. A vide ou en charge, ces pertes ont à peu près la même valeur, car comme
expliqué dans la section 3.2.3.a, la f.é.m. Ev1 = Vm, dont elles sont déduites, a la même valeur à
vide et en charge.
d) - Éléments du schéma équivalent. En négligeant la chute de tension sur l’impédance R1 +
jX1, on considère que les valeurs de I0, P0 et V10 se rapportent à la branche verticale, dont le
diagramme des phaseurs est repris sur la figure 3.3. Compte tenu de ce diagramme, on
détermine les éléments de cette branche rapportés à l’enroulement alimenté :
cos  0 = P0
V 10 I 0 (5.2)

I fe = P0 = I 0 cos  0 I m = I O - I fe = I 0 sin  0
2 2
V 10 (5.3)
2
V 10 = V 10 V 10
R fe = Xm=
I fe P0 Im (5.4.a)
Notons que le courant magnétisant Im est proche du courant à vide I0, le courant Ife étant très
faible : Im  I0. Étant donné que la puissance réactive Q0 et la réactance Xm sont liées par la
2
relation Q0 = V10 /Xm, cette réactance peut être calculée à l’aide de la formule suivante [45] :
V2 2
V10
X m  10  (5.4.b)
Q0 (V10 I10 ) 2
 P02

5.1.2 Essai en court-circuit sur un transformateur monophasé

'
Lors de cet essai, on court-circuite l'enroulement secondaire (V2 = V2 = 0), et on
alimente l'enroulement primaire à une faible tension Vcc, réglée de façon à y faire circuler le
courant nominal Icc  I1N, à la fréquence nominale (fig.5.3). On préfère alimenter l'enroulement
HT, qui fait appel à un faible courant à mesurer. La tension Vcc est inférieure à 15% de la
tension nominale et se prête facilement aux mesures. On mesure alors : l'intensité du courant
primaire Icc, - la puissance consommée par le transformateur Pcc, - la tension primaire Vcc. De
ces données, on déduit :
W T
A



Fig 5.3

a) - La tension de court-circuit : Vcc.


C’est la tension à la fréquence nominale qu’il faut appliquer entre les bornes de l’un des
enroulements pour y faire circuler le courant nominal quand les bornes de l’autre enroulement
sont mis en court-circuit [17]. La valeur de la tension de court-circuit est normalement rapportée
à la température de référence (75°). En grandeurs réduites, la tension de court-circuit vaut :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.2


vccr = V cc
V 1N (5.5)
Lorsque l'enroulement secondaire est court-circuité (V2 = V2 ' = 0), la tension primaire
vaut :
' ' '
V cc = ( R1 + jX 1 ) I 1 + (R 2 + jX 2 )(-I 2 ) (5.6)
Compte tenu des faibles valeurs des résistances et des réactances intervenant dans cette
relation, une faible valeur de la tension primaire Vcc suffit pour que les courants I1 et I2 atteignent
leurs valeurs nominales respectives. En général Vcc est inférieur à 15 % de la tension nominale
V1N.
Si on appliquait la tension nominale V1N à un enroulement, l'autre étant court-circuité, le
courant primaire, appelé alors courant primaire nominal de court-circuit, vaudrait :
V 1N
I 1ccN = I 1N et serait supérieur à 100
15
I1N  7I1N
V cc
Le courant secondaire nominal de court-circuit I2ccN varierait aussi dans les mêmes proportions.
Étant donné que l'échauffement et les efforts dynamiques varient comme le carré du courant,
l’application de la tension primaire nominale à un transformateur court-circuité est inadmissible.

b) - Les pertes par effet Joule : pcu


La puissance consommée pendant l'essai en court-circuit vaut :
2 ' '2 2 2
P cc = p fe + R1 I 1 + R 2 I 2 = p fe + R1 I 1 + R 2 I 2
Vu que les pertes magnétiques varient comme le carré de la faible tension de court-circuit Vcc,
elles seront négligeables : pfe  0. La puissance Pcc consommée par le transformateur lors de
l'essai en court-circuit (I1 = I1N) ne diffère pas des pertes par effet Joule (pertes dans le cuivre)
en régime nominal :
Pcc = R1 I 1N + R2 I 2N  pcu
2 2
(5.7)

c) - L'impédance de court-circuit.
Les pertes magnétiques pfe étant négligeables lors de cet essai, le courant des pertes
en fer sera lui aussi négligeable : Ife  0. La tension Vcc étant très faible, le courant magnétisant
Im sera réduit proportionnellement à cette tension : Im  0. Par conséquent, le courant I0 de la
branche verticale est négligeable :
’ ’
I 0 = I fe + I m = 0 => I 0 = I 1 + I 2 = 0 => I 1 = - I 2 = I cc
Le schéma équivalent du transformateur lors de l'essai en court-circuit se simplifie en celui de la
figure 5.4.a, avec
’ ’
V cc = ( R1 + R2 ) I cc + j ( X 1 + X 2 ) I cc = Rcc I cc + jX cc I cc
L'impédance de court-circuit du transformateur vaut alors :
V cc = + j
Z cc = Rcc X cc
I cc (5.8)
avec
' '
Rcc = R1 + R2 X cc = X 1 + X 2
Lors de l'essai en court-circuit, le transformateur se comporte comme une impédance
très faible de nature essentiellement inductive. Le diagramme des phaseurs correspondant à
cette impédance est repris sur la figure 5.4.b. Le triangle obtenu sur cette figure est appelé
triangle de Kapp.
A partir des mesures relevées lors de l'essai en court-circuit, l'impédance de court-circuit
peut être déterminée à l'aide des formules suivantes :
cos  cc = Pcc V cc
Z cc =
V cc I cc I cc

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.3


Rcc = P2cc = Z cc cos  cc X cc = Z cc - Rcc = Z cc sin  cc
2 2
I cc

I cc Rcc jXcc V cc

Z cc I cc jX cc I cc
V
 cc
cc

R cc I cc I cc
a) b)
Fig 5.4

Noter que la résistance Rcc doit être ramenée à la température conventionnelle de 75C. Pour
dissocier Rcc et Xcc en composantes primaires et secondaires, une bonne approximation est
donnée par les formules suivantes :
R cc X cc
R1  R 2  X1 X2 
' '
(5.9)
2 2
On peut aussi décomposer la tension de court-circuit Vcc en composante active Vcca et
composante réactive Vccr :
V cca = V cc cos cc = Rcc I cc V ccr = V cc sin  cc = X cc I cc

5.1.3 Essais sur un transformateur triphasé

Pour effectuer les essais ci-dessus sur un transformateur triphasé, on se rappellera que
"chaque phase d'un transformateur triphasé consomme la même puissance P1 que chacune
des deux autres, sous le même facteur de puissance (cos )" : P1 = P3/3. Alors, les formules
utilisées pour le transformateur monophasé permettent de déterminer les paramètres d'un
transformateur triphasé. Les schémas de câblage utilisés pour les essais d'un
transformateur triphasé sont repris sur la figure 5.5.

PA Court-
T circuit
A Vide
a
V B V
b


A C c
P3 Ф = PA+PB

Fig 5.5

5.1.4 Résultats des essais en grandeurs réduites

Les grandeurs nominales seront prises comme grandeurs de base.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.4


a) - Tension de court-circuit : vccr
Compte tenu de la relation (5.8), en grandeurs réduites, la tension de court-circuit vaut :
vccr = V cc = Z cc I 1N = zccr
V 1N Z 1N I 1N (5.10)
En grandeurs réduites, l'impédance de court-circuit zccr est égale à la tension de court-circuit
vccr. En grandeurs réduites, la composante active de la tension de court-circuit vaut :
vccar = vccr cos cc = zccr cos cc = rccr = Rcc / Z 1N , (5.11)
et la composante réactive de la tension de court-circuit vaut :
vccrr = vccr sin  cc = zccr sin  cc = xccr = X cc / Z 1N . (5.12)
En multipliant les membres de gauche et de droite de la relation (5.10) par l'impédance de base
( Z B = V 2N / S 1N = U 2N / S 3N ), on trouve l'impédance de court-circuit en grandeurs physiques :
2 2
vccr V N = vccr U N
Z cc =
S 1N S 3N (5.13)

b) - Pertes par effet Joule ou pertes en cuivre : pcur


Compte tenu de la relation (5.7), en grandeurs réduites, les pertes par effet Joule valent
:
2 2 2 2
+
pcur = R1 I 1 R2 I 2 = R1 I 1 + R2 I 2
S 1 N V 1N I 1N V 2N I 2N
Lors de l'essai en court-circuit, I1 = I1N et I2 = I2N. Dès lors,
2 2
pcur = R1 I 1N + R2 I 2N = R1 + R2 = r1r + r2r = rccr
V 1N I 1N V 2N I 2N Z 1N Z 2N (5.14)
En grandeurs réduites, la résistance de court-circuit rccr est donc égale aux pertes dans le cuivre
pcur. En multipliant les membres de gauche et de droite de la relation (5.14) par l'impédance de
base ( Z B = V 2N / S 1N = U 2N / S 3N ), on trouve la résistance de court-circuit en grandeurs
physiques :
pcur V 2N pcur U 2N
Rcc = =
S 1N S 3N (.5.15)
c) - Pertes magnétiques ou pertes en fer : pfer
D'après la section 3.1.4, en grandeurs réduites, les pertes en fer valent :
2 2
p fer = V 10 1 = V 10 1
R fe S1N R fe V 1N I 1N
Étant donné que lors de l'essai à vide V10 = V1N, on aura :
2
p fer = V 1N 1 = Z 1N = 1 = g fer
R fe V 1N I 1N R fe r fer (5.16)
En grandeurs réduites, la résistance des pertes en fer rfer est égale à l'inverse des pertes en fer
pfer. En multipliant les membres de gauche et de droite de la relation (5.16) par l'admittance de
base ( Y B = S 1N / V 2N = S 3N / U 2N ), on trouve la conductance des pertes en fer en grandeurs
physiques :
p fer S 1N p fer S 3N
G fe = 2 = 2
VN UN (5.17)

d)- Courant magnétisant : imr


Selon la relation (5.4), en grandeurs réduites, la réactance de magnétisation vaut :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.5


xmr = V 10 1 = V 10 I 1N
I m Z 1N I m V 1N
Étant donné que durant l'essai à vide V10 = V1N, on a :

xmr = V 1N I 1N = I 1N = 1
I m V 1N I m imr (5.18)
En grandeurs réduites, la réactance de magnétisation est égale à l'inverse du courant
magnétisant. En grandeurs réduites, la susceptance de magnétisation vaut : bmr = - 1/xmr = - imr.
En multipliant les membres de gauche et de droite de cette dernière relation par l'admittance de
base ( Y B = S 1N / V 2N = S 3N / U 2N ), on trouve la susceptance de magnétisation en grandeurs
physiques :
imr S1N = - imr S 3N
Bm = - 2 2
VN UN (5.19)
Rappelons que imr  i0r = I0/I1N.

5.2 CARACTÉRISTIQUES DE FONCTIONNEMENT D'UN TRANSFORMATEUR

5.2.1 Caractéristique externe

C'est la courbe qui traduit la variation de la tension secondaire V2 en fonction du courant


I2, pour une valeur constante du déphasage  2 et pour une valeur constante de la tension
primaire V1 :
V 2 = f( I 2 ) pour  2 = C et V 1 = C .
te te

Cette caractéristique est reprise sur la figure 5.6. Elle montre que la variation de la
tension V2 dépend de la nature de la charge (inductive avec  2 > 0 ou capacitive avec  2 < 0 ).

V2
V2N
φ2 < 0
V1
1
φ2 > 0 φ2
A B
φ2 φ2
0,5 V'2 jXjXCCII1
CC 1
I2
I2N I' C  - I'2  I1 RRCCCCII11
0,5 1
Fig 5.7
Fig 5.6

Cette caractéristique peut être déterminée par calcul à partir du schéma équivalent de
Kapp (figure 3.10) auquel correspond le diagramme des phaseurs de Kapp (figure 3.13 et 5.7).
On détermine d'abord la chute de tension V = V 1 - V2 ' . On déduit alors la tension secondaire
V2 ' = V 1 - V , et V 2 = V 2 ' / .
Ce calcul peut être sensiblement simplifié si on tient compte du fait que le déphasage
entre les phaseurs V 1 et V 2 ' est très faible (figure 5.7). Ce déphasage étant très faible, l'écart
entre le module du phaseur V 1 et sa projection sur la direction du phaseur V2 ' est négligeable.
Cet écart est généralement de l'ordre de 0,01 p.u. [21]. Avec cette hypothèse (figure 5.7), la
chute de tension est donnée approximativement par la longueur du segment AB et vaut :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.6


V = Rcc I 1 cos  2 + X cc I 1 sin  2 (5.20)
La chute (variation) de tension relative (en anglais "voltage régulation") est définie par:
'
V 1N - V 2 V 2N - V 2
v r = = = 1- vr (5.21)
V 1N V 2N
En tenant compte de (5.20), on trouve
cos  2 + X cc I 1 sin  2
 vr = Rcc I 1 (5.22)
V 1N
On détermine d'abord la chute de tension  vr à partir de la relation (5.22). On en déduit la
tension secondaire en grandeurs réduites v r = 1 -  v r .
Les formules (5.21) et (5.22) donnent la valeur de  vr en p.u. Pour obtenir la valeur en
pourcent, il suffit de multiplier ce rapport par 100.

5.2.2 Réglage de la tension d'un transformateur

La chute de tension dans un transformateur peut atteindre 15 % de la tension nominale.


Une telle chute de tension est inadmissible pour l'utilisateur. C'est la raison pour laquelle, on
prévoit des dispositifs de réglage de tension destinés à maintenir la tension secondaire dans les
limites réglementaires [18, 19]. A cet effet, on prévoit, sur l’enroulement primaire ou sur
l’enroulement secondaire, des prises intermédiaires qui correspondent à une variation de la
tension secondaire dans une marge de  5 %. La sélection des prises s’effectue à l’aide des
commutateurs de prises. Pour certains transformateurs, le réglage de la tension se fait hors
tension. Pour d'autres, ce réglage peut se faire en charge.

5.2.3 Rendement d'un transformateur

Le rendement du transformateur est égal au rapport entre la puissance active P2 fournie


à la charge et la puissance active P1 reçue de la source (figure 2.1) :
cos 2 m2V2I2 cos2
 = P2 = m2V 2 I 2 
P1 m1V 1 I 1 cos  m2V2 I2 cos2  p fe  pcu
1 (5.23)
Supposons que le transformateur soit alimenté sous sa tension nominale V1N. Utilisons
le schéma équivalent de Kapp (figure 3.10). Si pcuN désigne les pertes dans le cuivre pour le
courant nominal I1 = I1N, les pertes dans le cuivre pour une valeur quelconque du courant I1 sont
données par :
pcu = Rcc I 12 = Rcc I 1N
2
( I 1 )2 = i1r2 pcuN = i22r pcuN
I 1N (5.24)
Si pfeN désigne les pertes magnétiques (ou pertes à vide, I1  I0) pour la tension nominale V1 =
V1N, les pertes magnétiques pour une valeur quelconque du courant I1 sont données par : pfe =
pfeN (Vm/V1N)2. Compte tenu de la relation (5.21) de la chute de tension, on aura Vm  V1N (1 -
Δvr/2). Dès lors [16],

2
V 1N (1 - 2vr )
2

p fe = p feN 2  p feN (1 -  vr )
V 1N (5.25)
Compte tenu de la relation (5.21), on a : V2 ' = V1N (1 - Δvr), et la puissance active secondaire
vaut :
P 2 = m1 V 2 I 2 cos  2 = m1 V 1N (1 - v r ) i 2r I 1N cos  2 = i 2r (1 -  vr ) S N cos  2
' '

Dès lors, la relation (5.23) du rendement s’écrit :


i 2 r (1  v r ) S N cos  2
=
i 2r (1 - v r ) S N cos  2 + p feN (1 -  vr ) + i 2r p cuN
2
(5.26)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.7


En marche à vide, i2r = 0, P2 = 0 et η = 0. En court-circuit, Δvr = 1, P2 = 0 et η = 0. Si on néglige
la chute de tension (Δvr  0), on obtient l'expression approchée du rendement :
= i2r S N cos  2
i2r S N cos  2 + p feN + i22r pcuN
(5.27)
La valeur de i2r pour laquelle le rendement est maximale peut alors être trouvée en
annulant la dérivée dη/di2r. On trouve :
i22r max pcuN  p feN c’est-à-dire : i2 r max  p feN p cuN
Le rendement maximal est atteint pour une charge telle que les pertes dans le cuivre pcu (pertes
variables) sont égales aux pertes magnétiques pfeN (pertes constantes). Ce rendement maximal
est de l’ordre de 95 % à 99 %.
On appelle courbe de rendement d'un transformateur, la courbe
η = f(I2), pour cos 2 = Cte, et V1 = V1N
Elle est reprise sur la figure 5.8. La valeur de i2rmax est choisie par le constructeur lors du
dimensionnement du transformateur. Le rendement varie peu sur une plage importante de i2r.

η % 
100

50

I2
0
I 2n
Fig 5.8

5.3 FONCTIONNEMENT DES TRANSFORMATEURS EN PARALLÈLE

5.3.1 Définition

Pour augmenter la puissance de la charge au-delà de la capacité d'un transformateur,


on fait fonctionner deux ou plusieurs transformateurs en parallèle. Dans ce cas, chacun des
transformateurs transmet une partie de la puissance de la charge.
Pour coupler les transformateurs en parallèle, on connecte entre elles les bornes
homologues du primaire et du secondaire. Soient deux transformateurs monophasés désignés
respectivement par les lettres E et F (figure 5.9). Pour les coupler en parallèle, on réalise les
connexions suivantes comme illustré sur la figure 5.9 : AE et AF, XE et XF, aE et aF, xE et xF.

5.3.2 Répartition de la charge entre les transformateurs

Soient n transformateurs fonctionnant en parallèle. Comme on le voit à partir de la figure


5.9, lorsque les transformateurs fonctionnent en parallèle, leurs tensions primaires sont
identiques à V 1 et leurs tensions secondaires sont identiques à V 2 (les tensions secondaires
ramenées au primaire sont identiques à V2 ' ). Adoptons le schéma équivalent de Kapp (figure
3.10). On connaît la tension primaire V 1 , l'impédance de la charge Z c , ainsi que l'impédance
de cour-circuit Z cci de chaque transformateur. On cherche la valeur du courant dans chaque
transformateur.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.8


AE I1E E
I2 E aE

I2 C
V 2 OE
XE
V E
F
V1 xE D1
D2 V2
V1
AF aF V 2
I1F
V 2 OF ZC I1E
I'C  I1E  I1F
I1F
XF
F
xF
Fig 5.9 Fig 5.10
Les équations des transformateurs sont les suivantes :
'
V 1 - V2 = Z cc1 I 1 = Z cc 2 I 2 = ...= Z ccn I n (5.28)
où I i est le courant (primaire) du transformateur numéro i. Le courant de la charge Ic' est
obtenu par la sommation des courants Ii de tous les transformateurs. :
n ' n
' V2 ' '
Ic   Ii   (V1  V2 )  1 / Z cci  (V1  V2 )Y (5.29)
i 1 ' i 1
Zc
On en déduit que
n

Z
Y 1
V2 ' = V1 avec Y= (5.30)
1
+Y i=1 cci
Z c'
'
Cette relation permet de déterminer V2 à partir de V 1 , Z c et Z cci . Le courant total est fourni par
la relation (5.29). Le courant dans chaque transformateur est déduit de la relation (5.28) et
vaut :
'
I i = ( V 1 - V2 ) / Z cci (5.31)

5.3.3 Conditions requises pour le fonctionnement en parallèle

Pour pouvoir fonctionner correctement en parallèle, les transformateurs monophasés


doivent remplir les conditions suivantes :
1) - avoir le même rapport de transformation;
2) - avoir les mêmes tensions nominales;
3) - avoir la même tension de court-circuit en grandeurs réduites;
4) - avoir le même argument cc de l'impédance de court-circuit Z cc , c-à-d le même rapport
Xcc/Rcc ( = tg cc).
5) - Pour les transformateurs triphasés, appartenir au même groupe de couplage.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.9


Les normes admettent certaines tolérances pour les quatre premières conditions. Quant
à la cinquième condition, elle doit être strictement respectée. Quel résultat obtient-on lorsque
l’une ou l’autre de ces conditions n’est pas respectée ?

a) - Écart sur le rapport de transformation


Supposons que les deux transformateurs E et F de la figure 5.9 présentent
respectivement les rapports de transformation E et F qui ne sont pas égaux. Après
l'application de la tension V1 aux enroulements primaires, les interrupteurs D1 et D2 étant
ouverts, les transformateurs fonctionnent à vide et les tensions secondaires valent
respectivement : V20E = V1/μE et V20F = V1/μF. Supposons que μE < μF. Dans ce cas, V20E  V20F
Sur l'interrupteur D1, apparaît une tension V = V 20E - V 20F . Si on ferme l’interrupteur D1, les
enroulements secondaires forment un circuit fermé dans lequel circule un courant qui vaut :
V V1 1 1
I 2c = = ( - ) (5.32)
Z ccE + Z ccF Z ccE + Z ccF  E  F
Un courant homologue circule dans les enroulements primaires. Pour que les transformateurs
fonctionnent correctement, ces courants doivent être nuls, condition réalisée seulement lorsque
μE = μF. On peut tolérer un écart des rapports de transformation inférieur à environ 0.5 %.

b) - Écart sur les tensions nominales


Un transformateur de tensions 5/2,5 kV ne peut être mis en parallèle sous 6,6 kV au
primaire avec un transformateur de tensions 6,6/3,3 kV, car le circuit magnétique du premier
entrera en saturation.

c) - Écart sur les tensions de court-circuit en grandeurs réduites


Compte tenu des relations (5.29) et (5.31), on peut écrire :
I i = 1/ Z cci
 I j  1/ Z ccj
j j

En négligeant les écarts entre les arguments cci des impédances Zcci et en multipliant par la
tension V1N, on obtient le rapport des puissances apparentes :

1
V 1N I Ni I Ni S Ni
Z
S
= cci1 = Z
i cci I Ni v
= ccri 
v ccri
S 
j
j

V I
1 N Nj

I Nj
v
S Nj
Z Z j ccj j ccj I Nj j vccrj j ccrj

La puissance du transformateur i vaut :


S Ni
Si = vccri S j (5.33)
j vSccrjNj j

Pour deux transformateurs E et F, on trouve la relation suivante entre les valeurs réduites srE =
SE/SNE et srF = SF/SNF des puissances transitées par ces transformateurs :
srE = vccrF
srF vccrE (5.34)
C'est dire que si vccrE > vccrF, srE < srF. Dans ce cas :
- Lorsque le transformateur F atteint sa charge nominale (srF = 1), le transformateur E est
encore sous chargé (srE < 1);

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.10


- Lorsque le transformateur E atteint sa charge nominale (srE = 1), le transformateur F est déjà
surchargé (srF > 1).
Bref, le transformateur présentant la tension de court-circuit en grandeurs réduites la
plus faible est surchargé. C'est seulement dans le cas où vccrE = vccrF = ... = vccrn que la
puissance totale se répartit entre les transformateurs proportionnellement à leur puissance
nominale : srE = srF = ... = srn. On tolère un écart de tenson de court-circuit vccr de 10 %.

d) - Influence d'un écart sur les arguments cc


Supposons que les transformateurs aient la même tension de court-circuit vccr, mais des
valeurs différentes des arguments cc = arc tg (Xcc/Rcc). Dans ce cas, il y aura un déphasage
entre les courants des transformateurs (figure 5.10) de sorte que le courant résultant aura un
module inférieur à la somme des modules des courants des transformateurs :
n
| I c |<  | I i | (5.35)
i
Pour que le courant résultant ait un module égal à la somme des modules des courants
des transformateurs, il faut que les arguments cc de ces transformateurs soient égaux.
Signalons aussi que l’argument cc varie beaucoup avec la puissance nominale du
transformateur. Par conséquent, on ne branche pas en parallèle des transformateurs dont le
rapport des puissances nominales SNE/SNF est supérieur à 3.

e) – Différence de groupe de couplage


Lorsque les transformateurs ont des valeurs différentes de l'indice horaire H, il
apparaît un déphasage entre les tensions secondaires à vide dont la différence
V = V 20E - V 20F engendre des courants de circulation, selon la relation (5.32), comme
illustré sur la figure 5.9. Ce déphasage peut être tel que le courant de circulation soit
supérieur au courant nominal du transformateur. C’est la raison pour laquelle le groupe
horaire des transformateurs fonctionnant en parallèle doit être strictement identique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 5.11


Chapitre 6

TRANSFORMATEURS SPÉCIAUX
6.1 TRANSFORMATEUR DE TENSION

Un transformateur de tension, appelé aussi transformateur de potentiel (symbole TP),


est un transformateur destiné à rabaisser (N2 << N1) une tension jusqu’à un niveau que peut
supporter un appareil de mesure ou un système de protection. L'enroulement secondaire d'un
transformateur de tension fournit une valeur normalisée de tension, généralement inférieure à
230 V (100, 110, 115, 120, 220, 230 V).

I1 Z CC I'2

N1 N2
V1 Z' V '2
V1 V
V2

Fig 6.1 Fig 6.2

L'esquisse de ce transformateur est reprise sur la figure 6.1. Son schéma équivalent,
présenté comme un diviseur de tension, est repris sur la figure 6.2 où Z' représente l'impédance
de la charge. De ce schéma, on tire la relation :
N Z'
V2
' 1
V = 2 ' V1
(6.1)
N2 Z cc + Z
Par conséquent, V 2'  V 1 si Z '  Z cc . Lorsque la condition Z '  Z cc est réalisée, le
courant est négligeable et le rapport entre les tensions primaire et secondaire reste constant de
sorte qu'on peut écrire :
N2 = V 1
V 2= V1 (6.2)
N1 
C'est la relation souhaitée pour un transformateur de tension. Par conséquent, pour assurer une
transformation correcte des tensions, selon la relation (6.2), la condition Z '  Z cc doit être
remplie, c.-à-d. que le transformateur de tension doit fonctionner à vide. En pratique, il apparaît
une différence entre V 1 et V2' à cause du courant consommé par l'appareil de mesure, laquelle
différence est définie par :
a) l’erreur de rapport ou erreur de module des tensions :
V 2 -V1
v = .100 [%] (6.3)
V1
b) - le déphasage ou erreur de phase entre les tensions V 1 et V2' :
 v =  V 1 -  V’2 (6.4)
où α désigne l'argument d'une tension. Ces erreurs doivent être inférieures aux valeurs prévues
par les normes. Les normes donnent les valeurs suivantes qui déterminent les classes de
précision :
 v [%] : 0,1 - 0,5 – 1 – 3
 v [ minutes ] : 5 – 20 – 40.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.1


6.2 TRANSFORMATEUR DE COURANT

Un transformateur de courant, appelé aussi transformateur d'intensité (symbole TI), est


un transformateur destiné à rabaisser (N2 >> N1) un courant jusqu’à un niveau que peut
supporter un appareil de mesure ou un système de protection. L'enroulement secondaire d'un
transformateur de courant fournit une valeur normalisée du courant, généralement de 1 ou 5 A.
Lorsque plusieurs appareils sont simultanément alimentés par le même transformateur de
courant, leurs enroulements doivent être connectés en série, afin qu'ils soient parcourus par le
même courant.

I1 Z1 Z '2 I'2

I1 I2 I0
A
Zm Z'
N1 N2
Fig 6.3 Fig 6. 4

L'esquisse de ce transformateur est reprise sur la figure 6.3. Son schéma équivalent,
présenté comme un diviseur de courant, est repris sur la figure 6.4, où Z' représente
l'impédance de la charge. De ce schéma, on tire la relation :
N2 Zm
I 2' = I2= - ' ' I1
(6.5)
N1 Zm+ Z2 + Z
Par conséquent, - I 2  I 1 si Z 2 + Z  Z m . Lorsque la condition Z 2' + Z '  Z m est réalisée
’ ' '

:
- le déphasage entre le courant à mesurer I 1 et le courant secondaire - I 2 est voisin de 0;
- le rapport entre leurs amplitudes est proche du rapport des nombres de spires :
- I 2 = N1 I1 =  I1 (6.6)
N2
C'est la relation souhaitée pour un transformateur de courant. Par conséquent, pour assurer
une transformation correcte des courants, selon la relation (6.6), la condition Z 2' + Z '  Z m
doit être remplie, c.-à-d. que le fonctionnement du transformateur de courant doit être proche du
fonctionnement en court-circuit : Z’  0. En pratique, il apparaît une différence entre I 1 et - I 2' à
cause du courant I 0 , laquelle différence est définie par :
a) - l'erreur de rapport ou erreur de module des courants :
/ - I 1
I = I 2 .100 [%] (6.7)
I1
b) - le déphasage ou erreur de phase entre les courants I 1 et - I 2' :
 I =  I 1 -  I’2 (6.8)
où α désigne l'argument d'un courant. Ces erreurs doivent être inférieures aux valeurs prévues
par les normes. Les normes donnent les valeurs suivantes qui déterminent les classes de
précision :
 I [%] : 0,1(0,2) - 0,5 - 1 - 3 - 10
 I [minutes] : 5 - 10 - 20 - 30 - 40.- 60 - 80
Notons enfin que le circuit au secondaire d'un transformateur de courant ne peut jamais
être ouvert lorsqu'un courant circule au primaire. Si I2 = 0, la f.m.m. du secondaire est nulle, et le
Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.2
courant primaire I1 joue le rôle d’un courant à vide imposé. Il donne naissance à un flux  très
élevé et donc à une tension secondaire très élevée (danger d’électrocution). Il en résulte un
échauffement et des contraintes diélectriques tellement élevées qu’ils détruisent l’appareil.

6.3 AUTOTRANSFORMATEUR

Un autotransformateur est un transformateur dans lequel l’enroulement primaire et


l’enroulement secondaire ont une partie commune [17]. Le schéma d’un autotransformateur
abaisseur monophasé est repris sur la figure 6.5. Cet autotransformateur est formé de deux
bobines ‘’p’’ et ‘’s’’ branchées en série. L’enroulement primaire ‘’1’’ est formé de deux bobines
‘’p’’ et ‘’s’’ en série; tandis que l’enroulement secondaire ‘’2’’ comprend la bobine ‘’s’’.

I1 Ip

Vp Np

V1 I2
V 2  VS IS NS

Fig 6.5

Soient Np et Ns les nombres des spires respectifs des deux bobines. Si


l'autotransformateur est supposé parfait, les hypothèses de la section 3.2.2 nous permettent
d'écrire :
V p = j N p  ; V s = j N s  et N p I p + N s I s = 0 (6.9)
avec :
V 1 = V p +V s ; V 2 = V s (6.10)
I1 = I p ; I 2 = I s - I p = I s - I1 (6.11)
Entre les grandeurs internes, on a les rapports suivants:
Vp= Np ; - I p = Ns (6.12)
Vs Ns Is N p
Des relations ci-dessus on peut déduire le rapport entre les tensions externes,
V 1 = V p +V s = V p + 1 = N p + 1 = N p + N s =  (6.13)
V2 Vs Vs Ns Ns
et le rapport entre les courants externes,
- +
- I 2 = I1 I s = 1 - I s = 1+ N p = N p N s =  (6.14)
I1 I1 Ip Ns Ns
ainsi que le courant de l'enroulement "s"
I2 1
I s = I 1 + I 2 = -  + I 2 = I 2 (1 -  ) (6.15)

Le courant Is traversant la partie commune est plus faible que le courant secondaire I2
du transformateur de construction classique. A densité de courant égale, la section des
conducteurs du secondaire peut être réduite dans le rapport 1 à (1 - 1/) .
Au point de fonctionnement nominal, l'autotransformateur reçoit du réseau primaire une
puissance apparente S 1N = V 1N I 1N et fournit au réseau secondaire une puissance apparente
S 2N = V 2N I 2N . Ces deux puissances apparentes sont égales :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.3
S1N = V 1N I 1N =  V 2N . I2N = V 2N I 2N = S 2N = S t (6.16)

La puissance apparente St est donc fournie par le réseau primaire au réseau secondaire et est
appelée puissance traversante.
Au point de fonctionnement nominal, la puissance apparente de la bobine "p" vaut
S pN = V pN I pN ; tandis que la puissance apparente de la bobine "s" vaut S sN = V sN I sN . Ces
deux puissances sont égales:

S pN = V pN I pN = | V 1N - V 2N | I 1N = | V 1N - V1N | I 1N = V 1N I 1N (1 - 
1)

= V 2N I 2N (1 - 1 ) = V sN I sN  SsN = S d (6.17)

La puissance apparente Sd est la puissance transmise de l'enroulement "p" à l'enroulement "s"
par voie électromagnétique et est appelée puissance électromagnétique.
La différence entre la puissance traversante St et la puissance électromagnétique Sd
représente la puissance Se transmise du réseau primaire au réseau secondaire par voie
électrique:
S e = S t - S d = St = V 1NI 1N = V 2NI 2N = V 2N I 1N (6.18)

Les dimensions d'un autotransformateur sont déterminées à partir de la puissance


électromagnétique Sd, qui pour cette raison est aussi dénommée puissance de
dimensionnement : Sd = St(1 - 1/μ). La puissance de dimensionnement Sd d'un
autotransformateur est donc plus petite que celle d'un transformateur ordinaire de même
puissance traversante St. Le rapport de réduction est de 1 à (1 - 1/μ). Un autotransformateur
sera donc sensiblement plus petit qu'un transformateur ordinaire de même puissance
traversante (prix réduit). Les dimensions sont d'autant plus réduites que le rapport de
transformation μ est proche de l'unité.
On peut montrer que la tension de court-circuit vccrAU d'un autotransformateur est plus
faible que la tension de court-circuit vccrTR d'un transformateur ordinaire : vccrAU = vccrTR (1 - 1/μ).
C'est dire que l'impédance de court-circuit zccr = rccr + j xccr d'un autotransformateur est plus
faible que celle d'un transformateur ordinaire dans le rapport 1 à (1 - 1/μ). Le courant de court-
circuit d’un autotransformateur sera donc plus élevé que celui d’un transformateur ordinaire.
La liaison électrique qui existe entre le réseau HT et le réseau BT peut présenter un
danger , surtout lorsque µ >> 1. C’est la raison pour laquelle l’autotransformateur n’est pas
utilisé pour µ >3.
Notons que l'autotransformateur est employé également comme élévateur de tension.
On utilise aussi des autotransformateurs triphasés.

6.4 TRANSFORMATEUR À TROIS ENROULEMENTS

Le transformateur monophasé à trois enroulements (figure 6.6) porte sur son circuit
magnétique trois enroulements : un enroulement primaire (1), un enroulement secondaire (2), et
un enroulement tertiaire (3). Il permet d’alimenter deux réseaux de tension respectives V2 et V3
à partir d’un réseau de tension V1 à l’aide d’un appareil unique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.4


I2

I1 V2

V1 I3

V3

Fig 6.6
Le transformateur à trois enroulements est moins encombrant et meilleur marché que
deux transformateurs à deux enroulements, de rapport de transformation respectifs µ12 = V1/V20
et µ13 = V1/V30. Le principal inconvénient du transformateur à trois enroulements consiste en sa
faible sécurité. En effet, en cas de défaillance, le transformateur à trois enroulements est mis
entièrement hors service, alors que lorsqu’on a deux transformateurs à deux enroulements, l'un
peut fonctionner sans l’autre.
jX3' R’3
I'3
R1 X11
I1 jX
X’2'2
jX R’2
I'2
I0
V'3

V1 R fe jX
Xm1
V3
m V'2 V2

Fig 6.7

Le schéma équivalent du transformateur monophasé à trois enroulements est repris sur


la figure 6.7. On affecte du signe prime (') les grandeurs des enroulements secondaire (2) et
tertiaire (3) rapportées à l'enroulement primaire (1). L'impédance de magnétisation (Rfe et Xm)
est déterminée expérimentalement de la même manière que celle du transformateur à deux
enroulements. Les autres paramètres sont déterminés expérimentalement à partir de trois
essais de court-circuit :
a) – Enroulement ‘’1’’ alimenté, ‘’2’’ court-circuité et ‘’3’’ ouvert :
'
Z cc12 = R CC12 + j X cc12 = Z 1 + Z 2 (6.19)
b) – Enroulement ‘’1’’ alimenté, ‘’3’’ court-circuité et ‘’2’’ ouvert :
'
Z cc13 = R CC13 + j X cc13 = Z 1 + Z 3 (6.20)
c) – Enroulement ‘’2’’ alimenté, ‘’3’’ court-circuité et ‘’1’’ ouvert,
('impédance ramenée à l'enroulement ‘’1’’) :
Z cc' 23 = Rcc
' ' ' '
23 + j X cc 23 = Z 2 + Z 3 . (6.21)
' '
On résout alors ce système de trois équations par rapport aux impédances Z 1 , Z et Z , dont les
2 3

parties réelles et imaginaires valent respectivement :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.5


' '
+ - Rcc23 + - X cc23
R1 = Rcc12 R2cc13 ; X 1 = X cc12 X2cc13
' '
+ Rcc23 - + X cc23 - X cc13
R2 = Rcc12 2 Rcc13 X 2 = X cc12 2
’ ’
; (6.22)
' '
+ Rcc23 - + X cc23 - X cc12
R3 = Rcc13 2 Rcc12 X 3 = X cc13 2
’ ’
;
Ces paramètres peuvent être exprimés en grandeurs réduites à l’aide des mêmes
formules ci-dessus; ce qui fait disparaître les transformateurs parfaits. Les réactances qui
résultent de ces calculs n'ont pas d'interprétation facile. Il peut même arriver qu'on obtienne une
valeur négative pour une réactance. Par conséquent, le schéma équivalent n’est qu’un modèle
de calcul.
Notons enfin qu'on fabrique aussi des transformateurs triphasés à trois enroulements.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 6.6


Chapitre 7

RÉGIMES TRANSITOIRES DES TRANSFORMATEURS


7.1 COURANT D'ENCLENCHEMENT À VIDE

Considérons un transformateur dont l'enroulement secondaire est ouvert (i2 = 0). A l'instant
t = 0, on applique à l’enroulement primaire la tension simple v1 = V1m cos (ωt + α). L'équation de
tension de l'enroulement primaire est la suivante :
d 1 = v1
R1 i0 + N 1 dt (7.1)
où i0 est le courant à vide et 1 est le flux propre de l'enroulement primaire. Cette équation
différentielle est non-linéaire, car la relation entre 1 et i0 (courbe d’aimantation) n’est pas linéaire.
Soit L11

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.1


avec e-t/ T 0 = e-/ T 0 = e- R 1 / L11  1 , car R1   L11 ; d'où
1  2 m (7.8)

1 io

t
t I1N
t
Io
S
Fig 7. 2
Fig 7.1

En pratique, le flux m correspond à une valeur de l'induction égale à environ 1,7 T. Pour
atteindre la valeur du flux donnée par la relation (7.8), le matériau sera fortement saturé, à tel point
que le courant d'enclenchement à vide i0, en anglais "inrush current", nécessaire à la création de
ce flux va croître plus que proportionnellement à ce flux. La courbe de i0 est reprise sur la figure
7.2, qui illustre la présence d'harmoniques.
Le courant à vide en régime permanent I0 ne constitue qu’une faible fraction du courant
nominal I1N (section 3.1.3). Cependant, la valeur maximale du courant d’enclenchement à vide
i0max peut, dans le cas le plus défavorable, dépasser la valeur de ce courant nominal : I0 << I1N <
i0max. A partir des relevés oscillographiques du genre de celui de la figure 7.2, on a obtenu des
valeurs de l’ordre de 100 pour le rapport i0max/I0 . Pour un rapport i0max/I0 = 100, et pour I0 égal à 2,5
% de I1N , le courant d’enclenchement à vide vaudra, dans le cas le plus défavorable, i0max = 100 I0
= 100.0,025.I1N = 2,5 I1N.
Le courant d'enclenchement à vide, qui s’amortit avec la constante de temps T0, ne
présente pas de danger pour le transformateur. On doit cependant en tenir compte lors du réglage
des relais de protection. On veillera aussi à ce que ce courant n’endommage pas les appareils de
mesure lors des essais.

7.2 COURT-CIRCUIT AUX BORNES DE L'ENROULEMENT SECONDAIRE

7.2.1 Équations du régime de court-circuit

Considérons un transformateur dont l'enroulement secondaire est ouvert (i2 = 0), et dont
l'enroulement primaire est branché sur un réseau de tension simple v1 = V1m cos (ωt + α), avec
V1m = 2 V1. Utilisons le schéma équivalent de Kapp (figure 3.10), avec l’impédance de court-

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.2


circuit Zcc = Rcc + j Xcc. Après l'application d'un court-circuit triphasé symétrique aux bornes de
l'enroulement secondaire, le phénomène transitoire est décrit par l'équation différentielle suivante :
di
Rcc i1 + Lcc dt1 = V 1m cos (t + ) (7.9)
La solution générale de cette équation différentielle non-homogène à coefficients
constants est la somme de deux termes :
a) - La solution de l'équation homogène (sans second membre), appelée composante transitoire
(libre ou apériodique), qui vaut :
-t/
it = C e T cc (7.10)
où Tcc = Lcc/Rcc est la constante de temps en court-circuit.
b) - Une solution particulière is de l'équation non-homogène, appelée solution stationnaire,
permanente ou forcée.
Il est connu qu'après un certain intervalle de temps, le circuit concerné est parcouru par un
courant sinusoïdal établi :
i s = 2 I cc cos(t +  -  cc ) , (7.11)
avec Icc = V1/Zcc , cc = arctg (ωLcc/Rcc) et I ccm = 2 I cc .
Étant donné qu'avant le court-circuit, le transformateur fonctionne à vide, si on néglige le
courant à vide, le courant à l'instant initial (t = 0) vaut : (it+is)t=0 = C + Iccm cos (α -cc) = 0; d'où la
constante d'intégration C = - Iccm cos (α - cc). Par conséquent, la solution générale de l'équation
(7.9) est la suivante :
2 V 1 cos( - ) -t/ T cc + 2 V 1 cos (t +  - )
icc = -  cc e  cc (7.12)
Z cc Z CC
L'instant ( t = 0 ) le plus défavorable à l'application du court-circuit est donné par α = cc ou
α = cc + π. Dans ce cas, la valeur initiale de la composante transitoire est égale à l'amplitude du
courant permanent et le courant de court-circuit vaut :
2 V 1 -t/ T cc  2 V 1 cos t ,
icc =  e (7.13)
Z cc Z cc
où le signe supérieur correspond à α = cc.
La courbe de icc selon cette relation est reprise sur la figure 7.3, pour α = cc + π. Le
courant de court-circuit s'amortit avec la constante de temps Tcc, qui est de 0,01 à 0,2 seconde
pour les transformateurs de puissance [16]. Au bout d'une demi-période (ωt = π c-à-d pour t = /
= /2f = 1/2f ), le courant atteint son maximum, appelé valeur de crête, qui vaut :

Î = 2 V 1 (1 + e-1/2f T cc ) (7.14)
Z cc

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.3


i

I i
cc

i
t
t

iS

Fig 7. 3
-1/2f T cc
Le coefficient 2(1 + e ) est appelé coefficient d'asymétrie [19]. Pour f = 50 Hz, la demi-
période vaut t = 1/2f = 10 ms. Supposons que la tension primaire soit égale à la tension nominale
primaire : V1 = V1N. Rapporté à l’amplitude du courant nominal, le courant de crête vaut :
Î = 2 V 1N (1 + e-1 / 2f T cc ) = 1 (1 + e-1/2f T cc ) (7.15)
2 I 1N Z cc . 2 I 1N vccr
où vccr est la tension de court-circuit en grandeurs réduites.

7.2.2 Courant de court-circuit présumé

On appelle courant de court-circuit présumé Icc , la valeur efficace du courant qui s'établirait
en régime permanent lors d'un court-circuit en l'absence de toute protection. Ce courant dépend
bien entendu du point du réseau où se manifeste le défaut. Si celui-ci se produit près des bornes
de sortie du transformateur, le courant Icc est limité uniquement par l'impédance de court-circuit de
ce transformateur ; d'où :
V 1N = V 1N I 1N = V 1N I 1N = I 1N (7.16)
I cc =
Z cc Z cc I 1N V cc vccr
ou en grandeurs réduites
I cc = 1 (7.17)
i ccr =
I 1N vccr

7.2.3 Rcc négligeable

Si Rcc est négligeable par rapport à  Lcc , le terme exponentiel de la relation (7.14) reste
voisin de l'unité, de sorte que d'après cette relation, le courant de crête vaut :
Î  2 2V1N  2 2 Icc  2,8 Icc (7.18)
Zcc
ou compte tenu de (7.16) :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.4


2,8 I1N
Î (7.19)
vccr

7.2.4 Rcc non négligeable.

Le courant de court-circuit s'amortit avec la constante de temps Tcc. On désigne alors par
kcc le rapport entre le courant de crête et l'amplitude du courant de court-circuit présumé :
k cc = Î (7.20)
2 I cc
Ce rapport kcc dépend de l'amortissement, c-à-d du rapport Rcc/Xcc. La figure 7.4 donne la courbe
kcc = f(Rcc/Xcc). Compte tenu de (7.20) et (7.16), le courant de crête vaut :
Î = 2 k cc I cc = 2 k cc V 1N = 2 k cc I 1N (7.21)
Z cc vccr
ou en grandeurs réduites :
îr = Î = 2 k cc (7.22)
I 1N vccr
Pour un transformateur de grande puissance, de vccr  11 %, kcc  1,7 et îr  2 .1,7/0,11 = 22 p.u.
La figure 7.4 montre que pour Rcc  0, on a kcc  2; ce qui correspond à l’approximation de la
relation (7.18).
kCC

2,0

1,8

1,6

1,4

1,2

1
0 0,4 0,8 1,2
Rcc
Xcc
Fig 7. 4

7.2.5 Effet des courants de court-circuit

Les courants de court-circuit représentent un danger à cause :


a) des efforts électrodynamiques. Étant donné que les enroulements primaire et secondaire
sont parcourus par des courants en sens opposés, ces forces tendent à comprimer les spires de
l'enroulement intérieur et à repousser les spires de l'enroulement extérieur. L'interaction entre les

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.5


courants des spires d'un même enroulement donne naissance à des forces électrodynamiques
d'attraction entre ces spires.
b) de l'échauffement.

7.3 SURTENSIONS

7.3.1 Définition

On appelle surtension toute tension entre un conducteur de phase et la terre ou entre deux
conducteurs de phase dont la ou les valeurs de crête dépassent la valeur de crête correspondant
à la tension la plus élevée pour le matériel.

v % 
Vm
100

50
t
Tm Td

Fig 7. 5
Les surtensions se présentent, soit sous forme d'onde de choc (impulsion apériodique),
soit sous forme d'oscillations amorties qu’on assimile à l'onde de choc. La figure 7.5 montre une
onde de choc de manœuvre. Le temps de montée de la tension à partir de zéro jusqu'à la valeur
maximale Vm donne la durée du front de l'onde Tm. Il est de l’ordre de quelques microsecondes.
Le front (montée en tension) de l'onde est dit raide lorsque sa durée n'est que de quelques
microsecondes. L'onde de choc est aussi caractérisée par la durée jusqu'à la mi-valeur Td, qui
correspond au temps écoulé entre le passage de la tension à zéro et à la moitié de la valeur
maximale. L'onde de choc est alors identifiée par le rapport suivant : Tm/Td [ μs ]. On a alors le
rapport 250/2500 μs pour l'onde normalisée de choc de manœuvre et 1,2/50 μs pour l'onde
normalisée de choc de foudre.
Lorsqu’une surtension se manifeste en un point donné d’une ligne électrique, son onde se
propage sur cette ligne dans les deux sens. Cette situation est illustrée sur la figure 7.6. Si cette
surtension pénètre dans l’enroulement d’un transformateur T, il apparaît des contraintes
diélectriques dangereuses à l’intérieur de ce transformateur. Pour protéger un transformateur
contre les surtensions, on place en amont de ce transformateur, des éclateurs ou un parafoudre
P. Ces dispositifs amorcent à partir d’une tension d’amorçage Va. A cette tension d’amorçage, il
s’établit entre les éclateurs un arc qui est alors coupé par le disjoncteur. A l’amorçage, le
parafoudre réduit la tension Vm ( > Va ) de l’onde jusqu’à une tension résiduelle Vr.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.6


Vm
Vr

P
T

Fig 7. 6
7.3.2 Schéma équivalent

Lorsque la tension s'élève de 0 à Vm pendant un temps Tm, le phénomène est semblable à


celui qui est obtenu lorsqu’on applique au transformateur une tension alternative d’amplitude Vm et
de période T = 4 Tm (figure 7.5). Pour l'onde normalisée de foudre, par exemple, Tm  1,2 μs et la
fréquence équivalente est de l'ordre de f = 1/T  1/(4.1,2.10-6) = 0,2 MHz.
En fonctionnement normal à fréquence industrielle (50 Hz), le courant passe par la
résistance et la réactance des enroulements. A cette fréquence, il est justifié de négliger les
capacités. Par contre, pour les fréquences élevées de l'ordre de 0,2 MHz caractérisant les
surtensions, les réactances inductives  deviennent très grandes, alors que les réactances
capacitives 1 C diminuent. Dans ce cas, le modèle du transformateur doit tenir compte de (figure
7.7) :
- l'inductance Ls (et la résistance Rs) de chaque spire;
- la capacité longitudinale Cs entre les spires;
- la capacité transversale Cts entre les enroulements et les parties du transformateur reliées à la
terre.
Le schéma équivalent correspondant est repris sur la figure 7.7 en trait continu. La borne A
est la borne d'entrée. La borne N peut être reliée à la terre, à travers l’interrupteur D.
Ce schéma équivalent sera utilisé pour déterminer la répartition initiale de la tension le
long de l’enroulement [16, 21-23].
On appelle répartition initiale la répartition de la tension lorsque la tension agissant sur les
premières spires atteint sa valeur maximale Vm. Dans ce cas, étant donnée la valeur élevée de la
fréquence, on peut admettre que les réactances inductives sont infiniment grandes et que les
courants ne circulent qu'à travers les capacités.
La chaîne des capacités discrètes de la figure 7.7 comprend n éléments. Les capacités
longitudinales Cs étant en série, la capacité longitudinale résultante C est telle que : 1 C =
n Cs .Par conséquent, C = Cs n . En outre, les capacités Cts étant en parallèle, la capacité
transversale résultante vaut : Ct = nCts.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.7


Ce
A Ls N

Cl s
Cts D

Fig 7. 7

Sur la figure 7.8, la chaîne des capacités discrètes a été remplacée par un circuit à
paramètres répartis. Soit L la longueur de l'enroulement et X la distance d'un point quelconque de
cet enroulement à la borne A. Pour un petit élément de longueur dx, la capacité longitudinale Cx
peut être déterminée de la manière suivante (les capacités Cx étant en série) :
1 =  1 = 1 .n = 1 L
C C x C x C x dx
L
C x = C  .n = C  (7.23)
dx
La capacité transversale C tx de l'élément dx est déterminée de la manière suivante (les capacités
C tx étant en parallèle) :
Ct =  Ctx = Ctx .n = Ctx . dx
L

dx
C tx = Cnt = C tL (7.24)

7.3.3 Equation de tension

Nous allons écrire les équations du circuit de la figure 7.8 en négligeant les courants qui
passent par les inductances. La première équation de Kirchhoff au nœud F s'écrit :

i - it - i - xi dx = 0

it = - xi dx (7.25)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.8


i
i  dx
Cx i x
F
V V
Ctx dx dx
x x
it v

dx dx
x
X

Fig 7. 8

Le courant dans la branche verticale vaut aussi :


v C t dx v
it = C tx = (7.26)
t L t
En prenant les seconds membres des relations (7.25) et (7.26), on a :
 i dx = - C t dx v
x L t
 i = -  ( C t v) (7.27)
x t L
Le courant dans la branche horizontale vaut :
i = - Cx t ( vx dx) = - C dx
L  ( v dx) = -  ( C L v )
t x t x
(7.28)
d'où
 i = -  ( L  2 v ) (7.29)
x t C   x 2
En prenant les second membres des relations (7.29) et (7.27) , on a :
 ( C L  v ) =  ( C t v)
2
(7.30)
t 
 x2 t L
Pour déterminer la répartition initiale de la tension sur l'enroulement on peut dans un premier
temps négliger la variation de la tension v avec le temps [22,23]. L'équation (7.30) prend alors la
forme suivante :
2
d v - Ct 1 v = 0 (7.31)
2 2
dx C  L
La solution de cette équation est de la forme
v = K 1 e px + K 2 e-px avec p = Ct / C L2 (7.32)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.9


2
où p et -p sont les solutions de l'équation caractéristique p - ( Ct / C  L2 ) = 0 . D'habitude, on pose
:
 = pL = Ct / C  (7.33)
Les valeurs des constantes K1 et K2 sont déterminées à partir des conditions aux limites.

7.3.4 Enroulement à point neutre mis à la terre

a) Répartition initiale
Dans ce cas les conditions aux limites sont les suivantes:
- borne A, x = 0 et v = V m  V m = K 1 + K 2 (7.34)
- borne N, x = L et v = 0  0 = K 1 e + K 2 e pL -pL
(7.35)
La relation (7.34) donne : K 2 = V m - K 1 . En remplaçant K2 par cette expression dans la relation
(7.35), on trouve :
-pL pL
K1 = - V m e e
pL- pL et K 2 = V m pL - pL (7.36)
e -e e -e
La substitution de ces expressions de K1 et K2 dans la relation (7.32) donne :
p(L - x)
v =V m e - e-p(L- x) = sinh [p(L - x)] (7.37)
pL - pL Vm sinh pL
-
e e
L'allure de la répartition initiale de la tension, selon la relation (7.37) est reprise sur la figure 7.9
pour différentes valeurs de  .

a1) Valeur négligeable de 


Rappelons que lorsque y  0 , sinh y  y . Par conséquent; pour   0 , c'est-à-dire pour
p = /L  0 , la relation (7.37) se met sous la forme suivante:
p(L - x) (7.38)
v =V m
pL
Pour   0 , la courbe de la tension v est une droite (  = 0 sur la figure 7.9). La répartition initiale
de la tension est uniforme, c'est-à-dire que tous les éléments x de l'enroulement sont soumis à
la même chute de tension v . Le premier élément x de l'enroulement est lui aussi soumis à
cette même tension qui vaut :
v0 = ( dv )x=0 x = - V m x (7.39)
dx L

a2) Valeur élevée de 


Par contre, pour des valeurs élevées de  , nous ne pouvons plus utiliser la simplification
appliquée plus haut sur la fonction sinh y. Dans ce cas, la tension agissant sur un élément de
l'enroulement vaut :
 
v = dv
dx x= X
x =  V m

- p cosh [p(L - x)] 
sinh pL  x
x= X
(7.40)

La tension agissant sur le premier élément (x = 0) vaut :


 v0 = - V m p
cosh pL
x =  V m
 coth  x (7.41)
sinh pL L

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.10


Pour des valeurs élevées de  (avec  > 3 ), coth   1 . Par conséquent :
 v0 = - V m  x (7.42)
L
En comparant les relations (7.39) et (7.42), on voit que pour des valeurs élevées de  , le premier
élément de l'enroulement est soumis à une tension  v0 qui est  fois plus grande que celle qui
correspond à une répartition uniforme (  = 0 ). Comme on le voit sur la figure 7.9, l'irrégularité de
la répartition de la tension s'accentue lorsque la valeur de  augmente. Cette figure montre que
pour   10 , près de 60 % de la tension totale s'appliquent sur les premiers 10 % de l'enroulement
proches de la borne d'entrée.

1,0

0,8
v
0,6
Vm α=0
0,4 5
1
0,2
10

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1


x
L
Fig 7. 9
b) Répartition finale
Ici, on suppose que l'onde a une forme rectangulaire (trait interrompue sur la figure 7.6) et
qu’une tension constante égale à Vm agit pendant le temps Tm sur les premières spires. A un
certain moment, chaque point de l'enroulement aura un potentiel de valeur fixe. C’est la répartition
finale. Elle est linéaire (droite  = 0 sur la figure 7.9).

c) Passage de la répartition initiale à la répartition finale


Les capacités et les inductances de la figure 7.7 constituent une série des circuits
oscillants. Le processus de passage de la répartition initiale à la répartition finale est donc un
phénomène oscillant. A cause des résistances des enroulements et des isolants, ces oscillations
s'amortissent progressivement. L'amplitude des oscillations est donnée par la différence entre la
répartition initiale et la répartition finale (figure 7.10). Ces oscillations très complexes se font autour

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.11


1

v
Vm

x 1
L

Fig 7. 10
d’un axe confondu avec la répartition finale. Les limites des oscillations sont tracées en trait
interrompu.

7.3.5 Enroulement à point neutre non mis à la terre

Lorsque la borne N n'est pas mise à la terre, la répartition de la tension est donnée par la
relation (7.32) avec les conditions aux limites suivantes:
- borne A , x = 0 et v = V m  V m = K 1 + K 2 (7.43)
- borne N , x = L et i = 0  d'après la relation (7.28), v
x
  x= L
=0
pL -pL
p K1 e - p K 2 e = 0 (7.44)
La relation (7.43) donne : K 2 = V m - K 1 .
En remplaçant K2 par cette expression dans la relation (7.44), on trouve :
-pL pL
K1 = V m e e
pL- pL et K 2 = V m pL - pL (7.45)
e +e e +e
La substitution de ces expressions de K1 et K2 dans la relation (7.32) donne :
p(x - L)
v =V m e + e-p(x - L) = cosh[p(x - L)]
(7.46)
pL- pL V m cosh pL
e + e
L'allure de la répartition de la tension selon la relation (7.46) est reprise sur la figure 7.11 pour
différentes valeurs de  . Ici la répartition finale est donnée par l'horizontale correspondant à
 = 0 . Le passage de la répartition initiale à la répartition finale se fait après des oscillations dont
les limites sont représentées sur la figure 7.12 en traits interrompus.
La tension agissant sur un élément x de l'enroulement vaut :
 
v = dv
dx x= X
x =  V m

p sinh[ p(x - L)] 
cosh pL  x
x= X
(7.47)

La tension agissant sur le premier élément (x = 0) vaut :


x = V m  tanh  x
sinh pL
 v0 = V m p (7.48)
cosh pL L

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.12


2
α=0
1,0

0,8 v
1
v Vm
0,6
Vm
2 1
0,4
5
0,2
10

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1


x
L x
L
Fig 7. 11
Fig 7. 12
Pour des valeurs élevées de  (avec  > 3 ) , tanh   1 . Par conséquent :

 v0 = V m x (7.49)
L

7.3.6 Protection des transformateurs contre les surtensions

Un gradient élevé de tension peut causer le claquage de l'isolant. Le transformateur doit


être protégé contre ce claquage. Cette protection est obtenue en prenant une valeur de =
( / ℓ ) / aussi faible que possible; ce qui assure immédiatement l’uniformité de la répartition de
la tension.
Une méthode efficace pour réduire  consiste à utiliser des écrans électrostatiques
d'équilibrage de la tension. Ces écrans, réalisés sous forme d'anneaux (isolants à surface
métallisée), sont reliés à la borne d'entrée de l'enroulement. A travers les capacités C e , ces écrans
augmentent le couplage capacitif entre la borne d'entrée de l'enroulement et les premières spires.
Pour expliquer comment ces écrans agissent, il suffit de remarquer à partir de la figure 7.7 que le
courant dans les capacités longitudinales C s diminue quand on progresse de la borne A vers la
borne N, à cause des courants shuntés vers la masse par les capacités transversales C ts . Étant
donné que les capacités sont supposées uniformément réparties, la chute de tension sur chaque
tronçon longitudinale est proportionnelle au courant de ce tronçon. Les écrans de capacité C e
sont placés de façon que leur courant compense le courant dans les capacités C ts . Dès lors, le
courant dans les capacités longitudinal C s diminue peu quand on progresse de la borne A vers la
borne N, et la répartition de la tension se rapproche de la répartition uniforme. Le système n'oscille
plus et le transformateur est dit anti-résonnant.
Sur la figure 7.7, le circuit équivalent des écrans est tracé en trait interrompu.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 7.13


TROISIÈME PARTIE

Chapitre 8

ENROULEMENTS DES MACHINES ÉLECTRIQUES TOURNANTES


8.1 INTRODUCTION

Dans une machine électrique, le courant électrique circule dans des conducteurs dont
l'ensemble forme l'enroulement. Lorsque l'enroulement est destiné à créer le flux magnétique, il est
appelé enroulement inducteur, enroulement d'excitation, ou tout simplement inducteur.
L'enroulement qui est le siège des f.é.m. de rotation ou des couples est appelé enroulement
d'induit ou tout simplement induit.
L'enroulement d'une machine électrique peut être concentrique (1 sur la figure 8.1). Dans
ce cas, les spires contiguës sont coaxiales au noyau du circuit magnétique et on dit que les pôles
de la machine sont saillants.

N
1

2
v

Fig. 8.1

Très souvent, l'enroulement est constitué de conducteurs logés dans des rainures
pratiquées suivant les génératrices à la périphérie (près de l'entrefer) du rotor ou du stator (2 sur la
figure 8.1). Dans ce cas, l'enroulement est dit réparti ou distribué, et les pôles de la machine sont
dits lisses. Les rainures dans lesquelles sont logés les conducteurs sont appelées encoches. La
partie qui sépare deux encoches consécutives est une dent. Les conducteurs, éventuellement
creux pour permettre le refroidissement direct, sont isolés entre eux et par rapport à la masse. Les
encoches sont fermées par des cales en matériau non magnétique. La disposition des
conducteurs dans les encoches permet une réduction de l'entrefer, une réduction des pertes par
frottement, et une meilleure résistance aux efforts mécaniques.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.1


8.2 PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT DE LA MACHINE TOURNANTE

8.2.1 Génératrice à courant alternatif

La figure 8.2 illustre le principe de fonctionnement de la machine à courant alternatif la plus


simple, fonctionnant en génératrice. Son circuit magnétique inducteur comprend deux pôles : un
pôle nord N et un pôle sud S. Dans l'espace compris entre ces pôles, il y a un rotor. Ce rotor porte
à la surface et dans un plan diamétral, un enroulement d'induit ayant une seule spire. Cette spire
est obtenue par la mise en série de deux conducteurs ab et cd. Les extrémités de cette spire sont
soudées sur deux bagues. Ces bagues sont solidaires avec le rotor et tournent avec lui. Sur ces
bagues frottent des pièces fixes A et B appelées balais, qui sont connectées au circuit extérieur.

N c B = B (θm)

eS = eS (t)
d
v
b

a θm

B t
A
θm
S
Fig.8.3
Fig.8.2

Prenons comme origine des angles m l'axe du pôle sud. Dans l'espace compris entre le
pôle nord et le pôle sud, les lignes du champ magnétique vont du pôle nord vers le pôle sud. Dans
la suite, l'induction magnétique B sera considérée comme positive lorsque les lignes du champ
vont du rotor vers le stator, et comme négative dans le cas contraire [16]. Compte tenu de cette
convention, l'induction est positive sous le pôle sud et négative sous le pôle nord. Par conséquent,
à la périphérie du rotor, l'induction magnétique B varie avec l'angle m , et la courbe B = f(m) est
illustrée sur la figure 8.3.
Faisons tourner le rotor à une vitesse constante v dans le sens des angles m croissant.
Lors de la rotation du rotor, la valeur instantanée de la f.é.m. induite dans le conducteur ab, se
trouvant sous le pôle sud, vaut : eab = B  v , où  est la longueur de la partie active du conducteur.
Le sens de cette f.é.m. est déduit de la règle de la main droite. Le conducteur dc se trouve sous le
pôle nord dans une position telle que l'induction est égale et de signe opposé à celle du conducteur
ab. La valeur instantanée de la f.é.m. du conducteur dc sera égale et de signe opposé à celle du
conducteur ab : edc = - eab = - B  v. Notons que ebc = 0. Étant donné que les conducteurs ab et dc
sont mis en série, la f.é.m. de la spire est donnée par : es = eab + ecd = eab - edc = 2B  v.
Étant donné que la longueur  et la vitesse v ont des valeurs constantes, la f.é.m. es
reproduit exactement dans le temps les variations de l'induction B dans l'espace. Pour la machine
de la figure 8.2, la répartition de l'induction dans l'espace est donnée sur la figure 8.3. Cette courbe
peut être décomposée en une série d'harmoniques dont l'harmonique fondamental est le plus

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.2


important. En tenant compte seulement de cet harmonique fondamental, l'induction magnétique
est supposée sinusoïdale et s'écrit :
B = Bm cos m (8.1)
La f.é.m. vaut :
e s = 2 B m  v cos(  r t +  m0 ) (8.2)
avec m = Ωr t + m0 , où m0 est la position du conducteur à l'instant initial (t = 0), et Ωr la vitesse
angulaire. Cette relation montre que lorsque l'induction magnétique B est sinusoïdale dans
l'espace, la f.é.m. es de la spire est sinusoïdale dans le temps.
Pour la machine de la figure 8.2, chaque balais est lié par la bague à un conducteur bien
déterminé : balai A à dc et balai B à ab. Aux bornes de la spire ab-cd, il apparaît une tension
alternative (sinusoïdale). Lorsqu'un récepteur est raccordé à ces bornes, ce récepteur est parcouru
par un courant alternatif (sinusoïdal). Dans la pratique, les balais sont reliés à des bornes situées
sur une plaque prévue pour le raccordement des conducteurs des récepteurs. Cette plaque est
appelée plaque à bornes.

8.2.2 Génératrice à courant continu

Le principe de fonctionnement d'une telle machine est illustré sur la figure 8.4. Dans le cas
de la machine à courant continu, le courant dans le circuit extérieur doit circuler dans un seul sens,
c.-à-d. qu'il est redressé. Pour assurer ce redressement, on connecte les extrémités de la spire ab-
cd à deux segments de cuivre, isolés l'un de l'autre et isolés de l'arbre de la machine. Ces
segments de cuivre sont désignés sous le nom de lames du collecteur. L'ensemble de ces
segments associés à leur isolement constitue un bloc cylindrique appelé collecteur. Sur les lames
du collecteur frottent des pièces fixes A et B, appelées balais qui sont reliées au circuit extérieur.
Ces balais doivent être placés dans une position telle que la f.é.m. induite dans la spire soit nulle
au moment où une lame passe d'un balai à l'autre.

N c
u

v d
A
b

a
B
t
u θm Fig.8.5
S

Fig.8.4

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.3


Faisons de nouveau tourner le rotor à la vitesse v. Une f.é.m. alternative sera induite dans
la spire ab-cd. La variation de cette f.é.m. de la spire est la même que dans une machine à courant
alternatif (figure 8.3). Cependant, dans la machine à courant continu, chacun des balais n'est relié,
à travers la lame du collecteur (contact glissant), qu'au conducteur qui se trouve sous un pôle
d'une polarité donnée : le balai A est relié au conducteur qui se trouve sous le pôle nord, et le balai
B est relié au conducteur qui se trouve sous le pôle sud. C'est dire que les polarités des balais A et
B restent inchangées lorsque la spire tourne. La f.é.m. alternative de la spire est transformée, aux
bornes du circuit extérieur, en une tension u pulsante (figure 8.5). Par conséquent, le courant
alternatif de la spire ab-cd est transformé, dans le circuit extérieur, en un courant pulsant.

8.2.3 Moteur électrique

Considérons chacune de machines des figures 8.2 et 8.4, dans lesquelles l’enroulement
statorique crée un champ magnétique dans la région où est situé le rotor. Supposons que les
conducteurs du rotor soient immobiles. Appliquons aux balais une tension fournie par une source
extérieure. Cette tension fera circuler un courant dans les conducteurs rotoriques. L'interaction
entre ce courant et le champ magnétique dû à l’enroulement statorique engendre des forces
électromagnétiques qui s'exercent sur les conducteurs rotoriques. Sous l'effet du couple dû à ces
forces, les conducteurs tournent en entraînant avec eux, l'entièreté du rotor. La machine fonctionne
alors en moteur.
De ce qui précède, on conclut qu'une même machine électrique tournante peut fonctionner,
soit en générateur, soit en moteur. Pour traduire cette propriété, on dit que les machines
électriques tournantes sont réversibles.

8.2.4 Influence du nombre de paires de pôles

Considérons deux machines dont les nombres de pôles sont différents. Par convention, on
désigne le nombre de paires de pôles par la lettre p. La première machine, dont la coupe est
reprise sur la figure 8.6 est constituée de deux pôles (p = 1) et la variation de l'induction dans son
entrefer B = f(m) est reprise sur la figure 8.7. La seconde machine, dont la coupe est reprise sur la
figure 8.8 est constituée de 4 pôles (p = 2) et la variation de l'induction magnétique dans l'entrefer
est reprise sur la figure 8.9.
B
θm S

180 360 θm [° mec]

180 360 θe [° él ]

Fig.8.6 Fig.8.7
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.4
Observons les courbes de variation de l'induction magnétique dans l'entrefer. On sait, à
partir du cours de trigonométrie, qu'un tour complet du rotor (sa circonférence) constitue un cycle
des grandeurs mécaniques, c.-à-d. 360 degrés (2π radians). La mesure de cet angle relative aux
grandeurs mécaniques est appelée angle mécanique. On la désigne par le symbole m et elle est
mesurée en degrés mécaniques ou en radians mécaniques.

θm S B

90 180 270 θm [° mec]


N N

180 360 540 θe [° él ]

S Fig.8.9

Fig.8.8

Pour la variation du champ magnétique, les figures montrent qu'un tour complet du rotor ne
correspond pas toujours à un seul cycle. Pour la machine à une paire de pôle (figure 8.6), un tour
du rotor correspond à un cycle de variation de l'induction magnétique (figure 8.7). Par contre, pour
la machine à 2 paires de pôles (figure 8.8), un tour du rotor correspond à 2 cycles de variation de
l'induction magnétique (figure 8.9). De manière générale, le nombre de cycles de variation de
l'induction magnétique est égal au nombre de paires de pôles p. C'est dire que lorsqu'il se rapporte
aux grandeurs électriques, un angle n'a pas nécessairement la même mesure que lorsqu'il se
rapporte aux grandeurs mécaniques. La mesure de l'angle relative aux grandeurs électriques est
appelée angle électrique. On la désigne par la symbole  (ou e) et son unité est le degré
électrique ou le radian électrique. Bref, nous avons montré que :
 = pm (8.3)
Nous désignerons également par Ωr, la vitesse angulaire mécanique du rotor et par ωr, sa
vitesse angulaire électrique. Entre ces deux grandeurs, on a la relation :
d d
r = = p m = p r (8.4)
dt dt
Pour une machine de plusieurs paires de pôles, la formule (8.2), doit être modifiée de la manière
suivante :
e s = 2 B m  v cos(  r t +  0 ) (8.5)
où la pulsation, notée souvent ω, vaut ω = ωr = 2πf, f étant la fréquence de la f.é.m. es, c.-à-d. le
nombre de cycles de es par seconde, donné par le nombre de cycles de l'induction magnétique B
par seconde. Si nsec est la vitesse de rotation en tours par seconde, le nombre de cycles de la
f.é.m. ou de l'induction est p fois plus grand que nsec; ce qui s'écrit : f = p nsec. Généralement, la
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.5
vitesse de rotation du rotor est mesurée en tours par minute et est désignée par n, avec nsec =
n/60. Par conséquent :
p n
f= (8.6)
60

8.3 ÉTOILE DES F.É.M. D’ENCOCHES

8.3.1 Définition

Considérons une machine à p paires de pôles, ayant un conducteur par encoche et dont le
rotor tourne à une vitesse angulaire mécanique constante Ωr (figure 8.10). Selon la relation (8.5), et
en considérant seulement l'harmonique fondamental, la f.é.m. induite dans un conducteur rotorique
est donnée par :
e1 = Bm  v cos( t +  0 ) = 2 E1 cos ( t +  0 ) (8.7)
Cette f.é.m. étant sinusoïdale, nous pouvons recourir à la méthode de représentation en
complexe (section 1.3). Le phaseur ou le substitut complexe de la f.é.m. e1 est alors donné par la
relation :
j
E1 = E1 e 0 (8.8)
Désignons par Z le nombre d'encoches. Sur la figure 8.10, Z = 8. Ces encoches sont
décalées l'une de l'autre d'un angle mécanique αm tel que :
E1
E8 E2
α
Ωr
2 3
1 α m,t z
5 E3
7 E7

E6 E4
E5
Fig.8.10
Fig.8.11
 m = 360 [mécaniques] (8.9)
Z
Les f.é.m. induites dans deux conducteurs situés dans deux encoches voisines seront déphasées
de l'angle électrique α tel que :
p.360
 = p m = [électriques] (8.10)
Z
Dans la suite, nous n’allons utiliser que des angles électriques. Par conséquent, il sera inutile
d’ajouter le qualificatif ‘’électrique’’ au mot ‘’degré’’ ou au mot ‘’radian’’.
Lorsque l'induit est situé au rotor, on numérote les encoches en sens inverse du sens de
rotation du rotor (figure 8.10). Un conducteur porte le même numéro que l'encoche dans laquelle il
se trouve. Traçons, sur le diagramme des phaseurs de la figure 8.11, le phaseur E1 de la f.é.m.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.6
induite dans le conducteur de l'encoche numéro un. Son argument 0 dépend de la position de
l'axe de référence par rapport auquel on mesure les angles. Prenons pour ce phaseur, de manière
arbitraire, la disposition indiquée sur la figure 8.11. La f.é.m. d'un conducteur (par exemple 2) est
déphasée en arrière d'un angle α par rapport à la f.é.m. du conducteur de numéro immédiatement
inférieur (par exemple 1); d'où le diagramme des phaseurs des f.é.m. induites dans les
conducteurs de toutes les encoches. Ce diagramme est appelé étoile des f.é.m. d’encoches [26].
Lorsque l'induit est situé sur le stator, on obtient la même étoile des f.é.m. d’encoches à
condition de numéroter les encoches dans le sens de rotation du rotor.

8.3.2 Exemple 8.1

- Données :
Z = 20 , p = 6
- Solution :
 = p360 /Z = 6.360/20 = 108
On obtient l'étoile des f.é.m. d'encoches de la figure 8.12. Pour simplifier les notations, à
partir de cette figure, nous désignons le phaseur par le numéro de son encoche.

11
1 4
14 18
4 8
α’
17,7 5, 15
1 y 2
α

20,10 2, 12
3

3
9, 19
13
6 Fig.8.13
16

Fig.8.12

8.3.3 Propriétés de l'étoile des f.é.m. d'encoches

L'observation de la figure 8.12 permet de formuler les propriétés suivantes relatives à une
étoile des f.é.m. d'encoches [6,7].
En parcourant les Z encoches, c'est-à-dire en effectuant un tour complet de l'enroulement,
on effectue p tours dans l'étoile des f.é.m. d'encoches, en raison d'un tour par paire de pôles. Dans
le cas de l'exemple 8.1, on effectue p = 6 tours.
Désignons par t le plus grand commun diviseur (p.g.c.d.) du nombre d'encoches Z et du
nombre de paires de pôles p. Dans le cas de l'exemple 8.1, Z = 20 = 2.2.5 , p = 6 = 2.3 et t = 2.
Après avoir parcouru une partie de l'enroulement correspondant à p/t paires de pôles, c'est-
à-dire après avoir tourné p/t fois dans l'étoile, on commence à rencontrer des encoches ayant
respectivement la même phase de la f.é.m. que dans le groupe initial. Dans le cas de l'exemple
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.7
8.1, p/t = 6/2 = 3. C'est dire qu'après avoir parcouru 3 paires de pôles ou après avoir tourné 3 fois
dans l'étoile, ou après avoir parcouru les encoches 1 à 10, on revient au phaseur 1 de départ : les
phaseurs 1 et 11 sont confondus. En général, le nombre de phaseurs confondus est égal à t. Dans
le cas de l'exemple 8.1, t = 2 phaseurs sont confondus. Par conséquent, il n'existe dans l'étoile que
Z/t phaseurs distincts. Dans le cas de l'exemple 8.1, il n'y a que Z/t = 20/2 = 10 phaseurs distincts.
Étant donné que l'étoile ne contient que Z/t phaseurs distincts, l'angle entre deux phaseurs
voisins vaut :
' = t.360 (8.11)
Z

Dans le cas de l'exemple 8.1, ' = 2.360/20 = 36

8.4 ENROULEMENT OUVERT A UNE COUCHE

8.4.1 Définitions

Un enroulement ouvert est un enroulement ayant une borne d'entrée (A sur la figure 8.15)
et une borne de sortie (‘’ A’ ’’ sur la figure 8.15). Tout enroulement est constitué par des spires.
Une spire est obtenue par la mise en série de deux conducteurs dont les f.é.m. sont déphasées
d'environ 180. Lorsqu'il y a plusieurs conducteurs par encoche, il y a aussi plusieurs spires
identiques et ces spires identiques sont mises en série pour former une section. Sur la figure 8.13,
on voit une section constituée de deux spires. On appelle côtés d'une section, les portions actives
de celle-ci, c.-à-d. les parties de ses conducteurs qui sont effectivement soumises au champ
magnétique. Ces côtés sont également appelés demi-sections ou faisceaux. Plusieurs sections
peuvent être munies d’une isolation commune par rapport aux parois de l’encoche. Ces sections
forment une bobine.
La terminologie utilisée pour désigner les différentes parties d'une bobine est la suivante
(numéro sur la figure 8.13) : 1 - côté, 2 - côté, 3 - connexion frontale avant, 4 - connexion frontale
arrière.
Les connexions frontales sont également appelées « têtes des bobines ».
Lorsqu'un enroulement a plusieurs conducteurs par encoche, on considère un conducteur
équivalent dont la f.é.m. est égale à la somme des f.é.m. des conducteurs qui le composent.
Le pas dentaire tZ est la distance entre deux encoches (entre leurs axes par exemple) : tZ =
2πR/Z = Rαm , où R est le rayon et Z le nombre d'encoches (figure 8.10). Le pas polaire  est l'arc
de cercle correspondant à un pôle (figure 8.8). Le pas d'enroulement « y » est la distance entre les
côtés d'une section (figure 8.13).
Le pas polaire et le pas d'enroulement sont mesurés :
- soit en unité de longueur :  = 2πR/2p (en mètre par exemple);
- soit en nombre de pas dentaires, c.-à-d. en nombre d'encoches :  = Z/2p (en encoches).

8.4.2 Réalisation d'un enroulement ouvert à une couche

Les données de départ sont les suivantes : le nombre d'encoches ‘’Z’’, le nombre de paires
de pôles ‘’p’’ et le nombre de phases ‘’m’’. Pour illustrer cette réalisation, nous prendrons des
données concrètes, à savoir Z = 36, p = 2 et m = 3. Pour établir le schéma de bobinage d'un
enroulement ouvert à une couche, on passe par les étapes suivantes :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.8


a) Dessin de l'étoile des f.é.m. d'encoches
Pour l'exemple d'illustration, on a : Z = 36, p = 2
 = p360/Z = 2.360/36 = 20
Z = 2.2.3.3 et p = 2 ; le p.g.c.d. de Z et p vaut t = 2.
Deux phaseurs sont superposés.
L'étoile comprend Z/t = 36/2 = 18 phaseurs distincts, déphasés de :
' = t.360/Z = 2.360/36 = 20
On obtient l'étoile des f.é.m. d'encoches de la figure 8.14

b) Choix des conducteurs aller de chaque phase


La figure 8.15 montre que lorsqu'on parcourt un enroulement du début (A) à la fin (a),
certains conducteurs seront parcourus de bas en haut; tandis que les autres seront parcourus de
haut en bas. Les premiers sont appelés conducteurs aller, les second conducteurs retour. De
même, on aura des encoches aller et des encoches retour [42].
Dans un enroulement à une couche et à Z encoches, étant donné que chaque section
occupe deux encoches, il y aura Z/2 sections. Ces sections doivent être réparties entre m phases,
en raison de
= Z (8.12)
2m
sections par phase. Par conséquent le nombre  doit être un nombre entier. Pour l'exemple
d'illustration (figure 8.14),  = 36/2.3 = 6 est bel et bien un nombre entier. Pour chaque phase, il y
aura  encoches aller et  encoches retour.
Pour utiliser les encoches le plus efficacement possible, les spires à mettre en série doivent
être choisies de façon à obtenir la f.é.m. la plus grande possible. Par conséquent, toutes les 
encoches aller d'une phase doivent être le siège des f.é.m. à déphasage minimal. Il doit en être de
même des  encoches retour.
Pour l'exemple d'illustration, choisissons  = 6 encoches à déphasage minimal comme
encoches aller (A+) de la phase A (figure 8.14). Prenons par exemple les encoches 1, 2, 3, 19, 20
et 21.
Par rapport aux f.é.m. des conducteurs aller de la phase A, les f.é.m. des conducteurs aller
des autres phases doivent être déphasées de 360/m, 2.360/m,...,(m-1).360/m. Pour réaliser
cette condition, il faudrait que le déphasage de 360/m, entre les f.é.m. respectives des
conducteurs aller de deux phases consécutives (A et B par exemple) soit un multiple du
déphasage α' entre deux phaseurs voisins (consécutifs) de l'étoile des f.é.m. d'encoches. Compte
tenu de (8.12), la relation (8.11) peut être écrite comme ceci :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.9


A+
19
36 20
B- 18 1
2
35 17 21
3
34 , 16 22
4
33 , 15 C-
5, 23

32 , 14
6, 24
C+
13
31 , 7, 25
12 8
, 26
30
11 10 9
29 28 27 B+
A-

Fig.8.14

'= t.360 = t 2m 360 = t . 1 . 360 (8.13)


Z 2 Z m 2  m
Le rapport g entre les valeurs des deux déphasages ( 360/m et ' ) a donc pour expression :
2
g = 360/m = (8.14)
' t
et doit être un nombre entier.
Cette propriété peut être démontrée autrement. En effet, dans la section 8.3.3, on a montré
que l'étoile ne contient que Z/t phaseurs distincts. Pour convenir à un enroulement à m phases, ce
nombre Z/t de phaseurs doit être divisible par m. Le rapport g = Z/tm entre les nombres Z/t et m
doit être un nombre entier. Or, selon (8.12), Z = 2m  . Par conséquent, g = 2m /tm = 2/t .
Pour l'exemple d'illustration (figure 8.14), g = 2.6/2 = 6, qui est bel est bien un nombre
entier.
Le premier conducteur aller de la deuxième phase (B) est donné par le (g + 1) -ième
phaseur de l'étoile, c'est-à-dire le (6 + 1) -ième phaseur de l'étoile, qui correspond ici au conducteur
numéro 7 (noter que g + 1 n'est pas toujours égal au numéro du g + 1 -ième phaseur). Les  = 6
conducteurs aller (B+) de la deuxième phase sont donc : 7, 8, 9, 25, 26 et 27.
Le premier conducteur aller de la troisième phase (C) est donné par le (2g + 1) -ième
phaseur de l'étoile, c'est-à-dire par le (2.6 + 1) = 13 -ième phaseur de l'étoile, qui coïncide avec le
conducteur numéro 13. Les  = 6 conducteurs aller (C+) de la troisième phase (C) sont donc : 13,
14, 15, 31, 32 et 33.

c) Choix des conducteurs retour de chaque phase


Pour obtenir la f.é.m. la plus grande possible par phase, on choisit les conducteurs retour
de telle sorte que leurs f.é.m. soient respectivement déphasées d'environ 180 par rapport à celles
des conducteurs aller. Pour l'exemple d'illustration (figure 8.14), les  = 6 conducteurs retour de
chaque phase sont repris ci-après :
- Phase A : - aller (A+) : 1, 2, 3, 19, 20, 21
- retour (A-) : 10, 11, 12, 28, 29, 30
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.10
- Phase B : - aller (B+) : 7, 8, 9, 25, 26, 27
- retour (B-) : 16,17, 18, 34, 35, 36
- Phase C : - aller (C+) : 13, 14, 15, 31, 32, 33,
- retour (C-) : 4, 5, 6, 22, 23, 24

d) Raccordement des conducteurs


Pour confectionner l'enroulement d'une phase, on forme les  sections en reliant chaque
conducteur aller à un conducteur retour, ensuite on raccorde les  sections de cette phase en série
(figure 8.15). Cependant, lorsque t > 1, chaque phase comprend t groupes de sections, c'est-à-dire
t circuits, ayant la même f.é.m. Au lieu de connecter en série ces t circuits d'une phase, on peut
tout aussi bien les connecter en parallèle. On obtient ainsi t branches parallèles par phase.
Rappelons que pour éviter la circulation des courants entre les branches parallèles, celles-ci
doivent avoir, non seulement des f.é.m. égales, mais aussi des résistances et des réactances
égales, c'est-à-dire la même forme.

1 2 3 4 10 11 12 19 20 21 28 2 9 3 0

Fig.8.15
A A’
B

Pour confectionner l'enroulement d'une phase à partir des  conducteurs aller et de 


conducteurs retour, plusieurs types de schéma peuvent être utilisés. Ces types de schéma sont
décrits dans la littérature, par exemple dans les références [6] et [7]. Ces schémas peuvent être de
type imbriqué, de type ondulé, de type concentriques ou en chaîne, etc. Les avantages qu'on
recherche dans l'établissement de ces schémas sont : la réduction de la largeur des bobines, la
réduction de longueur des connexions frontales, la facilité de la fabrication des bobines sur gabarit
lorsque les bobines sont de même forme, la possibilité d'avoir des parties séparables. Nous ne
donnons pas ici tous ces types de schéma. Nous nous limiterons, pour des besoins d'illustration,
aux schémas de type imbriqué. L’enroulement imbriqué de la phase A de notre exemple
d'illustration (figure 8.14) est repris sur la figure 8.15. Les phases B et C seront confectionnées de
la même manière que la phase A.

8.4.3 Enroulement triphasé à une couche

L'enroulement triphasé, pour lequel m = 3, a été traité comme exemple d'illustration dans la
section 8.4.2.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.11


8.4.4 Enroulement diphasé à une couche

Le système diphasé a été défini dans la section 1.4.1. Dans le cas d'un enroulement
diphasé, on considère m = 4 pour le calcul du déphasage et m = 2 pour le calcul du nombre de
sections.
Considérons les données suivantes : Z = 24 et p = 2

a) Dessin de l'étoile des f.é.m. d'encoches


 = p 360 /Z = 2.360 /24 = 30
Z = 2.2.2.3 et p = 2; Le p.g.c.d. de Z et p vaut t = 2
Deux phaseurs sont superposés.
L'étoile comprend Z/t = 24/2 = 12 phaseurs distincts, déphasés de
' = t.360/Z = 2.360/24 = 30
On obtient l'étoile des f.é.m. d'encoches de la figure 8.16.

13 A+
14 19
1 20
24 2 36 1
B- 12 18 2
, 15 35 17 21
3 3 A+
23 11
34 16
4 , 22
33 , 15
22 , 10 4, 16 5, 23

32 , 14 6, 24
9 5
21 , 17 A- 13
31 7, 25
8 6 12 8
B+ , 26
20 7 18 30
11 10 9
A- 19 29 28 27

Fig.8.16

Fig.8.17
b) Choix des conducteurs aller de chaque phase
Le nombre  de sections par phase (avec m = 2) vaut :  = Z/2m = 24/(2.2) = 6 .
Choisissons  = 6 conducteurs aller (A+) de la première phase (A) : 1, 2, 3, 13, 14, 15. Les  = 6
conducteurs aller (B+) de la deuxième phase (B) auront des f.é.m. respectivement déphasées de
premières d'un angle de 360/m (avec m = 4), c'est-à-dire d'un angle de 360/4 = 90. Les
conducteurs aller de la deuxième phase seront donc les suivants : 4, 5, 6, 16, 17, 18.

c) Choix des conducteurs retour de chaque phase


On choisit les conducteurs retour de telle sorte que leurs f.é.m. soient déphasées d'environ
180 par rapport à celles des conducteurs aller. Ces conducteurs sont donnés ci-après :
- phase A : - aller (A+) : 1, 2, 3, 13, 14, 15
- retour (A-) : 7 , 8, 9, 19, 20, 21
- phase B : - aller (B+) : 4, 5, 6, 16, 17, 18

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.12


- retour (B-) : 10, 11, 12, 22, 23, 24
- On peut raccorder les conducteurs comme indiqué dans la section 8.4.2.d.

8.4.5 Enroulement monophasé à une couche

Considérons de nouveau les données suivantes : Z = 36, p = 2 et m = 1. L'étoile des f.é.m.


d'encoches, tracée dans la section 8.4.2.a est reprise sur la figure 8.17. Le nombre de sections de
la phase vaut :  = Z/(2m) = 36/(2.1) = 18 . On choisit  = 18 conducteurs aller (A+) dont les f.é.m.
ont le minimum de déphasage, à savoir les conducteurs (1), 2, 3, 4, 5, 6, 7, (8), (9), (19), 20, 21,
22, 23, 24, 25, (26), (27). Les conducteurs retour (A-) sont alors choisis de telle sorte que leurs
f.é.m. soient respectivement déphasées d'environ 180 par rapport à celles des conducteurs aller,
c'est-à-dire : (10), 11, 12, 13, 14, 15, 16, (17), (18), (28), 29, 30, 31, 32, 33, 34, (35), (36). Le
raccordement de ces conducteurs peut être réalisé comme expliqué dans la section 8.4.2.d.
Sur la figure 8.17, considérons deux conducteurs extrêmes parmi ceux qui forment le
groupe aller A+. Prenons les conducteurs 1 et 9 par exemple. On constate que les f.é.m. de ces
conducteurs extrêmes sont déphasées d'environ 180. Les f.é.m. des conducteurs extrêmes sont
presque en opposition de phase. Il en est de même des f.é.m. des couples des conducteurs
extrêmes suivants : (19, 27) du groupe aller A+ et (10,18), (28, 36) du groupe retour A-.
En intégrant les conducteurs extrêmes dans un enroulement monophasé, on obtient un
facteur de distribution k d = E res / kE k faible ( E res étant la f.é.m. résultante et Ek la f.é.m. d'un
conducteur). Il en résulte une mauvaise utilisation du cuivre. C'est pour cette raison que
d'ordinaire, pour réaliser un enroulement monophasé, on n'utilise que les deux tiers des encoches
régulièrement localisées à la périphérie du noyau magnétique. On omet les encoches extrêmes
(en trait interrompu sur la figure 8.17). Le nombre de sections par phase devient alors :
1= 2 Z (8.15)
3 2m
Dans l'exemple d'illustration  1 = (2.36)/(3.2.1) = 12 ; d'où la structure suivante :
- aller (A+) : 2, 3 ,4, 5, 6, 7, 20, 21, 22, 23, 24, 25
- retour (A-) : 11, 12, 13, 14, 15, 16, 29, 30, 31, 32, 33, 34

8.5 ENROULEMENT OUVERT A DEUX COUCHES

8.5.1 Définition

Dans un enroulement à deux couches, chaque encoche contient deux conducteurs


superposés (première couche ou couche supérieure CS, deuxième couche ou couche inférieure
CI, sur la figure 8.18). Pour réduire l’effet pelliculaire, on peut fabriquer chacun de ces conducteurs
à partir de plusieurs conducteurs élémentaires (section 1.6.3.b).

cale

CS

CI

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.13


Fig.8.18
Dans le cas d'un enroulement à deux couches, on utilise généralement des sections
identiques. Les conducteurs supérieurs sont utilisés comme conducteur aller; tandis que les
conducteurs inférieurs sont utilisés comme conducteurs retour.
L'étoile des f.é.m. encoches d'un enroulement à deux couches est identique à celle d'un
enroulement à une couche, à la seule différence que dans le cas de deux couches, chaque
phaseur se rapporte aux deux conducteurs d'une encoche. Pour réaliser un enroulement m-phasé
à deux couches, les conditions suivantes doivent être remplies :
a) - Le déphasage de 360/m doit être réalisable entre les différentes phases. En d'autres termes,
le rapport g = (360/m)/α' doit être un nombre entier. Ceci revient à dire que le nombre Z/t des
phaseurs distincts doit être divisible par m. Pour rappel, g = 2/t.
b) - Si Z est le nombre total d'encoches, il y aura au total Z sections. Ces Z sections doivent être
réparties entre les m phases en raison de
2 = Z/m (8.16)
sections par phase. Par conséquent, dans un enroulement à deux couches, c'est le rapport 2 =
Z/m qui doit être entier.

8.5.2 Enroulement triphasé à deux couches à pas diamétral

Établissons un enroulement à deux couches à partir des données suivantes : Z = 36, p = 2


et m = 3. L'étoile des f.é.m. d’encoches a été établie dans la section 8.4.2.a. Elle est reprise sur la
figure 8.14.
Dans le schéma de bobinage, on utilisera les conventions suivantes (figure 8.19) :
a) - On représentera à gauche, et en trait continu, le conducteur de la première couche. Ce
conducteur sera utilisé comme conducteur aller. Son numéro sera affecté d'un signe ('). Le
conducteur de la première couche de la troisième encoche, par exemple, portera le numéro 3'.
b) - On représentera à droite, et en trait interrompu, le conducteur de la deuxième couche. Ce
conducteur sera utilisé comme conducteur retour. Son numéro ne sera pas affecté d'un signe (').
Le conducteur de la deuxième couche de la troisième encoche, par exemple, portera le numéro 3.

1 2 3 4 10 11 12 19 20 21 28 29 30
N S N S

A Fig.8.19 a

La répartition des conducteurs entre les phases se fait de la même manière que pour
l'enroulement à une couche (figure 8.14). Pour la phase A, par exemple, les conducteurs choisis
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.14
sont ceux dont les f.é.m. sont compris sous les arc A+ et A-. Cependant, dans le cas d'un
enroulement à deux couches, chaque phaseur correspond à deux conducteurs : le conducteur de
la première couche et celui de la deuxième couche. Dès lors, les conducteurs utilisés pour la
phase A seront les suivants :
- aller : 1', 2', 3’, 10’, 11’, 12’, 19’, 20’, 21’, 28’, 29’, 30’.
- retour : 10, 11, 12, 19, 20, 21, 28, 29, 30, 1, 2, 3, .
Il en résulte les sections suivantes : 1'-10, 2’-11, 3’-12, 10’-19, 11’-20, 12’-21, 19’-28, 20’-29, 21’-
30, 28’-1, 29’-2, 30’-3. Le schéma de bobinage de cette phase A est illustré sur la figure 8.19.
Dans l'enroulement établi ci-dessus, chaque spire est constituée de conducteurs dont les
f.é.m. sont exactement déphasées de 180. Cette condition est réalisée en prenant un pas
d'enroulement ’’y’’ égal au pas polaire , soit : y = . Un tel enroulement est dit à pas diamétral.

8.5.3 Enroulement triphasé à deux couches à pas raccourci

Utilisons comme conducteurs aller de la phase A du nouvel enroulement, les conducteurs


aller de l'enroulement à pas diamétral ci-dessus (section 8.5.2 et figure 8.19). Ce sont donc les
conducteurs dont les phaseurs des f.é.m. sont sous les arcs de cercle A+ et A- de la figure 8.14.
Prenons maintenant comme conducteurs de retour, les conducteurs décalés en arrière
d'une encoche par rapport aux conducteurs de retour de l'enroulement à pas diamétral. Dans le
nouvel enroulement, les conducteurs utilisés pour la phase A seront les suivants :
- aller : 1', 2', 3’, 10’, 11’, 12’, 19’, 20’, 21’, 28’, 29’, 30’.
- retour : 9, 10, 11, 18, 19, 20, 27, 28, 29, 36, 1, 2.
Il en résulte les sections suivantes : 1'-9, 2’-10, 3’-11, 10’-18, 11’-19, 12’-20, 19’-27, 20’-28, 21’-29,
28’-36, 29’-1, 30’-2. Le schéma de bobinage de cette phase A est illustré sur la figure 8.20.

36 1 2 3 9 10 11 12 18 19 20 21 27 28 29 30
N S N S

A Fig.8.20 a

Dans ce nouvel enroulement, le pas d'enroulement "y" est inférieur au pas polaire , soit :
y <  . Le pas d'enroulement "y" a été réduit d'un pas dentaire . On pouvait tout aussi bien
réduire le pas d'enroulement "y" de plusieurs pas dentaires . Le nouvel enroulement est dit à pas
raccourci. Les sections d'un enroulement à pas raccourci sont plus courtes et donc plus
économiques. La f.é.m. résultante d'une phase d'un enroulement à pas raccourci est légèrement
inférieure à celle d'un enroulement à pas diamétral. Cependant, le raccourcissement du pas
d'enroulement réduit l'influence des harmoniques de rang élevé (chapitre 14).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.15


8.5.4 Autres enroulements à deux couches

L'enroulement diphasé à deux couches, ainsi que l'enroulement monophasé à deux


couches sont établis de la même manière que l'enroulement triphasé à deux couches.

8.6. NOMBRE D'ENCOCHES PAR PHASE ET PAR POLE

Le nombre q d'encoches par phase et par pôle vaut :


q= Z (8.17)
2pm
Dans l'exemple de la figure 8.19, Z = 36, p = 2, m = 3 et q = 36/2.2.3 = 3. Dans cet enroulement, q
est un nombre entier. On réalise aussi des enroulements dont le nombre q n'est pas entier. Ces
enroulements sont dits à nombre q fractionnaire.
La figure 8.19 se rapporte à un enroulement à nombre q entier. Dans ce genre
d'enroulement, les éléments correspondants d'une phase se trouvent sous des pôles différents
dans la même position par rapport à l'axe du pôle. Les conducteurs 1 et 19, par exemple, occupent
la même position par rapport à l'axe du pôle nord. Il en résulte que les harmoniques d'ordre
supérieur obtenus par paire de pôle s'additionnent et apparaissent dans la f.é.m. résultante.
Dans un enroulement à nombre q fractionnaire, les éléments correspondant d'une phase
se trouvent sous des pôles différents à des positions différentes par rapport à l'axe du pôle, c'est-à-
dire par rapport au champ magnétique. On peut décaler ces positions de façon que l'effet sur la
f.é.m. résultante de l'harmonique fondamental soit minime, mais que les f.é.m. résultantes des
harmoniques supérieurs soient négligeables [6, 26].

8.7 ENROULEMENT FERMÉ

8.7.1 Définition

Un enroulement est dit fermé lorsqu'en le parcourant à partir d'un point donné, on revient
nécessairement à ce point de départ. Ce type d'enroulement est surtout utilisé dans les machines
à courant continu. Il a généralement deux couches (figure 8.18). Les conducteurs aller (CS) et
retour (CI) d'une section sont soudés sur des lames en cuivre écroui, isolées les unes des autres
(8.24). Ces lames sont isolées également de l'arbre de l'induit et elles sont serrées ensemble, de
façon à constituer un bloc cylindrique appelé collecteur, tournant avec le rotor.
Sur les lames du collecteur s'appuient des blocs en forme de parallélépipède rectangle
appelés balais (figure 8.4 et 8.24). Ces balais sont fixes par rapport au stator et servent, soit à
recueillir les f.é.m. (ou les courants) de l'induit, soit à alimenter l'induit. Chaque balai est maintenu
en place par une monture métallique appelée porte-balai.
La section est donc l'ensemble des spires que l'on parcourt lorsque, en partant d'une lame
du collecteur, on aboutit à l'autre lame. Une section comporte donc une ou plusieurs spires.
Plusieurs sections ayant une isolation commune par rapport aux parois de l'encoche constituent
une bobine.
Pour étudier le schéma d’un enroulement fermé, nous allons nous servir des données
suivantes : Z = 12, p = 2. On en déduit :  = p.360°/Z = 2.360°/12 = 60°. Le p.g.c.d. de Z = 12 et p
= 2 vaut : t = 2. Alors α'= t.360°/Z = 2.360/12 = 60. On obtient l’étoile des f.é.m. d’encoches de la
figure 8.21.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.16
Prenons le conducteur 1 comme conducteur aller d'une spire. Le conducteur retour doit
être choisi de telle sorte que sa f.é.m. soit déphasée d'environ 180 par rapport à celle du
conducteur aller. Le conducteur retour sera donc le conducteur 4. Notons qu'ici aussi on peut
utiliser un pas raccourci (section 8.5.3).
La figure 8.22 montre comment on procède pour former les sections d'un enroulement. Le
conducteur de la première couche (supérieure) est représenté en trait continu; tandis que le
conducteur de la deuxième couche (inférieure) est représenté en trait interrompu. La section est
désignée par le numéro de son conducteur aller, entouré d'un cercle.
On appelle alors premier pas ou pas arrière et on désigne par y1, la différence mesurée en
nombre d'encoches, entre le numéro du conducteur retour Nri et celui du conducteur aller Nai d'une
même section i :
y1 = Nri - Nai (8.18)
Pour obtenir un déphasage inférieur ou égal à 180° entre le conducteur « aller » et le conducteur «
retour », il faudra que y1   = Z/2p. Pour l'exemple ci-dessus, si on choisit le conducteur 4 comme
conducteur retour (figure 8.22), on aura : y1 = 4 - 1 = 3. Dans la suite, y1 sera supposé positif.
Connaissant la structure des sections d'un enroulement, on peut déterminer les f.é.m. de
ces sections. La f.é.m. d'une section i est donnée par : ei = eai - eri. A l'aide des f.é.m. des sections,
on trace l'étoile des f.é.m. des sections. La figure 8.23 donne l'étoile des f.é.m. des sections
correspondant à la disposition de la figure 8.22.

7 7
1 2 3
1 1

12 6
α’= α 2 8 2
6
12
8
1 2 3 4 5 6

5 11 3
3
11 9
Fig. 8.22 5 9
4 4
10
10
Fig.8.21 Fig.8.23

Pour passer d'une section à la suivante, deux modes de connexion des sections sur les
lames du collecteur sont possibles.

a) Enroulement imbriqué (figure 8.24)


Pour passer du conducteur retour Nri d'une section i au conducteur aller Nai+1 de la section
suivante i+1, on revient en arrière de telle manière que les sections se chevauchent comme les
tuiles d'une toiture.
On appelle deuxième pas partiel ou pas avant, et on désigne par y2, la différence mesurée
en nombre d'encoches, entre le numéro du conducteur aller Nai+1 de la section i+1 et celui du
conducteur retour Nri de la section précédente i :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.17
y2 = Nai+1 - Nri (8.19)

Dans le cas de la figure 8.24, on a connecté la section 2 en série avec la section 1 ; ce qui
donne y2 = 2 - 4 = - 2. Dans un enroulement imbriqué, le deuxième pas partiel y2 est négatif : y2 <
0.
On appelle pas total ou pas résultant, et on désigne par y, la différence mesurée en
nombre d'encoches, entre les numéros des conducteurs aller de deux sections successives :

y = Nai+1 - Nai = y1 + y2 (8.20)

Dans le cas de la figure 8.24, on a connecté la section 1 en série avec la section 2 ; ce qui
donne y = 2 - 1 = 3 + (-2) = 1.
Lorsque y > 0, l'enroulement est dit direct, tandis que lorsque y < 0, l'enroulement est dit
rétrograde.
1 2 3
1 8

N S
N S N S
y1
y1 y2
y y2 y

1 2 3 4 5 6 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

12 1 2 3 12 1 2

A1 B1 Fig.8.25

Fig. 8.24

b) Enroulement ondulé (figure 8.25)


Dans un enroulement ondulé, pour passer du conducteur de retour Nri d'une section i au
conducteur aller Nai+1 de la section suivante i+1, on continue dans le même sens de telle sorte que
le conducteur aller Nai+1 soit placé sous le pôle suivant. Comme le montre la figure 8.25, les
sections consécutives forment alors des ondulations. Sur cette figure, c'est la section 8 (au lieu de
la section 2) qui est connectée en série avec la section 1; ce qui donne :
y1 = 3; Nai+1 = 8; y2 = 8-4 = 4; y = 8-1 = 3+4 = 7.
Dans le cas d'un enroulement ondulé, le deuxième pas partiel y2 est positif : y2 > 0.

8.7.2 Polygone des potentiels des lames

Reprenons l'exemple de l'enroulement imbriqué (figure 8.24). En considérant une lame


comme référence et en mettant bout à bout les phaseurs des f.é.m. de toutes les sections, on
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.18
obtient un polygone appelé polygone des potentiels des lames. La figure 8.26 donne le polygone
correspondant à l'enroulement de la figure 8.24.
Pour dessiner ce polygone, on prend la lame 12, par exemple, comme référence. Sur la
figure 8.26, les numéros des lames sont entourés d'un carré. Le circuit suit alors les éléments
suivants : lame 12- section 1 - lame 1 - section 2 - lame 2 - section 3 - lame 3 - etc.
En considérant successivement chaque section, on effectue p tours dans l'étoile des f.é.m.
d’encoche (figure 8.21), p tours dans l'étoile des f.é.m. des sections (figure 8.23). Par conséquent,
le polygone des potentiels des lames effectue p tours autour de son centre. Lorsque t  1, les
chemins se superposent. En réalité, on obtient p polygones identiques qui, pour plus de clarté,
sont représentés séparément sur la figure 8.26.

8.7.3 F.é.m. d'une partie de l'enroulement

Étant donné que les sections d'une partie de l'enroulement sont connectées en série (la fin
de chaque section est connectée au commencement de la section suivante), la f.é.m. résultante
s’obtient par une somme des phaseurs des f.é.m. des différentes sections. Pour une répartition
spatiale sinusoïdale de l'induction (on néglige les harmoniques d'ordre supérieur), la f.é.m. d'une
section varie également dans le temps d'une façon sinusoïdale. Il en est de même pour un groupe
quelconque de sections c-à-d pour une partie quelconque de l'enroulement d'induit.

8
2

2 V
3
C 9
7 8 9
B 3
1 D

1 7 α 10 4

E 10
6 A
12 11 4
12
T t
6 5
Fig.8.27
11
5

Fig.8.26

Prenons par exemple, le groupe formé des sections 1, 2, 3 (figure 8.26). Leurs f.é.m. sont
représentées par les phaseurs AB , BC et CD . Chaque phaseur du polygone a pour module la
valeur efficace de la f.é.m. de la section correspondante. Par conséquent, la somme vectorielle de
ces phaseurs donne une résultante AD dont le module est la valeur efficace de la f.é.m. résultante
j
E13 = E13 e du groupe de sections considérées. Selon la relation (1.22), la valeur instantanée de
la f.é.m. de ce groupe e13, à l'instant considéré, est donnée par la projection de la f.é.m. résultante
E13 sur l'axe de référence :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.19


e13 = Re[ 2 E13 e ] = 2 E13 cos(t + )
jt
(8.21)

8.7.4 Enroulement polyphasé

Il est possible de réaliser un enroulement polyphasé à partir d'un enroulement fermé. Pour
réaliser un enroulement m-phasé, il suffit de trouver des lames dont les potentiels sont déphasés
de 360/m, de prendre ces lames comme extrémités des m phases, et de connecter ces lames à
m bagues collectrices tournant avec le rotor et sur lesquelles frottent les balais fixes. Il faudrait bien
entendu que le rapport g = (360°/m)/’ soit un nombre entier.
Pour former un enroulement triphasé (m = 3) à partir de la figure 8.26, on pourrait
connecter, par exemple,
- l'extrémité de la première phase aux lames 2 et 8;
- l'extrémité de la deuxième phase aux lames 4 et 10;
- l'extrémité de la troisième phase aux lames 6 et 12.
L'enroulement triphasé fermé était utilisé jadis dans les commutatrices. Une commutatrice
est une machine munie de 3 bagues et d'un collecteur. Ses bagues sont branchées par
l'intermédiaire des balais à un réseau à courant alternatif; tandis que le collecteur est branché par
l'intermédiaire d'autres balais à un réseau à courant continu. Cette machine réalise la conversion
du courant alternatif en courant continu et vice-versa.
Jadis, la commutatrice était le moyen par excellence d'obtention de la tension continu
nécessaire à la traction électrique. Actuellement la commutatrice a été remplacée par les
convertisseurs à semi-conducteurs. On ne l'utilise plus que dans des cas spéciaux [16].

8.7.5 Enroulement d'une machine à courant continu

A) Redressement de la f.é.m.
Reprenons l'exemple de l'enroulement imbriqué dont le polygone de lames est illustré sur
la figure 8.26. On suppose que p est égal à t. Il existe p lames équipotentielles et par conséquent p
balais de même polarité; d'où la disposition des balais des figures 8.24 et 8.28.

N S N S
3 9

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 9
3 4 10

2 5 8 11

1 6 7 12
11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
A1 B1 A2 B2
12 6

Fig.8.29
A
A B Fig.8.28
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.20
Une branche (appelée aussi voie ou dérivation) est composée des sections connectées en
série et se trouvant entre deux balais voisins de polarités différentes. Le nombre de paires de
branches est désigné par la lettre a. La figure 8.29 reprend les quatre branches de l’enroulement
de la figure 8.28. Elles se présentent comme ceci : - branche n° 1 : sections 1, 2, 3; - branche n°2 :
sections 4, 5, 6; - branche n° 3 : sections 7, 8, 9; - branche n°4 : sections 10, 11, 12.
Supposons que le rotor tourne à la vitesse v (figure 8.24) et que le balai soit ponctuel (de
largeur négligeable). Soit L la largeur d'une lame du collecteur. Prenons comme origine des temps
(t = 0) l'instant où la lame 12 entre en contact avec le balai A1 et où la lame 3 entre en contact avec
le balai B1. Durant l'intervalle de temps T = L/v, la branche entre les balais A1 et B1 comprendra les
sections 1, 2 et 3. Par conséquent, la f.é.m. eAB entre les balais A1 et B1 sera égale à la f.é.m.
résultante e13 des sections 1, 2 et 3. Selon la relation (8.21), cette f.é.m. eAB = e13 est variable et sa
courbe est reprise sur la figure 8.27.
Si on néglige l'épaisseur de l'isolant qui sépare les lames, à l'instant t = T, la lame 1 entre
en contact avec le balai A1 et la lame 4 entre en contact avec le balai B1. Durant l'intervalle de
temps T suivant, la branche entre les balais A1 et B1 comprendra les sections 2, 3 et 4 qui se
retrouvent dans la position qu'occupaient précédemment les sections 1, 2 et 3. Dès lors, la f.é.m.
eAB entre les balais A1 et B1 sera égale à la f.é.m. résultante e24 des sections 2, 3 et 4. De nouveau,
selon la relation (8.21), cette f.é.m. eAB = e24 est variable. De plus, durant le deuxième intervalle T,
la f.é.m. eAB = e24 varie de la même manière que la f.é.m. eAB = e13 durant le premier intervalle
(figure 8.27).
Ce processus se poursuit pendant la rotation du rotor. La f.é.m. entre les balais présente
donc des ondulations. En pratique, ces ondulations sont moins marquées que sur la figure 8.27,
car en réalité, les balais ne sont pas ponctuels et le nombres des conducteurs (et donc le nombre
des lames) est suffisamment élevé que pour pouvoir réduire l'intervalle de temps T. Bref la f.é.m.
alternative des conducteurs se trouve redressée par le collecteur.
Les balais doivent être fixés dans une position telle que les branches d'enroulement qui en
résultent soient dans la position où ils atteignent leur f.é.m. maximale. En fait pour recueillir la
f.é.m. maximale aux balais, ces derniers doivent être placés sur les lignes neutres théoriques du
collecteur. Ceci signifie que les balais sont placés sur les lames auxquelles sont reliés les
conducteurs qui se trouvent sur la ligne neutre théorique (figure 8.28). A cause des connexions
frontales, ces balais doivent être en regard du milieu des pôles.
Étant donné que l'induit tourne alors que les balais restent fixes, les sections passent
successivement (on dit que les sections commutent) d'une branche de l'enroulement à une autre.
Cependant, bien que l'induit tourne par rapport aux balais, la tension, le courant ou l'induction
magnétique en un point fixe de l'espace apparaissent comme constants. L'enroulement est dit
pseudo-stationnaire.
Nous avons supposé que le contact balai-collecteur était ponctuel. En réalité, la largeur du
balai est telle qu'un balai peut court-circuiter une ou plusieurs sections. Grâce à cette largeur des
balais, il ne sera pas nécessaire de respecter la condition t = p pour créer 2a = 2p branches.
Passons maintenant en revue les types d'enroulement utilisés pour l'induit d'une machine à
courant continu.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.21


B) Enroulement imbriqué (ou parallèle) simple
Reprenons l'exemple de l'enroulement à deux couches pour lequel Z = 12 et p = 2. L'étoile
des f.é.m. d’encoche a été tracée sur la figure 8.21, l'étoile des f.é.m. des sections sur la figure
8.23 et le polygone des potentiels des lames sur la figure 8.26.
Dans un enroulement imbriqué simple, le pas résultant est égal à un : y = 1. Comme
expliqué dans la section 8.7.1.a, le schéma de l'enroulement obtenu est repris sur les figures 8.24
et 8.28.
Le nombre des lames du collecteur est désigné par la lettre K. Pour l’enroulement de la
figure 8.28, K = 12.
Lorsque p est supposé égal à t, le polygone des potentiels montre que l'enroulement
contient p lames équipotentielles. Par conséquent, l'enroulement imbriqué doit contenir p balais de
même polarité, soit au total 2p balais (ou mieux 2p tiges porte-balais). Ces balais doivent être en
regard des milieux des pôles et doivent être distants de
yb = K (8.22)
2p
c'est-à-dire, pour l'exemple choisi, yb = 12/(2.2) = 3. On place donc les balais sur les lames 12, 3, 6
et 9. Notons que tous les balais de même polarité doivent être reliés électriquement.
On appelle pas d'enroulement au collecteur yc, ou simplement pas au collecteur, la
distance entre les lames du collecteur auxquelles sont connectées les extrémités d'une section,
mesurée en nombre d'intervalles au collecteur. On voit, à partir de la figure 8.28, que dans un
enroulement imbriqué simple, le pas au collecteur est égal à un intervalle : yc = 1.
L'inspection de la figure 8.28 (et 8.24) montre aussi qu'entre deux balais consécutifs d'un
enroulement imbriqué simple, on loge la moitié des "côtés de section" disposés sous deux pôles
consécutifs. Entre les balais consécutifs A1 et B1, par exemple, on trouve la branche formée des
sections 1'-4, 2'-5 et 3'-6. Ces 3 sections n'occupent que la moitié des "côtés de section" disposés
sous les deux pôles concernés. Les autres côtés 1, 2, 3, 4', 5', 6' ne font pas partie de cette
branche, mais leur nombre correspond aussi à 3 sections. On en conclut qu'un enroulement
imbriqué simple se répartit par rapport aux balais en 2a branches (appelées aussi dérivations ou
voies) dont le nombre est égal à celui des pôles :

2a = 2p (8.23)

Ce résultat peut être obtenu à partir du polygone des potentiels des lames. En effet, dans une
machine à courant continu à enroulement imbriqué simple, le nombre de paires de branches "a" de
l'enroulement d'induit est déterminé par le nombre des polygones de f.é.m. que l'on obtient
lorsqu'on considère successivement les potentiels de toutes les lames (contour complet de
l'enroulement), et est égal au nombre de paires de pôles "p" de la machine. Dans le cas des
figures 8.28, on trouve a = 2.
Pour un instant donné, la répartition entre les branches, des sections de la figure 8.28 est
identique à celle de la figure 8.29.
Les f.é.m. de toutes les sections qui forment une branche s'ajoutent pour former la f.é.m.
de la branche Ea. Si on suit le contour de l'enroulement, on constate que les f.é.m. de deux
branches voisines quelconques se trouvent en opposition et s'équilibrent, si les f.é.m. Ea des deux
branches sont de même valeur. Cependant, par rapport au circuit extérieur, toutes les branches de
l'enroulement sont en parallèle. Si une charge d'une résistance R est connectée aux balais, elle
sera parcourue par un courant continu Ia. Ce courant se divise en parties égales entre les branches
de l'enroulement de telle sorte que chacune d'elles est parcourue par un courant i = Ia/2a.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.22
Pour ce qui est des applications, notons que l'enroulement imbriqué simple est le plus
employé dans les machines à courant continu.

C) Enroulement imbriqué (ou parallèle) multiple


Si dans l'enroulement imbriqué (figure 8.28), on prend un pas au collecteur yc = 2, ou un
pas total y = 2, cela revient à sauter une section sur deux et à sauter une lame du collecteur sur
deux (figure 8.30). Dans une branche (entre deux balais), le nombre de sections est réduit de
moitié, c'est-à-dire que le nombre de branches double (2a = 4p) et la f.é.m. est réduite de moitié.
Un tel enroulement est dit enroulement imbriqué (parallèle) multiple d'ordre 2.
On peut généraliser cette explication à un enroulement imbriqué multiple d'ordre m. Dans
cet enroulement, le pas total vaut y = m, le nombre de voies vaut 2a = 2pm et la f.é.m. est m fois
plus petite que celle d'un enroulement imbriqué simple. En fait, un enroulement imbriqué multiple
d'ordre m est un ensemble de m enroulements imbriqués simples connectés sur un seul collecteur.
Généralement, m = 2, et dans les cas exceptionnels m = 3.

N S N S
N S N S

11 2 3 4 5 66 77 8 9 10 11 12
12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13

9 10 11 12 13 1 2 3 4 5 6 7 8
A1 B1 A2 B2
11 12 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

A1 B1 A2 B2
A B
Fig.8.31

A B
Fig.8.30

D) Enroulement ondulé (ou série) simple


Le schéma d'un enroulement ondulé simple est repris sur les figures 8.31 et 8.25. Il s'agit
d'un enroulement à deux couches avec Z = 13 et p = 2.
Dans un enroulement ondulé, la largeur de la section est légèrement raccourci (section
8.5.3), c'est-à-dire que le premier pas partiel est légèrement inférieur au pas polaire : y1   = Z/2p
. Dans le cas de la figure 8.31, = 13/(2.2) = 3,25 et on a pris y1 = 3 , d'où la section n1 formée
des conducteurs 1'-4. Pour former un enroulement ondulé simple, on connecte la section n1 à la
section numéro n° 8 (conducteur 8'-11) située, par rapport au champ magnétique, dans la même
position que la section n2 (conducteur 2'-5). C'est dire que dans un enroulement ondulé, on
connecte en série des sections séparées l'une de l'autre d'environ deux pas polaires. Le pas total
(section 8.7.1) est donc à peu près égal deux pas polaires : y  2 = 2Z/2p = Z/p . Cependant, il

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.23


faut éviter qu'après un tour de l'induit, l'enroulement se ferme sur lui-même (pas revenir au
conducteur 1'). Après un tour complet de l'induit (c'est-à-dire après le passage sous tous les
pôles), on doit arriver à l'encoche qui précède (n13) ou qui suit (n2) l'encoche initiale (n1). Étant
donné que le tour de l'induit correspond à p pas totaux y, on arrive à l'encoche voisine à l'encoche
initiale après un tour si py = Z  1 . Par conséquent, le pas total de l'enroulement ondulé simple
vaut :
y= Z 1 (8.24)
p
Le deuxième pas partiel sera donnée par y2 = y - y1.
Dans le cas de la figure 8.31, on a y = (13 ± 1)/2 = 7 ou 6. On a pris y = 7. D'où le
deuxième pas partiel y2 = 7 - 3 = 4.
La figure 8.31 montre que dans une branche (entre les balais A1 et B1) d'un enroulement
ondulé simple, on insère la moitié des conducteurs disposés sous tous les pôles de la machine.
L'autre moitié constituera une deuxième branche. Dans un enroulement ondulé simple, on a donc,
indépendamment du nombre de paires de pôles, toujours une seule paire de branches et par
conséquent un seul polygone des potentiels des lames :
a = 1 ou 2a = 2 (8.25)
Dans un enroulement ondulé simple le pas d'enroulement au collecteur vaut : yc = (Z ± 1)/p.
De manière générale, on peut écrire, pour un enroulement quelconque d'induit en tambour : yc = y.
Étant donné que l’enroulement n’a que deux branches (2a = 2), on pourrait se contenter de
placer sur le collecteur seulement deux balais (A1 et B1 par exemple sur la figure 8.31). Cependant,
on monte généralement un nombre de balais égal au nombre de pôles. Sur la figure 8.31, on
ajouterait les balais A2 et B2. L'installation d'un nombre complet de balais dans un enroulement
ondulé permet :
a) - de répartir le courant entre un grand nombre de balais; ce qui réduit la longueur active du
collecteur; b) - d'assurer la symétrie des deux branches (en court-circuitant quelques sections à
l'aide des balais, on obtient un même nombre de sections par branche).
Pour ce qui est des applications, notons que chaque branche de l’enroulement ondulé
comprend p fois plus de sections qu'une branche de l’enroulement imbriqué simple. L’enroulement
ondulé convient donc aux machines de tension élevée (f.é.m. élevée) ou aux moteurs de traction
(avec seulement deux lignes de balais à des points facilement accessibles).

E) Enroulement ondulé (série) multiple


Dans un enroulement ondulé multiple d'ordre m, après un tour de l'induit (c.-à-d. après être
passé sous tous les pôles), on rencontre une encoche séparée de l'encoche de départ de m
intervalles. Étant donné que le tour de l’induit comprend p pas totaux y, on arrive après un tour, à
l’encoche séparée de l’encoche de départ de m intervalles, si : py = Z  m. Par conséquent, le pas
total de l’enroulement ondulé multiple d’ordre m vaut :
y= Z  m (8.26)
p
Un enroulement ondulé multiple d'ordre m est constitué de m enroulements ondulés
simples.
Quel que soit le nombre de paires de pôles p, le nombre de branches d'enroulement d'un
enroulement ondulé multiple d'ordre m vaut :
2a = m (8.27)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.24


F) Enroulements mixtes
Un enroulement mixte est obtenu en connectant au même collecteur un enroulement
imbriqué multiple et un enroulement ondulé multiple obtenus à partir des conducteurs logés dans
les mêmes encoches. Une section de l’enroulement mixte est obtenue par superposition d’une
section de l’enroulement imbriqué et d’une section de l’enroulement ondulé. L’enroulement mixte
est obtenu à partir des quatre couches dont deux pour l’enroulement imbriqué et deux pour
l’enroulement ondulé. Étant donné que les connexions frontales avant d’un enroulement mixte
rappellent la configuration des pattes d’une grenouille, l’enroulement mixte est aussi appelé
enroulement à pattes de grenouille.
Notons que chacun des enroulements constitutifs est à deux couches. Par conséquent
l'enroulement mixte est à quatre couches.

G) Connexions équipotentielles

G1) - Enroulement imbriqué simple


Dans un enroulement imbriqué simple, pour que les f.é.m. dans les différentes voies en
parallèle soient identiques, il faut que les flux de tous les pôles de même nom le soient également.
En d'autres termes, il faut que les pôles soient parfaitement symétriques. Dans ce cas, les
courants se répartissent en parties égales entre les branches.
Cependant, dans les conditions réelles, on ne sait pas réaliser la symétrie magnétique
parfaite. En effet, de nombreuses causes entraînent des inégalités dans les f.é.m. des diverses
branches : différence d'entrefer sous les pôles, différence de perméabilité des noyaux, etc. A
cause de ces inégalités, les contours constitués par les branches en parallèle sont parcourus par
des courants de circulation qui se ferment par les contacts glissant balais-collecteur. Ces courants
engendrent des étincelles entre les balais et le collecteur.

E r
R b1 R b3

i1
A B
2 τ
i2
R b2 R b4
Fig.8.32

Fig.8.33

Pour lutter contre ce phénomène indésirable, on place, sur l'enroulement imbriqué simple,
des connexions équipotentielles dites de première espèce (figure 8.32). Celles-ci réunissent des
points de l'enroulement qui sont théoriquement au même potentiel. Ces points occupent la même
position dans le champ de pôles de même nom, c.-à-d. qu'ils sont distants d'une période de
champ, qui est égale à deux pas polaires (2).
On appelle pas de connexions équipotentielles ou pas de potentiel yp, la distance qui
sépare deux points équipotentiels voisins : yp = 2 = Z/p = K/p.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.25


Bien entendu, ces connexions ne s’imposent que lorsque le nombre des branches est
supérieur à deux (2a > 2).
Les points de l’enroulement à relier par des connexions sont choisis, soit sur les lames du
collecteur (figure 8.32), soit sur les connexions frontales arrière. Si on réalise une connexion sur
chaque lame, il y aura au total Z/p connexions. On se contente pratiquement de la moitié ou du
tiers de ce nombre (Z/2p ou Z/3p).
Lorsque l'enroulement est muni de connexions équipotentielles, les courants de circulation
qui résulteraient d'une asymétrie électrique ou mécanique se referment à travers ces connexions
sans passer par les balais. Ces courants créent un flux qui, en se superposant au flux asymétrique
tend à réduire l'asymétrie magnétique qui leur a donné naissance.

G2) Enroulement ondulé simple


Vu que dans un enroulement ondulé simple, les sections de chacune des deux branches
sont placées sous tous les pôles, une asymétrie magnétique ne donne pas naissance à des
courants de circulation. Une asymétrie magnétique éventuelle influe de la même manière sur
toutes les voies de cet enroulement en sorte qu'on peut considérer que les f.é.m. de toutes ces
branches sont pratiquement identiques. C'est la raison pour laquelle ce type d'enroulement ne
nécessite pas de connexions équipotentielles.

G3) Enroulement imbriqué et ondulé multiples


Un enroulement imbriqué ou ondulé multiple est constitué de plusieurs enroulements
simples qui ne sont réunis électriquement que par le contact balais-collecteur. Prenons, par
exemple, un enroulement ondulé double (m = 2) dont le schéma équivalent est repris sur la figure
8.33. Sur cette figure, on prend :
 r : la résistance d'une branche;
 Rb1 ... Rb4 : les résistances des contacts balais-collecteur;
 E : f.é.m. dans une branche d’enroulement;
 i1, i2 : courants dans chacun des enroulements simples.
La tension entre les bornes A et B est donnée par :

VAB = E - i1(Rb1 + Rb3 + r/2) = E - i2(Rb2 + Rb4 + r/2);

D’où :
+ +r
i1 = Rb2 Rb4 2
i2 Rb1 + Rb3 + r
2
Pour que les courants se répartissent de façon identique entre les enroulements simples, il faut
que : Rb1 + Rb3 = Rb2 + Rb4.
En pratique, cette égalité n'est pas réalisée; d'où une répartition non uniforme des tensions
entre les lames voisines. Il peut en résulter une valeur inadmissible de la tension entre deux lames
consécutives du collecteur appartenant à des enroulements simples différents; ce qui entraîne le
mauvais fonctionnement de la machine. Pour éliminer ce phénomène indésirable, on réalise des
connexions équipotentielles dites de deuxième espèce qui réunissent les points des différents
enroulements simples, qui théoriquement doivent avoir le même potentiel.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.26


La différence entre les connexions équipotentielles de première et de deuxième espèce
consiste en ce que :
- les connexions de première espèce compensent l'asymétrie magnétique de la machine.
- les connexions de deuxième espèce corrigent l'asymétrie de répartition de tension au collecteur.

G4) Enroulement mixte


Ici, il n'est pas nécessaire de réaliser les connexions équipotentielles [16].

H) Étude d'un bobinage préexistant


Pour déterminer le nombre de pôles d’un induit séparé, il suffit de suivre une bobine d'une
encoche à l'autre : si la bobine embrasse la moitié de l'induit, la machine est à deux pôles, si la
bobine embrasse le quart, la machine est à quat

Machines électriques - Kamabu Tsongo 8.27


QUATRIÈME PARTIE

MACHINE A COURANT CONTINU


Chapitre 9

CONSTITUTION ET CHAMP MAGNÉTIQUE D'UNE


MACHINE A COURANT CONTINU
9.1 GÉNÉRALITÉS SUR LES MACHINES A COURANT CONTINU

9.1.1 Définition

Une machine à collecteur à courant continu est une machine à courant continu
comprenant un induit, un collecteur et des pôles magnétiques excités par une source de
courant continu ou constitués d'aimants permanents [17].
Il a été montré dans la section 8.2 que l'enroulement d'induit de toute machine électrique
doit être parcouru par un courant alternatif. L'induit d'une machine électrique ne peut donc être
branché à un réseau à courant continu que par l'intermédiaire d'un convertisseur transformant
le courant alternatif en courant continu (génératrice) et vice versa (moteur). Ce convertisseur
peut être réalisé sous la forme d'un collecteur associé à des balais. On parle alors de machine à
collecteur à courant continu. Il existe aussi des machines à courant continu, surtout utilisé
comme moteurs (à l'apparence d'une machine synchrone à aimant permanent), dans lesquelles
la transformation du courant continu en courant alternatif se fait à l'aide d'un convertisseur à
semi-conducteurs [24]. Ces machines à courant continu dans lesquelles l'équipement classique
en balais est supprimé sont dénommées "machines à courant continu sans contact glissant" ou
"machines à courant continu sans balais" (en anglais "brushless dc motor") ou " machines à
courant continu à commutation électronique " [17, 24]. Dans cette partie du cours, nous
étudierons uniquement la machine à collecteur à courant continu.

S
1

M
G
9

S 7 7 5 N
88
6
3
4
N
2

Fig. 9.1

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.1


9.1.2 Constitution

La coupe transversale est représentée sur la figure 9.1. La machine à courant continu
comprend une partie fixe appelée stator et une partie mobile appelée rotor. Le stator et le rotor
sont séparés par un espace appelé entrefer.
a) Parties du stator (figure 9.1)
a1) La carcasse (1) : C'est la couronne à laquelle sont fixés les pôles saillants et qui est utilisé
pour réunir la machine à la fondation. Une partie de la carcasse, formée par une couronne
massive ou feuilletée sert au passage du flux magnétique. Cette partie est appelée culasse (1).
La carcasse est en fonte ou en acier.
a2) Les pôles principaux (2, 3, 4) : Il s'agit des pôles saillants qui sont destinés à créer le flux
magnétique. Un pôle principal comprend :
- Un noyau magnétique (2), constitué d'un empilage de tôles d'acier. Du côté proche de l'induit,
le noyau est élargi en une partie appelée épanouissement polaire (3), dont le rôle est de faciliter
le passage du flux magnétique par l'entrefer. Le noyau du pôle principal est fixé à la carcasse à
l'aide des boulons.
- Un ou plusieurs enroulements inducteurs ou d'excitation (4) : Ces enroulements sont
alimentés en courant continu.
a3) Les pôles auxiliaires ou de commutation (5,6) : Il s'agit des pôles saillants installés
entre les pôles principaux de certaines machines pour compenser l'action magnétique de
l'enroulement rotorique et pour améliorer la commutation. Un pôle auxiliaire comprend :
- Un noyau magnétique (5) : Il est généralement fabriqué en acier massif, mais peut être
feuilleté dans les machines prévues pour des variations rapides de charge. Le noyau du pôle
auxiliaire est fixé à la carcasse par des boulons.
- Un enroulement dit de commutation (6), connecté en série avec l'enroulement rotorique.

b) Parties du rotor (figure 9.1)


b1) Un noyau magnétique feuilleté (7) : Ce noyau, constituée de tôles d'acier de 0,5 mm
d'épaisseur isolées entre elles, peut être, soit emmanchée directement sur l'arbre de la
machine, soit placée sur une douille étoilée.
b2) Un enroulement d'induit (8) : A la périphérie du rotor, on aménage des rainures
appelées encoches dans lesquelles sont logés les conducteurs de l'enroulement. Ces
conducteurs connectés en série forment un enroulement à deux couches fermé sur lui-même
(section 8.7).
b3) Un collecteur : Les conducteurs de l'induit sont connectés à des lames en cuivre isolées
les unes des autres. L'ensemble de ces lames forme le collecteur.
b4) Les balais (9) : Les balais servent à faire la collecte du courant d'induit ou à amener le
courant dans l'enroulement d'induit. Ils sont placés dans des porte-balais fixés à de tiges qui les
maintiennent dans une position bien déterminée par rapport au collecteur. Les balais sont reliés
aux bornes dites de l'induit disposées sur la plaque à bornes.

9.1.3 Principe de fonctionnement

On applique à l'enroulement inducteur ou d'excitation f une tension continue Vf qui fait


circuler un courant If. La tension Vf est appelée tension inductrice ou d'excitation. Le courant If
est appelé courant inducteur ou d'excitation. Ce courant inducteur If donne naissance à un
champ fixe dans l'espace, présenté sur la figure 9.1, pour une machine bipolaire.
a) Fonctionnement en génératrice : On fait tourner l'induit à une vitesse angulaire Ω (en
radians par seconde), c.-à-d. à une vitesse de rotation n (en tours par minute), avec  = 2n/60.
Son sens de rotation est indiqué par la flèche portant la lettre G sur la figure 9.1. Les
conducteurs de l'induit tournent dans un champ fixe. Ils sont, par conséquent, le siège d'une
f.é.m. alternative, de fréquence f = pn/60, selon la relation (8.6). Cette f.é.m. est redressée par
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.2
le système balais-collecteur et on obtient aux bornes reliées aux balais une f.é.m. continue E. Si
les bornes de l'induit sont branchées à une résistance, un courant Ia va circuler dans l'induit. Ce
courant est appelé courant d'induit.
b) Fonctionnement en moteur : Ici aussi, le courant inducteur If crée un champ fixe dans
l'espace. On applique alors aux bornes de l'induit une tension d'induit Va qui fait circuler un
courant d'induit Ia. Les conducteurs de l'induit sont parcourus par un courant Iv = Ia/2a où a est le
nombre de paires de branches. En même temps, ces conducteurs sont situés dans le champ
magnétique inducteur. Par conséquent, ils seront soumis à une force électromagnétique due à
l'interaction entre le champ magnétique de l'inducteur et le courant de l'induit. Sous l'effet du
couple électromagnétique Cém dû à cette force, le rotor se met à tourner. La machine fonctionne
en moteur et son sens de rotation est indiqué par la lettre M sur la figure 9.1.

If Ia If H Ic
H

G G
B B
Vf Va D C Va
D C
A
Ia
A b)
A
a)
Ia Ic

If
H
H

Va G Va
G
B
B

D C E F
F E A
Ia
A
c) Fig. 9.2 d)

9.1.4 Mode d'excitation

Selon le mode d'alimentation de l'inducteur, on distingue :


a) - Les machines à excitation séparée ou à excitation indépendante (figure 9.2.a). Ce sont les
machines dont l'enroulement inducteur est alimenté par une source de tension continue
indépendante, c.-à-d. par une source autre que la machine elle-même.
b) - Les machines à auto-excitation (figure 9.2.b, c et d). Ce sont les machines qui produisent
elles-mêmes leur courant d'excitation. Il s’agit de :
b1) - Les machines à excitation en dérivation ou excitation shunt (figure 9.2.b). Dans ces
machines, l'enroulement inducteur comprend un grand nombre de spires de faible section et est
branché en parallèle avec l'induit.
b2) - Les machines à excitation série (figure 9.2.c). Dans ces machines, l'enroulement
inducteur comprend un faible nombre de spires de grande section et est branché en série avec
l'induit.
b3) - Les machines à excitation composée ou à excitation compound (figure 9.2.d). Elles ont
deux enroulements inducteurs : un enroulement shunt ou en dérivation (en parallèle avec
l'induit) et un enroulement série (en série avec l'induit).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.3


9.1.5 Désignation des bornes des enroulements

Pour la désignation des bornes des enroulements d'une machine à courant continu, la
plupart des constructeurs utilisent les lettres suivantes sur la plaque à bornes (figure 9.2) :
 Enroulement d'induit : A - B
 Enroulement d'excitation shunt : C - D
 Enroulement d'excitation série : E - F
 Enroulement de commutation (enroulement des pôles auxiliaires + enroulement de
compensation) : G –H
 Pour l’excitation indépendante, on utilise l’enroulement C-D.

9.1.6 Grandeurs nominales et domaine d'utilisation


La définition des grandeurs nominales a été donnée dans la section 2.1. Chaque
machine à courant continu est caractérisée par une puissance nominale PN, une tension d’induit
nominale VaN, un courant d’induit nominal IaN, une vitesse de rotation nominale nN, un couple
nominal, etc...
La puissance nominale d'une génératrice est la puissance électrique fournie au circuit
électrique. La puissance nominale d'un moteur électrique est la puissance mécanique utile à
l'arbre.
La puissance nominale des machines à courant continu varie de quelques milliwatts à
plusieurs mégawatts. La tension nominale varie d'environ 1 volt à plusieurs kilovolts.
Le principal inconvénient des moteurs à courant continu est le coût élevé : A puissances
égales, le moteur à courant continu est 2 à 3 fois plus cher que le moteur asynchrone à rotor en
court-circuit. Malgré ce coût élevé, le moteur à courant continu était largement utilisé dans les
applications qui exigent les propriétés spéciales de ce moteur, dont notamment la
caractéristique série et la possibilité de régler la vitesse dans une plage très étendue.
En ce qui concerne les génératrices à courant continu, celles-ci sont utilisées comme
sources d'alimentation.

9.1.7 Force électromotrice de l'enroulement d'induit

Considérons la machine de la figure 9.3. L'enroulement inducteur est parcouru par un


courant continu If qui crée dans l'entrefer une induction magnétique Bδ répartie comme indiqué
sur la figure 9.3. Supposons que le rotor tourne à une vitesse tangentielle v [en m/s] ou
angulaire Ω [en rad/s] dans le sens indiqué par la flèche portant la lettre G. Selon la règle de la
main droite, la f.é.m. induite dans les conducteurs de l'enroulement d'induit est orientée : de
l'avant à l'arrière sous le pôle nord et de l'arrière à l'avant sous le pôle sud.

B

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.4


Prenons un axe de référence confondu avec l'axe neutre magnétique marquant le
commencement du pôle sud. Considérons un conducteur "aller" situé sous le pôle sud et
séparé de l'axe de référence par un arc de cercle ‘’x’’. La f.é.m. induite dans ce conducteur vaut
e = B  v = B  R, où  est la longueur de la partie active de ce conducteur et R le rayon du
rotor.
Soient ‘’N’’ le nombre de conducteurs de l'enroulement d'induit, ‘’p’’ le nombre de paires
de pôles, et ‘’a’’ le nombre de paires de branches de l’enroulement. Une branche de
l’enroulement comptera N/2a conducteurs. Dans un enroulement imbriqué la moitié de ces
conducteurs (Nap) seront situés sur un pôle (pas polaire  = πR/p), c.-à-d. : Nap = N/4a
conducteurs. La longueur de l'arc de cercle correspondant à chacun de ces conducteurs vaut :
tc = /Nap = 4aR/pN. Dans la zone de ce conducteur, la force électromotrice par élément de
circonférence dx vaut :
dE = e = pN B  (9.1)
dx tc 4a
Supposons que l'enroulement soit à pas diamétral. Dans ce cas, pour former une spire,
on relie le conducteur "aller" ci-dessus à un conducteur "retour" situé sous le pôle suivant dans
une position telle que l'induction soit égale et de signe opposé à celle du conducteur "aller".
Dans un enroulement imbriqué, la branche de l’enroulement résulte de la mise en série des
spires dont les conducteurs "aller" se trouvent sous un pôle et dont les conducteurs "retour"
sont situés sous le pôle suivant. Dans un enroulement ondulé, les spires mises en série sont
situées sur des pôles successifs, mais dans des positions identiques du point de vue
magnétique à celles de l'enroulement imbriqué. Compte tenu à la fois du conducteur "aller" et
du conducteur "retour", la force électromotrice élémentaire e/tc interviendra deux fois dans une
branche de l’enroulement. Dès lors, la f.é.m. totale de la branche de l’enroulement vaut :
 pN 
E a = 2 0 dE = 2 4a 0 B dx (9.2)
Le flux magnétique utile par pôle, qui pénètre dans le rotor vaut

 = 0 B dx (9.3)
La relation (9.2) s'écrit alors :
pN
E a = 2a  (9.4)
Etant donné que Ω = 2πn/60, la relation ci-dessus s'écrit aussi
pN
E a = 60a  n (9.5)
On peut donc écrire : E a = K = K ' n , où les constantes de "proportionnalité K = pN/2πa et
K' = pN/60a sont des constantes caractéristiques de la machine.

9.1.8 Couple électromagnétique

Reprenons la machine de la figure 9.3. L'enroulement inducteur est parcouru par un


courant continu If et crée dans l'entrefer une induction magnétique Bδ.
Soit Ia le courant d'induit. Chaque conducteur de l'induit sera parcouru par le courant
Ia/2a (où a est le nombre de paires des branches de l'enroulement). Dès lors les conducteurs de
l'enroulement d'induit sont soumis à une force électromagnétique Fém qui résulte de l'interaction
entre le champ d'induction magnétique Bδ et le courant dans les conducteurs de l'induit. Les
forces qui s'exercent sur tous les conducteurs de l'induit forment un couple électromagnétique
Cém. Selon la règle de la main gauche, le sens d'action de ce couple est celui qui est indiqué par
la flèche portant la lettre M.
Considérons de nouveau un conducteur séparé de l'axe de référence par un arc de
cercle x. La force électromagnétique agissant sur ce conducteur vaut : Fém = B  Ia/(2a), où 
désigne la longueur active du conducteur. La longueur de l'arc de cercle correspondant à un
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.5
conducteur vaut : tk = 2πR/N, où R est le rayon du rotor et N le nombre des conducteurs de
l'induit. Dans la zone de ce conducteur, la force électromagnétique par élément de
circonférence dx vaut :
dF ém = F ém = N I a B  (9.6)
dx tk 4aR
Le couple électromagnétique par élément de circonférence dx vaut
dC ém = R dF ém = N I a B  (9.7)
dx dx 4a
Le couple électromagnétique exercé sur un pas polaire vaut :
 N  N
C emp = 0 d C ém = 4Iaa 0 B dx = 4Iaa 
où  est déduit de la relation (9.3). Le couple exercé sur tout l'induit vaut : Cém = 2pCémp, c.-à-
d. :
pN
C ém = 2a  I a (9.8)
Bref, Cém = KIa où K = pN/2πa est la constante de proportionnalité caractéristique de chaque
machine.

9.2 CHAMP MAGNÉTIQUE DANS UNE MACHINE A COURANT CONTINU

9.2.1 Champ magnétique dû au courant inducteur

Lorsque la machine fonctionne à vide, seul l'enroulement inducteur est parcouru par un
courant continu If. Ce courant donne naissance à un champ magnétique dont les lignes de
champ sont représentées sur la figure 9.4. Le flux de ce champ comprend deux parties :

F
S Ff
Φσf Fa
 x

2 
K L
q 2

Fig. 9.5
N

Fig. 9.4

- Le flux utile , dont les lignes de champ traversent l'entrefer et sont couplées avec les
conducteurs de l'induit;
- Le flux de dispersion σf, dont les lignes de champ se ferment, sans être couplées avec
l'induit.
La figure 9.3 donne la distribution, dans l'entrefer, de l'induction Bf due au courant
inducteur. Le champ magnétique dû au courant inducteur est dirigé suivant l'axe des pôles
principaux. Cet axe est appelé aussi axe polaire, axe longitudinal ou axe direct, et est symbolisé

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.6


par la lettre d (figure 9.4). Ce champ est symétrique par rapport à cet axe longitudinal et est
appelé champ longitudinal.
Si l'enroulement inducteur comprend Np spires en série par pôle, la f.m.m. par pôle vaut
: Ff = NpIf et le nombre total de spires en série de l'enroulement inducteur vaut : Nf = 2 p Np, où
p est le nombre de paires de pôles. La variation de la f.m.m Ff lorsqu’on se déplace dans
l’entrefer est reprise sur la figure 9.5.

9.2.2 Champ magnétique dû au courant d'induit

Considérons maintenant que l'enroulement d'induit est le seul enroulement parcouru par
un courant Ia. Supposons que les balais soient placés sur l'axe de symétrie de l'intervalle
interpolaire (figure 9.3). Le champ créé par le courant d'induit est représenté sur la figure 9.6.
Ce champ est dirigé suivant l'axe de symétrie de l'intervalle interpolaire. Cet axe est appelé axe
interpolaire, axe transversal ou axe en quadrature et est symbolisé par la lettre q. Ce champ est
symétrique par rapport à cet axe transversal et est appelé champ transversal.

2x

Fig. 9.7

Fig. 9.6
Les figures 9.3 à 9.5 montrent que le champ d’induction de l’inducteur Bf est nul aux
points K et L de la périphérie du rotor situés sur l’axe q; les conducteurs rotoriques reliés aux
balais (figure 9.1) sont ceux qui occupent les positions K et L; Les points K et L déterminent
donc l’axe dit axe des balais. Les points de la périphérie du rotor auxquels l’induction B est nul
déterminent la ligne neutre magnétique (KL).
Supposons que l'induit réel soit représenté par un induit lisse avec une couche de
conducteurs uniformément répartis sur la périphérie du rotor (figure 9.7). Soient N le nombre de
conducteurs de l'enroulement d'induit, Iv = Ia/2a le courant dans un conducteur et D le diamètre
de l'induit. Le courant par unité de longueur de la circonférence de l'induit, dénommé charge
linéique de l'induit vaut :
A= N . Ia (9.9)
D 2a
Prenons sur la figure 9.7, un contour ayant une largeur 2x et disposé de manière
symétrique par rapport à l'axe polaire. La f.m.m. Fac le long de ce contour vaut : Fac = A.2x
(théorème d’ampère). Si on néglige la réluctance du fer, la f.m.m. à une distance x de l'axe
polaire est égale à la moitié de la f.m.m. du contour : Fax = Fac/2 = A x, pour -/2 < x < /2. Cette
f.m.m. s'annule sur l'axe polaire (x = 0). Elle atteint son maximum sous l’axe q, c.-à-d. pour x =
/2, et vaut : Famax = A /2. La courbe de la f.m.m. de l'induit Fa est représentée sur la figure 9.5,
en trait interrompu. C'est une ligne brisée. En un point quelconque situé sous la pièce polaire,
l'induction magnétique vaut :
 Ax
B ax =  o H ax =  o F ax = o
 
(9.10)
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.7
où δ est la longueur l'entrefer. Sous la pièce polaire, l'induction varie suivant la même loi que la
f.m.m. (figure 9.5). Par contre, dans l'espace interpolaire, la longueur de la ligne de champ dans
l'air augmente considérablement, la réluctance augmente et l'induction diminue. La courbe de
l'induction présente donc un col dans la zone interpolaire.
Supposons que les balais soient décalés de l’axe transversal d'un arc b (figure 9.8).
Dans ce cas, l'induit est considéré comme étant constitué de deux enroulements :
- Le premier est formé par la partie de l'enroulement situé sur l'arc b pris de part et d'autre de
l‘axe transversal q (figure 9.8.a). Cette partie crée une f.m.m. longitudinale dont la valeur
maximale vaut : Fad = Ab.
- Le second est formé par la partie restante de l'enroulement, situé sur l'arc  - 2b (figure 9.8.b).
Cette partie crée une f.m.m. transversale dont la valeur maximale vaut : Faq = A (/2 - b).

b Fad b
Faq
b b

a) b)
Fig. 9.8
9.2.3 Réaction d'induit dans une génératrice

Considérons la génératrice de la figure 9.9. Lors du fonctionnement en charge,


l'enroulement inducteur et l'enroulement d'induit sont parcourus respectivement par les courants
If et Ia, ayant les sens indiqués sur la figure 9.9. En charge, la f.m.m. de l'induit Fa réagit sur ou
se combine avec la f.m.m. Ff de l'inducteur et forme avec celle-ci une f.m.m. résultante Fres. On
appelle réaction d’induit, la f.m.m engendrée par le ou les courants d’induit et, par extension, la
modification du flux dans l’entrefer qui en résulte [17]. Le flux résultant dépend alors de la f.m.m.
résultante et de la réluctance du circuit magnétique. Pour une machine en charge, le champ
magnétique (figure 9.9) présente les caractéristiques suivantes :
d

y
G

q LNT
M

LNM
N

Fig. 9.9

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.8


A) Balais sur l’axe q, circuit magnétique non saturé.
Seul la réaction transversale de l'induit existe. Comme le circuit magnétique n'est pas
saturé, la perméabilité μ est constante en chaque point et la réluctance du circuit magnétique
est indépendante de la charge. En superposant la répartition du champ de la figure 9.4 et celle
de la figure 9.6, on constante que (figure 9.9) :
- Sur les cornes polaires d'entrée de l'induit sous le pôle, le champ de l'induit s'oppose au
champ de l'inducteur. On dit que sur la corne d'entrée, le champ de l'induit produit un effet
démagnétisant.
- Sur les cornes polaires de sortie de l'induit du pôle, le champ de l'induit agit dans le même
sens que le champ de l'inducteur. On dit que sur la corne de sortie, le champ de l'induit produit
un effet magnétisant.
La perméabilité μ étant constante, le champ d’induction résultant Bres s'obtient par
addition des champs Bf et Ba, c.-à-d. par sommation des ordonnées pour chaque abscisse x
(figure 9.10 en trait interrompu). Le flux utile résultant par pôle est donnée par la relation res =
 Bres  dx. Lorsque le circuit magnétique n'est pas saturé, l'effet magnétisant de la corne de
sortie compense l'effet démagnétisant de la corne d'entrée. Dans ce cas, le flux utile par pôle en
charge res reste égal au flux utile par pôle à vide : 0 =  Bf  dx. En conclusion : Dans une
machine à circuit magnétique non saturé dont les balais sont calés sur la ligne neutre théorique,
la réaction transversale de l'induit déforme le champ résultant mais ne modifie pas la valeur du
flux résultant.
Bres Fres



2 L

Fig. 9.10
Sur la figure 9.4, le champ résultant passe par zéro aux points K et L. Par contre, sur la
figure 9.9, le champ résultant passe par zéro aux points de la périphérie du rotor sur l’axe ‘’y’’.
L’axe ‘’y’’ est la ligne neutre magnétique réelle. On remarque que dans une génératrice en
charge, la ligne neutre magnétique réelle est décalée par rapport à la ligne neutre théorique
dans le sens de rotation de l'induit.

B) Balais sur l’axe q, circuit magnétique saturé


Seule la réaction transversale de l'induit existe. Cependant, lorsque le circuit
magnétique de la machine est saturé, la réluctance des portions saturées (cornes de sortie, μ )
croît plus qu'elle ne diminue sur les autres portions (corne d'entrée), car ℛ =  /μ S. Par
conséquent, lorsque le circuit magnétique de la machine est saturé, on ne peut plus obtenir le
champ résultant Bres par addition des champs Bf et Ba. L'augmentation du champ résultant Bres
dans la corne saturée sera plus petite que sa réduction dans la corne non-saturée (figure 9.10
en trait continu). Pour un même courant inducteur If, en charge (Ia  0), le flux utile résultant par
pôle res sera inférieur au flux utile par pôle à vide 0. Si on désigne le flux résultant en charge
res par a, on peut écrire :

 a   0  

Où  est la réduction du flux due au courant Ia.


Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.9
Compte tenu des relations (9.4) et (9.5), la f.é.m. en charge Ea sera inférieure à la f.é.m.
à vide Eo pour un même courant d'excitation If :

E a  E 0  E

où  est la réduction de la f.é.m. due au courant Ia.


C'est dire que la réaction transversale de l'induit a un effet démagnétisant dans une
machine à circuit magnétique saturé. Étant donné que l’effet de la réaction d’induit est d’autant
plus fort que le circuit magnétique est plus saturé, la valeur de  (ou de ) augmente avec
les valeurs de Ia et de If.

C) Balais décalés de l’axe q


Prenons la génératrice de la figure 9.9 et plaçons les balais dans la position indiquée sur
la figure 9.8. Ces balais auront été décalés dans un sens opposé au sens de rotation. Dans ce
cas, la f.m.m. de la réaction d'induit peut être décomposée en deux f.m.m. Fad et Faq comme
expliqué dans la section 9.2.2.
La réaction transversale de l'induit Faq agit comme dans les sections A et B ci-dessus.
En comparant les sens des lignes de champ des figures 9.4 et 9.8, on constate que les lignes
de champ de la réaction d'induit longitudinale Fad agissent dans le même sens que les lignes du
champ de l'inducteur, d'où la conclusion suivante : Lorsque les balais sont décalés de l’axe q
dans le sens opposé à celui de la rotation de l'induit d'une génératrice, il apparaît une réaction
longitudinale d'induit magnétisante. De même : Lorsque les balais sont décalés de l’axe q dans
le sens de la rotation de l'induit d'une génératrice, il apparaît une réaction longitudinale d'induit
démagnétisante.

9.2.4 Réaction d'induit dans un moteur

Reprenons la génératrice de la figure 9.9. Selon la règle de la main gauche, si la polarité


des pôles principaux et le sens du courant d'induit sont les mêmes que dans une génératrice, la
machine fonctionnant en moteur tournera dans le sens opposé à celui dans lequel tourne la
génératrice. Par conséquent, en ce qui concerne la réaction d'induit dans un moteur, on peut
tirer les conclusions suivantes :

A) Balais sur l’axe q : Seule la réaction transversale de l'induit existe. La réaction transversale
de l'induit déforme le champ résultant en l'affaiblissant à la corne de sortie et en le renforçant à
la corne d'entrée. Par conséquent, la ligne neutre magnétique est décalée de l’axe q dans le
sens opposé à celui de la rotation d'induit. Si le circuit magnétique n'est pas saturé, la réaction
transversale de l'induit ne modifie pas la valeur du flux résultant. Par contre, si le circuit
magnétique est saturé, la réaction transversale de l'induit à un effet démagnétisant (diminution
du flux résultant).

B) Balais décalés de l’axe q : En plus de la réaction transversale de l'induit, il apparaît une


réaction longitudinale de l'induit. Lorsque les balais sont décalés dans le sens de la rotation de
l'induit, la réaction longitudinale de l'induit a un effet magnétisant. Lorsque les balais sont
décalés dans le sens opposé à celui de la rotation de l'induit, la réaction longitudinale de l'induit
a un effet démagnétisant.

9.3 COMMUTATION

9.3.1. Introduction

La figure 9.11 montre le balai fixe s'appuyant sur le collecteur qui tourne. Lorsqu'un
conducteur franchit l'axe magnétique défini par les balais, ce conducteur passe d'une branche
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.10
de l’enroulement (a) à une autre (c) après que sa section ait été court-circuitée momentanément
(b) par le balai. Durant ce processus le courant dans le conducteur change de sens de +IB/2 à -
IB/2. On appelle alors commutation le processus de changement de sens du courant dans un
conducteur de l'induit lorsqu'il franchit l'axe magnétique défini par la position des balais.

Cette variation du courant dans les sections peut engendrer des étincelles entre les
balais et le collecteur endommageant la surface du collecteur et perturbant le bon
fonctionnement de la machine. Dans ce cas, on dit que la commutation est mauvaise. La
commutation est considérée comme bonne ou satisfaisante lorsque la variation du courant dans
les sections n'est pas accompagnée d'étincelles.
Les étincelles peuvent être provoquées, soit par des causes d'origine mécanique
(exécution imparfaite du collecteur et des balais), soit par des causes d'origine électrique, à
savoir :
a) - l'accroissement de la tension entre les lames du collecteur au-delà des limites admissibles :
la cale isolante entre deux lames voisines du collecteur peut être recouverte d'un arc dont la
naissance est facilitée par la poussière métallique ou de charbon se trouvant toujours sur le
collecteur.
b) - l'accroissement de la densité du courant au moment de la coupure du circuit entre le balai
et la lame du collecteur.
c) - etc...
Une variation brusque de la charge ou un court-circuit brusque peut provoquer au
collecteur un coup de feu appelé flash. C'est un arc puissant court-circuitant au collecteur deux
balais de polarité différente ou passant sur la carcasse de la machine
Prenons les hypothèses simplificatrices suivantes [6] :
- État mécanique parfait du collecteur et des balais.
- Résistivité constante du contact balai-collecteur.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.11


9.3.2 Schéma équivalent de la section qui commute

Considérons le cas d'un enroulement imbriqué simple de la figure 9.11.b. Admettons


que la largeur du balai soit égale à celle de la lame du collecteur. Dans ce cas, le balai court-
circuite seulement une section de l'enroulement d'induit. Le schéma équivalent de la section
court-circuitée est repris sur la figure 9.12, où l'on a utilisé les symboles suivants :
 r1 : résistance de contact du balai avec la lame 1 (entrée);
 r2 : résistance de contact du balai avec la lame 2 (sortie);
 i : courant dans la section court-circuitée;
 i1 : courant dans la jonction 1;
 i2 : courant dans la jonction 2;
 ρ : résistance d'une lame et de la jonction lame-enroulement;
 Rs : résistance de la section court-circuitée;
 Ls : inductance propre de la section court-circuitée,
 IB : courant passant par la tige porte-balai;
 IB/2 : courant dans une branche d'enroulement;
 e : f.é.m. induite dans la section court-circuitée par le flux résultant res.
En appliquant la seconde loi de Kirchhoff à la maille de la figure 9.12, on obtient :
Rs i + Ls di   i2 + r2 i2 - r1 i1   i1 = e (9.11)
dt
où i1 = IB/2 - i pour le nœud (1), et i2 = IB/2 + i pour le nœud (2).

La section est mise en court-circuit à l'instant t = 0, instant auquel le balai occupe la


position de la figure 9.11.a. A cet instant, la section est parcourue par le courant +IB/2. Pendant
le court-circuit (figure 9.11.b), il circule dans la section un courant de court-circuit i. Le court-
circuitage de la section considérée s'achève à l'instant t = T (figure 9.11.c), instant à partir
duquel la section est parcourue par le courant -IB/2. La durée de court-circuitage T est appelée
temps de commutation.
Soient vc la vitesse tangentielle du collecteur, bB la largeur du balai,  B la longueur
axiale totale de tous les balais portés par une tige porte-balai. Pendant le temps de
commutation T, le chemin parcouru par une lame est égal à la largeur du balai : bB = vc T. A un
instant t compris entre t = 0 et t = T, le balai couvre (figure 9.11.b) :
- une partie de la lame 1 de largeur b1 = vct.
- et une partie de la lame 2 de largeur b2 = bB -vc t = vc (T-t).
Ici on a négligé l'épaisseur de l'isolant entre les lames du collecteur. L'aire de contact du balai
avec les lames du collecteur vaut SB = bB  B. L'aire de contact du balai avec la lame 1 vaut :
T
S1 = b1 B = vc t B = vTc t B = bTB tB = S B Tt
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.12
L'aire de contact du balai avec la lame 2 vaut :
T
S 2 = b2 B = vc (T - t) B = vTc (T - t) B = bTB (T - t) B = S B TT- t
On peut modéliser le contact balai-collecteur par une couche de résistivité ρB (supposée
constante) et d’épaisseur « d » tendant vers zéro. La résistance totale du contact balai-
collecteur vaut RB =  B d / S B . La résistance du contact du balai avec la lame 1 vaut :

r1 =  B d =  B d S B = RB S B = RB Tt (9.12)
S1 S B S1 S1
La résistance du contact du balai avec la lame 2 vaut :
r2 =  B d =  B d S B = RB S B = RB TT- t (9.13)
S2 S B S2 S2

9.3.3 Première hypothèse : LS, RS, ρ sont négligeables

a) Expressions
L'équation (9.11) devient : r1 i1 = r2 i2 - e , ou

RB . Tt . ( I2B - i) = RB . TT- t . ( I2B + i) - e ;


d'où l'on tire l'expression du courant i :
et( T -t )
i = I B ( 1 - 2 t )+ 2 (9.14)
2 T RB T

b) Premier cas : La f.é.m. est négligeable : e  0.


Dans ce cas, on parle de commutation par résistance et le courant dans la section court-
circuitée est donné par :
i = I B ( 1 - 2 t ) (9.15)
2 T
Dans ce cas, le courant dans la section court-circuitée varie linéairement en fonction du
temps et la commutation est dite linéaire. La variation du courant selon l'équation (9.15) est
illustrée sur la figure 9.13 en trait continu. Le courant dans le contact du balai avec la lame 1
vaut :

i i
I B

 I B

2
α1 i1
i1 IB
i t
i t
0 IB T

i2 T
i2
IB
 I B α2
2
t T- t t T-t
T T
Fig. 9.13
Fig. 9.14

IB t
i1 = - i = I B (9.16)
2 T
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.13
Le courant dans le contact du balai avec la lame 2 vaut :
IB t
i2 = + i = I B ( 1 - ) (9.17)
2 T
La densité du courant dans le contact du balai avec la lame 1 vaut :
i1 I B t/T I B
J 1= = = = J0 9.18)
S 1 S B t/T S B
La densité du courant dans le contact du balai avec la lame 2 vaut :
i 2  I B ( 1 - t/T ) I B
J 2= = = = J0 (9.19)
S 2 S B ( 1 - t/T ) S B
Pendant toute la durée T de commutation de la section considérée, la densité du
courant dans le contact balai-collecteur reste constante (pour toutes les positions du balai par
rapport aux lames 1 et 2).

c) Deuxième cas : la f.é.m. n'est pas négligeable e  0


L'effet de la f.é.m. sera analysé en détail dans la troisième hypothèse. Pour le moment,
nous allons considérer un cas particulier où la f.é.m. est supposée positive : e > 0. Dans ce cas,
le courant dans la section court-circuitée est donné par la relation (9.14) et sa courbe est tracée
en trait interrompu sur la figure 9.13. La courbe i/IB = f(t/T) est reprise sur la figure 9.14. A partir
de cette figure, on voit qu'à un instant t/T, on peut écrire :
tg  1 = i1 / I B , I B tg  1 = i1 T (9.20)
t/T t
tg  2 = i2 / I B , I B tg  2 = i2 T (9.21)
( T -t )/ T T -t
A l'instant considéré, la densité du courant sous le bord d'entrée vaut :

J 1 = i1 = i1 Tt = I B tg  1 = J 0 tg  1 (9.22)
S1 S B SB
Au même instant, la densité du courant sous le bord de sortie vaut :
J 2 = i2 = i2 TT- t = I B tg  2 = J 0 tg  2 (9.23)
S2 SB SB
Lorsque le f.é.m. n'est pas négligeable, on constate que (figure 9.14) :
- Sous le bord d'entrée du balai, le courant i1 est inférieur au courant i1ℓ correspondant à une
commutation linéaire. La densité du courant J1 est inférieure à la densité du courant J0
correspondant à une commutation linéaire.
- Sous le bord de sortie du balai, le courant i2 est supérieur au courant i2ℓ correspondant à une
commutation linéaire. La densité du courant J2 est supérieure à la densité du courant J0
correspondant à une commutation linéaire.
On dit que la commutation est retardée. En retardant la commutation, la f.é.m. e a donc
un effet défavorable.

9.3.4 Deuxième hypothèse : RS et ρ ne sont pas négligeables

a) Expressions
L'équation (9.11) devient :
RS i +  i2 + r2 i2 - r1 i1 -  i1 = e
En tenant compte des expressions de i1 et i2, on tire l'expression du courant i de l'équation ci-
dessus :
i = IB r1 - r2 + e
2 Rs + 2 + r1 + r2 Rs + 2 + r1 + r2
Et compte tenu de (9.12) et (9.13), on trouve :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.14


et( T -t )
i = IB 1 - 2t/T + (9.24)
2
1 + Rs
+ 2  t ( 1 - t ) ( Rs + 2  ) t ( T - t ) + R B T
2

RB T T
Si dans l'équation (9.24) on prend RS + 2ρ = 0, on obtient l'équation (9.14).

b) Premier cas : la f.é.m. est négligeable, e  0


Le courant dans la section court-circuitée est donné par :
i = IB 1 - 2 t /T (9.25)
2 R s + 2 t
1+ (1 - t )
RB T T
Si dans l'équation (9.25), on prend Rs + 2ρ = 0, on obtient l'équation (9.15) du courant
de la commutation linéaire. La variation du courant i selon l'équation (9.25) est illustrée sur la
figure 9.15 pour différentes valeurs de K = (Rs + 2ρ)/RB. On constate que la commutation tend à
devenir linéaire lorsque la valeur de K tend vers zéro, c-à-d lorsque la résistance de contact RB
devient prépondérante.
i
IB

K=
0
5 1 t
10 T

Fig. 9.15

Pour cette figure, les relations (9.22) et (9.23) restent valables pour le calcul des
densités du courant J1 et J2. On constate que pour des valeurs de K > 0, les valeurs de la
densité du courant sur le bord d'entrée (J1 pour t = 0) et sur le bord de sortie (J2 pour t = T) sont
supérieures aux valeurs correspondantes lors d'une commutation linéaire. Ceci rend en principe
les conditions de commutation plus difficiles. On a donc intérêt à :
- diminuer la résistance RS (de la section court-circuitée) ainsi que la résistance ρ (lame et
jonction lame-section);
- augmenter la résistance RB du contact balai-collecteur.

c) Deuxième cas : la f.é.m. n'est pas négligeable : e  0


L'effet de la f.é.m. est analysé en détail ci-dessous.

9.3.5. Troisième hypothèse :


 L'inductance LS n'est pas négligeable
 Effet de la f.é.m. sur la commutation

a) F.é.m. de réactance ou d'auto-induction :


La section en commutation possède une inductance propre LS. Pendant la commutation,
il apparaît, dans la section en commutation une f.é.m. d'auto-induction dite aussi de réactance

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.15


ayant pour expression eL = - Ls di/dt. Cette f.é.m. s'oppose à la variation du courant. Sous son
influence, la commutation est retardée (figure 9.14).
Dans le cas où le balai recouvre plusieurs lames du collecteur, plusieurs sections
voisines entrent simultanément en commutation. La variation du courant dans les sections
voisines engendre dans la section considérée une f.é.m. d'induction mutuelle eM qui
généralement augmente la f.é.m. de la section en commutation. Lorsque le balai couvre
plusieurs lames du collecteur, il faut donc remplacer eL par la f.é.m. de réactance er = eL + eM.

b) F.é.m. de rotation

La f.é.m. de rotation ek est due à la rotation des côtés de la section court-circuitée dans
un champ magnétique qui peut exister dans la zone de commutation. Le sens de cette f.é.m. de
rotation dépend du sens du champ dans la zone de commutation et du sens de rotation de la
machine. La f.é.m. ek peut donc s'ajouter à la f.é.m. er ou s'en retrancher : e = er ± ek.

c) Premier cas : RS et ρ sont négligeables


On peut écrire l'équation (9.11) sous la forme :

r2 i2 - r1 i1 = er ± ek (9.26)

A l'aide des mêmes transformations que dans la section 9.3.3, cette équation se met sous la
forme :
(  ) t (T - t)
i = I B (1 - 2t ) + er ek 2 (9.27)
2 T RB T
Compte tenu de la relation (9.15), la relation (9.27) peut s'écrire sous la forme = ℓ + où
(  ) t (T - t)
i = I2B (1 - 2t ) et irk = er ek 2 (9.28)
T RB T
Le courant i est le courant de commutation linéaire (figure 9.16, courbe 1). Le courant irk
dépend de la somme algébrique er ± ek.
Il a été dit que la f.é.m. er ralentit le phénomène de commutation. La courbe 2
correspond à la commutation retardée (défini dans la section 9.3.3), sous l'influence de la f.é.m.
d'auto-induction er. Deux situations peuvent se présenter :
c1) - La f.é.m. de rotation ek agit dans le même sens que la f.é.m. d'auto-induction er : Dans ce
cas, la f.é.m. ek s'ajoute de la f.é.m. er. La f.é.m. ek ralentit le phénomène de commutation. La
courbe 3 sur la figure 9.16 correspond à une commutation fortement (ou très) retardée sous
l'influence de er et de ek.
c2) - La f.é.m. de rotation ek agit dans le sens opposé à celui de la f.é.m. d'auto-induction er :
Dans ce cas, le f.é.m. ek réduit la f.é.m. résultante e et avance le phénomène de commutation.
Si ek = er, er - ek = 0, la commutation est linéaire. Si ek > er, on obtient une commutation
avancée. La courbe 4 de la figure 9.16 correspond à une commutation avancée. Les
caractéristiques de la commutation avancée sont les suivantes :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.16


i
IB
3
2
1

6
t
T

Fig. 9.16

- Sous le bord d'entrée, le courant i1 et par conséquent la densité du courant sont supérieurs
aux valeurs homologues d'une commutation linéaire.
- Sous le bord de sortie, le courant i2 et par conséquent la densité du courant sont inférieurs
aux valeurs homologues d'une commutation linéaire.
La courbe 5 de la figure 9.16 correspond à une commutation fortement (ou très)
avancée. Dans ce cas, ek est tellement supérieur à er que la densité du courant sous le bord de
sortie du balai change même de signe.
Lorsque la densité J2, sous le bord de sortie, est nulle, l'ouverture du circuit inductif
formée par la section court-circuitée se fait sans étincelles. La courbe 4 de commutation
avancée (tg α2 = 0) présente donc un avantage par rapport aux autres courbes de la figure
9.16. La densité J1 sur le bord d'entrée est un peu plus grande que celle d'une commutation
linéaire, mais cela ne présente pas de danger, car il est plus facile de réaliser la fermeture sans
étincelles d'un circuit inductif que de réaliser son ouverture sans étincelles.
Compte tenu de la relation (9.27), le courant i2 est donné par:
 ( e  e ) t ( T - t )
i2 = I2B + i = I B ( 1 - Tt ) + r k 

2
I B RB T
(9.29)
= I B T - t ( 1+ k t )
T T
avec k = (er ± ek)/RB IB. La densité du courant sous le bord de sortie du balai vaut :
J 2 = i2 = i2 TT- t = I B (1 + k Tt ) (9.30)
S2 SB SB
Pour avoir J2 = 0, à l'instant t = T, il faut :
k  er  ek  1 , soit er  ek = - RBIB (9.31)
RB IB
Lorsque la condition (9.31) est réalisée, la commutation est optimale, car la densité du courant
sous le bord de sortie du balai est nulle. Un raisonnement analogue permet de prouver que
pour avoir J1 = 0 lors d'une commutation retardée, la valeur de la f.é.m. résultante doit être telle
que k = + 1, c-à-d er± ek = RB IB.

d) Deuxième cas : RS et ρ ne sont pas négligeables


La courbe 6 de la figure 9.16 correspond à une commutation par résistance (er ± ek = 0),
lorsque RS et ρ ne sont pas négligeables. L'effet de RS a été analysé dans la section 9.3.4 :
- Accroissement de la densité de courant J1 sous le bord d'entrée;
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.17
- Accroissement de la densité de courant J2 sous le bord de sortie;
ce qui rend les conditions de commutation plus difficiles.

9.3.6 Amélioration de la commutation


Il a été montré ci-dessus que la cause principale des étincelles d'origine électrique est le
courant irk, avec
( er  ek )t(T - t) er  ek
irk = 2 = (9.32)
RB T Rtot
où Rtot = RBT2/t(T-t) = RBT/t + RBT/(T-t) = r1 + r2. Pour améliorer la commutation, il faut diminuer
irk de la manière suivante :

a) Réduction de la f.é.m. de réactance : On peut montrer que la f.é.m. de réactance est


donnée par la relation suivante [6] :

er = 2 Ns va A  1 r (9.33)

où Ns est le nombre de spires par section, va la vitesse tangentielle de l'induit [m/s], A la densité
linéique de courant (relation 9.9),  1 la longueur utile de la machine et r la perméance du
circuit magnétique. Pour améliorer la commutation, on réduit la f.é.m. er en adoptant des
valeurs faibles pour les variables qui interviennent dans la relation (9.33) :

b) Création du champ de commutation en décalant les balais de la ligne neutre : Lorsque


les balais sont calés sur la ligne neutre théorique, les conducteurs de la section en commutation
sont dans une position où le champ magnétique n'est pas nul (section 9.2.3.A). Ce champ
magnétique engendre dans la section en commutation une f.é.m. eq. On peut montrer que la
f.é.m. eq agit dans le même sens que la f.é.m. de réactance er, en retardant la commutation.
Pour annuler eq, il faut placer les balais sur la ligne neutre magnétique réelle, en les décalant
dans le sens de la rotation de l'induit pour une génératrice, et dans le sens opposé pour le
moteur. Il faudrait d'ailleurs décaler les balais au-delà de la ligne neutre réelle pour pouvoir
compenser également la f.é.m. er.
La méthode de création du champ de commutation par décalage des balais présente les
inconvénients suivants :
- l'angle optimal de décalage varie en fonction de la charge;
- lorsque les balais sont décalés de la ligne neutre théorique dans le sens ci-dessus, il apparaît
une réaction longitudinale d'induit démagnétisante. Celle-ci crée une chute de tension
excessive de la génératrice ou une instabilité du fonctionnement du moteur.
Aujourd'hui, on ne recourt plus au décalage des balais.

c) Création du champ de commutation à l'aide des pôles auxiliaires : Les balais sont calés
sur la ligne neutre théorique et on place alors des pôles dits auxiliaires sur la ligne neutre
théorique (figure 9.1).
Les pôles auxiliaires produisent une f.é.m. de rotation ek qui compense la f.é.m. de
réactance er. Le champ de l'induit étant proportionnel au courant d'induit ia, pour que le champ
de commutation puisse compenser ce champ d'induit à une charge quelconque, il faudrait que
le champ de commutation soit produit par le courant d'induit lui-même. C'est pourquoi,
l'enroulement des pôles auxiliaires est branché en série avec l'induit. Les polarités des pôles
auxiliaires sont choisies comme suit :
- Dans une génératrice, le pôle auxiliaire doit avoir la même polarité que le pôle qui le suit dans
le sens de la rotation de la machine.
- Dans un moteur, le pôle auxiliaire doit avoir la même polarité que le pôle qui le précède dans
le sens de la rotation de la machine.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.18


d) Amélioration de la commutation à l'aide de l'enroulement de compensation : Les effets
de la réaction d'induit peuvent être éliminés à l'aide d'un enroulement supplémentaire dit de
compensation placé dans les encoches des pièces polaires des pôles principaux.
L'enroulement de compensation compense donc une partie du champ d'induit (le reste étant
compensé par les pôles auxiliaires). Cet enroulement, branché en série avec l'enroulement
d'induit, crée un champ dirigé selon l'axe interpolaire.
L'enroulement de compensation est l'un des moyens les plus efficaces pour améliorer la
commutation des machines fonctionnant à charge très variable. Cependant, il rend la
construction de la machine plus compliquée et augmente donc son prix. C'est pourquoi,
l'enroulement de compensation n'est utilisé que dans les machines de puissance élevée
(centaines de kW).
L'enroulement de compensation est branché en série avec l'enroulement des pôles
auxiliaires, et le circuit ainsi obtenu est appelé enroulement de commutation (G-H).

e) Utilisation des balais de grande résistance de contact : La résistance de contact du balai


dépend de plusieurs facteurs : le matériau du balai et le matériau du collecteur ou des bagues, -
la densité du courant, - le sens du courant, - la température et l'état chimique de la surface de
contact, - la pression sur le balai, - la vitesse tangentielle du collecteur, etc. Pour les machines à
courant continu, on utilise :
 les balais en graphite dans les machines normales;
 les balais de charbon-graphite ou balais électrographitiques dans les machines à
commutation difficile;
 les balais de cuivre-graphite ou de bronze-graphite dans les machines à tension très
faible (jusqu'à 30V).

9.3.7 Calage des balais sur la ligne neutre magnétique

a) Méthode en rotation : On entraîne la machine à sa vitesse nominale et on l'excite de façon


à obtenir environ le tension nominale VaN. On fait varier la position des balais jusqu'à ce que la
tension aux bornes de l'induit soit maximale. On change le sens de rotation, et si les balais sont
calés sur la ligne neutre, on doit retrouver la même tension maximale.

b) Méthode à l'arrêt : Lorsque les balais sont calés sur la ligne neutre, l'inducteur et l'induit
forment deux circuits dont le coefficient d'induction mutuelle est nul (section 9.4.3). Pour caler
les balais sur la ligne neutre, on fait circuler un courant continu dans l'un de ces deux
enroulements, on fait varier brusquement ce courant (couper brusquement par exemple), et on
mesure à l'aide d'un millivoltmètre, à point zéro médian, la f.é.m. induite dans l'autre
enroulement. Si les balais sont calés sur la ligne neutre, cette f.é.m. est nulle. On adopte donc
la position des balais correspondant au minimum de la f.é.m. induite.
On peut aussi alimenter en alternatif l'enroulement inducteur, la machine étant à l'arrêt.
Lorsque les balais sont sur la ligne neutre, la tension aux bornes de l'induit doit être nulle.

9.4 MODÈLE MATHÉMATIQUE DE LA MACHINE A COURANT CONTINU

Pour établir les expressions des inductances de la machine à courant continu, nous
partirons du cas où les balais tournent avec le rotor (figure 9.17), c.-à-d. où l'axe magnétique de
l'enroulement rotorique tourne à une vitesse angulaire électrique ω = p Ω.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.19


q

ia
d
if
va vf

Fig. 9.17

9.4.1 Inductance propre de l'enroulement inducteur : Le flux magnétique utile par pôle vaut
d =  B dx . Le flux totalisé de l'enroulement inducteur vaut : f = Nff = 2pNp(d + f ), où
σf est le flux de dispersion, f = d + σf le flux total, et Nf = 2p Np est le nombre des spires de
l'enroulement inducteur. L'inductance propre de l'enroulement inducteur vaut : £f() = f/if
=Nff/if. Le rotor étant isotrope, l'inductance £f() est indépendante de  ; d'où £f() = Lf = Cte

9.4.2 Inductance propre du circuit d'induit : Étant donné que les pôles inducteurs sont
saillants, le stator est anisotrope et l'inductance propre de l'enroulement d'induit varie avec 
suivant la relation [21] :
+ -
£a() = Ld Lq + Ld Lq cos 2 (9.34)
2 2
Pour  = 0, on £a() = Ld et pour  = π/2 on a £a() = Lq = La.

9.4.3 Inductance mutuelle entre enroulement d'inducteur et d'induit : On montre dans la


référence [21] que : £af () = - Laf cos , où Laf = af/if = Na kwa d/if et Na = N/4a, N étant le
nombre de conducteurs de l’enroulement d’induit. Si on suppose que la distribution de
l'induction est sinusoïdale, on a aussi kwa = 2/π; d'où Laf = Nd/2πaif. Lorsque les enroulements
inducteur et d'induit sont en quadrature, on a  = /2 et £af (π/2) = 0.

9.4.4 Inductance mutuelle de rotation : D'après la relation (9.4), la f.é.m. de l'enroulement


d'induit pseudo-stationnaire due à la rotation du rotor vaut : ea = (pN/2πa)dΩ = (N/2πa)ωd.
Pour une machine non saturée, le flux d est proportionnel au courant (d = G if) et la f.é.m. de
' '
rotation vaut ea = Laf ωif, où Laf est l'inductance mutuelle de rotation. En identifiant les deux
'
expressions de ea , on trouve : Laf = Nd/2πaif = Laf.

9.4.5 Résistance du circuit d'induit : La résistance Ra du circuit d'induit est la somme de : - la


résistance de l'enroulement d'induit : Rr, - la résistance de l'enrouement de commutation : Rc, -
la résistance du contact balais-collecteur : RB.
La résistance du contact balais-collecteur n'est pas constante. Soit ΔVB la chute de
tension dans les contacts balai-collecteur sous les deux balais de polarités opposées. On a
constaté que la chute de tension ΔVB est indépendante du courant d'induit Ia. Pour les balais en
graphite ou en charbon-graphite, on prend ΔVB = 2 V. Pour les balais en cuivre-graphite, on
prend ΔVB = 0,6 V.
La résistance du circuit d'induit vaut : Ra = Rr + Rc + RB = Rr + Rc + ΔVB/Ia. La valeur de
Ra est de l'ordre de 0,01 p.u.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.20
9.4.6 Schéma équivalent de la machine à courant continu : Dans la suite de ce chapitre,
nous allons prendre θ = π/2. Le schéma équivalent de la machine est repris sur la figure 9.18.

if R exc ia
Rf Lf Ra La
G

vf ea M i
a va

Fig. 9.18

Sur cette figure Rf représente la résistance de l'enroulement inducteur. Pour modifier le courant
inducteur if, on branche, en série avec l'enroulement inducteur, une résistance variable appelée
rhéostat d'excitation ou rhéostat de champ. Ce dernier est désigné sur la figure par Rexc.

9.4.7) Équations de la machine à courant continu : L'équation de tension de l'inducteur est


la suivante :
vf = (Rexc + Rf)if + Lf dif/dt (9.35)

Pour une machine non-saturée (section 9.4.4), la f.é.m. de rotation vaut : ea = Lafif.
Si la machine fonctionne en génératrice, le courant ia aura le sens indiqué par la flèche
G sur la figure 9.18. Dans ce cas, l'équation de la tension d'induit est la suivante :
d
va = ea - Ra ia - La d ita (9.36)
Si la machine fonctionne en moteur, le courant ia aura le sens indiqué par la flèche M sur
la figure 9.18. Dans ce cas, l'équation de la tension d'induit est la suivante :
d
va = ea + Ra ia + La d ita (9.37)
A ces équations, on ajoute l'équation des masses tournantes (section 1.5).
Les équations ci-dessus permettent d'étudier le fonctionnement de la machine durant un
régime transitoire, régime durant lequel les courants (ia et if) et la vitesse Ω sont des grandeurs
variables. Lorsque la machine fonctionne en régime permanent, ces équations se simplifient,
car les courants (ia et if) et la vitesse Ω deviennent des grandeurs constantes. En régime
permanent, on a donc : ia = Ia = Cte, if = If = Cte, Ω = Cte, va =Va =Cte, ea = Ea = Cte.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 9.21


Chapitre 10

GÉNÉRATRICE A COURANT CONTINU


10.1 GÉNÉRATRICE A EXCITATION INDÉPENDANTE

10.1.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour relever les caractéristiques de la génératrice à


excitation indépendante est repris sur la figure 10.1. Le courant d'excitation If est de l'ordre de 3
% du courant nominal de l'induit IaN. Le récepteur appelé charge est représenté par la
résistance Rc. Le schéma équivalent de la génératrice à excitation indépendante est repris sur
la figure 10.2. Ia IC
A
If H

A
R exc G
V RC
f B P
Vf
D C
A

Fig.10.1

If Ia IC

R exc Ra
Rf
Vf Ea P RC
Va
Lf

Fig.10.2

10.1.2 Caractéristique à vide : Eo = f(If) pour Ia = 0 et n = cte.

La f.é.m. à vide Eo vaut : E0 = K = K’n. Pour une vitesse n constante, on peut écrire
: E0 = K1 où K1 est une constante. Le courant inducteur If crée une f.m.m. ℱf et un flux .
Étant donné que le courant If est directement proportionnel à la f.m.m. ℱf et que la f.é.m. Eo est
directement proportionnelle au flux , la caractéristique à vide Eo = f(If) représente à une autre
échelle la courbe d'aimantation  = f(ℱf).
Pour relever cette caractéristique (figure 10.3), on utilise le schéma de câblage de la
figure 10.1, l'interrupteur P étant ouvert. Le voltmètre V donne la valeur de la tension de l'induit
à vide Vao qui est égale à la f.é.m. à vide Eo; tandis que l'ampèremètre du circuit d'excitation
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.1
donne la valeur du courant inducteur If. Le circuit d'excitation étant ouvert (If = 0), on fait tourner
le rotor à une vitesse de rotation n qu'on garde constante. La tension d'induit obtenue dans
cette situation est la f.é.m. rémanente Er qui est de l'ordre de 3 % de la tension nominale VaN.
On alimente ensuite le circuit inducteur (application d'une tension Vf). Alors, en augmentant
progressivement le courant inducteur If, on relève la branche ascendante jusqu'à une tension
de l'ordre de 1,2 VaN. Ensuite en réduisant progressivement le courant inducteur If, on relève la
branche descendante. A cause de l'hystérésis, ces deux branches sont différentes. On obtient
alors la courbe Eo = f(If) en faisant la moyenne des ordonnées des deux branches (courbe en
trait interrompu sur la figure 10.3).
Eo
Eo

If

Er
If Fig.10.4

Fig.10.3
La caractéristique à vide théorique, qui passe par l'origine des axes est tracée sur la
figure 10.4. Pour tracer cette caractéristique, on part de la tension rémanente Er. On augmente
le courant d'excitation jusqu'à ce que la tension atteigne une valeur Va1 de l'ordre de 1,2 VaN..
Alors en réduisant progressivement le courant inducteur If et puis en l'inversant, on relève la
branche descendante jusqu'à une tension égale à - Va1. Ensuite, en augmentant
progressivement le courant inducteur If, on relève la branche montante jusqu'à une tension
égale à Va1. De nouveau la courbe Eo = f(If) est obtenue en faisant la moyenne des ordonnées
des deux branches (trait interrompu).
Lors du relevée de ces courbes, on prendra soin de ne faire varier le courant inducteur If
que dans un seul sens (sans retour en arrière). Dans le cas contraire, à cause de l'hystérésis,
on passe à d'autres courbes qui n'appartiennent pas au cycle initial.

10.1.3 Caractéristique en charge : Va = f(If) pour Ia = Cte et n = Cte

Considérons la caractéristique à vide de la figure 10.5. Prenons un point quelconque D


sur l’axe des abscisses. Traçons par le point D une droite parallèle à l'axe des ordonnées
jusqu'à son intersection avec la caractéristique à vide, au point F. Le point D détermine le
courant d'excitation en charge Ifc = OD. Si la génératrice fonctionnait à vide avec un courant
d'excitation Ifc, on aurait une f.é.m. Eo déterminée par le segment de droite DF. Par contre,
lorsque la génératrice fournit un courant Ia, la réaction d'induit diminue le flux  et donc la
f.é.m. La f.é.m. en charge Ea est donc inférieure à la f.é.m. à vide : Ea < Eo. La f.é.m. Ea est
représentée par le segment DB. La réduction de la f.é.m. (ou la chute de tension) E due à la
réaction d'induit est représentée par le segment BF.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.2
Traçons maintenant par le point B, une droite parallèle à l'axe des abscisses, jusqu'à
son intersection avec la caractéristique à vide, au point A. On constate que la f.é.m. en charge
Ea = DB est égale à la valeur de la f.é.m. Eo = GA qu'on obtiendrait à vide pour un courant
d'excitation Ifo = OG. La différence ΔIfi = OD - OG = AB entre Ifc et Ifo représente le courant
d'excitation nécessaire pour compenser la f.m.m. de la réaction d'induit. Pour avoir en charge
une f.é.m. Ea, égale à la f.é.m à vide Eo due à Ifo, il faut donc un courant d'excitation Ifc
supérieur à Ifo : Ifc = Ifo + ΔIfi, où en terme de f.m.m : NfIfc = NfIfo + ℱfi, où ℱfi est la f.m.m. de
l'inducteur nécessaire pour compenser la réaction d'induit. La f.m.m. effective dans la machine
vaut : ℱeff = Nf Ifc - ℱfi = Nf Ifo; d'où

= − (10.1)
La courant Ifo est appelé courant d'excitation équivalent. La valeur de la f.é.m. qui lui
correspond sur la caractéristique à vide est la f.é.m. en charge Ea.
Eo Eo EO
F
Ea EO Ea
A B
Va Va
Ra Ia A B
ΔIfi C
C
Va Ea

G D
0 Ifo Ifc If
If
Fig.10.5 Fig.10.6
La tension aux bornes de l'induit vaut : Va = Ea - Ra Ia. Si on représente la chute de
tension Ra Ia par le segment CB de la figure 10.5, la tension Va sera donnée par le segment
DC. Le triangle ABC est appelé triangle caractéristique. Pour un courant d'induit Ia constant : -
le côté BC = Ra Ia reste constant et est indépendant du courant d'excitation; - l'autre côté AB =
ΔIfi, qui correspond à la f.m.m. de la réaction d'induit, ne reste constant que si on néglige
l'influence de la saturation.
Si on néglige la saturation, on peut déterminer la caractéristique en charge, en
déplaçant le triangle caractéristique ABC parallèlement à lui-même en maintenant le sommet A
sur la caractéristique à vide (figure 10.6). La courbe décrite par le sommet B est celle de la
f.é.m. en charge Ea = f(If); tandis que la courbe décrite par le sommet C est celle de la tension
Va = f(If) (en trait interrompu). En réalité, au fur et à mesure que la saturation augmente,
l'influence de la réaction transversale de l'induit croît, et le côté AB augmente progressivement.
La courbe réelle de Va est donnée sur la figure 10.6 en trait continu.
Si on relève la caractéristique à vide, ainsi que la caractéristique en charge, on peut en
déduire le triangle caractéristique. Pour relever la caractéristique en charge on utilise le schéma
de câblage de la figure 10.1, l'interrupteur P étant fermé, en faisant varier le courant d'excitation
seulement dans un sens.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.3


10.1.4 Caractéristique externe : Va = f(Ia) pour Rexc = Cte et n = Cte

Étant donné que la tension Vf est constante, le courant d'excitation If = Vf/(Rf + Rexc)
sera contant. Selon la relation Va = Ea - Ra Ia, lorsque la réaction d'induit est négligeable, la
caractéristique externe est une droite légèrement inclinée, car la chute de tension Ra Ia est
faible (quelques pourcents de la tension nominale). Par contre, lorsque la réaction d'induit n'est
pas négligeable, la chute de tension devient supérieure à Ra Ia et on obtient la courbe en trait
continu de la figure 10.7.
Va
Va
V aO D0
Dk A0 E0
D1 A1 B1
V aN
C1

K1 S
RaIa
Ia 0 If
Fig.10.8
IaN Ia

Fig.10.7

Pour relever la caractéristique externe, on réalise le montage de la figure 10.1. On


entraîne la génératrice à sa vitesse nominale, puis on ferme l'interrupteur P. On maintient la
vitesse constante. On agit sur le récepteur Rc et sur le rhéostat d'excitation Rexc de façon que le
voltmètre V indique VaN et que l'ampèremètre A indique IaN. Dès lors, on ne touche plus à
l'excitation et on agit sur le récepteur Rc de façon à faire décroître progressivement le courant
débité jusqu'à zéro, en notant les valeurs correspondantes de Ia et de Va.
En supposant que les côtés du triangle caractéristique varient proportionnellement au
courant Ia, on peut déterminer la caractéristique externe à partir de la caractéristique à vide et
du triangle caractéristique. La construction est illustrée sur la figure 10.8.

10.1.5 Caractéristique de régulation : If = f(Ia) pour Va = Cte et n = Cte

La caractéristique externe montre que, pour un courant d'excitation If constant, la


tension Va aux bornes de la génératrice diminue lorsque le courant d'induit Ia augmente. Pour
maintenir la tension Va constante lorsque le courant Ia augmente, il faudra augmenter le courant
d'excitation If. La caractéristique de régulation est illustrée sur la figure 10.9 (trait interrompu).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.4


If E0 ICC
Va
E0

IfN Ea (n,,If)
D1 Va1
A1
B1 ICC
Va = RCIC

IaN Ia 0’ 0 G C1 If IC1 IC
Fig.10.9
Fig.10.10 Fig.10.11

Pour relever cette caractéristique on utilise le montage de la figure 10.1, l'interrupteur P


étant fermé. On relève une branche ascendante puis une branche descendante et la ligne
médiane est adoptée comme caractéristique de régulation.

10.1.6 Caractéristique de court-circuit : Icc = f(If) pour Va = 0 et n = cte.

Pour relever cette caractéristique, on utilise le schéma de câblage de la figure 10.1. On


branche un ampèremètre aux bornes de l'induit (interrupteur P fermé, avec Rc = 0 et le
voltmètre V débranché). Avec un courant inducteur If nul, on entraîne la machine à sa vitesse
nominale. A cause du champ rémanent, il apparaît dans le circuit d'induit, pour If = 0, une f.é.m.
rémanente Er et donc un courant d'induit Iccr = Er/Ra. On excite légèrement (If faible) la
génératrice à l'aide d'un champ inducteur de même sens que le champ rémanent. On
augmente progressivement le courant d'induit Icc jusqu'à une valeur d'environ 1,2 IaN en relevant
les valeurs correspondantes de If et Icc. A partir de ces valeurs on trace la caractéristique en
court-circuit (figure 10.10).
La résistance Rc du circuit extérieure étant nulle, la tension d'induit Va est nulle et Ea =
Va + RaIcc  RaIcc. Pour Icc < 1,2 IaN, la f.é.m. Ea s'élève à quelques pourcents de VaN. Le circuit
magnétique n'est pas saturé et la caractéristique à vide Eo = f(If) correspondante est une droite.
En supposant que Ra est constant, la caractéristique de court-circuit Icc = f(If) est donc une
droite (figure 10.10).
On prend comme origine des coordonnées, le point O' qui est l'intersection des droites
Icc = f(If) et Eo = f(If) avec l'axe des abscisses. Prenons un courant d'induit I1 (= C1D1). Le
segment O'C1 = Ifc représente le courant d'excitation total en court-circuit pour Icc = I1. Selon la
figure 10.5, le courant Ifc comprend la composante Ifo qui crée la f.é.m. Ea = RaI1 et la
composante ΔIfi qui compense la réaction d'induit. La résistance Ra étant connue, prenons sur
la caractéristique à vide, le point A1 d'ordonné GA1 = Ea = RaI1. Selon la figure 10.5, le courant
Ifo est représenté par le segment O'G. Le segment GC1 représentera le courant ΔIfi. En traçant
une horizontale par le point A1, elle coupe le segment C1D1 au point B1. Comme sur la figure
10.5, le triangle A1B1C1 est le triangle caractéristique de la génératrice pour le courant d'induit
I1.
Pour des valeurs élevées du courant d'induit Icc, à cause de la saturation et de la
modification de la tension ΔVB du contact balais collecteur, la caractéristique de court-circuit
s'écarte de la droite (trait interrompu).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.5


10.1.7 Réglage de la tension d'une génératrice à excitation indépendante

La tension aux bornes d'une génératrice à excitation indépendante vaut : Va = Ea - Ra Ia


= K’n - Ra Ia. Le point de fonctionnement de la génératrice est défini par les valeurs de Va et Ia
correspondant au réseau externe. Il est donc à la rencontre de la caractéristique externe Va =
f(Ia) avec la caractéristique du réseau alimenté Va = Rc Ic (figure 10.11). Pour régler la tension
d'une génératrice à excitation indépendante, on peut, soit modifier la vitesse de rotation n, soit
modifier le courant d'excitation If. La tension de la génératrice à excitation indépendante est
réglable dans de larges limites et dans les deux sens.

10.2 GÉNÉRATRICE À EXCITATION EN DÉRIVATION


(ou À EXCITATION SHUNT)

10.2.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour relever les caractéristiques de la génératrice à


excitation en dérivation est repris sur la figure 10.12. Le schéma équivalent de la génératrice à
excitation shunt est repris sur la figure 10.13.

P’
A A
H

Rexc G
RC
B V P
D C

Fig.10.12
10.2.2. Conditions d'auto-excitation de la génératrice à excitation shunt

Avant d'être utilisée, la génératrice doit engendrer une f.é.m., c.-à-d. qu'elle doit s'auto-
exciter. Supposons que les interrupteurs P et P' de la figure 10.12 soient ouverts et qu'on fasse
tourner le rotor de la génératrice à l'aide d'une autre machine, à une vitesse Ω. Voici les
conditions d'auto-excitation ou d'amorçage d'une génératrice à excitation shunt :

Ra Ia Ic

P’

R exc

P Rc
Ea Rf Va

If Lf

Fig.10.13
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.6
a) La génératrice doit avoir un flux magnétique rémanent rém :
Lorsque le rotor tourne, le flux rém engendre dans l'induit une f.é.m. Erém = K rém Ω,
qui est de l'ordre de 3 % de VaN. Il apparaît donc une très faible tension aux bornes de la
génératrice.

b) - Les connexions entre enroulements inducteur et d'induit doivent être telles que le
flux f dû à l'enroulement inducteur s'ajoute au flux rémanent rém :
Supposons que la condition a) soit remplie. Si on ferme l'interrupteur P', il apparaît dans
le circuit d'induit et d'inducteur un courant Ia = If = Erem/(Ra + Rexc + Rf). Ce courant inducteur
donne naissance à un flux supplémentaire fo. Suivant le sens de ce courant dans
l'enroulement inducteur, le flux fo peut être dirigé dans le même sens que le flux rém ou dans
le sens opposé :
- Lorsque fo est dirigé dans le même sens que rém, le flux résultant est donné par tot = rém
+ fo. Sous l'action du courant inducteur, le flux résultant augmente, ce qui entraîne un
accroissement de la f.é.m. (Ea > Erem car tot > rém). La tension aux bornes de la génératrice
augmente : on dit que la génératrice s'auto-excite ou s'amorce.
- Lorsque fo est opposé à rém, le flux résultant est donné par tot = rem - fo. Sous l'action
du courant inducteur, le flux résultant diminue et cette diminution continue jusqu'au moment où
ce flux s'annule : tot = 0. La tension aux bornes de la machine s'annule; on dit que la
génératrice se désamorce.

c) La résistance du circuit inducteur Rexc + Rf doit être inférieure à la résistance critique


Rcr :
Supposons que les conditions a) et b) soient remplies. Si on néglige la chute de tension
Ra if très faible, la tension va variable aux bornes de la génératrice sera donnée par :
d if
va  eo  ( Rexc + R f ) i f + L f dt (10.2)
Cette équation peut encore s'écrire sous la forme va - (Rexc + Rf) if = Lf dif/dt. Sur la figure
10.14.a, la courbe eo représente la caractéristique à vide. Si la résistance (Rexc + Rf) est
constante, la chute de tension (Rexc + Rf) if est représentée par la droite d’inducteur Vf = (Rexc +
Rf) if. Les segments compris entre la caractéristique à vide et la droite de l'inducteur
représentent donc le terme va - (Rexc + Rf)if = L dif/dt

e0 e0 Rcr 1 2
Va e0 e0
dif
Lf
dt

(Rexc+Rf)
(Rexc+Rf) if

if b) if
a)
Fig.10.14
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.7
Aussi longtemps que la tension va est supérieure à la chute de tension (Rexc + Rf) if, c.-à-
d. aussi longtemps que L dif/dt  O, le processus d'auto-excitation se poursuit : va augmente. Le
processus d'auto-excitation se poursuit jusqu'au fonctionnement en régime permanent à vide,
défini par le point d'intersection de la caractéristique à vide avec la droite de l'inducteur. A ce
point, on a : va - (Rexc + Rf) if = L dif/ dt = 0 et on peut écrire: Va  Eo  (Rexc + Rf )if
Si on augmente la résistance Rexc + Rf (figure 10.14.b), le point de fonctionnement
glisse sur la caractéristique à vide vers le point où Va = Erém. Pour une certaine valeur de Rexc +
Rf, la droite d'inducteur sera tangente à la partie initiale de la caractéristique à vide. Dans ce
cas, on ne sait plus définir un point d'intersection franc. On désigne par résistance critique Rcr ,
la valeur de la résistance Rexc + Rf pour laquelle la droite d'inducteur se confond avec la partie
linéaire de la caractéristique à vide. On voit que lorsque Rexc + Rf > Rcr, la génératrice ne
s'excite pas. A chaque vitesse correspond une valeur de la résistance critique.

10.2.3 Opérations à exécuter pour que la machine s'amorce

a) - Réaliser le câblage de la figure 10.12, avec les interrupteurs P et P' ouverts. On prend un
voltmètre V sensible à la tension rémanente c.-à-d. de l'ordre de 3 % de VaN.
b) - On fait tourner le rotor de la génératrice à l'aide d'une machine d'entraînement à une
vitesse au moins égale à sa vitesse nominale.
c) - On lit sur le voltmètre la valeur de la tension rémanente Erém:
 Si la génératrice n'a pas de tension rémanent Erém = 0, il faudra aimanter les pôles
inducteurs en faisant passer, au moyen d'une source auxiliaire, un courant dans
l'enroulement inducteur.
 Si la génératrice fournit une tension rémanente, la condition a) se trouve vérifiée. On
peut donc passer aux étapes suivantes.
d) - Pour vérifier la condition b), on essaie de fermer l'interrupteur P':
 Si la tension lue au voltmètre V a tendance à diminuer, c'est que les connexions entre
les enroulements inducteur et d'induit, pour le sens de rotation adopté, ne sont pas
convenables. On corrige le câblage en inversant le sens du courant dans l'enroulement
inducteur, soit en croisant ces connexions (passer du circuit ABGHDCA au circuit
ABGHCDA), soit en inversant le sens de rotation à partir de la machine d'entraînement
(ce qui change le signe de la tension rémanente).
 Si la tension lue au voltmètre V a tendance à augmenter, c'est que les connexions sont
convenables, la condition b) se trouve vérifiée et on peut passer à l'étape suivante.
e) - On monte à la place de V un voltmètre capable de mesurer la tension nominale. On agit
sur le rhéostat d'excitation de façon à obtenir la tension souhaitée. Pour charger la génératrice,
on peut fermer l'interrupteur P.

10.2.4 Caractéristique à vide : Vao = f(If) pour Ia = 0 et n = Cte

La caractéristique à vide de la génératrice à excitation en dérivation n’est relevée que


dans l’unique sens de Eo dans lequel elle s’auto-excite (figure 10.3). Lors de l’essai à vide de
cette machine, le courant d’induit Ia0 est égal au très faible courant inducteur If (< 3 % de IaN).
Par conséquent, la caractéristique à vide de la génératrice à excitation en dérivation ne diffère
pas de celle de la génératrice à excitation indépendante.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.8


10.2.5 Caractéristique en charge : Va = f(If) pour Ia = Cte et n = Cte

Pour la même raison que ci-dessus, la caractéristique en charge de la génératrice à


excitation en dérivation ne diffère pas de celle de la génératrice à excitation indépendante

10.2.6. Caractéristique externe : Va = f(Ia) pour Rexc = Cte et n = Cte.

La caractéristique externe d’une génératrice à excitation en dérivation est


représentée sur la figure 10.15 (d : excitation en dérivation, i : excitation indépendante).
Va d
Va
D0 A0
i D
A E0

I cr Acr B C
Imax d Dcr
Ccr

Icc Ia
Fig.10.15 Ia I 0 If
Fig.10.16

Lors d'un accroissement du courant Ia d'une génératrice à excitation shunt, la tension


aux bornes de l'induit décroît à cause de :
a) - la réaction d'induit ;
b) - la chute de tension RaIa sur la résistance du circuit d'induit ;
c) - et du courant inducteur If = Vf/(Rexc +Rf ) = Va/(Rexc +Rf ) qui n'est plus constant comme dans
la machine à excitation indépendante (d'où une décroissance de la tension plus marquée que
dans une génératrice à excitation indépendante).
Lorsqu'on diminue progressivement la résistance Rc du circuit extérieur, le courant Ia de
la génératrice à excitation en dérivation augmente progressivement jusqu'à une valeur
maximale Imax environ égale à 2,5 IaN. Ensuite, le courant Ia diminue progressivement jusqu'à
atteindre le courant de court-circuit Icc dû seulement au flux rémanent (en court - circuit Va = 0
et If = 0).
L'explication de cette allure de la caractéristique externe d'une génératrice à excitation
en dérivation est la suivante. Le courant d'induit est donné par la relation Ia = Va/Rc. La
réduction de la résistance Rc a deux effets opposés l'un à l'autre :
1) - Le courant Ia tend à croître ;
2) - Les trois causes (a, b, c) de chute de tension tendent à réduire Va et donc à réduire le
courant Ia.
Lorsque la machine est saturée, son circuit magnétique est stable, le premier effet prédomine
et le courant Ia croît. Cependant, lorsque le circuit magnétique n'est pas saturé, le second effet
prédomine et le courant décroît.
La courbe de la figure 10.15 est obtenue pour une variation lente de la résistance Rc.
En cas de court-circuit brusque, le courant Ia peut atteindre après quelques fractions de
seconde une valeur environ 10 fois supérieure au courant nominal. Cette valeur élevée du
courant Ia est due à la réserve d'énergie électromagnétique à cause de laquelle le flux
magnétique et la f.é.m. diminuent avec un petit retard.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.9
La figure 10.16 montre la construction de la caractéristique externe d'une génératrice à
excitation en dérivation à partir de la caractéristique à vide et du triangle caractéristique.

10.2.7 Caractéristique de régulation : If = f(Ia) pour Va=Cte et n=Cte

La caractéristique de régulation d'une génératrice à excitation en dérivation ne diffère


pas de celle de la génératrice à excitation indépendante.

10.2.8 Caractéristique en court-circuit : Icc = f(If) pour Va=0 et n=Cte

On ne peut pas relever la caractéristique en court-circuit pour une machine qui doit
s'auto-exciter car, lors du court-circuit, la tension Va et le courant inducteur If sont nuls.

10.2.9 Propriété de la génératrice à excitation en dérivation


A) - Stabilité limitée : Le risque de désamorçage et la sensibilité aux variations de vitesse ou
de la résistance Rexc rendent le fonctionnement de cette machine instable.
B) - La Tension est réglable par un rhéostat d'excitation dans les limites de stabilité.
C) - Applications de la génératrice à excitation en dérivation : La génératrice à excitation
en dérivation est très répandue car :
- Elle ne demande pas une source indépendante pour l'excitation;
- Elle permet l'alimentation d'un réseau à tension constante.

10.3 Génératrice à EXCITATION SÉRIE

10.3.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour relever les caractéristiques de la génératrice à


excitation série est repris sur la figure 10.17. Cette génératrice doit s'auto-exciter. Le rhéostat
d'excitation Rexc est branché en parallèle avec l'enroulement d'excitation. Le schéma équivalent
de la génératrice à excitation série est repris sur la figure 10.18.
A

RC
Rexc V P
G
B

F E A

Fig.10.17

Ra Rs Ls Ia Ic

Ns

Ea Va
Rc

Fig.10.18
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.10
Nous allons supposer que le rhéostat d'excitation est absent, ce qui donne : Ia = Is = Ic,
où Is désigne le courant dans l'enroulement d'excitation série. Étant donné que l'enroulement
d'excitation série doit fournir la même f.m.m. ℱs = Ns Is que l'enroulement d'excitation shunt ℱf
= Nf If, étant donné aussi que l'enroulement d'excitation série est parcouru par le (grand)
courant d'induit (Is = Ia >> If), l'enroulement d'excitation série comprendra de loin moins de
spires NS que l'enroulement d'excitation shunt (Nf). Cependant les spires de l'enroulement série
auront une section de loin plus grande que celle des spires de l'enroulement shunt, de sorte
que RS < Rf.
Rc3
Va
Va Rc2
Rc1
Eo
Va
Va

Rc1< Rc2< Rc3


Ia
Fig.10.19 Ia
Fig.10.20
10.3.2 Caractéristiques de la génératrice à excitation série

Étant donné que Ia = Is = Ic, les caractéristiques à vide (Ia = O), en charge (Ia = Cte mais
Is variable) et en court circuit (Icc fonction de Is) de la génératrice à excitation série ne peuvent
être relevées qu'en utilisant le schéma de l'excitation indépendante. Ces caractéristiques ne
diffèrent pas de celles de la génératrice à excitation indépendante.
Lorsqu’on considère une vitesse de rotation constante, la génératrice série n'a plus que
deux grandeurs variables : Va et Ia = Is. Elle n'a donc qu'une seule caractéristique, la
caractéristique externe : Va = f (Ia) pour n = Cte. Elle est reprise sur la figure 10.19. Sur cette
figure, on a tracé aussi la caractéristique à vide Eo = f(Is). On peut en déduire la caractéristique
externe à l’aide du triangle caractéristique.

L'allure de la caractéristique externe s'explique de la manière suivante : A vide, le


courant d'excitation est nul, et la tension Va aux bornes de la machine correspond à la (faible)
tension rémanente. Lorsque la charge Ic augmente, le courant d'excitation Is augmente et la
f.é.m. Ea augmente rapidement. La chute de tension (Ra + Rs) Ia augmente aussi. Au début, la
f.é.m. Ea croît plus vite que cette chute de tension de sorte que Va aussi augmente. Ensuite, la
machine entre en saturation et la f.é.m. Ea devient presque constante. Dans ce cas, la chute
de tension (Ra + Rs) Ia devient prédominante et la tension Va commence à décroître.

10.3.3 Conditions d'amorçage de la génératrice à excitation série

Les conditions d'amorçage d'une génératrice à excitation série sont les mêmes que
celles d'une génératrice à excitation en dérivation :
a) - La génératrice doit posséder un flux magnétique rémanent rém;
b) - Les connexions entre les enroulements inducteur et d'induit doivent être telles que le flux
s de l'enroulement inducteur s'ajoute au flux rémanent rém;

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.11


c) - La résistance du circuit extérieur Rc doit être inférieure à la résistance critique Rcr de ce
circuit (figure 10.20). Entre la tension Va et le courant Ia = Ic il y a deux relations :
- la relation Va = Rc Ia du circuit extérieur;
- la relation fournie par la caractéristique externe Va = f(Ia).
Le point de fonctionnement (Ia, Va) correspond au point de rencontre de la caractéristique
externe et de la droite Rc du circuit extérieur.
Si on fait croître la résistance Rc, la droite tourne dans le sens anti-horlogique. Un
moment, cette droite devient tangente à la branche rectiligne de la caractéristique externe et la
résistance correspondante est appelée résistance critique du réseau alimenté Rcr. Lorsque la
résistance du réseau est supérieure à Rcr, la tension et le courant sont sensiblement nuls : la
génératrice est désamorcée.
Pour vérifier l'amorçage d'une génératrice à excitation série on réalise le montage de la
figure 10.17 avec l'interrupteur P ouvert. Un voltmètre V sensible est connecté aux bornes de la
machine et on prend pour le circuit extérieur une faible résistance Rc. Les étapes b à c sont les
mêmes que pour une génératrice à excitation shunt (section 10.2).

10.3.4 Propriétés de la génératrice à excitation série

A) – La génératrice série se désamorce si le réseau demande un courant trop faible ou si elle


tourne à une vitesse trop faible.
B) – Elle ne convient pas pour alimenter un réseau à tension constante.
C) - Applications de la génératrice à excitation série : A cause de la très forte variation de
sa tension avec la charge, la génératrice à excitation série est peu utilisée. Elle n'est utilisée
que dans des applications spéciales exigeant une tension fortement décroissante : soudures à
l'arc ou projecteurs.

10.4 GÉNÉRATRICE À EXCITATION COMPOSÉE


(ou A EXCITATION COMPOUND)

10.4.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour la génératrice à excitation composée est repris sur la
figure 10.21. Une génératrice à excitation composée (compound) porte sur ses pôles
inducteurs un enroulement en dérivation et un enroulement série. La génératrice est à courte
dérivation lorsque l'enroulement en dérivation est branché aux bornes du circuit formé par
l'enroulement d'induit et l’enroulement de commutation (A-H). Cette configuration est illustrée
sur la figure 10.21 en trait continu. La génératrice est à longue dérivation lorsque l'enroulement
en dérivation est branché aux bornes du circuit formée par l'enroulement d'induit, l’enroulement
de commutation et l’enroulement série (A-F). Cette configuration est illustrée sur la figure 10.21
en trait interrompu. Ces deux schémas sont sensiblement équivalents, car la résistance de
l'enroulement série est très faible. Le montage à longue dérivation est le plus fréquent parce
qu'il permet de brancher l'enroulement en dérivation aux bornes de la source.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.12


P’ long
A A
court

H
Rexc RC
V P
G
B
E F
D C
A

Fig.10.21

Lorsque les deux enroulements d'excitation sont branchés de manière à fournir des champs
magnétiques de même sens, la génératrice est dite à flux additif (figure 10.22). Ces
enroulements d'excitation peuvent aussi être branchés de manière à fournir des champs

Ra Ia Rs Ls Ic

court
long

Rexc

Ea
Rc
Rf

Lf

If

Fig.10.22
magnétiques de sens opposés. Dans ce cas, la génératrice est dite à flux soustractif (figure
10.23).

Les conditions d'amorçage de la génératrice à excitation compound sont les mêmes


que celles de la génératrice à excitation en dérivation.

10.4.2 Génératrice à flux additif

a) Équations
La f.m.m. effective dans la machine vaut : ℱeff = ℱfc + ℱs - ℱfi. En terme de courant, on
obtient : NfIf0 = NfIfc + NsIs - ℱfi. Ici, Ifc est le courant dans l'enroulement d'excitation en
dérivation. Le courant d'excitation shunt équivalent If0 est donnée par :

I = I + I − = I + ∆I (10.3)
et par définition, la valeur de la f.é.m. qui lui correspond sur la caractéristique à vide de la
génératrice est la f.é.m. en charge Ea. Le rapport Ns/Nf est appelé rapport d'équivalence
.
Considérons la génératrice à longue dérivation, d'équations :
Ia = Is = Ic + If et Va = Ea - (Ra + Rs) Ia.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.13
Ra Ia Rs Ls Ic

court
long

Rexc

Ea
Rc
Rf

Lf

If

Fig.10.23

b) Caractéristique à vide : Vao = f(If) pour Ia = 0 et n = Cte


Elle n'est pas différente de celle d'une génératrice à excitation en dérivation car dans
une génératrice à excitation composée fonctionnant à vide le courant dans l'enroulement série
est nul (courte dérivation) ou très faible ( = If, pour la longue dérivation).

c) Caractéristique en charge : Va = f(If) pour Ia = Cte et n = Cte


La figure 10.24 montre la construction de la caractéristique en charge pour un courant
Ia bien déterminé. On trace la caractéristique à vide E0 = f(If). Pour un courant d'excitation
shunt équivalent If0, la f.é.m. Ea est donnée par le point A. Connaissant If0 et Ia, on détermine le
courant d'excitation shunt en charge Ifc à partir de la relation :

I =I +( − I ) (10.4)
Lorsque ℱfi/Nf > NsIa/Nf, le point B est situé (en B') à droite du point A, le triangle caractéristique
AB'C' est semblable à celui de la génératrice à excitation indépendante et le point C' est un
point de la caractéristique en charge Va = f(If) située alors en-dessous de la caractéristique à
vide. Lorsque ℱfi/Nf < NsIa/Nf, le point B est situé à gauche du point A, le triangle caractéristique
a la forme donnée sur la figure et le point C est un point de la caractéristique en charge Va =
f(If), située alors au-dessus de la caractéristique à vide. La caractéristique en charge est
obtenue en déplaçant le triangle ABC (ou AB'C') parallèlement à lui-même tout en faisant
glisser le sommet A sur la caractéristique à vide.

Va
Va Eo
Va B B’ Eo
B’ D’
V’a A’
A C’
C C’

ΔIfsi

D G B’ A’

Ifc IfO If I’a


Ia C’ If

Fig.10.24 Fig.10.25
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.14
d) Caractéristique externe : Va = f(Ia) pour Rexc = Cte et n = Cte
La figure 10.25 montre la construction de la caractéristique externe (pour un courant Ia
bien déterminé). Lorsque ℱfi/Nf > NsIa/Nf, la construction est la même que celle de la
génératrice à excitation en dérivation (section 10.2.6). La construction ci-dessous se rapporte
au cas où ℱfi/Nf < NsIa/Nf.
On trace la caractéristique à vide E0 = f(If) ainsi que la droite d'inducteur Va = (Rexc +
Rf)If. On trace aussi, à l'origine des coordonnées, le triangle caractéristique A’B’C’
correspondant au courant Ia' choisi. Si la génératrice fonctionnait à vide (Ia= 0), le point de
fonctionnement serait situé à l'intersection de la caractéristique à vide avec la droite
d'inducteur. Pour trouver la tension Va, on déplace le triangle A’B’C’ parallèlement à lui-même
le long de la droite d'inducteur jusqu'à ce que le sommet A’ touche la caractéristique à vide, le
sommet C’ restant sur la droite d'inducteur. L'ordonnée du point C’ donne la tension Va aux
bornes de la génératrice. Le point C’ est déplacé au point D’ à gauche de l'axe des ordonnées,
à une distance de cet axe égale au courant Ia' . En répétant cette construction pour d'autres
valeurs du courant Ia on trouve la courbe Va= f(Ia).
Lorsque Ic augmente, le courant d’induit Ia = Ic + If augmente; ce qui a deux effets
opposés l'un à l'autre :
- La chute de tension (Ra + Rs)Ia augmente, et tend à faire décroître la tension Va= Ea - (Ra +
Rs)Ia.
- La f.m.m. de l'enroulement série ℱs= Ns Ia augmente et la f.m.m. totale ℱeff = Nf Ifc + Ns Ia -
ℱfi augmente; ce qui fait croître le flux de la génératrice et donc la f.é.m. Ea et la tension
aux borne Va.
Suivant la valeur du nombre NS, l'un ou l'autre de ces deux effets peut être prédominant
(figure 10.26) :
- Faible nombre Ns de spires série : l'effet de la chute de tension (Ra + Rs)Ia est prédominant.
La tension Va décroît de la même manière que celle d'une génératrice à excitation shunt, mais
moins que celle-ci. Ce type de construction où la tension en charge est inférieure à la tension à
vide Vao est dite hypocompound.
- Nombre moyen Ns de spires série : la tension est croissante pour des faibles courants
(accroissement du flux), mais elle devient décroissante pour les grands courants (saturation).
Ce type de construction où la tension à pleine charge VaN est égale à la tension à vide Vao est
dite compound à caractéristique plate.
- Nombre élevé Ns de spires série : l'effet d'accroissement du flux prédomine sur une plus
grande plage de courant Ia, plage sur laquelle la tension augmente avec le courant. La tension
en pleine charge VaN devient supérieure à la tension à vide Vao. Dans ce cas, la génératrice est
dite hypercompound.
Va
Va

hyercompound
Vao shunt
plate
hypocompound
soustractif
Shunt

Ia

I aN Ia
Fig.10.27
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.15
Fig.10.26
10.4.3 Génératrice à flux soustractif

La f.m.m. effective dans la machine vaut : ℱeff = ℱfc - ℱs - ℱfi. En terme de courant, on
obtient : NfIf0 = NfIfc - NsIs - ℱfi. Ici, Ifc est le courant dans l'enroulement d'excitation en dérivation.
Le courant d'excitation shunt équivalent If0 est donnée par :

I =I − I − (10.5)
En comparant cette relation à celle de la génératrice à flux additif, on remarque que le point B
du triangle caractéristique de la génératrice à flux soustractif se trouve à droite du point A
(triangle A'B'C' de la figure 10.24). Par conséquent, le triangle caractéristique de la génératrice
à flux soustractif est semblable à celui de la génératrice à excitation en dérivation. Les
caractéristiques de la génératrice à flux soustractif se construisent donc de la même manière
que celles de la génératrice à excitation en dérivation (section 10.2).
Lorsque le courant Ic de la charge augmente, le courant d'induit Ia = Ic + If augmente et
ceci a deux effets :
 La chute de tension (Ra + Rs)Ia augmente et tend à faire décroître la tension Va = Ea -
(Ra + Rs)Ia;
 La f.m.m de l'enroulement série ℱs = NsIa augmente et la f.m.m totale ℱeff = NfIfc -NsIa-
ℱfi diminue; ce qui fait décroître le flux de la génératrice, la f.é.m. Ea et la tension aux
bornes Va.
Étant donné que ces deux effets tendent à faire décroître la tension Va, celle-ci va
décroître très rapidement lorsque le courant Ia augmente (figure 10.27). Cette génératrice a une
caractéristique externe très décroissante. Elle convient donc à l'alimentation des récepteurs
présentant une résistance négative : décharge électrique dans les projecteurs ou arc électrique
dans les postes à souder.

10.5 TRANSFORMATION ÉLECTROMÉCANIQUE DANS UNE GÉNÉRATRICE

Ce processus est illustré sur la figure 10.28. Nous allons considérer une génératrice à
excitation indépendante. La génératrice est accouplée à un moteur primaire qui l'entraîne à une
vitesse constante Ω. Ce moteur fournit à la génératrice la puissance mécanique (d'entrée) P1 =
Pméc = CextΩ où Cext désigne le couple fourni par le moteur primaire. La puissance pf = VfIf = Rf
I 2f consommée par le circuit d’excitation ne fait partie de P1 que si l’excitatrice (de la
génératrice à excitation indépendante) est montée sur le même arbre que la génératrice.
Pém

P e = V a Ia
Cém Ω = Ea Ia
Pmec = Ce x t . Ω

p
p cu
p fe
p méc
f
Fig.10.28
Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.16
Une partie de la puissance Pméc est transformée en pertes mécaniques pméc et en pertes
magnétiques pfe. Le reste de la puissance Pméc est transformé en puissance électromagnétique:

Pém = Cém Ω = Pméc - (pméc + pfe) = EaIa (10.6)

où Cém est le couple électromagnétique. C'est cette portion de la puissance mécanique qui est
convertie en puissance électromagnétique EaIa. Une partie de cette puissance
électromagnétique est transformée en pertes dans le cuivre pcu = RaI2a. Le reste de cette
puissance Pém est la puissance électrique utile (de sortie) Pe fournie au réseau :

Pe = Pém - pcu = EaIa - RaI2a = (Ea - RaIa)Ia = VaIa (10.7)

Si on divise la relation (10.6), par Ω on trouve :

Cém = Cext - Cp (10.8)

où Cém = Pém/Ω = EaIa/Ω, Cext = Pméc/Ω, Cp = (pméc + pfe)/Ω. Le couple Cp est dit couple des
pertes.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 10.17


Chapitre 11

MOTEUR A COURANT CONTINU


11.1 GÉNÉRALITÉS

11.1.1 Introduction

Considérons une machine fonctionnant en génératrice et connectée à un réseau à tension


constante Va (figure 10.1). Selon le schéma équivalent (figure 10.2), le courant d'induit vaut : Ia =
(Ea - Va)/Ra. Si on réduit la vitesse de rotation  ou le flux magnétique , la f.é.m. Ea = K
diminue. Quand Ea devient inférieure à Va, le courant Ia change de signe et de sens. Le sens de la
f.é.m. Ea restant inchangé, on a un courant Ia opposé à la f.é.m. Ea. La machine fonctionne donc
en moteur (figure 11.1, pour le moteur à excitation shunt). L'équation de tension est la suivante :
Va = Ea + RaIa. Le couple électromagnétique Cém = KIa change également de signe. Il cesse
d'être résistant et devient moteur. Bref, la machine à courant continu est réversible.

Ra Ia IL

If

Rexc

Va
Ea Rf

Lf

Fig. 11.1

Dans le cas des machines à courant continu, on parle de "la règle des quatre variables"
[5]. Ces variables sont les suivantes : 1 - nature de fonctionnement (moteur ou générateur), 2 -
sens de rotation n, 3 - sens du courant d'induit Ia, 4 - sens du courant inducteur If. Ces variables ne
peuvent changer qu'en nombre pair. Dans le cas traité plus haut, ce sont les variables 1 et 3 qui
ont changé. De cette règle, on déduit que :
1 - Le sens de rotation d'un moteur à auto-excitation reste le même quand on change la polarité
de la source. Ce sens de rotation change quand on croise les connexions entre l'inducteur et
l’induit.
2 - Un moteur à excitation en dérivation ne s'amorce en génératrice que si celle-ci tourne dans le
même sens qu'en moteur (Il faut que If reste inchangé. Ia change lorsque la variable 1 change.
Donc la variable 2 doit rester inchangée). Un moteur à excitation série ne s’amorce en génératrice
que si celle-ci tourne dans le sens opposé au sens de rotation en moteur (Ia et If change
simultanément). Pour changer la variable 1 il faut nécessairement changer la variable 2.
Le procédé d'amorçage d'une génératrice auto-excitatrice est basé sur ce principe : On la
fait fonctionner en moteur et on note le sens de rotation. Ensuite, on l'entraîne en génératrice dans
le sens déduit de la règle.

11.1.2 Transformation électromécanique dans un moteur

Ce processus est illustré sur la figure 11.2. Nous allons considérer un moteur à excitation
en dérivation (Va = Vf). Le moteur est branché sur un réseau à tension constante Va. Ce réseau

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.1


fournit au moteur la puissance électrique (d'entrée) : Pe = Va (Ia + If). Une partie de cette puissance
est transformée en :
- pertes dans le circuit d'excitation : pf = VfIf = RfI2f ;
- et en pertes dans le cuivre du circuit d'induit : pcu = RaI2a.
Le reste de cette puissance Pe est la puissance électromagnétique
Pém = Pe - pf - pcu = Va (Ia + If)- VfIf - Ra I 2a
= VaIa - Ra I 2a = (Va - RaIa)Ia = EaIa = Cém  (11.1)

Pém

Pu = Cu . Ω
Ea Ia = Cém Ω
Pe =Va IL

p
p méc
p fe
p cu
f Fig.11.2
Une partie de cette puissance est transformée en pertes magnétiques pfe et en pertes mécaniques
pméc. Le reste de cette puissance Pém est la puissance mécanique utile Pméc fournie, par
l'intermédiaire de l'arbre, à l'appareil entraîné : Pméc = Pu = Pém - (pfe + pméc). En divisant par  on
trouve :

Cu = Cém - Cp (11.2)

où Cu = Pméc/ est le couple utile , Cém = Pém/ = EaIa/ est le couple électromagnétique, et Cp =
(pfe + pméc)/ est le couple des pertes

11.2 DÉMARRAGE DES MOTEURS À COURANT CONTINU

11.2.1 Nécessité du rhéostat de démarrage

A l'instant du lancement du moteur, la vitesse ''n'' étant nulle, la f.é.m. Ea = K' n sera
également nulle. Le courant d'induit au démarrage est alors donné par Id = (Va - Ea)/Ra = Va/Ra. La
résistance Ra ayant une valeur très faible, le courant de démarrage devient énorme (Ia > 10 IaN ).
Ce courant énorme cause : - un échauffement dangereux de l'induit, - un choc mécanique au rotor
dû au très grand couple dynamique, - une mauvaise commutation.
La tension de la source étant généralement constante, pour réduire le courant de
démarrage, on branche, en série avec l'induit, une résistance variable Rd, appelée rhéostat de
démarrage. Par ce procédé, la tension appliquée aux bornes du moteur pendant le démarrage
n'est qu'une fraction de la tension de la source.
D'autre part le couple Cém = KIa doit être suffisant pour le lancement du rotor. C’est pour
cette raison qu’au démarrage, le flux  doit avoir la valeur la plus élevée.
Bref, au démarrage, il faut créer dans le moteur le maximum de flux , et réduire la tension
Va aux bornes de l’induit de façon que le courant d’induit Ia = ( Va – Ea)/(Ra + Rd) soit supportable.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.2


11.2.2 Structure du rhéostat de démarrage

a) Principe
On ne cherche pas à maintenir le courant d’induit Ia constant durant le démarrage, car cela
ferait appel à un rhéostat très complexe. En pratique, on accepte une variation du courant Ia
pendant le démarrage et on s'arrange pour le maintenir entre deux limites (figures 11.4 et 11.7) :
- un maximum Imax = Id, déterminé par les conditions d'échauffement et de bonne commutation.
Ce maximum vaut [25] :
Id = 3,3 IaN pour 0,75 kW < PN < 1 kW :
Id = 2,5 IaN pour 1,5 kW < PN < 5 kW
Id = 1,6 IaN pour 5 kW < PN < 15 kW
Id = 1,35 IaN pour PN > 15 kW
- un minimum Imin, déterminé par la nécessité de créer sur l'arbre du moteur un couple dynamique
suffisant pour le lancement. Généralement, on prend Imin = IaN
Pour maintenir le courant d'induit entre ces limites durant le démarrage, on fractionne la
résistance Rd en plusieurs tronçons constituant un rhéostat à plots. La figure 11.3 donne le
schéma d'un rhéostat à n plots. Le plot 0 est dit plot mort. Les plots 1 à n - 1 sont des plots
intermédiaires. Le dernier plot n est le plot de travail.
ia
R n= R a Ω
R n-1
Id 1 2 3 4
R2 Ω
Δ r n -2 Δ r n -1
n-1 n Imin
Δ r2 Ia
ia
R1 3
Δ r1 2
Ra
1 levier
0 t
Plot mort t12 t23 t34
Ia Va

Valeur de Rd Fig.11.4
b) Fig.11.3

Au décollage, la résistance Rd est mise en série avec l'induit. Le rotor étant immobile au
décollage ( n = 0 ), la f.é.m. Ea est nulle ; d’où : Va = (Ra + Rd)Id ou Rd = Va/Id - Ra.

b) Valeurs des résistances Δri entre plots


On suppose que la réaction d'induit n'influe pas sur le flux magnétique du moteur, c.-à-d. que le
démarrage se fait à flux  constant. Soit k le rapport k = Id/Imin.

- Valeurs de R1
Au décollage, Id = Va / R1. On en déduit que :
Va = Va
R1 = (11.3)
I d k I min
Va et Id étant connus, cette formule donne la valeur de R1. Ensuite, le rotor commence à tourner, la
f.é.m. Ea = K’n augmente et le courant diminue. Lorsqu'il devient égal à Imin, la f.é.m. a une valeur
E1 telle que : Imin = (Va - E1)/R1.

- Valeur de R1, R2,....., Rn


Pendant le passage du plot 1 au plot 2, la vitesse et donc la f.é.m. n'ont pas le temps de
changer. On aura donc :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.3


- juste avant : Imin = (Va - E1)/R1 ;
- juste après : Id = (Va - E1)/R2 ;
de sorte que R1 Imin = R2 Id d'où : R2 = R1 Imin / Id = R1/k. De la même manière, on montre que :
R3 = Rk2 , R4 = Rk3 ,..., Rn = Rkn-1 = Ra (11.4)
En partant de Ra, on peut déterminer les valeurs respectives de Rn-1, Rn-2,...., R2, R1. Ces
valeurs sont les termes d'une progression géométrique croissante dont Ra est le premier terme et
k la raison.

- Calcul de Δr1, Δr2,...


Compte tenu des relations (11.4), on trouve :
r1 = R1 - R2 = k R2 - R2 = (k-1) R2.
De même : r2 = (k-1) R3 ; d'où :
 r1 = R2 = k
 r2 R3
On calcule rn-1 = (k-1) Rn = (k - 1) Ra. On en déduit respectivement :

rn-2 = k.rn-1,..., r2 = k.r3, r1 = k.r2 (11.5)

- Choix du nombre de plots n.


Compte tenu des relations (11.4), on trouve :

R1 = k R2 = k2 R3 = .... = kn-1 Rn = kn-1 Ra

En substituant dans la relation (11.3) R1 par cette expression, on trouve : kn-1 Ra = Va/kImin ou
encore :
k n  Va (11.6)
Ra Imin
n
Les grandeurs Va, Ra et Imin sont des données. On peut donc en déduire la valeur de k . Alors,
deux possibilités se présentent pour le calcul du rhéostat :
- soit on se donne n et on calcule k;
- soit on se donne k et on calcule n.
Étant donné que n doit être un nombre entier, on préfère se donner une valeur de n. On en déduit
la valeur de k et donc de Imax. On vérifie alors si Imax est compris dans les limites prévues par les
normes (point a). S'il est trop élevé, on ajoute une unité au nombre n et on recalcule k.

11.2.3 Variation de la vitesse de rotation

Supposons que le flux magnétique , la tension Va et le couple résistant Cr restent


constants durant le démarrage. De plus, comme Rd a une valeur relativement élevée, on peut
négliger l’inductance La du circuit d’induit. Dans cette section, on posera : R = Ra + Rd.
L'équation de tension du circuit d'induit s'écrit :
- K
Va = ea + R ia = K + R ia d'où ia = V a
R
Le couple électromagnétique est donné par :
 a (K ) 
2
Cém = K ia = K V - (11.7)
R R
Si on néglige le couple des pertes Cp, l’équation des masses tournantes s’écrit :
(K )2 
J d = Cém - C r = K V a - - Cr (11.8)
dt R R
où J désigne le moment d'inertie des masses tournantes. Cette équation peut s'écrire sous la
forme :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.4


JR d +  = V a - R C r
(K )2 dt K (K )2
 += f
T m ddt (11.9)
où f = Va/(K) - RCr/(K)² est la vitesse finale et Tm = JR/(K)² la constante de temps
électromécanique. La solution de l'équation (11.9) est la suivante :
 = 0 + (  f - 0 ) (1 - e-t/ T m ) (11.10)
Lorsque le rhéostat contient plusieurs plots, la vitesse de rotation varie selon la figure 11.4.

11.2.4 Variation du courant d'induit

On considère les mêmes hypothèses que dans la section 11.2.3. On écrit d'abord :
 = ea = V a - R ia et d  = - R d ia
K K dt K  dt
L'équation des masses tournantes s'écrit :
J d  = Cém - C r ou - J R d ia = K  ia - C r
dt K  dt
J R d ia + i = C r ou T m d ia + i = I af (11.11)
(K  )2 dt
a
K dt a

où Iaf = Cr/K est le courant final. Par analogie avec la relation (11.10), la solution de cette
équation s'écrit :
-t / -t/
i a = I ao + ( I af - I ao ) (1 - e T m ) = I af + ( I a 0 - I af ) e T m
(11.12)
A l'aide de cette relation, on a tracé la courbe de ia = f(t) de la figure 11.4. Cette courbe de ia
donne, à une autre échelle, le couple électromagnétique Cém = K  ia.

11.2.5 Temps de démarrage : tD


Pour dimensionner un rhéostat à plusieurs plots, on se donne les valeurs limites Iao = Imax
et Imin . L'équation (11.12) s’écrit sous la forme suivante :
- /
I min = I af + ( I max - I af ) e t12 T m12 (11.13)
où Tm12 = JR12/(K)2. En résolvant l'équation (11.13) par rapport au temps de démarrage, on
trouve :
I max - I af
t 12 = T m12 ln (11.14)
I min - I af
Compte tenu des hypothèses considérées, le courant Iaf = Cr/K reste constant pendant le
démarrage et le logarithme a une valeur constante k'. Le temps t12 vaut donc t12 = k'Tm12. Au fur et
à mesure que les tronçons du rhéostat sont éliminés, la résistance R diminue; ce qui réduit la
valeur de Tm = JR/(K)2 ainsi que celle de t12. D'où : t12 > t23 > t34, etc, comme illustré sur la figure
11.4.

11.2.6 Démarrage manuel

Pour démarrer un moteur à excitation en dérivation, on réalise le câblage de la figure


11.5.a. Dans ce câblage, on a utilisé un rhéostat à 3 bornes (M, E et L), comprenant 6 plots. À la
borne E de l’arc en cuivre, on connecte une extrémité du circuit d’excitation. Le circuit d'induit est
connecté au rhéostat par la borne M, et la ligne d'alimentation par la borne L. Le symbole du
rhéostat à trois bornes est repris sur la figure 11.5.b.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.5


b)
3 4
2 5
M Ia
1 A H
E
A G
0
L If C B
F
Rexc D
Va K V A

F a)

Fig.11.5

Avant de démarrer le moteur, l'interrupteur K est ouvert, et le curseur du rhéostat placé sur
le plot mort 0. D'autre part, on souhaite avoir un couple Cém = KIa maximum, c.-à-d. un flux  et
donc un courant d'excitation If maxima. C'est pourquoi, au démarrage, le levier du rhéostat
d'excitation Rexc est placé sur la position de résistance minimum. C'est pour cette même raison
que le circuit d'excitation est branché à la source. Dès lors, le courant d'excitation est indépendant
de la position du levier du rhéostat de démarrage.
Lorsqu’on souhaite démarrer le moteur, on ferme l’interrupteur K. Alors, pour le mettre en
marche, on place le levier sur le plot 1. Le courant If s’établit dans le circuit d’excitation, et le
courant Id dans le circuit d’induit. A ces courants correspond un couple électromagnétique Cd =
KId qui lance le rotor avec une certaine accélération. L’augmentation de la vitesse  ou de la
f.é.m. e = K entraîne une diminution du courant ia = (Va – e)/(Ra + Rd) ainsi que du couple selon
les courbes de la figure 11.4. Dès que le courant ia atteint la valeur Imin , on déplace le levier vers le
plot 2; ce qui élimine le tronçon r1 et augmente le courant ia jusqu’à Id : La vitesse croît; le courant
et le couple décroissent. De nouveau, lorsque le courant ia atteint la valeur Imin , on déplace le
levier vers le plot 3. On suit ce processus jusqu’à l’élimination du dernier tronçon du rhéostat de
démarrage. Après l’élimination du dernier tronçon, le moteur fonctionne en régime permanent
avec une vitesse  et un courant Ia fixe.
On doit savoir que le rhéostat de démarrage n'est pas prévu pour un travail prolongé dans
le circuit d'induit.
Le circuit magnétique de l’induit possède une réserve d’énergie électromagnétique. Si on
coupe un circuit à forte inductance comme le circuit d’excitation, cette énergie crée une surtension
pouvant provoquer un arc à l’interrupteur. Pour éviter un tel arc aux effets néfastes, l’arc de cuivre
est relié au plot 1 à l’intérieur du rhéostat. L’intérêt de cette liaison est qu’à l’ouverture de
l’interrupteur, l’énergie électromagnétique trouve un circuit fermé (arc en cuivre, tronçons r et
circuit d’induit) dans lequel cette énergie est dépensée sous forme de courant décroissant jusqu’à
zéro.
Pour arrêter le moteur, on suit la marche inverse de celle qui a été suivie au démarrage.
On construit aussi des rhéostats plus simples à deux bornes (figure 11.3).
L'efficacité du démarrage manuel dépend de l'opérateur. Si les résistances sont éliminées
plus vite que prévu, le courant d'induit sera excessif. Si celles-ci sont éliminées trop lentement, ces
résistances vont surchauffer et peuvent même prendre feu. Pour éviter ces erreurs humaines, on
remplace souvent le démarrage manuel par un démarrage semi-automatique ou automatique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.6


11.2.7 Démarrage semi-automatique

Dans un démarrage semi-automatique, les fractions r1, r2 ,… du démarreur sont


progressivement éliminées par des contacteurs. Chaque contacteur de court-circuitage d’une
fraction de résistance du démarreur est muni d'un relais qui ferme le contacteur à l’instant prévu
pour éliminer la fraction r correspondante. Pour mettre le moteur en marche, l'opérateur appuie
sur un bouton poussoir.

11.2.8 Démarrage automatique

Ici, on remplace les boutons poussoirs par des capteurs en sorte qu'il n'y a plus
d'intervention humaine.

11.2.9 Démarrage par branchement direct sur le réseau

Lorsque l’appel de courant au décollage est modéré (inférieur à environ 7 fois IaN) et que le
temps de démarrage est court (quelques dixièmes de seconde), l’échauffement de l’induit au
démarrage reste modéré et donc sans danger. Dans ce cas, on peut brancher directement le
moteur à la source sans passer par un rhéostat. Ce mode de démarrage ne s’applique qu’à des
moteurs de faible puissance (quelques kW).

11.2.10 Démarrage par variation de la tension appliquée au moteur

Lorsqu’on a la possibilité de faire varier la tension de la source qui alimente le moteur, le


rhéostat de démarrage n’est plus nécessaire. Dans ce cas, on applique au moteur une tension
réduite au décollage. Ensuite, on augmente cette tension au fur et à mesure que la vitesse de
rotation augmente. Ce mode de démarrage permet d’éviter les pertes d’énergie dans un rhéostat
par ailleurs encombrant lorsque la puissance est grande.

11.2.11 Démarrage des autres types de moteur

Le démarrage des moteurs à excitation série et à excitation composée se fait pratiquement


de la même manière que celui du moteur à excitation en dérivation.

11.3 MOTEUR À EXCITATION EN DÉRIVATION (SHUNT)

11.3.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour les essais du moteur à excitation en dérivation est
repris sur la figure 11.5. Le schéma équivalent de ce moteur est donné sur la figure 11.1. Le
moteur à excitation en dérivation est pratiquement identique au moteur à excitation séparé. La
seule différence entre ces deux types de moteur n'apparaît que lorsque l’enroulement d’excitation
est alimenté par une source différente de celle qui alimente l’induit.

n C
n

R4 = Ra Cém

CP
R1 Cu = C

CP
Ia
Ia0 Ia
Fig.11.6 Ia
Imin Imax Fig.11.8

Fig.11.7
Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.7
Les caractéristiques de fonctionnement du moteur shunt seront relevées à courant
d’excitation If constant et à tension d’induit Va constant. Le courant d’excitation If sera fixé de
manière qu’à la tension nominale VaN et à la vitesse nominale N, le courant d’induit soit égal au
courant nominal IaN. Après avoir fixé ce point de fonctionnement, on ne touche plus au rhéostat
d’excitation.

11.3.2 Caractéristique de vitesse : n = f(Ia) pour If = Cte et Va = Cte

De la relation Va = KΩ + Ra Ia, on déduit l'expression de la vitesse de rotation :


Va  Ra I a
 (11.15)
K
Dans cette relation, Va est constant. La caractéristique n = f(Ia) est reprise sur la figure 11.6
en trait continu (avec Ω = 2πn/60). Pour des faibles valeurs du courant Ia, la réaction d'induit est
faible, le flux  reste constant ( = 0) et la vitesse décroît linéairement lorsque le courant
augmente (trait interrompu : droite de pente - Ra/K). Pour des valeurs élevées du courant Ia, la
réaction d'induit fait décroître le flux  (avec  = 0 - ) et la vitesse du moteur tend à
augmenter (trait continu).
La caractéristique de vitesse est utilisée sur la figure 11.7 pour illustrer le processus de
démarrage.

11.3.3. Caractéristique du couple : C = f(Ia) pour If = Cte et Va = Cte.

D'après les relations (9.8) et (11.2), le couple électromagnétique vaut : Cém =KIa = Cu +
Cp, où Cu = C est le couple utile et Cp le couple des pertes. La courbe Cém = f(Ia) est reprise sur la
figure 11.8 en trait continu. Pour des faibles valeurs du courant d'induit Ia, la réaction d'induit est
faible, le flux reste constant ( = 0) et le couple Cém croît linéairement avec le courant d'induit Ia
(trait interrompu). Pour des valeurs élevées du courant d'induit Ia, la réaction d'induit fait décroître
le flux  (avec  = 0 - ) et le couple Cém croît moins que proportionnellement au courant (trait
continu).
En marche à vide, le moteur absorbe un courant à vide Iao très faible. Le couple
électromagnétique à vide vaut Cém = KIa0. A vide, le couple utile Cu est nul, et le couple
électromagnétique sert à couvrir les pertes. D'autre part, lors des essais de ce moteur, la vitesse
Ω et le flux magnétique  varient peu de sorte que le couple des pertes Cp = (pfe + pcu)/ reste
sensiblement constant. Le couple utile étant donnée par Cu = Cém – Cp, la caractéristique de ce
couple utile Cu = f(Ia) devra passer en dessous de la courbe Cém = f(Ia), à une distance constante
égale au couple des pertes Cp.

11.3.4. Caractéristique mécanique : n = f(C) pour If = Cte, Va = Cte

En exprimant le courant d'induit sous la forme Ia = Cém/K et en substituant dans la


relation (11.15), on obtient :
V a R a C ém
= - (11.16)
K (K )2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.8


n
C
C m  f 1 ( ) C r  f 2 ( )
1
3 1
2 P
Cm  Cr
3 4
R1<R2<R3<R4 2
4

C
CN
p 
CP Cém
Fig.11.9 Fig.11.10

La relation n = f(C) est illustrée sur la figure 11.9. La vitesse 0 = Va/K est la vitesse de rotation à
vide si on néglige le faible couple des pertes Cp ou le faible courant à vide Iao. Pour des faibles
valeurs du couple C (faibles courants Ia), la réaction d'induit est faible, le flux  reste constant ( =
0) et la vitesse décroît linéairement lorsque le couple augmente (droite en trait interrompu, de
pente -Ra/(K)².) Pour des valeurs élevées du couple ou du courant Ia, la réaction d'induit fait
décroître le flux  (avec  = 0 - ) et la vitesse du moteur tend à augmenter (trait continu). Le
moteur shunt peut donc présenter des risques de survitesse aux fortes charges.
La caractéristique mécanique obtenue lorsqu'il n'y a pas de résistance en série avec le
circuit d'induit est appelée caractéristique naturelle (numéro 1 sur la figure 11.9).

11.3.5. Fonctionnement en régime permanent

Le fonctionnement du moteur est régi par l'équation (1.64) des masses tournantes : Jd/dt
= Cm – Cr = Cdyn, où J est le moment d'inertie, Ω la vitesse angulaire, Cm le couple moteur, Cr le
couple résistant et Cdyn le couple dynamique. Sur la figure 11.10, on a repris la caractéristique
mécanique Cm = f1() d'un moteur shunt, ainsi que la caractéristique Cr = f2() de l'organe
entraîné. Comme expliqué dans la section 1.5.2, lorsque la machine fonctionne à une vitesse
constante Ω = Ωp, on dit qu'elle fonctionne en régime permanent ou établi. Dans ce cas on a dΩ/dt
= 0, Cdyn = 0 et Cm = Cr. C'est dire que le point de fonctionnement en régime permanent P est
donné par l'intersection de la caractéristique mécanique Cm = f1(Ω) du moteur avec la
caractéristique mécanique Cr = f2(Ω) de l'organe entraîné, appelé charge.

11.3.6. Stabilité du moteur shunt

Le point de fonctionnement P est un point d'équilibre du groupe "moteur-charge". La


question qui se pose pour l'instant, c'est de savoir si oui ou non ce point est un point d'équilibre
stable. Pour étudier la stabilité d'un système, on le déséquilibre en lui appliquant une cause
perturbatrice extérieure quelconque. Si, après la disparition de cette cause perturbatrice, le
système revient à son état d'équilibre initial, on dit que le système est stable. Dans le cas
contraire, ce système est instable.
Etudions maintenant la stabilité du moteur au point P de la figure 11.10. Supposons qu'à la
suite d'une perturbation extérieure, la vitesse du moteur augmente de ΔΩ (ΔΩ > 0) et passe de Ωp
à Ω1 = Ω2. Pour cette nouvelle valeur de la vitesse, le couple moteur devient Cm = Cm2 et le couple
résistant Cr = Cr1 avec Cdyn = Cm2 – Cr1 < 0. Etant donné que le couple dynamique est négatif, si on
élimine la perturbation, le moteur ralentit et revient au point P.
Considérons ensuite une perturbation extérieure qui diminue la vitesse de rotation (ΔΩ <
0) et la fait passer de Ωp à Ω3 = Ω4. Pour cette nouvelle vitesse, le couple moteur devient Cm = Cm3

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.9


et le couple résistant Cr = Cr4 avec Cdyn = Cm3 - Cr4 > 0. Etant donné que le couple dynamique est
positif, si on élimine la perturbation, le moteur accélère et revient au point P.
Les explications ci-dessus montrent que le point P est un point d'équilibre stable. Au
voisinage de ce point on a : ΔCdyn < 0 pour ΔΩ > 0 et ΔCdyn > 0 pour ΔΩ < 0, c-à-d : ΔCdyn/ΔΩ < 0.
On peut alors formuler le critère de stabilité : Le point d'équilibre du groupe "moteur-organe
entraîné" est un point d'équilibre stable si
d C dyn d Cm d Cr
< 0 ou < (11.17)
d d d
Le critère de stabilité énoncé ci-dessus est général et sera appliqué à tous les moteurs
électriques. Nous pouvons l'appliquer à présent au moteur shunt. La caractéristique mécanique de
ce moteur est reprise sur la figure 11.9. Ce moteur peut présenter des risques de survitesse aux
fortes charges. C'est dire que ce moteur peut être instable aux fortes charges.
Pour avoir un fonctionnement stable, le moteur doit avoir des caractéristiques de vitesse et
mécanique décroissantes. Pour cela, le constructeur dote le moteur shunt d'un enroulement série
à faible nombre de spires, dont le flux est concordant avec celui de l'enroulement en dérivation.
Cet enroulement est appelé enroulement stabilisateur.

11.3.7 Réglage de la vitesse d'un moteur shunt

Les moteurs à courant continu présentent de grandes possibilités de réglage de vitesse.


Selon la relation (11.15), Ω = (Va - RaIa)/K et on peut régler la vitesse de rotation d'un moteur à
courant continu de trois manières :
a) - faire varier le courant inducteur If, et donc le flux ;
b) - faire varier la tension d'induit Va ;
c) - faire varier la résistance d'un rhéostat inséré en série avec le circuit d'induit.

a1 ) - Réglage par action sur le courant inducteur If


Supposons que Va = Cte. Lorsqu'on augmente Rexc, le courant d'excitation If = Va/(Rexc + Rf)
décroît, et avec lui le flux  décroît. Admettons que l'inertie mécanique des parties tournantes soit
relativement assez grande pour qu'on puisse négliger la variation de la vitesse Ω durant l'intervalle
de temps Δt qui suit la modification de Rexc. La décroissance du flux  entraîne la décroissance de
la f.é.m. Ea = KΩ; ce qui cause un accroissement rapide du courant d'induit Ia = (Va - Ea)/Ra.
Les courants Ia1 et Ia2 avant et après modification de Rexc sont donnés par :
V a - K 1 1 , V a - K  2 1
I a1 = I a2 =
Ra Ra
de sorte que :
I a2 - K  2 1
=Va (11.18)
I a1 V a - K 1 1
Généralement Ea > 0,9 Va. Supposons par exemple que Ea1 = K1Ω1 = 0,94 Va. Prenons
une variation du flux de 1 à 2 = 0,9 1. On aura :
I a2 1 - 0,9.0,94 0,154
= = = 2,57
I a1 1 - 0,94 0,06

Rexc2 >Rexc1

2
1

C
Fig.11.11
Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.10
Si le flux diminue seulement de 10%, le courant est multiplié au premier instant par 2,57.
L'accroissement du courant Ia est plus important que la diminution du flux , de sorte que le
couple électromagnétique Cém = KIa augmente.
Ce couple Cém devient supérieur au couple résistant Cr. Il apparaît, à l'arbre du moteur, un
couple dynamique Cdy = Cém - Cr > 0, qui fait croître la vitesse du moteur (On néglige Cp). Au fur et
à mesure que la vitesse Ω augmente, la f.é.m. Ea augmente; ce qui fait décroître le courant Ia et le
couple électromagnétique Cém jusqu'au moment où Cém = Cr, à une vitesse de rotation Ω2
supérieure à la précédente (Ω1), avec Ia2 = Cém/K2 et Ω2 = (Va - Ra Ia2)/ K2. L'effet d'un
accroissement de la résistance du circuit d'excitation est illustré sur la figure 11.11. Lorsque le flux
 décroît, la vitesse à vide augmente pendant que la pente de la caractéristique mécanique
augmente. La caractéristique mécanique se déplace vers le haut, en se redressant un peu.

a2 ) - Effet d'une rupture du circuit d'excitation


En cas de rupture du circuit d'excitation, le flux  décroît sensiblement jusqu'au minime
flux rémanent rém. La f.é.m. décroît jusqu'à la minime f.é.m. rémanente Erém = KrémΩ. Ceci
entraîne une énorme croissance du courant d'induit Ia = (Va - Erém)/Ra. L'accroissement du courant
Ia est plus important que la réduction du flux . Par conséquent, le couple électromagnétique Cém
= KrémIa qui en résulte sera supérieur au couple initial Cém >> Cr. La vitesse du moteur augmente
fortement. On dit que le moteur s'emballe. La survitesse due à cet emballement du moteur
présente un danger contre la tenue mécanique du moteur.
Suite à une rupture du circuit d'excitation, le courant d'induit Ia peut atteindre plus de 10
fois le courant nominal. Un tel courant ne peut subsister longtemps sans danger pour la machine
et doit être coupé instantanément par l'appareil de protection.

b) - Réglage par action sur la tension d'induit Va


Pour utiliser ce mode de réglage, le moteur doit donc avoir une excitation séparée de
façon à avoir un même flux  à toutes les vitesses (figure 11.12). Lorsqu'on augmente la tension
Va, le courant d'induit Ia = (Va - Ea)/Ra augmente, le couple électromagnétique Cém = KIa
augmente et devient supérieur au couple résistant (Cém > Cr), en sorte que la vitesse Ω augmente.
Pendant que la vitesse Ω augmente, la f.é.m. Ea = KΩ augmente; ce qui fait décroître le courant
d'induit Ia. Le couple électromagnétique décroît jusqu'à ce qu'il soit égal au couple résistant (Cém =
Cr), à une vitesse de rotation supérieure à la vitesse initiale.

n
Ra Ia IL VaN
nN
variation 3VaN
de If 4

variation
tension Rf VaN
2
Va de VL
Ea tension
Lf VaN
4

Fig.11.12 0 C
CN
Fig.11.13
L'effet d'une variation de la tension est illustré sur la figure 11.13. Lorsque la tension Va
croît, la vitesse à vide augmente, mais la pente de la caractéristique mécanique reste constante :
La caractéristique mécanique se déplace parallèlement à elle-même.

c) - Réglage par action sur un rhéostat en série avec le circuit d'induit

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.11


Lorsqu'on insère un rhéostat de réglage dans le circuit d'induit, la pente de la
caractéristique mécanique est modifiée (figure 11.9). Malheureusement, les pertes en cuivre dues
à ce rhéostat sont énormes et le rendement est faible. C'est pourquoi ce mode de réglage de la
vitesse n’est pas utilisé.

d) - Comparaison des modes de réglage par action sur Va et sur If


Si le moteur fonctionne à des valeurs nominales de la tension d'induit VaN, de la puissance
PN et du courant d'excitation IfN, il va tourner à la vitesse nominale nN.

d1) - action sur If : L'action sur le courant inducteur ne peut régler la vitesse que pour des valeurs
supérieures à cette vitesse nominale (n > nN). En effet (relation 11.15), pour atteindre une vitesse
inférieure à la vitesse nominale (n < nN), le moteur exigerait un courant d'excitation excessif (If >
IfN).

d2) - action sur la tension d'induit : L'action sur la tension du circuit d'induit ne peut régler la
vitesse que pour des valeurs inférieures à la vitesse nominale (n < nN). En effet (relation 11.15),
pour atteindre des vitesses supérieures à la vitesse nominale (n > nN), le moteur exigerait une
tension d'induit excessive (Va > VaN).

Cmax Pmax

action action
action action
sur Va sur If
sur If sur Va
nN n nN nn
a) Fig.11.14 b)

d3) - Ces deux modes sont complémentaires et peuvent être combinés sur un même
moteur.

d4) - Couple et puissance limites :


Les courbes du couple maximum Cmax = f1(Ω) et de la puissance maximum Pmax = f2(Ω) en
fonction de la vitesse de rotation sont reprises sur la figure 11.14. Le facteur limitant ces deux
grandeurs est l'échauffement de l'enroulement d'induit, qui impose un maximum Imax au courant
d'induit Ia. La puissance maximale absorbée est Pmax = VaImax. Si on néglige les pertes, on peut
écrire : VaImax = CΩ.
A tension Va variable et courant If constant, le couple maximum Cmax = KImax est constant
(indépendant de la vitesse). La puissance maximale Pmax = CmaxΩ est donc proportionnelle à la
vitesse.
A tension Va constante et courant If variable, la puissance maximale Pmax = VaImax est
constante (indépendante de la vitesse). Ici le couple Cmax = VaImax/Ω varie en raison inverse de la
vitesse. On perd sur le couple maximal ce que l'on gagne sur la vitesse.
Le réglage de la vitesse par action sur la tension Va est un réglage à couple maximal
constant, tandis que le réglage par action sur If réduit nécessairement le couple.

e) Dispositifs de réglage de la vitesse (Variateurs de vitesse) d’un moteur à excitation en


dérivation

e1) Groupe Ward Léonard

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.12


Jadis, le réglage progressif de la vitesse de rotation d'un moteur à courant continu était
réalisé à l'aide d'un système génératrice - moteur, appelé groupe Ward Léonard (fig.11.15). Dans
ce système le moteur à courant continu M à excitation séparée est alimenté à partir d'une
génératrice à courant continu G également à excitation séparée. Cette génératrice est entraînée
par un moteur asynchrone MA. Les enroulements d'excitation du moteur M et de la génératrice G
sont alimentés, soit par une excitatrice à courant continu placée sur l'arbre commun aux machines
MA et G, soit par un pont redresseur. Etant donné que la génératrice G fournit une tension
réglable, le moteur M peut être démarré par variation de la tension Va. Dès lors, son rhéostat de
démarrage n'est plus nécessaire.
La génératrice G tourne à vitesse constante. Sa tension Va est réglée par modification de
son courant d'excitation IfG ; ce qui permet de régler progressivement la vitesse du moteur M
pratiquement de l'arrêt à la vitesse nominale nN. Au-delà de cette valeur, la vitesse du moteur M
est réglée par action sur son courant d'excitation IfM. Pour inverser le sens de rotation du moteur
M, on change la polarité de la tension d'excitation de la génératrice G ; ce qui change le sens du
courant IfG et le signe de la tension Va.
Les caractéristiques mécaniques n(C) obtenues pour ce moteur M sont reprises sur la
figure 11.16.a.
Ia

MA G Va M

R exc If G
R exc
If M

Fig.11.15

n (ou Ea)
Génératrice n
V aN Génératrice Moteur
Moteur
II 3VaN /4
VaN /2 I n n
c c
VaN /4
VaN  0 II I C
-VaN /4 C(ouIa) III IV
-VaN /2 c cc
n n
III -3VaN /4
IV
Moteur
-VaN Moteur Génératrice
Génératrice
a) b)
Fig.11.16
Supposons que le point de fonctionnement soit situé dans le premier (I) quadrant.
Lorsqu'on inverse le courant d'excitation IfG de la génératrice G, la tension d'induit Va ainsi que le
courant Ia changent de signe. Etant donné que le courant d'excitation IfM (et donc le flux ) du
moteur M garde son sens, on obtient un changement de signe du couple Cém = KIa et de la

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.13


vitesse  = (Va - RaIa)/K. La machine fonctionne en moteur avec un point de fonctionnement du
troisième (III) quadrant. En partant du premier (I) quadrant, si la vitesse de rotation change seule
de signe ou si le couple change seul de sens, la machine M fonctionne en génératrice avec un
point de fonctionnement du deuxième (II) ou du quatrième (IV) quadrant. Un tel mode de
fonctionnement est obtenu par exemple en sous excitant la génératrice G. Sa f.é.m. devient alors
inférieure à celle du moteur M. La machine M fonctionne alors en générateur et G en moteur.
Pendant ce temps, la machine asynchrone MA fonctionne en génératrice en renvoyant de
l'énergie au réseau. C'est le freinage par récupération d’énergie.
En écrivant la relation (11.15) de la manière suivante :  = (Va - RaIa)/K = Ea/K, on
constate que si la réaction d’induit est négligeable, le flux  reste constant et la vitesse de rotation
 (ou n) est proportionnelle à la f.é.m. Ea. De même, si la réaction d’induit est négligeable, et si le
couple des pertes est négligeable, le couple C = KIa est proportionnel au courant d’induit Ia. Par
conséquent, comme indiqué sur la figure 11.16.a, les caractéristiques n(C) représentent à une
autre échelle les caractéristiques Ea(Ia).
D’après la relation (11.1), la puissance transformée de la forme électrique à la forme
mécanique vaut Pém = EaIa = C. La figure 11.16.b donne l’interprétation physique des quatre
quadrants :
 Premier quadrant (I) : Pém = EaIa = C > 0,  > 0
La vitesse de rotation et le couple ont le même sens. La machine électrique M entraîne la
charge dans le sens horaire. La machine M fonctionne en moteur.
 Deuxième quadrant (II) : Pém = EaIa = C < 0,  > 0
La vitesse de rotation et le couple sont de sens contraire. La machine électrique M est
entraînée par la charge dans le sens horaire. La machine M fonctionne en génératrice.
L’énergie électrique fournie par cette génératrice peut être restituée au réseau ou dissipée
sous forme de chaleur dans une résistance.
 Troisième quadrant (III) : Pém = EaIa = C > 0,  < 0
La vitesse de rotation et le couple ont le même sens. La machine électrique M entraîne la
charge dans le sens trigonométrique. La machine M fonctionne en moteur.
 Quatrième quadrant (IV) : Pém = EaIa = C < 0,  < 0
La vitesse de rotation et le couple sont de sens contraire. La machine électrique M est
entraînée par la charge dans le sens trigonométrique. La machine M fonctionne en
génératrice.

Le groupe Ward Léonard permet de faire fonctionner la machine dans les quatre
quadrants. Le réglage se fait par action sur des circuits d'excitation, donc de faible courant.
Le groupe Ward Léonard présente les inconvénients suivants :
- coût élevé, car il utilise trois machines au lieu d'une ;
- rendement médiocre donné par le produit des rendements des trois machines.
A cause de ces inconvénients, le groupe Ward Léonard est remplacé dans les applications
modernes par les convertisseurs statiques.

e2) Variateur de vitesse d’un moteur alimenté en alternatif


La figure 11.17 donne le schéma du circuit de puissance d'un pont redresseur à thyristors.
Le circuit de commande n'est pas repris. La valeur moyenne de la tension Va fournie par le pont
(et donc de la vitesse de rotation) est réglée par l'angle d'allumage des thyristors.
Ici aussi, pour Ω  ΩN on modifie la tension Va par le pont redresseur, en maintenant
l'excitation constante. Pour Ω > ΩN on diminue le courant d'excitation, en maintenant la tension
constante. Ce pont de la figure 11.17 fournit un courant Ia dans un seul sens. Il n’est pas réversible
en courant. Par conséquent, le moteur tourne dans un seul sens. Pour inverser le sens de
rotation, on peut inverser le sens du courant d'excitation (IfM change de signe, ainsi que le flux ,
le couple C = KIa et la vitesse  = (Va - RaIa)/K ). Ce pont permet de faire fonctionner la
machine dans deux quadrants : le premier (I) et le troisième (III).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.14


Ia n

A
B Va M
C C
IfM
Rexc

a) Fig.11.17 b)
Sur la figure 11.18, on donne le schéma de principe du circuit de puissance d'un variateur
de vitesse pouvant fournir le courant dans les deux sens (variateur réversible en courant). Il est
constitué de deux ponts montés en parallèle inverse. Ici aussi, on prévoit la possibilité d’inverser le
courant d’excitation du moteur. Le pont 1 fournit le courant Ia lorsqu’il est positif et permet de faire
fonctionner le moteur dans le premier (I) et le troisième (III) quadrant. Le pont 2 fournit le courant Ia
lorsqu’il est négatif et permet de faire fonctionner le moteur dans le deuxième (II) et le quatrième
(IV) quadrant.
Dans les schémas décrits ci-dessus, on a considéré que, lorsqu’on utilise qu’un pont,
l’inversion du couple est obtenue par inversion du courant inducteur. Ce mode d’inversion du
couple est lent à cause de la constante de temps élevée du circuit inducteur.
Lorsqu’on utilise un seul pont, l’inversion de la tension peut aussi être obtenue à l’aide d’un
inverseur placé entre le pont et les bornes de l’induit.

e3) Variateur de vitesse alimenté en continu


Considérons à présent un moteur alimenté à partir d’une source de tension continue. Dans
ce cas, la variation de la tension Va est réalisée à l’aide d’un hacheur.
La figure 11.19.a donne le schéma d’un hacheur qui se comporte comme une source de
tension variable réversible en tension et en courant. Il est constitué de quatre interrupteurs
statiques K1, K2, K3 et K4 réversibles en courant.
Désignons par Ve la tension d’entrée et par vs la tension de sortie.
Soit T la période de hachage (figure 11.19.b). On commande la fermeture des
interrupteurs K1 et K4 pendant l’intervalle de temps T. Ensuite, on commande la fermeture des
interrupteurs K2 et K3 pendant le reste (1 - )T de la période de hachage. La grandeur  est
appelée rapport cyclique (« duty cycle »).
Quel que soit le signe de Ia, la tension de sortie vs aura une valeur moyenne :
1
V [VeT  Ve (1   )T ]  (2  1)Ve
T

Ia

A
B Va M
C IfM
Rexc

1 2
Fig.11.18

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.15


Ve vs

K1 K2
vs
V
Ia t
Ve αT T

K3 K4 -Ve

a) b)
Fig.11.19

On fait varier  de 1 à 0 et la valeur moyenne V varie de +Ve à -Ve.

11.3.8 Applications du moteur à excitation en dérivation

Le moteur shunt est autorégulateur de vitesse. Il convient donc à l’entraînement des


mécanismes dont la vitesse doit être indépendante de la charge (la plupart des machines-outils et
les appareils de levage).

11.4 MOTEUR À EXCITATION SÉRIE

11.4.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour le moteur à excitation série est repris sur la figure
11.20. Le schéma équivalent est repris sur la figure 11.21. L'enroulement d'excitation est constitué
d'un nombre réduit de spires connectées en série avec l'enroulement d'induit. Les équations du
moteur à excitation série sont les suivantes :

Ia = Is = IL (11.19)
Va = Ea + (Ra + Rs)Ia = K  Ω + (Ra + Rs)Ia (11.20)

où Ia est le courant d'induit, Is le courant d'excitation série et IL le courant de ligne.


Le flux  d'un moteur à excitation série est fonction du courant d'induit Ia. Pour simplifier
l'analyse, on admet en négligeant la saturation, qu'il existe une relation linéaire entre le flux et le
courant d'induit :  = GIa.

A H
L M
Ra Rs Ls Ia = Is = IL
G

K B
Va V
F E Ea Va

A
Fig.11.20 Fig.11.21

11.4.2 Caractéristique de vitesse : n = f(Ia) pour Va = Cte

De la relation (11.20), on déduit que :


Va  ( R a + R s ) I a V R  Rs
=  a  a (11.21)
K KGI a KG

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.16


La caractéristique de vitesse d'un moteur série est donnée sur la figure 11.22.a. Pour des
faibles charges, cette courbe est une hyperbole (trait interrompu). Pour des valeurs élevées du
courant Ia, le circuit magnétique entre en saturation et le flux  devient inférieur à celui qui est
donné par la loi  = GIa. Dès lors, la vitesse (trait continu) devient supérieure à celle qui est
donnée par l'hyperbole.

n C
Cém

Cu = C

Ia I a0 Ia
a) b)
Fig.11.22
A vide ou à très faible charge, le courant absorbé Iao étant très faible, la vitesse du moteur
est très grande : le moteur série s'emballe à vide. Cet emballement présente un danger contre la
tenue mécanique du moteur. C'est pourquoi, les conditions de travail du moteur série doivent être
telles que ce moteur ne puisse pas démarrer ou fonctionner sans charge.
La vitesse de rotation d'un moteur série varie beaucoup en fonction de la charge. Une telle
caractéristique est dite douce.

11.4.3 Caractéristique de couple : C = f(Ia) pour Va = Cte

Le couple électromagnétique est donné par la relation

Cém = KIa = KGIa² (11.22)

Pour des faibles charges, le couple d'un moteur série est proportionnel au carré du courant d'induit
Ia et sa courbe est donc une parabole passant par l'origine (figure 11.22.b). Pour des valeurs
élevées du courant Ia, le circuit magnétique entre en saturation, le flux devient inférieur à celui qui
est donné par la loi  = GIa et tend vers une valeur constante. Par conséquent, la courbe Cém =
f(Ia) tend vers la droite Cém = KIa.
La caractéristique du couple utile C = Cu = Cém - Cp = f(Ia) passe en dessous de la courbe
Cém = f(Ia), à une distance constante égale au couple des pertes. L'abscisse à l'origine de la
courbe C = Cu = f(Ia) représente le courant à vide Iao.
Le moteur série a la propriété importante de développer un couple (Cém ~ Ia²) supérieur à
celui qui est directement proportionnel au courant d'induit. Il est donc indiqué, soit pour les applica-
tions où le démarrage est pénible (traction), soit pour les applications à couple croissant
rapidement avec la vitesse (ventilateurs, pompes centrifuges, compresseurs, …).

11.4.4 Caractéristique mécanique : Ω = f(C) pour Va=Cte, ΣRa=Cte

Pour une machine non-saturée, de la relation (11.22), on tire


I a = Cém / KG (11.23)
et en remplaçant, dans la relation (11.21), Ia par cette expression, on obtient :
Va R + Rs
= - a (11.24)
K G C ém KG
La caractéristique mécanique d'un moteur série est donnée sur la figure 11.23. Pour des
faibles charges (faibles couples), cette courbe est une hyperbole (n~ Cém-1/2 en trait interrompu).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.17


Lorsque la charge (le couple) augmente, le courant Ia augmente, le circuit magnétique entre en
saturation, et le flux  devient plus faible que celui qui est donné par la loi  = GIa. Dès lors, la
vitesse (trait continu) devient supérieure à celle qui est donnée par l'hyperbole.
La figure 11.23 donne aussi les caractéristiques mécaniques d'un moteur série obtenues
pour différentes valeurs de Rad insérées dans le circuit d'induit. La courbe obtenue pour Rad = 0 est
appelée caractéristique naturelle.
On remarque que la caractéristique mécanique d'un moteur série s'écarte peu de
l'hyperbole équilatère CΩ = Cte. C'est dire que lors du fonctionnement d'un moteur série, sa
puissance reste sensiblement constante. Le moteur série est donc autorégulateur de puissance.
Le moteur série ralentit lorsque la charge augmente. Étant donné que sa puissance croît moins
vite que son couple, pour un même accroissement de couple, son appel de courant est inférieur à
celui du moteur shunt.
Rad K1 Ish
n
Iexc Rexc Ia H
Ra+Rs<R2<R3 K2

Ra+Rs Is Rs G
C naturelle Va B
R2 F E
Rsh
R3 C

Fig.11.23
A
Fig.11.24
11.4.5 Stabilité d'un moteur série

Étant donné que la caractéristique C = f(Ω) d'un moteur série est nettement décroissante,
son fonctionnement est toujours stable.

11.4.6 Réglage de la vitesse de rotation d'un moteur série

a) - Réglage par action sur un rhéostat en série avec le circuit d'induit. Lorsqu'on insère un
rhéostat Rad en série avec le circuit d'un moteur série (figure 11.24), la caractéristique mécanique
est modifiée comme indiqué sur la figure 11.23 ou par la courbe 3 sur la figure 11.25. L'effet de
Rad se marque par un déplacement vers la gauche de toute la courbe : augmentation de (Ra + Rs)
dans la relation (11.24). Ce mode de réglage n'est pas économique à cause des pertes dues au
rhéostat.

b) - Réglage par action sur le courant inducteur

b1) - Réglage de la vitesse par shuntage de l'enroulement d'excitation. On ferme


l'interrupteur K1 de la figure 11.24, l'interrupteur K2 étant ouvert. On suppose que Va = Cte et Rad =
0. Le courant inducteur devient Is = IaRexc/(Rs+Rexc). Pour une valeur donnée de Ia, le courant
inducteur diminue de Ia à Is, le flux diminue de 1= GIa à 2= GIs, la vitesse angulaire  donnée
par la relation (11.21) augmente, et le couple diminue de Cém1 = K1Ia à Cém2 = K2Ia. L’effet du
shuntage de l’enroulement d’excitation se manifeste sur la figure 11.25 par le décalage vers le
haut de la caractéristique mécanique (courbe 2).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.18


n

n nmax
3
2

Rexc VaN
nN
4 1 C,nat. V aN
2
Rad V aN
Rsh 4
VaN
C 8
Fig.11.25
CN C
Fig.11.26
Le shuntage de l’enroulement d’excitation est le mode normal de réglage de la vitesse de
rotation du moteur série. Cependant, l’augmentation de la vitesse de rotation se fait au détriment
du couple que le moteur peut développer. En traction électrique, le sectionneur pantographe peut
éventuellement se séparer de la caténaire pendant le fonctionnement du moteur. Dans ce cas,
pour avoir entre les branches parallèles la même répartition de courant, quel que soit le régime
(permanent ou transitoire), on utilise une résistance Rexc inductive.

b2) - Réglage de la vitesse par shuntage de l'enroulement d'induit.


L'effet de la résistance Rsh est marqué sur la figure 11.25 (courbe 4) par le décalage de la
caractéristique mécanique vers le bas et par l’intersection de cette caractéristique avec l’axe des
ordonnées. Ce mode de réglage n'est pas économique à cause des pertes dans Rsh.
Lorsque la marche à vide risque de se produire, on limite la vitesse à vide par le
branchement d’une forte résistance Rsh aux bornes de l’induit. Dans ce cas, le courant inducteur,
égal à Ia+Ish ne peut pas descendre en en dessous de Va/(Rs+Rsh).

c) - Réglage par action sur la tension d’alimentation.


L’effet de la variation de la tension Va sur la caractéristique mécanique d’un moteur série
est illustrée sur la figure 11.26. Ce mode de réglage de la vitesse de rotation est le plus efficace.
Les caractéristiques mécaniques d’un moteur alimenté sous tension variable sont reprises
sur la figure 11.27. Pour démarrer un tel moteur, on élève progressivement la tension. Un
démarrage rapide est obtenu en maintenant le couple égal à Cmax (trajet ABMN), avec
augmentation de la tension de Va0 à VaN. Le point de fonctionnement se fixe à l’intersection de la
caractéristique n(C) du moteur avec la caractéristique n(Cr) de la charge.
Pour régler la vitesse de rotation, on modifie la tension. Lorsqu’on réduit la tension de VaN
à Va1, Va2 et Va0, la vitesse passe de nN à n1, n2 et n0.
Il peut arriver que le moteur entraîne une charge de faible couple, comme pour la
caractéristique n(Cr2) de la figure 11.27. Dans ce cas, à tension nominale VaN, la vitesse de régime
permanent (n3) est supérieur à la vitesse nominale nN ; mais le couple absorbé est inférieur au
couple nominal (le courant absorbé est inférieur au courant nominal IaN). Pour obtenir des vitesses
supérieures à n3, on peut utiliser le shuntage de l’enroulement d’excitation.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.19


n
n (Cr2)
nmax

n3
Ia=IaN T Is
MN n (Cr1)
nN
n (C) , Ve D
n1 n (C) , VaN
Va1 Ia
Ea
n2 n (C) , B
Va2
n0
n (C) , Va0 A C
Fig.11.28
CN Cmax
Fig.11.27

d) – Dispositifs de variation de la tension d’alimentation d’un moteur série


Comme pour le moteur à excitation shunt, la tension variable d’alimentation d’un moteur
série est obtenue, soit à l’aide d’un redresseur lorsque l’alimentation est en alternatif, soit à l’aide
d’un hacheur lorsque l’alimentation est en continu.
La figure 11.28 donne le schéma d’utilisation d’un hacheur série, comprenant un
interrupteur statique T et une diode de roue libre D. L’interrupteur T fonctionne avec une période
de hachage T.
L’interrupteur T connecte la charge à la source de tension continue pendant une durée T,
puis la déconnecte pendant le reste de la période (1-)T. Lorsque l’interrupteur T est ouvert, la
diode de roue libre permet au courant de continuer à circuler dans le circuit qui est inductif et dont
le courant ne peut s’interrompre brusquement.
La tension d’entrée du hacheur est désignée par Ve. La tension de sortie du hacheur,
appliquée à la charge, a une valeur moyenne V=Ve. On fait varier  de 0 à 1, et la valeur
moyenne V varie de 0 à Ve.

11.4.7 Applications du moteur série

Le couple du moteur série est proportionnel au carré du courant. A cause de son grand
couple, ce moteur convient donc :
- aux applications à démarrage pénible (traction) ;
- pour entraîner les appareils à couple résistant croissant rapidement avec la vitesse (ventilateurs,
pompes centrifuges, compresseurs,…);
- pour entraîner les appareils dont la puissance ne doit pas croître aussi vite que le couple
résistant (pompes centrifuges, démarreurs et commande des accessoires des véhicules).
L’enroulement inducteur d’un moteur série utilise des fils de grosse section dont le risque
de rupture est faible. Ceci confère au moteur série une robustesse qui fait que ce type de moteur
est adapté à la traction, ainsi qu’aux très faibles puissances (<1kW).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.20


11.5 MOTEUR À EXCITATION COMPOSÉE (COMPOUND)

11.5.1 Schéma de câblage et schéma équivalent

Le schéma de câblage utilisé pour un moteur à excitation composé est repris sur la figure
11.29. Le schéma équivalent est repris sur la figure 11.30. Le moteur à excitation composée peut
être à flux additif ou à flux soustractif. On a utilisé la convention des bornes marquées : par des
points pour le moteur à flux additif et par des astérisques pour le moteur à flux soustractif. On s'est
limité au moteur longue dérivation. En tenant compte des symboles de la section 10.4.2, la f.m.m.
effective dans la machine vaut :
ℱeff = ℱfc + ℱs - ℱfi = NfIfc ± NsIs - ℱfi = NfIf0 (11.25)
Le courant d'excitation shunt équivalent Ifo est donné par :

= ± − (11.26)
Le signe supérieur se rapporte à la machine à flux additif, et le signe inférieur à la machine à flux
soustractif.
Lorsqu'une génératrice à flux additif est utilisée en moteur, le sens du courant d'induit (et
donc de l'enroulement série) s'inverse alors que le sens du courant de l'enroulement en dérivation
reste inchangé. C'est dire que :
- Une génératrice à flux additif devient, en fonctionnement en moteur, à flux soustractif.
- Une génératrice à flux soustractif devient, en fonctionnement en moteur, à flux additif.
Pour que le flux reste additif en fonctionnement en moteur, on a le choix entre deux
possibilités :
- Pour le même sens de rotation, on croise les connexions de l'enroulement série.
- Pour un autre sens de rotation, on croise les connexions de l'enroulement en dérivation.

Ra Rs Ia IL
F M
A Ls If
L E
H Rexc

A Ea Rf Va
V B G
Va K
D C
Rexc E F

Fig.11.29 Fig.11.30

11.5.2 Moteur à flux additif

Les équations de ce moteur sont les suivantes :


V a - ( Ra + RS ) I a
= et C ém = K(  f +  s ) I a (11.27)
K (  f + s )

n C ad n
soust soust
shunt

shunt shunt
soust
ad ad

Ia Ia C
a) b) c)

Fig.11.31
Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.21
où f désigne le flux dû à l'enroulement en dérivation et s le flux dû à l'enroulement série. C'est
dire que, par rapport à un moteur shunt (Ns = 0), pour une valeur donnée du courant d'induit Ia, le
moteur à flux additif a : - un flux plus élevé, - une vitesse de rotation plus faible, - et un couple
électromagnétique plus grand (figure 11.31). Ce moteur combine les avantages du moteur shunt
et du moteur série :
- comme un moteur série, il a un grand couple;
- comme un moteur shunt, il ne s'emballe pas à vide.

11.5.3 Moteur à flux soustractif

Les équations de ce moteur sont les suivantes :


V a - ( Ra + RS ) I a
= et C ém = K(  f -  s ) I a (11.28)
K (  f - s )
Par rapport au moteur shunt (Ns = 0), pour une valeur donnée du courant d'induit Ia, le
moteur à flux soustractif a : - un flux plus faible, - une vitesse de rotation plus élevée, - un couple
électromagnétique plus faible. (figure 11.31). Ce moteur présente des risques d'emballement. A
cause de son instabilité, le moteur à flux soustractif n'est pratiquement pas utilisé.

11.5.4 Réglage de la vitesse d'un moteur à flux additif

Les modes de réglage de la vitesse d'un moteur à flux additif sont les mêmes que ceux du
moteur à excitation en dérivation.

11.5.4 Applications du moteur à flux additif

Le moteur à excitation composé à flux additif est utilisé à l'atelier et en traction.

11.6 FREINAGE DES MOTEURS À COURANT CONTINU

Pour arrêter un moteur électrique, on peut couper son alimentation (Ia=0). Le couple
électromagnétique Cém = KIa s’annule et le groupe moteur-charge ralentit sous l’effet du couple
résistant Cr. Lorsqu’on veut arrêter plus rapidement le moteur, on recourt au freinage.

11.6.1 Freinage du moteur à excitation en dérivation

a) - Freinage par récupération d’énergie


Le freinage par récupération d’énergie ralentit le groupe moteur-charge en lui prenant
de l’énergie cinétique et en la renvoyant sous forme d’énergie électrique à la source
d’alimentation.

a1) - Moteur shunt alimenté sous tension constante


Le freinage par récupération d’un moteur shunt alimenté sous tension constante est
illustré sur figure 11.32. La machine électrique fonctionne en moteur au point de
fonctionnement M1, point auquel le courant d’excitation If1 est tel que la f.é.m. Ea est inférieure
à la tension d’induit Va.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.22


n
n (Cr)
M2
n1 n (C),If1
M1
n (C),If2
M3 M4
n (C),If3

I a <0 I a >0

Cu2 <0 C1 C
Fig.11.32

On augmente brusquement le courant d’excitation à If2 tel que la f.é.m. Ea soit


supérieure à la tension d’induit Va. A cause de l’inertie du groupe, la vitesse de rotation reste
inchangée aux premiers instants et le point de fonctionnement passe de M1 à M2 situé sur la
nouvelle caractéristique n(C),If2. Le courant Ia = (Va-Ea)/Ra change de sens. Le couple
électromagnétique Cém=KIa change de sens. La machine électrique fonctionne en
génératrice, en renvoyant de l’énergie à la source d’alimentation.
Étant donné que le couple utile C est inférieur au couple résistant Cr et est négaif, il
apparaît à l’arbre un couple dynamique Jd/dt = -C- Cr = - (C+Cr) qui ralentit le groupe. Au fur
et à mesure que la vitesse de rotation n (ou ) diminue, on augmente le courant d’excitation If
et le point de fonctionnement suit le trajet M2M3 avec un couple de freinage constant.
Le point M3 se trouve sur la caractéristique mécanique n(C),If3 correspondant au
courant d’excitation If maximal. L’action sur le courant d’excitation ne permet pas de descendre
en dessous de cette caractéristique. Le point de fonctionnement suit le trajet M1M2M3M4. Pour
descendre en dessous de cette caractéristique, il faut utiliser un autre mode de freinage, le
freinage rhéostatique par exemple.
n
n (Cr)
M2 n1 M1
n (C),Va1

n (C),Va2

M0 n (C),Va = 0
0 C
M3
- Cmax
Fig.11.33 n (C),Va3

a2) - Moteur shunt alimenté sous tension variable


Le freinage par récupération d’un moteur shunt alimenté sous tension variable est
illustré sur la figure 11.33. La machine électrique fonctionne en moteur au point de
fonctionnement M1 sous une tension d’induit Va1 supérieure à la f.é.m. Ea.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.23


- Freinage à couple de freinage constant
On abaisse brusquement la tension d’alimentation à Va2. A cause de l’inertie du groupe,
la vitesse de rotation reste inchangée aux premiers instants et le point de fonctionnement
passe de M1 à M2 situé sur la nouvelle caractéristique mécanique n(C), Va2. Le couple utile
s’inverse, devient -C, et le groupe ralentit sous l’effet du couple dynamique Jd/dt = -C- Cr = -
(C+Cr).
Au fur et à mesure que la vitesse de rotation n diminue, on diminue la tension
d’alimentation de Va2 à Va3, et le point de fonctionnement suit le trajet M2M3, avec un couple de
freinage constant -Cmax (ou un courant constant -Imax). Lorsque la vitesse de rotation s’annule
(n =0), on coupe l’alimentation, sinon le groupe redémarre en sens inverse.
Le point M3 correspondant à l’arrêt se trouve sur une caractéristique mécanique
n(C),Va3 correspondant à une tension d’alimentation négative Va3. Ce mode de freinage est
appliqué avec une source réversible en courant (courant positif ou négatif). Si cette source
d’alimentation n’est pas réversible en tension (tension positive ou négative), il n’est pas
possible de poursuivre le freinage à couple maximum en dessous du point M0. Dans ce cas, le
point de fonctionnement suit le trajet M1M2M00.

- Freinage à vitesse constante


Le freinage à vitesse constante d’un moteur shunt alimenté sous tension variable est
illustré sur la figure 11.34. Il est utilisé lorsque par moment le couple de la charge entraînée
s’inverse. Cette situation se présente par exemple lorsque le moteur électrique entraîne un
véhicule. La caractéristique mécanique de ce moteur est n(Cr1) à la montée, n(Cr2) sur un trajet
plat et n(Cr3) à la descente. Si sur tous ces trajets, on maintient la tension d’alimentation Va à la
valeur Va1, la vitesse de rotation passe successivement de N1 à N2 et N3 lorsque la
caractéristique mécanique du véhicule passe de n(Cr1) à n(Cr2) et n(Cr3).
Pour maintenir une vitesse constante sur tous les trajets, on modifie la tension (entre
Va1 et Va3) de manière à ce que le point d’intersection de la caractéristique mécanique n(C) du
moteur avec la caractéristique n(Cr) de la charge soit maintenu sur la droite horizontale n = Cte.
On peut cependant faire varier la vitesse de rotation n au freinage. On peut aussi
contrôler cette vitesse de rotation jusqu’ à l’arrêt, au point M3.

n n n (C r)
n (Cr3)
n (Cr2) M1
n1 n (C),Va1
n3 n (Cr1)
n2
n = Cte M0 C
n1 n (C),Va1
n (C),Va0
n (C),Va2
n (C),Va3
n2
M3 0 M2
n (C),Va2
C
n (C),Va4 Fig.11.35
Fig.11.34

- Levage et descente des charges

La procédure de levage et descente des charges est illustrée sur la figure 11.35. Lors
de cette procédure, le couple résistant de la charge est constant et est donné par la
caractéristique n(Cr).
Pour lever la charge, on augmente d’abord la tension d’alimentation Va jusqu’à une
valeur Va0 telle que la charge se soulève (point M0). On augmente ensuite la tension de
manière progressive de Va0 à une valeur Va1 telle que la vitesse passe progressivement de 0 à

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.24


la valeur souhaitée n1 (trajet M0M1). On garde la tension constante Va = Va1 de sorte que la
montée se poursuive à vitesse constante n = n1, le point de fonctionnement demeurant en M1.
Lorsqu’on se rapproche de la position haute de la course, on réduit la tension de Va1 à Va0 et le
groupe décélère jusqu’à l’arrêt (trajet M1Mo). On maintient la tension d’alimentation à la valeur
Va0 fournissant le couple à l’arrêt qui garde immobile la charge soulevée.
Pour faire descendre la charge, (le point de fonctionnement étant situé au départ en M0
comme ci-dessous), on augmente la tension (la valeur absolue) de manière progressive de Vao
à une valeur négative Va2 telle que la vitesse passe progressivement à la valeur souhaitée n2
(trajet MoM2). On garde la tension constante Va = Va2 de sorte que la descente se poursuive à
vitesse constante n = n2, le point de fonctionnement demeurant en M2. Lorsqu’on se rapproche
de la position basse de la course, on modifie la tension de Va2 à Vao et le groupe décélère
jusqu’à l’arrêt (trajet M2MO).

a3) - Freinage et réversibilité de la source d’alimentation


Comme on l’a vu ci-dessus, le freinage par récupération d’énergie exige, soit l’inversion
du courant d’induit Ia (passage du premier (I) au deuxième (II) quadrant), soit l’inversion de la
tension d’induit Va (passage du premier (I) au quatrième (IV) quadrant). Dans le cas où la
source d’alimentation ne présente pas la réversibilité nécessaire en courant ou en tension, on
peut recourir au freinage rhéostatique ; mais celui-ci ne développe pas de couple à l’arrêt et ne
permet pas de récupérer l’énergie dissipée dans le rhéostat.

b) - Freinage rhéostatique
Ce type de freinage a lieu lorsqu'on débranche l'induit du moteur du réseau et qu'on le
ferme sur une résistance de charge Rc, l'inducteur restant connecté sur le réseau d'alimentation
(figure 11.36). En utilisant son énergie cinétique, la machine commence à fonctionner en
génératrice à excitation indépendante et la question de son amorçage ne se pose pas. Vu que Va
= 0, la vitesse est donnée par la relation (11.16) et vaut : Ω = - (Ra + Rc) Cem/(K)2 ; ce qui donne
comme caractéristique mécanique une droite passant par l’origine (figure 11.37). Juste après le
branchement de Rc, la vitesse Ω reste inchangée, la f.é.m. Ea = KΩ reste la même, mais le
courant Ia = (Va - Ea)/Ra devient Ia = - Ea/(Ra + Rc) et change de sens. Le couple électromagnétique
C = KIa change de sens et le fonctionnement est déterminé par le point E. Il apparaît à l'arbre un
couple dynamique Cdy = - |KIa| - Cr négatif, la vitesse diminue, devient nulle (point O) et ensuite
la machine peut commencer à tourner en sens inverse jusqu'au moment où Cém = Cr.

n
C = Cte
n (Cr)
If n = Cte
R exc E A
RC max
n (C)
RC
Rd Ia
M G
Va
RC = 0
X
C
0
Fig.11.36 Fig.11.37

Comme illustré sur la figure 11.37, le trajet de freinage peut être soit à vitesse
constante, soit à couple (ou courant) constant.
A basse vitesse, lorsqu’on a éliminé totalement Rc en mettant l’induit directement en
court-circuit, on ne peut plus maintenir le couple de freinage et le point de fonctionnement se
déplace sur la droite Rc = 0 vers le point 0.
Le freinage rhéostatique est aussi appelé freinage dynamique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.25


11.6.2 Freinage du moteur à excitation série

a) - Freinage par récupération d’énergie

a1) - Moteur série alimenté sous tension constante


Le démarrage de ce moteur se fait à l’aide d’un rhéostat de démarrage similaire à celui
du moteur shunt. La caractéristique mécanique naturelle du moteur série étant située dans un
seul quadrant (figure 11.23 et 11.25), ce moteur ne passe pas au fonctionnement en
génératrice lorsqu’on augmente sa vitesse. En effet, il a été montré dans la section 11.1.1
qu’une machine série ne peut s’amorcer en génératrice que si elle tourne dans un sens opposé
au sens de rotation en moteur. De plus, la génératrice série ne convient pas au branchement à
une source de tension constante. Pour réaliser le freinage avec récupération du moteur série,
on transforme la machine série en génératrice à excitation indépendante en branchant
l’inducteur sur une source distincte à basse tension.

a2) - Moteur série alimenté sous tension variable


Considérons un moteur alimenté selon le schéma de la figure 11.28. Pour que
l’amorçage se réalise en génératrice, le courant dans l’inducteur doit rester inchangé. On
change alors les connexions entre l’induit et l’inducteur comme indiqué sur la figure 11.38.
On utilise alors le hacheur de type parallèle. L’interrupteur statique T conduit pendant la
durée T de la période de hachage T. Pendant ce temps, la diode empêche le court-circuit du
réseau par l’interrupteur T.
Pendant la durée (1-)T de la période de hachage, l’interrupteur T est ouvert, et la
machine fonctionnant en génératrice est connectée au réseau de tension Ve :
La valeur moyenne de la tension aux bornes de la génératrice est égale à (1-)Ve.
Ainsi, en augmentant , on diminue la valeur moyenne de la tension de source dans laquelle la
génératrice débite.

IS
D

T RC
RC
Ve
Ia Ea
IM
IM
Ea Ea
Fig.11.38
IG
IG
Fig.11.39
Fig.11.40

b) - Freinage rhéostatique

b1) - Freinage rhéostatique du moteur série alimenté sous tension constante


Pour réaliser le freinage rhéostatique, on inverse les connexions entre l’induit et
l’inducteur et en même temps on débranche la machine du réseau pour la brancher sur le
rhéostat de charge Rc.
Considérons la figure 11.39 où l’on n’inverse pas ces connexions. Dans ce cas, étant
donné que la petite f.é.m. ear due au flux rémanent a le même sens que le f.é.m. Ea de la

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.26


marche en moteur, elle crée un petit courant IG passant dans l’inducteur en sens inverse du
courant inducteur précédent IM, ce qui fait disparaître l’induction rémanente.
Pour réaliser l’amorçage de cette génératrice série tournant dans le même sens qu’en
fonctionnent en moteur, on inverse les connexions entre l’induit et l’inducteur comme indiqué
sur la figure 11.40.
Pour augmenter le couple de freinage, on augmente le courant en diminuant Rc jusqu’à
son élimination totale aux basses vitesses.

b2) - Freinage rhéostatique du moteur série alimenté sous tension variable


Le schéma de principe est montré sur la figure 11.41. La machine série fonctionne en
génératrice comme celle de la figure 11.38 et est branchée sur une résistance de freinage Rc.
L’interrupteur statique T est branché en parallèle sur la résistance Rc.
L’interrupteur statique T conduit pendant la durée T de la période de hachage T.
Pendant ce temps, le courant dans la résistance Rc est nul et la génératrice est court-circuitée.
Pendant la durée (1 - )T de la période de hachage T, l’interrupteur statique T est
ouvert et la génératrice débite dans la résistance Rc.
Tout se passe comme si on avait connecté en permanence, aux bornes de la
génératrice, une résistance de valeur (1-) Rc. Cette résistance apparente varie de Rc à o
lorsque  varie de 0 à 1.

11.7 RÉGLAGE DE LA VITESSE DE ROTATION D’UN MOTEUR À AIMANT PERMANENT

Les caractéristiques du moteur à aimant permanent sont montrées sur la figure 11.42.
Lorsque la tension d’alimentation Va est constante, on ne sait pas faire varier la vitesse à vide.
Cependant on peut faire varier la vitesse en charge en mettant des résistances en série avec
l’induit.
Soit nN la vitesse nominale qu’on obtient lorsque l’induit est directement relié à la
source. Lorsqu’on met la résistance R1 en série, la vitesse passe à n1. De même, avec la
résistance R2, la vitesse passe à n2. Plus la résistance additionnelle est grande, plus la vitesse
diminue. Cependant, lorsque la résistance additionnelle augmente, les pertes dans celle-ci
augmentent et le rendement diminue.

n
IS n (Cr)
nN n (C),R = 0
T n1

n2 n (C),R1
RC
Ia Ea
n (C),R2
CN C
Fig.11.42
Fig.11.41

Machines électriques - Kamabu Tsongo 11.27


Chapitre 12

RENDEMENT DES MACHINES A COURANT CONTINU


12.1 PERTES DE PUISSANCE DANS UNE MACHINE A COURANT CONTINU

Dans une machine à courant continu, les pertes de puissance apparaissent sous les
formes suivantes : pertes dans le cuivre pcu, pertes dans le fer pfe, pertes mécaniques pméc et les
pertes supplémentaires psup dans le fer et dans le cuivre.
A vide, des pertes magnétiques supplémentaires apparaissent dans la culasse, ainsi que
dans les noyaux et les pièces polaires à cause de la pulsation imposée au champ magnétique par
la denture de l'induit.
En charge, les pertes supplémentaires sont dues aux faits suivants :
a) Pertes magnétiques supplémentaires :
- La réaction d'induit déforme la courbe de l'induction dans l'entrefer. La valeur de l'induction dans
les dents augmente ; ce qui fait que les pertes dans ces dents augmentent.
- Le courant alternatif du rotor crée dans les pièces voisines des têtes des sections un champ
magnétique alternatif causant des pertes magnétiques dans ces pièces.
b) Pertes supplémentaires dans le cuivre. Elles sont dues :
- à la majoration des pertes dans les conducteurs de l'induit due à la répartition non-uniforme du
champ magnétique suivant la hauteur de l'encoche (section 1.6.3.a) ;
- au courant circulant dans les connexions équipotentielles.
Il est difficile de calculer ou de mesurer les pertes supplémentaires. Elles sont faibles dans
les machines modernes. Selon les normes, les pertes supplémentaires totales valent : 1% de la
puissance nominale pour les machines non compensées et 0,5% de la puissance nominale pour
les machines compensées [5,6]. Dans les sections 10.5 et 11.1.2. ; les pertes supplémentaires
sont inclues partiellement dans le terme pfe et partiellement dans le terme pcu.
Soient : Σp, la somme des pertes, Pe la puissance électrique, Pméc la puissance mécanique,
ηg le rendement de la génératrice et ηm le rendement du moteur. Ce rendement vaut :
Pe = V a I a Pméc V a I a - p
g = m = =
P méc V a I a + p Pe Va Ia
(12.1)

12.2 MESURE DU RENDEMENT PAR LA MÉTHODE DIRECTE

La méthode directe consiste à mesurer directement la puissance électrique Pe et la


puissance mécanique Pméc et à faire le rapport entre ces deux puissances. Pour mesurer la
puissance électrique Pe, on se sert, soit d'un voltmètre et d'un ampèremètre, soit d'un wattmètre.
La mesure de la puissance mécanique peut être réalisée à l'aide d'un torsiomètre ou d'une
dynamo-frein. Ces deux derniers appareils donnent une mesure du couple C et la puissance
mécanique est calculée en prenant le produit Pméc = CΩ du couple C et de la vitesse de rotation Ω.
La méthode directe est avantageuse par le fait qu’en mettant la machine en charge, elle
prend en compte les pertes qu’on ne sait pas mesurer. Cependant, cette méthode directe présente
les inconvénients suivants :
- Elle nécessite un récepteur capable d’absorber en charge toute la puissance utile.
- Elle exige quatre lectures : Va, Ia, C, Ω (ou n). Étant donné que les erreurs éventuelles s'ajoutent,
l'erreur totale sur le rendement peut atteindre une valeur inadmissible.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.1
Pour les grosses machines, l’essai par la méthode directe peut être difficile à réaliser. Il est
préférable d’utiliser une méthode indirecte qui met en jeu des puissances beaucoup plus faibles
que celle de la machine à étudier. Une méthode indirecte consiste à déterminer le rendement par
la mesure des pertes (relation 12.1).

12.3 MESURE DU RENDEMENT PAR LA MÉTHODE SWINBURNE

12.3.1 Mesure de la résistance du circuit d'induit

Comme expliqué dans la section 9.4.5, la résistance Ra du circuit d'induit comprend : la


résistance de l'enroulement d'induit Rr, la résistance de l'enroulement de commutation Rc et la
résistance du contact balais-collecteur RB. La résistance RB dépend de plusieurs facteurs dont : - le
sens du courant, - l'intensité du courant, - l'état de la surface de contact entre le balai et le
collecteur, - la vitesse de rotation, - la température de la surface de contact, etc. La mesure de la
résistance Ra présente un certain nombre de difficultés [7]. En effet :
- Si on effectue la mesure de Ra avec l'induit au repos, le contact balais-collecteur n’a pas le
même état qu'en rotation.
- Si on effectue la mesure de Ra avec l'induit en rotation, on doit prendre en compte la f.é.m.
rémanente Erém. Pour éliminer l'effet de Erém, on peut effectuer la mesure :
- soit dans les deux sens de rotation, mais le contact balais-collecteur n’est plus dans le même
état ;
- soit pour les deux sens du courant de mesure.
Pour mesurer la résistance par inversion du courant, on utilise la méthode du voltmètre et
de l'ampèremètre suivant le schéma de la figure 12.1. On obtient :
- le courant étant dans le sens indiqué sur la figure 12.2.a :
A - B - Erém = RaI ou encore VAB - Erém = RaI
- le courant étant dans le sens indiqué sur la figure 12.2.b :
'B - 'A + Erém = RaI ou encore - V'AB + Erém = RaI
- La sommation donne :
VAB  VAB
'
VAB  VAB
'
 2 Ra I ou Ra  (12.2)
2I
A
A

V ind M

B
. Fig.12.1

On obtient ainsi la courbe de Ra = f(I) pour une valeur donnée de la vitesse de rotation : n = Cte.
Selon les normes, la valeur de la résistance Ra doit être rapportée à la température de 75°C.
Connaissant la température durant l’essai, on calcule la valeur de Ra à 75C en tenant compte du
coefficient α de variation de la résistance avec la température.
Si on fait la mesure avec le rotor à l'arrêt, on relève la tension VAB aux lames du collecteur
sous le balai ; ce qui donne Rr = VAB/I. La résistance du contact balais-collecteur est obtenue à
Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.2
l'aide de la relation RB = ΔVB/I, où l'on suppose que ΔVB est constant, ses valeurs proposées par
les normes étant reprises dans la section 9.4.5.
pméc+pfe
A I Ra A Ra

Erem pfe
VAB V’AB Erem
I
pméc
B B
a) b) E a0
. Fig.12.2 . Fig.12.3
12.3.2 Mesure des pertes mécaniques et des pertes dans le fer

On prédétermine par calcul les valeurs maximales et minimales de la f.é.m. Ea qu'on peut
avoir dans la machine en charge. Ces valeurs sont les suivantes :
- Maximum, fonctionnement en génératrice : Emax = VaN + RaNIaN
- Minimum, fonctionnement en moteur : Emin = VaN - RaNIaN
On fait alors fonctionner la machine en moteur à vide, à excitation indépendante. On fait
varier la tension d'alimentation entre Va  Emin et Va  Emax ; et pour chaque valeur de Va, on règle le
courant d'excitation de manière à obtenir la vitesse Ωo choisie pour l'essai. Pour plusieurs points de
fonctionnement ainsi fixés, on relève les valeurs de la tension à vide Vao, du courant d'induit Iao, de
la vitesse de rotation Ωo et du courant d'excitation Ifo.
Pour chaque point de fonctionnement à vide, on détermine par calcul la valeur de la f.é.m.
à vide : Eao = Vao - Rao Iao.
Durant le fonctionnement à vide, on a aussi la relation suivante entre les grandeurs
mesurées : Vao = Eao + Rao Iao. En multipliant par Iao on obtient : VaoIao = EaoIao + RaoI2ao, où : VaoIao
est la puissance absorbée par le moteur à vide, RaoI2ao représente les pertes dans le cuivre du
circuit d'induit pcuo, EaoIao représente la somme des pertes mécaniques à vide pméco et des pertes
dans le fer à vide pfeo.
De quoi dépendent en fait les pertes mécaniques et les pertes dans le fer ?
a) - Pertes mécaniques : Les pertes mécaniques ne dépendent que de la vitesse de rotation.
C'est dire que si la machine fonctionne en génératrice ou en moteur, avec une charge quelconque,
à une vitesse Ω égale à la vitesse Ωo à laquelle fonctionnait la machine en moteur à vide, les
pertes mécaniques en charge pméc seront égales aux pertes mécaniques à vide pméco, d'où pméc =
pméco si Ω = Ωo.

b) - Pertes dans le fer : Il a été montré dans la section 1.6.3.b que les pertes dans le fer
dépendent de la fréquence f et de l'induction B. Dans la section 8.2.4, il a été montré aussi que la
fréquence est proportionnelle à la vitesse : f = pn/60. D'autre part, l'induction B étant donnée par le
rapport B = /S et sachant que E = K'n, on aura  = E/K'n et B = E/K'Sn. L'induction dépend
donc de la f.é.m. E et de la vitesse de rotation n. C'est dire que si la machine fonctionne en
génératrice ou en moteur avec une charge quelconque, mais à une vitesse Ω (ou n) et avec une
f.é.m. E (ou un flux ) respectivement égales à la vitesse Ωo et à la f.é.m. Eao (ou le flux o) avec
lesquelles la machine fonctionnait en moteur à vide, les pertes dans le fer en charge pfe seront
égales aux pertes dans le fer à vide pfeo, d'où pfe = pfeo si Ω = Ωo et Ea = Eao.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.3


A partir des résultats du fonctionnement du moteur à vide, on détermine la somme des
pertes mécaniques et des pertes dans le fer à la vitesse Ωo et à la f.é.m. Eao :

2
pméc + pfe = EaoIao = VaoIao - Ra I ao (12.3)

On peut donc tracer la courbe pméc + pfe = EaoIao = f(Eao) pour no = Cte ( ou Ωo = Cte ). Une telle
courbe est reprise sur la figure 12.3. Si on trace la courbe pméc + pfe = f(Eao2) pour no = Cte (ou Ωo =
Cte), on obtient une droite. En extrapolant cette droite, l'ordonnée à l'origine donne les pertes
mécaniques pméc. On réalise ainsi la séparation des pertes mécaniques et des pertes de fer.
Le courant d'excitation Ifo mesuré au cours de l'essai à vide varie très peu avec le courant
en charge pour Ω = Ωo et Ea = Eao.

12.3.3 Séparation complète des pertes

Les pertes mécaniques pméc peuvent être séparées en pertes par frottement pf = kf n et en
pertes par ventilation pv = kv n² ; d'où les relations :
p méc = k f n + k v n 2 (12.4)
pméc
= k f + kv n (12.5)
n
A partir des courbes pméc + pfe = f(Ea0) pour no = Cte, on détermine la valeur des pertes mécaniques
pméc pour différentes valeurs de la vitesse de rotation n. On trace alors la courbe pméc/n = f(n).
Celle-ci est une droite d'où l'on déduit l'ordonnée à l'origine kf et le coefficient angulaire kv.
Conformément à la relation (1.73) les pertes magnétiques pfe peuvent être séparées en
pertes par hystérésis p H = k hi n B 2 et en pertes par courants de Foucault p F = k fo n 2 B 2 ; d'où la
relation
p fe = k hi n B2 + k fo n2 B2 (12.6)
Étant donné que les pertes magnétiques pfe dépendent du rapport D = E/n, pour une valeur
donnée de ce rapport (c.-à-d. pour une valeur donnée du flux  ou de l'induction B), la relation
(12.6) s'écrit [27] :
p fe = k h n + k f n2 (12.7)
p fe
= kh+ k f n (12.8)
n
Les courbes pméc + pfe = f(Eao) pour no = Cte nous donnent aussi, en changeant l'origine de l'axe des
ordonnées, la courbe pfe = f(Eao) pour no = Cte. On se fixe une valeur D1 du rapport E/n. Pour
chaque valeur n1 de la vitesse de rotation, on calcule la valeur de la f.é.m. E1 = D1n1 et on lit sur les
courbes des pertes, la valeur des pertes magnétiques pfe1 correspondant à n1 et E1 (c-à-d. à D1).
On trace alors la courbe pfe/n = f(n) pour E/n = Cte. Celle-ci est une droite d'où l'on déduit
l'ordonnée à l'origine kh et le coefficient angulaire kf. A partir de ces valeurs de kh et de kf, et à l’aide
de la formule (12.7), on calcule pour une vitesse n les pertes par hystérésis et les pertes par
courant de Foucault.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.4


12.3.4 Calcul du rendement

Pour une valeur donnée du courant Ia, on calcule la f.é.m. Ea correspondant au


fonctionnement de la machine en charge, en génératrice ou en moteur, sous la tension Va = VaN et
à une vitesse de rotation Ω = Ωo :
Ea = VaN + RaIa, fonctionnement en génératrice
Ea = VaN - RaIa, fonctionnement en moteur
Pour Ea = Eao, on lit la valeur de EaoIao sur la courbe pméc + pfe = EaoIao = f(Eao). On détermine
le rendement à l'aide des formules suivantes :
- Excitation en dérivation:
V a ( I a - I fo )
g= 2
(12.9)
V a ( I a - I fo ) + E ao I ao + R a I a + V f I fo + p sup
2
V a ( I a + I fo ) - E ao I ao - R a I a - V f I fo - p sup
 m= (12.10)
V a ( I a + I fo )

- Excitation série
VaIa
g= 2
(12.11)
V a I a + E ao I ao + ( R a + R s ) I a + p sup
2
V a I a - E ao I ao - ( R a + R s ) I a - p sup
 m= (12.12)
VaIa
Si on reprend ces opérations pour différentes valeurs du courant Ia, on obtient la courbe η = f(Ia)
ou η = f(VaIa).

12.3.5 Appréciation de la méthode de Swinburne

a) - Inconvénients : Compte tenu de la différence éventuelle entre le flux  à vide et en charge, la


méthode de Swinburne conduit toujours à une valeur de rendement supérieure à la valeur réelle,
d’environ 1 à 2% [5].

b) - Avantages : - Son application est facile. - Elle donne le rendement pour tous les régimes. -
Elle donne les valeurs des pertes de différentes natures. - Elle implique une faible consommation
d'énergie. La méthode ne commet donc pas d'erreur de mesure sur la grandeur la plus importante
VaIa, qui n’est pas déterminée par mesure. Les erreurs commises dans la mesure des pertes n’ont
qu’une faible influence sur la valeur du rendement.
A cause de ces avantages, la méthode de Swinburne est la méthode la plus employée
pour mesurer le rendement d'une machine à courant continu.

12.4 MESURE DU RENDEMENT PAR LA MÉTHODE D'OPPOSITION

Cette méthode est aussi dite de récupération. Elle utilise deux machines identiques dont les
rendements peuvent être supposés égaux. On couple mécaniquement les deux machines et on

Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.5


les relie électriquement de façon telle que : - La première fonctionne en moteur entraînant la
deuxième ; - La seconde fonctionne en génératrice alimentant la première.
De l'extérieur, l'ensemble des deux machines ne reçoit qu'une puissance réduite servant à
compenser les pertes Σp des deux machines. En supposant que les rendements des deux
machines sont égaux, les pertes de chaque machine valent Σp/2. On en déduit les valeurs du
rendement.
Notons que l'excitation du moteur règle la vitesse du groupe, tandis que l'excitation de la
génératrice fixe la f.é.m. de la génératrice et donc le courant qui circule entre les deux machines.
En ce qui concerne l'appréciation de cette méthode, on peut dire qu’elle exige une faible
dépense d'énergie ; mais qu’elle fait appel à une hypothèse simplificatrice qui réduit sa précision.

12.5 CARACTÉRISTIQUE DU RENDEMENT : η = f(Ia) pour Va = Cte

La courbe obtenue est reprise sur la figure 12.4. Si on néglige le courant d'excitation Ifo
dans l'expression du rendement et si on annule la dérivée première dη/dIa, on trouve que le
rendement d'une machine shunt par exemple atteint son maximum lorsque : pméc + pfe + VfIf0 =
RaIa2. En général, le rendement d'une machine électrique est maximal pour une charge telle que
les pertes constantes sont égales aux pertes variables qui dépendent du carré du courant. C'est
dire qu'en répartissant convenablement les pertes, le constructeur peut faire correspondre le
rendement maximal à une charge donnée.

η [%]

100

IN Ia
Fig.12.4

Machines électriques - Kamabu Tsongo 12.6


Chapitre 13

MACHINES SPECIALES A COLLECTEUR


13.1 MOTEUR SERIE MONOPHASE

13.1.1 Constitution

Le moteur série monophasé (figure 13.1) porte au stator un enroulement d'excitation série
EF (ou f), un enroulement des pôles auxiliaires GH (éventuellement en parallèle avec une
résistance R) et un enroulement de compensation G'H'. Il porte au rotor un enroulement d'induit
fermé r à collecteur. Tous ces enroulements sont reliés entre eux en série.
F
i

v E
Ω
G’ H’ G H
d
q
A B
E dyn R

Fig.13.1
13.1.2 Equation de tension

Supposons dans un premier temps que la résistance R ainsi que les enroulements GH et
G'H' soient absents. On obtient une machine similaire à la machine série à courant continu. Si on
applique à ce moteur une tension sinusoïdale v = Vm cos(ωt + ), il va circuler dans les
enroulements un courant sinusoïdal i = Im cos ωt. Supposons que les balais soient calés sur la
ligne neutre théorique. Le courant i circulant dans l'enroulement EF donne naissance à un flux
longitudinal d = dm cos(ωt -  ) déphasé du courant i, comme dans le transformateur, d'un faible
déphasage  , négligeable.
Lorsque le rotor tourne dans le champ longitudinal, ses conducteurs seront le siège d'une
f.é.m. dynamique ou de rotation edyn due à la rotation de ces conducteurs. La valeur de edyn,
calculée à partir de la relation (9.4), vaut : edyn = Kd Ω = Kdm Ω cos(ωt -  ) = 2 Edyn cos(ωt -
 ) où K = pN/(2πa) et Ω est la vitesse angulaire. La f.é.m. edyn est en phase avec le flux d.
De plus, que le rotor tourne ou pas, les enroulements sont le siège des f.é.m. statiques ou
de transformation et = - Ldi/dt dues à la variation du courant i. Les balais étant calés sur la ligne
neutre théorique, les axes des enroulements inducteur f et d'induit r sont électriquement
perpendiculaires de sorte que l'inductance mutuelle entre ces deux enroulements est nulle.
Soit R = Rf + Rr, la résistance totale du circuit électrique (inducteur + induit), et L = Lf + Lr
son inductance. L'équation de la tension est la suivante : v = edyn + R i + Ldi/dt, ou en grandeurs
complexes :
V = E dyn + R I + jL I (13.1)
Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.1
Le diagramme de phaseur correspondant est illustré sur la figure 13.2.

13.1.3 Courant absorbé par un moteur série monophasé

En négligeant l'angle  , on peut écrire (figure 13.2) :


V cos  - E dyn
V cos   E dyn + R I ou I (13.2)
R
Cette relation montre qu'en courant alternatif, le moteur série absorbe un courant beaucoup plus
faible qu'en courant continu, car en courant continu, le courant est donné par la relation : I = (V -
E)/R.
I
V jωLI
I pa
 RI Ir I2
I
β E dyn Ф dm I1
Fig.13.3
Fig.13.2

13.1.4 Facteur de puissance d'un moteur série monophasé

En négligeant l'angle , on peut écrire :


LI LI
tg    (13.3)
E dyn + RI K  RI
Lorsque LI augmente ou lorsque Edyn = K diminue, tg  augmente et le facteur de puissance
cos  diminue. En courant alternatif, le moteur série fonctionne avec un faible facteur de
puissance. Pour augmenter ce facteur de puissance, il faut réduire LI et augmenter Edyn. Pour
cela, le constructeur réduit L et augmente , alors que l’exploitant lui diminue  = 2f.

A - Remèdes adoptés par le constructeur


L'inductance est donnée par la relation L = Nf2/ℛf + Nr2/ℛr où ℛ est la réluctance du circuit
magnétique et N le nombre des spires. Étant donné que la réluctance ℛf du circuit magnétique du
flux inducteur est beaucoup plus faible que la réluctance ℛr du circuit magnétique du flux d'induit, le
constructeur réduira le nombre Nf des spires de l'inducteur.
Cependant, en réduisant Nf, on réduit aussi le flux statorique d et donc le couple Cém =
Kdi. On rattrape la diminution de d par augmentation du nombre Nr des spires rotoriques. Par
conséquent, dans le moteur série monophasé, la f.m.m. de l’induit est de loin supérieure à la
f.m.m. de l’inducteur. On dit que ce moteur est tout en induit. L’accroissement du nombre Nr
conduit à un accroissement du diamètre de l’induit. A puissance et vitesse égale, le moteur série
monophasé est environ 20 % plus volumineux que le moteur série à courant continu.
L'augmentation de Nr conduit à une augmentation du flux d'induit et donc de la réaction
d'induit. Pour atténuer les effets de cette réaction d'induit, on fait recours à des enroulements de
compensation G'H', qui sont, soit connectés en série avec l'induit, soit fermés sur eux-mêmes
(écran électrodynamique). On obtient un moteur série monophasé compensé.
L'autre remède utilisé par le constructeur consiste à calculer le moteur pour une vitesse
nominale ΩN aussi grande que possible. Comme la puissance est donnée par le produit CΩN, le
Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.2
constructeur peut, à égale puissance, diminuer le couple Cém et réduire donc les dimensions du
moteur.

B - Remède apporté par l'exploitant


Pour réduire ω =2πf1, l’exploitant recourt à une source de fréquence faible. Les valeurs
utilisées sont celles de f1 = 50/3 Hz = 16 2/3 Hz ou f1 = 50/2 Hz = 25 Hz.
Avec ces remèdes, on obtient un facteur de puissance de l’ordre de 0,85 à 0,9 en
fonctionnement normal [5].

13.1.5 Couple électromagnétique du moteur série monophasé

Compte tenu de la relation (9.8) :


C ém = K d i = K  dm I mcos t cos( t -  )

K dm I m
Cém  [cos   cos(2 t   ) ].
2
Ce couple comporte une composante constante proportionnelle à cos β et une composante
alternative de fréquence f = 2f1. La valeur moyenne du couple Cmoy s'obtient par intégration du
couple instantané sur la période T = 1/f :
K  dm I m
cos  =  dm cos 
1 T K I
C moy = 0 C ém dt = (13.4)
T 2 2
En courant alternatif, le couple est plus faible qu'en courant continu parce que le courant absorbé
est plus faible. A égalité de courant I et d'amplitude Bm de l'induction, le couple est 2 fois plus
petit qu'en courant continu.
La puissance électromagnétique convertie en puissance mécanique vaut :
Pém = C moy  = E dyn I cos  (13.5)

13.1.6 Rendement du moteur série monophasé

Le noyau magnétique de l'inducteur n'est plus parcouru par un flux constant comme dans
un moteur à courant continu, mais par un flux alternatif. Aux pertes du moteur série à courant
continu il vient s'ajouter, en courant alternatif, les pertes dans le fer de l'inducteur qui chauffe le
stator. D'autre part, l’accroissement du diamètre de l'induit conduit à une augmentation des pertes
dans le cuivre de l'induit. Par conséquent, en courant alternatif, le moteur série a un faible
rendement.
Pour réduire les pertes par courant de Foucault dans le noyau de l'inducteur, on le fabrique
à partir d'un empilage de tôles d'acier magnétique isolées. Comme, cet artifice ne diminue pas les
pertes par hystérésis dans le fer du stator, pour augmenter le rendement et diminuer
l'échauffement, on adopte des valeurs modérées de l’induction et de la fréquence.

13.1.7 Commutation dans un moteur série monophasé

On a vu dans la section 9.3 que la commutation est retardée par la f.é.m. de réactance er et
la f.é.m. dynamique ou de rotation ek dans la section qui commute. En alternatif, une troisième
f.é.m. apparaît dans la section court-circuitée par les balais, à savoir la f.é.m. statique ou de
transformation et. En effet, la section en commutation apparaît comme le secondaire court-circuité
Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.3
d'un transformateur ayant comme primaire l'enroulement inducteur. Le courant circulant dans cette
section atteint des valeurs plusieurs fois supérieures au courant d'induit. Ce courant peut créer des
étincelles au collecteur et échauffer les balais jusqu'au rouge. C'est dire qu'en courant alternatif, la
commutation d'un moteur série est mauvaise.
Pour que le moteur série fonctionne convenablement en courant alternatif, il doit subir des
aménagements afin que sa commutation soit améliorée. Dans le moteur série monophasé
moderne, la commutation a été améliorée de façon que ce type machine soit adapté même à une
fréquence de 50 Hz. Pour améliorer cette commutation, le constructeur recourt à un certain
nombre d'artifices dont : l'enroulement des pôles auxiliaires GH, la réduction de la densité du
courant dans le contact balais - collecteur, le shuntage de l'enroulement des pôles auxiliaires par
une résistance R, etc.
Pour expliquer l'effet de la résistance R, on représente sur la figure 13.3, les composantes
du courant I : la composante I r circule dans la résistance R et la composante I pa dans
l'enroulement du pôle auxiliaire. Entre les courants I r et I pa , il y a un déphasage de π/2. Le
courant I pa est à son tour formé de deux composantes :
- le courant I 1 , en phase avec le courant I et dont la f.m.m. annule les f.é.m. er et ek ;
- le courant I 2 déphasé de π/2 en avance par rapport à I et dont la f.m.m. annule la f.é.m. de
transformation et = - Ldi/dt avec E t = - jωL I . La f.é.m. E t est déphasée de π/2 en arrière par
rapport au courant I . Le courant I 2 circule dans le pôle auxiliaire et crée dans la section en
commutation une f.é.m. dynamique e2 = K'i2Ω en phase avec le courant I 2 , donc déphasé de π/2
en avance sur le courant I et qui annule et.
Notons que la f.é.m. e2 est proportionnelle à la vitesse de rotation alors que la f.é.m. et n'en
dépend pas. C'est dire que la correction ci-dessus n'est parfaite qu'à une valeur donnée de la
vitesse.

N
I
IN
I
IN

1 N
V 1
VN

0,6
0,4

1 Cém
moy
Fig.13.4

13.1.8 Caractéristiques du moteur série monophasé

Ces caractéristiques sont celles du moteur série à courant continu. Elles sont illustrées sur
la figure 13.4. A chaque tension V correspond une caractéristique Cém= f(Ω) différente. Le réglage
de la vitesse de ce moteur est donc réalisé par action sur la tension d'alimentation au moyen d'un
Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.4
transformateur. On inverse son sens de rotation en changeant le sens du courant dans
l'enroulement inducteur. Au démarrage, on réduit la tension d'alimentation. Cette opération est
réalisée, soit à l’aide d’un rhéostat en série pour les petits moteurs, soit à l’aide d’un
autotransformateur.

13.1.9 Emploi du moteur série monophasé

A. Comme moteur de traction : Le transformateur abaisseur installé sur la locomotive permet


que la caténaire soit alimentée en haute tension; ce qui réduit son poids et son prix. Le démarrage
et le réglage de la vitesse s'effectuent par action sur un transformateur ; ce qui permet d’éviter la
consommation d’énergie par un rhéostat. Dès lors, bien que le rendement des moteurs soit plus
faible qu'en courant continu, le rendement total du réseau à courant alternatif devient supérieur à
celui du réseau à courant continu.

B. Comme petit moteur série universel : Un moteur universel est un moteur qui peut être
alimenté en courant continu ou en courant alternatif monophasé à la fréquence industrielle [17].

13.2 MOTEUR À RÉPULSION

a) Constitution : Le moteur à répulsion, dit aussi moteur Thomson, est représenté


schématiquement sur la figure 13.5. Son stator porte l'enroulement d'excitation f. Son rotor porte
un enroulement d'induit fermé à collecteur, qui est mis en court-circuit par une connexion électrique
entre les balais. Le moteur est muni d'un dispositif spécial (non représenté) qui permet de caler les
balais dans une position.
f If

f Vf
q
d
Fr
α
α
C

Ffd
Ffq

Ff

Fig.13.5

b) Mode de fonctionnement : On caractérise la position des balais par l'angle α entre l'axe
longitudinal rotorique d (perpendiculaire à l'axe des balais) et l'axe de l'enroulement statorique f.
L'enroulement d'excitation f est branché sur un réseau à courant alternatif. Il est parcouru par un
courant alternatif de valeur efficace égale à If. Ce courant crée une f.m.m. pulsante Ff ayant deux
Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.5
composantes : - la f.m.m. Ffq = Ffsinα dirigée le long de l'axe q des balais, - et la f.m.m. Ffd = Ffcosα
orientée le long de l'axe longitudinal d (perpendiculaire à l'axe des balais). Le rotor étant à l'arrêt, la
f.m.m. Ffd n'induit aucun courant dans le rotor. De la même manière que dans l'enroulement
secondaire d'un transformateur la f.m.m. Ffq induit, dans l'enroulement rotorique immobile, une
f.é.m. statique ou de transformation Ertr qui crée dans le rotor un courant Ir qui s’oppose au champ
statorique transversal en créant une f.m.m. Fr opposée à Ffq. Le courant Ir et le flux d dû à Ffd
interagissent pour créer un couple électromagnétique dont la valeur est donnée par la relation
(13.4). Ce couple agit dans le sens opposé à celui dans lequel on a déplacé les balais à partir de la
ligne neutre.

c) Démarrage : Avant le démarrage, on place les balais à proximité de la ligne neutre. Pour
démarrer le moteur, on décale progressivement les balais dans le sens opposé à celui qui est
souhaité pour la rotation.

13.3 MOTEUR DÉRI

Le moteur Déri est une variante du moteur à répulsion qui possède, deux jeux de balais par
paire de pôles.

13.4 MOTEUR RÉPULSION-INDUCTION

C'est un moteur qui fonctionne à répulsion uniquement au démarrage car en régime


normal il fonctionne en asynchrone. Le moteur démarre comme un moteur à répulsion.
Quelques instants avant que le moteur n’atteigne la vitesse de régime, les lames du collecteur
sont mises en court-circuit par un court-circuiteur centrifuge. Dès lors, le moteur passe du
fonctionnement à répulsion au fonctionnement en asynchrone. Dès que le moteur ralentit à la
suite de fortes surcharges, le fonctionnement redevient celui du moteur à répulsion.

Machines électriques – Kamabu Tsongo 13.6


CINQUIEME PARTIE

Chapitre 14

CHAMP MAGNETIQUE DES ENROULEMENTS


A COURANT ALTERNATIF

14.1 CONCEPT DE FORCE MAGNÉTOMOTRICE

14.1.1 Champ magnétique d’une bobine à pas diamétral

Partons d'une machine à entrefer δ constant (figure 14.1). Le stator de cette machine
bipolaire est muni d'encoches dans lesquelles est logée une bobine diamétrale à nb spires
parcourues par un courant i. On a considéré une bobine par paire de pole. Sur cette figure, le point
dans l'encoche indique que le courant sort de la feuille et circule vers le lecteur (de l'arrière à
l'avant) ; tandis que la croix indique le sens contraire. Ce courant donne naissance à un champ
magnétique dont les lignes (de champ) sont représentées en trait interrompu. Appliquons le
théorème d'Ampère sur le contour 122'1'1 :
F

H
2
1
1’

2’ δ

Fig.14.1
 
 H.d  = nb i (14.1)
D'autre part, on peut supposer que les noyaux magnétiques du stator et du rotor ont une
perméabilité infiniment plus grande que celle de l'air de l'entrefer. Pour une valeur infiniment
grande de la perméabilité μfer, et une valeur finie de l'induction Bfer, l'intensité du champ Hfer à
l'intérieur des noyaux magnétiques est négligeable : Hfer = B fer /  fer  0. Dès lors, la différence de
potentiel magnétique à l'intérieur des noyaux magnétiques est négligeable (portion 22' et 1'1). La
relation (14.1) s'écrit alors :
  2   1  
 H.d  =  1 H.d  +  2 H.d  = nb i (14.2)
Compte tenu de la structure de la machine, le champ magnétique aura les sens suivants : -
du rotor vers le stator, sur la face supérieure du rotor ; - du stator vers le rotor, sur la face inférieure
du rotor. Compte tenu de la symétrie de la machine, on aura :
2
  1  
 1 H.d  =  2 H.d  (14.3)
ou encore :
2
  1   2
 
 1 H.d  +  2 H.d  = 2 1 H.d  = nb i ; (14.4)
d'où :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.1


2
  nb i
1 H.d  = (14.5)
2
Cette différence de potentiel magnétique est appelée force magnétomotrice (f.m.m.). Elle est
désignée par la lettre F ou ℱ. Dans la suite du texte, la f.m.m. et le champ dans l'entrefer seront
considérés comme positifs lorsqu'ils agissent dans le sens allant du rotor (R) vers le stator (S) :
 
ℱ =  R H.d 
S
(14.6)
En appliquant ces conventions sur la figure 14.1, on obtient :
- sur la face supérieure du rotor, compte tenu de (14.5)
  nb i
ℱ = 1 H.d  =
2
(14.7)
2
- sur la face inférieure du rotor, compte tenu de (14.4) et (14.5) :
2
  1
    nb i
ℱ = 1 H.d  = -  2 H.d  = - 1 H.d  = -
2
(14.8)
2
La position d'un point dans l'entrefer est repérée sur la figure 14.1 à l'aide de la coordonnée
angulaire  mesurée à partir de l'axe de la bobine (écart angulaire par rapport à l’axe de la bobine).
Les relations (14.7) et (14.8) permettent d'établir la courbe de variation de la f.m.m. en fonction de
la position dans l'entrefer : ℱ = f(). Cette courbe est reprise sur la figure 14.2. Sur cette figure,
l'entrefer annulaire a été remplacé par un entrefer plan. La courbe de la f.m.m. est une courbe en
créneaux. Ici on néglige l'effet de l'ouverture de l'encoche sur la f.m.m. Au passage par l'encoche,
la f.m.m. change d'une valeur nb i égale au courant de cette encoche. Le courant est considéré
comme positif lorsqu'il circule de l'arrière à l'avant.

F

Fig.14.2

Si l'on choisit le chemin d'intégration (12 ou 1'2') de manière à ce qu'il coïncide avec une
ligne de champ, on a :
ℱ =  1 H.d = H ;
2
(14.9)
D'où l'on peut tirer l'expression de l'intensité du champ magnétique : Hδ = ℱ/δ =  nb i /2, ainsi que
celle de l'induction magnétique dans l'entrefer :
nb i
B =  0 H  =   0 (14.10)
2
Pour la machine à entrefer constant, la courbe ℱ = f() de la figure 14.2 donne à une autre
échelle la courbe de l'induction magnétique dans l'entrefer : Bδ = f(). Celle-ci est une courbe
périodique, de période spatiale T = 2 égale à la circonférence de l'alésage.
La relation (14.10) montre que la courbe de l’induction magnétique Bδ = f() due au courant

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.2


d’une bobine dépend de la structure du circuit magnétique et donc de la forme () et de la position
( ) du fer rotorique. Par conséquent, pour caractériser une bobine statorique, on ne va prendre en
considération que sa position sur le stator et la f.m.m. qu’elle crée.
On peut décomposer la distribution spatiale de ℱ ou de B en série de Fourrier. On
obtient [7] :
4 nb i  cos(2k + 1)
ℱ= 
 2 k =0
(-1 )k
2k + 1
, (14.11)

où la grandeur  est le rang de l'harmonique, avec  = 2k+1 = 1, 3, 5, 7... et k = 0, 1, 2, 3... On


appelle alors harmonique (ou onde) fondamental(e), l'harmonique correspondant au rang de base
de la machine (k = 0,  = 1). Celui-ci aura pour expression :
4 nb i 4 nb i
ℱ1 = cos  = ℱb1m cos  avec ℱb1m = (14.12)
 2  2
et sa courbe est représentée en trait interrompu sur la figure 14.2, nb étant le nombre de spires par
paire de pôles.
C'est l'harmonique fondamental qui a la plus grande amplitude. Les amplitudes des
harmoniques ℱ de rang plus élevé sont beaucoup plus faibles. La courbe de l'induction dans
l'entrefer contiendra les mêmes harmoniques, de sorte que :
B1 = Bb1m cos  (14.13)
En tenant compte seulement de l'harmonique fondamental, la relation (14.12) nous permet
de définir un phaseur spatial ℱ dont le module ℱb1m est égal à la valeur maximale de la f.m.m. et
qui est aligné selon la direction de ce maximum, c'est-à-dire selon l'axe de la bobine. Le phaseur
spatial est représenté sur la figure 14.3. A partir du phaseur spatial ℱ , on détermine aisément la
valeur de la f.m.m. en un point de l’entrefer situé sur l’axe X décalé d'un angle  par rapport à
l'axe de la bobine. Cette valeur donnée par la relation (14.12) peut être obtenue par simple
projection du phaseur ℱ sur l’axe X : ℱx = ℱb1m cos .

F x

F x
θ

Fig.14.3
Sur la figure 14.1, on a considéré un enroulement à pas diamétral. Soient yb le pas
d'enroulement en mètres et  le pas polaire en mètres, avec :
2R R
= = (14.14)
2p p
où R est le rayon. Dans un enroulement à pas diamétral, le pas d'enroulement est égal au pas
polaire, soit yb = . On peut aussi mesurer les pas ci-dessus en angles électriques :  b pour le
pas d'enroulement et  p pour le pas polaire. Le pas polaire vaut
 p= [rad.él] (14.15)
Dans un enroulement à pas diamétral, on a  b =  p = π.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.3


14.1.2. Champ magnétique d'une bobine à pas raccourci

La bobine à pas raccourci est dessinée sur la figure 14.4. Son pas d'enroulement yb est
inférieur au pas polaire , soit yb < . Etant donné que l'arc de cercle de longueur  (mètres)
correspond à l'angle électrique  p = π radians électriques, le pas d'enroulement yb correspondra
à l'angle électrique
 yb
b = [rad.él] (14.16)

Dans un enroulement à pas raccourci, on a :  b <  p = π.
Soient nb le nombre de spires par paire de pôles. Ici ces spires sont réparties en deux
bobines de nb/2 spires chacune. On a une bobine par pôle.

F

3
θ

τ(π ) 1

yb(αb)

Fig.14.4
Pour déterminer la courbe de la f.m.m. dans le cas de la figure 14.4, il suffit de reprendre le
principe énoncé dans la section 14.1.1. En se déplaçant dans le sens positif de l'angle électrique
 , on a constaté que sur l'axe de l'encoche, la f.m.m. augmente d'une quantité égale au courant
dans l'encoche nb i /2 si le courant est dirigé de l'arrière à l'avant de la feuille et diminue de la
même quantité si le courant circule dans le sens opposé. L'équation de la f.m.m. s'écrit alors :
ℱb = nb i /2 pour  <  b /2
= 0 pour  b /2 <  < /2
De nouveau, on peut décomposer cette distribution spatiale en série de Fourrier; ce qui donne [16]:
4 nb i  cos  
ℱb = 
 2  =1
k r

(14.17)

avec :
yb  
k r  = sin( ) = sin b (14.18)
 2 2
La grandeur  est le rang de l’harmonique, avec  = 2k+1 = 1, 3, 5, 7 et k = 0, 1, 2, 3...
Le coefficient k r est appelé facteur de raccourcissement. Il est égal au rapport de
l'amplitude de l'harmonique ℱ d'un enroulement à pas raccourci ( yb < ) à l'amplitude du même

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.4


harmonique ℱ d'un enroulement à pas diamétral ( yb = ). Voici quelques valeurs particulières de
k r :
- pour le premier harmonique ℱ1 :  = 1 et k r1 = sin  b /2  1
- pour un enroulement à pas diamétral :
yb =  et  b = π : kr1 = 1 et k r = sin π/2 = ± 1
Le signe de k r est aussi le signe de l'harmonique ℱ de rang  sur l'axe de la bobine
(figure 14.4), c'est-à-dire pour  = 0 ( kr1 > 0, k r 3 < 0, k r 5 > 0, etc.)
Le facteur de raccourcissement k r dépend du pas d'enroulement yb (ou  b ) et du rang 
de l'harmonique. Lorsque yb = (-1)/, l'harmonique ℱ de rang  s'annule. En effet,  étant un
nombre impair, -1 est un nombre pair et
( - 1)  
k r = sin [ ] = sin [( - 1) ] = 0
 2 2
On pourrait par exemple annuler l'harmonique ℱ3 (ou B3) de rang  = 3, en adoptant un pas
d'enroulement yb = (3-1)/3 = 2/3.

14.1.3 Champ magnétique d’un enroulement bipolaire réparti

On répartit l'enroulement dans les encoches en vue d’obtenir une distribution spatiale de la
f.m.m. proche d'une sinusoïde. La figure 14.5 donne la coupe d'une machine bipolaire à
enroulement réparti. Chaque encoche contient nb spires et chaque spire est parcourue par un
courant i. La courbe de la f.m.m. ou de l’induction découle des principes exposés dans la section
14.1.1. Cette courbe est reprise sur la figure 14.6. Elle est formée d'une série de sauts de hauteur
égale à nb i chacun.

θ
F Bδ

Fig.14.6
Fig.14.5

14.1.4 Champ magnétique d’un enroulement multipolaire réparti

La figure 14.7 donne la coupe d’une machine tétrapolaire (2p = 4) à enroulement réparti.
Pour trouver la distribution de la f.m.m. ou de l’induction dans l’entrefer d’une machine
multipolaire comme celle de la figure 14.7, il suffit de répéter p fois la distribution relative à une
paire de pôles, reprise sur la figure 14.6.
Représentons sur la figure 14.8, un groupe de q bobines. Sur cette figure q = 4. La
f.m.m. de chaque bobine peut être décomposée en une série d’harmoniques. Sur cette figure,
les axes des deux bobines successives sont décalés l’un par rapport à l’autre d’un pas dentaire

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.5


tZ = 2R/Z, où Z est le nombre d’encoches. Les axes des bobines sont décalés de la même
distance, c’est-à-dire d’un angle électrique  = 2p/Z.
Ces f.m.m. ont pour expressions respectives :
ℱ1 = ℱbmcos1
ℱ2 = ℱbmcos2
……………
ℱq = ℱbmcosq
a
θ

F 2 F 3
F bm
F 1 F 1 F 4
F α
4

1 2 3 4 Fig.14.9
Fig.14.7 Fig.14.8

L’angle  i donne la position d’un point de l’entrefer où l’on calcule la f.m.m. par rapport à l’axe
de la bobine i. On peut aussi représenter ces f.m.m. à l’aide de leurs phaseurs spatiaux ℱ , ℱ ,
…, ℱ , qui ont le même module ℱbm. Le résultat obtenu est repris sur la figure 14.9.
La f.m.m. résultante ℱgr du groupe des q bobines est égale à la somme des f.m.m.
produites par les diverses bobines. Elle a une répartition sinusoïdale et a sa valeur maximale
ℱgrm sur l’axe du groupe (axe a sur la figure 14.8) :

ℱgr = ℱgrm cosgr (14.19)

L’angle  gr donne la position du point de l’entrefer où l’on calcule le champ par rapport l’axe du
groupe.
La sommation des f.m.m. des bobines est réalisée sur la figure 14.10 à l’aide des
phaseurs spatiaux :
B
F 4 F grm

F 3 α
C 0
F 2

D
F 1
A
Fig.14.10

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.6


ℱ = ∑ ℱ (14.20)
On remarque que le polygone constitué des phaseurs spatiaux ℱ s’inscrit dans une
circonférence de rayon :

= =

A partir du triangle OCA, on écrit :


ℱ = 2( ) = 2( ) =ℱ (14.21)
Définissons maintenant le facteur de distribution de l’enroulement pour l’harmonique
fondamentale par le rapport :

= (14.22)

Ce facteur caractérise l’influence que la répartition des bobines (dans des encoches distinctes)
exerce sur l’amplitude de la f.m.m. résultante du groupe. Compte tenu de (14.21), ce facteur
vaut :
q
sin
kd1  2 (14.23)

q sin
2
De la même manière on peut déterminer l’amplitude ℱgrm du -ième harmonique de la f.m.m. du
groupe. Ici, on a : α = α. Le facteur de distribution de l'enroulement, pour le -ième harmonique,
donne le rapport k d = ℱgrm/qℱbm et vaut alors :
q
sin
2
k d = (14.24)

q sin
2

TABLEAU 5.1.
Kd1 kd3 kd5 kd7 kd9
q\ 1 3 5 7 9
2 0,9659 0.7071 0.2588 0.2588 0.7071
3 0,9598 0,6667 0,2176 0,1774 0,3333
4 0,9577 0,6533 0,2053 0,1576 0,2706
5 0,9567 0,6472 0,2000 0,1494 0,2472
 0,9549 0,6366 0,1910 0,1364 0,2122

Pour m = 3, le tableau 5.1 donne les valeurs du facteur de distribution k d pour différentes valeurs
de q et de . Ce tableau montre que :
- Lorsqu'on fait croître q, le facteur de distribution kd1, pour le premier harmonique, n'accuse
qu'une baisse peu sensible.
- Lorsqu'on fait croître q, les facteurs de distribution k d pour les harmoniques de rang supérieur
diminuent ; ce qui affaiblit ces harmoniques de rang supérieur. Généralement, pour réduire le rôle

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.7


des harmoniques dits de denture (figure 14.11), on évite les nombres q < 3.

ςm

a) b) c)

Fig.14.11
En résumé, on peut dire que la distribution de l'enroulement dans les encoches assure une
réduction substantielle des harmoniques; ce qui rapproche la courbe de la f.m.m. de la phase de la
sinusoïde.

14.1.5 Facteur d'obliquité

La figure 14.11 montre que suivant la position du pôle rotorique par rapport aux dents
statoriques, la réluctance de l'entrefer est légèrement modifiée; ce qui modifie légèrement le flux et
l'induction magnétique. La courbe de l'induction magnétique (figure 14.11.b) comporte donc une
déformation caractérisée par des harmoniques dues à la denture. Dans certaines machines, on
supprime les harmoniques de denture en inclinant les encoches par rapport aux génératrices du
cylindre (figure 14.11.c). Elles sont inclinées d'un angle mécanique  m , ou d'un angle électrique 
= p m , entre l'entrée et la sortie. Par une inclinaison convenable, on rend constante la réluctance
de l'entrefer quelle que soit la position du pôle rotorique.
L'amplitude de la f.é.m. du conducteur incliné est obtenue en multipliant la f.é.m. du
conducteur axial par le facteur (ou coefficient) d'obliquité, qui vaut [7, 28] :
/2
0 cos d sin(/2)
k 0 = = (14.25)
/2 /2

14.1.6 Facteur d'enroulement


Le produit de k d , k r et k o donne une grandeur kw , appelée facteur (ou coefficient)
d'enroulement :
k w  kd k r ko (14.26)

14.1.7 Champ magnétique d’une phase

Dans la suite, nous allons supposer que par un choix judicieux du facteur de distribution,
du facteur de raccourcissement, et du facteur d’obliquité, la f.m.m. de l’entrefer a été rendue quasi
sinusoïdale. On négligera donc les harmoniques de rang  supérieur à 1; ce qui reviendra à
omettre l’indice  dans l’expression. Pour un enroulement réparti à pas diamétral, compte tenu de

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.8


la relation (14.22), la f.m.m. du groupe vaut :

ℱgr =ℱgrmcos = kd q ℱbm cos  (14.27)

Si l'enroulement est à pas raccourci, l'amplitude ℱbm de la f.m.m. d'une bobine sera réduite
conformément à la relation (14.17). Cette amplitude sera réduite à une valeur égale à kr ℱbm; d'où :
ℱgr = k d k r q ℱbm cos  (14.28)
En remplaçant ℱbm par sa valeur tirée de (14.12), on obtient :
4 nb i
ℱgr = k d k r q cos (14.29)
 2
Lorsque q désigne le nombre d’encoches par phase par pôle (c.-à-d. le nombre de spires par
phase par paire de pôles), le produit qnb représente le nombre de spires par paire de pôles. Si Nph
est le nombre total de spires en série par phase, le produit qnb est donné par : qnb = Nph/p. La
relation (14.29) s'écrit alors :
4 ( k w N ph ) i 4 k w N ph
ℱgr = cos  Agr i cos avec Agr  (14.30)
 2p  2p
où kw = kd kr est le facteur d'enroulement si ko = 1. De nouveau, à partir de la relation (14.30), on
peut déterminer :
- l'intensité du champ magnétique dans l'entrefer δ :
ℱ 4 ( k w N ph ) i
= = cos (14.31)
 2p
- l'induction magnétique dans l'entrefer δ :
4 ( k w N ph ) i
B =  0 H  =  0 cos (14.32)
 2p

14.2 NATURE DU CHAMP MAGNÉTIQUE D'UNE MACHINE ÉLECTRIQUE

14.2.1 Introduction

La figure 14.12 montre un enroulement de Nf spires, d'axe f, parcouru par un courant if. On
suppose que l’enroulement est réparti et que la machine est multipolaire.
X
γ axe f

θ
Nf
repère fixe

Fig.14.12
Il a été montré que, si on néglige les harmoniques rang élevé, la f.m.m. engendrée par

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.9


l'enroulement f dans l'entrefer, en un point de l'axe X formant un angle électrique α avec l'axe f, est
donnée par la relation (14.30) :
4 ( k wf N f ) i f 4 k wf N f
ℱ= cos   A f i f cos  avec A f  (14.33)
 2p  2p
Pour décrire une telle f.m.m., à distribution spatiale sinusoïdale, on a défini dans la section
14.1.1, le phaseur spatial ℱ, dont le module ℱm est égal à la valeur maximale de la f.m.m., et qui
est aligné selon la direction de ce maximum. Le phaseur spatial de la f.m.m. due à l'enroulement f
est repris sur la figure 14.13. La valeur de la f.m.m. en un point de l'axe X s'obtient par projection
du phaseur ℱ sur l'axe X [7].

X F
F

F m
γ F
F m

ωmr
α

θ π
α α
2
Fig.14.14 Fig.14.15
Fig.14.13
Pour la machine considérée sur la figure 14.12, l'axe de l'enroulement f forme un angle
électrique θ avec un repère fixe. D'autre part l'axe X forme avec ce repère un angle électrique .
Dès lors α =  - θ. Suivant les valeurs de l'angle θ et du courant if, le champ dans l'entrefer peut
présenter plusieurs formes :

14.2.2 Enroulement fixe et courant constant

Si l'enroulement est fixe ( et α sont constants) et si le courant est constant, la f.m.m. est constante
dans le temps et a une répartition sinusoïdale dans l'espace, le maximum de la f.m.m. se trouvant
sur l'axe de l'enroulement (figure 14.14). Son expression est donnée par la relation (14.33).

14.2.3 Enroulement tournant et courant constant

Supposons maintenant que l'enroulement f tourne à la vitesse angulaire mécanique Ωm,


c'est-à-dire à une vitesse angulaire électrique ωm = pΩm. Dans ce cas, l'angle  entre l'axe f et le
repère fixe varie dans le temps. Il vaut  = ωmt, si on prend comme origine des temps, l'instant où
l'axe f coïncide avec le repère fixe (0 = 0). Si le courant est constant, la f.m.m. aura de nouveau
une distribution spatiale sinusoïdale dont la valeur maximum est située sur l'axe f de l'enroulement,
cet axe et donc la position du maximum de la f.m.m. étant en rotation permanente (figure 14.15).
On a alors une f.m.m. tournante ou un champ tournant.
En un point de l'axe X, la valeur de la f.m.m. se déduit de la relation (14.33) en tenant
compte du fait que l'angle α =  -  varie dans le temps :
ℱ = A f i f cos (  -  ) = A f i f cos (  -  m t) (14.34)
On peut montrer que l’équation précédente est bel et bien celle d’une f.m.m. tournante. En effet, en
posant ℱm = Afif , on a :
- Pour t = 0, ℱ = ℱm cos  : le maximum est en  = 0.
- Pour t = t, ℱ = ℱm cos ( - mt) : le maximum est en  = mt. Il a avancé de mt. Par

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.10


conséquent, sa vitesse angulaire est de m.
Ici, la f.m.m. est représentée par un phaseur de module ℱm dirigé suivant la direction où la
f.m.m. est maximale (figure 14.13). Ce phaseur tourne à la vitesse angulaire m et son extrémité
décrit un cercle si if est constant. On a une f.m.m. tournante circulaire ou un champ tournant
circulaire.

14.2.4 Enroulement fixe et courant sinusoïdal

Considérons un enroulement f parcouru par un courant sinusoïdal if = I mf cosωt. De


nouveau, la f.m.m. en un point de l'axe X se déduit de la relation (14.33) :
ℱ = (A I cosα)cos ωt = (ℱ cosα)cosωt (14.35)
L'enroulement étant fixe, l'angle α reste constant et il en va de même du terme ℱm cos α.
Comme illustré sur la figure 14.16, la f.m.m. a une répartition sinusoïdale dans l'espace et à
chaque point, la f.m.m. est sinusoïdale dans le temps. Une telle f.m.m. est dite pulsante.
La relation (14.35) peut aussi s'écrire sous la forme :

ℱ= [ cos(  - t) + cos(  + t)] (14.36)
En comparant les relations (14.36) et (14.34), on constate qu'une f.m.m. pulsante peut être
décomposée en deux f.m.m. tournantes ayant chacune une amplitude égale à la moitié de
l'amplitude de la f.m.m. pulsante (figures 14.17 et 14.18).
La première f.m.m. a pour équation :

ℱ = cos(  - t) (14.37)
Elle a une équation similaire à l’équation (14.34). C’est une f.m.m. tournante directe ou
progressive. Elle tourne dans le sens des α croissant, à la vitesse angulaire électrique ω.
La seconde f.m.m. a pour équation :

ℱ = cos(   t) (14.38)
Déterminons la nature de la f.m.m. correspondant à l’équation (14.38) :
- Pour t = 0, ℱ = (ℱm/2) cos  : le maximum est en  = 0.
- Pour t = t, ℱ = (ℱm/2) cos ( +  t) : le maximum est en  = - t. Il a avancé de - t. Par
conséquent, sa vitesse angulaire est de -.
Elle tourne donc dans le sens des α décroissant, à la vitesse angulaire électrique ω. C’est une
f.m.m. inverse dite aussi rétrograde (champ tournant inverse dit aussi rétrograde).

F X
F
F m
F F
t=0
ω ω F
t=t1 ω ω
α α ωt
t=t2 α F
ωt
Fig.14.17 ω
F
Fig.14.16 Fig.14.18

14.2.5 Enroulement tournant et courant sinusoïdal

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.11


Supposons maintenant que :
- l'enroulement f tourne à la vitesse angulaire mécanique Ωm, c'est-à-dire à la vitesse angulaire
électrique ωm = pΩm;
- l'enroulement f est parcouru par un courant sinusoïdal
i f = I mf cos( t +  f ) .
L'origine de temps étant prise à un instant quelconque, l'angle θ aura pour expression :  =
ωmt + 0. Compte tenu de la figure 14.12 et de la relation 14.33, la f.m.m. en un point de l'axe X
sera donnée par :
ℱ = A f i f cos(  -  )
ℱ = A f I mf cos (  -  m t -  0 ) cos (  t +  f )
ℱ = ℱ cos (  -  m t -  0 ) cos (  t +  f ) (14.39)
ou encore par :

ℱ ℱ
ℱ= cos [(  -  0 -  f ) - (  +  m )t] + cos [(  -  0 +  f ) + (  -  m )t] (14.40)
Le deuxième membre de cette relation est l'expression de deux f.m.m. tournantes de même
amplitude : l'une tourne à la vitesse (ω + ωm), et l'autre à la vitesse -(ω - ωm) = ωm - ω. Si ωm = ω,
la première f.m.m. tourne à la vitesse 2ω et la seconde est fixe.

14.2.6 F.m.m. due à un enroulement polyphasé fixe

La figure 14.19 représente trois enroulements fixes. Considérons en toute généralité un


nombre d'enroulements m quelconque : a, b, c,... Les axes de ces enroulements forment
respectivement avec le repère fixe O, les angles aO, bO, cO,... Le courant dans chaque bobine est
sinusoïdal et vaut :
i a = I ma cos( t +  a )
ib = I mb cos( t +  b ) (14.41)
ic = I mc cos( t +  c ) ,
...
axe phase b

a
réf
ξiF
-c -b
axe phase a F ξ
θ F
b c ξd
repère fixe 0
-a

axe phase c Fig.14.19


Fig.14.20

La f.m.m. en un point de l'axe X due à un enroulement se déduit de la relation (14.39), avec ωm = 0

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.12


puisque l'enroulement est fixe :
ℱa =ℱm cos(  -  a 0 ) cos( t +  a ) =ℱ + ℱ
ℱ ℱ
= cos[( − − )− ]+ cos[( − + )+ ] (14.42.a)

ℱb =ℱm cos(  -  b 0 ) cos( t +  b ) =ℱ + ℱ


ℱ ℱ
= cos[( − − )− ]+ cos[( − + )+ ] (14.42.b)

etc.
La f.m.m. résultante est la somme des contributions de tous les enroulements :
ℱ(γ, t) = ℱ (γ, t) + ℱ (γ, t) + ℱ (γ, t) + … + ℱ (γ, t) (14.43)
Il est plus commode de sommer séparément les f.m.m. tournantes directes ℱ et les f.m.m.
tournantes inverses ℱ , puis de combiner les f.m.m. résultantes directe et inverse. On obtient
(figure 14.20) :
- une f.m.m. tournante résultante directe :
ℱ = ℱ + ℱ + ℱ + … + ℱ . = ℱ cos(γ − ξ − ωt) (14.44)
de phaseur ℱ = ℱ
- une f.m.m. tournante résultante inverse
ℱ = ℱ + ℱ + ℱ + … + ℱ . = ℱ cos(γ − ξ + ωt) (14.45)
de phaseur ℱ = ℱ
La sommation de ℱ et ℱ donne ℱ :
ℱ =ℱ +ℱ =ℱ
Rappelons que la f.m.m. ℱ tourne dans le sens des  croissant, à la vitesse ω. De
même, la f.m.m. ℱ tourne dans le sens des θ décroissant à la vitesse ω. Il arrivera un moment
où ℱ et ℱ sont en phase (sont alignées), instant auquel la f.m.m. résultante vaut ℱal = ℱdm +
ℱim. Il arrivera aussi un moment où ℱ et ℱ sont en opposition de phase, instant auquel la f.m.m.
résultante vaut ℱop = ℱdm - ℱim.
L'extrémité du phaseur ℱ décrit donc une ellipse de demi-grand axe ℱal et de demi-petit
axe ℱop. Ce type de f.m.m. est dite elliptique (figue 14.20). La f.m.m. elliptique tourne dans le sens
direct si ℱdm est supérieur à ℱim. Elle fait un tour par période, mais sa vitesse angulaire n’est pas
uniforme [27]. Lorsque ℱal = ℱop, la f.m.m. ℱ décrit une circonférence et la f.m.m. tournante est dite
circulaire. Dans le cas d'un seul enroulement, l'ellipse dégénère en un segment de droite.
Analysons, à présent, quelques cas particuliers.

a) - Enroulement diphasé équilibré

Il a déjà été dit, dans la section 8.4.4, que pour un enroulement diphasé, on considère m =
4 pour le calcul du déphasage et m = 2 pour le nombre de phases (a et b). Si on prend l'axe de la
phase a comme référence pour la mesure des angles, on aura :

aO = 0 et bO = 2π/m = 2π/4 = π/2

D'autre part si on prend comme origine du temps, l'instant où le courant de la phase a atteint son
maximum (positif), on aura dans les relations (14.41) :

a = 0 et b = - π/2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.13


Le système diphasé étant supposé équilibré, les courants ia et ib auront la même amplitude : Ima =
Imb = Im. Ces courants auront donc les expressions suivantes :

ia = Im cosωt et ib = Im cos(ωt-π/2)

Les f.m.m. ℱa et ℱb auront la même amplitude ℱma = ℱmb = ℱm. Compte tenu de la relation
(14.42.a), en un point de l'axe X, ces f.m.m. auront pour expression :

ℱa = ℱm cos(-aO) cos(ωt+a) = ℱm coscosωt


ℱb = ℱm cos(-bO) cos(ωt+b) = ℱm cos(-π/2)cos(ωt-π/2)

Ces f.m.m. se décomposent en ondes directes et inverses :


ℱ ℱ
ℱ = ℱ +ℱ = cos( − ) + cos( + )
ℱ ℱ
ℱ =ℱ +ℱ = cos( − )+ cos( + − )
Les f.m.m. inverses ℱ et ℱ sont des grandeurs sinusoïdales de même amplitude ℱm/2,
mais en opposition de phase. Leur somme est nulle : ℱ + ℱ = 0.
Les f.m.m. directes ℱ et ℱ sont identiques. Leur somme donne :
ℱ = ℱ + ℱ = ℱ cos( − ) (14.46)
En conclusion, dans le cas d'un enroulement diphasé équilibré, seul la f.m.m. tournante
progressive existe.

b) - Enroulement triphasé équilibré : m = 3

De nouveau, l'axe de la phase « a » est pris comme référence pour la mesure des angles:
 aO = 0,  bO = 2  /3,  cO = 4  /3 = -2  /3
Nous retrouvons la configuration de la figure 14.19. Chaque enroulement de phase est
représenté sur cette figure par une seule bobine, l'axe d'une phase étant déterminé par le milieu du
groupe de bobines formant cette phase. Les phénomènes dans la phase b seront en retard sur
ceux de la phase a, car l'axe de la phase b est décalé dans le sens des angles croissant (d'un
angle 2π/3). Les phénomènes dans la phase c seront aussi en retard sur ceux de la phase b.
On prend aussi comme origine du temps, l'instant où le courant de la phase a atteint son
maximum (positif). On aura dans la relation (14.41) :
 a = 0,  b = - 2 /3,  c = - 4 /3 = 2 /3
On prend aussi la même amplitude pour les courants : ImA = ImB = ImC = Im. Les f.m.m. ℱa,
ℱb et ℱc auront la même amplitude ℱma = ℱmb = ℱmc = ℱm. Compte tenu des relations (14.42), en
un point de l'axe X, ces f.m.m. auront pour expressions
ℱ = ℱ cos( − ) cos( + ) = ℱ
ℱ = ℱ cos( − ) cos( + ) = ℱ cos( − ) cos( − )
ℱ = ℱ cos( − ) cos( + ) = ℱ cos( + ) cos( + )
ou encore
ℱ ℱ
ℱ = ℱ +ℱ = cos( − ) + cos( + )
ℱ ℱ
ℱ =ℱ +ℱ = cos( − )+ cos( + + 2 /3)
ℱ ℱ
ℱ =ℱ +ℱ = cos( − )+ cos( + − 2 /3)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.14


Les f.m.m. ℱ ,ℱ et ℱ forment un système de trois grandeurs sinusoïdales de même
amplitude ℱm/2 et déphasé l'un par rapport à l'autre de 2π/3. Leur somme ℱ est nulle. Les f.m.m.
directes ℱ , ℱ et ℱ sont identiques. Leur somme donne :
ℱ = ℱ + ℱ + ℱ = ℱ cos( − ) (14.47)
En conclusion, dans le cas d'un enroulement triphasé équilibré, seul la f.m.m. tournante
progressive existe.

c) - Généralisation
Un enroulement m-phasé symétrique est constitué de m enroulements parcourus par des
courants m-phasés équilibrés. Les axes des enroulements sont décalés dans l'espace d'un angle
de 2π/m radians électriques. Un tel enroulement engendre une f.m.m. tournante. Son amplitude
est constante et est égale à m/2 fois l'amplitude de la f.m.m. d'une phase. Sa vitesse de rotation
électrique ωm est égale à la pulsation ω des courants. Compte tenu des relations des paragraphes
a et b, ainsi que de la relation (14.35), l'amplitude de la f.m.m. tournante due à un enroulement m-
phasé vaut :
m 4 ( k w N ph ) I m m 2 k w N ph k w N ph
ℱm =  I  0,45 m I (14.48)
2 2p  p p
où Im = 2 I est l'amplitude du courant de phase, I sa valeur efficace, p le nombre de paires de
pôles et Nph le nombre de spires en série par phase.
Le phénomène expliqué ci-dessus est très important dans la théorie des machines
électriques : Un enroulement polyphasé fixe (m  2) parcouru par des courants polyphasés
équilibrés produit un champ tournant de la même manière que :
- un aimant permanent tournant autour d'un axe perpendiculaire à l'aimant;
- un enroulement parcouru par un courant constant, tournant autour d'un axe perpendiculaire à
l'enroulement.

14.3 FLUX DU A UN CHAMP TOURNANT

14.3.1 Flux embrassé par une bobine

La coupe d'une machine élémentaire à courant alternatif est reprise sur la figure 14.21. Le
rotor porte un enroulement réparti de Nf spires en série et d'axe f, considéré comme inducteur. Le
rotor tourne à une vitesse angulaire électrique constante ωm. A l'instant t, l'axe f de l'enroulement
rotorique est donc décalé de l'axe de référence d'un angle θ = ωmt.
Le stator porte une seule bobine (a,-a) dont l'axe est désigné par la lettre a. Cette bobine
est supposée avoir un pas d'enroulement yb raccourci. Le pas angulaire électrique de la bobine,
c'est-à-dire l'angle électrique occupé par la bobine vaut  b =  yb /  , ou  est la longueur du pas
polaire. L'axe de cette bobine est décalé du repère fixe d'un angle  b .

X
Φrm
a γ
axe f
θ ==
ωt
Nf axe bobine a
Φ
γb
b)
repère fixe 0
-a αb
Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.15
a) Fig.14.21
A cause de la rotation du rotor, le champ dû à l'enroulement rotorique est un champ
tournant. En un point d’entrefer situé sur l'axe X, l'induction est donnée par la relation (14.34),
après multiplication par µ0 et division par . Cette relation peut se mettre sous la forme :
B = Bm cos(  -  m t) = Bm cos(p  m -  m t) (14.49)
où  m désigne l'angle mécanique. Le flux embrassé par une spire de la bobine (a,-a) vaut :
   B dS (14.50)
Sb
L'élément de surface dS se déduit de l'élément de longueur de la circonférence dx = Rd m , en
sorte que dS =  i dx =  i Rd m , où R est le rayon,  i est la longueur équivalente du noyau
magnétique. Par conséquent :
 = mm12 B  i R d  m (14.51)
où  m1 =  mb -  mb /2 et  m2 =  mb +  mb /2. Compte tenu de (14.49), la relation (14.51) s'écrit :
B m  i R
 =  mm12 Bm  i R cos(p  m -  m t) d  m = [ sin(p  m -  m t)] mm12 (14.52)
p
Le terme entre crochets est égal à :
sin [ ( b -  m t) +
 b ] - sin [( -  t) -  b ]
b m
2 2
 
= [ sin(  b -  m t) cos b + cos(  b -  m t) sin b ]
2 2
 
- [sin(  b -  m t) cos b  cos(  b -  m t) sin b ]
2 2

= 2 cos(  b -  m t) sin b (14.53)
2
Compte tenu de la relation (14.18), le facteur de raccourcissement kr pour le premier harmonique
( = 1) vaut : kr = sin (  b /2); d'où
2
= Bm  i Rk r cos(  m t -  b ) (14.54)
p
La formule (14.54) montre que le flux embrassé par une spire statorique varie comme le cosinus
de l'angle (ωmt -  b ) entre l'axe de l'enroulement rotorique f et l'axe de l'enroulement statorique a.
Lorsque l'axe de l'enroulement rotorique coïncide avec l'axe de l'enroulement statorique a, on a ωt
=  b , et le flux  embrassé par une spire statorique atteint sa valeur maximum : r m = krm. On
désigne ici par m le flux maximum embrassé par une spire à pas diamétral, c'est-à-dire une spire
caractérisée par y b = ,  b = π et kr = 1. Ce flux vaut (avec = / ):
2 2
m = B m  i R  B m  i (14.55)
p 
Le flux  embrassé par une spire apparaît comme la valeur de la projection sur l'axe de la

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.16


spire (axe a) du flux r m embrassé par une spire identique mais dont l'axe serait celui de la bobine
f donnant naissance à ce champ (figure 14.21.b).
Si la bobine a comprend Nb spires, le flux totalisé  b de la bobine dû au champ tournant
engendré par l'enroulement f vaut :
 b = N b  = N b k r  m cos(  m t -  b ) (14.56)

14.3.2 Flux embrassé par un enroulement réparti

Sur la figure 14.22, nous considérons une machine élémentaire, semblable à celle de la
figure 14.21, mais dont l'enroulement statorique « a » est un enroulement réparti, constitué de q
bobines dont les axes sont décalés l'un par rapport à l'autre d'un angle électrique α. Compte tenu
de la relation (14.56), les flux totalisés des bobines de l'enroulement statorique « a » dus au champ
tournant engendré par l'enroulement f valent :
 b1 = N b k r  m cos(  m t -  b1 )
 b2 = N b k r  m cos(  m t -  b1 -  )

 bq = N b k r  m cos [  m t -  b1 - (q - 1) ] (14.57)

α
axe f

3 2 axe f
1 θ ==ωt

θ ==ωt ia
axe phase a if
axe phase a
γa γa
3’ repère fixe repère fixe
1’
2’
Fig.14.22
a) b)
Toutes les bobines ont été supposées identiques (mêmes valeurs de Nbkr). Les flux totalisés  b1 ,
 b 2 , ..., bq ne sont pas en phase. Le flux totalisé du groupe de q bobines est donné par la
sommation :
 gr =  b1 + b2 + ... + bq (14.58)
Il s'agit d'effectuer la sommation de plusieurs grandeurs sinusoïdales de même amplitude  b1m =
 b2 m = ...  bqm =  bm = Nb kr m et déphasées respectivement d'un même angle α. Ce problème
a déjà été résolu dans la section 14.1.4. à l'occasion de la détermination de la f.m.m. d'un
enroulement réparti. Par conséquent, compte tenu de la relation (14.22) définissant le facteur de
distribution kd =  grm / q bm , l'amplitude du flux totalisé du groupe des q bobines s'écrit :
 grm = q k d  bm = q N b k d k r  m (14.59)
L’axe du groupe des q bobines est l'axe de symétrie des bobines. L'angle qui détermine la position
de cet axe est égal à la moyenne arithmétique des angles des axes des bobines :
 b1 +  b2 + ...+  bq
 a= (14.60)
q

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.17


Le flux totalisé du groupe des q bobines s'écrit donc :
 gr = q N b k d k r  m cos(  m t -  a ) (14.61)
Dans une machine réelle, q désigne le nombre d’encoches par phase par pôle, c.-à-d. le
nombre de bobines par phase et par paire de pôles. Or la machine comprend p paires de pôles.
L'enroulement d'une phase comprend p groupes de q bobines. L'amplitude du flux totalisé d'une
phase a sera donc p fois plus grand que l'amplitude du flux totalisé du groupe de q bobines :  am
= p grm . On peut donc écrire :
 a = pq N b k d k r  m cos(  m t -  a ) (14.62)
On peut aussi faire intervenir le facteur d'obliquité ko et remplacer le produit kdkr(ko) par le
facteur d'enroulement kwa. D'autre part, le nombre total des spires en série de la phase a est donné
par Na = pqNb. Par conséquent,
 a = ( k wa N a )  m cos(  m t -  a ) (14.63)
Si on remplace m par son expression (14.55), on obtient
2
Bm  i R cos(  m t -  a )
 a = ( k wa N a ) (14.64)
p
Compte tenue de l’expression de Bm tirée de (14.32), où l’on a remplacé  par  ' pour intégrer
l’effet des encoches sur l’induction d’entrefer B , on trouve :
2 4 ( k wf N f ) i f
 a = ( k wa N a ) 0  i R cos(  m t -  a )
p  2p '
4 0  i R
 a = ( k wa N a )( k wf N f ) i f cos(  m t -  a )
  ' p2
ψ =N N i cos(ω t − γ ) (14.65)
où on a posé :
- le nombre effectif des spires de l'enroulement f :
Nsf = kwfNf (14.66)
- le nombre effectif des spires de l'enroulement a :
Nsa = kwaNa (14.67)
- la perméance du circuit magnétique (avec = / ):
4  0  i R 2 µ0  i D 4  0  i
=   (14.68)
  ' p2   ' p 2  2  ' p
où D = 2R est le diamètre d’entrefer. Généralement, on prend pour D la valeur moyenne D =
(D1+D2)/2 entre le diamètre intérieur D1 du stator et le diamètre extérieur D2 du rotor [41]. La
formule (14.68) donne l’expression de la perméance sous les différentes formes rencontrées dans
la littérature.

14.3.3 Longueur équivalente du noyau magnétique

Pour augmenter la surface de refroidissement du noyau magnétique, on subdivise celui-


ci dans le sens de la longueur en plusieurs paquets séparés par des intervalles de largeur bv
appelés canaux radiaux de ventilation (figure 14.23). La courbe de variation, dans le sens de la
longueur, de l’induction magnétique d’entrefer B est illustrée sur la figure 14.23.

δ tz be
bv
la Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.18

Bδ Bm
li Fig.14.24
Pour tenir compte de l’effet des canaux radiaux de ventilation sur l’induction magnétique
d’entrefer B, on mène les calculs en considérant une machine idéale, sans canaux radiaux de
ventilation, qui aurait une longueur équivalente (théorique, fictive, virtuelle ou de calcul) égale
à:
 i   a  n v bv'  2 (14.69)
où  a est la longueur du noyau magnétique, nv le nombre des canaux radiaux de ventilation, 
l’entrefer. La grandeur bv' est la perte de la longueur du noyau magnétique due à la présence
d’un canal radial de ventilation de largeur bv. On montre que [26] :
bv
bv2
bv'   bv  (14.70)
b
5 v 5  bv

Le terme 2 de la relation (14.69) tient compte des lignes de champ qui se développent sur les
deux surfaces extérieures. Dans le cas des grands entrefers, rencontrés dans les alternateurs (
 > 10 mm), il ne faut pas prendre 2 , mais limiter l’allongement fictif à 10 mm. Ce terme est
souvent négligeable.
Lorsque les canaux radiaux de ventilation sont aménagés à la fois au stator et au rotor,
la longueur équivalente du noyau magnétique est déterminée de la manière suivante :
a) canaux non décalés :  i est donné par la relation (14.69).
b) canaux décalés :  i vaut :
 i   a  ( n v1bv' 1  n v 2 bv' 2 )  2 (14.71)
' '
où l’indice 1 se rapporte au stator et l’indice 2 au rotor, les termes b et b étant donné par la
v1 v2
relation (14.70).
La relation (14.70) montre que lorsque  << bv, on a bv'  bv ; alors que lorsque  >> bv,
on a bv'  0.

14.3.4 Effet des encoches sur l’induction magnétique

Comme illustré sur la figure 14.24, la présence des encoches exerce sur la valeur de
l’induction d’entrefer B une influence similaire à celle des canaux radiaux de ventilation. Pour
tenir compte de l’effet des encoches sur l’induction magnétique d’entrefer B, on mène les
calculs en considérant un noyau magnétique idéal, sans encoches, qui aurait un entrefer fictif
(théorique, virtuel ou de calcul) valant :
 '  k c (14.72)
obtenu en multipliant l’entrefer réel  par un coefficient kc appelé coefficient de carter ou

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.19


coefficient d’entrefer. Ce coefficient vaut :
2
 be 
 

avec  e   
tZ tZ
kc   (14.73)
t Z   e be2 5 e
b
tZ 
5  be 
où tZ est le pas dentaire et be est la largeur de l’encoche (figure 14.24).
Lorsque les encoches sont aménagées à la fois au stator et au rotor, le coefficient de
Carter vaut :
kc  kc1kc 2 (14.74)
où kc1 tient compte des encoches du stator et kc2 des encoches du rotor, les deux coefficients
étant respectivement données par la formule (14.73).

14.3.3 Tension induite

On remarque que la pulsation du flux totalisé ωm est égale à la vitesse angulaire électrique
du champ tournant ωm = pΩm. La rotation transforme donc une variation spatiale de l'induction en
une variation dans le temps du flux totalisé. Selon la relation (14.65), ce flux totalisé peut encore
s'écrire :
 a = N sa  a cos(  m t -  a ) , avec = ; (14.75)
où a est l'amplitude du flux. De la variation dans le temps de ce flux totalisé résulte une f.é.m. e =
- d a /dt ou une tension induite d'expression :
d a
= N sa a cos(  m t -  a ) -  m N sa a cos(  m t -  a   / 2 )
d
eva = (14.76)
dt dt
Cette tension a une polarité telle que si l'enroulement « a » est court-circuité, le courant qui en
résulte s’oppose à la variation du flux.
Le second membre de la relation (14.75) comprend deux termes. Le premier terme est la
tension induite statique ou de transformation. Il est dû à la variation avec le temps de l'amplitude
du flux (courant if). Le second terme est la tension induite dynamique ou de rotation. Il est dû à la
rotation du champ par rapport à l'enroulement a.
Dans la plupart des machines, l'amplitude a du flux est constante. La tension induite est
alors uniquement une tension induite de rotation :
eva = -  m N sa  a sin  m t (14.77)
dont la valeur efficace vaut :
 m N sa  a 2f N sa  a
E va = = = 4,44 fN sa  (14.78)
2 2
où f est la fréquence.

14.3.4 Remarque

Tout au long de ce paragraphe nous nous sommes référés aux enroulements répartis
représentés comme sur la figure 14.22.a. Ces mêmes enroulements sont représentés autrement
sur la figure 14.22.b. Sur cette figure, un enroulement est représenté par le symbole d'une bobine
dirigé suivant l'axe de l'enroulement (c'est-à-dire suivant l'axe du champ engendré par cet
enroulement). Le symbole de l'enroulement porte une flèche indiquant le sens du courant et une
flèche indiquant le sens du champ magnétique. Lorsqu'on fait usage de ce mode de représentation
des enroulements d'une machine électrique on fait appel à la convention suivante : Un courant

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.20


circulant dans le sens de la flèche (courant positif) produit dans l'entrefer un champ magnétique
orienté lui aussi dans le sens de la flèche du champ (champ positif). Ce mode de représentation
des enroulements sera couramment utilisé dans la suite du texte.
D’autre part, on représente habituellement les enroulements multipolaires (p > 1) par un
schéma symbolique, similaire à celui de la figure 14.22, où l’on ne représente qu’une paire de
pôles (p = 1), mais les angles indiqués sont les angles électriques [41].

14.4 INDUCTANCES DES ENROULEMENTS D'UNE MACHINE


A ENTREFER CONSTANT

14.4.1 Introduction

Considérons une machine électrique tournante dont la coupe est reprise sur la figure
14.25. Cette machine comprend trois enroulements a, b, c au stator et trois enroulements A, B, C
au rotor. Désignons par :

αAa a
N1

N2
A
C
ω

B
b
c

Fig.14.25

 Aa : l'angle électrique de décalage de l'axe de la phase A du rotor par rapport à l'axe de la phase
a du stator.
N1 : le nombre effectif des spires par phase statorique;
N2 : le nombre effectif des spires par phase rotorique.
Le rotor tourne à la vitesse angulaire électrique m, remplacée par .
Notons que les angles  a et ωt intervenant dans les relations ci-dessus sont mesurés à
partir d'un axe de référence quelconque. Quelle que soit la position de cet axe de référence, la
différence ωt-  a est égale à l'angle  Aa .

14.4.2 Inductance mutuelle entre une phase statorique et une phase rotorique

Compte tenu de la relation (14.65), le flux totalisé de la phase statorique a engendré par la
phase rotorique A vaut :
= (14.79)
L'inductance mutuelle entre la phase a et la phase A vaut :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.21


= = = (14.80)
Cette relation montre que l'inductance mutuelle dépend :
- des dimensions géométriques :  i , δ, R
- des propriétés magnétiques de l'entrefer :  0
- des caractéristiques des enroulements : p, N1, N2 et  Aa .
Lorsque l'angle électrique  Aa entre deux enroulements est égal à π/2, les enroulements
sont dits en quadrature, et leur inductance mutuelle est nulle : LaA = 0.

14.4.3 Inductance principale d'une phase

On appelle champ principal d’un enroulement, le champ de l’harmonique fondamental


produit par cet enroulement et dont les lignes se ferment à travers l’entrefer et encerclent les spires
des deux enroulements de la machine. Le flux dû à ce champ est appelé flux principal.
Compte tenu de la relation (14.79), le flux principal de la phase a vaut (ici N1 = N2) :
= (14.81)
L'inductance principale de la phase a est donnée par :
= = (14.82)

14.4.4 Inductance de dispersion et inductance propre d'une phase

Le flux principal décrit au paragraphe 14.4.3 et donné par la formule 14.81 n'est pas le seul
flux engendré par l'enroulement a. Comme on le voit sur la figure 14.26, cet enroulement "a" donne
naissance à un autre flux qui ne répond pas à la définition du champ principal. Cet autre flux est
appelé flux de dispersion ou flux de fuite σ. Il est dû au champ de dispersion ou champ de fuite.
Le champ de dispersion ou champ de fuite est le champ dont les lignes n'encerclent que les spires
de l'enroulement qui le crée.

Le flux de fuite est la somme de plusieurs composantes (figure 14.26) :


a) - Le flux de fuite d'encoche, qui comprend
- le flux de fuite qui existe à l'intérieur de l'encoche : ea;
- le flux de fuite des têtes de dents dont les lignes pénètrent dans l'entrefer, mais n'encerclent
pas l'enroulement A : ta;
b) - le flux de fuite des connexions frontales : fa;
c) - le flux de fuite différentielle : difa, engendré par les harmoniques supérieurs (à 1) de la f.m.m.
de l'enroulement considéré.
En définitive, on a :

ia Φea
ia Φfa
Φta

ΦtA
iA ΦfA
ΦeA iA
Fig.14.26

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.22


a =  ea +  ta +  fa +  difa (14.83)
On définit alors l'inductance de dispersion ou de fuite de l'enroulement "a" par la relation :
 a  N  A / i A =  a / i a . De la même manière on définit l'inductance de dispersion de
l'enroulement A par la relation : A = A / i A . L'inductance propre de l'enroulement statorique "a"
vaut :
=ℓ + =ℓ + (14.84)
et l'inductance propre de l'enroulement rotorique A :
=ℓ + =ℓ + (14.85)
Cette expression de l'inductance propre est semblable à celle qui a été établie dans le cas
d'un transformateur. Le rapport  a /La est de l'ordre de 0,001 pour un transformateur, de 0,05 pour
une machine à induction et de 0,10 à 0,20 pour une machine synchrone [7].

14.4.5 Inductance mutuelle entre les phases d'un enroulement

Si nous prenons maintenant les phases statoriques a et b, l'inductance mutuelle entre ces
phases sera déterminée, à l'aide de la formule (14.75), par cos . Ce terme tient compte
seulement du flux principal. Il existe cependant un autre terme  'a , provenant du flux de
dispersion d'une phase statorique (a) qui, s'il ne traverse pas l'entrefer, atteint néanmoins, l'autre
phase statorique (b). Le terme  'a est une fraction, en général négative, de  a . Dès lors
l'inductance mutuelle entre les phases statoriques a et b vaut :
= =ℓ + cos (14.86)
Pour un enroulement triphasé (figure 14.25), on a αab = 2π/3 et :
= =ℓ − = (14.87)
De la même manière, l'inductance mutuelle entre les phases rotoriques A et B, vaudra :
= =ℓ − = (14.88)

14.4.6 Relations entre flux et courants

Considérons la machine de la figure 14.25. Notons aussi  Aa = θ l'angle électrique de


décalage de l'axe de la phase A du rotor par rapport à l'axe de la phase a du stator. Les relations
entre les flux et les courants peuvent se mettre sous la forme matricielle suivante :
[ ] = [L][i] (14.89)
où [L] est la matrice des inductances. Cette matrice est présentée sous forme détaillée par la
relation (14.90), avec = .

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.23


 La Ms Ms M sr cos 2 2 
 M sr cos(  + ) M sr cos(  - )
3 3 
 
 
 Ms La Ms 2 M cos  2 
M cos(  - ) sr
M cos(  + )
 a   sr
3
sr
3   ia
   
 b    
   M M L
M sr cos(  +
2
) M sr cos(  -
2 M cos    ib 
 
s s a
 )
 c 
  ic
3 3
 = 
 A   
  
M sr cos 2 2 LA Mr M r  i A 
M sr cos(  - ) M sr cos(  +
 i 
)
 B   3 3
     B
 C    
M cos(  + 2 ) M sr cos 2 Mr LA M r  i C 
M sr cos(  - )
 sr 3 3 
 
 
 M cos(  - 2 2 M cos  M M L 
M sr cos(  + ) sr r r A

 
sr
3 3

(14.90)
Cette relation est souvent notée de la manière suivante :
[ s ]  [ Lss ] [ M sr ( )] [i s ]
[ ]  [ M ( )]    avec [ M rs ( )]  [ M sr ( )]T
 r   rs [ Lrr ]  [ir ]

14.5 CONVERSION ELECTROMECANIQUE DE L’ENERGIE

14.5.1 Principe de la conversion électromécanique

Un système électromécanique est constitué de :


- un ou plusieurs circuits électriques associés à des circuits magnétiques ;
- un ou plusieurs organes en mouvement.

Les organes en mouvement peuvent être animés :


- d’un mouvement de translation, comme sur la figure 14.27. Dans ce cas la position de
l’organe mobile est définie par le déplacement linéaire  .
- ou d’un mouvement de rotation, comme sur la figure 14.28. Ici, la position de l’organe
mobile est définie par le déplacement angulaire  .

θ
i

i
Fig.14.27
Fig.14.28

Dans la suite, le déplacement linéaire  ou le déplacement angulaire  seront désignées par une
coordonnée unique x appelée coordonnée généralisée. Après un déplacement élémentaire dx,
la variation de l’énergie mécanique de l’organe en mouvement est donnée par le travail
élémentaire de cet organe :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.24


dW mec = f dx (14.91)

où f est une force généralisée ; c’est–à-dire :


- une force F dans un mouvement de translation : dW mec = F d 
- ou un couple C dans un mouvement de rotation : dW mec = C d 

Soit un système électromécanique ayant :


- K circuits électriques repérés par l’indice j (j = 1 à K)
- N organes en mouvement repérés par l’indice m (m = 1 à N)

L’expression du flux couplé avec le circuit j vaut :

K
 j   L jp i p (14.92)
p 1

La perméance intervenant dans l’expression du flux dépend des dimensions du circuit


magnétique, donc de la position de l’organe en mouvement. Par conséquent, le flux j est
fonction non seulement des courants ij mais aussi des coordonnées généralisées xm :

 j   j (i1 ,...., i K , x1 ,.... x N ) (14.93)

On peut aussi écrire, par réciprocité :

i j  i j ( 1 ,....,  K , x1 ,..., x N ) . (14.94)

De même, les forces généralisées, qui sont d’origine électromagnétique, peuvent s’écrire :

f m  f m (i1 ,..., i K , x1 ,..., x N ) (14.95)

ou en tenant compte de (14.94) :

f m  f m ( 1 ,..., K , x1 ,..., x N ) (14.96)

L’équation de la tension du j-ième circuit vaut :

d j
v j  R ji j  (14.97)
dt

La puissance électrique instantanée fournie au j-ième circuit par le réseau est donnée par :

d j
Pel j  v j i j  R j i 2j  ij (14.98)
dt

La variation de l’énergie électrique totale pendant un intervalle de temps dt est déduite de la


relation (14.98) étendue à tous les circuits du système électromécanique :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.25


K K K
dWel   v j i j dt   R j i 2j dt   i j d j (14.99)
j 1 j 1 j 1

Une partie de l’énergie totale transmise aux circuits sous forme électrique et définie par :

K
dWcu   R j i 2j dt
j 1

est transformée en chaleur par effet Joule. L’autre partie est dépensée pour la variation de
l’énergie magnétique dWmag et de l’énergie mécanique dW mec. Compte tenu de (14.99) et de
(14.91), on peut écrire :

K N

 i j d j  dWmag  dWmec  dWmag   f m dxm


j 1 m 1
(14.100)

La variation de l’énergie magnétique est donc donnée par :

K N
dWmag   i j d j   f m dxm (14.101)
j 1 m 1

A l’aide de la relation (14.94), on peut remplacer ij par son expression en fonction de j et xm.
Dès lors l’énergie magnétique est une fonction des seules variables indépendantes j et xm :

W mag  W mag ( 1 ,...,  K , x1 ,..., x N ) (14.102)

Par conséquent, la différentielle totale de W mag est donnée par :

K Wmag N Wmag
dWmag   d j   dx m (14.103)
j 1  j m 1 x m

Par substitution de cette expression de dW mag dans la relation (14.101), on obtient :

K Wmag N Wmag
(
j 1  j
 i j ) d j   (
m 1 x m
 f m )dx m  0

Comme j et xm sont des variables indépendantes, les coefficients des accroissements dj et
dxm doivent être nuls séparément. Par conséquent :

Wmag Wmag
ij  et fm   (14.104)
 j x m

En maintenant constants les flux j ainsi que les autres coordonnées xq (q  m), la force
généralisée qui s’exerce dans la direction de la coordonnée xm est égale à la diminution de
l’énergie du champ magnétique calculée par unité de coordonnée généralisée xm .

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.26


Pour calculer la force généralisée fm, on détermine d’abord l’expression de l’énergie
magnétique W mag en considérant le système au repos dans une position définie par les
coordonnées généralisées x1,…xm,…,xN . Ensuite, en dérivant cette expression de W mag par
rapport à une coordonnée généralisée xm, on obtient l’expression de la force généralisée fm.
De manière générale, les dispositifs électromécaniques comprennent dans leurs circuits
magnétiques, des entrefers (de l’air) qui séparent les parties qui sont en mouvement les unes par
rapport aux autres. En considérant un circuit magnétique comme celui de la figure 14.28, on voit
que si on néglige le maigre flux de dispersion, le flux magnétique  est le même dans toutes les
sections S de ce circuit. En d’autres termes, tout le long du circuit, l’induction magnétique ne subit
que de faibles variations dues au changement de section (B = / S ). Or la densité de l’énergie
magnétique est donnée par Wmag = HB/2 = B²/2. D’autre part, dans l’entrefer (air), la perméabilité
 est de loin plus faible que celle des matériaux magnétiques. Par conséquent, l’accumulation de
l’énergie magnétique est prépondérante dans l’entrefer (l’intensité du champ magnétique de
l’entrefer est de loin supérieur à celle du fer).
Dans une machine électrique, le stator et le rotor sont séparés par un entrefer. Entre le
stator et le rotor, il n’y a ni liaison mécanique directe (à l’exception des paliers), ni liaison
électrique. C’est donc l’énergie magnétique accumulée dans le champ magnétique de l’entrefer
qui assure l’interaction électromécanique entre le stator et le rotor.

14.5.2 Energie magnétique.

Si le système est au repos, les coordonnées généralisées xm deviennent constantes


(dxm = 0). La relation (14.101) s’écrit alors :

K
dWmag   i j d j (14.105)
j 1

Dès lors, l’énergie magnétique d’un système au repos est donnée par :

K
Wmag    i j d j (14.106)
j 1

La variation du flux totalisé déduite de la relation (14.92) vaut :

K
d j   (dL jp i p  L jp di p ) (14.107)
p 1

Si le système est au repos, la variation de l’inductance mutuelle n’est due qu’à la saturation.
Pour un système linéaire, les perméabilités sont constantes et les inductances Ljp sont
constantes : dLjp = 0. La variation du flux totalisé est donnée par :

K
d j   L jp di p (14.108)
p 1

Pour un système linéaire au repos, on a donc, à partir de (14.105) et (14.108)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.27


K K
1 K K
dWmag   i j L jp di p  d ( L jp i j i p )
j 1 p 1 2 j 1 p 1

1 K K 1 K
Wmag   jp j p 2 
2 j 1 p 1
L i i 
j 1
 ji j (14.109)

Pour un système à 2 circuits électriques par exemple (K = 2) cette relation donne :

1 1
Wmag  L11i12  L12 i1i2  L22 i22 (14.110)
2 2

14.5.3 Coénergie magnétique

La coénergie magnétique, désignée W’mag est une fonction dont les variables
indépendantes sont les courants ij et les coordonnées généralisées xm :

W ' mag  W ' mag (i1 ,..., i K , x1 ,..., x N ) (14.111)

La coénergie n’a pas de sens physique mais elle présente des propriétés intéressantes. Elle est
définie par la relation

K
W ' mag   i j j  Wmag (14.112)
j 1

En utilisant la différentielle de ijj :

d (i j j )  i j d  j   j di j (14.113)

et la différentielle dW mag donnée par la relation (14.101) , on obtient :

K K K N
dW ' mag   i j d j   j di j   i j d j   f m dx m (14.114)
j 1 j 1 j 1 m 1

K N
  j di j   f m dx m (14.115)
j 1 m 1

Compte tenu de (14.111), la différentielle totale de W’mag est donnée par :

K W ' mag N W ' mag


dW ' mag   di j   dx m (14.116)
j 1 i j m 1 x m

Par substitution de cette expression de dW’mag dans la relation (14.115) on obtient :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.28


K W ' mag N W ' mag
(
j 1 i j
  j )di j   (
m 1 x m
 f m )dx m  0 (14.117)

Comme ij et xm sont des variables indépendantes, les coefficients des accroissements di j


et dxm doivent être nuls séparément. Par conséquent :

W ' mag W ' mag


j  et fm  (14.118)
i j x m

La relation (14.118) permet d’obtenir directement la force généralisée fm en terme de


courant ij et des coordonnées généralisées xm. La force généralisée fm est donnée par la dérivée
partielle de W’mag par rapport à la coordonnée généralisée xm, en maintenant constants les
courants ij et les autres coordonnées généralisées xj ( j  m) .
Pour calculer la force généralisée fm, on détermine d’abord l’expression de la coénergie
magnétique W’mag en considérant le système au repos dans une position définie par les
coordonnées généralisées x1…., xm……, xN . Ensuite, en dérivant cette expression de W’mag par
rapport à une coordonnée généralisée xm , on obtient l’expression de la force généralisée fm .
Si le système est au repos, les coordonnées généralisées xm deviennent constantes
(dxm = 0). La relation (14.115) s’écrit alors :

K
dW ' mag   j di j (14.119)
j 1

Dès lors, la coénergie magnétique d’un système au repos est donnée par :

K
W ' mag    j di j (14.120)
j 1

Pour un système linéaire au repos, on a :

K K
1 K K
'
dWmag   L jp i p di j  d ( L jp i p i j )
j 1 p 1 2 j 1 p 1

1 K K 1 K
'
Wmag   jp j p 2 
2 j 1 p 1
L i i 
j 1
 ji j

(14.121)

Cette relation montre que, pour un système linéaire, l’énergie magnétique est égale à la
coénergie magnétique : Wmag = W’mag.
Sous forme matricielle, on peut écrire :
i1   1   L1 M 12 ... M 1K 
i    M L22 ... M 2 K 
[i ] =   , [ ] =   et [L ] = 
2 2 21
(14.122)
...  ...   ... ... ... ... 
     
i K   K   M K1 M K 2 ... LKK 

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.29


Les relations (14.92), (14.121) et (14.118) s’écrivent alors sous forme matricielle de la
manière suivante :
[ ]  [ L( x m )][i ] (14.123)
'
Wmag  1 [i ]T [ L( x m )][i ] (14.124)
2
L( x m )
f m  12 [i ]T [ ][i] (14.125)
x m

14.5.4 Interprétation de l’énergie et de la coénergie

L’interprétation graphique de l’énergie et de la coénegie pour un dispositif à un seul


circuit électrique (K = 1) est donnée sur la figure 14.29. L’aire comprise entre la courbe  = f (i)
et l’axe des ordonnées est égale à l’énergie magnétique (intégrale de i d ) ; Tandis que l’aire
comprise entre la courbe  = f ( i ) et l’axe des abscisses est égale à la coénergie magnétique
(intégrale de di). La figure montre aussi que pour un système non-linéaire l’énergie et la
coénergie n’ont pas la même valeur. Pour ce système à un seul circuit électrique, la figure
montre que W mag + W’mag =  i

ψ
Ff Faf

wmag Ff sinθaf = Faf sin θa θf


θaf
w’mag θa
Fa
Fa sinθaf = Faf sin θf

i
Fig.14.30
Fig.14.29
Les relations (14.104.b) et (14.118.b) sont équivalente et elles peuvent toutes les deux
servir pour le calcul de la force ou du couple d’origine électrique. Le choix entre W mag et W’mag
est une simple question de préférence et de convenance. Les deux fonctions donnent le même
résultat mais l’une ou l’autre peut s’avérer analytiquement plus simple, suivant la formulation
souhaitée et la description initiale du système concerné.
Le signe – de l’équation (14.104.b) montre que la force généralisée agit dans un sens tel
qu’elle tend à diminuer, à flux constant, l’énergie magnétique emmagasinée. D’autre part, le
signe + de l’équation (14.118.b) montre que la force généralisée agit dans un sens tel qu’elle
tend à augmenter, à courant constant, la coénergie magnétique. Dans un dispositif à un seul
circuit électrique comme celui des figures 14.28, la force généralisée agit dans un sens tel
qu’elle augmente l’inductance en tirant sur les éléments de manière à réduire la réluctance du
circuit magnétique. Dans le cas de cette figure, par exemple, la force généralisée qui est un
couple tend à aligner le rotor avec les faces des pôles statoriques.

14.5.5 Couple dans une machine à entrefer constant

Reprenons la machine à entrefer constant de la figure 14.22 ayant, au rotor un

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.30


enroulement f, et au stator un enroulement a. Supposons que a = 0. Nous continuons à
négliger la réluctance du rotor ainsi que celle du stator.
Les inductances propres du stator et du rotor Lf et La ont des valeurs constantes.
L’inductance mutuelle entre les enroulements f et a vaut Laf = Nf Na m cos  = M cos  et
varie donc avec l’angle  entre les axes des enroulements considérés.
Compte tenu des relations (14.121), (14.109) et (14.110) la coénergie du champ
magnétique emmagasinée dans l’entrefer vaut :

1 1
'
Wmag (ia , i f , m )  La ia2  L f i 2f  M ia i f cos (14.126)
2 2

l’angle électrique  étant lié à l’angle mécanique m par la relation  = p m . Le couple


électromagnétique agissant dans le sens positif de l’angle mécanique m vaut :

Wmag
'
(ia , i f , m ) Wmag
'
(ia , i f , m ) d
C ém     pM ia i f sin p m (14.127)
 m  d m

Le signe moins de cette relation signifie que le couple électromagnétique agit de


manière à aligner le champ magnétique du stator et du rotor.
La relation (14.127) a été établie en représentant la machine par des enroulements à
couplage magnétique. Pour appréhender les phénomènes internes de la machine et pour
illustrer l’influence de ses dimensions, on peut recourir à une autre alternative. Elle consiste à
formuler les équations en termes d’interaction entre les champs magnétiques dans l’entrefer.
Dans le développement de l’expression du couple, nous allons négliger le champ de
dispersion et nous allons nous limiter au champ mutuel des deux enroulements f et a. Nous
allons aussi considérer que l’entrefer  est très faible par rapport au rayon du rotor ou du stator.
Ceci revient à négliger la différence de l’induction magnétique à la surface du rotor, à la surface
du stator et à une distance radiale intermédiaire dans l’entrefer. La circulation de H dans
l’entrefer se réduit à H et est égale à la f.m.m. résultante du stator et du rotor.
Faf  H  (14.128)
Supposons que les f.m.m. du stator et du rotor aient une distribution spatiale sinusoïdale. Elles
peuvent être représentées par des phaseurs spatiaux Fa et Ff tracés suivant les axes
magnétiques (figure 14.30). La f.m.m. résultante Faf, dans l’entrefer, a aussi une distribution
sinusoïdale et est déduite de la somme de Fa et Ff :
F af  F a  F f , (14.129)
relation qui permet d’écrire :

Faf2  Fa2  F f2  2 Fa F f cos  af (14.130)


Le champ résultant est une onde sinusoïdale dont l’amplitude vaut, selon (14.128) : Hm = Faf/. En
un point d’intensité du champ H, la densité de coénergie du système supposé linéaire vaut :
0H2/2. La moyenne de la densité de coénergie dans le volume de l’entrefer vaut (o/2) (H²)moy où
2
(H²)moy est la moyenne de H² . Pour une fonction H sinusoïdale, (H²)moy vaut H m /2 . La moyenne
de la densité de coénergie vaut :

 0 H m2  0 Faf 2
'
(dWmag ) moy   ( ) (14.131)
2 2 4 

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.31


La valeur totale de la coénergie sur tout le volume D   de l’entrefer est donnée par :

 0 Faf 2  D 2
'
Wmag  ( ) .D  0 Faf (14.132)
4  4

où D est le diamètre moyen de l’entrefer,  la longueur de la machine au niveau de l’entrefer, 


l’entrefer et o la perméabilité de l’air. En remplaçant Faf2 par son expression déduite de la
relation (14.130) on obtient :

 0D 2
'
Wmag  ( Fa  F f2  2Fa F f cos af ) (14.133)
4

Sachant que af = p maf’, le couple électromagnétique vaut alors :

Wmag
'
Wmag
'
d af
C ém  
 maf  af d maf

p  0D
 Fa F f sin  af (14.134)
2 

C’est l’expression du couple électromagnétique en fonction des champs magnétiques de


l’entrefer. Elle montre que le couple est proportionnel aux valeurs des amplitudes des f.m.m. du
stator Fa et du rotor Ff, ainsi qu’au sinus de l’angle électrique af de déphasage entre ces f.m.m.
De nouveau, le signe moins signifie que ces champs ont tendance à s’aligner. Sur le stator et
sur le rotor, il s’exerce des couples égaux et de signes contraires. Le couple exercé sur le stator
est transmis, à travers la carcasse à la fondation de la machine.
Signalons que les expressions du couple de la relation (14.127) et (14.134) sont égales.
En effet, Fa est proportionnel à ia, et Ff est proportionnel à if. Les deux méthodes
d’établissement de l’expression du couple sont équivalentes lorsqu’on néglige la réluctance du
fer.
A partir de la figure 14.30, on peut écrire :

Fa sin  af  Faf sin  f (14.135)

F f sin  af  Faf sin  a (14.136)

En introduisant ces relations dans la relation (14.134), on obtient :

p  0D
Cém   Fa Faf sin  a (14.137)
2 

p  0D
Cém   F f Faf sin  f (14.138)
2 

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.32


Le couple électromagnétique est proportionnel au produit d’un champ magnétique avec
la composante de l’autre champ magnétique en quadrature avec lui.
Etant donné que la saturation est négligée, on peut introduire l’induction magnétique de
l’entrefer dans l’expression du couple. L’amplitude de l’induction dans l’entrefer est donnée par
Baf = oFaf / , où Faf est l’amplitude de la f.m.m. résultante dans l’entrefer. D’où :

pD
Cém   Baf F f sin  f (14.139)
2

Cette équation convient pour le dimensionnement des machines, car elle fait intervenir
l’induction et la f.m.m. En effet, à cause de la saturation des dents, la valeur maximale de
l’induction magnétique est limitée à environ 1 Tesla. D’autre part, la valeur maximale de la
f.m.m. est limitée notamment par l’élévation de la température des enroulements. Le flux
résultant par pôle vaut :  = Bmoy Sp ; où Bmoy est la valeur moyenne de l’induction sur un pôle,
Sp = D  /2p la surface d’un pôle. Or, la valeur moyenne d’une fonction sinusoïdale sur la moitié
d’une période est égale à 2/ fois la valeur maximale : Bmoy = 2Bm/. D’où :

2 Bm D D
  Bm (14.140)
 2p p

c’est-à-dire une relation identique à la relation (14.55). En substituant Baf = p  af /D  dans la


relation (14.139) on trouve :

 2
C ém   p  af F f sin  f (14.141)
2

où  af est le flux résultant dans l’entrefer (dû au courant statorique ia et au courant rotorique if).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 14.33


SIXIEME PARTIE

MACHINE ASYNCHRONE
Chapitre 15

CONSTITUTION ET MODÈLE MATHÉMATIQUE


DE LA MACHINE ASYNCHRONE
15.1 GÉNÉRALITÉS SUR LA MACHINE ASYNCHRONE

15.1.1 Définition

Une machine asynchrone est une machine à courant alternatif dont la vitesse en charge et
la fréquence du réseau auquel elle est reliée ne sont pas dans un rapport constant [17]. Cette
machine est également appelée machine à induction.

15.1.2. Constitution

La machine asynchrone comprend deux enroulements (figure 15.1). Le premier


enroulement, dit primaire, est situé au stator. Il est alimenté par un réseau électrique à fréquence
constante f1. Le deuxième enroulement, dit secondaire, est situé au rotor. Il est fermé sur lui-
même ou sur des résistances.

K
U V W Rhéostat de
démarrage
Stator

X Y Z

u v w
Balais
Rotor
Bagues

Fig.15.1

Les éléments principaux d’une machine asynchrone sont les suivants (figure 15.1) :

a) - Le stator : Le noyau magnétique du stator est constitué de tôles magnétiques, isolées entre
elles, dont l'épaisseur est généralement de 0,5 mm. Sur le côté intérieur, ces tôles ont des encoches
régulières, dans lesquelles sont logées les conducteurs de l'enroulement statorique (primaire).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.1


b) - L'entrefer : Le stator et le rotor sont séparés par un entrefer de longueur inférieure à environ 3
mm.

c) - Le rotor : Le noyau magnétique du rotor est aussi constitué de tôles magnétiques, isolées entre
elles, dont l'épaisseur est généralement de 0,5 mm. Sur le côté extérieur, ces tôles ont des encoches
destinées à recevoir les conducteurs de l'enroulement rotorique (secondaire). Le rotor d'une machine
asynchrone peut se présenter sous deux formes différentes :

c1) - le rotor bobiné ou rotor à bagues : Dans ce cas, les conducteurs rotoriques forment trois
phases couplées en étoile (figure 15.1). Les trois extrémités libres de ces phases, ainsi que le point
neutre, sont reliées à des bagues collectrices, sur lesquelles frottent des balais. Ces balais sont reliés
à des bornes situées sur la plaque (ou la boîte) à bornes. Par ces bornes, on peut introduire, dans le
circuit rotorique, des résistances extérieures (rhéostat) nécessaire pour le démarrage. Après le
démarrage, ces bornes sont court-circuitées. Certains moteurs sont munis d'une tige permettant,
après le démarrage, de court-circuiter les bagues et de relever les balais; ce qui permet d'améliorer le
rendement en éliminant les pertes dues au frottement des balais sur les bagues, ainsi que les pertes
par effet Joule dans le circuit situé au-delà des bagues.

c2) - Le rotor à cage d'écureuil : La cage d'écureuil est constituée d'un ensemble de barres nues de
cuivre, ou d'aluminium, placées dans les encoches à la périphérie du rotor. A chacune de ses
extrémités, chaque barre est reliée à l’anneau (court-circuitant les barres, figure 15.2). Durant le
fonctionnement de la machine, cette cage prend spontanément un nombre de pôles égal à celui du
stator. Les conducteurs étant nus, la chaleur dégagée dans la cage passe aisément à toute la masse
du rotor. La cage d'écureuil offre l’avantage d'être simple, robuste et économique.

L1 L2 L3 L1 L2 L3
barre anneau
U V W U V W

Z X Y Z X Y
anneau

Fig.15.2 u v w u v w

a) b)
Fig.15.3

d) - Plaque à bornes : La plaque à bornes de la machine asynchrone se présente comme indiqué


sur la figure 15.3, où : U, V, W sont les bornes d'entrée des enroulements des phases statoriques, X,
Y, Z, leurs bornes de sortie, u, v, w, les bornes des enroulements des phases rotoriques. Cette
disposition des bornes permet d'utiliser des barrettes pour câbler les enroulements en étoile (figure
15.3.a) ou en triangle (figure 15.3.b).

Kamabu Tsongo 15.2


15.1.3 Principe de fonctionnement

Dans ce chapitre, on utilisera l'indice 1 pour les grandeurs statoriques et l'indice 2 pour les
grandeurs rotoriques.

a) - Enroulement statorique
Fermons l'interrupteur K de la figure 15.1. Le réseau alimente l'enroulement statorique avec
un système équilibré de tensions, de tension simple V1, de pulsation ω1 = ωs = 2πf1 et de fréquence
f1. Ces tensions engendrent au stator un système équilibré de courants, de valeur efficace égale à I1.
Conformément à la théorie de la section 14.2.6.b, ces courants donnent naissance à un champ
d'induction magnétique statorique, tournant par rapport au stator à la vitesse angulaire électrique ω1
ou à la vitesse angulaire mécanique Ω1 = Ωs = ω1/p, où p est le nombre de paires de pôles (figure
15.4). Compte tenu des relations (14.48), les amplitudes des ondes fondamentales de l'induction bc et
de la f.m.m. statorique ℱ1 sont les suivantes :
m1 2 k w1 N ph1 µ m 2 k w1 N ph1
ℱ1m = I1 et Bcm = 0 1 I1 (15.1)
 p   p
Ωs
Champ tournant
F
Stator
F

Rotor e2
F i2

Fig.15.4

où m1 est le nombre de phases du stator, N1 = kw1Nph1 est le nombre effectif de spires en série d'une
phase statorique, kw1 son facteur d'enroulement, et Nph1 le nombre des spires en série par phase.
Compte tenu de la relation (14.55), le flux du champ d’induction mutuelle d’une spire
statorique à pas diamétral aura pour amplitude cm = (2/p)Bcm  R. Pour une phase statorique « a »,
le flux totalisé dû au champ d'induction mutuelle bc est donné par la relation (14.63) et vaut : a =
N1cmcos(ω1t-a). La variation de ce flux induit dans la phase statorique une f.é.m. ev1 = dψa/dt de
valeur efficace :
 1 am 2 
E v1 = = f 1 N 1  cm = 4,44 f 1 N 1  cm (15.2.a)
2 2

b) - Enroulement rotorique à l'arrêt


Soient m2 le nombre de phases du rotor et N2 = kw2Nph2 le nombre effectif des spires d'une
phase rotorique. Supposons que l'enroulement rotorique soit ouvert et à l'arrêt. Le champ d'induction
mutuelle bc tourne par rapport au rotor à la vitesse angulaire électrique ω1 ou à la vitesse angulaire
mécanique Ωs = Ω1. L'enroulement rotorique est constitué des conducteurs fixes situés dans un
champ magnétique tournant ou tout simplement variable. Ces conducteurs seront le siège d'une
Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.3
f.é.m. induite e2. Sur la figure 15.4, les conducteurs sont fixes et le champ magnétique tourne vers la
gauche. Cette situation est équivalente à celle où les conducteurs se déplacent vers la droite dans un
champ magnétique fixe. A l'aide de la règle de la main droite, on détermine le sens de la f.é.m. e2, tel
qu'il est indiqué à la figure 15.4.
Compte tenu de la relation (14.55), le flux du champ d’induction mutuelle d’une spire rotorique
à pas diamétral aura pour amplitude cm = (2/p)Bcm  R. Pour une phase rotorique « A », le flux
totalisé dû au champ d'induction mutuelle bc est donné par la relation (14.63) et vaut : A =
N2cmcos(ω1t-A). La variation de ce flux induit dans la phase rotorique une f.é.m. ev2 = dψA/dt de
valeur efficace :
 1 Am 2 
E v2 = = f 1 N 2  cm = 4,44 f 1 N 2  cm (15.2.b)
2 2
Les f.é.m. ou les tensions induites des phases rotoriques forment un système symétrique.
Dans le cas du rotor à cage d’écureuil, le nombre m2 des phases de l’enroulement rotorique
est égal au nombre de barres de cette cage [16].

c) - Enroulement rotorique en rotation


Supposons maintenant que l'enroulement rotorique soit fermé. Sous l’effet des f.é.m. e2, il va
circuler au rotor des courants i2 formant un système symétrique. On se trouve maintenant en
présence des conducteurs fixes parcourus par un courant i2 et situés dans un champ magnétique
tournant vers la gauche (figure 15.4). Par application de la règle de la main gauche, on trouve que les
conducteurs rotoriques seront l'objet d'une force électromagnétique orientée vers la gauche. Lorsque
le couple dû à cette force est supérieur au couple résistant, le rotor tourne vers la gauche à une
vitesse Ωm (ou nm). Le rotor tend donc à tourner dans le même sens que le champ tournant. Ceci est
conforme à la loi de Lenz : les courants induits au rotor sont tels qu'ils s'opposent à la cause qui leur a
donné naissance, cette cause étant le déplacement du champ magnétique par rapport aux
conducteurs rotoriques.
Le couple électromagnétique est dû à l'interaction entre le champ magnétique tournant et les
courants induits par ce même champ. C'est pour cette raison que cette machine est appelée machine
à induction. La vitesse Ωs = Ω1 (ou ns = n1) à laquelle le champ d'induction magnétique statorique
tourne par rapport au stator est appelée vitesse de synchronisme. Si jamais le rotor tourne à cette
vitesse, le champ magnétique du stator ne tourne plus par rapport aux conducteurs rotoriques. Dans
ce cas, les courants rotoriques et donc le couple électromagnétique s'annulent. C'est dire que cette
machine ne peut pas d'elle-même faire tourner son rotor à la vitesse de synchronisme. C'est pour
cette raison que cette machine est appelée machine asynchrone.
Tant que le rotor est à l'arrêt, la pulsation des grandeurs rotoriques est identique à celle des
grandeurs statoriques ωs = ω1 = 2πf1. Par contre, lorsque le rotor tourne à une vitesse angulaire
mécanique Ωm (ou nm), le champ magnétique tourne par rapport au rotor à une vitesse angulaire
mécanique Ωr = Ωs – Ωm ou à une vitesse angulaire électrique ωr = pr = ps - pm = ωs – ωm (figure
15.5). Pour une phase rotorique, le flux totalisé dû au champ d'induction mutuelle a pour expression :
 A = N 2  cm cos[(  s -  m )t -  A ] (15.3)
La pulsation des grandeurs rotoriques devient :
 r = p r = p s - p m =  s -  m (15.4)
On appelle alors glissement la grandeur
n -n  - m  s -  m
g= s m= s = (15.5)
ns s s
où n désigne la vitesse de rotation en tours par minute, Ω la vitesse angulaire mécanique en radians
Kamabu Tsongo 15.4
mécaniques par seconde, et ω la pulsation ou la vitesse angulaire électrique en radians électriques
par seconde, avec ω = p Ω = p.2πn/60. Le glissement prend les valeurs suivantes :
g = 0, lorsque Ωm = Ωs;
g = 1, lorsque le rotor est à l'arrêt (Ωm = 0);
g = 2, lorsque Ωm = - Ωs.
Compte tenu des relations (15.4) et (15.5), la pulsation des grandeurs rotoriques est donnée par :
r = ωs – ωm = gωs (15.6)
D'où l'expression de la fréquence des grandeurs rotoriques :
r g s
f 2= = =g f1 (15.7)
2 2
Compte tenu de la relation (15.6), la vitesse angulaire électrique du rotor est donnée par :
 m =  s - g  s =  s (1 - g) (15.8)
et la vitesse angulaire mécanique de rotation par :
 m  s (1 - g)
m = = =  s (1 - g) (15.9)
p p
La vitesse de rotation en tours par minute vaut :

nm = ns (1-g) (15.10)

θ a
Ωs F1 N1

N2
A
Stator C

Rotor
Ωm B Ωm
b
c
Ωr F2 Ωs

Fig.15.5
Fig.15.6

15.1.4 Effet du courant rotorique sur le champ magnétique

Les f.m.m. de la machine asynchrone sont illustrées sur la figure 15.5. Le rotor comprend m2
phases parcourues par des courants i2 de valeur efficace I2, de fréquence f2, déphasés de 2π/m2, et
formant un système équilibré. Ces courants donnent naissance à une f.m.m. tournante ℱ2 dont l'onde
fondamentale, a pour amplitude :
m2 2 N 2
ℱ2 = I2 (15.11)
 p
Cette f.m.m. ℱ2 tourne par rapport au rotor à une vitesse angulaire électrique ωr = 2πf2 ou à une
Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.5
vitesse angulaire mécanique Ωr = ωr/p. Or le rotor tourne par rapport au stator à une vitesse angulaire
électrique ωm ou à une vitesse angulaire mécanique Ωm = ωm/p. Par rapport au stator, la f.m.m. ℱ2
tourne donc à une vitesse angulaire électrique ωr + ωm = ωs ou à une vitesse angulaire mécanique Ωr
+ Ωm = Ωs. C'est dire que la f.m.m. ℱ2 due au courant rotorique tourne dans l'espace à la même
vitesse que la f.m.m. ℱ1 dû au courant statorique. C'est dire aussi qu'en régime permanent la
f.m.m.ℱ2 est fixe par rapport à la f.m.m. ℱ1.
En régime permanent, la f.m.m. résultante, désignée par ℱo tourne elle aussi par rapport au
stator à la vitesse angulaire électrique ωs ou à la vitesse angulaire mécanique Ωs. Étant donné que
ces f.m.m. sont des fonctions sinusoïdales du temps, leur sommation se fait à l'aide des phaseurs
spatiaux :
ℱ =ℱ +ℱ (15.12)
avec :
m1 2 N 1 m 2 N2
ℱ1= I 1 et ℱ2= 2 I2
 p  p
La f.m.m. résultante ℱo crée un champ d'induction mutuelle tournant d'amplitude Bcm. On appelle
courant magnétisant statorique I1m le courant de l'enroulement statorique qui, en l'absence de courant
rotorique, engendre une f.m.m. égale à la f.m.m. résultante ℱo. En prenant I2 = 0 et I1 = I1m dans la
relation (15.12), on trouve, pour ce courant, le phaseur suivant :

I = ℱ (15.13)

La f.m.m. ℱ est produite par le courant rotorique ̅ . Désignons par ̅ le courant circulant au
stator et produisant une f.m.m. égale à ℱ2. La f.m.m. ℱ2 a pour module :

ℱ2=
m2 2 N 2 m 2 N1 ' ,
I2  1 I2
 p  p
d’où
m2 N 2
I 2' = I 2 = i I 2 (15.14)
m1 N 1
Notons que les phaseurs ℱ et ℱ sont des phaseurs spatio-temporels et non seulement des
phaseurs temporels. Par conséquent, dans la relation (15.12), on doit tenir compte du fait que ces
f.m.m. sont décalées dans l’espace d’un angle électrique 0. C'est dire qu'en chaque point de l'espace
la f.m.m. ℱ2 est décalée dans le temps d'un angle électrique 0. La relation (15.12) s'écrit donc [16,29]
:
m1 2 N 1 m1 2 N 1 m2 2 N 2 j
I 1m = I1+ I2 e 0 ; (15.15)
 p  p  p
d'où :
m2 N 2
I 2 e 0 = I 1 + i I 2 e 0 = I 1 + I2
j j '
I 1m = I 1 + (15.16)
m1 N 1
si on pose

Kamabu Tsongo 15.6


m2 N 2
I 2 e 0 = i I 2 e 0
j j
I 2' = (15.17)
m1 N 1
Le courant I ’2 s'appelle courant rotorique ramené (ou rapporté) au stator. La grandeur μi est le
rapport de transformation des courants. Il vaut :
m2 N 2 m2 k w2 N ph2
i = = (15.18)
m1 N 1 m1 k w1 N ph1
Le courant magnétisant statorique I1m circulant dans l'enroulement statorique engendre seul, à
vide, le même champ d'induction magnétique que les deux courants circulant simultanément dans les
deux enroulements. C'est dire qu'en charge, l'induction Bcm et le flux cm ont respectivement les
mêmes valeurs qu'à vide.
Le rapport de transformations des tensions vaut :
N1 k w1 N ph1
v   (15.19)
N 2 k w 2 N ph 2
Lorsque le nombre m1 des phases du stator est égal au nombre m2 des phases du rotor, le rapport de
transformation des tensions μv est égal à l'inverse du rapport de transformation des courants : μi =
m2N2/m1N1 = N2/N1. Dans ce cas, on désigne par rapport de transformation la grandeur μ = μv = 1/μi.

15.1.5 Grandeurs nominales

Les grandeurs nominales d'une machine asynchrone, marquées sur la plaque signalétique,
sont les suivants :
- la puissance nominale, PN : c'est la puissance mécanique fournie par le moteur à l’appareil entraîné
(= P2 = Pu);
- la fréquence nominale, fN : c'est la fréquence du réseau d'alimentation (= f1)
- la tension composée statorique nominale, U1N : les tensions composées nominales correspondant
aux deux modes de couplage (étoile : Y, triangle : Δ) sont reprises par le fraction U1NY/U1NΔ;
- le courant nominal de ligne statorique, ℓ : les courants nominaux de ligne correspondant aux
deux modes de couplage sont repris par la fraction I 1Y / I 1 ;
- la vitesse nominale de rotation du rotor, nN;
- le facteur de puissance nominale cos 1N.
- le rendement nominal, ηN.
Pour le rotor bobiné, on indique :
- la tension composée rotorique nominale, U2N : c'est la tension entre les bagues lorsque
l'enroulement rotorique est ouvert et que le rotor est immobile ;
- le courant rotorique nominal, I2N, en fonctionnement nominal.

15.1.6 Domaines d'utilisation

On fabrique des moteurs asynchrones de puissance nominale PN allant jusqu’à des MW. La
vitesse de synchronisme est donnée par la relation nsN = 60f1N/p. La vitesse nominale de rotation nmN
est donnée par nmN = nsN(1-g). En fonctionnement nominal, le glissement est inférieur à environ 0,06.
Le glissement s'exprime souvent en pour-cent : il est inférieur à environ 6 %. Pour une fréquence de
50 Hz, on obtient les valeurs du tableau 15.1, où les vitesses de rotation nmN ne sont que des valeurs
types pouvant changer d'un moteur à l'autre :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.7


Tableau 15.1.
nsN nmN
p
[Tours/min] [Tours/min]
1 3000 2900
2 1500 1410
3 1000 950
4 750 710

Les machines asynchrones sont principalement utilisées comme moteurs. Elles peuvent aussi
être utilisées comme génératrices.
Le moteur à cage d'écureuil offre l’avantage d’être simple, robuste et économique; mais il a un
courant de démarrage élevé :  d = (5 à 7)  N .
Le moteur à rotor bobiné permet de réduire le courant de démarrage, mais sa construction est
plus compliquée; d'où un prix environ 1,5 fois plus élevé que celui du moteur à cage d'écureuil.

15.2 SCHÉMA ÉQUIVALENT DE LA MACHINE ASYNCHRONE

15.2.1 Introduction

Considérons une machine asynchrone dont la coupe transversale est illustrée sur la figure
15.6. Le stator porte trois enroulements a, b, c comprenant chacun N1 spires effectives. Le rotor porte
trois enroulements A, B, C comprenant chacun N2 spires effectives. L'angle électrique que fait l'axe
de la phase rotorique « A » avec l'axe de la phase statorique « a » est compté positivement dans le
sens opposé à celui des aiguilles d’une montre. Cette machine étant à entrefer constant, les
expressions des inductances des enroulements sont données dans la section 14.4.

15.2.2 Expressions de flux totalisés

Compte tenu de la relation (14.90), le flux totalisé de la phase statorique « a » vaut :

= + + + [ cos + cos + + −

= (ℓ + ) + ℓ − ( + )+ [
+ cos + + cos( − ) (15.20)
Nous allons considérer une machine alimentée par un système symétrique de tensions va, vb et vc en
sorte que les courants ia, ib, ic forment un système symétrique. Dans ce cas, ia + ib+ ic = 0.
= (ℓ + ) + ℓ − (− )
+ [ cos + cos + + −
= (ℓ −ℓ ) + + [ cos + cos + + −
(15.21)

Kamabu Tsongo 15.8


On désigne par  1 =  a -  'a l'inductance de dispersion effective d'une phase statorique. D'où

ψ =ℓ i + N i +N N [i cos θ + i cos θ + + i cos θ − (15.22)


L'expression du flux totalisé d'une phase rotorique s'obtient de la même manière :
ψ =ℓ i + N i +N N [i cos θ + i cos θ − + i cos θ + (15.23)
'
où  2 =  A -  désigne l'inductance de dispersion effective d'une phase rotorique. Les flux totalisés
A
des autres phases se déterminent de la même manière.

15.2.3. Expressions des courants

On alimente les enroulements des phases statoriques par un système équilibré des
tensions de pulsation  = s = 1, qui engendre un système équilibré des courants statoriques de
pulsation , de valeur efficace 1 et ayant pour expressions :

ia  2 I1 cos( t   i ) de phaseur I1  I1 e j i
ib  2I1 cos( t   i  2 / 3) (15.24)
ic  2I1 cos(t   i  2 / 3)

Ces courants créent un champ magnétique tournant qui induit des courants dans les
enroulements des phases rotoriques lorsque celles-ci sont court-circuitées. L’interaction entre ces
courants rotoriques et le champ magnétique tournant engendre un couple électromagnétique sous
l’effet duquel le rotor tourne à une vitesse angulaire mécanique m ou à une vitesse angulaire
électrique m = pm. Selon les relations (15.6) et (15.8), la pulsation des grandeurs rotoriques vaut
r =  - m = g et leur fréquence vaut f2 = gf1. Dès lors, les courants rotoriques ont pour
expressions :
i A  2 I 2 cos( g t    ) de phaseur I 2  I 2 e j I
iB  2 I 2 cos( g t     2 / 3) (15.25)
iC  2 I 2 cos(g t     2 / 3)

15.2.4. Equations des tensions

Compte tenu de la relation (15.22) et du fait que    m t   0 , le flux totalisé de la phase


statorique vaut :
ψ =ℓ i + N i +N N √2[cos(gωt + α ) cos(ω t + θ )
+ cos(gωt + α − 2π/3) cos(ω t + θ + 2π/3)
+ cos(gωt + α + 2π/3) cos(ω t + θ − 2π/3) (15.26)
Sachant que cos x cos y =  cos(x+y) + cos(x-y)  /2 , on transforme la relation ci-dessus de la
manière suivante :

ψ =ℓ i + N i +
[cos(gωt + ω t + α + θ ) + cos(gωt − ω t + α − θ )

Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.9


+cos(gωt + ω t + α + θ ) + cos(gωt − ω t + α − θ − 4π/3)
+cos(gωt + ω t + α + θ ) + cos(gωt − ω t + α − θ + 4π/3)

Compte tenu du fait que  - m = g ou que g + m =  , on trouve :


ψ =ℓ i + N i + N N √2 cos(ωt + α + θ ) (15.27)
De même, selon la relation (15.23), le flux totalisé de l’enroulement de phase rotorique vaut :
ψ =ℓ i + N i +N N √2[cos(ωt + α ) cos(ω t + θ )
+ cos(ωt + α − 2π/3) cos(ω t + θ − 2π/3)
+ cos(ωt + α + 2π/3) cos(ω t + θ + 2π/3)]

ψ =ℓ i + N i +
[cos(ωt + ω t + α + θ ) + cos(ωt − ω t + α − θ )
+cos(ωt + ω t + α + θ − 4π/3) + cos(ωt − ω t + α − θ )
+cos(ωt + ω t + α + θ + 4π/3) + cos(ωt − ω t + α − θ )]
ψ =ℓ i + N i + N N √2 cos(gωt + α − θ ) (15.28)

En valeurs instantanées, les tensions des enroulements « a » et « A » s’écrivent :


v =R i + ℓ + N + ωN N √2I cos(ωt + α + θ + ) (15.29)
v =R i + ℓ + N + gωN N √2I cos(gωt + α − θ + ) (15.30)

de substituts complexes :
= ̅ + ℓ ̅ + ̅ + ̅
= R I̅ + jωℓ I̅ + j( ωN )I̅ + j( ωN ) I̅ e (15.31)
= ̅ + ℓ ̅ + ̅ + ̅

= R I̅ + jgωℓ I̅ + jg( ωN ) I̅ + jg( ωN ) I̅ e (15.32)


Les grandeurs statoriques va et ia (V1 et I1 ) sont de pulsation  et les grandeurs rotoriques vA et iA
( V2 et I 2 ) sont de pulsation g . On pose alors :
X1 = 1 , la réactance de dispersion statorique ;
X2 = 2 , la réactance de dispersion rotorique ;
= , la réactance de magnétisation statorique.
On obtient alors :
V1  R1 I 1  jX 1 I 1  jX m1 I 1m (15.33)
2
V2  R2 I 2  jgX 2 I 2  jgX m1 I 1m e  j0 (15.34)
1
La relation (15.34) s’écrit aussi :

Kamabu Tsongo 15.10


V2 e j 0  2 R2 I 2 j0 I
 e  jµ 2 X 2 2 e j0  jX m1 I1m (15.35)
g g  
On pose alors :
R2' = 2R2 , la résistance rotorique rapportée (ramenée) au stator ;
'
X 2   2 X 2 , la réactance de dispersion rotorique (ramenée) au stator ;
I 2 j 0
I 2'  e , le courant rotorique rapporté (ramené) au stator ;

V2 e j 0
V2'  , la tension rotorique rapportée (ramenée) au stator.
g
On obtient alors :
R2' '
V 2'  I 2  jX 2' I 2'  jX 1m I m1  0 (15.36)
g
Cette tension est nulle, car l’enroulement rotorique est court-circuité. Selon les relations (15.33) et
(15.34) les f.é.m. induites dans les enroulements statorique et rotorique valent respectivement :
E v1  jX m1 I 1m  Vm (15.37)
I 1m  j 0 gE v1e  j0
E v 2  jgX m1 e  (15.38)
 
L’équation (15.33) s’écrit alors
V1  R1 I 1  jX 1 I 1  E v1 (15.39)
Les équations (15.34) et (15.36) s’écrivent respectivement :
V2  R2 I 2  jgX 2 I 2  E v 2  0 (15.40)
R2'
V2'  I 2'  jX 2' I 2'  E v' 2  0 (15.41)
g
où E v' 2 =  E v 2 e  j 0 /g = E v1 est la f.é.m. induite de l’enroulement rotorique rapportée (ramenée)
au stator.

15.2.5 Schéma équivalent du moteur asynchrone

Compte tenu des équations (15.33) et (15.36) d’une part, et des équations (15.40) et
(15.41) d’autre part, on établit sur la figure 15.7 le schéma équivalent de la machine asynchrone à
enroulement rotorique court-circuité. Comme pour le transformateur, l’effet des pertes en fer peut
être introduit sur ce schéma équivalent à l’aide d’une résistance Rfe dite des pertes en fer. L’effet
de la rotation du rotor se manifeste sur le schéma par la division de la résistance rotorique
(ramenée) par le glissement g. D’autre part, on peut scinder la résistance R2' /g sous la forme
suivante :
R2' 1 g '
 R2'  R2 (15.42)
g g

Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.11


Cette relation permet de modifier le schéma équivalent de la figure 15.7 et d’établir le schéma
équivalent de la figure 15.8. La figure 15.8 montre que le schéma équivalent d’une machine
asynchrone correspond à celui d’un transformateur alimentant au secondaire une résistance
I1 R1 jX1 jX’2
variable (1-g) R2' /g. I' 2

0 I1m

V1 Rfe Vm jXm1 R' 2


g

Fig.15.7
R1 jX1 jX’2 R’2
I1 I' 2
I0
I1m

Vm 1 g
V1 Rfe jXm1 R '2
g

Fig.15.8
15.2.6 Courant à vide

La résistance des pertes en fer Rfe est parcourue par le courant Ife; tandis que la réactance de
magnétisation X1m est parcourue par le courant magnétisant I1m. Le courant de la branche verticale
vaut alors : I 0 = I fe + I1m . Si on néglige le changement de la chute de tension (R1 + jX1) I1 lorsqu’on
passe de la marche à vide (I2 = 0) au fonctionnement en charge (I2  0), le courant I0 est le courant à
vide. Le diagramme des phaseurs de la marche à vide est repris sur la figure 15.9.

Z1 I 0

V1
Vm
0
I0
Ife

Kamabu Tsongo
I1m 15.12

Fig.15.9
Selon la relation (14.68) la perméance de la machine asynchrone vaut : m = 40 
R/(’p ).Étant donné que 0 est inférieur à fer, la perméance m d’une machine asynchrone est plus
2

faible (en grandeurs réduites) que celle d’un transformateur. La réactance de magnétisation =
de la machine asynchrone est donc plus faible (en grandeur réduite) que celle du
transformateur. Dès lors, le courant magnétisant relatif I1m/I1N d'une machine asynchrone est
beaucoup plus important que celui d'un transformateur. Il en est de même du courant à vide relatif
I0/I1N . Ce courant à vide peut même atteindre une valeur de 0,5 p.u., pour certaines machines.
Étant donné que le déphasage 0 entre la tension V1 et I 0 est proche de π/2, le facteur de
puissance cos 0 du moteur asynchrone est faible. Pour améliorer ce facteur, il importe de réduire le
plus possible l'amplitude de la composante réactive qu'est le courant magnétisant I1m. Ce résultat est
obtenu par l'augmentation de la réactance de magnétisation Xm1, c.-à-d. par la réduction de l’entrefer
. C'est ce qui explique les valeurs faibles de l'entrefer citées dans la section 15.1.2.b.

15.2.7 Schémas équivalents simplifiés

Le schéma des figures 15.7 et 15.8 porte le nom de schéma équivalent en T. Dans certains
cas on place la branche de magnétisation aux bornes d'entrée tel que cela est illustré sur la figure
15.10. Ce nouveau schéma porte le nom de schéma équivalent en Γ et en L. Dans le cas de la
machine asynchrone, le passage du schéma en T au schéma en Γ donne des erreurs non
négligeables (de l’ordre 10% et même plus).
D'autres simplifications peuvent être opérées sur le schéma équivalent d'une machine
asynchrone. Dans certaines applications, on peut omettre la résistance Rfe, de même que la
résistance R1 lorsque celle-ci est négligeable par rapport à la réactance X1. Dans certaines
approximations grossières, on peut même omettre l'impédance statorique z = R1 + jX1.

I1 I’2 R1 X11
jX X’22
jX’

I0
Ife I1m

Rfe jX1m
m1 R '2
V1 X
g

Fig.15.10
15.2.8 Machine asynchrone à nombre quelconque de phases

Soient m1 le nombre de phases du stator, et m2 le nombre de phases du rotor. Dans le cas


Machines électriques - Kamabu Tsongo 15.13
général, m1 est différent de m2. Le rapport de transformation des courants a été défini par la relation
(15.18). Il vaut : i = I 2' / I 2 = m2kw2Nph2/m1kw1Nph1. Le rapport de transformation des tensions a été
défini par la relation (15.19). Il vaut : v = V2' / V2 = kw1Nph1/kw2Nph2.
Pour ramener la résistance effective d'une phase rotorique au stator, on part de l'identité des
2
pertes par effet Joule : pcu2 = m1 R’2 ( I’2 ) = m2 R2 I 22 . On en déduit le rapport de transformation des
résistances, qui vaut:
2 2
R2'm  I  m  k w1 N ph1  m1 2
 R = = 2  2'  = 1  = v (15.43)
R 2 m1  I 2  m2  k w 2 N ph 2  m2
Pour ramener la réactance de dispersion d'une phase rotorique au stator, on part de l'identité
des puissances réactives : Qσ2 = m1 X 2' ( I 2' )2 = m2X2 I 22 . On en déduit le rapport de transformation
des réactances, qui vaut:
2
m   m  k w1 N ph1  m1 2
2
X 2'
x= = 2  I’2  = 1  = v (15.44)
X 2 m1  I 2  m2  k w 2 N ph 2  m2
On appelle rapport de transformation des impédances, le rapport μz = μR = μx.

Kamabu Tsongo 15.14


Chapitre 16

CARACTÉRISTIQUE MÉCANIQUE DE LA
MACHINE ASYNCHRONE

16.1 Transformation électromécanique dans une machine asynchrone

L'écoulement de puissance dans un moteur asynchrone triphasé est illustré sur la figure
16.1. Du réseau d'alimentation, le moteur reçoit une puissance active P1 = 3V1I1cos1. Une partie de
cette puissance est transformée en pertes dans le cuivre du stator pcu1 = 3 R1 I 12 et une autre en
pertes dans le fer pfe = 3VmIfe = 3 V 2m / R fe . La puissance restante Pém = P1 - pcu1 - pfe transite à
travers l'entrefer par l'intermédiaire du champ magnétique et est transmise au rotor. Elle est appelée
puissance électromagnétique.

1-g P 2 = Pu
Pméc
Pém
P1 = Pél

pméc + psup

pcu2
pcu1
pfe
Fig.16.1
Une partie de la puissance électromagnétique se transforme en pertes dans le cuivre du
rotor pcu2 = 3 R2 I 22 = 3(μ2R2)(I2/μ)2 = 3 R 2' I 2'2 . La puissance restante est transformée en puissance
mécanique Pméc. Une partie de la puissance mécanique correspond : - aux pertes mécaniques pméc;
- et aux pertes supplémentaires psup dans les enroulements et dans les circuits magnétiques dues
aux harmoniques d'ordre supérieur des courants et des champs magnétiques. La puissance
mécanique restante est la puissance mécanique utile P2 = Pu transmise par l'arbre à l'organe
entraîné, appelé charge : Pu = CuΩm , où Cu est le couple utile qui est égal au couple résistant Cr.

16.2 Couple électromagnétique

D’après le schéma équivalent de la figure 15.8, la puissance mécanique Pméc doit être égale
aux pertes dans la résistance supplémentaire (1-g) R2' /g et vaut [7] :
1 - g ' '2 1 - g 1- g
P méc = 3 R2 I 2 = (3 R 2 I 22 ) = p (16.1)
g g g cu2
La résistance (1-g) R2' /g représente donc "la charge mécanique" rapportée au primaire de la
machine asynchrone. D'autre part, cette puissance mécanique vaut : Pméc = Cém Ωm. Compte tenu
du fait que Ωm = ωm/p = (1-g)ωs/p, on trouve :
Pméc 3 p R2 2
C ém   I2 (16.2)
m s g

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.1


Le couple électromagnétique est proportionnel aux pertes par effet Joule dans la résistance R2/g.
Compte tenu de la relation (16.1), la puissance électromagnétique est donnée par :
1- g p
P ém = p cu2 + P méc = p cu2 + p cu2 = cu2 (16.3)
g g
La relation (16.3) montre que la répartition de la puissance électromagnétique se fait de la manière
suivante :
pcu2 = g Pém et Pméc = Pém - pcu2 = (1-g) Pém. (16.4)
La relation (16.4.a) montre que le rendement n'est élevé que pour une valeur faible du glissement.
Compte tenu de la relation (16.4.b), la relation (16.2) s'écrit :
Pméc Pméc P
C ém = = = ém (16.5)
m (1 - g)  s  s
Compte tenu du couple des pertes Cp = (pméc + psup)/Ωm, le couple électromagnétique vaut aussi :
Pméc P u + p méc + p sup
C ém = = = Cu +C p (16.6)
m m
De manière générale, le rotor comprend m2 phases et le chiffre 3 des formules relatives aux
grandeurs rotoriques doit être remplacé par la variable m2. Dès lors, d’après la relation (16.2), le
couple électromagnétique vaut :
m2 p R2 2
C ém  I2 (16.7)
s g

16.3 Schéma équivalent modifié

Pour calculer le couple électromagnétique Cém, on va déterminer le courant I2 à partir du


schéma de la figure 15.7. Une portion de ce circuit, représentée sur la figure 16.2.a, sera remplacée
par son circuit équivalent selon la méthode de Thévenin (figure 16.2.b). Soient z1 = R1 + jX1 et Z m1
= 1/(1/Rfe + 1/jXm1). La tension de Thévenin est la tension aux bornes yy' à l'absence de la branche
représentant l'enroulement secondaire. Elle vaut :
Z m1
V TH = V 1 = k 1V 1 (16.8)
z1 + Z m1

I1 R1 jX
X1 I’2 RTH XTH
jX TH
y y
- I’2

Rfe R fe jX
X1m VTH
V1 m1

y’ y’
a) b)
Fig.16.2
où k 1 = Z m1 /( z 1 + Z m1 ) = k 1 / est le coefficient de couplage généralisé du stator. La valeur de k1 est
inférieure mais proche de l'unité; tandis que ε est un angle positif très petit. L'impédance de
Thévenin est l'impédance vue entre les bornes y y' lorsque les bornes d'alimentation sont court-

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.2


circuitées, et à l'absence de la branche représentant l'enroulement secondaire. Cette impédance de
Thévenin vaut :
z1 Z m1 =
Z TH = k 1 z1 = RTH + j X TH (16.9)
z1 + Z m1
Dès lors, le schéma équivalant de la machine asynchrone (figure 15.7) se transforme comme
indiqué sur la figure 16.3.

16.4 Expression du couple en fonction des paramètres

De la figure 16.3, on tire les expressions suivantes :

- I 2' = k 1V 1 (16.10)
( RTH + R2 /g) + j( X TH + X 2'
'
)
2 2
k1 V 1
I 2'2 = (16.11)
( RTH + R2' /g )2 + ( X TH + X 2' )
2

Compte tenu du fait que R2 I 22 = R2' I 2'2 , la relation (16.2) se met sous la forme suivante :
3p R2' 2 2
k1 V 1
C ém = (16.12)
 s g ( RTH + R2' /g )2 + ( X TH + X 2' )2
Pour déterminer l'allure de la courbe du couple en fonction du glissement, on considère les
valeurs extrêmes du glissement :
- aux faibles glissements (g  0), le terme R2' /g est prépondérant au dénominateur et le couple
vaut approximativement :
3p k 12 V 12 g
C ém  , (16.13)
 s R2
'

I’2 RTH XTH


jX TH X’2'2
jX

VTH = k1V1 R'2


g

Fig.16.3
et le couple varie linéairement en fonction de g.
- Aux grands glissements, le terme R2' /g devient négligeable au dénominateur, le couple vaut
approximativement :
3p R2' 2 2
k1 V 1
C ém  , (16.14)
 s g RTH
2
+ ( X TH + X 2' )2
et le couple varie en raison inverse de g.
La courbe Cém = f(g) ou Cém = f(Ωm) est donnée sur la figure 16.4. La relation (16.12) donne
l'expression du couple électromagnétique principal, résultant des interactions entre le premier
harmonique du champ d'induction mutuelle et les courants induits dans l'enroulement rotorique. Elle

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.3


ne tient pas compte des couples électromagnétiques complémentaires, qui sont dus notamment aux
harmoniques de rang supérieur [16].
Sur la figure 16.4, on peut voir les domaines des modes de fonctionnement de la machine
asynchrone. Ces modes de fonctionnement sont les suivants :
- en moteur : 0 < m < s , 1 > g >0 , Cém > 0
- en génératrice : m > s g<0 Cém < 0
- en frein : m < 0 g>1 Cém > 0
- à vide : m= s g=0 Cém = 0
- à l’arrêt : m = 0 g=1 Cém > 0

16.5 Couple et glissement de décrochage

La figure 16.4 montre que le couple électromagnétique passe par une valeur maximale Cmax
correspondant à un glissement gc. C'est dire que si on augmente le couple résistant Cr au-delà de
Cmax, le moteur asynchrone sera incapable de fournir un couple électromagnétique Cém égal à ce
couple résistant Cr. En vertu de la relation JdΩm/dt = Cém - Cr, la vitesse du moteur se met à
décroître jusqu'à l'arrêt. On dit que le moteur décroche. Le couple maximal Cmax est appelé couple
de décrochage. Le glissement gc correspondant au couple maximal est appelé glissement de
décrochage ou glissement critique.
Cém
frein moteur générateur

Cmax

g gc -1 g
1 0
- Ωs 0 Ωs 2Ωs Ωm

Fig.16.4
Compte tenu de la relation (16.5), Cém = Pém/Ωs. C'est dire que le couple électromagnétique
Cém est maximal lorsque la puissance électromagnétique Pém est maximale. Compte tenu de la
relation (16.3), Pém = pcu2/g = 3R2' I 2' 2 / g . La puissance électromagnétique est donc égale aux pertes
dans la résistance R2' /g. Dès lors, le couple électromagnétique Cém sera maximal lorsque la
puissance consommée par la résistance R2' /g est maximale.
Considérons le schéma équivalent modifié de la figure 16.3. Exprimons la condition
d'échange de puissance maximale entre une source (de tension VTH, d'impédance interne zi = RTH
+ j(XTH + X 2' ) et une charge d'impédance z c = R2' /g . Dans le cours d'analyse des circuits, on montre
que la puissance active échangée entre une telle source et une telle charge atteint sa valeur
*
maximale lorsque : z c = zi . Comme l'argument de z c est nul, cette condition se réduit à l'égalité des
modules des impédances : zc = zi ; ce qui s'écrit :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.4


R2' 2
= RTH + ( X TH + X 2' )2 ; (16.15)
gc
d'où le glissement critique :
R2'
gc = (16.16)
2
2
RTH + ( X TH + X 2' )
En substituant, dans la relation (16.12), g par cette expression de gc, on trouve l'expression du
couple maximal :
3p k 12 V 12
C max = (16.17)
2  s R + R 2 + ( X + X ' )2
TH TH TH 2
Le glissement critique est directement proportionnel à la résistance rotorique R2. Le couple
maximal Cmax est indépendant de la résistance rotorique R2. La figure 16.5 illustre la variation de la
caractéristique mécanique avec la résistance rotorique pour un moteur à rotor bobiné. Lorsque la
résistance R2 du rotor augmente, le couple maximal reste inchangé, mais sa position se déplace
vers la gauche. Pour obtenir cette variation de la résistance rotorique R2, un rhéostat de démarrage
est raccordé en série avec l'enroulement rotorique par l'intermédiaire des bagues et des balais. Ce
rhéostat est calculé de manière à obtenir le couple maximal Cmax au démarrage (Ωm = 0, g = 1).

Cém
R2 R3 R4

R1
(ΩrN,CN)

R1< R2< R3< R4 Ωm

Fig.16.5

16.6 Influence de la tension statorique

La relation (16.12) montre que le couple électromagnétique est proportionnel au carré de la


tension V1. Soit CNmax le couple maximal obtenu lorsque la tension nominale V1N est appliquée à
l'enroulement statorique d'une machine asynchrone. Selon la relation (16.17), si la tension appliquée
' '
baisse jusqu'à V1 = 0,8 V1N, le couple maximal baisse lui aussi jusqu'à C max = 0,82 CNmax, c.-à-d.
'
une diminution de (CNmax - C Nmax )/CNmax = 1-0,82 = 0,36. Bref, lorsque la tension diminue de 20 %, le
couple diminue de 36 %. La diminution de la tension peut donc entraîner un décrochage de la
machine. Généralement, le constructeur de la machine asynchrone précise le rapport CNmax/CN entre
le couple maximal et le couple nominal.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.5


16.7 Expression approchée du couple

Pour résoudre certains problèmes de commande électrique, il est nécessaire d'exprimer le


couple électromagnétique en fonction du couple maximal Cmax et du glissement critique gc. Souvent,
RTH est beaucoup plus faible que XTH+ X 2' . Dans ce cas, les relations (16.16) et (16.17) s'écrivent :
R2' 3p 2 2
k1 V 1
gc  et C max  (16.18)
'
X TH + X 2 2  s X TH + X 2'
Pour R2' /g » RTH, à l'aide de la relation (16.12), on écrit :
C ém R2' 2( X TH + X 2' )

C max g R2' 2 2
( ) + ( X TH + X 2' )
g
C ém 2
 '
C max R2 g( X TH + X 2' )
+
g( X TH + X 2' ) R2'
Cém 2
 (16.19)
C max g c + g
g gc
C'est la formule de Kloss [6]. Aux faibles glissements (g/gc négligeable), on obtient une droite
d’équation Cém/Cmax  2g/gc. Aux grands glissements (gc/g négligeable), on obtient une parabole
d’équation Cém/Cmax  2gc/g.

16.8 DIAGRAMME DES COURANTS

16.8.1 Expression du courant statorique

Compte tenu du schéma équivalent de la figure 15.8 et des notations de la section 16.3, la
tension statorique vaut :
' '
V 1 = z1 I 1 + Z m1 ( I 1 + I 2 ) = ( z1 + Z m1 ) I 1 + Z m1 I 2 ; (16.20)
d'où l'expression du courant statorique :
'
V 1 - Z m1 I 2 = + (-I ' )
I1= I0 k1 2 (16.21)
z 1 + Z m1 z 1 + Z m1
Cette relation est explicitée sur la figure 16.6. Le courant I 1 peut être déterminé à partir de deux
composantes :
- le courant à vide I 0 = V 1 /( z1 + Z m1 ) , circulant au stator au synchronisme (g =0, R2' /g = );
'
- la composante I = k 1 (-I 2 ) , due au courant rotorique.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.6


2
k1V1 = V
V1
2
Ag

I1
0 k1(-I’2) = I

I fe I 0 I0
A0

0 I 1m
Fig.16.6

16.8.2 Composante due au courant rotorique

Pour obtenir cette composante, on peut transformer le schéma de la figure 16.3 sous la
forme reprise sur la figure 16.7, en posant :
V = k 12 V 1 , I = k 1 (-I 2' )
' '
Z g = R g + jX = ( RTH + R2 /g) + j( X TH + X 2 )
La tension aux bornes de ce circuit vaut : V = R g I + jX I . En divisant à gauche et à droite par jX, on
trouve :
V R
-j =- j g I +I (16.22)
X X
Supposons que la tension V1 (ou V) et la réactance X restent constantes. Le courant  ( ou
I 2' ) varie par suite de la variation du glissement g. L'équation (16.22) est explicitée sur la figure
16.8. Elle stipule qu'un courant constant V/X déphasée de π/2 en arrière de la tension V est obtenu
à partir de deux composantes : le courant I dans le circuit de la figure 16.7 plus un courant variable
(Rg/X) I , déphasé de π/2 en arrière du courant I .
Pour une valeur fixe du glissement g, la diagramme des phaseurs est un triangle rectangle
dont l'hypoténuse A0E est égale à V/X. Étant donné que cette hypoténuse a une longueur constante,
lorsque le glissement g varie, la résistance Rg varie et le sommet de l'angle droit se déplace sur une
circonférence de diamètre V/X. Cette circonférence est le lieu géométrique de l'extrémité Ag du
courant I .
V
k²1V1
Ag
Ag
Rg
j I I1
X V1 2
I k1 (-I’2 )
0
M M
E
A0
V
E I0 A0
j
X
Fig.16.8
Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.7
Pour tracer cette circonférence, on représente le courant - j V /X correspondant à son
diamètre par un segment A0E perpendiculaire au phaseur V . Si A0E est la longueur de ce diamètre
en mm, l'échelle des courants en A/mm vaudra uI = (V/X)/A0E. On cherche alors le milieu M du
segment A0E, puis on trace la circonférence de centre M et de rayon A0M.

16.8.3 Lieu géométrique de l'extrémité du courant I 1

D’après la relation (16.21), pour obtenir le courant I 1 (figure 16.9), il suffit d'ajouter le
'
courant I 0 au courant I = k 1 (-I 2 ) . L'origine O du phaseur I 0 est donc l'origine du diagramme. En
joignant les point O et Ag, on obtient le phaseur OAg représentant le courant 1. En pratique, on part
du point O. On trace d'abord le phaseur V 1 , puis le phaseur I 0 , dont l'extrémité est le point A0. A
2
partir de ce point on trace le phaseur V = k 1 V 1 , à partir duquel on déduit la circonférence, comme
expliqué dans la section 16.8.2.
Lorsque le glissement g varie à tension V1 constante, à fréquence f1 constante et à valeurs
constantes des paramètres R1, X1, Rfe, Xm1, R2, X2, l'extrémité du courant statorique I 1 se déplace
sur une circonférence (figure 16.9). Cette circonférence, qui est le lieu géométrique du courant I 1 ,
est appelée diagramme du cercle de la machine asynchrone. Associé à des constructions
auxiliaires, ce diagramme permettait de déterminer graphiquement les caractéristiques
électromécaniques de la machine asynchrone. Cependant, suite aux facilités de calcul offertes par
les calculateurs modernes, le diagramme du cercle a perdu de l’importance.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 16.8


Chapitre 17

DÉMARRAGE DU MOTEUR ASYNCHRONE


17.1 PROCESSUS DE DÉMARRAGE

La mise en vitesse d’un moteur asynchrone peut se faire par démarrage direct, c.-à-d.
par branchement direct sur le réseau. Le processus de mise en vitesse est alors régi par
l'équation du mouvement : JdΩm/dt = Cém - Cr. Ce processus est illustré sur la figure 17.1.
Le temps de démarrage est le temps qui s'écoule entre le décollage (Ωm = 0), et le
fonctionnement en régime permanent (Ωm = Cte). Il vaut :
J d m
t d =  r2
r1
(17.1)
C ém - C r I
Cém

Cém
I

Cém

Cr
Ωm

Ωp
Fig.17.1

17.2 PROBLÈMES DE COUPLE ET DE COURANT

17.2.1 Problème de couple

Le processus de démarrage dépend de la caractéristique mécanique Cém = f1(Ωm) du


moteur et de la caractéristique mécanique Cr = f2(Ωm) de l'appareil entraîné. On souhaite avoir
un couple de démarrage Cd élevé afin que le temps de démarrage soit réduit, ainsi que
l’échauffement qui en résulte. Au sujet du couple, la performance d'un moteur est caractérisée
par :
- le rapport Cmax/CN du couple maximal Cmax au couple nominal CN ;
- le rapport Cd/CN du couple initial (de démarrage) Cd au couple nominal CN.

17.2.1 Problème de courant

Au décollage (m = 0 et g = 1), le schéma équivalent d’un moteur asynchrone (figure


15.8) est celui d’un transformateur à enroulement secondaire court-circuité. Comme illustré sur
la figure 17.1, les courants I1 et I2 sont plusieurs fois supérieurs aux courants nominaux. En
grandeurs réduites, le courant statorique initial (de démarrage) Id est de l'ordre de idr = Id/I1N = 5
à 7 p.u. La circulation de ces grands courants entraîne une dissipation d'énergie sous forme de
chaleur dans les enroulements. Les expressions de cette énergie sont établies dans la
référence [21]. Dans le cas d'un démarrage lourd, la durée et les courants de démarrage
Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.1
peuvent être tels que l'échauffement des enroulements dépasse les limites admissibles pour la
bonne tenue diélectrique de la machine. Cependant, dans le cas d'un démarrage léger, ces
courants excessifs sont le plus souvent de si courte durée que le moteur supporte
l’échauffement qu’ils engendrent.
Un autre inconvénient de ces courants excessifs est celui de la brusque chute de
tension qu'ils provoquent dans le circuit auquel le moteur est branché. Malgré sa faible durée, la
chute de tension provoquée par la pointe de courant au démarrage peut atteindre des valeurs
inadmissibles. Ce phénomène se répercute sur les autres récepteurs branchés sur le même
circuit.
Le constructeur précise, pour chaque moteur asynchrone, le rapport Id/IN. La pointe de
courant admissible dans une ligne électrique dépend du type (B, C, D, Z,…) et de l'intensité de
réglage de l'appareil de protection de la ligne. Par conséquent, le procédé de démarrage doit
être choisi en fonction notamment de la pointe de courant admissible par le réseau.

17.2.3 Corrélation entre les problèmes de couple et de courant

D’après la relation (16.7), le couple électromagnétique Cém est d’autant plus grand que
le courant rotorique I2 est grand. D’autre part, étant donné que le courant statorique I1 augmente
en même temps que le courant rotorique I2, les exigences relatives au courant statorique I1 sont
s’appliquent aussi au courant rotorique I2. Par conséquent, le courant rotorique I2 doit rester
faible de façon que la chute de tension et l’échauffement restent modérés. Pendant le
démarrage d’un moteur asynchrone, on doit concilier ces exigences contradictoires : augmenter
le couple électromagnétiques (Cd ), tout en réduisant la chute de tension et l’échauffement (Id
). On souhaite donc avoir une valeur élevée du rapport (Cd/CN)/(Id/IN). Ce rapport est appelé
couple spécifique.
Certains procédés de démarrage agissent sur le circuit primaire et sont applicables à
tous les moteurs. D’autres procédés de démarrage agissent sur le circuit rotorique et ne sont
applicables qu'au moteur à rotor bobiné.

17.3 DÉMARRAGE DU MOTEUR À ROTOR BOBINÉ

17.3.1 Processus de démarrage du moteur à rotor bobiné

Ce procédé de démarrage consiste à agir sur la caractéristique mécanique du moteur


par l'insertion des résistances en série avec l'enroulement rotorique. L’objectif poursuivi est
d’augmenter le couple électromagnétique de démarrage Cd, tout en réduisant le courant de
démarrage Id (figure 17.2).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.2


I
C R1d > R2d > R3d > R4d
1 2 3 4

4
Cém 3
2
1
Cr

Ωm b) Ωm
a)
Fig.17.2
En général, le rhéostat de démarrage comporte plusieurs sections (figure 17.3), grâce
auxquelles on peut obtenir plusieurs caractéristiques mécaniques (figure 17.2.a), présentant un
même maximum Cmax pour des valeurs différentes du glissement. On appelle alors
caractéristique mécanique naturelle, la caractéristique (n4) obtenue sans résistance
additionnelle au rotor.
Avant la mise sous tension de l'enroulement statorique, on insère dans le circuit
rotorique une résistance (R1d-R2) telle que le couple initial Cd soit égal au couple maximal Cdmax
(n1). Si le couple de démarrage Cd est supérieur au couple résistant Cr, le moteur démarre et
prend de la vitesse selon la courbe 1. Lorsque le rotor atteint la vitesse correspondant au point
d'intersection des courbes 1 et 2, on passe à la résistance R2d-R2. Le moteur continue à prendre
de la vitesse selon la courbe 2. Le processus se poursuit de la même manière jusqu'à la
caractéristique mécanique 4. L’accélération du rotor cesse lorsqu’il atteint la vitesse
correspondant à l'intersection de la caractéristique mécanique Cém = f1(Ωm) du moteur avec la
caractéristique mécanique Cr = f2(Ωm) de l'appareil entraîné. La figure 17.2.b donne les courbes
de variation du courant statorique en fonction de la vitesse.

C
R1d R2d Rn
A C
Rn Cdmax
R3d
R2d
n Cdmin
R1d B D E

1 g1 g2 g3 g’ g
a)
b)
Fig.17.3

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.3


Ce mode de démarrage est le seul qui permet d’augmenter le couple au décollage
(Cd/CN = 1,5 à 2,5) tout en réduisant le courant absorbé (Id/IN = 1,5 à 2). Ce mode de démarrage
fournit un couple spécifique élevé nécessaire aux appareils à démarrage difficile. Il ne
s’applique qu’au moteur à rotor bobiné.

17.3.2 Calcul du rhéostat de démarrage

a) Calcul à l’aide des formules exactes


Le rhéostat de démarrage est calculé de façon que le couple électromagnétique soit
maintenu entre les deux limites suivantes :
- une limite supérieure Cdmax fixée par le courant maximum admissible  d max ;
- une limite inférieure Cdmin qui doit être supérieure au couple résistant Cr afin d’assurer
l’accélération du rotor.
Soit « n » le nombre de plots du rhéostat de démarrage (figure 17.3.a). Le rhéostat
comporte n-1 sections. Soient R1d, R2d,…, Rn = R2, les valeurs des résistances totales par
'
phase du rotor et R1d' , R2d
'
,…, Rn' = R2 , les valeurs de ces résistances rapportées au stator.
Au décollage (g=1), on ferme le circuit rotorique, la résistance totale rotorique prend la
valeur R1d' ; ce qui porte le couple électromagnétique à la valeur maximale souhaitée Cdmax
(figure 17.3.b). Avec Cém = Cdmax et g=1, l’utilisation de la relation (16.12) fournit la valeur de
R1d' . Dans le cas où le couple maximal de démarrage souhaité Cdmax est égal au couple de
décrochage Cmax, le glissement critique gc est connu (gc = 1 au décollage) et la relation
(16.16) donne la valeur de R1d' :
R1' d  g c1 RTH
2
 ( X TH  X 2' ) 2 (17.2)
On considère que la commutation d’un plot (n°1 par exemple) au suivant (n°2 par
'
exemple) s’effectue dès que le couple prend la valeur Cdmin. Avec Cém = Cdmin et R2 = R1d' ,
l’utilisation de la relation (16.12) fournit la valeur du glissement g 2 à l’instant où l’on doit faire
la commutation du plot 1 au plot 2.
On considère aussi que cette commutation porte instantanément le couple à la valeur
Cdmax sans que le glissement (ou la vitesse) ait eu le temps de varier. Alors, avec Cém = Cdmax
'
et g = g2, l’utilisation de la relation (16.12) fournit la valeur de R2d . De nouveau, lorsque Cdmax
= Cmax, on peut utiliser la relation (17.2), en remplaçant R1d' par R2d
'
et gc1 par gc2 = g2.
Ce processus se poursuit par un calcul alternatif des résistances totales rotoriques et
des glissements aux plots suivants.

b) Calcul avec approximations aux faibles glissements


Aux faibles glissements, le couple électromagnétique est approximativement donné par
la relation (16.13) et varie linéairement en fonction du glissement. Durant le processus de
démarrage, le point de fonctionnement se déplace dans ce cas comme indiqué sur la figure
17.3.b. En utilisant la relation (16.13), on obtient :
- au point B, g = g2 et Cém = Cdmin = (3p k1 V1 g2)/(s R1d' )
2 2

- au point C, g = g2 et Cém = Cdmax = (3p k1 V1 g2)/(s R2d


2 2 '
)
'
On en déduit que Cdmin/Cdmax = R2d / R1d' . Une relation similaire peut être écrite pour les
autres valeurs du glissement de commutation g1, g2,…. On peut donc écrire :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.4


R2' d R3' d Rn' C d min
  ...    (17.3)
R1' d R2' d Rn' 1 C d max
R2' d  R1' d  ; R3' d  R2' d   R1d  2 ;…., Rn'  R1' d  n 1 (17.4)
Les résistances R1d' , R 2d
'
,…, Rn' 1 , R n'  R 2' forment donc une progression géométrique
décroissante de raison .
En utilisant la relation (16.13), on obtient
- au point A, g = 1, Cdmax = (3p k1 V1 )/(s R1d' )
2 2

- au point E, g = g’, Cdmin = (3p k1 V1 g’)/(s R n' )


2 2

où g’ est le glissement qui donne Cdmin sur la caractéristique naturelle, c.-à-d. sans rhéostat.
On en déduit que :
C d min g ' / Rn' R1' d
   g' ' (17.5)
C d max 1 / R1' d Rn
Compte tenu de (17.4), la relation (17.5) s’écrit [5] :
  g ' 1n ou g'   n (17.6)
Le problème de calcul du rhéostat de démarrage peut se poser de deux manières
différentes :

b1) Connaissant le nombre n des plots, déterminer le rapport  = Cdmin / Cdmax.


Compte tenu des relations (17.6) et (17.5), on a [5] :
Rn' 
  n g' et R1' d  (17.7)
g'
Le rapport  dépend du glissement g’ donc du couple minimal Cdmin. On adopte souvent
comme couple minimal le couple nominal CN. Dans ce cas, g’ = gN. Si on choisit Cdmin
différent de CN, il faut alors déterminer la valeur du glissement g’. Cette détermination se fait
soit par un essai, soit par lecture sur la caractéristique naturelle.

b2) Connaissant le rapport Cdmin / Cdmax, déterminer le nombre de plots n


De la relation (17.6), on déduit [5] :
log g '
log g '  n log  ; d’où : n (17.8)
log 

b3) Sections du rhéostat


On connaît  et Rn. On peut partir de Rn et calculer de proche en proche, à partir de la
''
formule (17.3), les valeurs de Rn1 ,…., R2d , R1d' . On peut aussi partir de R1d' déduit de la
relation (17.7) et calculer de proche en proche, à partir de la formule (17.4) les valeurs de
'
R2d ,…, Rn' 1 . Les résistances des sections comprises entre plots s’obtiennent alors en
prenant la différence des résistances totales : R1d' - R2d
' '
, R2d '
- R3d ,…

c) Calcul à partir des valeurs limites du courant


Connaissant les valeurs limites du courant statoriques  d max et  d min , on peut calculer
alternativement les résistances totales rotoriques et les glissements de commutation. Pour
cela, on utilise l’expression suivante du courant statorique :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.5
 1  V1 / Z ph1 (17.9)
avec
Z m1 ( R2' / g  jX 2' )
Z ph1  ( R1  jx1 )  (17.10)
Z m1  R2' / g  jX 2'
Le calcul est nettement simplifié lorsqu’on utilise le schéma équivalent simplifié en  de la
' '
figure 15.10, car dans ce cas Z ph1 = (R1+ R2 /g)+j(X1+ X 2 ).
Signalons aussi qu’on peut calculer le rhéostat de démarrage en partant des valeurs
limites se rapportant l’une sur le couple et l’autre sur le courant : Cdmax avec  d min ou  d max
avec Cdmin [30].

17.4 DÉMARRAGE ÉTOILE-TRIANGLE

Ce mode de démarrage s'applique au moteur dont le couplage prévu pour le


fonctionnement en régime permanent est le couplage en triangle (Δ). A l'aide d'un commutateur
spécial, les enroulements statoriques sont couplés en étoile pendant le démarrage (figure 17.4).
A la fin du démarrage, ces enroulements statoriques sont couplés en triangle. Soit U  la
tension composée.
Ul Ul Il Δ

IlY = IphY

IphΔ
VphY

Fig.17.4
a)
Fig.17.5 b)

a) - Couplage en étoile : Comme illustré sur la figure 17.5.a, le courant de ligne I Y est égal au
courant de phase et vaut :
V phY U
I Y = I phY = = (17.11)
Z ph1 3 Z ph1
b) - Couplage en triangle : Comme illustré sur la figure 17.5.b, on a :
- le courant de phase : I ph = V ph Z ph1  U  Z ph1 (17.12)
- le courant de ligne : I  = 3 I ph = 3U  Z ph1 (17.13)

c) - Comparaison des deux modes de couplage.


Pendant le démarrage en étoile, le courant de ligne est réduit au tiers de celui qui
correspond au couplage en triangle : kI = I Y / I  = 1/3; ce qui est un avantage du démarrage
étoile-triangle. Malheureusement, pendant le démarrage en étoile, la tension de phase est
réduite à 1/3 fois celle qui correspond au couplage en triangle, et le couple électromagnétique,
qui est proportionnel au carré de la tension sera réduit au tiers : kCém = CémY/CémΔ : 1/3. Cette
Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.6
réduction du couple limite l’application de ce mode de démarrage aux moteurs démarrant à
vide.

17.5 DÉMARRAGE PAR RHÉOSTAT DE DÉMARRAGE STATORIQUE

Ici, la réduction du courant de démarrage est réalisée par la mise en série, avec la
phase statorique, d'une impédance additionnelle Zad, que l'on élimine, progressivement ou non,
après que le moteur ait pris la vitesse (figure 17.6).
A l'absence de Zad, le courant de démarrage serait : Idir = Vph/Zph1. Si l'enclenchement se
fait après l’insertion de Zad, le courant de démarrage devient : Ired = V ph / | Z ph + Z ad | . Le courant
de démarrage est donc réduit dans le rapport :
k I = I red I dir = Z ph1 Z ph1  Z ad (17.14)
La tension aux bornes d'une phase statorique est réduite dans le même rapport kI. Par
conséquent, le couple (proportionnel au carré de la tension) sera réduit dans le rapport kCém =
Cém.red/Cém.dir = k 2I . La valeur de Zad est déterminée à partir de celle du couple souhaité au
décollage. Si Zad est constitué de résistances, une partie importante de la puissance fournie par
le réseau est perdue par effet Joule dans ces résistances. C'est pour cette raison qu'en guise
d’impédance Zad, on préfère des bobines d'inductance.
Ce mode de démarrage est utilisé là où la réduction du couple due au démarrage
étoile-triangle n’est pas acceptable.

IT1

IT2

V1 = VT1 M
Zph1 VT2
~

Fig.17.7

Zad

Fig.17.6

17.6 DÉMARRAGE PAR AUTOTRANSFORMATEUR

Une réduction encore plus importante du courant de démarrage peut être obtenue
lorsqu’on réduit la tension au démarrage à l’aide d’un autotransformateur (figure 17.7).
Soit V1 la tension nominale du moteur, qui engendre un courant Idir en cas de démarrage
direct (sans autotransformateur). On choisit alors la tension secondaire VT2 de
l'autotransformateur en charge de façon à réduire à IT2 le courant du moteur au démarrage. On
obtient les rapports de réduction suivants :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.7


2
IT 2 VT 2 V 
k IM = = et k Cém = C ém.red =  T 2  = k 2IM (17.15)
I dir V1 C ém.dir  V 1 
D'autre part, pour l'autotransformateur, on peut écrire :
1 I
= V1  V1 = et I T 1 = T 2 (17.16)
V T 20 V T 2 k IM 
Au démarrage, le courant pris au réseau est donc réduit dans le rapport :
IT1 I T 2 k IM k IM 1
k IT = = = = 2 (17.17)
I dir  IT2  
et le couple dans le rapport :
2
C ém.red =  VT 2  = 2 = 1
k Cém =   k IM (17.18)

2
C ém.dir  V 1 
Au démarrage, le courant du moteur est divisé par μ ; alors que le courant pris au réseau est
divisé par μ2.
Ce mode de démarrage n’est utilisé que pour des moteurs de grande puissance.

17.7. AMÉLIORATION DE LA CARACTÉRISTIQUE MÉCANIQUE


D’UN MOTEUR A CAGE

17.7.1. Exploitation de l’effet pelliculaire

Dans une machine à cage d’écureuil, la section des barres de la cage n’est pas
toujours circulaire comme sur la figure 17.8.a. Pour améliorer la caractéristique mécanique,
on fait usage des sections de forme complexe mettant à profit l’effet pelliculaire (figures 17.9
et 17.11). L’objectif poursuivi est d’obtenir sur un moteur à cage une caractéristique
mécanique présentant les avantages fournis par un rhéostat de démarrage rotorique sur
moteur à bague (figure 17.2) : grand couple (R2) au démarrage et faible glissement (R2)
en régime permanent.
Cém

1 2

3
a) b)
Fig.17.8 a) b)

Fig.17.9
Ωm
Fig.17.10
Comme expliqué dans la section 1.5.3b et illustré sur la figure 17.8.b, le flux de
dispersion qui enserre l’élément du conducteur au fond de l’encoche est supérieur au flux
enserrant l’élément du conducteur proche de l’entrefer. Il en résulte une répartition non
uniforme du courant (figure 1.26.b) et une réduction de la section effective parcourue par le

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.8


courant, c.-à-d. une augmentation de la résistance effective rotorique Reff. C’est l’effet
pelliculaire, qui s’accentue lorsque la fréquence f 2 augmente.
Durant le démarrage, la fréquence f2 = gf1 des grandeurs rotoriques varie de la valeur
de 50 Hz (g = 1), à une valeur très faible (gN << 1).Etant donné que la résistance effective
varie dans le même sens que la fréquence, la résistance rotorique R2 aura une valeur à
l’arrêt R2d supérieure à la valeur en régime permanent R2p.

17.7.2 Machines asynchrones à encoches profondes

L’effet pelliculaire s’accentue lorsque la hauteur h de la barre augmente.


On appelle profondeur de pénétration e l’épaisseur de la couche dans laquelle se
concentre la plus grande partie du courant. Elle vaut [8] :
2 
e  (17.19)
b  f b
où  est la résistivité du matériau, µb sa perméabilité,  = 2f la pulsation et f la fréquence. A
f = 50 Hz, e  1 cm pour le cuivre et e  1,5 cm pour l’aluminium [16,21]. Pour augmenter la
résistance effective Reff d’une barre, sa hauteur h doit être supérieure à la profondeur de
pénétration e. Lorsque h > 2e, la résistance effective Reff à 50 Hz est kR = h/e fois supérieure
à la résistance ohmique (à courant continu) ROhm [16].
Pour augmenter l’écart entre la résistance à l’arrêt R2d et la résistance en régime
permanent R2p, on accentue l’effet pelliculaire en utilisant des encoches de grande hauteur h,
appelées encoches profondes (figure 17.9). On utilise des barres d’aluminium ayant une
hauteur h telle que le rapport kR = h/e soit environ égal à 5/1,5  3,4. De plus, la forme
trapézoïdale de la figure 17.9.b manifeste un effet pelliculaire plus important que la forme
rectangulaire de la figure 17.9.a.
Au décollage, le glissement est élevé (g = 1, f2 ), le courant rotorique ne parcourt
qu'une partie de la section, la résistance effective R2 du rotor augmente considérablement; ce
qui donne la caractéristique 1 de la figure 17.10. Pour des faibles valeurs du glissement (gN « 1,
f2 ), le courant est réparti presque uniformément sur toute la section, et la résistance R2
s’approche de la résistance à courant continu; ce qui donne la courbe 2 de la figure 17.10.
Durant le démarrage, la résistance rotorique R2 diminue progressivement lorsque le glissement
passe de g = 1 à g = gN de sorte que la courbe 3 de la figure 17.10 représente la caractéristique
mécanique réelle d'un moteur à encoches profondes.

17.7.2 Moteur asynchrone à double cage d'écureuil


Le rotor est constitué de deux cages ayant le même nombre de barres, logées dans les
mêmes encoches à des profondeurs différentes, et séparées par une fente étroite (figure
17.11). Dans certains modes de construction, les encoches et les fentes sont remplies
d'aluminium de façon que le deux cages forment une seule pièce. Dans certains autres modes,
les barres de la cage extérieure sont faites en matériau plus résistant que les barres de la cage
intérieure. Souvent les barres de la cage extérieure (e) ont une section Se plus faible que celle
Si des barres de la cage intérieure (i). A chaque extrémité, les barres des deux cages sont
reliées, soit à un anneau commun, soit à deux anneaux distincts.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 17.9


I1 R1 X11
jX X ieie
jX

ext
ext Re /g Ri /g
Z̅ 1m
V1
int int jX
X ce--jX
Xieie jX
X i --jX
Xie
i ie

Rc Xcc
jX
Fig.17.11
Fig.17.12

Le schéma équivalent de cette machine est présenté sur la figure 17.12, où les
notations suivantes ont été utilisées :
Xie : réactance mutuelle de dispersion entre les deux cages;
Re et Ri : résistances des cages, avec Re > Ri , car Se < Si ou ρe > ρi.
Xe et Xi : réactance de dispersion de chaque cage, avec Xe < Xi, car la cage intérieure est
entièrement plongée dans le fer, σe < σi;
Rc et Xc : la résistance et la réactance des connexions communes d'extrémité, si elles existent.
Au décollage, la fréquence des courants rotoriques est élevée (f2 = f1), la réactance de
dispersion de chaque cage est supérieure à sa résistance et le courant se répartit entre les
deux cages en raison inverse des réactances. Le courant circule donc principalement dans la
cage de faible réactance, c.-à-d. la cage extérieure. Étant donné que celle-ci a une résistance
élevée, le moteur fourni un couple élevé de démarrage. Cette cage extérieure est appelée cage
de démarrage.
Dès que le rotor tourne à une vitesse voisine de la vitesse de régime permanent, la
fréquence des courants rotoriques devient faible (g « 1, f2 = gf1), la réactance de dispersion de
chaque cage devient inférieure à sa résistance et la répartition du courant entre les deux cages
est déterminée par le rapport des résistances effectives. Le courant circule donc principalement
dans la cage de faible résistance, c.-à-d. ; la cage intérieure. Étant donné que cette cage a une
faible résistance, le moteur tourne avec un faible glissement et un bon rendement. Cette cage
intérieure est appelée cage de travail. Dans le cas où les barres des deux cages forment une
seule section, en fonctionnement nominal, le courant se répartit de façon uniforme sur cette
section; ce qui détermine aussi une faible résistance dans ce régime.

d) – Constructions normalisées
A pleine tension, les moteurs normalisés selon la norme CEI doivent fournir à l'arrêt un
couple cdr = Cd/CN > 0.5 p.u. avec un courant de démarrage idr = Id/IN < 5 p.u. La norme
américaine NEMA ("National Electrical Manufacturers Association") a défini quatre classes
selon le type de construction des moteurs asynchrones : A, B, C, D. Les caractéristiques
correspondantes sont reprises sur la figure figure 17.13.
Cém/CN

A
3 D

C
Machines
2 électriques - Kamabu Tsongo 17.10
B

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Ωm/ΩN

Fig.17.13
Chapitre 18

MODE DE FONCTIONNEMENT DE LA
MACHINE ASYNCHRONE
18.1 MOTEUR EN RÉGIME PERMANENT

18.1.1 Point de fonctionnement en moteur

Comme expliqué dans la section 17.3.1 et illustré sur la figure 17.1, le point de
fonctionnement en régime permanent est donné par l’intersection de la caractéristique
mécanique Cém = f1(m) du moteur avec la caractéristique mécanique Cr = f2(m) de
l’appareil entraîné appelé charge. Comme expliqué dans la section 11.3.6, le fonctionnement
du moteur est stable au point considéré si la condition (11.17) est remplie, c.-à-d. : dCém/dm
< dCr/dm.
Le moteur asynchrone n’est stable que sur le tronçon de la caractéristique mécanique
(figure 17.1) compris entre le point de fonctionnement à vide (m = s, Cém = 0) et le point de
décrochage (m = c, Cém = Cmax). Ce tronçon est similaire à la caractéristique mécanique du
moteur shunt : on dit que dans cette zone de stabilité, la caractéristique du moteur
asynchrone est de type shunt.
Si le couple résistant Cr augmente au-delà de Cmax, le moteur s’arrête presque
instantanément. Le moteur décroche et cale. A cause de la forte surintensité absorbée à
l’arrêt, en cas d’un tel incident, le coupe-circuit ou le disjoncteur doit débrancher le moteur du
réseau. Pour éviter ce genre d’incident, l’exploitant doit connaître la capacité de surcharge k c
= Cmax/CN de son moteur. Cette capacité de surcharge est de l’ordre de 1,7 à 2,5.

18.1.2 Caractéristiques de fonctionnement du moteur asynchrone.

On appelle caractéristiques de fonctionnement d’un moteur asynchrone, les courbes


qui donnent la variation, en fonction de la charge P2, des grandeurs caractérisant le
fonctionnement du moteur. Ces grandeurs sont les suivantes :

Cém, P1, m, g, , cos 1, 1 = f(P2).

1
η

0,5 Cos 1

P2 /P
P22N
0,5 1

Fig.18.1

La figure 18.1 reprend la courbe du rendement , ainsi que celle du facteur de


puissance cos 1.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.1


Un rendement  élevé conduit à une faible puissance active P1 = P2/ absorbée par
le moteur. De même, un facteur de puissance cos 1 élevé conduit à une faible puissance
apparente S1 = P1/cos1, ou à une faible puissance réactive Q1 = S1 sin 1 = P1 tg 1. Il y a
donc intérêt à augmenter le rendement  et le facteur de puissance cos 1. En effet
l’augmentation de ces deux facteurs conduit à une réduction du courant 1 = S1/m1V1 =
P2/(m1V1  cos 1) ; ce qui réduit les pertes dans le réseau et par conséquent réduit les frais
d’exploitation. C’est en jouant sur les dimensions et sur les caractéristiques des matériaux
utilisés que le constructeur fixe les valeurs nominales du rendement et du facteur de
puissance d’un moteur.

18.2 RÉGLAGE DE LA VITESSE DE ROTATION DU MOTEUR ASYNCHRONE

18.2.1 Introduction

Selon la relation (15.9), la vitesse angulaire mécanique du rotor vaut :


s 2 f 1
 m = (1 - g)  s = (1 - g) = (1 - g) (18.1)
p p
D’après cette relation, pour régler la vitesse de rotation du moteur asynchrone, on peut :
 Soit faire varier le glissement g (modification de la tension d’alimentation, modification de
la résistance en série avec l’enroulement rotorique, récupération de la puissance entre les
bagues) ;
 Soit faire varier la vitesse angulaire du champ tournant Ωs (modification de la fréquence f1
de la tension d’alimentation, modification du nombre de pôles p de l’enroulement
statorique, montage en cascade de deux moteurs asynchrones).

18.2.2 Modification du glissement g

a) Action sur la tension d’alimentation V1

Selon la relation (16.12), à glissement donné, le couple électromagnétique du


moteur asynchrone est proportionnel au carré de la tension d’alimentation V1. On peut donc
modifier la caractéristique mécanique Cém(Ωm) du moteur asynchrone en faisant varier la
tension V1 (figure 18.2). Il en résulte une variation de la vitesse de rotation si la
caractéristique Cr (Ωr) de la charge reste inchangée.

Cém
5V1N
4 Réseau

V1N
Cr2

V1N
2
Moteur
Cr1
3V1N
4 Fig.18.3
Ωm
ΩS
Fig.18.2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.2


Pour faire varier la tension d’alimentation, on utilise un gradateur triphasé interposé
entre le réseau et les bornes du moteur (figure 18.3). Celui-ci comprend, par phase, deux
thyristors montés tête-bêche. L’un de ces thyristors contrôle l’aller du courant ; l’autre
contrôle le retour du courant. A chaque alternance de la tension, l’allumage du thyristor
correspondant est retardé d’un angle  donné. La tension fournie par le gradateur dépend de
l’angle  de retard à l’allumage des thyristors. Les deux thyristors de chaque phase peuvent
aussi être remplacés par un triac.
Considérons d’abord une charge dont le couple résistant est constant, correspondant
par exemple à la courbe Cr1(Ωm) de la figure 18.2. Dans ce cas, la variation de la vitesse se
fait dans une plage de réglage très étroite. Pour l’exemple choisi, dès que la tension
d’alimentation V1 descend en dessous de V1N/2, le moteur ne démarre plus en charge, car le
couple de démarrage s’effondre. Aux faibles tensions (par exemple pour V1=V1N/4), le couple
moteur devient inférieur au couple résistant (Cém < Cr) et le moteur décroche.
Considérons ensuite une charge dont le couple résistant croit très vite en fonction de
la vitesse de rotation, correspondant par exemple à la courbe Cr2(Ωm) de la figure 18.2. Ici,
la plage de variation de la vitesse de rotation est plus grande et le moteur peut même
démarrer en charge.
Par conséquent, ce mode de réglage est surtout utilisé pour l’entraînement des
pompes ou des ventilateurs, car leur couple résistant est proportionnel au carré de la vitesse
de rotation.
Selon la relation (16.4), les pertes en cuivre rotoriques augmentent avec le
glissement : pcu2 = g Pém. Du fait que ce mode de réglage augmente le glissement, les pertes
en cuivre augmentent et le rendement diminue. De plus, le gradateur génère des
harmoniques, qui diminuent les performances du moteur et perturbent le réseau
d’alimentation. C’est pourquoi, le procédé de variation de la vitesse de rotation par action sur
la tension d’alimentation est limité aux moteurs à cage de faible puissance (de quelques
kW), demandant une plage limitée de réglage de vitesse (5 à 10%).

b) Action sur la résistance en série avec l’enroulement rotorique

Ce procédé ne s’applique qu’au moteur à rotor bobiné. Il consiste à insérer une


résistance Rr, appelée rhéostat de glissement, en série avec l’enroulement rotorique comme
indiqué sur la figure 18.4. La caractéristique mécanique Cém (Ωm) est alors modifiée comme
illustré sur les figures 16.5 et 17.2. On constate qu’à couple résistant donné, le glissement
augmente au fur et à mesure que la résistance Rr augmente.
Avec ce procédé de réglage de la vitesse, les pertes en cuivre rotoriques pcu2 = g Pém
sont très grandes. Elles se repartissent entre le rotor proprement dit et le rhéostat
additionnel, proportionnellement à leurs résistances respectives. Suite à cette augmentation
des pertes, le rendement diminue. Les pertes dues à l’augmentation du glissement ne sont
pas dissipées dans le moteur, mais sont dissipées dans la résistance additionnelle qui est
dimensionnée en conséquence.
Ce procédé est utilisé pour une faible réduction de la vitesse de rotation ou pour les
démarrages difficiles. Il est très utilisé en levage où l’on utilise des contacteurs mécaniques
(K1, K2,…, Kn) pour ajouter ou enlever les différentes portions du rhéostat tel qu’illustré sur la
figure 18.4. Ce procédé peut être affiné à l’aide des dispositifs d’électronique de puissance
décrits ci-après.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.3


K3 K2 K1

Réseau

Stator Rotor

Fig.18.4

Aux basses vitesses et pour les positionnements précis, on utilise un gradateur


triphasé placé à la formation du neutre comme indiqué sur la figure 18.4. Pour les basses
vitesses, tous les contacteurs sont ouverts et on agit sur les intervalles de conduction du
gradateur. Plus les intervalles de conduction des thyristors sont longs, plus la résistance
additionnelle apparente est élevée. Lorsque le fonctionnement exige une conduction
continuelle du gradateur, on le court-circuite par le contacteur K1. Ensuite pour augmenter la
vitesse, on ferme successivement les contacteurs K1, K2, ….Kn.

Id
Réseau

T
Rhh
Stator Rotor

Fig.18.5
Pour réaliser, sans contacteur mécanique, une variation continue de la résistance
additionnelle Rr, on peut utiliser le schéma de la figure 18.5. Ici les tensions rotoriques sont
redressées et la tension redressée est appliquée à la résistance Rh à travers une inductance
de lissage du courant redressé Id. En parallèle avec la résistance Rh, on place un interrupteur
statique T. En agissant sur la durée relative de conduction de cet interrupteur, on fait varier
la résistance apparente Rhap de Rh à 0 (voir section 11.6.2.b2). Chaque phase rotorique est
parcourue par le courant redressé Id dans un sens pendant un tiers de la période de la
tension rotorique et dans l’autre sens pendant un autre tiers. La valeur efficace I 2 du courant
rotorique est liée à celle du courant redressé Id par la relation I 2  2 / 3I d . Pour trouver
l’expression de la résistance additionnelle ramenée à chaque phase rotorique Rh2, on part de
l’égalité des pertes par effet Joule :
3Rh 2 I 22  Rhap I d2 , d’où Rh 2  Rhap / 2

c) Récupération de la puissance de glissement : cascade hyposynchrone

Pour éviter de dépenser en pertes par effet Joule dans le rhéostat rotorique la
puissance prélevée entre les bagues du moteur asynchrone, on peut envisager de récupérer
cette puissance, comme illustré sur les figures 18.6 et 18.7.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.4


gP1
(1-g) P1 P1
Moteur Redresseur Onduleur
(f ) (f ) (gf ) (f )
1 1 1 (continu) 1

gP1

Fig.18.6

L’écoulement de puissance dans un moteur asynchrone a été expliqué dans le


chapitre 16. Si on néglige les pertes, cet écoulement se présente de la manière suivante : le
moteur reçoit, par l’enroulement statorique, la puissance P1 (sous une tension de valeur
efficace V1 et de fréquence f1) qui traverse l’entrefer. Une partie de cette puissance égale à
(1-g)P1 est transformée en puissance mécanique tandis que le reste égale à gP1 est recueilli
aux bagues, sous une tension de fréquence f2 = gf1. A l’aide d’un redresseur, les tensions
rotoriques vr sont converties en tension continue Vd. Ensuite, à l’aide d’un onduleur, la
tension continue Vd' (après l’inductance de lissage L) est convertie en tensions alternatives
(v2) de fréquence f1 égale à celle du réseau. Parfois, on utilise un transformateur pour
adapter la tension v2 à la sortie de l’onduleur à la tension vs du réseau.
L’onduleur renvoie au réseau la puissance de glissement gP1. C’est dire que la
machine ne tire du réseau que la puissance P1 - gP1= (1-g)P1.
Réseau

VS
VS Transformateur
Transformation
d’adaptation de la
M
3~ Id tension
L V2
Vr
V’d

Vd

α
Redresseur Circuit Onduleur à
à diodes continu thyristors

Fig.18.7

Posons   Vs / Vr 0 , où Vr 0 est la valeur de la tension rotorique lorsque le rotor est à


l’arrêt. Si on néglige les chutes des tensions, les relations de la section (15.2.4) montrent
que, lorsque le rotor est en rotation, la tension statorique Vs et la tension rotorique Vr sont
liées par la relation
gVs
Vr  gVr 0  (18.2)

La valeur moyenne de la tension à la sortie du redresseur vaut :
3 6 3 6 gVs
Vdmoy  Vr  (18.3)
  

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.5


De même, si  est l’angle de retard à l’allumage des thyristors et si μ’ est le rapport
de transformation du transformateur (μ’ = VS/ V2), aux bornes de l’onduleur, on obtient une
tension de valeur moyenne :
3 6 3 6 VS
'
Vdmoy  V2 cos   cos  (18.4)
  µ'
Si on néglige la chute de tension dans l’inductance de lissage, le fonctionnement du système
impose la condition vd =  v d' , c.-à-d. Vdmoy  Vdmoy , soit
'

3 6 gVS 3 6 VS
 cos ou
 µ  µ'
µ
g  cos  (18.5)
µ'
En faisant varier cos  de zéro à une valeur proche de 1, on obtient une variation de
g de zéro à une valeur proche de µ/µ’. La caractéristique Ωm(C) est tracée sur la figure
18.8 pour différentes valeurs de  dans sa partie stable.

C
α = 130° α = 120° α = 90°

Ωm

Fig.18.8

La partie électronique de puissance est dimensionnée seulement pour la partie gP1


de la puissance. Pour amener le moteur dans la zone de réglage de vitesse, on le démarre à
l’aide des résistances rotoriques.
Ce procédé de réglage de vitesse n’est utilisable que lorsque le moteur est à bagues.
Il est intéressant lorsque la plage de réglage de la vitesse est faible. Il ne permet que
d’abaisser la vitesse de rotation ; d’où son nom : cascade hyposynchrone.

18.2.3 Modification de la vitesse angulaire du champ tournant Ωs

a) Action sur la fréquence f1 de la tension d’alimentation

a1) Principe de la méthode

Pour obtenir une variation de la vitesse de rotation d’un moteur asynchrone à cage
d’écureuil dans une large plage, on utilise la méthode de réglage par action sur la fréquence
f1 de la tension d’alimentation. En effet, d’après la relation (18.1) et comme illustré sur la
figure 18.9, lorsque la fréquence f1 change, la vitesse de synchronisme change. Avec cette
méthode, on peut faire varier la vitesse de rotation entre 5 % et 200 % de la vitesse de
synchronisme nominal ΩsN (ou nsN).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.6


C
20 Hz 30 Hz 40 Hz 50 Hz

55 Hz

60 Hz

65 Hz

n
0 500 1000 1500 2000
Fig.18.9

Cependant, la variation de la fréquence f1 impose une certaine restriction sur la valeur


efficace V1 de la tension d’alimentation. En effet, il a été montré par la relation (3.7), que pour
tout dispositif à courant alternatif, l’amplitude du flux magnétique vaut :  cm  V1 / 4,44 f1 N1 .
Pour des vitesses de rotation inférieures à la vitesse nominale, il est nécessaire de
réduire la tension d’alimentation V1 en même temps qu’on réduit f1. Dans le cas contraire, si
on ne réduit pas V1 lorsqu’on réduit f1, le flux  cm augmente, le circuit magnétique entre en
saturation avec circulation d’un courant magnétisant intense. Pour les vitesses de rotation
inférieures à la vitesse de synchronisme, on diminue habituellement la tension d’alimentation
V1 dans la même proportion que la diminution de la fréquence (la tension d’alimentation est
réduite linéairement avec la fréquence). Dans cette plage on travaille à flux  cm constant, le
couple maximum Cmax du moteur reste constant, et les caractéristiques mécaniques C(n) se
translatent suivant l’axe des vitesses (figure 18.9). Cependant, lorsqu’on réduit la tension en
même temps que la fréquence, la puissance maximum de la machine doit également être
réduite linéairement avec la fréquence. En effet, la puissance du moteur vaut P1 =
3V1 I1 cos 1 . Quand on réduit la tension V1, la valeur maximum de P1 doit également être
réduite, sinon le courant absorbé par le moteur sera excessif, et le moteur va surchauffer.
Pour des vitesses de rotation supérieures à la vitesse de synchronisme, la tension
d’alimentation V1 est maintenue à la valeur nominale V1N. Pour maintenir constante
l’amplitude  cm du flux, on pouvait augmenter la tension d’alimentation V1 linéairement avec
la fréquence f1. Cependant, pour protéger l’isolation des enroulements, on limite la tension
d’alimentation à sa valeur nominale. Par conséquent, comme le numérateur de l’expression
de l’amplitude du flux reste constant (  cm  V1 / 4,44 f1 N1 ), lorsque la fréquence f1
augmente, l’amplitude  cm du flux diminue, et avec elle le couple maximum diminue (figure
18.9).
On retrouve une situation similaire à celle de la machine à courant continu, ou
lorsqu’on augmente la vitesse par diminution du flux inducteur, on passe du fonctionnement
à couple constant au fonctionnement à puissance constante.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.7


a2) Profils des lois de variation de la tension V1 avec la fréquence f1

La manière dont la tension V1 doit varier avec la fréquence f1 doit être adaptée à la
nature de la charge entraînée par le moteur asynchrone. La figure 18.10 donne trois profils
de la loi de variation de V1 avec f1.

V1 V1 V1
V1N V1N V1N

f1 f1 f1
0 50 100 0 50 100 0 50 100

a) b) c)

Fig.18.10

La figure 18.10.a donne le profil standard décrit dans la section a1. Ici, la tension varie
linéairement avec la fréquence pour des vitesses de rotation inférieures à la vitesse de
synchronisme, mais la tension est maintenue constante pour les vitesses de rotation
supérieures à la vitesse de synchronisme. La petite région à tension constante pour les très
faibles fréquences est nécessaire pour assurer qu’il y aura un couple de démarrage à très
faible vitesse.
La figure 18.10.b donne la loi de variation de V1 avec f1 pour des charges exigeant un
grand couple au démarrage. La différence de cette loi avec la précédente est située dans la
zone des fréquences inférieures à environ 30 Hz, où la pente est moins forte que celle du
profil standard. Dans cette zone, la tension est plus grande que pour la figure 18.10.a. Il en
résulte un couple plus grand, obtenu cependant au prix d’un flux plus grand (saturation) et
d’un courant magnétisant plus grand. Cette saturation est souvent acceptée pendant la
courte période de démarrage des charges lourdes.
La figure 18.10.c donne la loi de variation de V1 avec f1 pour des charges à faible
couple de démarrage. Ici, la tension varie avec la fréquence suivant une loi parabolique pour
des vitesses inférieures à la vitesse de synchronisme. Pour une fréquence inférieure à
environ 50 Hz, la tension est inférieure à celle du profil standard. Il en résulte un couple plus
faible et un démarrage lent et doux de la charge à faible couple de démarrage.
Notons enfin que lorsqu’on veut changer brusquement la vitesse de rotation, le
variateur de vitesse n’essaie pas de réaliser le saut brusque de vitesse. Au contraire,
l’accélération et la décélération sont limitées à un niveau de sécurité par des circuits internes
au dispositif électronique. L’accélération et la décélération peuvent aussi être ajustées.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.8


a3) Mise en œuvre

a3.1) Cycloconvertisseur

Le cycloconvertisseur est un convertisseur qui réalise la conversion directe (sans


passer par l’intermédiaire d’un régime continu) des tensions alternatives d’une fréquence
donnée f1 en tensions alternatives d’une autre fréquence f2.
Un schéma du cycloconvertisseur est repris sur la figure 18.11.

Pont 1 Pont 2
3 2 1
Réseau

va vb vc
ia ib ic

Fig.18.11
L’entrée d’un cycloconvertisseur est une source triphasée de trois tensions (v1, v2, v3)
de même amplitude et déphasées l’une de l’autre de 120°. La tension de sortie est d’une
forme spécifique, habituellement une sinusoïde de fréquence f2 différente de celle f1 des
tensions d’entrée. Le cycloconvertisseur construit la tension de sortie à l’aide des portions
des tensions sinusoïdales d’entrée (figure 18.12).
va

Fig.18.12

Chaque phase de sortie (va par exemple) est reliée aux trois tensions de la source à
travers deux ponts à six thyristors. Le pont 1 débite le courant (ia par exemple) lorsque ce
courant est positif. Le pont 2 débite ce courant lorsque ce courant est négatif.
En choisissant convenablement l’angle du retard à l’allumage des thyristors, on
obtient une tension de sortie dont l’harmonique fondamental a la fréquence f2 souhaitée [35].
Cependant, par son principe, le cycloconvertisseur ne peut fournir que des fréquences de
sortie f2 inférieures à la fréquence f1 des tensions d’entrée. Généralement, la fréquence de
sortie du cycloconvertisseur ne dépasse pas le tiers de la fréquence d’entrée. Dès lors, le

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.9


cycloconvertisseur ne sera utilisé que pour l’alimentation des moteurs asynchrones (ou
synchrones) lents.
Le cycloconvertisseur nécessite beaucoup de semi-conducteurs de puissance (36 sur
la figure 18.11). Il génère beaucoup d’harmoniques.
Le montage de la figure 18.11 est réversible et il peut prélever ou renvoyer de la
puissance au réseau.
Sur le marché, le cycloconvertisseur existe aussi bien en version fréquence constante
qu’en version fréquence variable. On distingue aussi deux autres catégories de
cycloconvertisseurs : - les cycloconvertisseurs à circulation de courant ; - les
cycloconvertisseur à non circulation de courant [35].
Comme expliqué ci-dessus, la fréquence variable f2 des tensions de sortie du
cycloconvertisseur est liée à la fréquence f1 des tensions d’entrée. Il existe des
convertisseurs de fréquence pour lesquels la fréquence f2 des tensions de sortie est
indépendante de la fréquence f1 des tensions d’entrée. C’est le cas des onduleurs de
courant ou de tension qui passent par l’intermédiaire du régime continu.

a3.2) Onduleur de courant

Le schéma de principe de l’onduleur de courant est repris sur la figure 18.13.


Un redresseur à thyristors, alimenté par les tensions sinusoïdales du réseau, délivre
une tension continue vd. Cette tension continue est appliquée à un onduleur formé de six
semi-conducteurs à fermeture et ouverture commandées (deux gâchettes sur le symbole).
Le redresseur et l’onduleur sont reliés par une forte inductance L (de lissage) dont le rôle est
de rendre négligeable l’ondulation du courant Id fourni par l’onduleur au moteur. Ce courant
rentre dans la phase du moteur par l’un des semi-conducteurs du haut (T1, T2 ou T3) et en
ressort par l’un des semi-conducteurs du bas (T1 ' , T2 ' ou T3 ' ) .
L
T1 T2 T3
Id
ia va

vb
ib
Réseau

vd
vc
ic

T’1 T’2 T’3 Stator moteur

Redresseur Onduleur

Fig.18.13

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.10


ia
Id
T1 t
0
T /3 T’1 T
-Id
ib
Id
T2 T t
0
T’2
-Id
ic
Id
T3 t
0
T’3 T
-Id

Les instants de fermeture et d’ouverture


Fig.18.14des semi-conducteurs sont choisis de telle
sorte que le courant dans chaque phase du moteur soit formé de deux créneaux
rectangulaires d’amplitude Id, l’un positif, l’autre négatif (figure 18.14). La durée de chaque
créneau est égale au tiers de période T souhaitée.
De cette manière, la fréquence 1/T des courants d’alimentation du moteur est
déterminée par la commande de l’onduleur. Par contre, la valeur du courant Id est
déterminée par la commande du redresseur qui contrôle la valeur des tensions appliquées
au moteur.
L’inconvénient de la grande inductance est qu’elle s’oppose au transfert (ou
commutation) du courant d’un semi-conducteur à l’autre (par exemple, transfert de Id de T1 à
T2). Ceci risque de créer des surtensions aux bornes des semi-conducteurs et du moteur.
Pour éviter ces surtensions, on limite la fréquence de commutation du courant.
L’onduleur de courant de la figure 18.13 est utilisé pour les entraînements qui ne
nécessite pas une trop grande fréquence de commutation. Il existe cependant d’autres
schémas plus complexes ou l’on prévoit des circuits auxiliaires pour limiter les surtensions
[27].

a3.3) Onduleur de tension

Le schéma de principe de l’onduleur de tension est repris sur la figure 18.15. Un


redresseur à diodes, alimenté par les tensions sinusoïdales du réseau délivre une tension
continue vd. Cette tension continue est appliquée à un filtre LC dont la tension de sortie V est
appliquée à un onduleur. La capacité du filtre doit être suffisante afin de rendre négligeable
l’ondulation de la tension V à la sortie du filtre.
id i’

L C K1 K2 K3
i1a vaN
1N
V
2 a
vbN
Réseau

1 i2b 2N
vd 0 V N
2b
V i3c vcN
3N
3
C 2 c
K’1 K’2 K’3

Redresseur Onduleur Stator

Machines électriques - Kamabu Tsongo


Fig.18.15 18.11
L’onduleur est constitué de six interrupteurs électroniques bidirectionnels K, formés
chacun d’un semi-conducteur à ouverture et fermeture commandées (interrupteur
électronique unidirectionnel) et d’une diode montée en parallèle inverse. On appelle cellule
de commutaion (K1 par exemple) l’ensemble formé d’une part d’un semi-conducteur à
ouverture et fermeture commandées, d’autre part d’une diode montée en parallèle inverse.
Deux cellules de commutation branchées en série comme sur la figure 18.15 forment « un
bras d’onduleur » [44]. Dans l’onduleur de tension, la commutation s’effectue entre
interrupteurs montés en série sur la tension d’entrée (entre K1 et K1' , entre K2 et K 2' , entre K3
'
et K 3 ). Ici, l’inductance du moteur n’intervient pas dans la commutation pour produire des
pointes de tenson. Par conséquent, dans cet onduleur, rien n’empêche d’utiliser des semi-
conducteurs rapides. Cet onduleur est donc adapté au domaine des fréquences élevées.
'
L’onduleur de la figure 18.15 comporte six cellules de commutation ( K i ou K i )
'
formant trois bras d’onduleurs ( K i K i ). Les trois bras sont commandés de manière identique
avec un décalage de T/3, où T est la période de la tension de sortie.
Sur la figure 18.15, la charge est représentée par trois enroulements montés en
étoile, avec un point neutre N flottant. Pour faciliter l’étude du fonctionnement, ont utilise le
point milieu 0 de la source continue. Ce point peut être matérialisé en disposant deux
capacités de filtrage C en série, ayant par conséquent chacune la tension V/2 à ses bornes.
Pour une phase, a par exemple, la tension de sortie va0 est égale à +V/2 lorsque la cellule du
'
haut K1 est fermé, et -V/2 lorsque la cellule du bas K1 est fermée (figure 18.16.a).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.12











 
 
 





Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.13


 





 









Fig.18.16.b 

Fig.18.16.c

Pour la commande de l’onduleur de tension, on peut utiliser la commande à 180°


(commande pleine onde ou commande simultanée), pour laquelle les signaux de sortie sont
donnés sur la figure 18.16.a. Pour les formes d’onde des tensions va0, vb0, vc0, l’onduleur
impose des créneaux d’amplitude V/2, de période T et déphasés de T/3.
Les tensions entre phases (tensions composées) se déterminent à l’aide des
relations suivantes :
u ab  v a0  v b0 , u bc  v b0  v c0 et u ca  v c0  v a0
Ces tensions composées sont représentées sur la figure 18.16.b. On constate que ces
tensions composées constituent un système triphasé équilibré non sinusoïdal.
La charge étant équilibrée, les tensions simples forment un système triphasé
équilibré vérifiant la relation suivante : vaN + vbN + vcN = 0. Ces tensions simples peuvent être
déterminées à partir des tensions composées. Pour cela, on écrit :
3v aN  2v aN  v aN  2v aN  ( v bN  v cN )  ( v aN  v bN )  ( v aN  v cN )
3v aN  u ab  uca
On peut procéder de manière identique pour trouver vbN et vcN. Les résultats se présentent
de la manière suivante :
1
v aN  (u ab  u ca )
3
1
v bN  (u bc  u ab ) (18.16.a)
3
1
v cN  (u ca  u bc )
3
Ces tensions simples sont représentées sur la figure 18.16.c.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.14


Ces tensions simples peuvent aussi être déterminées à partir des tensions prises par
rapport au pont milieu 0. Pour cela, on écrit :
1 1 1
v aN  (u ab  u ca )  [( v a0  v b0 )  ( v c0  v a0 )  ( 2 v a0  v b0  v c0 )
3 3 3
En procédant de manière identique pour vbN et vcN , on trouve :
1
v aN  ( 2 v a0  v b0  v c0 )
3
1
v bN  ( 2 v b0  v c0  v a0 ) (18.16.b)
3
1
v cN  ( 2 v c0  v a0  v b0 )
3
On peut aussi écrire :
va0 + vb0 + vc0 = (vaN +vN0) + (vbN + vN0) + (vcN + vN0) = (vaN + vbN + vcN) + 3 vN0
va0 + vb0 + vc0 = 3 vN0
v a0  v b0  v c0
v N0  (18.6.c)
3
La tension vN0, entre le point neutre N et le point milieu 0, est d’amplitude V/6 et a une
période égale à T/3, c.-à-d. une fréquence trois fois plus élevée que celle des tensions utiles
vaN, vbN, vcN (figure 18.16.c).
D’habitude, l’onduleur de tension fonctionne en modulation de largeur d’impulsion, en
abrégé MLI comme illustré sur la figure 18.17. Dans ce cas, la tension de sortie est formée
de plusieurs créneaux rectangulaires qui alternent. Les instants de fermeture et d’ouverture
des interrupteurs K sont déterminés de façon à donner au fondamental des tensions de
sortie va0, vb0, vc0 la valeur efficace et la fréquence désirées.
Diverses méthodes existent pour déterminer ces instants.
On peut calculer au préalable les séquences de commande des interrupteurs, les
mémoriser pour les utiliser. La commande des interrupteurs peut également être déterminée
à temps réel comme sur la figure 18.17 (On parle de commande MLI intersective).

VM
2 vMR vPM
1
f t
0
1
fH

V
VM2
VM
V
2

t
0
1
f
-V
VM
2
Fig.18.17

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.15


Sur cette figure les instants de commande des interrupteurs correspondent aux
intersections des courbes de deux signaux :
- un signal sinusoïdal vR(t) de fréquence f et d’amplitude 2 V R , qui est une image du
fondamental de la tension de sortie, et qui est appelé signal de référence ;
- un signal triangulaire vM(t), de fréquence f’ >> f et d’amplitude VM  2 VR , appelé signal
de modulation.
La fréquence f’ est très élevée par rapport à la fréquence f. La commande des
interrupteurs résulte de la comparaison de ces deux signaux :
 vR(t) > vM(t) : commande à la fermeture de l’interrupteur du haut et la tension (va0 par
exemple) prend la valeur +V/2
 vR(t) < vM(t) : commande à la fermeture de l’interrupteur du bas et la tension (va0 par
exemple) prend la valeur -V/2
Lorsque la tension de sortie est constituée de créneaux symétriques à deux niveaux
de valeurs  E comme sur la figure 18.17 (ici E = V/2), on peut calculer la valeur moyenne
de la tension de sortie pendant une période T’ = 1/f’ du signal de modulation. Étant donné
que f’ est très élevée par rapport à f, la période T’ du signal de modulation est très faible par
rapport à la période T = 1/f du signal de référence. Lors de ce calcul, on peut considérer que
la tension de référence varie peu au cours de la période T’. En considérant que, pendant la
'
période T’, la tension de référence reste égale à une constante v R , on montre que cette
valeur moyenne de la tension de sortie vaut [47] :
E '
 v  (T' )  v
VM R
Sur la période T’, la valeur moyenne de la tension de sortie est une copie du signal de
référence vR(t).
La méthode de modulation de largeur d’impulsion permet de faire varier la fréquence
de l’harmonique fondamentale de la tension. Cette méthode permet aussi de faire varier
l’amplitude de l’harmonique fondamentale de la tension. Comme la tâche de faire varier la
tension ne revient pas au redresseur, celui-ci peut être à diode, ou à thyristor avec angle
d’allumage fixe proche de 0 ou de  , consommant dès lors peu de puissance réactive.
La méthode de modulation de largeur d’impulsion réduit les harmoniques basse
fréquence des tensions. D’autre part l’inductance des enroulements du moteur réduit les
courants harmoniques dus aux harmoniques de fréquence élevée restant dans les tensions.
C’est dire que les courants sont quasi sinusoïdaux.
L’onduleur de tension est utilisé pour alimenter le moteur asynchrone de fréquence
nominale élevée. Il convient lorsque la source d’alimentation de l’onduleur est une batterie
d’accumulateurs, car dans ce cas l’inversion du courant ne pose pas de problème. On
l’utilise également lorsque la source d’alimentation de l’onduleur est un réseau de tension
continue.
Sur la figure 18.15, le courant à l’entrée de l’onduleur est désigné par la lettre i’.
Désignons par I’ sa valeur moyenne. Pour que la machine asynchrone fonctionne en
génératrice, il faut que I’ devienne négatif. Comme le courant dans le condensateur C est de
valeur moyenne nulle, l’inversion de I’ nécessite l’inversion de id. Le redresseur à diode de la
figure 18.15 ne permet pas d’inverser id.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.16


id i’ id TA L i’
L

TB
C C
Réseau

Réseau
vd V vd V

T’B

T’A
Pont 1 Pont 2 b)
a) Inverseur
Fig.18.18
Pour permettre l’inversion du courant id, on peut utiliser un redresseur à deux ponts
comme sur la figure 18.18.a. Le pont 1 fournit la tension V lorsque les courants I’ et id sont
positifs. Le point 2 fournit la tension V toujours positive lorsque les courants I’ et id sont
négatifs.
Pour permettre l’inversion du courant id, on peut aussi utiliser un seul pont redresseur
mais avec un inverseur comme sur la figure 18.18.b. Pour le fonctionnement en moteur, on
ferme les thyristors TA et T A' : vd, V, id et I’ sont positifs. Pour le fonctionnement en
génératrice, on ferme les thyristors TB et TB' .

b) Modification du nombre de pôles de l’enroulement statorique

Ce procédé s’applique aux machines à rotor à cage, car le nombre de pôles d’un tel
rotor n’est pas fixe et s’adapte automatiquement à celui du stator. Le stator comporte, soit
deux enroulements distincts à nombre de pôles différents, soit un enroulement unique dont
les différentes parties peuvent être commutées de manière à modifier le nombre de pôles.
On dit alors que le moteur est à plusieurs polarités ou à plusieurs vitesses.

K2

K1
B B
a’1 a1 a’1 N a1
N
S S RB
B B
a2 S a’2 a2 N a’2
B
B

K3
M1 M2
a) Fig.18.19 b)
RA

Fig.18.20

La figure 18.19 montre la phase « a » statorique d’une machine asynchrone à deux


vitesses. La figure 18.19.a montre le sens du courant à un instant du fonctionnement normal.
Le champ magnétique sort du stator dans la partie supérieure de la phase (pôle nord) et

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.17


entre dans le stator dans la partie inférieure de la phase (pôle sud). L’enroulement de cette
phase produit deux pôles magnétiques.
Changeons maintenant le sens du courant dans la partie inférieure de cette phase
comme indiqué sur la figure 18.19.b. Dès lors, le champ magnétique sort du stator aussi bien
sur la partie supérieure que sur la partie inférieure de la phase. Chacune de ces parties
constitue un pôle nord. Le champ magnétique doit retourner dans le stator entre la partie
supérieure et la partie inférieure. L’enroulement de la phase « a » produit alors deux pôles
sud conséquents. Le stator comprend à présent quatre pôles magnétiques, deux fois plus
que sur la figure 18.19.a.
Le principal inconvénient du changement de vitesse par la méthode des pôles
conséquents est le fait que les vitesses doivent être dans le rapport de 2 à 1. Pour éviter cet
inconvénient, on utilise des enroulements distincts réalisés pour des nombres de pôles
différents. A chaque instant, un seul de ces enroulements est alimenté. Un moteur peut, par
exemple, avoir un enroulement à 4 pôles et un enroulement à 6 pôles. En alimentant l’un ou
l’autre de ces enroulements, on pourrait obtenir avec ce moteur, une vitesse de
synchronisme de 1500 tours/minute ou de 1000 tours/minute. Cependant, l’enroulement à
différents nombres de pôles augmente le coût du moteur et ne peut être utilisé que lorsqu’il
est absolument nécessaire.
En combinant la méthode des pôles conséquents avec celle des enroulements
distincts à nombres de pôles différents, on peut obtenir un moteur à quatre vitesses de
synchronisme. Par exemple, avec deux enroulements distincts à 4 ou 6 pôles on peut obtenir
un moteur de 50 Hz de 500, 750, 1 000, ou 1500 tours/minute.

c) Montage en cascade de deux machines asynchrones

Le montage comprend deux machines asynchrones M1 et M2 à rotors bobinés et à


nombres de paires de pôles p1 et p2 différents (figure 18.20). Les rotors des deux machines
sont calés sur le même arbre. Les enroulements rotoriques sont reliés entre eux par les
bagues collectrices. Ce montage permet d’obtenir trois vitesses de synchronisme pour
l’arbre commun :
- Alimentation du moteur M1 seul (contacteur K1 fermé, rhéostat RA mis en court-circuit
après démarrage) : la vitesse de synchronisme de l’arbre vaut :  s1  2f1 / p1 .
- Alimentation du moteur M2 seul (commutateur K2 branchant l’enroulement statorique du
moteur M2 sur le réseau, rhéostat RA mis en court-circuit après démarrage) : la vitesse
de synchronisme de l’arbre vaut :  s 2  2f1 / p 2 .
- Fonctionnement simultané des deux machines : L’enroulement statorique du moteur M1
est branché sur le réseau d’alimentation (K1 fermé), le rhéostat RA est mis hors circuit ;
l’enroulement rotorique du moteur M2 est alimenté à partir de l’enroulement rotorique
du moteur M1 ; l’enroulement statorique du moteur M2 (servant d’enroulement
secondaire) est court-circuité ou fermé sur le rhéostat de démarrage RB. On montre,
dans les références [16] et [27] que dans ce cas, la vitesse de synchronisme de l’arbre
vaut :  s12  2f1 /( p1  p 2 ) .
Le facteur de puissance de la cascade est faible, car le réseau doit fournir la
puissance réactive nécessaire à la magnétisation de deux moteurs. De plus, l’impédance de
court-circuit de la cascade est élevée ; ce qui diminue son couple maximal.

18.2.4 Commande vectorielle de la machine asynchrone

La figure 15.6 donne la structure d’une machine asynchrone triphasée ayant au stator
trois enroulements sa, sb, sc (notés aussi a, b, c) et au rotor trois enroulements ra, rb, rc (notés
aussi A, B, C). Lors de l’étude des régimes transitoires, on montre que cette machine

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.18


asynchrone triphasée peut, à l’aide de la transformation de Park, être transformée en une
machine biphasée équivalente dont la structure est présentée sur la figure 18.21 ([41-45],
[48,49]) . Celle-ci comprend :
- au stator : l’enroulement statorique d’axe direct (sd) et l’enroulement statorique d’axe en
quadrature (sq);
- au rotor : l’enroulement rotorique d’axe direct (rd) et l’enroulement rotorique d’axe en
quadrature (rq).
q d
isq
vsq
isd
irq vrq vsd
ird ra
vrd θr
θs θ
sa

Fig.18.21
Les flux totalisés de ces enroulements ont pour expressions :
 sd   Ls M  i sd 
    M Lr  ird 
(18.7)
 rd  

 sq   Ls M  i sq 
     
Lr  irq 
(18.8)
 rq   M

Le couple électromagnétique vaut :


C ém  p M ( rd i sq   rq i sd ) (18.9)
Lr
Pour réaliser la commande vectorielle, on choisit l’angle  r de telle sorte que le flux
totalisé rotorique  rq d’axe q soit nul :  rq = 0. On montre que pour remplir cette condition, la
pulsation rotorique  r  d r / dt doit avoir la valeur suivante [40, 49] :
M i sq
r  (18.10)
Tr  rd
où Tr  Lr / R r est la constante de temps rotorique.
On montre aussi ([27, 40, 48, 49]) que dans ces conditions, le flux  rd (  r ) d’axe
direct vaut :
M
 rd  i sd (18.11)
1  Tr s
où s est l’opérateur de Laplace (s = d/dt).
L’expression du couple électromagnétique se simplifie alors et devient :
C ém  p M  rd i sq (18.12)
Lr

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.19


Pour réaliser la commande vectorielle de la machine asynchrone, on règle séparément
le flux rotorique  rd par le courant isd et le couple Cém par le courant i sq en travaillant dans le
repère dq aligné sur le flux rotorique. Ce réglage est similaire à celui du moteur à courant
continu.
L’angle  est mesuré par le capteur donnant la position du rotor par rapport au stator. Il
peut aussi être déterminé à partir de la vitesse angulaire  m du rotror. Pour aligner l’axe d sur
le flux rotorique, on calcule les angles  r et  s de la manière suivante :
M t i sq ( x )
Tr 0  rd 0 p m (x)dx   0
t
r  dx   r 0 ,   (18.13)

s    r (18.14)
On dit qu’on réalise un autopilotage.

18.3 GÉNÉRATRICE ASYNCHRONE

18.3.1 Principe de fonctionnement

Supposons qu'une machine asynchrone fonctionne en moteur (figures 16.4 et 17.1).Si


maintenant le rotor est entraîné par une autre machine à une vitesse Ωr supérieure à la vitesse
de synchronisme, la machine asynchrone commence à fonctionner en génératrice, en
fournissant une puissance active au réseau. Elle continue à tirer du réseau la puissance
réactive nécessaire à la création du champ magnétique tournant.

Pméc Pe Zc

T GA
Ωr

Q Ic

Fig.18.22

18.3.2 Fonctionnement autonome

La machine asynchrone peut fonctionner en génératrice autonome (figure 18.22).


Cependant, la génératrice asynchrone doit recevoir de l’extérieur la puissance réactive Q
nécessaire à la création du champ magnétique. Cette puissance réactive est fournie par des
condensateurs branchés aux bornes de la génératrice. L’amorçage de la génératrice
asynchrone se réalise de la même manière que celui de la génératrice shunt.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.20


V1 Ωm

Ic II I r2 > r1
GA V1
C
Ic 1
a) b) 2 Cém
Fig.18.23

Fig.18.24
Pour que l'amorçage ait lieu, il faut que le circuit de la machine ait une aimantation
rémanente, qui engendre une f.é.m. Ev = V1 (figure 18.23). Sous l'effet de cette f.é.m., la
machine débite dans le condensateur un courant c, dit courant magnétisant. La courbe V1 = f(c)
représente, à une vitesse constante, la courbe d'aimantation  = f(c). D'autre part, V1 et c sont
liés par la relation c=ωCV1 qui, à vitesse constante (ω = Cte), est traduite par une droite passant
par l'origine (figure 18.23). Le point de fonctionnement doit satisfaire aux deux relations
précédentes et doit donc se trouver à la rencontre de la droite c=ωCV1 avec la courbe V1=f(c).
Si ce point de fonctionnement existe, la génératrice asynchrone s'amorce et peut alimenter une
charge de façon autonome. La fréquence des grandeurs statoriques est alors proportionnelle à
la vitesse de rotation. Quant à la valeur efficace de la tension V1, on la règle en modifiant la
capacité de la batterie de condensateur, c.-à-d. le courant c.

18.3.1. Difficulté de régulation de puissance

D’après la caractéristique mécanique (figure 16.4), le couple d’une machine asynchrone


doit augmenter avec la fréquence. Par conséquent, de très petites variations de vitesse donnent
de grandes variations de couple, et de puissance.
Lorsque la génératrice asynchrone fonctionne en parallèle avec des alternateurs
synchrones, on la règle de manière à ce qu’elle fournisse une puissance bien fixe. Alors, elle
fonctionne sans régulation de fréquence et de tension. De telles génératrices asynchrones sont
utilisés dans des microcentrales hydroélectriques.

18.4 FREINAGE ÉLECTRIQUE DES MOTEURS ASYNCHRONES

18.4.1 Freinage en génératrice avec récupération de l'énergie

Considérons un moteur entraînant un engin de levage à la descente. Ce fonctionnement


en descente lancée est représenté par un point du premier () quadrant de la figure 18.24. Dès
que la vitesse dépasse celle de synchronisme, la machine fonctionne en génératrice en
parallèle sur le réseau auquel elle fournit la puissance active en absorbant de la puissance
réactive. Cette génératrice oppose un couple résistant (de freinage) à l’engin en descente. Le
point de fonctionnement en descente freinée est situé dans le deuxième () quadrant.
La vitesse de descente est réglée par action sur un rhéostat en série avec l’enroulement
rotorique. Ce mode de freinage est d'un emploi fréquent dans les engins de levage car il n'agit
qu'à grande vitesse.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.21


18.4.2 Freinage à contre-courant

Supposons que le moteur fonctionne en régime permanent au point A du premier ()


quadrant de la figure 18.25, correspondant aux connexions de la figure 18.26.a. Le couple
résistant vaut Cr. Permutons deux phases quelconques du stator selon la figure 18.26.b. Le
sens de rotation du champ tournant change; ce qui donne une caractéristique mécanique située
dans le deuxième () et le troisième () quadrant. A cause de l’inertie des masses tournantes,
le moteur tourne encore à la même vitesse qu’avant la permutation des phases (point A). Le
nouveau point de fonctionnement se trouve alors sur la nouvelle caractéristique mécanique
pour une même vitesse qu’avant la permutation : c’est le point B. Le couple résistant reste égal
à Cr. Par contre, le couple électromagnétique devient négatif : -Cém. Il apparaît au rotor un
couple dynamique -Cém-Cr = JdΩm/dt qui ralentit le rotor. Lorsque la vitesse s'annule (point C),
le moteur doit être débranché du réseau; sinon la machine passe de nouveau au
fonctionnement en moteur (point D).

II m
I
B’ B A

Cr
A
C Cem C
B
-Cr
Levage descente descente
D lancée freinée
a) b) c)
III IV Fig.18.26

Fig.18.25

Lorsqu'on intervertit les deux conducteurs d'alimentation, le couple est faible et le


courant est intense (g=2, point B). Pour limiter le courant et augmenter le couple de freinage
(point B’), il faut, lorsqu'il s'agit d'un moteur à bagues, brancher une résistance additionnelle
dans le circuit rotorique.

m
mono

tri
Cem

Fig.18.28
K
Fig.18.27
Fig.18.29

Le freinage triphasé conduit à une grande inclinaison des caractéristiques de vitesse Ωm


= f(Cém) (figure 18.27). Pour éviter ce défaut, on le remplace souvent par le freinage monophasé
(figure 18.26.c) ou par le freinage dissymétrique (figure 18.28). Le couple du moteur

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.22


monophasé étant nul à l'arrêt, ses caractéristiques, pour différentes valeurs de la résistance
rotorique, passent par l'origine (figure 18.27); d'où une faible inclinaison. Le couplage
dissymétrique est obtenu en croisant les connexions d'une seule phase (figure 18.28). Dans ce
cas, le champ tournant devient elliptique, c.-à-d. formé d'un champ direct et d'un champ inverse.
Le couple résultant est par conséquent nul pour une vitesse comprise entre 0 et la vitesse de
synchronisme. Les caractéristiques Ωm = f(Cém) de freinage sont donc moins inclinées et donc
plus favorables que celles du freinage triphasé symétrique à contre-courant.
Le freinage à contre-courant est le plus répandu.

18.4.3 Freinage dynamique

Il consiste à débrancher l’enroulement statorique du réseau, puis à injecter un courant


continu entre deux de ses phases (figure 18.29). Ces deux phases, connectées en série, sont
alimentées pendant le freinage par un redresseur à travers l’interrupteur K. Ce courant continu
crée un champ d'induction magnétique fixe. La machine fonctionne en génératrice synchrone
dans laquelle le rotor représente l'induit court-circuité. Son rotor tourne sous l’effet de la
puissance mécanique en opposant un couple de freinage. Dans les moteurs à bagues, on peut,
lors du freinage, introduire une résistance additionnelle au rotor pour agir sur la courbe du
couple. Dans le moteur à cage, la variation du couple résistant est obtenue par réglage de la
tension continue.
Le freinage dynamique est peu énergique. On l’utilise parfois pour ralentir les machines-
outils en fin de travail.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 18.23


Chapitre 19

RÉGIMES DÉSÉQUILIBRÉS DE LA MACHINE ASYNCHRONE


19.1 Déséquilibre des tensions statoriques

Soient V a , V b e t V c les tensions statoriques. Lorsque ces tensions ne forment pas un


système équilibré, l'étude de la machine peut se faire à l'aide des composantes symétriques
(section 1.4.2). De part sa constitution, la machine asynchrone remplit les conditions (1.53). Les
schémas équivalents direct (d), inverse (i) et homopolaire (h) sont donc découplés. Les
composantes symétriques des tensions (directe V 1d , inverse V 1i et homopolaire V 1h ) sont
-1
données par la relation (1.47) : [ V dih ] 1 = [ T ]
[ V abc ] . Si l'enroulement statorique est couplé
en étoile avec point neutre isolé, le courant homopolaire statorique est nul : I 1h = 0 . Il en est de
même de la tension homopolaire statorique V 1h = Z 1h I 1h = 0 . Il ne reste donc au stator (indice
1) qu'un courant direct I1d et un courant inverse I1i.

I1d R1 X11
jX X’2'2
jX I1i R1 X11
jX jX22'
X’

V1d Z1m1 R' 2 Z1m1 R' 2


V1i
g 2-g

a) b)
Fig.19.1

Au système direct des tensions et des courants correspond le schéma équivalent


ordinaire de la machine asynchrone, repris sur la figure 19.1.a. Le champ direct tourne par
rapport au stator à la vitesse angulaire Ωsd=Ωs, tandis que le rotor tourne par rapport au stator à
la vitesse angulaire Ωm. Vis-à-vis du champ tournant direct, le glissement du rotor vaut :
s - m 
gd = g= =1- m (19.1)
s s
Le courant direct vaut : I 1d = V 1d / Z 1d où Z 1d = (R1 + jX 1 ) + (1/ Z m1 + 1/Z 2'd ) 1 est
l'impédance qu'une phase statorique offre aux courants directs, avec Z 2'd = R 2' /g + jX 2' .
Au système inverse des tensions et des courants correspond le schéma équivalent
inverse de la machine asynchrone, repris sur la figure 19.1.b. Le champ inverse tourne par
rapport au stator à la vitesse angulaire Ωsi=-Ωs, tandis que le rotor tourne par rapport au stator à
la vitesse angulaire Ωm. Vis-à-vis du champ tournant inverse, le glissement du rotor vaut :
 si - m = -  s - m = 1 + m = 1  (1 - g )  2  g
gi = (19.2)
 si - s s
Le courant inverse vaut : I 1i = V 1i / Z 1i où Z 1i = ( R1 + jX 1 ) + (1/ Z m1 + 1/Z 2'i ) 1 est
l'impédance qu'une phase statorique offre aux courants inverses, avec Z 2'i = R 2' /(2 - g) + jX 2' .
Les schémas équivalents de la figure 19.1 permettent de calculer les courants direct I 1d
et inverse I 1i . On en déduit les courants de phase I a , I b et I c à l'aide de la relation (1.48) :
[ I abc ] = [ T ][ I dih ] 1 . Le degré de déséquilibre des courants se mesure à l'aide du rapport
I1i/I1d. De même, le degré de déséquilibre des tensions se mesure à l'aide du rapport V1i/V1d.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.1


'
Lorsque g « 1, on a gi  2. Dans ce cas, | R’2 /(2 - g) + jX 2 | << Z m1 . On peut donc
omettre la branche de magnétisation et écrire : Z 1i = R1i + jX 1i , avec X1i  X1+ X 2  Xcc et R1i
'

 R1+ R’2 /2 « Xcc. Pour gi  2, le courant inverse devient :

I 1i = V 1i / R1i2 + X 1i  V 1i / X cc
2
(19.3)
Pour g=gN, V1d=V1N, I1d=I1N=V1N/Z1N, le déséquilibre des courants vaut :
I 1i = V 1i Z 1N = V 1i Z 1N = V 1i 1 (19.4)
I 1d Z 1i V 1N X cc V 1N V 1N xccr
avec xccr = Xcc/Z1N. Le déséquilibre des courants est donc 1/xccr fois plus grand que celui des
tensions. Par exemple, pour xccr = 0,15 p.u., on a I1i/I1d = 6,7 V1i/V1d.
C'est la raison pour laquelle le degré de déséquilibre des tensions d’alimentation d’un
moteur asynchrone doit être le plus faible possible.
En cas de déséquilibre des tensions, le couple électromagnétique Cém est la somme du
couple direct Cd, dû à la tension directe et du couple inverse Ci dû à la tension inverse : Cém =
Cd+Ci. Le couple direct Cd est donné par la relation (16.12) où l'on remplace V1 par V1d. Le
couple inverse Ci est donné par la relation (16.12) où l'on remplace respectivement V1 par V1i et
g par gi = 2-g. Lorsque la machine fonctionne en moteur, c.-à-d. lorsque 0 < g < 1, on aura Cd >
0 et Ci < 0.

19.2 Rupture d'une phase statorique

L'enroulement statorique est couplé en étoile avec point neutre isolé et le conducteur de
la phase a est interrompu (figure 19.2) : I a = 0. Les deux phases restantes (b et c) sont
parcourues par un courant commun I b = - I c = I x . On suppose que les tensions d'alimentation
forment un système symétrique direct :

Ia A
a
Ib B
b
Ic C
c

Fig.19.2

2
V a = V 1 , V b = a V 1 , V c = aV 1
2 2
V b - V c = a V 1 - a V 1 = ( a - a)V 1 = - j 3 V 1 (19.5)
Par la transformation inverse de Fortescue (1.44), on détermine les composantes symétriques
des courants :
 I 1d  1 a a2   
  1    0
 I 1i  = 1 a 2 a  I x (19.6)
  3   
I  1 1 
1 - I x 

 1h   
ou explicitement :
(a - a 2 ) 3 j
I 1d = Ix= j Ix= Ix
3 3 3
Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.2
(a 2 - a) 3 j
I 1i = Ix= - j Ix   Ix (19.7)
3 3 3
I 1h = 0
D’après la transformation de Fortescue (1.44), on a :
Va   1 1 1 V1d 
     
Vb  = a 2 a 1 V 
     1i 
V   a   
 c   a 2 1  0
V b - V c = (a  a ) V 1d + ( a  a ) V 1i
2 2

V b - V c = - j 3 V 1d + j 3 V 1i = - j 3 ( V 1d - V 1i ) (19.8)
En identifiant les seconds membres des relations (19.5) et (19.8), on trouve :
V 1 = V 1d - V 1i (19.9)
Le schéma équivalent est repris sur la figure 19.3.

I1 R1 X11
jX X’2'2
jX

R' 2
V1d Z1m
1 g

V1
X’2' 2
jX
R' 2
V1i Z1m
1 2-g

R1 jX
X11

Fig.19.3

Supposons que la rupture de la phase se produise au moment où le glissement est


faible. A l'instant qui suit immédiatement la rupture, le glissement a toujours cette faible valeur g
(inertie). Dès lors, la résistance R2' /g est très grande, alors que la résistance R2' /(2 - g) est très
petite. Par conséquent, la tension inverse V1i est nettement plus faible que la tension directe
V1d, qui est donc sensiblement égale à V1. Par conséquent, le couple électromagnétique ne
diminue que légèrement; ce qui fait que le glissement n’augmente que légèrement (figure 18.2).
Le moteur continue donc à tourner.
Le courant direct I1d est pratiquement égal au courant I1 qui circulait dans la phase
avant l'ouverture de la phase a. Cependant, après cette ouverture, le courant dans une phase
saine vaut : Ib = Ic = Ix = 3 I 1d  3 I 1 . C'est dire qu'après l'ouverture d'une phase, le courant
dans une phase saine est 3 fois plus grand que celui qui circulait avant l'ouverture. Cette
augmentation s'explique aussi par le fait que deux phases seules fournissent à peu près la
puissance qui était fournie par les trois phases.
On s'aperçoit de cet accident par l'accroissement du courant absorbé et par le
ronflement dû au champ inverse.
Notons que lorsque la rupture d'une phase statorique se fait avant le démarrage, le
moteur triphasé devient monophasé (section 21.1) et ne démarre pas de lui-même.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.3
19.3 Rupture d’une phase rotorique

L'enroulement rotorique est couplé en étoile avec point neutre isolé et le conducteur de
la phase A est interrompu (figure 19.4.a) : I A = 0. Les deux phases restantes (B et C) sont
parcourues par un courant commun I B = - I C = I X . Par la transformation inverse de
Fortescue (1.49), on détermine les composantes symétriques des courants rotoriques:
 I 2d  1 a a 2   0 
  1   
 I 2i  = 1 a 2 a  I X  (19.10)
  3   
 I 2h  1 1 1 - I X 
ou explicitement :
(a - a 2 ) 3 j
I 2d = IX= j IX  IX
3 3 3
(a 2 - a) 3 j
I 2i = IX=- j IX   IX (19.11)
3 3 3
I 2h = 0
Le courant de phase vaut donc :
I B = I X = - j 3 I 2d = - I C
Le courant I B , de fréquence f2=gf1 crée une f.m.m. pulsante ℱ2. L'enroulement
rotorique étant devenu monophasé, l'axe de la f.m.m. ℱ2 est fixe par rapport au rotor et tourne
par rapport au stator à la même vitesse angulaire que le rotor : Ωm = (1-g)Ωs. La f.m.m. ℱ2 étant
pulsante, elle peut être décomposée en deux f.m.m. tournantes (figure 19.4.a) :
- la f.m.m. directe ℱ2d, due aux courants directs I 2d , qui tourne par rapport au rotor à la vitesse
angulaire ω2/p = 2πf2/p = g.2πf1/p = gΩs et dans le sens de rotation du rotor.
- la f.m.m. inverse ℱ2i, due aux courants directs I 2i , qui tourne par rapport au rotor à la vitesse
angulaire -gΩs, c.-à-d. dans le sens opposé au sens de rotation du rotor.

I1d I1i
F 2i Ωs F Ωs F 1d
1d

F 2i

g Ωs I2i
C I2d Ω2i
F 2 B g Ωs g Ωs

Cd Ci Ci
Ωs ou
F 2d F 2d
a) c)
b)
Fig.19.4

Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.4


a) - Action de la f.m.m. directe ℱ2d
Par rapport au stator, la f.m.m. ℱ2d tourne à la vitesse angulaire Ω2d = Ωm+gΩs = (1-
g)Ωs+gΩs = Ωs. Cette f.m.m. ℱ2d s'ajoute à la f.m.m. ℱ1d produite par les courants statoriques I1d
(figure 19.4.b). La f.m.m. résultante ℱd = ℱ1d+ℱ2d aura une valeur telle que le flux qui en résulte
corresponde à la tension V1 du réseau. Le champ direct résultant de ℱd interagit avec les
courants directs du rotor I2d pour produire sur le rotor un couple électromagnétique direct Cd
agissant dans le sens de rotation du rotor (figure 19.5).

Cém
Cém
Cd
Ωm

1 0,5 g
0
Ci
Fig.19.5

b) - Action de la f.m.m. inverse ℱ2i


Par rapport au stator, la f.m.m. ℱ2i tourne à la vitesse angulaire Ω2i = Ωm - gΩs = (1-g)Ωs-
gΩs = (1-2g)Ωs. Le champ produit par cette f.m.m. ℱi induit dans l'enroulement statorique une
f.é.m. de fréquence f1i = (1-2g)f1. Cette f.é.m. est appliquée au réseau qui peut être considéré
comme "infini", c.-à-d. d’une impédance infiniment petite (court-circuit sur la figure 19.4.c). Il en
résulte des courants I1i de fréquence f1i dans l'enroulement statorique. Ces courants produisent
une f.m.m. ℱ1i qui s'ajoute à la f.m.m. ℱ2i pour former la f.m.m. résultante ℱi = ℱ1i+ℱ2i tournant
par rapport au stator à la vitesse angulaire Ω2i.
L'interaction du champ dû à la f.m.m. inverse ℱi avec les courants inverses I1i produit un
couple électromagnétique Ci qui tend à entraîner le stator dans le sens de rotation de ℱi. En
vertu du principe de l'action et de la réaction, le rotor est soumis à un couple Ci qui tend à
entraîner le rotor dans le sens opposé au sens de rotation de ℱi. Suivant la valeur du
glissement, on obtient les situations suivantes (figure 19.5) :

b1) 1 > g > 0,5 => Ω2i < 0 : La f.m.m. ℱi tourne dans le sens négatif et le couple Ci agit sur le
rotor dans le sens de la rotation de ce rotor (couple moteur).

b2) 0,5 > g > 0 => Ω2i > 0 : La f.m.m. ℱi tourne dans le sens positif et le couple Ci agit sur le
rotor dans le sens opposé au sens de rotation de ce rotor.

b3) g = 0,5 => Ω2i = 0 : La f.m.m. ℱi est immobile par rapport au stator (I1i = 0) et I2i correspond
au courant magnétisant qui crée le champ inverse.

b4) g = 0 : Le rotor devient immobile par rapport au champ direct ℱ1d et aucun courant n'y est
induit : I2d = I2i = 0.

c) Action simultanée des f.m.m. ℱ2d et ℱ2i


La figure 19.5 donne le couple électromagnétique résultant Cém = Cd+Ci. Pour g proche
0,5 et Ωr proche de (1-g)Ωs = 0,5 Ωs, ce couple résultant peut devenir négatif. Par conséquent :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.5


- Si une phase rotorique d’un moteur asynchrone est coupée avant le démarrage, lors du
démarrage, le rotor décolle, mais ne dépasse pas la moitié de la vitesse de synchronisme.
- Si une phase rotorique d'un moteur asynchrone est coupée pendant le fonctionnement en
charge, le glissement augmente pour que l'accroissement des courants rotoriques compense la
réduction du nombre des spires actives du rotor. A faible charge, le moteur peut continuer à
tourner en absorbant un courant plus intense.
Le courant dans une phase statorique est la somme de deux courants sinusoïdaux i1d et
i1i, d’amplitudes différentes et de fréquences différentes f1 et f1i = (1-2g)f1. On montre, dans le
cours de physique, que la somme de telles grandeurs est caractérisée par un battement. Le
battement des courants statoriques se fait à la fréquence f = f1-f1i = 2f1g.
La coupure d’une phase rotorique conduit à une déformation de la caractéristique
mécanique appelée effet de couplage uniaxial ou phénomène Gœrges [5,16]. Cette
déformation diminue lorsqu'on insère des résistances dans le rotor monophasé à cause du
déplacement en sens inverses des deux maxima des courbes Cd et Ci.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 19.6


Chapitre 20

ESSAIS SUR LES MACHINES ASYNCHRONES


20.1 Mesure du rapport de transformation

Le courant à vide I0 d'une machine asynchrone étant relativement grand, la chute de


tension z1 I 10 n'est pas négligeable, et le rapport de transformation n'est plus égal au rapport
des tensions à vide, comme dans le transformateur. On applique à l'enroulement statorique une
tension proche de la tension nominale V10  V1N, l'enroulement rotorique étant ouvert (figure
20.1), et on mesure les tensions à vide V10 et V20. Le rapport de ces tensions vaut :

U u
V v
W M
w
N n

V V
Fig.20.01

V 10 | z 1 I 10 + E v1 |
 21 = = (20.1)
V 20 E v2
On applique à l'enroulement rotorique une tension proche de la tension nominale V20 
V2N, l'enroulement statorique étant ouvert (figure 20.1), et on mesure les tensions à vide V10 et
V20. Le rapport de ces tensions vaut :
V 20 | z 2 I 20 + E v2 |
 12 = = (20.2)
V 10 E v1
On peut donc écrire :
 21 | z1 I 10 + E v1 | Ev1 Ev1 Ev2
=
 12 E v2 E v1 | z 2 I 20 + E v2 | E v2
2
 21 z 1 I 10 E 1 E v1  E v1 
= + 1 v1    (20.3)
 12 E v1 E v2 z 2 I 20 E v2  E v2 
+1
E v2
car, en grandeurs réduites, les impédances du primaire et du secondaire sont sensiblement
égales de sorte que les termes entre les barres de module sont sensiblement égaux. Dès lors,
le rapport de transformation de la machine asynchrone est donné par :
E  21
 = N 1 = v1 = (20.4)
N 2 E v2  12

20.2 Essai en court-circuit

Lors de cet essai, on bloque le rotor pour l'empêcher de tourner. On court-circuite


l'enroulement rotorique (V2 = V ’2 = 0) et on alimente l'enroulement statorique à une faible
tension Vcc, réglée de façon à y faire circuler le courant nominal Icc  I1N, à la fréquence
nominale (figure 20.2). On mesure alors : - l'intensité du courant statorique Icc, - la puissance
consommée par la machine Pcc, - la tension de court-circuit Vcc.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 20.1


Étant donné que la réluctance du circuit magnétique varie avec la position du rotor par

Machines électriques - Kamabu Tsongo 20.2


On peut aussi effectuer l'essai à vide sur une machine asynchrone en la faisant tourner
seule à vide. On alimente le moteur à tension nominale V1N et à fréquence nominale f1N, et on le
fait fonctionner à vide, le rotor étant court-circuité. La puissance mécanique développée par ce
moteur sert donc à couvrir les pertes mécaniques pméc. On mesure alors, à l'aide du schéma de
la figure 20.2, la tension à vide V0, le courant à vide I0, et la puissance totale consommée à vide
P0. Elle vaut : P0 = pméc + pfe + 3 R1 I 02 .

A
W
V
A M
W
~

Fig.20.2
Pour séparer les pertes mécaniques des pertes magnétiques, il suffit d'effectuer la
mesure à la fréquence nominale f1N, mais à différentes valeurs de la tension, comprises entre
0,2 V1N et 1,1 V1N. Durant cet essai, la vitesse de rotation ne va baisser que très légèrement, en
sorte que les pertes mécaniques pméc, qui varient en principe avec la vitesse, restent
sensiblement constantes. Quant aux pertes magnétiques pfe, elles varient pratiquement avec le
carré de la tension appliquée. Il suffit de tracer le graphe de P0 - 3 R1 I 02 = pmec + pfe = f( V 12 ) , et
d'extrapoler jusqu'à la tension d'alimentation V1 nulle (figure 20.3). L'ordonné à l'origine de ce
graphe représente les pertes mécaniques pméc. La différence entre une ordonné quelconque du
graphe et ces pertes mécaniques constantes donne la valeur des pertes magnétiques pfe pour
la tension V1 considérée. On peut aussi tracer la caractéristique à vide I0 = f(V1), qui met en
évidence la saturation du circuit magnétique (figure 20.4). Cette caractéristique fournit aussi le
courant à vide I0N à la tension nominale V1N.
I0
P0  3R 1I 02

pfe
I 0N
pméc
V12
2
0 V1N P
0 V1N V1
P
Fig.20.3 Fig.20.4

Dans le cas de la machine asynchrone, la chute de tension z1I0N n'est plus négligeable.
Vu qu'à vide le facteur de puissance cos 0 = P0/3V0I0N est très faible (figure 15.9), l'angle 0 est
proche de π/2, et le terme jX 1 I 0N est presque en phase avec la tension V 1 . Comme illustré
sur la figure 15.9, en négligeant la chute de tension R1I0N, on peut obtenir une bonne
approximation de la tension Vm, sous tension nominale [9], en calculant la différence Vm = V1 -
X1I0N; d'où :
p fe V m = 3 V 2m
I fe = , R fe = (20.8)
3V m I fe p fe

Machines électriques - Kamabu Tsongo 20.3


Par ailleurs, l'angle 0 étant proche de π/2, le courant magnétisant est sensiblement donné par :
I 1m = I 0N sin  0 (20.9)
et n'est que légèrement différent de I0N. La réactance de magnétisation vaut alors :
Vm
X 1m = (20.10)
I 1m
Le courant qui serait absorbé par la machine au synchronisme vaut alors I 0 = I fe - jI 1m si la
tension V m est prise comme origine des phases. Dans certaines applications, comme le tracé
du diagramme du cercle, il est suffisamment correct d'utiliser I 0N comme approximation de I 0 .
A partir de cet essai on peut aussi tracer les courbes I1m = f(Vm) et X1m = f(Vm).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 20.4


Chapitre 21

MACHINES ASYNCHRONES SPÉCIALES

21.1 MOTEUR ASYNCHRONE MONOPHASÉ

21.1.1 Principe de fonctionnement

L'enroulement statorique d'un tel moteur est monophasé. Son rotor a la même
constitution que le rotor d'un moteur polyphasé à cage d'écureuil. L'enroulement monophasé du
stator engendre une f.m.m. pulsante qu'on peut décomposer en deux f.m.m. tournantes ℱ1d et
ℱ1i.
La f.m.m. directe ℱ1d tourne par rapport au stator à la vitesse angulaire s = 1/p dans le
sens de rotation du rotor. Vis-à vis du champ direct, le glissement du rotor vaut : gd = g = (s-
m)/s = 1-m/s. Le champ direct induit donc au rotor des courants directs I2d à la fréquence f2d
= gf1. Le champ direct interagit avec les courants directs du rotor I2d pour produire un couple
direct Cd (figure 21.1).

Cém

Cd Cém
Ωm

g 2 1 0
Ci

Fig.21.1

La f.m.m. inverse ℱ1i tourne par rapport au stator à la vitesse angulaire i = -s = -1/p,
c.-à-d. dans le sens opposé au sens de rotation du rotor. Vis-à-vis du champ inverse, le
glissement du rotor vaut : gi = (-s-m)/-s = 1+m/s = 1+(1-g) = 2-g. Le champ inverse induit
donc au rotor des courants inverses I2i à la fréquence f2i = gif1 = (2-g)f1. Le champ inverse
interagit avec les courants inverses du rotor I2i pour produire un couple inverse Ci (figure 21.1).
Le couple électromagnétique d'un moteur monophasé est la somme de ces deux
couples : Cém = Cd+Ci (figure 21.1). A l'arrêt (gd = gi = 1), Cd = - Ci et Cém = 0. Un tel moteur ne
démarre pas de lui-même. Par contre, si à l'aide d'un artifice, on fait tourner le rotor dans un
sens quelconque, le couple qui s'exerce sur le rotor dans ce sens est supérieur à l'autre; le
couple résultant Cém n'est plus nul et le moteur accélère dans ce sens. Les artifices utilisés pour
assurer le démarrage d'un moteur asynchrone monophasé sont présentés à partir de la section
21.1.3.

21.1.2 Équations et schéma équivalent

La figure 21.2 donne le schéma d'un moteur biphasé, ayant deux enroulements de
phase statoriques : p et a. Le régime de fonctionnement d'un moteur monophasé peut être

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.1


considéré comme un régime déséquilibré d'un moteur biphasé dont une phase (ici a) est
débranchée (Ia = 0). La phase p est alimentée sous la tension V p = V 1 et est parcourue par un
courant I p = I 1 . Ce régime sera étudié à l'aide des composantes symétriques (2/m1 = 2/4 =
/2) [16]. Un courant de phase est représenté par la somme des courants direct et inverse :
I p = I pd + I pi = I 1d + I 1i (21.1)
I a = I ad + I ai =  j I 1d  j I 1i (21.2)

Vp
p

Ip
F i

Ωs
Va

a
I
a
Ωs
Fig.21.2
F d

En posant I a = 0 , I p = I 1 , et en résolvant ce système d'équations par rapport aux composantes


symétriques, on trouve :
I 1d = ( I p  j I a )/2 = I 1 /2 (21.3)
I 1i = ( I p  j I a )/2 = I 1 /2 (21.4)
De même, la tension appliquée est la somme de la composante directe V 1d et de la
composante inverse V 1i :
V 1 = V p = V pd + V pi = V 1d + V 1i (21.5)
Compte tenu des schémas équivalents des figures 19.1 et des relations de la section 19.1, on
peut exprimer les tensions V 1d et V 1i en fonction des courants et des impédances des
composantes correspondantes :
V 1d = Z 1d I 1d = Z 1d I 1 /2 et V 1i = Z 1i I 1i = Z 1i I 1 /2
où Z1d et Z1i sont les impédances qu’une machine biphasée présente respectivement aux
composantes directe et inverse du courant. Elles sont obtenues à partir des schémas de la
figure 19.1, et leurs expressions sont données dans la section 19.1. Par substitution dans la
relation (21.5), on trouve :
V 1 = ( Z 1d /2 + Z 1i /2) I 1 (21.6)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.2


R1 jX1 jX'2
I1 2 2 2 I' 2d
I 0d
R' 2
Z m1
V1d 2g
2

V1
I 0i jX'2 I' i
Z m1 2 R' 2
V1i
2(2 - g)
2

R1 jX 1
2 2
Fig.21.3

Selon la relation (21.6), le schéma équivalent du moteur monophasé est celui de la


figure 21.3. Le système des courants directs crée une f.m.m. directe ℱ1d. De même, le système
des courants inverses crée une f.m.m. inverse ℱ1i (section 21.1).

V1

Cém

p
p+a

p
M Ωm
~ a

a) c)

V1
Fig.21.4
Ia

b) Ip

21.1.3 Moteur monophasé à enroulement auxiliaire de démarrage

Ce moteur est muni de deux enroulements statoriques : un enroulement principal p et un


enroulement auxiliaire a dont les axes sont décalés de /2 radians électriques dans l'espace

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.3


(figure 21.4.a). Le rapport réactance/résistance de l'enroulement auxiliaire est plus petit que
celui de l'enroulement principal, si bien que les courants I p et I a sont déphasés (figure 21.4.b).
Ces courants agissent comme un système biphasé déséquilibré de courants et créent un
champ tournant elliptique (section 14.2.6) qui fait démarrer le moteur. Dès que la vitesse atteint
environ 75 % de la vitesse de synchronisme, l'enroulement auxiliaire est déconnecté à l'aide
d'un interrupteur centrifuge.
La caractéristique mécanique de ce moteur est reprise sur la figure 21.4.c.
Pour augmenter le déphasage entre les courants I p et I a , on peut placer une
résistance en série avec l’enroulement auxiliaire (figure 21.5).

p
rd

M
~ a

Fig.21.5

Ia

p V1
I1
Cd

b) Ip
M
~ a
a)

Cd
Cém

Ωm

c)
Fig.21.6

21.1.4 Moteur monophasé à condensateur

Un système de courants I p et I a fortement déphasé l'un par rapport à l'autre peut être
obtenu, à partir d'un réseau monophasé, par le branchement d'un condensateur en série avec
l'enroulement auxiliaire. Le schéma d'un moteur à démarrage par condensateur est repris sur la
figure 21.6.a. Le condensateur Cd est branché en série avec l'enroulement auxiliaire; mais cet
enroulement est débranché après le démarrage. En choisissant convenablement la capacité du
condensateur, on peut obtenir un déphasage de /2 radians électriques entre les courants

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.4


I p et I a au démarrage comme dans un moteur biphasé (figure 21.6.b). La caractéristique
mécanique d'un moteur à démarrage par condensateur est illustrée sur la figure 21.6.C.
Dans un moteur à condensateur de service, l'enroulement auxiliaire et le condensateur
Cs restent en service après le démarrage (figure 21.7.a). La construction est simplifiée par la
suppression de l'interrupteur centrifuge. La capacité du condensateur est choisie de manière à
réaliser un compromis entre les performances au démarrage et en régime permanent. La
caractéristique d'un tel moteur est reprise sur la figure 21.7.b. Le facteur de puissance et le
rendement sont améliorés.

Cém

CS CS

Ωm
M
~ a
a) b)
Fig.21.7

Cém

Cd + C S
p

Cd CS Cd
Ωm
M
~ a
a) b)
Fig.21.8

Une autre solution consiste à utiliser deux condensateurs : le premier Cd (de grande
capacité) est débranché après le démarrage, alors que le second Cs (de faible capacité) reste
branché en permanence en série avec l'enroulement auxiliaire (figure 21.8). On obtient un
moteur à condensateur de démarrage et à condensateur de service.
Le moteur à condensateurs de démarrage et de service est le plus cher.

21.1.5 Moteur monophasé à pôles entaillés ou à bagues de déphasage

Le stator de ce moteur est constitué des pôles saillants portant un enroulement


monophasé. Une partie de l'épanouissement de chaque pôle saillant statorique, voisine de la
corne de sortie, est munie d'un anneau (ou spire) court-circuité (figure 21.9). On montre que le
courant induit dans cet anneau a pour effet de créer un déphasage entre le champ de la corne
de sortie et celui de la corne d'entrée [16]. Il en résulte un champ tournant elliptique qui assure
le démarrage du moteur.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.5


Fig.21.09

2p 

0a
v1
1

2
v
b
Fig.21.10

21.1.6 Propriétés du moteur asynchrone monophasé

- A dimensions égales, le moteur monophasé est moins puissant que le moteur polyphasé.
- A puissance égale :
* le facteur de puissance du moteur monophasé est inférieur à celui du moteur
polyphasé;
* le rendement du moteur monophasé est inférieur à celui du moteur polyphasé.

21.1.7 Utilisation du moteur asynchrone monophasé

Du point de vue technique et économique, le moteur asynchrone monophasé est moins


avantageux que le moteur triphasé. C’est pourquoi, Il n’est utilisé que pour entraîner des
appareils de faible puissance dans le cas où le courant électrique est disponible seulement en
monophasé.

21.2 MOTEUR ASYNCHRONE LINÉAIRE

21.2.1 Constitution.

Un moteur linéaire peut être considéré comme un moteur asynchrone rotatif que l'on
aurait scié selon un plan diamétral et déroulé afin qu'il produise un mouvement de translation
(figure 21.10). Le noyau magnétique (a) du stator a la forme d'un parallélépipède rectangle.
L'enroulement primaire (1) est triphasé hétéro polaire et est placé dans des encoches creusées
sur l'une des faces du parallélépipède. La partie mobile (rotor), en forme de parallélépipède (b),
se déplace suivant un mouvement de translation par rapport à ce stator. Elle est constituée d'un
noyau magnétique qui porte, sur sa face orientée vers le stator, un enroulement secondaire (2)
court-circuité. Dans certaines formes de construction, la partie mobile est constituée par une
pièce massive en matériau magnétique. Dans ce cas l'enroulement secondaire devient inutile.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.6


21.2.2 Principe de fonctionnement.

L'enroulement primaire (1) donne naissance à un champ magnétique qui se déplace


suivant un mouvement de translation, à une vitesse linéaire de synchronisme v1. Ce champ
glissant induit des courants I2 dans l'enroulement secondaire. L'interaction entre le champ
magnétique et les courants secondaires crée des forces qui entraînent la partie mobile suivant
un mouvement de translation à une vitesse v. Si R désigne le rayon d'un moteur asynchrone
alimenté à la pulsation 1 = 2f1, la vitesse tangentielle vaut : v1 = R1 = R1/p = 2f1R/p. Le
pas polaire d'une telle machine vaut :  = 2R/2p = R/p; ce qui donne R = p/; d'où :
p f
v1 = 2  p1 = 2 f 1 (21.7)

Étant donné que v est proche de v1, le glissement g = (v1-v)/v1 du moteur linéaire est aussi
faible que celui d'un moteur asynchrone classique.

21.2.3 Propriétés du moteur asynchrone linéaire.

Pour permettre le maintien des forces pendant le déplacement, il faut que le rotor et le
stator aient des longueurs différentes. On aura alors les machines à stator (ou inducteur) court
(figure 21.10) et les machines à rotor court (figure 21.11).

Rotor

Stator

Fig.21.11

Dans une machine rotative, lorsque l'entrefer est uniforme, les forces d'attraction entre le
rotor et le stator s'équilibrent, bien qu'elles soient environ dix fois plus élevées que les forces de
rotation. Dans le cas du moteur linéaire, il y aura attraction entre le rotor et le stator. On peut
réduire ces forces en fabriquant une machine double (figure 21.12).
Stator 1
U2
r
s
t
Rotor θ
R

U1
Stator 2
S
Fig.21.12

T Fig.21.1 3

Vu que le stator d'un moteur linéaire n'est pas fermé en anneau, il se produit dans un
moteur linéaire des effets de bord, qui confèrent au moteur linéaire des caractéristiques
énergétiques différentes de celles du moteur rotatif.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.7


21.2.4 Utilisation du moteur linéaire

C'est surtout dans la traction électrique que le moteur asynchrone linéaire est appelé à
un avenir prometteur. Le stator peut être fixé à une locomotive et l'enroulement polyphasé qu'il
porte peut être branché sur un réseau à courant alternatif. Le rail massif est alors en matériau
ferromagnétique. L'interaction entre le champ glissant dû au stator et les courants induits dans
le rail crée une force qui tend à entraîner le rail à une vitesse v dans le même sens que celui
dans lequel le champ se déplace. Le rail étant fixé solidement au sol, le stator se déplace à une
vitesse -v.
Par rapport au moteur rotatif, le moteur linéaire est plus cher et a un rendement et un
facteur de puissance plus faibles. Le moteur linéaire apporte des simplifications mécaniques et
s'adapte bien aux grandes vitesses.

21.3 RÉGULATEUR D'INDUCTION

Le régulateur d'induction est une machine asynchrone à l’arrêt qui fonctionne comme un
autotransformateur. Il est représenté sur la figure 21.13. Son enroulement primaire est
généralement placé au rotor et est branché sur le réseau d'alimentation de tension simple V 1 ,
avec V 1 = V r . L'enroulement secondaire est obtenu par la mise en série de chaque
enroulement de phase rotorique avec un enroulement de phase statorique. Si on néglige les
chutes de tension internes, la tension de sortie (tension secondaire) est égale à la somme des
tensions rotorique et statorique : V 2 = V r + V s . Le rapport de transformation du régulateur
d'induction vaut :  = V1/V2.
V' 2
θ
θ

V 'S VS

V2
V1  V r

Fig.21.14

Pour le faire varier, il suffit de modifier l'angle électrique , en faisant tourner le rotor.
Lorsqu'on fait tourner le rotor, l'extrémité du phaseur V s , et donc du phaseur V 2 , décrit une
circonférence (figure 21.14). La valeur minimale de V2 est obtenue lorsque  = - et vaut : V2min
= V1 - Vs. La valeur maximale est obtenue lorsque  = 0 et vaut V2max = V1 + Vs. Le sens de
décalage joue un rôle important dans la charge du régulateur. On montre que pour un courant
de charge Ic, le courant rotorique Ir est minimal si le rotor est décalé dans le sens inverse du
sens de rotation du champ tournant [21].
Le déphasage entre la tension d'entrée V 1 et la tension de sortie V 2 peut être gênant
dans certaines applications. Pour éviter ce déphasage, on réalise un régulateur double qui

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.8


'
introduit une autre tension V s (figure 21.14). Dans le régulateur double, la tension d'entrée V 1
' '
est en phase avec la tension de sortie V 2 = V 1 + V S + V s

21.4 CONVERTISSEUR ASYNCHRONE DE FRÉQUENCE

Dans une machine asynchrone, la fréquence des grandeurs rotoriques vaut : f2 = p(s-
m)/2=gf1. Cette fréquence est donc déterminée par la différence entre la vitesse de rotation
du champ magnétique s et celle du rotor m. Si on entraîne, à une vitesse fixe m, le rotor
d'une machine asynchrone à bagues dont le stator est branché au réseau d'alimentation, il est
possible de recueillir entre ses bagues une tension de fréquence f2. La machine est alors utilisé
comme convertisseur asynchrone de fréquence.
Le convertisseur asynchrone de fréquence (CF) est représenté sur la figure 21.15. Son
rotor est généralement entraîné par un autre moteur asynchrone (M), qui fournit au
convertisseur la puissance mécanique PmécM. Ce moteur forme généralement avec le
convertisseur un groupe monobloc. Le moteur M impose la vitesse de rotation au groupe : m =
sM(1-gM). On montre que la fréquence des grandeurs rotoriques du convertisseur de fréquence
vaut [4] :
pCF
f 2 = f1 1  (1 - g M ) (21.8)
pM

où p désigne le nombre de paires de pôles. Le signe - correspond à l'entraînement du rotor


dans le sens de rotation du champ tournant du convertisseur de fréquence (CF). Le signe +
correspond au sens contraire.

f1

PémM PémCF

PmécM
M CF

Ω
P2

f2

Fig.21.15

Machines électriques - Kamabu Tsongo 21.9


SEPTIÈME PARTIE

MACHINE SYNCHRONE
Chapitre 22

GÉNÉRALITÉS SUR LA MACHINE SYNCHRONE


22.1 DEFINITION

Une machine synchrone est une machine à courant alternatif dans laquelle la fréquence
des forces électromotrices ou contre-électromotrices engendrées (tensions induites) et la
vitesse de rotation sont dans un rapport constant [17].

22.2 CONSTITUTION

Cette machine comporte trois enroulements :


- un enroulement à courant alternatif, généralement triphasé, appelé enroulement d’induit ou
d’armature qui est connecté à un réseau de fréquence fixe f1.
- un enroulement alimenté en courant continu, appelé enroulement d’excitation ou inducteur.
- un enroulement rotorique court-circuité, appelé enroulement amortisseur.

N N

S S

S
N

Fig.22.2
Fig.22.1

La forme la plus répandue des machines synchrones est celle dont l’enroulement
d’induit est situé au stator et l’enroulement inducteur au rotor (figure 22.1 et 22.2). Cette forme
de construction est préférable pour les machines de grande puissance, car dans cette forme,
seule la puissance d’excitation, qui est de l’ordre de 0,3 à 2% de la puissance nominale, transite
par les contacts glissants (balais-bagues). Cependant, les machines de faible puissance ( 5
kW) sont souvent réalisées en exécution inverse, avec l’induit au rotor et l’inducteur au stator.
Compte tenu de la relation (8.6), la fréquence f (en hertz) de la tension induite, la vitesse
de rotation n (en tours par minute) et le nombre de paires de pôles p sont liés par les relations
suivantes :
pn 60 f
f   n (22.1)
60 p
Pour la fréquence industrielle f = 50 Hz, on obtient les correspondances suivantes entre n et p :
p: 1 2 3 4 5 6
n : 3000 1500 1000 750 600 500 [tr/min]
Les éléments principaux de la machine synchrone sont les suivants :
a) - Le stator, de constitution identique à celle du stator de la machine asynchrone (section
15.1.2.a).
b) - L’entrefer, qui sépare le stator et le rotor.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.1


c) - Le rotor : Le rotor d’une machine synchrone peut se présenter sous deux formes : le rotor à
pôles saillants (figure 22.1) et le rotor à pôles lisses (figure 22.2).

c1) Machines à pôles saillants (figure 22.1)


L’alternateur entraîné par une turbine hydraulique est appelé alternateur hydraulique.
Dans une centrale hydro-électrique, la vitesse de rotation du groupe turbine-alternateur est
inférieure à environ 600 tr/min. Pour avoir une telle vitesse, l’alternateur doit comporter un
nombre élevé de pôles (relation 22.1). En général, pour n < 1500 tr/min et donc pour p > 2, on
utilise un rotor à pôles saillants.
A cause de son nombre de pôles élevé, le rotor de l’alternateur hydraulique est réalisé
avec un grand diamètre et une longueur active relativement faible.
Le noyau magnétique d’un rotor à pôles saillants est soit massif, soit constitué d’un
empilage de tôles.
La machine synchrone à pôles saillants est aussi appelée machine à entrefer variable.

c2) Machines à pôles lisses (figure 22.2)


La machine à pôles lisses est aussi appelée turbo-alternateur, machine à rotor
cylindrique ou machine à entrefer constant.
La vitesse de rotation d’une turbine à vapeur ou à gaz est généralement supérieure ou
égale à 1500 tr/min. Pour tourner à une telle vitesse, l’alternateur entraîné par une turbine à
vapeur ou à gaz doit avoir un faible nombre de paires de pôles : p  2, selon la relation (22.1).
Le rotor à pôles saillants ne convient pas à de telles vitesses élevées car :
- Lorsque p est faible, particulièrement lorsque p = 1, la fixation des enroulements d’excitation
concentrés devient difficile.
- Les vitesses de rotation élevées engendrent des contraintes mécaniques élevées dans le
rotor et pour les supporter le rotor doit être réalisé en une seule pièce cylindrique d’acier
forgé ayant une haute résistance mécanique.
Par conséquent, lorsque p  2, on utilise exclusivement le rotor à pôles lisses malgré le
faible prix de revient de rotor à pôles saillants. La longueur active du rotor d’un turbo-alternateur
est beaucoup plus grande que son diamètre.

L1 L2 L3 GS
U V W B+ U
J C+ V
Vf Rexc C-
W

Z X Y K B-
N
J K Fig.22.4

Fig.22.3

d) Plaque à bornes : La plaque à bornes de la machine synchrone se présente comme sur la


figure 22.3, où : U, V, W sont le bornes d'entrée des enroulements des phases de l'induit, X, Y,
Z, leurs bornes de sortie, J,K, les bornes de l'enroulement d'excitation. Lorsque les phases de
l'induit sont couplées en étoile, la plaque ne porte que 6 bornes : U, V, W, n(X, Y, Z), J, K.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.2


22.3 PRINCIPE DE FONCTIONNEMENT

a) Fonctionnement à vide
On fait tourner le rotor à une vitesse de rotation n ou à une vitesse angulaire mécanique
Ω (figure 22.4). On applique à l'enroulement d'excitation f une tension continue Vf, de sorte que
cet enroulement soit parcouru par un courant inducteur f. Ce courant continu crée une f.m.m. et
un champ d'induction magnétique, ayant une répartition périodique dans l'espace, qu'on peut
décomposer en une série d'harmoniques. Soient Nf le nombre effectif des spires en série de
l'enroulement inducteur, et Ns le nombre effectif des spires en série d'une phase de
l'enroulement d'induit. Selon la relation (14.75), le premier harmonique du champ d'induction
magnétique crée, dans une phase statorique "a", le flux totalisé
ψ = N Φ cos(ωt − γ ) avec Φ = NI (22.2)
Où représente la perméance du circuit magnétique et  = p la pulsation ou la vitesse
angulaire électrique. La variation de ce flux totalisé engendre dans cette phase une tension
induite, communément désignée par le symbole ef, d'expression ef = dψs/dt. Dans la suite, c’est
cette tension induite qu’on appellera f.é.m. Sa valeur efficace vaut :
= = = 4,44 (22.3)
√ √
où f est la fréquence. On obtient des expressions semblables pour les harmoniques de rang
supérieur.
Dans la suite du texte, nous allons supposer que les harmoniques de rang supérieur
sont négligeables.

b) Fonctionnement en charge
Prenons une machine qui fonctionne à vide (figure 22.4). Branchons, aux bornes des
phases de l'enroulement d'induit, une charge équilibrée, dont chaque phase présente une
impédance Zc. Sous l'effet de la f.é.m. Ef, il va circuler dans l'enroulement d'induit un courant
d’induit . Cette machine reçoit de l'énergie mécanique du dispositif qui l'entraîne. Elle
transforme cette énergie mécanique en énergie électrique dont la plus grande partie est
transmise à la charge Zc. Cette machine fonctionne en alternateur.
Supposons, par contre, qu'on applique à l'enroulement d'induit un système équilibré de
tensions, de tension simple V1. Sous l'action de ce système de tensions, il va circuler dans
l'enroulement d'induit un courant d’induit . L'interaction entre le champ magnétique dû au
courant d'induit  et le courant inducteur f va donner naissance à un couple électromagnétique
qui fera tourner le rotor, ainsi que l'appareil entraîné, couplé à l'arbre de la machine synchrone.
Cette machine reçoit de l'énergie électrique du réseau. Elle transforme cette énergie électrique
en énergie mécanique dont la plus grande partie est transmise à l'appareil entraîné. Cette
machine fonctionne en moteur.
La machine synchrone est donc réversible. Sa mise en marche exige des précautions
qui seront examinées dans le chapitre 25. La machine synchrone peut fournir ou absorber une
puissance réactive Q.
Dans certains cas où le problème de facteur de puissance se pose avec beaucoup
d'acuité, on installe près des grands centres industriels, des machines synchrones qui
fonctionnent en moteurs à vide (puissance active P très faible), mais qui fournissent de l'énergie
réactive au réseau. Ces machines synchrones sont appelées compensateurs synchrones.

22.4 Grandeurs nominales


Les grandeurs nominales d'une machine synchrone, sont les suivantes :
- le nombre de phases de l'enroulement statorique : m
- la tension nominale statorique, simple VN pour la machine monophasée, ou composée UN =
3 V N pour la machine triphasée.
- la puissance nominale. Il s'agit de :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.3


* la puissance apparente nominale SN (en kVA ou MVA) pour les alternateurs;
* la puissance mécanique nominale à l'arbre PN (en kW) pour les moteurs.
- la fréquence nominale fN en Hz ;
- la vitesse de rotation nominale nN en tr/min
- la tension nominale de l'enroulement inducteur VfN ;
- le courant nominale de l'enroulement inducteur fN ;
- le facteur de puissance nominal cos N ;
- le rendement nominal η ;
- le couplage des phases statoriques.

22.5 DOMAINES D’UTILISATION DE LA MACHINE SYNCHRONE

La puissance d’un alternateur hydraulique peut atteindre une valeur d’environ 800 MVA.
La puissance d’un turbo-alternateur peut atteindre une valeur d’environ 1700 MVA. A cause des
problèmes posés par la réalisation de l’isolation, la tension de l’enroulement d’induit ne dépasse
pas 30 kV. La tension de l’enroulement d’excitation est souvent inférieure à 1 kV. Le rendement
de la machine synchrone est supérieur à environ 90%. Il augmente avec la puissance de la
machine.

22.6 MODE D’EXCITATION DES MACHINES SYNCHRONES

L'enroulement d'excitation d'une machine synchrone doit être alimenté à l’aide d’une
source à courant continu. Pour alimenter cet enroulement, on utilise les systèmes suivants :

22.6.1 Redresseur statique branché sur le réseau (figure 22.4)

Les deux extrémités de l’enroulement d’excitation sont raccordées à deux bagues


collectrices C+ et C-, qui tournent avec le rotor et sur lesquelles frottent deux balais B+ et B-. Ces
balais sont reliés respectivement aux bornes J et K situées sur la plaque à bornes et par
lesquelles l’enroulement d’excitation peut être alimenté.

22.6.2 Excitatrice à courant continu entraînée par un moteur indépendant (figure 22.5)

Lorsque la puissance d’excitation devient importante, on préfère la fournir par une


génératrice appelée excitatrice. Ici, l’excitatrice est une génératrice à courant continu entraînée
par un moteur indépendant de la machine qui entraîne l’alternateur à exciter GS.

22.6.3 Excitatrice à courant continu en bout d’arbre (figure 22.5)

Ici, l’excitatrice E1 est une génératrice à courant continu dont l’induit est placé
directement à l’arbre de la machine synchrone GS à exciter. Dans le cas des grosses machines
l’enroulement d’excitation de l’excitatrice principale E1 est alimenté à l’aide d’une excitatrice
pilote (ou auxiliaire) E2, placée elle aussi au même arbre que E1 et GS.

A cause des problèmes dus à la commutation dans la génératrice à courant continu,


l’excitatrice à courant continu est souvent remplacée par une génératrice synchrone (section
22.6.4 à 22.6.6).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.4


GS
Excitatrice
B+ U
Rexc J C+ V
E
C-
W
K B-
N
Fig.22.5

22.6.4 Génératrice synchrone à auto-excitation (figure 22.6)

Ici, l’énergie nécessaire à l’excitation de la génératrice synchrone GS est prélevée à


l’enroulement d’induit de cette machine. Lorsque la tension d’induit est très élevée, le
prélèvement de l’énergie se fait à travers un transformateur. Cette tension est alors redressée
par un pont redresseur et réglée par un régulateur. L’amorçage se fait à partir de l’induction
rémanente.
GS

J V

W
K
N

Pont Redresseur
+
Régulateur

Fig.22.6

22.6.5 Génératrice synchrone à auto-excitation utilisée comme excitatrice


en bout d’arbre (figure 22.7)

L’énergie nécessaire à l’excitation de la machine synchrone principale GS est fournie


par une génératrice synchrone auxiliaire GSA à auto-excitation, montée en bout d’arbre.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.5


GSA GS

Pont Redresseur
+
Régulateur

Pont Redresseur
Fig.22.7

22.6.6 Excitation sans balais (figure 22.8)

La maintenance du contact glissant balais-bagues collectrices des systèmes précédents


représente un problème majeur, qu’on peut éviter en recourant au système à excitation sans
balais (en anglais « brushless »). Dans ce système (figure 22.8), l’énergie nécessaire à
l'excitation de la machine synchrone principale GS est fournie par un alternateur triphasé
auxiliaire GSA dont l'enroulement d'induit est placé sur le rotor. Ce rotor est monté sur l'arbre de
la machine principale GS. L'enroulement d'induit de l'excitatrice GSA alimente un pont
redresseur placé sur le rotor. L'enroulement d'excitation de l'excitatrice GSA est placé au stator
et est alimenté par une excitatrice pilote dont le rotor porte un aimant permanent. Dans d'autres
schémas, l'enroulement d'excitation de l'excitatrice GSA est alimenté à partir de l'induit de la
machine principale GS à travers un pont redresseur.

Excitatrice
pilole GSA GS

S V
N
W

Partie tournante
N

Redresseur
+
Régulateur Fig.22.8

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.6


22.7 ÉQUATIONS GÉNÉRALES DE LA MACHINE SYNCHRONE

22.7.1 Les enroulements d'une machine synchrone

Les enroulements de la machine synchrone triphasé ordinaire (figure 22.9 et 22.10) sont
les suivants :

a) L'enroulement statorique : Il comprend trois phases a, b et c dont les axes sont décalés de
2π/3 l'un par rapport à l'autre.

b) L'enroulement inducteur f : C'est un enroulement monophasé situé au rotor.

c) L'enroulement amortisseur
L’enroulement amortisseur a pour rôle d’amortir les phénomènes transitoires de la
machine synchrone (variation de la vitesse de rotation ou des grandeurs électromagnétiques).
L’action de cet enroulement se manifeste par la création d’un couple électromagnétique
asynchrone qui s’oppose à la cause qui lui donne naissance.
Dans les machines à pôles saillants, l’enroulement amortisseur est réalisé au moyen
des barres conductrices non isolées, parallèles à l’arbre de la machine, placées dans les
épanouissements polaires, aussi près que possible de l’entrefer (figure 22.9). Toutes les barres
d’un même pôle sont court-circuitées à leurs extrémités. Parfois, on utilise le même anneau
pour court-circuiter toutes les barres (de tous pôles) sur chaque face latérale comme dans la
cage d’écureuil.
Dans les rotors à noyau magnétique massif, on n'utilise pas la cage comme
enroulement amortisseur. Dans ces machines, le rôle de l'enroulement amortisseur est assuré
par les courants de Foucault qui se développent dans le noyau magnétique du rotor.
L'étude des amortisseurs constitués par des pièces massives est rendue difficile par le
fait qu'on ne sait pas identifier à priori les circuits qu'empruntent les courants induits. Une telle
étude faisant recours à la méthode des éléments finis est présentée dans les références [31] à
[34].

b
-a f

b θ
c

-b -c

c
Fig.22.9

Lors de l'analyse du comportement de la machine synchrone, l'enroulement amortisseur


est décomposé en deux enroulements en court-circuit (figure 22.10). Le premier agit dans l'axe
polaire et est désigné par la lettre D (ou kd). On l'appelle enroulement amortisseur d'axe direct

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.7


ou d’axe longitudinal. Le second agit dans l'axe interpolaire et est désigné par la lettre Q (ou
kq). On l'appelle enroulement amortisseur d'axe en quadrature ou d’axe transversal. Dans les
modèles plus complexes de la machine synchrone, on prend plusieurs circuits amortisseurs par
axe (direct et en quadrature).

d) Anisotropie du rotor de la machine synchrone


D’après la figure 22.10, le rotor de la machine synchrone présente deux types
d'anisotropie :
- Une anisotropie électrique : L'axe longitudinal d porte deux enroulements (D et f), alors que
l'axe transversal q n'en porte qu'un (Q).
- Une anisotropie magnétique : Dans une machine à pôles saillants, la longueur de l'entrefer
sur l'axe longitudinal est inférieure à la longueur de l'entrefer sur l'axe transversal. Dans une
machine à pôles lisses (figure 22.2), il n'y pas d'encoches dans la zone centrale du pôle.
De ce qui précède, on déduit que la machine synchrone possède deux axes
remarquables (figure 22.10) :
- l'axe polaire d, appelé aussi axe longitudinal ou axe direct;
- l'axe interpolaire q, appelé aussi axe transversal ou axe en quadrature.
Les équations de la machine seront ramenées à ces deux axes. C'est la théorie des
deux axes, qui a été proposée par BLONDEL pour les régimes permanents, et par PARK pour
les régimes transitoires. Dans les présentes notes, l'axe q est choisi en avance de π/2 par
rapport à l'axe d.

22.7.2 Inductances des enroulements d'une machine synchrone

On prend ici comme référence, l'axe de la phase « a » (figure 22.10). Les angles et les
vitesses sont comptés positivement dans le sens opposé à celui des aiguilles d'une montre. La
position du rotor est caractérisée par l'angle mécanique θm que fait l'axe d avec l'axe de la
phase a : θm = θmd-θma.
Pour désigner le nombre effectif des spires en série, on utilisera les symboles suivant :
Ns pour la phase de l’induit, Nf pour l’enroulement inducteur, ND pour l’enroulement amortisseur
longitudinal, NQ pour l’enroulement amortisseur transversal.

d La
b
F ad Ld
q  ad
a θ

F a
Lq
a
am θ
 aq a  
0
2
F aq
Fig.22.12

Fig.22.11

a) - Inductances propres des phases statoriques


A cause de l'anisotropie du rotor, l'inductance propre d'une phase statorique dépend de
la position du rotor par rapport à cette phase. Lorsque l'axe longitudinal du rotor est confondu

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.8


avec l'axe de la phase « a », c.-à-d. lorsque θ = 0 ou π, l'inductance principale de la phase a
atteint sa valeur maximale :
= = (22.4)
où md est la valeur de la perméance suivant l'axe longitudinal.
De même, lorsque l’axe transversal du rotor est confondu avec l’axe de la phase a, c.-à-
d. lorsque  =  /2, l’inductance principale de la phase « a » atteint sa valeur minimale :
= = (22.5)
où mq est la valeur de la perméance suivant l'axe transversal. Nous allons tenir compte du fait
qu'en pratique, l'épanouissement et l'entrefer sont réalisés de façon que la perméance du circuit
magnétique m ait une variation sinusoïdale entre ces deux extrêmes md et mq .
Soit à déterminer l'inductance de la phase « a ». La f.m.m. due à la phase a est
supposée avoir une répartition sinusoïdale, d'amplitude :
ℱa = Ns ia (22.6)
Cette f.m.m. pulsante agit suivant l'axe de la phase a. On peut la décomposer en une
composante longitudinale ℱad et une composante transversale ℱaq, tel qu’illustré sur la figure
22.11 :
ℱad = N s i a cos  (22.7)
ℱaq = N s ia cos + /2  (22.8)
La f.m.m. ℱad produit seulement un champ longitudinal. De même, la f.m.m. ℱaq produit
seulement un champ transversal. La f.m.m. ℱad est égale à la f.m.m. qui serait produite par un
enroulement fictif identique à l'enroulement a, aligné selon l'axe longitudinal et parcouru par le
courant ia cos θ. De même, la f.m.m. ℱaq est égale à la f.m.m. qui serait produite par un
enroulement a, aligné selon l'axe q et parcouru par le courant iacos(θ+π/2). Dès lors le flux
coupé par une spire fictive d'axe longitudinal vaut :
Φ = ℱ = N i cosθ (22.9)
De même, le flux coupé par une spire fictive d'axe transversal vaut :
Φ = ℱ = N i cos(θ + ) (22.10)
Les flux totalisés longitudinal et transversal couplés avec les enroulements fictifs s'obtiennent
en multipliant les flux précédents par le nombre effectif des spires Ns :
ψ =N i cosθ (22.11)
ψ =N i cos(θ + ) (22.12)
Le flux totalisé résultant couplé avec la phase a s'obtient par la somme des projections des flux
ψ et ψ sur l'axe de la phase a :
= + cos( + )
= [ + ( + ) (22.13)
2
En vertu du fait que cos x = (1+cos2x)/2, on a :
ψ =N i ( + cos 2θ) (22.14)
Compte tenu des relations (22.4) et (22.5), l'inductance principale de la phase a s'écrit :
= =N ( + cos 2θ)
= + 2 (22.15)
Compte tenu de l'inductance de dispersion  a de la phase a, qui est indépendante de la
présence du rotor, l'inductance propre de cette phase vaut :
Lmd + Lmq Lmd - Lmq
La = Laa = a + + cos 2  Ls 0  Ls 2 cos 2 (22.16)
2 2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.9


Lorsque le rotor tourne, l’angle  varie et vaut θ = ωt±θ0, l'inductance La varie à une fréquence
double de la fréquence de rotation entre :
- un maximum Ld =  a+Lmd pour  = kπ
- un minimum Lq =  a+Lmq pour  = π/2±kπ
où k = 0, 1, 2,... La variation de La est illustrée sur la figure 22.12.
Les expressions des inductances propres Lbb et Lcc des phases b et c se déduisent de la
relation (22.16), en remplaçant θ respectivement par θ-2π/3 et θ+2π/3 :
Lmd + Lmq Lmd - Lmq
Lb = Lbb = a + + cos2 +2 /3 (22.17.a)
2 2

Lb  Lso  Ls 2 cos(2  2 / 3) (22.17.b)


Lmd + Lmq Lmd - Lmq
Lc = Lcc = a + + cos2 -2 /3 (22.18.a)
2 2

Lc  Lso  Ls 2 cos(2  2 / 3) (22.18.b)

Dans une machine à rotor cylindrique, si on néglige la différence entre les perméances
md et mq, le circuit magnétique de la machine est supposé isotrope avec une perméance md
= mq = m, et l'inductance principal d'une phase statorique vaut Lmd = Lmq = Lm = . Dès
lors, l'inductance propre d'une phase statorique vaut :
L a = Lb = Lc =  a + L m =  a + (22.19)

b) - Inductances mutuelles entre phases statoriques


Les flux longitudinal ad et transversal aq (figure 22.11) dus au courant de la phase a
sont donnés par les relations (22.9) et (22.10). En les projetant sur l'axe de la phase b, et en
faisant la somme de ces projections, on trouve le flux créé par la phase a et couplé avec la
phase b (figure 22.11) :
bam = ad cos  -2 /3 + aq cos  + /2 -2 /3  (22.20)
Le flux mutuel totalisé couplé avec la phase b vaut :
ψbam = NS bam

= [ cos( − )+ cos( + ) cos( + − )) (22.21)

En vertu du fait que cos x cos y = cos(x - y) + cos(x + y) /2 , on a :

ψ =N i [ cos + cos(2θ − )]

ψ = N i [− + cos(2θ − )] (22.22)

L'inductance principale d'induction mutuelle vaut :

M = = N [− + cos(2θ − )] (22.23)
Compte tenu de l'inductance de dispersion  'a , dont l'explication a été donnée dans la section
14.4.5, l'inductance entre les phases a et b vaut :
Mab = Mba =  'a + Mbam

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.10


= = ℓ + N [− + cos(2θ − )]

M =M =ℓ − + cos(2θ − )] (22.24.a)
M =M = + cos(2θ − )] (22.24.b)
La variation de Mbam est illustrée sur la figure 22.13. L'inductance Mbam atteint sa valeur
maximale en valeur absolue, M bam( max ) = - (3 L md - Lmq )/4 pour 2θ-2π/3 = π ou -π, c'est-à-dire
pour θ = 5π/6 ou -/6. L'inductance Mbam atteint sa valeur minimale en valeur absolue
M bam( min ) = -(3 Lmq - Lmd )/4 pour 2θ-2π/3 = 0 ou 2π, c'est-à-dire θ = π/3 ou -2π/3. Lorsque
3Lmq - Lmd > 0 ou Lmq > Lmd/3, l'inductance Mbam garde un signe négatif quelle que soit la position
du rotor. Les expressions des autres inductances mutuelles entre phases statoriques
s'obtiennent par analogie :

Mbam

2  θ

Fig.22.13

L md + Lmq Lmd - L mq
'
M bc = M cb =  a - + cos 2 (22.25.a)
4 2
M bc  M cb  M so  Ls 2 cos 2 (22.25.b)

Lmd + Lmq Lmd - Lmq


'
M ac = M ca =  a - + cos(2 + 2 /3) (22.26.a)
4 2
M ac = M ca = M s 0 + Ls 2 cos(2 + 2 /3) (22.26.b)
Dans une machine à rotor cylindrique, si on néglige la différence entre les perméances
md et mq, le circuit magnétique de la machine est supposé isotrope avec une perméance md
= mq = m et une inductance principale Lmd = Lmq = Lm = . Dans ce cas, les inductances
mutuelles entre les phases statoriques ont pour expression :
' Lmd + Lmq
M ab = M ba = M ac = M ca = M bc = M cb =  a -
4
=ℓ − =ℓ − (22.27)

c) Inductances mutuelles entre les phases de l'induit et les enroulements rotoriques


Ces inductances ont pour expressions :
- avec l'enroulement inducteur f :
= = = (22.28)
= = cos( − )= cos( − ) (22.29)
= = cos( + )= cos( + ) (22.30)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.11


- avec l'enroulement amortisseur longitudinal D :
= = = (22.31)
= = cos( − ) = cos( − ) (22.32)
= = cos( + ) = cos( + ) (22.33)
- avec l'enroulement amortisseur transversal Q :
= = cos + = − = − (22.34)
= = cos + − =− sin( − ) (22.35.a)
= =− sin( − ) (22.35.b)
= = cos + + =− sin( + ) (22.36.a)
= =− sin( + ) (22.36.b)
Pour établir les expressions (22.28) à (22.33), nous avons considéré, que le circuit
magnétique du champ d'induction mutuelle des enroulements f et a doit avoir la même
perméance md que le circuit magnétique du champ d'induction mutuelle des enroulements D et
a. Ceci revient à considérer que le flux d'induction mutuelle commun à deux quelconques des
trois enroulements f, D et a traverse intégralement le troisième. Autrement dit, il n'y a pas de
lignes d'induction communes à deux enroulements et ne traversant pas le troisième. Avec cette
hypothèse, les inductances mutuelles en grandeurs réduites sont égales.
Lorsque la machine est à rotor cylindrique, il faut remplacer md et mq par m dans les
relations (22.28) à (22.36).

d) Inductances propres et inductances mutuelles des enroulements rotoriques


On peut faire abstraction des perturbations locales du champ d'entrefer dues aux
encoches du stator. La surface de l'induit apparaît comme une surface cylindrique. Dès lors, vu
du rotor, le circuit magnétique de la machine apparaît isotrope. Les inductances propres et
mutuelles relatives au rotor sont donc toutes des constantes. Elles ont pour expressions :
L =ℓ +N (22.37)
L =ℓ +N (22.38)
L =ℓ +N (22.39)
= = (22.40)
De nouveau ces formules sont établies en tenant compte de l'hypothèse de l'égalité des
inductances mutuelles en grandeurs réduites.
Les axes d et q étant en quadrature, l'inductance mutuelle entre l'enroulement d'un axe
et l'enroulement de l'autre axe est nulle :
M fQ = M Qf = M DQ = M QD = 0 (22.41)
Lorsque la machine est à rotor cylindrique, il faut remplacer md et mq par m dans les
relations (22.37) à (22.40).

22.7.3 Flux totalisés des enroulements

Les flux totalisés valent :


 a = La i a + M ab ib + M ac ic + M af i f + M aD i D + M aQ iQ (22.42)
 b = M ab i a + Lb ib + M bc i c + M bf i f + M bD i D + M bQ iQ (22.43)
 c = M ac i a + M bc ib + Lc i c + M cf i f + M cD i D + M cQ iQ (22.44)
 f = M fa i a + M fb ib + M fc i c + L f i f + M fD i D + M fQ iQ (22.45)
 D = M Da i a + M Db ib + M Dc i c + M Df i f + L D i D + M DQ iQ (22.46)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.12


 Q = M Qa i a + M Qb ib + M Qc ic + M Qf i f + M QD i D + LQ iQ (22.47)

22.7.4 Équations générales des tensions

Ces équations sont les suivantes :


da
va = R a i a + (22.48)
dt
db
vb = R a ib + (22.49)
dt
dc
vc = R a i c + (22.50)
dt
d f
vf = Rf if + (22.51)
dt
dD
vD = 0 = RD i D + (22.52)
dt
dQ
vQ = 0 = RQ iQ + (22.53)
dt
On constate qu'un certain nombre d'inductances intervenant dans les expressions
(22.42) à (22.47) des flux sont fonction de l'angle θ. Par conséquent, le système d'équation
(22.48) à (22.53) n'est pas linéaire. Pour remédier à cette difficulté, on opère sur l'ensemble des
variables (tensions, courants, flux) un changement de variable qui simplifie notablement les
relations. Ce changement de variable est réalisé à l'aide de la transformation de PARK, qui a
été suggéré par la symétrie du circuit magnétique par rapport aux axes d et q de la figure 22.2.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 22.13


Chapitre 23

MACHINE SYNCHRONE À POLES LISSES


23.1 Conditions de fonctionnement en régime permanent

Le régime de fonctionnement de la machine synchrone est caractérisé par un certain


nombre de grandeurs : V, I, If, n, Ωm, Cém, etc. Dans le cas où ces grandeurs ne subissent pas de
variation pendant un temps suffisamment long, on dit que la machine fonctionne en régime
permanent ou régime établi. Le régime de fonctionnement est dit synchrone lorsque le rotor tourne
à la vitesse de synchronisme Ωm = Ωs. Dans ce cas, la vitesse angulaire électrique de rotation ωm
= pΩm est égale à la pulsation ω = 2πf des tensions et des courants d'induit. A chaque instant, la
position du rotor est donnée par l'angle électrique
 = t +  0 (23.1)
où 0 est l'angle initial (pour t = 0) (figure 23.1).
q

Ef d
s

If
θO

réf(a)

Fig.23.1

Le régime permanent est symétrique ou équilibré lorsque l'enroulement statorique est


parcouru par un système de courants symétriques, dont la forme est la suivante :
i a = 2 I cos( t +  i ) I a  I e jαi
ib = 2 I cos( t +  i - 2 /3) (23.2)
i c = 2 I cos( t +  i + 2 /3)
Ce système symétrique des courants va créer un champ tournant statorique d'amplitude
constante, qui tourne à la vitesse de synchronisme s (section 14.2.6). Étant donné que ce champ
tourne à la même vitesse que le rotor, les flux produits dans les enroulements rotoriques par les
courants statoriques restent constants :
 f = Cte , D = Cte , Q = Cte et

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.1


d  f d D d Q
= = =0 (23.3)
dt dt dt
Compte tenu du fait que la tension vf appliquée aux bornes de l'enroulement inducteur est une
tension continue et constante, on peut écrire :
v f = R f i f =V f (23.4)
Par conséquent, l'enroulement d'excitation est parcouru par un courant continu et constant :
Vf
if = =If
Rf (23.5)
Dans cette relation, Rf représente la somme de la résistance de l'enroulement inducteur
proprement dit et de la résistance Rexc du rhéostat d'excitation mis en série avec l'enroulement
inducteur (figure 22.4).

S'agissant des enroulements amortisseurs (court-circuités), leurs équations de tension se


réduisent, en régime permanent, aux relations suivantes :
vD = RD iD = 0  iD  0 (23.6)
vQ = RQ i Q = 0  ia  0 (23.7)

23.2 Expressions des flux totalisés

D’après la relation (22.42), en régime permanent, le flux totalisé de la phase statorique


« a » s'écrit :
 a = L a i a + M ab ib + M ac ic + M af i f
=ℓ + + ℓ − ( + )+ (23.8)
Le système des courants statoriques étant supposé symétrique, on aura ia+ib+ic = 0 ou ib+ic= -ia .
Dès lors :
=ℓ + + ℓ − (− ) +
= (ℓ − ℓ ) + + (23.9)
On désigne par  s = a -  'a l’inductance de dispersion effective d'une phase statorique. D'où :
=ℓ + + cos( + ) (23.10)
Les flux totalisés des phases b et c s'obtiennent en remplaçant θ respectivement par θ-2π/3 et
θ+2π/3.
Compte tenu de la relation (22.45), le flux totalisé de l'enroulement inducteur s'écrit :
 f = L f i f + M fa i a + M fb ib + M fc ic
= + + [ + cos − + cos + (23.11)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.2


23.3 Fonctionnement à vide d'un alternateur

Durant le fonctionnement à vide, l'enroulement statorique est ouvert (ia = ib = ic =0),


l'enroulement inducteur est parcouru par un courant continu constant if = f et le rotor tourne à une
vitesse constante Ωm. Les flux totalisés ont pour expressions :
= + (constant) (23.12)
= cos( + ) (23.13)
Les tensions aux bornes de ces enroulements valent respectivement :
V f = Rf I f (23.14)
va = = ( + + ) (23.15)
Les expressions relatives aux phases b et c sont obtenues en remplaçant 0 respectivement par
0-2π/3 et 0+2π/3. Un alternateur à vide est donc une source de trois tensions d'induit
symétriques. Leur valeur efficace vaut ωNsNf mf /√2.
Compte tenu de la relation (23.13), le substitut complexe (phaseur) du flux ψs de la phase
a s'écrit :
= = ̅ (23.16)

où on a posé
̅ = (23.17)

le phaseur dont le module est égale à /√2 et dont l’argument θ0 est donné par la position de
l’axe d à l'instant t = 0. Le phaseur I f est le phaseur d’un courant alternatif fictif dont l’amplitude
est égale au courant continu d’excitation I f [43]. Ces deux phaseurs  s et I f ont pour
direction celle de l'axe d du rotor à l'instant t = 0 (figure 23.1).
La variation du flux s engendre dans la phase « a » une f.é.m. ef = d s/dt. La force
électromotrice ef est appelée force électromotrice synchrone. Le substitut complexe (ou phaseur)
de la f.é.m. synchrone s'écrit :
( / )
= = = (23.18)
√ √
Ce phaseur E est en avance de π/2 par rapport au phaseur ψ , c'est-à-re que le passeur E a
pour direction celle de l'axe q du rotor (figure 23.1).

23.4 Fonctionnement de l'alternateur en charge symétrique

On branche à l'enroulement d'induit une charge équilibrée, dont toutes les phases
présentent des impédances identiques Z c . De nouveau, ici on impose un courant d’excitation
continu if = f. La f.é.m. Ef provoque la circulation des courants d'induit symétriques. Les
expressions de ces courants sont données par les relations (23.2). Compte tenu de ces
expressions ainsi que de la relation (23.11), le flux de l'enroulement inducteur s'écrit (avec θ =
ωt+θ0) :

= + + √2[cos(ωt + θ )cos( + )
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.3
+ cos(ωt + θ − 2 /3)cos( + − 2 /3)
+ cos(ωt + θ + 2 /3)cos( + + 2 /3)


= + + [cos(2ωt + θ + ) + cos(θ − )
+ cos(2ωt + θ + + 2 /3) + cos(θ − )
+ cos(2ωt + θ + − 2 /3) + cos(θ − )]
ψ = L I +N I + N N √2I cos(θ − α ) (23.19)
Malgré que les courants d'induit soient variables, le flux totalisé de l'enroulement inducteur reste
constant (section 23.1). Compte tenu de la relation (23.10), les tensions aux bornes des enroule-
ments s'écrivent (avec θ = ωt+θ0) :

Vf = Rf f (23.14)
v = +ℓ + + N N I cos( + + /2) (23.20)
Compte tenu de (23.10), le substitut complexe (phaseur) du flux de la phase a s'écrit :
=ℓ ̅ + ̅ + Ie (23.21)

Ce flux est constitué des composantes suivantes :
- le flux de dispersion :
ψ = ℓ I̅ (23.22)
- le flux d’entrefer dû aux courants d’induit, appelé flux de la réaction d’induit :
ψ = N I̅ (23.23)
- le flux d'entrefer dû au courant inducteur  s selon la relation (23.16).
Notons que le flux d'entrefer résultant est donné par
 r = ia + s (23.24)
C'est le flux d'entrefer dû à l’action simultanée du courant inducteur f et des courants d'induit ia, ib,
ic.
Compte tenu de la relation (22.20), en substituts complexes, la tension aux bornes de la
phase a s'écrit (avec v = va) :
V = Ra I a + j 
= ̅ + ℓ ̅ + ̅ + Ie (23.25)

De même, la variation du flux résultant ψr engendre dans la phase a une f.é.m. résultante er =
dψr/dt de substitut complexe :
= = ̅ + (23.26)
C'est cette f.é.m. résultante qui reflète l'état magnétique de la machine. On pose alors :
- la réactance de magnétisation :
= (23.27)
- la réactance de dispersion de l'induit
x = ωℓ (23.28)

- la réactance synchrone
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.4
= + (23.29)
- l'impédance synchrone
Z S = Ra + j (x a + X m ) = Ra + j X S (23.30)
Dès lors, la relation (23.25) s'écrit :
V = ( Ra  jx a ) I a  E r  Ra I a + j x a I a + j X m I a + E f , (23.31)
avec
Er = j X m I a + E f (23.32)
Pour des machines de grande puissance, la résistance d'induit Ra est généralement
inférieure à 0,01 p.u., la réactance de dispersion xa est de l'ordre de 0,1 à 0,2 p.u. et la réactance
synchrone Xs est de l'ordre de 1 à 2,5 p.u. Lorsque la taille de la machine décroît, la résistance
d'induit en grandeurs réduites augmente, tandis que la réactance synchrone en grandeurs
réduites diminue [20].

23.5 Autres relations

Compte tenu des relations (23.16) et (23.17), on peut écrire :

= Ie =
√ √

= ̅ (23.33)
où μp représente le rapport de transformation de Potier [7, 29] :
= (23.34)
Compte tenu de la relation (23.18), la f.é.m. synchrone s'écrit :
= = ̅ = ̅ (23.35)
Le courant I fs  I f /  p est appelé « courant d’excitation ramené au stator » [43]. De même,
d’après la relation (23.23), le flux de la réaction d’induit vaut :
= ̅ = ̅ (23.36)
D’après la relation (23.24), en divisant le flux résultant par Xm/(p) on obtient le courant
d’excitation résultant :
I̅ = /( ) = /( ) + /( ) = I̅ + μ I̅ (23.37)
Ce phaseur aura un argument θr de sorte que par similitude avec la relation (23.17), on peut
écrire:
I fr j  r
I fr = e (23.38)
2

La relation (23.37) s’écrit aussi :


Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.5
I fr If 3 Ns
e j θr = e j θ0 + I a e jα i (23.39)
2 2 2 Nf
En multipliant les deux membres de cette équation par 4 2 Nf/(2pπ) et en posant m1 = 3, on
trouve :
4Nf 4Nf m 2 Ns
I fr e j θ r = I f e j θ0 + 1 I a e j αi (23.40)
π 2p π 2p π p
L’équation (23.40) peut être écrite sous la forme suivante :
ℱ = ℱ +ℱ (23.41)
Où ℱ représente la f.m.m. (premier harmonique) de l'enroulement inducteur selon la relation
(14.30) et ℱ la f.m.m. (premier harmonique) produite par le courant d'induit (réaction d'induit)
selon la relation (14.48.b) avec m1 = 3. Par conséquent, ℱ est la f.m.m. résultante (premier
harmonique). Elle peut être engendrée par un courant résultant fr circulant dans l'enroulement
inducteur.
Le courant d'excitation résultant fr est donc, par définition le courant d'excitation qui, à lui
seul, créerait une f.é.m. égale à la f.é.m. résultante, produite simultanément par les courants
d'induit ia, ib, ic et le courant d'excitation f. Ceci est aussi illustré par la relation (23.42) ci-dessous.
Compte tenu des relations (23.35) et (23.37), la relation (23.32) peut se mettre sous la
forme :
Xm X
Er  jX m I a  E f  jX m I a  j I f  j m ( p I a  I f ) (23.42)
p p
Xm
Er  j I fr (23.43)
μp
Des relations (23.35) et (23.43), on déduit que :
Er /E f = I fr /I f (23.44)
Les relations établies ci-dessus ont été traduites sur le diagramme des phaseurs de la
figure 23.2. Ce diagramme a été tracé pour les grandeurs correspondant à l'instant initial t = 0. A
un instant quelconque t, l'axe longitudinal d du rotor avance de +ωt. Tous les autres phaseurs
avancent du même angle +ωt et deviennent : I e j  t , V e j  t , E f e j  t , E r e j  t , etc. Ceci signifie
que le diagramme de phaseur reste le même dans le temps, mais avance de ωt; il tourne donc
avec le rotor.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.6


q

j  X m Ia

Er
Ef Ia

I fr r
 p Ia
θO  ia
If
sf d

Fig.23.2 réf(a)

23.6 Utilisation de la convention en moteur

Lorsqu'on utilise la convention en moteur (section 1.2.3), le fonctionnement de la machine


est décrit par la relation (23.31) à laquelle correspond le schéma équivalent de la figure 23.3.
Avec cette convention, le courant entre par la borne supposée positive.
Le diagramme des phaseurs correspondant est illustré sur la figure 23.4. Pour tracer ce
diagramme, on part des phaseurs V et  a . Au phaseur V , on retranche les phaseurs Ra  a et
jxa  a et on obtient le phaseur Er . Au phaseur Er , on retranche les phaseurs j X m  a , et on
obtient le phaseur E f . L'axe q correspond alors à la direction de E f et l'axe d est alors en retard
de l'axe q d'un angle de π/2. Les phaseurs  f et  s ont une direction perpendiculaire à E f
c’est-à-dire la direction de l’axe d. Les phaseurs  p  a et  ia ont la même direction que le
phaseur I a . Les phaseurs I fr et  r sont alignés sur une direction perpendiculaire à Er .
Rappelons que lorsqu’on utilise la convention en moteur, la puissance (active ou réactive)
reçue par la machine est comptée positivement; tandis que la puissance fournie par la machine
est comptée négativement.
Ra xaa
jx Xmm
jX R exc

Ia Rf If

Er Ef Vf
V
Lf

Fig.23.3
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.7
S’agissant des pertes magnétiques de la machine synchrone, on a pris l’habitude de ne
pas les intégrer sur le schéma équivalent. Ce fait est regrettable, car on pouvait prendre ces
pertes en considération en ajoutant la résistance Rfe correspondante sur le schéma équivalent de
la machine synchrone.

 R a Ia V

 j x a Ia - j  X m Ia
q
Er
Ef

Ia

I fr r

 p Ia
 ia
If

s
d
Fig.23. 4

23.7 Utilisation de la convention en générateur

Pour le circuit d’induit de la génératrice synchrone, certains auteurs utilisent la convention


selon la règle des générateurs (section 1.2.2). Elle consiste à considérer que le courant d’induit
I  Ia
(23.45)
sort par la borne supposée positive. Lorsqu’on utilise la convention selon la règle des générateurs
pour le circuit d’induit et la convention selon la règle des récepteurs pour le circuit inducteur, le
schéma équivalent de la machine synchrone se présente comme sur la figure 23.5 [35]. Avec ces
conventions, l'équation (23.31) de la tension d'induit s'écrit :
V = Ra ( - I ) + j xa ( - I) + j X m ( -I) + E f (23.46)
E f  V  Ra I  jxa I  jX m I (23.47)
E f  Er  jX m I
(23.48.a)
Er  V  Ra I  jxa I  E f  jX m I
(23.48.b)
De même, l’équation (23.37) s’écrit :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.8
Ι f  Ι fr  μ p Ι
(23.49)
ou encore :
Ιf Ι fr 3 N S jαi
e
j θ0
= e
j θr
+ Ιe
2 2 2 Nf
(23.50.a)
En multipliant les deux membres de cette équation par 4 2 Nf/(2pπ) et en posant m1 = 3, on
trouve :
4 Nf 4 N fr m 2 NS
Ι f e θ0 =
j
Ι fr e j θ r + 1 Ι a e j αi (23.50.b)
π 2p π 2p π p
L’équation (23.40) peut être écrite sous la forme suivante :
ℱ =ℱ +ℱ (23.50.c)
De même, en posant :
=− =− ̅ = ̅= ̅
L’équation (23.24) s’écrit :
 s   r  i (23.51)

Le diagramme des phaseurs correspondant aux équations (23.47) à (23.51) est illustré sur
la figure 23.6. Pour des raisons de clarté, l’échelle des termes liés au courant d’induit n’a pas été
respectée. Pour tracer ce diagramme, on part des phaseurs V et  . Au phaseur V , on ajoute
les phaseurs Ra  et j xa  et on obtient le phaseur Er . Au phaseur Er , on ajoute le phaseur
j X m  ; et on obtient le phaseur E f . L'axe q correspond alors à la direction de E f et l'axe d est
alors en retard de l'axe q d'un angle de π/2. Les phaseurs I f et  s sont alignés sur l'axe d. Les
phaseurs  p  et  i ont la même direction que le phaseur  . Les phaseurs I fr et  r sont
alignés sur une direction perpendiculaire à Er .

R exc Ra
Xmm
jX xaa
jx

If Rf I
Vf Ef Er V
Lf

Fig.23.5

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.9


Rappelons que lorsqu’on utilise la convention en générateur, la puissance active ou
réactive fournie par la machine est comptée positivement; tandis que la puissance reçue par la
machine est comptée négativement.
Dans la suite de ce chapitre, on utilisera les conventions et le schéma équivalent de la
figure 23.5. Conformément aux définitions de la section 1.2.1, la grandeur E f sera appelée force
électromotrice synchrone, et la grandeur E r force électromotrice résultante.

jX m I
jx a I
Ef Er RaI

 V d
 I s
If i
pI

I fr r
Ia

Fig.23. 6

23.8 Prise en compte de la saturation

Jusqu'à présent, nous avons considéré une machine synchrone non-saturée. La


perméabilité magnétique relative des portions ferromagnétiques de son circuit magnétique a été
supposée infiniment grande. La réluctance des portions ferromagnétiques a été négligée. Nous
avons supposé que le circuit magnétique de la machine est linéaire et nous avons utilisé la
méthode de superposition. Dès lors, le champ magnétique (et donc le flux magnétique) de la
machine a été calculé à partir de la somme des champs (des flux) produits séparément par le
courant inducteur if et par les courants d'induit ia, ib, et ic.
Dans le cas du circuit magnétique saturé, on doit déterminer le champ d'induction mutuelle
résultant de flux à partir de l'action conjuguée des f.m.m. ℱ et ℱ (ou ℱ ) c'est-à-dire à partir
de la f.m.m. Ceci revient à utiliser le lien entre Er et Ifr, représenté par la caractéristique à vide
(section 23.9).
La saturation est normalement un phénomène local. Pour simplifier les calculs, on
considère que la saturation affecte principalement le trajet du flux commun aux enroulements et
beaucoup moins le trajet de dispersion [36]. Dès lors, on peut faire intervenir l'effet de la saturation
uniquement sur la perméance de magnétisation m, c.-à-d. uniquement sur la réactance de
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.10
magnétisation Xm. De plus, on admet une hypothèse suffisamment justifiée où le champ
d'induction mutuelle et le champ de dispersion de l'enroulement d'induit n'influent pas l'un sur
l'autre et existent indépendamment l'un de l'autre [16].
Dès lors, les équations précédentes sont considérées comme valables, à condition de
considérer la réactance Xm comme une grandeur variant avec le degré de saturation du circuit
magnétique. Cette réactance de magnétisation Xm est une fonction implicite du flux résultant ψr
ou, ce qui revient au même, de la force électromotrice résultante Er, ou encore du courant
d'excitation résultant fr. Cette fonction implicite peut être déduite de la caractéristique à vide.

23.9 Caractéristique à vide : V0 = Ef = f(f) pour  = 0 et  = Cte

Le schéma de câblage utilisé pour relever la caractéristique à vide est représenté sur la
figure 23.7. Le rhéostat d’excitation Rexc doit être choisit de façon à permettre le réglage du
courant d’excitation f entre de larges limites.

Les circuits des phases de l’enroulement d’induit étant ouvert, on entraîne le rotor de
l’alternateur, à une vitesse constante (nominale N), à l’aide d’un moteur primaire (à courant
continu). On fait croître le courant d’excitation f jusqu’à obtenir une tension d’induit V environ
égale à 1,3 VN. Alors, en faisant décroître le courant d’excitation f, on relève les valeurs de la
tension d’induit V correspondant respectivement à une série de valeurs du courant d’excitation f.
A l’aide de ces valeurs de f et de V, on trace la caractéristique à vide, illustrée sur la figure 23.8.
C’est la branche descendante qui est adoptée comme caractéristique à vide [6,37]. Cette branche
descendante doit être relevée jusqu’à une tension d’induit d’environ 0,2 VN. A cause de la tension
rémanente Vrem, la branche descendante coupe l’axe des ordonnées au-dessus de l’origine (figure
23.8). On introduit une correction en prolongeant sa partie rectiligne jusqu’à son intersection avec
l’axe des abscisses. C’est ce point d’intersection O qui est pris comme origine [6,37].

K U
A
J
V
Vf

R exc
K
W V

Fig.23.7
D’après les relations (23.35) et (23.47), la tension d’induit à vide ( = 0) est égale à la f.é.m.
synchrone et vaut :
I
V = E f = E r = j X m f e j θ0 (23.52)
μp 2
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.11
C'est dire que le rapport Ef/f est égal à Xm/(√2μp). La réactance étant proportionnelle à la pulsation
ω = 2πf = pΩ, les ordonnées de la caractéristique à vide sont proportionnelles à la vitesse de
rotation. Étant donné que dans les machines synchrones, l'entrefer est relativement grand, la
caractéristique à vide comporte une partie linéaire assez importante dénommée droite d'entrefer
(d.e. sur la figure 23.9). Sa pente est donnée par :
Ef Ef
C
d.e.
A

If
0 B If
0
Fig.23.9
Fig.23.8
BC E f
= = X mu (23.53)
OB I f 2 p
où Xmu désigne la valeur non saturée de la réactance de magnétisation Xm. La réactance de
magnétisation Xm varie avec le degré de saturation du circuit magnétique et la fonction implicite
caractérisant sa variation peut être déduite de la caractéristique à vide (section 23.8). En effet,
pour une valeur donnée du courant d'excitation f=OB, la valeur de la réactance de magnétisation
Xm est déduite de la relation (23.53) et vaut [7] :
Ef BA BA BC
X m= 2  p = 2 p = 2 p = k sat X mu (23.54)
If OB BC OB
où ksat désigne le facteur de saturation
BA
k sat = (23.55)
BC
La grandeur p est mesurée à partir de la méthode décrite dans la section 23.11.c.

23.10 Caractéristique en court-circuit : cc = f(f) pour V = 0 et Ω = Cte

Le schéma de câblage utilisé pour relever cette caractéristique est représenté sur la figure
23.10. Les bornes de l'enroulement d'induit sont court-circuitées à travers des ampèremètres ou
des transformateurs de courant. L'interrupteur K étant ouvert, on place le rhéostat d'excitation Rexc
sur la position de résistance maximum. A l'aide d'un moteur primaire (moteur à courant continu),
on entraîne l'alternateur à une vitesse constante (nominale ΩN). On ferme alors l'interrupteur K;
ensuite en augmentant progressivement le courant d'excitation f, on relève les valeurs de ce

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.12


courant d'excitation ainsi que celles du courant d'induit cc correspondantes. A l'aide de ces
valeurs, on trace la caractéristique en court-circuit, illustrée sur la figure 23.11.
K U
A A
J
V
Vf A

R exc K
W
A
N
Fig.23.10

En cas de court-circuit triphasé franc aux bornes de l'induit (V=0), l'équation (23.47) de
tension donne (  =  cc ) :

E f = V + Ra I cc + j xa I cc + j X m I cc = Ra I cc + j xa I cc + jX m I cc (23.56)
Le diagramme des phaseurs correspondant est repris sur la figure 23.12. Étant donné que la
résistance Ra est de loin inférieure à la réactance synchrone, le courant de court-circuit est en
retard sur la f.é.m. d'environ π/2 radians électriques. Par conséquent selon les relations (23.49)
et (23.51), le courant ̅ (ou la f.m.m. de la réaction d'induit ℱ ) a à peu près la même direction
que l'axe d. Le courant d'excitation résultant ̅ (la f.m.m. résultante ℱ ) engendre la f.é.m.
résultante, qui, selon la relation (23.48.b) vaut :

Ef ICC q
C Ef =f (If) Icc
Icc = f(Ω)
VN A
Ef
ICC =f (If)
j Xm I
IX
IN
B
Er 0 ΩN Ω
0 If I IfV If j xa I
Ra I Fig.23.13
Fig.23.11 I
If
d
I fr pI
s
Fig.23.12

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.13


E r = V + (Ra + j xa )I cc = (Ra + j xa )I cc (23.57)
Dans la plupart des machines synchrones, la résistance de l'induit Ra est négligeable,
tandis que la réactance de dispersion xa est de l'ordre de 0,1 à 0,2 p.u. C'est dire que pour un
courant nominal d'induit cc = N, la chute de tension sur la réactance de dispersion xacc est de
l'ordre de 0,1 à 0,2 p.u. C'est dire aussi que lors d'un court-circuit, la f.é.m. Er n'est qu'une faible
fraction de la tension nominale VN. De même, le flux ψr n'est qu'une faible fraction du flux nominal
ψrN. Par conséquent, le circuit magnétique de la machine n'est pas saturé et le point représentatif
de l'état magnétique, d'ordonnée Er, se trouve sur la partie droite de la caractéristique de
magnétisation (sur la droite d'entrefer). La réactance de magnétisation est donc constante
pendant l'essai de court-circuit et vaut donc Xmu. De plus, pour le fonctionnement en court-circuit,
la relation (23.48.b) s'écrit :
If
Er   jX mu I cc  jX mu e jθ0 (23.58)
2 μp
En écrivant l’équation d’égalité entre les membres de droite des relations (23.57) et (23.58), on
trouve :
If
( Ra  jx a ) I cc   jX mu I cc  jX mu e j 0
2µ p
jX mu If
I cc  e jθ0 (23.59)
Ra  j(xa  X mu ) 2 μp
Cette relation montre qu'en court-circuit, le courant d'induit cc est directement proportionnel au
courant d'excitation f. La caractéristique cc = f (f) est appelée droite de court-circuit (figure 23.11).
Si on relève les valeurs du courant de court-circuit cc pour une vitesse angulaire Ω
variable, mais à courant d'excitation f constant, on obtient la courbe de la figure 23.13 : cc = f(Ω)
pour f = Cte. L'allure de cette courbe s'explique à partir de la relation (23.59). Les réactances
intervenant dans cette relation sont proportionnelles à la fréquence, donc à la vitesse angulaire Ω.
Pour des vitesses angulaires suffisamment grandes, l'influence de la résistance Ra est négligeable
de sorte que le courant de court-circuit est presque indépendant de la vitesse angulaire Ω. Ce
n'est que pour de très faibles vitesses angulaires que l'influence de la résistance Ra devient
notable et que le courant de court-circuit cc commence à décroître progressivement et finit par
s'annuler.
La droite d’entrefer d’équation (23.52) et la droite de court-circuit d'équation (23.59), sont
utilisées pour déterminer la valeur non-saturée Xsu de la réactance synchrone Xs. Cette valeur est
donnée par le rapport entre la f.é.m. synchrone Ef et le courant de court-circuit cc pour une même
valeur du courant d'excitation f. En effet, ce rapport vaut [7] :

I f e j 0
X mu
j
Ef 2μp
=  x a + X mu  X su (23.60)
I cc j X mu If
e j θ0
Ra + j (x a + X mu ) 2 μ p

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.14


si on néglige la résistance de l'enroulement d'induit Ra.
Pour évaluer les propriétés d'une machine synchrone, il est souvent nécessaire de
connaître le rapport du courant d'excitation fV, donnant la tension nominale à vide Efo = VN, au
courant d'excitation fI donnant le courant nominal en court-circuit cc = N. Le rapport fV/fI est
appelé rapport de court-circuit RCC (en anglais "short-circuit ratio", SCR). A partir de la figure
23.11 et compte tenu des relations (23.60) et (23.55), on peut écrire [7] :
I fV I x BC / X su BA / k sat X su
RCC= = = =
I fI IN IN IN
VN 1 1
RCC =  (23.61)
I N k sat X su k sat xsur
si on adopte comme grandeurs de base VB = VN et B = N. Pour une machine non-saturée, ksat = 1
et
1
RCC  (23.62)
x sur

23.11 Caractéristique en charge

a) Définition : V = f(f) pour  = Cte, cos  = Cte et Ω = Cte


Le schéma de câblage utilisé pour relever cette caractéristique est représenté sur la figure
23.14, où Zc est l'impédance de la charge. Pour pouvoir régler facilement le facteur de puissance
cos , on prend souvent comme charge Zc, dans cet essai, un moteur synchrone. Les
interrupteurs K1 et K2 étant ouverts, on place le rhéostat d'excitation Rexc sur la position de

U ZC
A A
K1 J
V ZC
Vf A
R exc K
W ZC
A
K2
V
N
Fig.23.14
résistance maximum. A l'aide du moteur primaire (à courant continu), on entraîne l'alternateur à
une vitesse constante (ΩN). On ferme alors l'interrupteur K1, puis l'interrupteur K2. Ensuite, on
augmente progressivement le courant d'excitation f et on relève les valeurs de ce courant ainsi
que celles de la tension d'induit V correspondantes. A l'aide de ces valeurs, on trace la
caractéristique en charge. Les caractéristiques en charge obtenues pour différentes valeurs de
facteur de puissance sont reprises sur la figure 23.15. La caractéristique à vide est un cas
particulier de la caractéristique en charge ( = 0).
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.15
V cos  
0  0
0,8 Ef  f ( If )
1
VN 0,8   0
0

If

Fig.23.15

b) Caractéristique en charge purement inductive


La caractéristique en charge purement inductive : V = f(f) pour  = Cte, cos  = Cte ( =
π/2) et Ω = Cte présente un grand intérêt. Si la tension d'induit s'écrit V = V e jV , le courant
purement inductif s'écrit  =  e j( V -/2) . Si on néglige la résistance d'induit Ra, les f.é.m.
résultantes et synchrones valent respectivement :
j
E r = V+jxa I = (V+xa I) e V (23.63)
j j
E f = V+jx a I + jX m I = (V+x a I+ X m I) e V = ( E r + X m I) e V (23.64)
Ces relations montrent que V , E r et E f sont en phase. On en déduit aussi les relations suivantes
entre nombres réels :
E r = V+x a I E f = Er + X m I (23.65)
Dès lors, le diagramme des phaseurs prend la forme très particulière de la figure 23.16. La charge
étant inductive, les phases des courants  et  f sont identiques, d'où V -π/2 = 0. Dès lors, selon
la relation (23.49), le courant d'excitation résultant vaut :
f  fr
 fr =  f   p  = (   p  ) e j 0 = e
j 0
; (23.66)
2 2
d'où la relation suivante, en nombres réels :
= − √2 (23.67.a)
= − (23.67.b)
où = √2 est le rapport d’équivalence [50].
C'est dire que dans ce régime de charge purement inductive, la réaction d'induit est
démagnétisante.
Déterminons, à partir de la caractéristique à vide (figure 23.17), un point C de la
caractéristique en charge purement inductive, relative à un courant d'induit  donné. On part d'un
point A(fr,Er) de la caractéristique à vide d’abscisse égal à fr et d’ordonnée égale à Er. Selon la
relation (23.65), l'ordonnée du point C vaut V = Er – xa; tandis que selon la relation (23.67), son
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.16
q

Ef
j Xm I
Er
j xa I
V

I fr If
d
I pI

Fig.23.16

abscisse vaut f = fr + . Pour obtenir un point C de la caractéristique en charge purement


inductive, on part d’un point quelconque A de la caractéristique à vide, on opère une translation
verticale vers le bas de AB = xa et horizontale vers la droite de BC =  (figure 23.17).

A’
Ef

Xm I
A
Er
x aI
V
B C

I

H H’
If
0 Ifr If
Fig.23.17
Étant donné que le courant  reste inchangé pour tous les points de la caractéristique en charge,
le triangle ABC, correspondant à un courant  donné, est conservé (est le même) pour tous les
points d'une même caractéristique en charge purement inductive. Ce triangle ABC est appelé

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.17


triangle de Potier. Son côté AC reste lui aussi constant pour tous les points d'une caractéristique
en charge purement inductive.
Par conséquent, on peut obtenir la caractéristique en charge purement inductive en
opérant une translation oblique d’une distance AC constante de tous les points de la
caractéristique à vide (figure 23.18).

V
I= 0
A Ef ICC
A Ef =f(If )
A1 OB C
O B C
O1 B1 C1
ICC = f(If )

A0 D
I
If If
O0 B O0 C0
0 C0
Fig.23.18 Fig.23.19

Indiquons à présent sur la figure 23.17, le point de rencontre A’ de la droite joignant


l’origine O au point A avec la verticale passant par C. Compte tenu de la relation (23.44)
l’ordonnée du point A’ vaut [29,43] :
H’A’ = HA.OH’/OH = Er f/Ifr
L’ordonnée du point A’ est donc égale à la f.é.m. synchrone correspondant au point C, avec
Ef = V + x + Xm
Considérons à présent les triangles OAC, O1A1C1 et O0A0C0 de la figure 23.18. Le point O
(O1 ou O0) est donné par l'intersection du prolongement de BC (B1C1 ou B0C0) avec une droite
parallèle à la droite d'entrefer, menée par le point A (A1 ou A0). Ces triangles OAC, O1A1C1 et
O0A0C0 sont identiques.
Le point C0 est un point de la caractéristique en charge purement inductive, dont
l'ordonnée (la tension) est nulle. Ce point correspond au fonctionnement en court-circuit, qui est
un cas limite du fonctionnement en charge purement inductive. Noter la similitude entre les
diagrammes des phaseurs des figures 23.16 et 23.12 lorsque la résistance Ra de l'enroulement
d'induit est négligeable. Le point C0 a donc la même abscisse O0C0 = f que le point D (figure
23.19) de la droite de court-circuit ayant une ordonnée C0D égale au courant cc =  pour lequel on
cherche la caractéristique en charge purement inductive. C'est pour cette raison que triangle de
Potier ABC  A1B1C1  A0B0C0 est aussi appelé triangle de court-circuit.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.18


c) Mesure de xa, μp et Xm = f(Er)

On part de la caractéristique à vide Ef = f(f), de la droite de court-circuit cc = f(f) et du point


C de la caractéristique en charge purement inductive relative à une valeur  du courant d’induit
(figure 23.19). Sur la droite de court-circuit, on indique le point D d’ordonnée cc = . Son abscisse
donne le segment O0C0. A partir du point C, on porte vers la gauche un segment OC = O0C0 ; ce
qui donne le point O. Par le point O, on mène la parallèle à la droite d'entrefer, qui coupe la
caractéristique à vide au point A. En traçant par A la verticale qui coupe la droite OC en B, on
trouve le triangle de Potier ABC. On en déduit les paramètres suivants, conformément aux
échelles adoptées :

= d’où = (23.68)

= d’où = (23.69)

Le rapport est alors donné par : = /√2.


Le point C utilisé dans cet essai doit être situé dans la zone de saturation de la machine.
En effet, lorsque la tension correspondant au point C est trop faible, le segment OA se confond
avec la droite d’entrefer et on ne sait pas trouver le point d'intersection A. La valeur de la
réactance de dispersion trouvée par ce procédé proposé par Potier est souvent désignée à l'aide
du symbole xp (réactance de Potier). Elle est légèrement supérieure à la valeur exacte.
Selon la relation (23.60), à partir de la droite d’entrefer et de la droite de court-circuit, on
détermine la réactance synchrone non saturée Xsu . On en déduit la valeur non saturée de la
réactance de magnétisation Xmu = Xsu – xa . La courbe de Xm = f(Er) ou Xm = f(Ifr) est établie à l’aide
de la pente de la droite de fonctionnement O0A, selon la relation (23.54).

23.12 Caractéristique de régulation

23.12.1 Définition : f = f() pour V = Cte, cos  = Cte et Ω = Cte

Pour relever cette caractéristique, on utilise le schéma de câblage de la figure 23.14. Les
interrupteurs K1 et K2 étant ouverts, on place le rhéostat d'excitation Rexc sur la position de
résistance maximum. A l'aide d'un moteur primaire (à courant continu), on entraîne l'alternateur à
une vitesse constante (ΩN). On ferme alors l'interrupteur K1. On augmente ensuite le courant
d'excitation jusqu'à une valeur f = fv donnant une tension d'induit égale à la valeur souhaitée (VN).
Le courant fv est appelé courant d'excitation à vide. Ensuite, on ferme l'interrupteur K2. En
augmentant le courant d'induit , on règle le courant d'excitation f pour que la tension d'induit reste
inchangée, le facteur de puissance cos  et la vitesse angulaire Ω étant maintenus constants. En
même temps on relève les valeurs du courant d'induit  et celles du courant d'excitation f
correspondant. A l'aide de ces valeurs, on trace la caractéristique de régulation (figure 23.20).
La caractéristique de régulation peut être déterminée par calcul si on connaît les grandeurs
suivantes : x, μp, Xm = f(Er) ou Xm = f(fr), et la caractéristique à vide Ef = f(f). On part de V,  et

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.19


cos. Si on néglige la saturation, la f.é.m. synchrone Ef peut être calculée à l'aide de la relation
(23.47). Connaissant Ef, le courant f peut être déterminé :
- soit à partir de la relation (23.52) : = /( );

- soit en calculant Er, en lisant fr sur la caractéristique à vide (figure 23.9), et en calculant f =
frEf/Er;
- soit encore en lisant à partir de la droite de fonctionnement AA' (figure 23.17).
Lorsqu'on souhaite tenir compte de le saturation, on procède de la manière suivante
comme expliqué dans la section 23.8 :
- On calcule la f.é.m. résultante E r , par la relation 23.48.b.
- On lit, sur la caractéristique à vide (figure 23.9), le courant d'excitation équivalent fr qui
correspond à Efr.
- On calcule le courant d'excitation  f d’après la relation (23.49)

If
C G
C F
 0 B jX S I Ef jX S I
B Ef
A G A D F E I
Ifv
D F E
E  0
V  0 D  0
A BC I
I V
Fig.23.21
Fig.23.22
Fig.23.20

23.12.2 Forme de la caractéristique de régulation

Cette forme est illustrée sur la figure 23.20. Pour une charge inductive ( > 0), le
diagramme des phaseurs est tracé sur la figure 23.21 (Pour plus de clarté, on n’a pas respecté
l’échelle de XsI ). On constate que pour une telle charge, une augmentation de  s'accompagne
d'une augmentation de Ef et donc de f. C'est dire que lorsque l'alternateur débite dans une charge
inductive ( > 0), la f.m.m. de l'induit est démagnétisante et pour maintenir la tension constante, il
faut augmenter le courant d'excitation.
Pour une charge capacitive ( < 0), le diagramme des phaseurs est tracé sur la figure
23.22. On constate qu'il y a un courant d'induit  x pour lequel E f et  sont en phase (point E).
Pour ce courant, la f.é.m. synchrone prend sa valeur minimale Efmin = V cos , à laquelle
correspond le courant d'excitation minimum fmin. D'après la figure 23.22, XsIx = Vsin ; d'où Ix =
Vsin /Xs. Deux cas peuvent se présenter :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.20


a)  < x (point D) : Dans ce cas, Ef < V et f < fv. La f.m.m. de l'induit exerce une action
magnétisante.
b)  > x (point F) : Dans ce cas, Ef > Efmin et f > fmin. Le courant d'excitation commence à
augmenter. La f.m.m. de l'induit possède une composante démagnétisante. Lorsque Xs =
2V|sin|, Ef redevient égal V. Alors f = fv (point G).

23.12.3 Auto-excitation de la machine synchrone

La baisse du courant d'excitation est la plus marquée lorsque l'alternateur débite dans une
charge purement capacitive (cos  = 0,  = -π/2). Cette baisse suit une loi linéaire (figure 23.20).
Dans ce cas, la f.é.m. synchrone vaut :
j j(  +/2)
E f =V + j X s  =V e V + j X s  e V = (V - X s  ) e jV .
Pour un courant  = V/Xs, Ef = 0 et f = 0. Par conséquent, lorsque la machine est branchée sur une
batterie de condensateurs, une tension V peut apparaître entre ses bornes même à l'absence d'un
courant d'excitation. On dit que la machine synchrone s'auto-excite.
Le phénomène d'auto-excitation se déroule de la manière suivant. Le courant d'excitation f
étant nul, une f.é.m. est induite dans l'enroulement d'induit grâce à l'aimantation rémanente. Cette
f.é.m. fait circuler, dans l'enroulement d'induit, un courant magnétisant qui augmente le champ
magnétique. La tension d'induit V augmente, et ainsi de suite jusqu'à ce que la courbe V = f()
coupe la droite V = Xc, Xc étant la réactance de la charge. La figure 23.20 montre que si on
augmente encore le courant d’induit de sorte que  > V/Xs, il faudra, pour maintenir la tension V
constante, exciter la machine avec un courant négatif (f < 0) produisant un effet démagnétisant.
Cependant le fonctionnement d'une machine synchrone avec excitation négative est instable.

23.13 Caractéristique externe : V = f() pour f = Cte, cos  = Cte et Ω = Cte

Pour relever cette caractéristique, on utilise le schéma de câblage de la figure 23.14. La


procédure de mise en marche de l'alternateur est reproduite dans la section 23.12. La
caractéristique externe est généralement tracée :
- soit pour le courant d'excitation à vide fv (figure 23.23) : Dans ce cas, elle est tracée à partir du
point V = VN,  = 0, f = fv.
- soit pour le courant d'excitation nominal fN (figure 23.24) : Dans ce cas, elle est tracée à partir
du point V = VN,  = N, f = fN.
V
V 0
EfN
VN
VN
 0

I
IN I
Fig.23.23
Machines électriques - Kamabu Tsongo Fig.23.24 23.21
23.14 Transformation électromécanique dans un alternateur

Le diagramme de cette transformation est repris sur la figure 23.25. Le moteur primaire
fournit à l'alternateur une puissance mécanique P1 = Pmé = C1Ω. Si l'excitatrice se trouve sur le
même arbre que l'alternateur, une fraction de puissance P1, égale à Vff/ηf = Rf  2f /f est utilisée
pour entraîner l'excitatrice. Le reste de la puissance P1 représente la puissance mécanique
appliquée au rotor de l'alternateur : Pext = P1-Vf f/ f = CextΩ. Une partie de cette puissance est
transformée en pertes mécaniques pméc et en pertes magnétiques supplémentaires pfe.sup dans les
noyaux magnétiques dues aux harmoniques d'ordre supérieur du champ magnétique. L'onde
fondamentale du champ magnétique tournant n'engendre pratiquement pas de pertes
magnétiques au rotor en régime permanent, car elle est immobile par rapport au rotor. Le reste de
la puissance Pext est transformée en puissance électromagnétique Pém = Pext-pméc-pfe.sup = CémΩ,
transmise au stator [16]. Une fraction de cette puissance est transformée en pertes magnétiques
pfe dans le noyau magnétique statorique. Le reste est converti en puissance électrique active
transmise à l'enroulement d'induit Pe = Pém-pfe = m1Ef cos ( + ) (figures 23.6 et 23.26). Une
partie de la puissance Pe est transformée en pertes dans le cuivre de l'enroulement d'induit pcu =
m1Ra². Le reste est la puissance électrique active fournie par l'alternateur à la charge P2 = Pe-pcu
= m1V cos .

P2 = m VIcos φ
Pe 1
Pe x t =C e x t Ω Pém =Cém Ω
P1= C1 Ω

pcu = mRa I²
pfe
pméc + pfe.sup
Vf I f
ηf Fig.23.25

23.15 Couple électromagnétique d'une machine synchrone

a) Décalage interne
On représente par le symbole δ et on appelle décalage (angle) interne ou angle de charge
(en anglais "power angle"), le déphasage entre la f.é.m. E f et la tension V aux bornes de
l'enroulement d'induit (figures 23.26.a et b) :
 =  E  V
f
(23.70)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.22


Supposons que la machine soit couplée au réseau. Lorsque cette machine, fonctionne à
vide ( = 0), E f et V sont en phase et δ = 0. La f.é.m. E f est alignée suivant l'axe q et l'axe d
décalé de π/2 en arrière par rapport à E f donne la position de l'axe du pôle nord de l'inducteur.
Lorsque cette machine, couplée au réseau, fonctionne en charge, le phaseur E f se décale de V
d'un angle δ. La f.é.m. E f reste alignée suivant l'axe q et l'axe d décalé de π/2 en arrière par
rapport à l'axe q (et donc par rapport à E f ) se décale du même angle δ par rapport à sa position
à vide ( = 0). Le décalage interne δ est donc l’angle entre les positions qu’occupe l’axe polaire
respectivement à vide et en charge pour un observateur lié au champ tournant.
Pour mesurer cet angle, on place en bout d'arbre un disque portant un repère et on
l'éclaire par un stroboscope alimenté par le réseau auquel l'enroulement d'induit est branché. On
note la position du repère, qui apparaît alors fixe, d'abord pour le fonctionnement à vide, puis pour
une charge quelconque. L’angle entre les deux positions du repère donne le décalage interne
mécanique δméc, de sorte que le décalage interne électrique vaut : δ = pδméc.
Lorsque la machine fonctionne en alternateur (figure 23.6),  est positif ( > 0); tandis que
lorsqu’elle fonctionne en moteur (figure 23.4),  est négatif ( < 0).
X
jXS Ra
S
I q
Ef

j XS I
Ef V  VV

Ra I
I

a) Fig.23.26 d
b)
b) Expression du couple électromagnétique synchrone
Prenons la tension de l'enroulement d'induit comme origine des phases. Par conséquent,
on peut écrire :
V = V /0 : la tension aux bornes de l'induit;
E f = E f / : la f.é.m. synchrone;
Z s = Ra + j X s = Z s /  z : l'impédance synchrone, avec αz  π/2.
Compte tenu de la relation (23.47) et de la figure 23.26.a, le courant d'induit vaut :
E f -V E f /δ - V / 0 Ef V
I= = = /δ  α z - /- α z . (23.71)
Zs Z s / αz Zs Zs
Le nombre complexe conjugué du courant s'écrit :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.23


Ef V
I* = / α z -δ - / αz (23.72)
Zs Zs
La puissance (apparente complexe) fournie au réseau vaut :
3V E f 3V 2
S = 3V I *= / α z -δ - / αz (23.73)
Zs Zs
d'où la puissance active fournie au réseau :
3V E f 2
P = Re[ S ] = cos( z - ) - 3 V cos  z (23.74)
Zs Zs
et la puissance réactive fournie au réseau :
3V E f 2
Q = Im[ S ] = sin( z - ) - 3V sin  z (23.75)
Zs Zs
Généralement, la résistance de l'induit est négligeable et l'impédance synchrone s'écrit :
Z s = Ra + jX s  j X s = X s //2 (23.76)
Étant donné que z  /2 avec cos(π/2-δ) = sinδ et que sin(π/2-δ) = cosδ, les relations (23.74) et
(23.75) se simplifient et deviennent :
3VE f 3VE f 2
P= sin  Q= cos  - 3 V (23.77)
Xs Xs Xs
En négligeant les pertes dans le cuivre de l'induit pcu ainsi que les pertes en fer pfe (figure 23.25),
on peut écrire Pém  P; de sorte que le couple électromagnétique vaut :
Pém 3p V E f
C ém  = sin  (23.78)
  Xs
Supposons que la machine soit raccordée à un réseau dit infini ou rigide, c.-à-d. un réseau
dont la tension V est constante. Les courbes représentant les fonctions P = f(δ), Q = f(δ) et Cém =
f(δ), pour les valeurs constantes de V, f et f (ou Ef), sont appelées respectivement caractéristique
angulaire de puissance active (figure 23.27), caractéristique angulaire de puissance réactive
(figure 23.27) et caractéristique angulaire de couple électromagnétique (figure 23.28).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.24


P, Q
Cém
Alternateur
Cmax
3VE f
Xs
P


P1 2 

P0
2

 0 1   2 
Q
3V 2 Cmax
 Moteur
XS
Fig.23.28

Fig.23.27

Considérons d'abord la puissance P. Supposons que la machine fonctionne en régime


permanent et fournit une puissance active P0 (figure 23.28). Supposons qu'on ouvre davantage
les vannes de la turbine qui entraîne l'alternateur. Dans ce cas, le couple moteur Cext et la
puissance mécanique Pméc augmentent. Par conséquent, la puissance électrique P augmente de
P0 à P1 pendant que la vitesse reste constante (vitesse synchrone). Étant donnée que Ef, V, Xs
restent constants, selon la relation (23.77), l'angle interne δ doit croître de δ0 à δ1. Il y a une limite
jusqu'à laquelle la puissance P peut croître. Cette limite, appelée limite de stabilité statique, vaut
Pmax= VEf/Xs. Le mot statique est utilisé car il s'agit des variations très lentes. L'angle interne pour
lequel P = Pmax est appelé angle interne critique et vaut δc = π/2. Le couple Cmax correspondant à
Pmax est le couple de décrochage. Si on augmente la puissance mécanique Pméc de sorte qu'elle
soit supérieure à la puissance électrique maximum Pmax (ou de sorte que le couple moteur Cext soit
supérieur au couple électromagnétique maximum Cmax), l’alternateur accélère et sa vitesse
devient supérieure à la vitesse de synchronisme. On dit que l'alternateur perd le synchronisme
avec le réseau. Si la machine fonctionne en moteur et si on augmente sa puissance mécanique
Pméc au-delà de sa puissance électrique Pmax (ou son couple résistant Cr au-delà de son couple
électromagnétique maximum Cmax), la machine ralentit et décroche en sous-vitesse. La machine
synchrone à pôles lisses est stable dans l'intervalle -π/2  δ  π/2. Cet intervalle est appelé
domaine de stabilité. La condition de stabilité est donnée dans le section 24.15.
Le passage d’une machine synchrone d’un point de fonctionnent à un autre se fait à
travers des oscillations. Compte tenu de ces oscillations, pour éviter le décrochage des machines
synchrones, celles-ci fonctionnent normalement à un angle interne suffisamment faible ( 20).
En conclusion, il y a une corrélation entre l'ouverture des vannes (commandées par le
régulateur de vitesse), la puissance active P et l'angle interne δ.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.25
23.16 Diagramme de puissance de la machine synchrone

Considérons un alternateur à pôles lisses dont le fonctionnement est déterminé par les
grandeurs suivantes : V, , . Si on néglige la résistance de l’induit Ra, le diagramme des
phaseurs se présente comme sur la figure 23.29. Multiplions chaque phaseur de ce diagramme
par le facteur 3V/Xs. Nous obtenons le diagramme de la figure 23.30. Cette opération nous a
permis de transformer un diagramme de tension (figure 23.29) en un diagramme de puissance
(figure 23.30). En effet, sur ces deux diagrammes, les différents segments valent
respectivement :

Diagramme de tension Diagramme de puissance


(figure 23.29) (figure 23.30 et 23.31)
3V 2
AO  V AO 
Xs

AM  E f

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.26


3V
OC  X s I cos  OC  X s I cos   3VI cos   P
Xs
3V
OD  X s I sin  OD  X s I sin   3VI sin   Q
Xs
On peut donc tracer un système d’axe de coordonnées P, Q ayant pour origine
l’extrémité O du phaseur V . Selon les conventions de l’analyse des circuits, l’axe des
puissances actives positives P est orienté vers la droite. Pour se conformer à ces conventions,
il suffit de tracer la figure symétrique, par rapport à l’axe vertical, de la figure 23.30. On obtient
alors le diagramme de la figure 23.31.
Q
M2
Q
= D M
3 VI sin φ I f2
S=3 VI
0  C
I f1
P
P =3VIcos φ

3V²
XS
3VE f
Pmot
I  Palt
XS

M’
A
Fig.23.31

Considérons une machine synchrone fonctionnant à tension d’induit V constante. Sa


f.é.m. résultante Er ne varie pas beaucoup ; si bien que la réactance de magnétisation Xm (et
donc Xs) peut être supposée constante. On peut par conséquent supposer que la f.é.m.
synchrone Ef est proportionnelle au courant d’excitation f.
Cherchons d’abord le lieu géométrique des points de fonctionnement M obtenu quand
la charge S varie à excitation f constant. Etant donné que Ef reste constant lorsque f est
constant, ce lieu est une circonférence de centre A et de rayon AM. Ce lieu géométrique du
point M obtenu quand la charge varie à excitation constante est appelé topogramme [21]. Les
deux arcs de cercle tracés sur la figure 23.31 sont relatifs à des courants d’excitation f1 et f2.
Cherchons ensuite le lieu des points de fonctionnement M relatifs à une puissance
active P fournie au réseau constante. Ce lieu est une droite verticale. La droite marquée Palt est
relative au fonctionnement en alternateur (P > 0, puissance active fournie au réseau positive).
La droite marquée Pmot est relative au fonctionnement en moteur (P < 0, puissance active
fournie au réseau négative, c.-à-d. puissance active reçue à partir du réseau positive).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.27


On remarque qu’une machine synchrone, fonctionnant à tension d’induit V constante et
à puissance active P constante, offre une possibilité de réglage de la puissance réactive Q,
pratiquement à volonté, par la modification du courant d’excitation f. Considérons, par
exemple, un alternateur dont le point de fonctionnement correspond au point M de la figure
23.31. Son courant d’excitation est égal à f1 et il fournit au réseau une puissance réactive Q1.
Si on augmente le courant d’excitation jusqu’à f2 sans modifier la puissance active P, le point
de fonctionnement passe au point M2 avec une puissance réactive Q2 supérieure à Q1. De
même, une réduction du courant d’excitation f à puissance active P constante réduit la
puissance réactive Q.
Pour un alternateur, lorsque celui-ci est raccordé à un réseau très puissant, dit réseau
infini ou réseau rigide, dont la tension V reste constante, on peut régler son facteur de
puissance cos  = P/S en modifiant la puissance réactive Q par action sur le courant
d’excitation f (droite Palt). Par contre, lorsque l’alternateur débite sur une charge isolée, c’est
cette charge qui fixe le facteur de puissance. Dans ce cas, une modification du courant
d’excitation f n’a pour effet que de changer la valeur de la tension d’induit V.
Le réglage de la puissance réactive Q expliqué ci-dessus peut se faire aussi sur un
moteur (droite Pmot sur la figure 23.31). Il arrive qu’on installe dans le réseau un moteur
synchrone spécialement pour améliorer le facteur de puissance. Il tourne alors à vide
(puissance active P égale aux pertes à vide) et fournit une puissance réactive Q au réseau. Un
tel moteur porte le nom de compensateur synchrone.
Les figures 23.29 à 23.31 indiquent également les valeurs du décalage interne . Pour
une diminution exagérée du courant d’excitation f (point M’), la f.é.m. devient très faible. Dès
lors, selon la relation (23.78), l’alternateur est incapable, sous la tension V, de développer un
couple résistant Cém pouvant équilibrer le couple moteur Cm de la turbine. Le groupe accélère
jusqu’au décrochage ( = /2, limite de stabilité).
Rappelons enfin que la modification de la puissance active P s’obtient par action sur les
vannes de la turbine.

23.17. Limites de fonctionnement de la machine synchrone

On peut aussi représenter sur les diagrammes des figures 23.29 à 23.31 les limites de
fonctionnement de l’alternateur. Le résultat est repris sur la figure 23.32.
Il y a une valeur limite max du courant d'induit. Si on dépasse cette valeur, l'échauffement
de l'enroulement d'induit atteint des niveaux dangereux. Normalement max est égal au courant
nominal N. La limite de fonctionnement due à la valeur limite du courant d'induit est représentée
sur la figure 23.32 par un cercle de centre O et de rayon Smax = 3Vmax .
De même, il y a une valeur limite fmax du courant d'excitation et donc une valeur limite
Efmax de la f.é.m. synchrone. Si on dépasse cette valeur, l'échauffement de l'enroulement
d'excitation atteint des niveaux dangereux. La limite de fonctionnement due à la valeur limite du
courant d'excitation est représentée sur la figure 23.32 par un cercle de centre A et de rayon
3VEfmax/Xs.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.28


Q
j xa I

If max V

Er

3VE f max D A d
Ir B C If
XS I max
E I ac I
0 P I
 3VI max Fig.23.33 I fr

 max   2
A

Fig.23.32

La troisième limite de fonctionnement est la limite de stabilité de la machine (section


23.15). Elle correspond à l'angle interne δmax = π/2. Elle est représentée sur la figure 23.32 par
une droite horizontale passant par le point A. Généralement on prend une marge de stabilité en
limitant l'angle interne à une valeur inférieure à π/2. Dans ce cas la limite de stabilité est
représentée sur la figure 23.32 par une droite passant par A et faisant avec la verticale un
angle δmax < π/2 (trait interrompu).
0n peut aussi représenter sur le diagramme de la figure 23.32 les limitations de
puissance P due à la turbine, par une droite verticale.

23.18 Caractéristique en V (caractéristique de Mordey)

Considérons une machine synchrone dont la tension d’induit V et le couple Cext sont
constants. On peut régler sa puissance réactive Q en faisant varier son courant d’excitation f et
donc sa f.é.m. Ef. Dans ce cas, la composante active du courant d’induit
P C Ω
I ac =I cos  = = ém = C te
mV mV (23.79)
reste constante. C’est dire que le courant d'induit I =I ac+jI r ne varie qu'à la suite de la variation
de sa composante réactive r = sin  = Q/mV.
On appelle caractéristique en V (ou caractéristique de Mordey), la courbe
 = f(  f ) pour P = C te et V = C te
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.29
Pour construire la caractéristique en V (figure 23.34), on utilise la même procédure que
lors de la construction de la caractéristique de régulation (section 23.12), en tenant compte de
la saturation. Le diagramme des phaseurs utilisé est reproduit sur la figure 23.33. Soit à
déterminer la caractéristique en V pour une puissance active P donnée. Les étapes à réaliser
sont les suivantes, telles qu'illustré sur la figure 23.33 :
a) - A partir de la relation (23.79), on détermine la composante active ac du courant d'induit
correspondant à la puissance active P.
b) - On se donne une valeur quelconque de la composante réactive r du courant d'induit et on
détermine le courant d'induit ̅ = + .
c) - On détermine la f.é.m. résultante à partir de la relation (23.48.b).
d) - Connaissant Er, on lit, sur la caractéristique à vide, le courant d'excitation équivalent fr qui lui
correspond comme illustré sur la figure 23.17.
e) - A partir de la relation (23.49), on détermine le courant d'excitation  f .
f) - On reprend la procédure ci-dessus à partir de l'étape « b » pour obtenir plusieurs points (A, B,
C.…) de la courbe (figure 23.34).
Toutes les caractéristiques en V tracées pour des valeurs différentes de P ont leur
minima sur la courbe FA qui correspond à la courbe de régulation de l'alternateur f = f() à
cos = 1. Pour des points situés à droite d'un minimum (point B et C), la machine est
surexcitée (r > 0). Par contre, pour des points situés à gauche d'un minimum (point E et D), la
machine est sous-excitée (r < 0).
I
G  0  0
 0

E
D C P=0,9PN
H
A B P=0,5PN

P=0
alt

F
If
Fig.23.34

Lorsque la machine est surexcitée, le réseau représente par rapport à la machine une
charge inductive (  avec  > 0) et la f.m.m. de l'induit produit un effet démagnétisant (section
23.12). Par contre, lorsque la machine est sous-excitée, le réseau se comporte vis-à-vis de la
machine comme une charge capacitive (  avec  < 0) et la f.m.m. de l'induit renforce le champ
d'excitation. Les caractéristiques en V de la figure 23.34 sont relatives à un alternateur.
Par rapport au réseau, si on considère la machine comme récepteur :
Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.30
- une machine surexcitée représente une charge capacitive (  a    avec a < 0) qui absorbe
une puissance réactive négative ou qui fournit une puissance réactive positive.
- une machine sous-excitée représente une charge inductive (  a    avec a >0) qui absorbe
une puissance réactive positive.
C'est dire que les caractéristiques en V d'un moteur (a > 0 et I < 0) sont similaires à
celles d'un alternateur (a< 0 et I > 0), excepté le fait qu'on doit permuter les termes " > 0" et
" < 0".
Notons enfin que lorsqu’on réduit le courant d’excitation f, la limite Pmax de stabilité
statique de la machine diminue (section 23.15). Par conséquent, il y a un courant d’excitation
limite en dessous duquel le fonctionnement de la machine est instable. La zone de sous-
excitation de la machine est limitée par la courbe HG. A gauche de cette courbe, le
fonctionnement est instable.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 23.31


Chapitre 24

MACHINE SYNCHRONE À PÔLES SAILLANTS


24.1 Expressions des flux totalisés

D’après la relation (22.42), en régime permanent, le flux totalisé de la phase statorique "a"
s'écrit :
 a = La i a + M ab ib + M ac ic + M af i f
= [ℓ + + 2 ]

+{ℓ + − + cos 2 − } (24.1)

+ ℓ + − + cos 2 + +

ou encore
=ℓ + + 2 +ℓ ( + )

− ( + )+ [ cos( 2 − )

+i cos(2 θ + )] + N N i cos θ (24.2)


Le système des courants statoriques étant supposé symétrique, on aura ia + ib + ic = 0, ou ib+ic =
-ia. Dès lors :
= (ℓ − ℓ ) + + [ cos 2

+ i cos 2θ − + i cos 2θ + + N N i cos θ (24.3)


On pose de nouveau  s   a   , l’inductance de dispersion effective d’une phase statorique.
'
a

Les flux totalisés des phases b et c s'obtiennent en remplaçant  respectivement par -2π/3 et
+2π/3. Compte tenu de la relation (22.45), le flux totalisé de l'enroulement inducteur s'écrit :
 f = L f i f + M fa i a + M fb ib + M fc i c
=ℓ + + [ + − + + ]
(24.4)
soit une expression similaire à celle obtenue pour la machine à pôles lisses.

24.2 Fonctionnement en charge symétrique

On impose un courant d'excitation constant if = If = Cte, et l'angle  vaut  = ωt+0. La


relation (24.4) du flux de l'enroulement inducteur se transforme de la même manière que la

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.1


relation (23.19) :
ψ =ℓI + N I + N N √2Icos (θ − α ) (24.5)
Ce flux étant constant, la tension aux bornes de l'enroulement inducteur s'écrit : Vf = RfIf.
Transformons le terme entre crochet de la relation (24.3) de la manière suivante :
i a cos 2 + ib cos(2 - 2/3) + i c cos(2 + 2/3)
= 2 I[ cos(2t + 2  0 ) cos( t +  i ) + cos(2t + 2  0 - 2 / 3 ) cos( t
+ i - 2/3) + cos(2t + 2 0 + 2/3) cos( t + i + 2/3)]
2I
= [ cos(3t + 2  0 + i ) + cos( t + 2  0 -  i ) + cos(3t + 2  0 +  i - 4/3)
2
cos( t + 2 0 -  i ) + cos(3t + 2 0 + i + 4/3)+ cos( t + 2 0 -  i )]
2I
= 3 cos( t + 2  0 -  i ) (24.6)
2
Le flux de la phase statorique « a » vaut :

=ℓ + + √2 ( +2 − )

+ NN cos ( + ) (24.7)
Le substitut complexe (phaseur) du flux = a de la phase a s'écrit :
=ℓ ̅ + ̅ + ( )
+

(24.8)
Ce flux est constitué des composantes suivantes :
- le flux de dispersion : =ℓ ̅ (23.22)
- le flux de la réaction d'induit ( flux d'entrefer dû aux courants statoriques) :
ψ = N I̅ + N I̅ ∗ e (24.9)
- le flux d'entrefer dû au courant d'excitation et qui selon la relation (23.16) s'écrit :
= = N N ̅ (24.10)

Rappelons que, selon la relation (23.24), le flux d'entrefer résultant est donné par
 r =  ia + s (24.11)
Traçons à présent le diagramme des phaseurs (figure 24.1) de la même manière que celui
des figures 23.1 et 23.2. On prend un axe de référence "réf". L'axe d est en avance sur l'axe de
référence d'un angle 0. L'axe q est en avance sur l'axe d d'un angle de π/2. Représentons le
phaseur du courant d'induit I̅ sur ce diagramme. Le phaseur I̅ est en avance sur l'axe de
référence d'un angle i. Par conséquent, l'angle entre le phaseur I̅ et l'axe d vaut i-0. Notons
aussi que le phaseur I̅ est aligné suivant la même direction que le phaseur ℱ de la f.m.m de
la réaction d’induit (section 23.5). On peut alors décomposer le phaseur I̅ en :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.2


q

i  θ0  iaq  ia
Ia
q d Ia
I aq
I ad
d
I aq i θO
réf I ad  iad
Fig.24.1 Fig.24.2

- une composante d'axe direct (longitudinal), c.-à-d. créant une f.m.m. de cet axe :
j 0
I ad = I a cos(  i -  0 ) e (24.12)
- une composante d'axe en quadrature (transversal), c.-à-d. créant une f.m.m. de cet axe :
j(  +/2)
I aq = I a sin(  i -  0 ) e 0 (24.13)
Dès lors, on peut écrire : ̅ = ̅ + ̅ . Cette décomposition a été proposée par BLONDEL.
On peut aussi montrer que :
j2 0
*
I ad e = I a cos(  i -  0 ) e-j 0 e j2 0 = I a cos(  i -  0 ) e j 0 = I ad (24.14)
* j2
I aq e 0 = I a sin( i -  0 ) e j( 2 0  0 /2)  I a sin( i -  0 ) e j(  0 /2)  - I aq (24.15)
Dès lors, le flux de la réaction d'induit s'écrit :
ψ = N (I̅ + I̅ ) + N (I̅ − I̅ )

ψ = N I̅ + N I̅ =ψ +ψ (24.16)
Où ψ = N I̅ est le flux de la réaction d'induit d'axe direct et ψ = N I̅ est
le flux de la réaction d'induit d'axe en quadrature.
Les phaseurs des flux et des courants d'induit sont repris sur la figure 24.2. On sait que md
> mq. Par conséquent, pour Iad = Iaq, iad > iaq. Il s'ensuit que, contrairement au cas des
machines à pôles lisses, dans les machines à pôles saillants, l'axe de répartition sinusoïdale de
la f.m.m. ℱ de la réaction d'induit (direction de ̅ , selon la relation 23.41) n'est pas confondu
avec l'axe de la répartition sinusoïdale de l'induction (direction de ).
La relation (24.8) s'écrit :
ψ = ℓ I̅ + N I̅ + N I̅ + N N I̅ ; (24.17)
D'où le phaseur de la tension aux bornes de la phase a (avec va = v) :
V = Ra I a + j
= ̅ + ℓ I̅ + jωN I̅ + jωN I̅ + jωN N I̅ (24.18)

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.3


On pose alors :
- la réactance de magnétisation d'axe direct :
X = ωN (24.19)
- la réactance de magnétisation d'axe en quadrature :
X = ωN (24.20)
- la f.é.m. synchrone :
E = I e = jωN N I̅ = j I̅ (24.21)

Compte tenu de la relation (23.28), on a :
V = Ra I a + jxa I a + j X md I ad + j X mq I aq + E f
V = Ra I a + j X d I ad + j X q I aq + E f (24.22)
où on a posé :
- la réactance synchrone d'axe direct : Xd = xa + Xmd
- la réactance synchrone d'axe en quadrature : Xq = xa + Xmq.
Étant donné que est la f.é.m. résultante, la relation (24.22) s'écrit :
V = Ra I a  jxa I a + E r avec E r = jX md I ad + j X mq I aq + E f (24.23)

24.3 Diagramme des phaseurs (convention en moteur)

Pour tracer le diagramme des phaseurs, on part des phaseurs V et I a (figure 24.3). Au
départ, le phaseur E f est inconnu. C’est dire qu’au départ les axes d et q sont inconnus. On ne
sait donc pas décomposer le courant I a en I ad et I aq pour appliquer les relations (24.22). Pour
contourner cette difficulté, on transforme la relation (24.22) de la manière suivante :
V = Ra I a + jxa I a + ( jX mq I ad - j X mq I ad ) + j X md I ad + j X mq I aq + E f
V = Ra I a + jxa I a + j X mq ( I ad + I aq ) + j( X md - X mq ) I ad + E f
V = Ra I a + jxa I a + j X mq I a + j( X d - X q ) I ad + E f (24.24)
On définit alors la f.é.m. de JOUBERT [7] :
E J = V - Ra I a - jxa I a - j X mq I a (24.25.a)
E J = j( X d - X q ) I ad + E f (24.25.b)
La relation (24.25.a) montre qu'il est possible de tracer ou de calculer le phaseur E J à partir
des phaseurs V et I a . La relation (24.25.b) montre que le phaseur E J a la direction de l'axe q.
On en déduit la procédure qui permet de tracer le diagramme des phaseurs d'une machine
synchrone à pôles saillants (figure 24.3 pour le moteur). Voici les étapes de cette procédure :
a) - On part des phaseurs V et I a , supposés connus.
b) - On détermine la f.é.m. de Joubert : E J = V - Ra I a - j X q I a . Ce phaseur détermine la
position de l'axe q.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.4


c) - On trace l'axe d en retard de π/2 par rapport à l'axe q.
d) - On projette le phaseur I a sur ces deux axes d et q et on obtient les composantes I ad et
I aq
.
e) - On détermine la f.é.m. synchrone E f = E J - j( X d - X q ) I ad .

 R a Ia V

 j x a Ia  R a Ia V q
- j  X mq I a
q
EJ
- jX d I a
EJ
- j  (X d  X q )I ad
Ef
Ef j(Xd  X q )I aq
I aq Ia I aq
Ia

I ad I ad
d
d Fig.24.4
Fig.24.3

Le diagramme de la figure 24.3 est le diagramme de BLONDEL d'un moteur synchrone. De


nouveau, pour des raisons de clarté, l’échelle des termes liés au courant d’induit n’a pas été
respectée. Notons que la construction du diagramme est facilitée si, après avoir déterminé la
position de l'axe q, on réécrit la relation (24.22) sous la forme :
V = Ra I a + jxa I a + ( jX md I aq - j X md I aq ) + j X md I ad + j X mq I aq + E f
V = Ra I a + jxa I a + j X md ( I ad + I aq ) - j( X md - X mq ) I aq + E f
V = Ra I a + jx a I a + j X md I a - j( X d - X q ) I aq + E f (24.26)
Pour appliquer cette équation au tracé du diagramme des phaseurs, il suffit, après l'étape "c" ci-
dessus, de prolonger jX mq I a en j X md I a , puis de projeter sur l'axe q l'extrémité du dernier
phaseur.
L’application de la relation (24.26) conduit au diagramme des phaseurs de la figure 24.4.
Après l’étape c, on prolonge jXq I a en jXd I a ; puis on projete sur l’axe q l’extrémité du dernier
phaseur obtenu. On obtient alors le phaseur E f .

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.5


Suivant les axes d et q, le phaseur V peut aussi être décomposé en Vd et Vq , dont les
expressions sont tirées de la relation (24.22) :
V d = Ra I ad + jxa I aq + j X mq I aq = Ra I ad + j X q I aq (24.27)
V q = Ra I aq + jxa I ad + j X md I ad + E f = Ra I aq + j X d I ad + E f (24.28)

24.4 Utilisation de la convention en moteur

Les relations et les diagrammes ci-dessus sont relatifs à la convention en moteur. Le


schéma équivalent de la machine synchrone à pôles saillants est déduit de la relation (24.25.a).
Il est repris sur la figure 24.5. Il fait intervenir le phaseur E J .

Ra xaa
jx jXXmqmq R exc

Ia Rf If

Er EJ Vf
V
Lf

Fig.24.5

24.5 Utilisation de la convention en générateur

La convention selon la règle des générateurs (section 1.2.2 et 23.7) consiste à considérer
que le courant I = - I a sort par la borne supposée positive. Suivant les axes d et q, le courant
I est décomposé en I d = - I ad et I q = - I aq , avec I = I d + I q . Selon cette convention, le
schéma équivalent de la machine synchrone est illustré sur la figure 24.6.

R exc
Xmq
jX mq xaa
jx Ra

If I
Rf
Vf EJ Er V
Lf

Fig.24.6
Avec cette convention, les équations de la machine prennent les formes ci-après :
- la relation (24.22) devient :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.6


E f = V + Ra I + jxa I + j X md I d + j X mq I q
E f = V + Ra I + j X d I d + j X q I q (24.29)
La f.é.m. résultante Er est calculée à partir de la relation (24.23) s'écrit :

E r = V + Ra I  jxa I avec E f  E r  jX md I d  j X mq I q (24.30)


- la relation (24.24) devient :
E f = V + Ra I + jxa I + j X mq I + j( X d - X q )I d (24.31)
- La f.é.m. de JOUBERT (24.25) vaut :
E J = V + Ra I + jxa I + j X mq I (24.32.a)
E f  E J  j( X d - X q )I d (24.32.b)
- les relations (24.27) et (24.28) deviennent :
 V d = Ra I d  jxa I q  j X mq I q = Ra I d  j X q I q (24.33)

E f  V q  Ra I q  jxa I d  j X md I d = V q  Ra I q  j X d I d (24.34.a)
Le diagramme des phaseurs correspondant est repris sur la figure 24.7. Pour le tracer on
suit la procédure suivante :
a') - On part des phaseurs V et I .
b') - On détermine la f.é.m. de Joubert : E J = V + Ra I + j X q I . Ce phaseur détermine la position
de l'axe q.
c') - On trace l'axe d en retard de π/2 par rapport à l'axe q.
d') - On projette le phaseur I sur ces deux axes d et q et on obtient les composantes I d et I q .
e') - On détermine la f.é.m. synchrone E f = E J + j( X d - X q )I d .
Le diagramme de la figure 24.7 est le diagramme de BLONDEL d'un alternateur
synchrone. Notons que la construction du diagramme est facilitée si, après avoir déterminé la
position de l'axe q, on réécrit la relation (24.26) sous la forme :
E f = V + Ra I + jxa I + j X md I - j( X d - X q )I q (24.34.b)
Pour appliquer cette équation au tracé du diagramme des phaseurs, il suffit, après l'étape c’ ci-
dessus, de prolonger jX q I en j X d I , puis de projeter sur l'axe q l'extrémité du dernier
phaseur.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.7


q q
j X q Iq
Ef
j X d Id
Ef
j  (X d  X q )I d
jXdI
j  X mq I

j  X mq I

jxa I
EJ jxaI
EJ Ra I Ra I

V V

I d I d
Iq
Iq
Id Id
Fig.24.7 Fig.24.8

Notons d'autre part qu'en application des relations (24.33) et (24.34), le diagramme des
phaseurs peut être tracé comme illustré sur la figure 24.8.
La relation (24.16) s’écrit :
ψ = −ψ = N I̅ + N I̅ = ψ + ψ (24.35)
où ψ = N I̅ et ψ = N I̅

24.6 Prise en compte de la saturation

Pour la machine synchrone saturée à pôles saillants, on considère que les valeurs des
réactances de magnétisation Xmd et Xmq varient avec le degré de saturation. Ce degré de
saturation est défini :
- soit par les flux résultants d'axe direct rd et d'axe en quadrature rq;
- soit par les f.m.m. résultantes d'axe direct ℱrd et d'axe en quadrature ℱrq.
Compte tenu des relations (23.39) et (23.49), le courant d’excitation résultant d’axe direct
vaut : I frd = I f +  p I ad = I f   p I d . Comme ces phaseurs sont sur le même axe ( d), on peut

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.8


écrire cette relation en réels de la même manière que dans la relation (23.50.a) :
I frd I f If
= +  p I ad    p Id
2 2 2
I frd = I f + 2  p I ad = I f - 2  p I d (24.36)
De nouveau, en multipliant par 4Nf/(2p), on trouve la f.m.m. résultante (premier harmonique)
d'axe direct (avec p = 3Ns/2Nf et m1 = 3) :
4 Nf 4 Nf 3 4 Ns 4 Nf 3 4 Ns
I frd = If ( 2 I ad ) = If  ( 2Id )
 2p  2p 2  2p  2p 2  2p
4 Nf 4 Nf m1 2 N s 4 Nf m1 2 N s
I frd = If  I ad = If Id (24.37)
 2p  2p  p  2p  p

Compte tenu de la relation (14.48.b), la relation (24.37) peut être écrite sous la forme
suivante :
ℱrd = ℱf + ℱiad = ℱf - ℱid (24.38)
De la même manière, la f.m.m. résultante (premier harmonique) d'axe en quadrature vaut:
m1 2 N s m1 2 N s
ℱrq = I aq = - Iq (24.39.a)
 p  p
ℱrq = ℱiaq = - ℱiq (24.39.b)
Les réactances de magnétisation sont des fonctions implicites des courants d'excitation
résultants ou des f.m.m. résultantes. On peut donc écrire :
Xmd = f1(ℱrd, ℱrq) et Xmq = f2(ℱrq, ℱrd) (24.40)
Ces réactances peuvent aussi être considérées comme des fonctions implicites des flux
résultants, c.-à-d. comme des fonctions implicites des f.é.m. résultantes d'axe en quadrature
Erq et d'axe direct Erd , avec selon les relations (24.23) et (24.30) :
E rq = j X md I ad + E f = - jX md I d + E f
E rd = j X mq I aq = -j X mq I q

On peut donc écrire :


X md = g1 ( Erq , Erd ) X mq = g 2 ( Erd , Erq ) (24.41)
Il est évident que la réactance dépend beaucoup plus de la première variable entre parenthèse
que de la seconde (champ de cet axe). On néglige souvent l'effet de la deuxième variable.

24.7 Caractéristique à vide

La caractéristique à vide d'une machine à pôles saillants se relève de la même manière


que celle d'une machine à pôles lisses (section 23.9). La tension à vide (I = 0) est donnée par la
relation :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.9


I f j 0
V = E r = E f = j X md e (24.42)
p 2
La pente de la droite d'entrefer vaut :
Ef X
= mdu (24.43)
If 2 p
où Xmdu désigne la valeur non-saturée de la réactance de magnétisation Xmd.
Si on néglige l'influence de ℱrq (Erd) sur Xmd, la valeur saturée de Xmd peut être déterminée
à partir du facteur de saturation :
X md = k sat X mdu (24.44)
C’est la valeur saturée de la réactance de magnétisation pour Iq = 0. On obtient ainsi la fonction
implicite (24.41.a) : Xmd = f(Erq).

24.8 Caractéristique en court-circuit

La caractéristique en court-circuit d'une machine à pôles saillants se relève de la même


manière que celle d'une machine à pôles lisses (section 23.10). Le fonctionnement en court-
circuit triphasé correspond à V = 0, ç.-à-d. Vd = Vq = 0, soit d'après la relation (24.33), si on
néglige la résistance d'induit Ra, à I q = 0, d'où I = I d = I cc . En cas de court-circuit, la f.é.m.
résultante vaut selon la relation (24.30) :
E r = V + (Ra + jxa )I = (Ra + jxa )I cc (24.45)
et est très faible, vu l'ordre de grandeur de Ra et xa (section 23.10). Le circuit magnétique n'est
donc pas saturé et la réactance de magnétisation d'axe d vaut Xmdu. De plus, pour le
fonctionnement en court-circuit ( I q = 0), la relation (24.30) s'écrit :
If
e 0
j
E r = - j X mdu I cc + j X mdu (24.46)
2 p
En écrivant l’équation d’égalité entre les membres de droite des relations (24.45) et (24.46), on
trouve :
If
(Ra + jx a )I cc  - j X mdu I cc + j X mdu e j 0
2 p
j X mdu If
e 0
j
I cc = (24.47)
Ra + j(xa + X mdu ) 2  p
C'est l'équation de la droite de court-circuit.
La droite d’entrefer d’équation (24.42) et la droite de court-circuit d’équation (24.47) sont
utilisées pour déterminer la valeur non-saturée Xdu de la réactance synchrone d’axe direct Xd.
Cette valeur est donnée par le rapport entre la f.é.m. synchrone Ef et le courant de court-circuit
Icc pour une même valeur du courant d’excitation If. :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.10


X mdu j
j Ife 0
Ef 2 p
=  x a + X mdu = X du (24.48)
I cc j X mdu If
e 0
j

Ra + j(x a + X mdu ) 2  p
où la résistance Ra a été négligée.
Le rapport de court-circuit RCC a été défini dans la section 23.10. Pour une machine
synchrone à pôles saillants, on montre que : RCC = 1/ksatxdur. Lorsque le circuit magnétique de
la machine n'est pas saturé, ksat = 1; ce qui donne :
RCC  1 / xdur (24.49)

24.9 Caractéristique en charge

La caractéristique en charge d'une machine à pôles saillants se relève de la même


manière que celle d'une machine à pôles lisses (section 23.11). Lorsque la charge est purement
inductive, le courant I est en retard d'un angle de π/2 par rapport à la tension V . Dès lors,
E f , E r et V sont en phase, la composante d'axe q du courant est nulle : I q = 0 et I = I d .
En suivant le même raisonnement que dans la section 23.11.b, on peut déterminer, pour une
machine à pôles saillants, la réactance de dispersion de Potier xp, ainsi que le rapport de
transformation de Potier μp.

24.10 Caractéristique de régulation

La caractéristique de régulation d'une machine synchrone à pôles saillants se relève de la


même manière que celle d'une machine à pôles lisses (section 23.12). Les données de départ
sont : V, I, cos . Au départ, la position de l'axe q est inconnue, étant donné que l'on ignore la
valeur saturée de Xmq.

En partant de V, I et cos , traçons le diagramme des phaseurs (figure 24.9) qui donne la
f.é.m. résultante E r = V + Ra I + jxa I , autrement défini par les relations (24.23.b) et
(24.30.b). Supposons tout d'abord que la position de l'axe q soit connue. Projetons sur l’axe q
l'extrémité de Er . Nous obtenons le point B qui détermine la composante Erq = OB, grandeur
non mesurable. D’après les relations (24.36) et (24.38), la composante Erq est induite par le flux
résultant d’axe direct  rd dû à l'action de ℱrd, c.-à-d. à l’action simultanée dans cet axe de la
f.m.m. ℱf , créée par If, et de la f.m.m. ℱid, créée par le courant d’excitation équivalent à la
composante d’axe d du courant d’induit Id. La composante Erd = BA est induite par le flux
résultant d’axe en quadrature ψrq dû à l'action sur cet axe de la f.m.m. ℱiq, créée par le courant
d'excitation équivalent à la composante d'axe q du courant d'induit Iq. Vu que le flux résultant
longitudinal rd a peu de chemins communs avec le flux résultant transversal ψrq, on peut les
superposer pour obtenir le flux résultant r.
Le champ transversal circule sur un long trajet dans l'air. Par conséquent, il peut être

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.11


calculé selon les relations (24.16) et (24.35) à partir de la valeur non-saturée de la perméance
de magnétisation d'axe en quadrature :

q
Ef

X mq I
E rd A
B jxa I
Er
Ra I
E rq
V I  I d
d
Iq If
If αI
Id
0 I frd
Fig.24.10
Fig.24.9
3 2 3 2
 rq =  iaq = N s mq I aq   N s mq I q   iq
2 2
3
E rd =   iq   N s mq I q = X mq I q
2

2
où on prend pour Xmq la valeur non-saturée. Selon la figure 24.9, on a : AC = XmqI et AB = XmqIq
= Erd.
La direction de l'axe q peut donc être obtenue à partir de la f.é.m. de Joubert. En effet,
selon les relations (24.23.b) et (24.30.b), le terme XmqI est une f.é.m. induite par un courant
d’induit d’axe en quadrature (relation 24.13), égal à I. Le courant d’excitation qui lui est
équivalent vaut : I. Ce dernier est donc le courant d’excitation qui correspond à une f.é.m.
égale à XmqI sur la caractéristique à vide non saturée (droite d’entrefer sur la figure 24.10).
De même, à la composante Erq correspond la f.m.m. résultante ℱrd ou le courant
d'excitation résultant Ifrd donné par la relation (24.36). Connaissant Ifrd et Id, on en déduit le
courant d'excitation cherché If.
Voici donc la procédure à suivre pour construire le diagramme des phaseurs de Blondel
relatif à une machine synchrone à pôles saillants (figures 24.10 et 24.11) [21] :
a) - On part des phaseurs V et I (figure 24.9).
b) - On détermine la f.é.m. résultante E r = V + Ra I + jxa I .
c) - On relève sur la droite d'entrefer (figure 24.10), la f.é.m. XmqI correspondant au courant
d'excitation équivalent .
d) - On prolonge le phaseur jx a I d'un tronçon égal à XmqI et l'extrémité C de ce tronçon définit

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.12


la position de l'axe q. En projetant I sur l’axe d, on trouve Id.
e) - On projette le phaseur Er sur l'axe q pour avoir la composante Erq.
f) - On cherche, sur la caractéristique à vide (figure 24.11), le courant d'excitation résultant Ifrd
auquel correspond Erq.
g) - Connaissant Ifrd et Id, on en déduit, le courant d'excitation, qui selon la relation (24.36),
vaut : = + .
On peut reporter sur l'axe q la f.é.m. synchrone Ef. C'est celle qui correspond au courant If
sur la caractéristique à vide. On peut la mesurer lorsqu'on élimine la charge en gardant le
courant d'excitation inchangé.
La procédure ci-dessus utilise la valeur non saturée de Xmq. Une procédure utilisant la
valeur saturée de Xmq est proposée dans les références [7] et [29].

vf td t
tq

v Vmin Vmax

i Imax Imin

Fig.24.12

24.11 Mesure des réactances synchrones

a) - Méthode de faible glissement


On entraîne d'abord la machine synchrone à la vitesse de synchronisme. On la couple à
une source de tension triphasée de valeur réduite V, assez faible pour ne pas amener le circuit
magnétique à la saturation. On annule alors le courant d'excitation (inducteur ouvert, If = 0) de
façon à avoir Ef = 0. Ensuite, on agit sur le moteur d'entraînement de façon à faire tourner le
rotor à une vitesse Ωm légèrement différente de la vitesse de synchronisme Ωs. Le glissement
vaut : g = (Ωs-Ωm)/Ωs. Dans ces conditions, la f.m.m. de la réaction d'induit ℱi (tournant à s) est
en rotation par rapport au rotor (tournant à m). A certains instants td, l'axe de la f.m.m. ℱi
coïncide avec l'axe de l'enroulement (et du champ) d'excitation. A ces instants ( I = I d , I q = 0),
l'équation (24.29) de la tension d’induit s'écrit :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.13


 V = (Ra + jX d )I .
A d'autres instants tq, l'axe de f.m.m. ℱi est déphasé de π/2 par rapport à l'axe de
l'enroulement (et du champ) d'excitation. A ces autres instants ( I = I q , I d = 0), l'équation
(24.29) de la tension d’induit s'écrit :
 V = (Ra + j X q )I
On peut repérer les instants td et tq à partir de la courbe de variation de la tension vf de
l’inducteur (figure 24.12). La tension vf de l’inducteur est induite ici par le flux fa créé dans
l’enroulement inducteur par le courant d’induit et = . La tension vf sera donc déphasée
du flux fa de /2. Lorsque vf est maximal, le flux fa est nul; ce qui correspond à un instant où la
réaction d’induit est transversale, c.-à-d. à un instant tq. A cet instant, le rapport V/I correspond à
la réactance d’axe en quadrature Xq. Cette réactance étant la plus petite des deux (Xd et Xq), le
courant d’induit à l’instant tq est le plus grand (I = Imax). La chute de tension sur l’impédance
interne de la source est la plus élevée; ce qui donne la tension appliquée au stator la plus faible
(V = Vmin).
De même, à l’instant td, le courant d’induit est le plus faible (I = Imin) et la tension appliquée
au stator est la plus élevée (V = Vmax).
Durant cet essai, on aura donc une variation dans le temps des amplitudes de la tension
d’induit v et du courant d’induit i (figure 24.12). Compte tenu de la relation (22.16) cette variation
se fait à une fréquence double de la fréquence de glissement f2 = gf1. On enregistre les courbes
de variation de v, de i et de vf. Pour obtenir les réactances synchrones à partir de cet essai, il
faut que le glissement soit extrêmement faible (< 1 %). C’est seulement sous cette condition
que les équations du régime permanent sont applicables à tout instant. Dès lors, en négligeant
la résistance de l'induit Ra, on peut écrire :
V max V min
Xd= ; Xq= (24.50)
I min I max
Notons que l'obtention d'un glissement très faible, dans le cas des machines à pôles saillants,
n'est réalisable commodément que si la tension V est très faible (de l’ordre de 0,1 à 0,2 VN ).
Pour des valeurs élevées de la tension, la machine s'accroche sous l'effet du couple réluctant
(section 24.14). Par conséquent, les valeurs obtenues par cette essai sont les valeurs non
saturées des réactances synchrones : Xdu et Xqu. La valeur de la réactance Xdu trouvée par cette
méthode devrait coïncider avec celle tirée des droites d'entrefer et de court-circuit. Dans le cas
contraire, on conclut que le glissement n’était pas suffisamment faible et que les valeurs de Xdu
et de Xqu ne sont pas exactes. Dans ce cas, on ne retient de cet essai que le rapport Xqu/Xdu.

b) - Mesure de Xq par un essai en charge avec mesure de l'angle δ


On fait fonctionner la machine à un régime permanent synchrone quelconque, avec un
angle interne δ non nul. On fait alors la mesure de la puissance active P, de la puissance
réactive Q, de la tension d'induit V, et de l'angle interne δ. Compte tenu des figures 24.8 et
24.13, si on néglige Ra, la relation 24.33 s'écrit :
V d = V sin  = - X q I q = - X q I cos(  +  ) (24.51)
Sachant que P = 3VIcos , Q = 3VIsin  et que = √3 , on écrit, en faisant abstraction du
signe moins de la relation (24.51) :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.14


V sin  V sin 
2
X q= =
I cos(  +  ) VI cos  cos  - VI sin  sin 
U sin 
2
X q=
P cos  - Q sin 
(24.52)
Ici aussi, pour obtenir la valeur non saturée de la réactance Xq, la tension aux bornes de
l'induit doit être nettement inférieure à la tension nominale.

24.12 Caractéristique externe

La caractéristique externe d'une machine synchrone à pôles saillants se relève de la même


manière que celle d'une machine synchrone à pôles lisses (23.13).

24.13 Puissance active et réactive

Reprenons le diagramme des phaseurs (figure 24.13), en considérant la tension d'induit V


comme origine des phases, et en négligeant la valeur de la résistance d'induit Ra. Nous
pouvons écrire :

q
Ef
j X q Iq

Vq
jX q I
Iq
δ
V j X d Id

I

Id
Vd
d
Fig.24.13

V = V /0 : la tension d'induit;


E f = E f / : la f.é.m. synchrone;
I = I / -  : le courant d'induit;
I q = I q / : la composante d'axe q du courant d'induit;

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.15


I d = I d / - /2 = -jI d / : la composante d'axe d du courant d'induit.
Les relations (24.33) et (24.34) peuvent être écrites sous la forme :
V d = V sin  = - X q I q (24.53)
E f = V q + X d I d = V cos  + X d I d (24.54)
Par conséquent, les modules des composantes du courant d'induit valent respectivement :
V sin  E f - V cos 
Iq = Id = (24.55)
Xq Xd
La puissance apparente fournie par la machine au réseau s'écrit :
S = 3V I * = 3V (I d + I q )* = 3V(I q / - jI d / )* = 3V / -  (I q + jI d )
(24.56)
En remplaçant I d et I q par leurs expressions (24.55), on trouve :
 - V cos  
S = 3(V cos  - jV sin ) V sin  + j E f 
 Xq Xd 
 V sin  cos  V E f sin  V sin  cos  
2 2 V cos  V 2 cos2  V 2 sin 2  
S = 3 + -  + j3 E f - - 
  X q 
 Xq Xd Xd   Xd Xd
 3V E f 3V 2  1 1    3V E f 3 V 2 cos2  3V 2 sin 2  
S= sin  +  -  sin 2  + j  cos  - - ,
 X d 2  X q X d  
 X
 d Xd Xq 

(24.57)
d'où :
3V E f 2
 
P= sin  + 3 V  1 - 1  sin 2 = S 1 sin  + S 2 sin 2
Xd 2  Xq Xd 
(24.58)
3V E f 3 V cos  3 V sin 
2 2 2 2
Q= cos  - -
Xd Xd Xq
Sachant que cos 2   (1  cos 2 ) / 2 et sin 2   (1  cos 2 ) / 2 , on trouve :
3V E f 3V 2  1 1  3V 2  1 1 
Q= cos  -  + +  -  cos 2
Xd 
2  Xq Xd   2  X q X d 

Q = S 1 cos   Q0 + S 2 cos 2 (24.59)
La caractéristique angulaire de puissance active est représentée sur la figure 24.14. Les
termes en 2δ sont souvent appelés termes de réluctance. Ils mettent en évidence la propriété
des machines à pôles saillants de fournir (ou d'absorber) une puissance active par effet
réluctant, même dans le cas où le courant excitation est nul (If = 0, Ef = 0). On note aussi que la
puissance active maximum Pmax d'une machine à pôles saillants est supérieure à celle d'une
machine à pôles lisses. D'autre part, cette puissance Pmax est atteinte pour un angle interne, dit
critique, δc inférieur à π/2.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.16


P

Pmax
P
sin δ
S1Sin

sin 2δ
S 2Sin
δ
δc 
2

Fig.24.14

24.14 Couple électromagnétique synchrone

En négligeant les pertes dans le cuivre pcu et les pertes magnétiques pfe (figure 23.25), on
peut écrire Pém  P ; de sorte que, compte tenu de la relation (24.58), le couple
électromagnétique vaut :
Pém 3p V E f V  1
2
1  
Cém = =  sin  +  -  sin 2  (24.60)
   X d 2  X q X d  
La caractéristique angulaire de couple électromagnétique est représentée sur la figure
24.15. La machine synchrone à pôles saillants développe un couple électromagnétique, dit
couple réluctant, même à l'absence de courant d'excitation (If = 0, Ef = 0).
Pour une machine synchrone, la composante du couple due à l'excitation varie
proportionnellement à V. On a vu que le couple d'une machine asynchrone varie
proportionnellement à V². Le moteur synchrone est donc moins sensible aux chutes de tension
que le moteur asynchrone.

24.15 Stabilité statique

Supposons que la machine fonctionne en alternateur. En régime permanent, il y a un


équilibre entre le couple moteur Cext appliqué par la turbine et le couple électromagnétique Cém
opposé par l’alternateur. Pour une valeur donnée du couple moteur Cext, il y a théoriquement
deux points de fonctionnement : A et B sur la figure 24.15.
Prenons d’abord le point de fonctionnement A. Supposons que la machine subisse une
perturbation qui modifie l’angle interne . On suppose que cette modification est très lente de
sorte que les conditions de régime permanent soient respectées. Le fonctionnement au point
considéré est stable si, lorsqu’on élimine la perturbation, le rotor tend vers sa position angulaire
initiale. On a montré, dans la section 23.15 que l’angle interne  représente à chaque instant
l'écart angulaire de l’axe polaire entre ses positions à vide et en charge par rapport à un

Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.17


observateur lié au champ tournant. Par conséquent pour que le régime soit stable, une variation
δ de l'angle interne doit correspondre à une variation P de même signe, c.-à-d. :
P /  > 0 (24.61)
La grandeur Ps = P/ est appelée puissance synchronisante et vaut :
3 VE f  
Ps = cos  + 3V 2  1 - 1  cos 2 (24.62)
Xd  Xq Xd 
De la même manière, on définit le couple synchronisant
3p VE f   
C s = C =
   X d
cos  +V 2  1 - 1  cos 2  (24.63)
 q
X X d  
Si on pose Xd = Xq dans les relations ci-dessus, on trouve les expressions relatives à la
machine à pôles lisses.
Pour que le régime soit stable, il faut que Cs > 0 ou Ps > 0. Cette stabilité est dite statique,
car on suppose que les perturbations sont très lentes pour que les conditions de régime
permanent restent respectées. La condition de stabilité ( Ps > 0 ou Cs > 0) est remplie
seulement sur la partie montante de la caractéristique angulaire (figures 24.14 et 24.15). Il y a
une limite jusqu'à laquelle la puissance P peut être augmentée. On appelle alors limite de
stabilité statique, cette puissance maximale Pmax que la machine peut échanger avec le réseau,
sans perdre le synchronisme lors d'une variation lente de la charge réalisée sans modification
du courant d'excitation. Cette limite de stabilité est atteinte lorsque Ps = 0 ou Cs = 0. L'angle
interne δc pour lequel P = Pmax ou Cém = Cmax est appelé angle interne critique. Pour une
machine à pôles saillants, la limite de stabilité statique est atteinte pour |  c | < /2 . Le couple
Cmax correspondant à Pmax, c.-à-d. à δc est le couple de décrochage.
A puissances nominales égales, le couple de décrochage en grandeurs réduites d’un
moteur synchrone est généralement plus faible que celui du moteur asynchrone.

Cém
Alt
Cmax

A
Cméc
B

δc δc δ
 0 

2 2

Mot Cmax
Machines électriques - Kamabu Tsongo 24.18
Fig.24.16
Fig.24.15
Chapitre 25

COUPLAGE EN PARALLELE DES MACHINES SYNCHRONES


25.1 Conditions électriques de couplage en parallèle
L’énergie électrique est produite à l’aide de plusieurs alternateurs synchrones couplés en
parallèle, alimentant une charge commune.
ZS I
K2

A Ef VA VR ZC
VR
AR
A

R K
Fig.25.1
Fig.25.2

Considérons un réseau très puissant désigné sur la figure 25.1 par la lettre R. On souhaite
coupler un alternateur A en parallèle avec ce réseau. Soit E f la f.é.m. synchrone de
l'alternateur A et V R la tension du réseau R. Le réseau étant très puissant, il peut être supposé
infini, c.-à-d. qu'il peut être représenté par un alternateur équivalent AR, de f.é.m. V R , ayant une
impédance interne négligeable (figure 25.2).
Lorsque l'interrupteur K est fermé et que l'interrupteur K2 est ouvert, le courant dans le
circuit commun des alternateurs vaut : I = ( E f - V R )/ Z s . Pour que ces alternateurs A et AR
fonctionnent correctement en parallèle, il faut que l'ensemble fonctionne à vide quand ils ne
débitent pas dans une charge extérieure Z c . Dès lors,  doit être nul lorsque l'interrupteur K est
fermé et que l'interrupteur K2 est ouvert. En d'autres termes E f doit être égal à V R , ou ef doit
être égal à vR à chaque instant. C'est dire que les f.é.m. de deux alternateurs en parallèle
doivent être en opposition de phase dans le circuit commun aux deux alternateurs et en phase
par rapport au circuit extérieur : les sens des f.é.m. doivent être tels que les bornes connectées
entre elles soient à chaque instant de même polarité.
Avant la fermeture de l'interrupteur K, l'alternateur A fonctionne à vide, et sa f.é.m. ef est
égale à la tension à ses bornes vA. Par conséquent, c'est la tension à ses bornes vA (= ef) qui
sera comparée à la tension vR du réseau.
Pour coupler un alternateur A en parallèle avec le réseau R, il faut donc réaliser les
conditions suivantes, conditions à remplir pour que les courbes sinusoïdales de vA et vR soient
superposées :
1) - La tension de l'alternateur et celle du réseau doivent avoir la même amplitude et donc la
même valeur efficace.
2) - La tension de l'alternateur et celle du réseau doivent avoir la même fréquence.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.1
3) - La tension de l'alternateur et celle du réseau doivent avoir un déphasage nul entre elles.
Pour un alternateur triphasé,
4) - L'alternateur et le réseau doivent avoir le même ordre de succession des phases.
L'opération de couplage d'une machine synchrone en parallèle avec le réseau est appelée
synchronisation [17].

25.2 Contrôle du déphasage entre les tensions

Lorsque la tension de l'alternateur n'est pas en phase avec la tension du réseau,


l'interrupteur K de la figure 25.2 est soumis à la tension Δv = vA-vR ou V = V A - V R (figure
25.3). Le contrôle du déphasage  entre les tensions vA et vR se fait à l'aide d'une lampe à
incandescence " La " parallèle à l'interrupteur K et soumise à la tension Δv (figure 25.4).

V

aR bR cR R
VR
VA α
K Lc
La Lb
aA bA cA A

Fig.25.3

J
X Y Z

K
Fig.25.4

Supposons que les tensions aient les expressions suivantes :


vA = 2 V cos(ωAt+αA) et vR = 2 Vcos(ωRt+αR). Sachant que cos p - cos q = - 2 sin [(p+q)/2] sin
[(p-q)/2], la tension Δv aura pour expression :
(  A +  R )t +  A +  R (  -  )t +  A -  R
v = v A - v R = - 2 2V sin sin A R (25.1)
2 2
On obtient un phénomène de battement illustré sur la figure 25.5. La tension Δv présente des
maxima et des minima à une fréquence égale à la différence des fréquences de vA et vR. Si la
pulsation ωA de vA est proche de la pulsation ωR de vR, les pulsations ωA+ωR et ωA-ωR sont
totalement différentes. A cause de l'inertie thermique de la lampe, son éclairement n'est
perturbé de manière visible que par le terme à faible pulsation ωA-ωR , c.-à-d. par l'enveloppe de

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.2


la courbe de la tension Δv = f(t).
Lorsque vA et vR sont en phase, l'enveloppe de la courbe Δv = f(t) s'annule et la lampe
s'éteint. Par contre, lorsque vA et vR sont en opposition de phase, l'enveloppe de la courbe Δv =
f(t) atteint son maximum et la lampe s'allume avec le maximum d'éclat. Lorsque la période
d'extinction est suffisamment longue (trois secondes environ), il est permis d'enclencher
l'interrupteur K. Lorsque la période d'extinction est courte, les pulsations et donc les fréquences
sont très différentes. Dans ce cas, pour les rapprocher l'une de l'autre, on modifie la vitesse de
rotation de l'alternateur.

vA vR
t

vA -vR

ωA  ωR ωA  ωR

Fig.25.5

Revenons à présent au diagramme des phaseurs de la figure 25.3. La pulsation ωA de vA


n'étant pas égale à la pulsation ωR de vR, le phaseur V A tourne par rapport au phaseur V R
(supposé fixe) à une vitesse angulaire ω = ωA-ωR. Par conséquent, ΔV varie entre 0 et VA+VR.
Dans le premier cas, la lampe s'éteint et dans le deuxième cas, elle s'allume avec le maximum
d'éclat. Soit VN la tension nominale de la machine ou du réseau au point de connexion. Étant
donné que la tension appliquée à la lampe peut atteindre la valeur ΔV = VA+VR, c.-à-d. ΔV =
2VN, on doit brancher, soit une lampe de tension nominale égale à 2VN, soit deux lampes en
série ayant chacune une tension nominale égale à VN.

25.3 Contrôle de l'ordre de succession des phases


Lorsque l'alternateur et le réseau ont le même ordre de succession des phases, les phases
à relier aA, bA, cA de l'alternateur et aR, bR, cR du réseau (figure 25.4) doivent avoir des tensions
dont les expressions sont les suivantes :
v aA = 2V cos(  A t +  A ) v aR = 2V cos(  R t +  R )
vbA = 2V cos(  A t +  A - 2/3) vbR = 2V cos(  R t +  R - 2/3)
vcA = 2V cos(  A t +  A + 2/3) vcR = 2V cos(  R t +  R + 2/3)
(25.2)

a) - Lampes câblées pour feux battant


On peut câbler les lampes de façon qu'elles produisent des feux battant lorsque l'ordre de
succession des phases est le même à l'alternateur et au réseau. Ce câblage est réalisé sur la
figure 25.4 où "La", "Lb" et "Lc" représentent des lampes à incandescence. Les lampes de cette
Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.3
configuration sont soumises aux tensions suivantes :
(  A +  R )t +  A +  R (  -  )t +  A -  R
 va = vaA - vaR = -2 2V sin sin A R
2 2
(  A +  R )t +  A +  R - 4/3 (  A -  R )t +  A -  R
 vb = vbA - vbR = - 2 2V sin sin
2 2
(  +  R )t +  A +  R + 4/3 (  -  )t +  A -  R
 vc = vcA - vcR = 2 2V sin A sin A R
2 2
(25.3)
De nouveau, à cause de l'inertie thermique des lampes, leur éclairement n'est perturbé de
manière visible que par les termes à faible pulsation ωA-ωR, c.-à-d. par les enveloppes des
courbes Δvi = f(t), avec i = a, b ou c.
On constate que ces termes sont égaux pour les trois tensions Δva, Δvb et Δvc. Il s'ensuit
que les enveloppes des tensions Δva, Δvb et Δvc atteignent simultanément leurs maxima, puis
simultanément leurs minima. Par conséquent lorsque les conditions 25.2 sont remplies, les
lampes de la figure 25.4 s'allument simultanément et puis s'éteignent simultanément, à la même
cadence; ce qui donne des feux battant. Le battement de ces feux se fait à la fréquence fA – fR.
Lorsque les lampes présentent une période d'extinction suffisamment longue (trois secondes
environ), on peut enclencher l'interrupteur K.
V a

V aA V aR

V cR V bA
V cA V bR
ΔV c ΔV b

Fig.25.6
Le diagramme des phaseurs V correspondant aux conditions 25.2 est repris sur la figure
25.6. En faisant tourner les phaseurs V aA , V bA , V cA par rapport aux phaseurs V aR , V bR ,
V cR (supposés fixes), les tensions  V a ,  V b ,  V c obtenues sur chaque phase présentent
simultanément des maxima, puis simultanément des minima.
Lorsque les lampes câblées pour feux battant (figure 25.4) ne donnent pas de feux battant,
mais donnent un feu tournant, on doit conclure que les conditions 25.2 ne sont pas remplies.
Dans ce cas il est interdit de fermer l'interrupteur K. Pour rétablir les feux battant, il faut arrêter
la machine, puis permuter deux phases quelconques du même côté de l'interrupteur K.

b) Lampes câblées pour feux tournant


On peut aussi câbler les lampes de façon qu'elles produisent des feux tournant lorsque

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.4


l'ordre de succession des phases est le même à l'alternateur et au réseau. Ce câblage est
réalisé sur la figure 25.7, où "La", "L2" et "L3" représentent des lampes à incandescence. Les
lampes de cette configuration sont soumises aux tensions suivantes :
(  A +  R )t +  A +  R (  -  )t +  A -  R
 va = vaA - vaR = 2 2V sin sin A R
2 2
(  A +  R )t +  A +  R (  A -  R )t +  A -  R + 2/3
 v2 = vbA - vcR = 2 2V sin sin
2 2
(  A +  R )t +  A + R (  A -  R )t +  A -  R - 2/3
 v3 = vcA - vbR = 2 2V sin sin
2 2
(25.4)

De nouveau, à cause de l'inertie thermique des lampes, leur éclairement n'est perturbé de
manière visible que par les termes à faible pulsation ωA-ωR, c.-à-d. par les enveloppes des
courbes Δvi = f(t), avec i = a, 2 et 3.

V a

aR bR cR R
V aA V aR
K L3 L2
La
aA bA cA A V cR V bA
ΔV 2

V cA V bR
ΔV 3
Fig.25.8
J
X Y Z

K
Fig.25.7
On constate que ces termes (ou ces enveloppes) atteignent leurs maxima et leurs minima
successivement avec permutation circulaire. Par conséquent, lorsque les conditions 25.2 sont
remplies, les lampes de la figure 25.7 s'allument et s'éteignent successivement avec
permutation circulaire; ce qui donne des feux tournant. La vitesse de rotation de ces feux est
une mesure de la différence des pulsations ωA-ωR . L'ordre de succession de ces feux dépend
du signe de ωA-ωR. Suivant cet ordre il faudra accélérer ou ralentir le rotor de l’alternateur A.
Lorsque les lampes de la figure 25.7 donnent des feux tournant, on peut enclencher

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.5


l'interrupteur K à l’instant où la lampe "La" connectée entre aA et aR est éteinte et où les lampes
croisées L2 et L3 brillent avec le maximum d'éclat. On suppose que les pulsations et donc les
fréquences sont déjà réglées de façon que la période d'extinction de la lampe "La" soit
suffisamment longue (trois secondes environ).
Le diagramme des phaseurs V correspondant aux conditions 25.2 est repris sur la figure
25.8. En faisant tourner les phaseurs V aA , V bA , V cA par rapport aux phaseurs V aR , V bR ,
V cR (supposés fixes), les tensions  V a ,  V 2 ,  V 3 atteignent leurs maxima et leurs minima
successivement avec permutation circulaire.
Lorsque les lampes câblées pour des feux tournant (figure 25.7) ne donnent pas de feux
tournant, mais donnent des feux battant, on doit conclure que les conditions 25.2 ne sont pas
remplies. Dans ce cas il est interdit de fermer l'interrupteur K. Pour rétablir les feux tournant, il
faut arrêter la machine, puis permuter deux phases quelconques du même côté de l'interrupteur
K. Accélérer

Ralentir

Fig.25.9

La
Alternateur Réseau
If K1
U
A A
J I’ Lb
K2 V V
V
Vf A
RD Lc
Hz Hz
Rexc K
W
A
K
Fig.25.10 N

c) Remarques
Une lampe n’indique pas de manière précise l’instant qui convient à la fermeture de
l’interrupteur. On remplace les lampes par des voltmètres à point milieu qui indiquent de façon
précise les maxima et les minima des tensions Δv. Lorsque la tension de l'alternateur ou du
réseau est assez élevée, on branche les voltmètres ou les lampes au secondaire d'un
transformateur abaisseur.
Le contrôle de l'ordre de succession des phases doit se faire avant le premier couplage de
la machine synchrone sur le réseau, ainsi qu'en cas de modification apportée dans le câblage.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.6


25.4 Le synchronoscope

Pour faciliter la synchronisation, on utilise le plus souvent un synchronoscope (figure 25.9).


C’est un appareil qui porte une aiguille qui tourne de la même manière que le phaseur V de la
figure 25.3. Suivant le sens de rotation de cette aiguille, il faut accélérer ou ralentir le rotor de
l’alternateur A. Le cadran de cet appareil porte aussi un trait fixe. Lorsque l’aiguille s’immobilise
en face de ce trait, on peut fermer l’interrupteur K.
Dans les grandes centrales, on utilise des appareils qui réalisent automatiquement toute
les opérations de synchronisation. Ces appareils sont appelés synchroniseurs.

25.5 Couple de démarrage d'un moteur synchrone

Considérons une machine synchrone dont l’inducteur est parcouru par le courant If et dont
les enroulements statoriques sont parcourus par des courants symétriques selon les relations
(23.2). Les expressions des inductances sont données dans la section 22.7.2. A partir de ces
grandeurs, on peut établir l’expression de l’énergie magnétique d’une machine synchrone. De
cette expression, on peut déduire celle du couple électromagnétique. On trouve [29] :

é = √2 cos( + − − /2)
+ cos (2 +2 − 2 − /2) (25.5)

où  est l’angle entre l’axe polaire d et l’axe de référence (axe de la phase a sur la figure 23.1).
Le premier terme est le couple d’une machine à pôles lisses ( md = mq = m). Le second terme
est le couple réluctant, qui est de loin plus faible que le premier.
Lorsque la machine est à l’arrêt, l’angle  garde une valeur constante et le couple
électromagnétique varie dans le temps autour d’une valeur moyenne nulle.
Supposons maintenant qu’à l’aide d’une autre machine le rotor de la machine synchrone
soit entraîné à une vitesse angulaire mécanique r ou à une vitesse angulaire électrique r =
pr. L’angle  varie avec  = rt+0. Le couple électromagnétique vaut :

é = √2 cos[( − ) + − − /2)
+ cos [2( − ) +2 −2 − /2] (25.6)

Il varie dans le temps autour d’une valeur moyenne nulle.


On peut expliquer ce résultat de la manière suivante. Les courants d’induit créent un
champ magnétique tournant à la vitesse angulaire  (). Le courant inducteur crée un champ
magnétique tournant à la vitesse r (r). Le premier champ tourne par rapport au second à la
vitesse  - r. La période du mouvement relatif vaut : Tr = 2/( - r). Pendant une demi-
période (Tr/2) du mouvement relatif, le champ d’induit est en avance par rapport au champ
inducteur et tend à accélérer le rotor. Pendant la demi-période (Tr/2) suivante, le champ d’induit
est en retard sur le champ inducteur et temps à ralentir le rotor.
Pour démarrer une machine synchrone, on s'arrange pour obtenir une vitesse relative ω-ωr
faible, c.-à-d. une grande période Tr du mouvement relatif. Cette condition est obtenue en
Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.7
donnant à ωr une valeur proche de ω avant le couplage de la machine au réseau, c.-à-d. en
faisant tourner au préalable le rotor de la machine à coupler au réseau. Dans ce cas, le couple
d'accélération développé durant une demi-période du mouvement relatif peut accélérer
suffisamment le rotor jusqu’à le faire tourner à une vitesse r (r) égale à (). A
l'enclenchement, après un régime transitoire, ωr devient égal à ω. Le rotor tourne alors au
synchronisme sous l’action d’un couple électromagnétique Cém constant ( = r) : on dit que le
rotor de la machine s'accroche.
Notons que le rotor peut ne pas s'accrocher. Son comportement après la fermeture de
l'interrupteur K des figures 25.4 et 25.7 dépend de la valeur du glissement initial go=(ω-ωr)/ω.
On montre dans la référence [16] que le rotor ne s'accroche que si le glissement initial go à
l'instant du couplage vérifie l'inégalité :
p S N I r  fr
g0  (25.7)
0,6  s N J
où J est le moment d'inertie et ωs la pulsation synchrone.
Ir = I/IN = V/XsIN est, en grandeur réduite, la composante du courant d'induit due à la tension V;
ψfr = ψf /ψN = ωNψf / 2 VN est, en grandeur réduite, le flux totalisé de l'inducteur, avec ωN =
2πfN. Pour les grosses machines g0 doit être inférieur à environ 3%.
Les différents procédés de démarrage des machines synchrones sont décrits ci-dessous.
Le schéma de câblage est celui de la figure 25.10. Sur ce schéma, on a représenté des lampes
câblées pour feux battant. On peut aussi utiliser des lampes câblées pour feux tournants.

25.6 Procédé de synchronisation exacte

Le schéma de câblage est celui de la figure 25.10 sans la branche de la résistance RD. Le
couplage par synchronisation exacte consiste à vérifier les quatre conditions de couplage en
parallèle (section 25.1) avant de brancher la machine sur le réseau. Les étapes de ce procédé
sont les suivantes :
a) - A l'aide d'une machine motrice, on met le rotor en rotation, puis on accélère son rotor Ωr
jusqu'à la vitesse de synchronisme Ωs ou jusqu'à une vitesse proche d'elle.
b) - On ferme l'interrupteur K1 du circuit d'excitation, puis on règle le courant d'excitation If à une
valeur telle que la tension VA aux bornes de la machine synchrone soit égale à la tension VR du
réseau. On vérifie cette condition à l'aide des voltmètres branchés respectivement sur le réseau
et aux bornes de la machine synchrone.
c) - On vérifie l'ordre de succession des phases comme expliqué dans la section 25.3.
d) - On ajuste la vitesse de rotation Ωr du rotor de la machine synchrone afin de la rapprocher le
plus possible de la vitesse de synchronisme Ωs. On vérifie cette condition à l'aide de deux
fréquencemètres branchés respectivement sur le réseau et aux bornes de la machine
synchrone.
e) - En observant la variation de V = V A - V R à partir des voltmètres, des lampes ou du
synchronoscope, on ferme l'interrupteur K à l'instant où V = 0 .
Si l'interrupteur K est fermé à l'instant idéal, la machine synchrone fonctionne à vide (I = 0).
Si à l'instant d'enclenchement, Ωr > Ωs, la machine fonctionne en alternateur. Si à cet instant Ωr
< Ωs, la machine fonctionne en moteur.
Le procédé de synchronisation exact est applicable à toute machine synchrone munie
d’une machine motrice.
Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.8
25.7 Procédé d'auto synchronisation

L'opération de couplage par synchronisation exacte dure relativement longtemps (jusqu’à


10 minutes). Lorsque l'opération de couplage doit se faire en un temps très court, on peut
utiliser le procédé d'auto synchronisation qui n'exige pas un réglage précis des grandeurs de la
machine. Le schéma de câblage utilisé est celui de la figure 25.10, sans la branche de la
résistance RD. Les étapes de ce procédé sont les suivantes :
a) - L'enroulement d'induit étant débranché du réseau (interrupteur K ouvert) et l'enroulement
d'excitation étant débranché de l'excitatrice (interrupteur K1 ouvert), à l'aide d'une machine
motrice, on met le rotor en rotation, puis on l’accélère jusqu'à une vitesse proche de la vitesse
de synchronisme Ωs.
b) - On applique au circuit d'excitation une tension Vf suffisante pour obtenir dans l'enroulement
d'excitation un courant d'excitation If = Vf/Rf correspondant à une tension VA de la machine
synchrone égale à la tension VR du réseau. La tension Vf (ou la résistance du rhéostat
d’excitation Rexc) est déterminée expérimentalement, à l'avance, lors de l'essai à vide.
c) - On ferme l'interrupteur d'excitation K1, pour mettre l'enroulement d'excitation sous tension.
Tout de suite après, on ferme l'interrupteur K pour brancher l'enroulement d'induit sur le réseau
de tension VR. Après cette dernière manœuvre, la machine est le siège des phénomènes
transitoires relatifs aux courants d’excitation et aux courants d’induit. L'interaction de ces
courants engendre un couple électromagnétique périodique (25.6). Lorsque la condition
d'accrochage (25.7) est remplie, le rotor s'accroche.
Ce procédé met en jeu des valeurs élevées des courants et des forces électromagnétiques
transitoires qui peuvent affaiblir et détériorer la fixation des enroulements. Lorsque ces valeurs
ne sont pas dangereuses, ce procédé peut être appliqué à toute machine synchrone munie
d’une machine motrice.

25.8 Démarrage à fréquence variable

Le démarrage à fréquence variable est aussi appelé démarrage dos-à-dos. Durant ce


procédé, la condition (25.7) doit être remplie à partir du décollage du rotor. L'accrochage se
réalise à partir du décollage du rotor, à fréquence réduite. Ensuite on augmente la fréquence du
réseau progressivement jusqu'à la fréquence nominale, et en même temps la vitesse du rotor
augmente progressivement jusqu'à la valeur nominale.

Pour réaliser le démarrage à fréquence variable, on a besoin d'une source de fréquence f s


réglable dans de larges limites, d'environ 0 Hz à la fréquence nominale fN. D'autre part, le
courant d'induit I = V/Xs = V/ωsLs, dû à la tension V doit être maintenu au même niveau que le
courant à la fréquence nominale IN =VN/ωNLs. Pour ce faire, il est nécessaire que la tension varie
proportionnellement à la fréquence : V = (ωs/ωN)VN.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.9


Réseau

K3
I

AA AP

K1 K2
MA

IIfA
fp Fig.25.11 IIfpfA

Une telle variation de fréquence et de tension d'une machine synchrone principale Ap peut
être assurée par un alternateur synchrone auxiliaire AA. Ce dernier est entraîné
progressivement à courant d'excitation constant par une machine motrice MA de l'arrêt à la
vitesse nominale. On peut aussi utiliser un convertisseur de fréquence. La figure 25.11 donne le
câblage pour le démarrage à fréquence variable d'une machine synchrone principale Ap à l'aide
d'un alternateur auxiliaire AA. Les étapes de cette opération sont les suivantes :
a) - On ferme les interrupteurs K1 et K2 qui relient entre eux les enroulements d'induit des deux
machines synchrones.
b) - A partir d'une source indépendante, on excite la machine synchrone principale Ap ainsi que
l'alternateur auxiliaire, respectivement par des courants d'excitation fp et fA. Pour qu'un courant
 d'induit puisse circuler de AA à Ap, il faut que fA soit légèrement supérieur à fp .
c) - A l'aide du moteur auxiliaire MA, on met l'alternateur auxiliaire AA en marche, en augmentant
progressivement sa vitesse de rotation.
d) - Lorsque la vitesse de rotation du moteur auxiliaire atteint la valeur Ωr = ω/p exigée, selon la
relation (25.7), pour l'accrochage du rotor de la machine synchrone principale Ap, ce rotor
démarre, s’accroche et tourne à la même allure que le rotor du moteur auxiliaire.
e) - On augmente progressivement (pour maintenir le synchronisme) la vitesse angulaire du
rotor de l'alternateur auxiliaire jusqu'à sa valeur nominale ΩAN = ωN/pA. La fréquence augmente
donc progressivement jusqu'à sa valeur nominale fN = ωN/2π = pAΩNA/2π. Simultanément la
vitesse angulaire du rotor de la machine synchrone principale augmente jusqu'à sa valeur
nominale ΩpN = 2πfN/pp= (2π/pp)(pAΩNA/2π) = ΩNApA/pp.
f) - A la fin du démarrage, on couple les machines sur le réseau qui ne subit de ce fait aucune

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.10


perturbation inhérente au démarrage asynchrone.
Contrairement au démarrage asynchrone (section 25.9), le démarrage à fréquence variable
présente l'avantage de ne faire appel pratiquement qu'à un échange de puissance active entre
les deux machines et de ne pas soumettre les enroulements amortisseurs à une sollicitation
thermique.
Le démarrage à fréquence variable est également appliqué pour entraîner les rotors des
alternateurs au cours des essais.

25.9 Démarrage asynchrone

Le schéma de câblage est celui de la figure 25.10 avec la branche de la résistance RD.
Supposons que le rotor de la machine synchrone soit à l'arrêt. Si on branche l'enroulement
statorique sur un réseau de tension V1 et de fréquence f1, les courants d'induit créent un champ
magnétique tournant à la vitesse synchrone Ωs = 2πf1/p.
Supposons que l'enroulement d'excitation soit fermé sur une résistance RD et que le rotor
soit équipé d'un enroulement amortisseur (figure 25.10). Le champ magnétique tournant de
l’induit se déplace par rapport au rotor à une vitesse relative Ωs-Ωr = gΩs et crée dans les circuits
rotoriques des courants induits de fréquence f2 = gf1.
L'interaction entre le champ magnétique de l’induit et les courants rotoriques crée un
couple électromagnétique asynchrone Cém.a (figure 17.1).
Au début du démarrage, le glissement est égal à l'unité (g = 1) et la vitesse de rotation du
champ de l’induit par rapport au rotor est élevée. Si l'enroulement d'excitation était ouvert durant
le démarrage, il serait le siège d'une f.é.m. élevée qui peut endommager son isolation. C'est
pour cette raison qu'au cours du démarrage, l'enroulement d'excitation est soit court-circuité,
soit fermé sur une résistance de démarrage RD. Dans le premier cas, la tension aux bornes de
l’inducteur est nulle. Dans le second cas, pour RD  5 Rf, cette f.é.m. ne dépasse pas la tension
nominale de cet enroulement.
Le démarrage asynchrone d'une machine synchrone se fait de la même manière que le
démarrage d'un moteur asynchrone (section 17.3). Si, après l’alimentation de l'enroulement
statorique, le couple résistant Cr est inférieur au couple électromagnétique Cém.a, le rotor se met
en rotation, avec une accélération dΩ/dt = (Cém.a-Cr)/J . La vitesse du rotor croît jusqu'à la valeur
Ω0 = Ωs(1-go) pour laquelle l'égalité Cém.a = Cr est vérifiée.
Supposons que le glissement go satisfasse la condition (25.7). Si alors, on ferme
l'interrupteur K1 et si on ouvre l'interrupteur K2, un courant s'établit dans l'enroulement
d'excitation. La condition (25.7) étant satisfaite, le rotor s'accroche.
Compte tenu du schéma de la figure 25.10, voici les étapes du démarrage asynchrone
d'une machine synchrone :
a) - Avant le démarrage, on place le curseur du rhéostat d'excitation Rexc dans une position telle
que le courant d'excitation If = Vf/(Rf+Rexc) soit suffisant pour assurer l'accrochage du rotor
conformément à la condition (25.7).
b) - On débranche l'enroulement d'excitation de l'excitatrice et on le ferme sur la résistance de
démarrage RD (interrupteur K1 ouvert et interrupteur K2 fermé).
c) - A l'aide de l'interrupteur K, on branche l'enroulement d'induit sur le réseau (interrupteur K
fermé). Sous l'action du couple asynchrone, le rotor décolle et accélère jusqu'au glissement go.
d) - On met l'enroulement d'excitation sous tension. Pour que l'enroulement d'excitation ne soit
pas momentanément ouvert (tension élevée), on ferme d'abord l'interrupteur K1, ensuite on
ouvre l'interrupteur K2. Si le glissement go est suffisamment petit (conditions 25.7), le rotor du

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.11


moteur s'accroche au cours de l'établissement du courant d'excitation.
e) - Si le démarrage se fait à vide (Cr = 0), après l'accrochage, le moteur est chargé jusqu'au
couple résistant Cr voulu. Ensuite le courant d'excitation est réglé à une valeur correspondant
au facteur de puissance souhaité.

Remarques
- La caractéristique du couple asynchrone est améliorée si l'on introduit une résistance
additionnelle RD dans le circuit de l'enroulement d'excitation (section 17.3.1).
- Lorsque le couple résistant est grand, la machine doit être démarrée à tension d'induit
nominale VN. Dans ce cas, au démarrage, le courant d’induit Id et le courant d'excitation Ifd sont
assez élevés. Pour réduire ces courants on peut démarrer la machine sous une tension d’induit
réduite à l’aide d’un autotransformateur ou des inductances en série avec les phases
statoriques. Malheureusement une réduction de la tension d’induit conduit à une réduction du
couple asynchrone.
- Les courants élevés circulant dans les enroulements au démarrage provoquent un
échauffement intensif de ces enroulements. La température des enroulements ne devrait pas
être supérieure à 250°C.
- Le couplage par le procédé de démarrage asynchrone est une solution intéressante qui fait
appel à la machine elle-même pour son démarrage. Malheureusement elle impose des
sollicitations importantes à la machine et au réseau.

25.10 Fonctionnement asynchrone d'une machine synchrone

Grâce à l'enroulement amortisseur, la machine synchrone peut fonctionner non seulement


en régime synchrone, mais aussi en régime asynchrone. Le couple asynchrone est développé
chaque fois que la vitesse angulaire du rotor s’écarte de la vitesse de synchronisme. Les
conditions de décrochage ont été discutées dans les sections 23.15 et 24.15. Plus la vitesse du
rotor s'écarte de la vitesse de synchronisme, plus le couple électromagnétique asynchrone
croît. Pour une certaine valeur du glissement g, il peut y avoir un équilibre entre le couple
extérieur et le couple électromagnétique asynchrone. La machine synchrone fonctionne en
moteur asynchrone en régime permanent. Peut-on conserver ce régime asynchrone? Si oui,
pendant combien de temps.
Après le passage de la machine au régime asynchrone, on doit fermer l'enroulement
d'excitation sur une résistance RD (fermer l'interrupteur K2 et ouvrir l'interrupteur K1). Cette
opération supprime le couple synchrone, alternatif, de la relation (25.6), lequel est à la base des
fluctuations de la vitesse de rotation et des oscillations des courants d'induit. La machine
fonctionne alors en régime asynchrone permanent (g fixe), à puissance active P fixe, en
consommant une puissance réactive Q. La durée admissible de ce régime asynchrone est
déterminée à l’aide d’un calcul thermique à partir des pertes engendrées dans les circuits
rotoriques pcu2 = gPém  gP.
Pour éviter la consommation de la puissance réactive, on doit ramener la machine au
synchronisme après avoir éliminé la cause du décrochage. Cette resynchronisation se déroule
de la même manière que l'auto synchronisation (section 25.7). Le glissement g en régime
asynchrone peut être supérieur à la valeur go exigée, selon la relation (25.7). Dans ce cas, on
doit décharger la machine avant de procéder à la resynchronisation.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 25.12


Chapitre 26

RÉGIME DÉSÉQUILIBRÉ DE LA MACHINE SYNCHRONE


26.1 Équations de la machine

L'analyse des régimes déséquilibrés se fait à l'aide de la méthode des composantes


symétriques (section 1.4.2).
Considérons une machine synchrone à pôles lisses dont l'enroulement d'excitation est
parcouru par un courant constant If. Supposons que le circuit magnétique n'est pas saturé et
que la vitesse de rotation du rotor est constante. Les f.é.m. , et des phases de
l'enroulement statorique forment un système triphasé symétrique, avec :
2
E fa = E f , E fb = a E f , E fc = a E f

E fa jXP Ra
Ia a

jXm
E fb jXP b
Ra Ib Va
jXm
jXm
E fc jXP Ra Ic c Vb

Ia  I b  Ic Vc

ZN N

Fig.26.1

Zd Zi Zh Ih
Id Ii

Ef Vd Vi 3Z N Vh

a) b) c)

Fig.26.2
Le schéma équivalent de la machine, impliquant les trois phases est repris sur la figure 26.1.
Sur cette figure Xp est la réactance propre de chaque phase, Xm la réactance mutuelle entre
phases, et ̅ l’impédance du neutre.
Écrivons la seconde loi de Kirchhoff pour les trois phases :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 26.1


E fa = (Ra + j X p + Z N )I a + (j X m + Z N )I b + (j X m + Z N )I c +V a
E fb = (j X m + Z N )I a + (Ra + j X p + Z N )I b + (j X m + Z N )I c +V b (26.1)

E fc = (j X m + Z N )I a + (j X m + Z N )I b + (Ra + j X p + Z N )I c +V c
Sous forme matricielle, les relations (26.1) s'écrivent :
 E fa   Z p Z m Z m   I a  V a 
      
 E  = Z Z p Z m   I b  + V b  (26.2)
 fb   m    
      
 E fc   Z m Z m Z p   I c  V c 
avec Z p = Ra + j X p + Z N , Z m = j X m + Z N .
En utilisant les mêmes notations que dans la section 1.4.2, la relation (26.2) s'écrit sous la
forme condensée suivante :
[ E fabc ] = [ Z abc ][I abc ] + [ V abc ] (26.3)
En utilisant la transformation de Fortescue (1.45), on peut écrire :
[ T ] -1 [ E fabc ] = [ T ] -1 [ Z abc ][ T ][I dih ] + [ T ] -1 [ V abc ] (26.4)
avec :
1 a a 2   E f   3  E f 
   
1  E  
[ T ] -1 [ E fabc ] = 1 a 2 a   a 2 E f  = f 0  =  0  (26.5)
3   3
0   
1 1 1  a E f 
    0 
 
[ T ] -1 [ V abc ] = [ V dih ] (26.6)
[ Z dih ] = [ T ] -1 [ Z abc ][ T ]
1 a a 2   Z p Z m Z m   1 1 1
1   
= 1 a 2 a   Z m Z p Z m  a 2 a 1 (26.7)
3   
1 1 1  Z m Z m Z p   a a 2 1

 
Le calcul du membre de droite de la relation (26.7) a été réalisé dans la section 1.4.2.b. Les
résultats sont repris dans les relations (1.59) à (1.60), soit :
Z dd = Z p - Z m = Ra + j( X p - X m )  Z d (26.8)

Z ii = Z p - Z m = Ra + j( X p - X m )  Z i (26.9)

Z hh = Z p + 2 Z m = Ra + j( X p + 2 X m ) + 3 Z N  Z h  3Z N (26.10)
Dès lors, la relation (26.4) s’écrit :

Machines électriques - Kamabu Tsongo 26.2


 E f  Z d 0 0  I d  V d 
      
 0  =  0 Zi 0  I i  +  V i  (26.11)
      
 0   0 0 Z hh   I  V h 
   h

26.2 Schémas équivalents

Les schémas équivalents de la machine peuvent être synthétisés à partir de la relation


(26.11). La figure 26.2.a donne le schéma équivalent direct, la figure 26.2.b le schéma
équivalent inverse et la figure 26.2.c le schéma équivalent homopolaire. Ces schémas
équivalents peuvent également être utilisés pour la machine synchrone à pôles saillants.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 26.3


Chapitre 27

MACHINES SYNCHRONES SPÉCIALES


27.1 Moteur synchrone à réluctance variable

C'est un moteur synchrone à pôles saillants dont le rotor ne porte aucun enroulement
inducteur. Son stator est semblable à celui d'une machine synchrone normale (figure 27.1).
Compte tenu de la relation (24.60), le couple électromagnétique d'un moteur triphasé à
réluctance variable vaut (f = 0, Ef = 0) :
3p V 2  1 1 
C ém =  -  sin 2 (27.1)
 2  X q X d 
Pour améliorer les performances de ce moteur, on renforce l'anisotropie magnétique
suivant les deux axes d et q. Ce renforcement est obtenu par exemple par un choix du rapport
arc polaire/pas polaire inférieur à 0,5 de sorte que le rapport Xq/Xd soit proche de 0,5.

Fig.27.2

Fig.27.1

Les moteurs à induction étudiés dans la sixième partie peuvent être transformés en moteur
synchrone à réluctance variable. Considérons, par exemple, le rotor à cage d'écureuil d'un
moteur asynchrone (figure 27.2). On supprime un certain nombre de dents rotoriques, sans
toucher aux barres et aux connexions d'extrémité. Le stator peut être polyphasé ou
monophasé.
Le démarrage se fait de la même manière que celui d'un moteur asynchrone. Ce
démarrage asynchrone porte le rotor à une vitesse proche de celle de synchronisme. Le couple
réluctant naît alors de la tendance du rotor à se positionner, dans la position de réluctance
minimum, par rapport au champ tournant dû aux courants statoriques. Ce couple réluctant est
alternatif : accélérateur durant un demi-cycle puis décélérateur durant l'autre demi-cycle.
Lorsque l'inertie du rotor et le couple résistant sont suffisamment faibles, le rotor peut, pendant
le demi-cycle d'accélération, atteindre la vitesse synchrone. Le rotor s’accroche et continue
alors à tourner à cette vitesse.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 27.1


Le moteur synchrone à réluctance variable est fabriqué pour des faibles puissances,
inférieures à environ 5 kW.

27.2 Moteur asynchrone synchronisé

Le moteur asynchrone a un grand couple de démarrage et un assez faible facteur de


puissance. Le moteur synchrone a un bon facteur de puissance mais un couple de démarrage
moyen nul. Ces considérations ont inspiré l'idée de prendre une solution mixte, celle du moteur
asynchrone synchronisé.

a a

ic ib

c b
c b

Fig.27.3 Fig.27.4
Cette solution est obtenue à partir d’un moteur asynchrone ordinaire. On le démarre en
asynchrone. Lorsque le démarrage est terminé, on alimente l’enroulement rotorique par un
courant continu. Les figures 27.3 et 27.4 présentent une solution qu’on peut utiliser pour les
machines à bagues de petite puissance.
Le stator a une constitution semblable à celle d’un moteur synchrone ou d’un moteur
asynchrone. Lorsqu’une phase rotorique est court-circuitée (figure 27.3), elle joue le rôle de
l’enroulement amortisseur.

27.2 Moteur à hystérésis

Le stator du moteur à hystérésis est semblable à celui d'une machine synchrone ordinaire.
Dans les encoches statoriques on place les conducteurs d’un enroulement polyphasé. Le rotor
de ce moteur est un simple cylindre en matériau magnétique dur sans enroulement ni dents
(figure 27.5.a).
Les courants d’induit créent une f.m.m. ℱ⃗ tournant à la vitesse de synchronisme. Cette
f.m.m. tournant ℱ⃗ crée au rotor un champ magnétique d’induction ⃗ . Cependant, à cause de
l’hystéresis, l’axe du champ magnétique ⃗ du rotor retarde par rapport à la f.m.m. ℱ⃗ qui le
crée d’un angle . L’interaction entre la f.m.m. ℱ⃗ du stator et le champ rotorique ⃗ donne
naissance à un couple électromagnétique proportionnel à la f.m.m. ℱ⃗ du stator, au flux du
champ rotorique ⃗ et à sin . Si le couple résistant est inférieur au couple électromagnétique,
le rotor prend de la vitesse.

Machines électriques - Kamabu Tsongo 27.2


Fs

 Cém
BR

Ω
ΩS

a) b)
Fig.27.5

L’angle  dépend seulement du cycle d’hystérésis du matériau du rotor. Il reste donc


constant du décollage au synchronisme si le flux reste constant. Par conséquent, le couple
électromagnétique reste constant de l’arrêt au synchronisme (figure 27.5.b). Après le
démarrage, le moteur tourne au synchronisme. Chaque fois que le couple résistant varie tout
en restant inférieur au couple de décrochage Cmax du moteur, celui-ci ajuste l’angle  afin de
développer le couple requis.

27.4 Machine synchrone monophasé

Le stator d'une machine synchrone monophasé est muni d'un enroulement d'induit
monophasé (section 8.4.5, figure 27.6). Cet enroulement crée un champ pulsant qui peut être
décomposé en deux champs tournant. Le champ direct tourne en synchronisme avec le rotor
(Ωr = Ωs). Ce champ direct interagit avec le champ d'excitation pour créer un couple synchrone
de la même manière que dans une machine synchrone triphasée ordinaire.

Vf

Fig.27.6

Le champ inverse tourne à la vitesse Ωi = -Ωs par rapport au stator, c.-à-d. à une vitesse Ωi-
Ωr = -Ωs-Ωs = -2Ωs par rapport au rotor. Le glissement du rotor par rapport au champ inverse
Machines électriques - Kamabu Tsongo 27.3
vaut : g2 = (Ωi-Ωr)/Ωi = (-Ωs-Ωs)/-Ωs = 2. Ce champ inverse induit dans les circuits rotoriques des
courants dont la fréquence fi est le double de la fréquence du réseau : fi = g2fd = 2f. Le champ
inverse interagit avec le champ rotorique pour créer un couple électromagnétique alternatif
(section 25.5) de fréquence fi = 2f. Le couple électromagnétique résultant a donc une forte
composante alternative.
Il est donc nécessaire d'amortir l'effet du champ inverse dans une machine synchrone
monophasée. A cet effet, on prévoit sur le rotor d'une machine synchrone monophasé, un
enroulement amortisseur complet dont les éléments ont des sections renforcées. En charge,
l'enroulement amortisseur est le siège des pertes ohmiques qui réduisent le rendement de la
machine monophasée.
La machine synchrone monophasée présente les inconvénients suivants : un faible
rendement, un coût élevé et des vibrations importantes (nécessitant une suspension élastique).
A cause de ces inconvénients, son utilisation est limitée à des cas spéciaux (alimentation des
réseaux monophasés de traction).

Machines électriques - Kamabu Tsongo 27.4


Chapitre 28

REGIME TRANSITOIRE D’UNE MACHINE SYNCHRONE


Lorsqu’on applique brusquement un court-circuit triphasé aux bornes d’une machine
synchrone, le courant de court-circuit i comprend une composante apériodique et une
composante périodique. La composante apériodique est un courant continu décroissant
avec le temps et dont la valeur dépend de l’instant où le court-circuit est appliqué. La
variation de la composante périodique est illustrée sur la figure 28.1.
i
Im(t)

Fig.28.1

Sur la figure 28.1, on a représenté en trait interrompu l’enveloppe de la courbe de la


composante périodique. Cette enveloppe représente la courbe de l’amplitude m(t) de la
composante périodique du courant. On préfère utiliser la courbe de la valeur efficace (t) =
m(t)/√2 de la composante périodique. Celle-ci est représentée sur la figure 28.2.a.

I  I(t)  I m (t) 2
I

I
t
t1 t2
a)
Xd

Xd X(t)

Xd t
t1 t2
b)

Fig.28.2

Machines électriques - Kamabu Tsongo 28.1


Il devient alors difficile d’appliquer les méthodes d’analyse des circuits utilisées pour
les régimes permanents. En effet, pour calculer le courant (t) à partir du schéma
équivalent de la figure 28.3, il faudrait que la f.é.m. Ef et/ou l’impédance Z(X, R) varient
avec le temps (Étant donné que la résistance R est négligeable, nous appliquerons notre
raisonnement sur la réactance X). Pour contourner cette difficulté, on considère que la
f.é.m. Ef reste constante et que la réactance X varie avec le temps. On la note alors X(t).
Théoriquement, la réactance X(t) devrait varier selon la courbe en trait interrompu de
la figure 28.2.b. Cependant dans les applications pratiques, il est suffisant de considérer
une variation par paliers. Dès lors, les paliers de la courbe du courant donnent les valeurs
suivantes (figure 28.2.a) :
’’ : courant subtransitoire, 0  t < t1 avec t1  0,04 s ( 2 périodes)
’ : courant transitoire, t1  t < t2 avec t2  0,1 à 1 s
 : courant permanent, t > t2 plusieurs secondes après l’apparition du défaut.
De même, les paliers de la courbe de la réactance X(t) donnent les valeurs suivantes
(figure 28.2.b).
X d''  E f / I " : la réactance subtransitoire
X d'  E f / I ' : la réactance transitoire
X d  E f / I : la réactance synchrone (Xs)
Rappelons que la f.é.m. synchrone Ef est égale à la tension aux bornes de la
machine à vide. Les valeurs déduites de la courbe du courant de court-circuit sont donc
les suivantes :
X d" : la réactance subtransitoire d’axe direct,
X d' : la réactance transitoire d’axe direct,
X d : la réactance synchrone d’axe direct.
Une analyse approfondie permet de définir :
X q" : la réactance subtransitoire d’axe en quadrature,
'
( X q : la réactance transitoire d’axe en quadrature),
X q : la réactance synchrone d’axe en quadrature.
Toutes ces valeurs sont fournies par le constructeur de la machine. A Titre d’exemple,
voici les paramètres d’une machine synchrone :
Xd =1,9 p.u. X d' = 0,25 p.u. X d" = 0,2 p.u.
'
Xq = 1,85 p.u. ( X q = 0,5 p.u.) X q" = 0,2 p.u.

jX
R

Ef It 

Fig.28.3

Machines électriques - Kamabu Tsongo 28.2

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