Mieux gérer ses_priorités
Mieux gérer ses_priorités
Mieux gérer ses_priorités
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Ce guide pratique, organisé en cinq grandes parties, va Une méthode
Njfvyhsfs
vous permettre, à l’aide d’outils, de cas pratiques et de éprouvée par l’auteur
questionnaires, de mieux gérer vos priorités, de gagner du dans son métier
temps et de savoir prendre du recul grâce à la méthode
« FOCUS » : Des outils simples
mpnpobdp/mjwfhbmfsjf/dpn0Qipup;ªQftlzNpolfz/
l’efficacité professionnelle. Il est maître de conférences à Sciences-Po Paris.
HsbseSPEBDI
Vous pouvez le retrouver sur le site : www.dalett.com et sur son blog
www.herculemartinmanager.com.
Code éditeur : G54697 • ISBN : 978-2-212-54697-2
9 782212 546972
Déjà parus :
Mjwsft Pvujmt
20 A
user 189 at Thu Jul 29 09:47:48 +0200 2010
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MIEUXGÉRERSESPRIORITÉSETSONTEMPS
MIEUXGÉRER
SES PRIORITÉS
ET SON TEMPS
Deuxième édition
Vous savez (ou pensez savoir) gérer vos priorités et votre temps.
Bien sûr, c’est parfois volontaire et d’autres fois involontaire
lorsque vous devez vous adapter aux personnes et aux situations.
Alors, pourquoi lire un tel livre ? La durée et le contenu de vos
activités, qu’elles soient personnelles, sociales ou professionnelles
tendent à varier. Vous pouvez être satisfait ou non de l’utilisation
de l’espace-temps à votre disposition. Vous pouvez à tout moment
avoir envie d’en faire plus ou moins, de travailler mieux ou diffé-
remment, de mieux profiter de vos instants de repos ou de lancer
de nouvelles activités…
C’est tout l’enjeu de ce livre de vous faire non seulement analyser
votre rapport au temps, mais aussi de vous accompagner pour
mieux répondre à vos besoins et votre gestion des priorités.
« Facile à dire ! » pouvez-vous dire. Vous avez déjà essayé de
nombreux trucs et astuces (avec plus ou moins de succès), votre
temps dépend des autres, vous avez des contraintes particulières,
bref beaucoup de bonnes raisons pour essayer et ne pas réussir.
Pourtant, vous feuilletez ce livre. Alors, laissez-nous vous donner
cinq bonnes raisons d’en continuer la lecture :
• Il n’y a pas de recettes miracles pour tout bien faire ; vous pouvez
toutefois grandement améliorer votre usage du temps sans des
efforts surdimensionnés.
• Vous devez partir du principe que vous ne pourrez jamais faire
tout ce que vous avez prévu de faire. Cependant, si vous êtes
capable de réaliser ce que vous estimez être le principal, vous en
tirerez une grande satisfaction. C’est ce qui s’appelle « gérer ses
priorités ». Vous apprendrez à faire le distinguo entre « gérer son
© Groupe Eyrolles
• Mieux gérer ses priorités suppose être cohérent avec ce que vous
estimez être vos objectifs. C’est en rendant ceux-ci plus clairs
dans votre esprit que vous pourrez progresser dans cette démar-
che. Comment les identifier ? Comment rendre prioritaire leur
atteinte ?
• L’atteinte de vos objectifs passe alors peut-être par un développe-
ment de vos compétences (mieux anticiper, mesurer ses progrès,
gagner du temps dans les réunions…). Vous trouverez dans ce
livre de nombreux outils illustrés par des tableaux et des cas
pratiques qui vous aideront dans cette voie.
• L’atteinte de vos objectifs peut être liée aussi à votre rapport à
autrui (ne pas savoir dire non, savoir demander de l’aide…). Ce
n’est plus seulement une affaire de compétences techniques, mais
aussi une réflexion sur vous et vos comportements. Des grilles
d’analyse vous faciliteront la démarche.
Pour vous aider à répondre à ces besoins, le livre est composé de
cinq parties :
• Apprécier les Faits : vos réalisations et votre rapport au temps.
• Partir de vos Objectifs pour définir vos priorités.
• Développer vos Compétences en termes de gestion du temps et
des priorités.
• Améliorer les Usages que vous en faites.
• Faire progresser votre Savoir-faire pour un meilleur rapport à
autrui.
Chacun des chapitres composant les différentes parties
comprend :
• des apports pour réussir l’étape ;
• des outils pour apprécier vos actions ;
• un ou des cas pratiques qui illustrent leur utilisation ;
© Groupe Eyrolles
• une synthèse ;
• des questions à vous poser pour vérifier l'acquisition de compé-
tences.
PARTIE 1
Apprécier les faits:
ses réalisations et son rapport au temps ..................... 21
PARTIE 2
Partir de vos objectifs pour définir vos priorités ....... 57
PARTIE 3
Développer ses compétences
en termes de gestion du temps et des priorités........ 89
PARTIE 4
Améliorer les usages que vous en faites .................... 121
PARTIE 5
Faire progresser votre savoir-faire
grâce à un meilleur rapport à autrui ............................ 153
10. Ne pas dire oui si vous avez envie de dire non!................. 171
Derrière la peur de dire non ............................................. 171
Oser dire non .................................................................... 175
Les alternatives au non ..................................................... 180
Synthèse ............................................................................ 182
Index.............................................................................................. 197
Quel rapport avez-vous avec les autres (au niveau des priori-
tés) ? Ces derniers viennent-ils vous voir et vous solliciter ? Ou
est-ce vous qui allez plutôt vers les autres ? Les organisations
Mieux gérer vos priorités, c’est savoir vous concentrer sur l’essentiel.
Les cinq parties de ce livre développent ces thèmes. À la fin, vous
trouverez, en guise de synthèse, quelques outils vus tout au long
de cette démarche pour vous permettre de bâtir votre plan de
progrès.
Bonne lecture !
© Groupe Eyrolles
APPRÉCIERLESFAITS:
SESRÉALISATIONS
ETSONRAPPORTAUTEMPS
© Groupe Eyrolles
1. Une personne proactive est celle qui « anticipe les attentes et prend l’initiative de
l’action. » (Le Petit Robert)
Les réunions
Ce sont les réunions que vous avez avec votre équipe, avec vos
collègues… En somme, toutes celles qui permettent une bonne
Ce sont celles qui n’ont pas de valeur ajoutée pour vous, mais
servent à d’autres services. Les temps morts sont les temps perdus
en transport et attentes diverses.
Entretiens en face-à-face
Urgences
Tâches administratives
J1 matin
J1 après-midi
J2 matin
J2 après-midi
J3 matin
J3 après-midi
J4 matin
J4 après-midi
J5 après-midi
Total
Classement
Analyser son activité
29
30 Apprécier les faits: ses réalisations et son rapport au temps
% du temps
% du temps consacré à Quelles
% du temps d’activités des activités conclusions
d’activités avec une avec la pleine en tirez-vous ?
imposées certaine marge maîtrise Vos marges de
de manœuvre du moment progrès ?
et du lieu © Groupe Eyrolles
Cela ne veut pas dire que vous vous sentez « décideur ». Pour-
quoi ? Parce que votre liberté d’action est limitée : ces réunions
sont plus ou moins obligatoires ou, à tout le moins, intégrées
dans une routine. Finalement, vous réalisez que votre marge de
manœuvre est faible sur vos 40 % de temps dit proactif.
Ce paradoxe s’explique : ce n’est pas parce que vous choisissez la
manière d’employer votre temps que vous le gérez correctement.
Au sens large du mot, la proactivité est la liberté de manœuvre
possible sur la gestion des tâches imposées. Plus précisément, c’est
la capacité à organiser ses priorités et celles de son équipe dans le
but de mieux travailler – ou de faire travailler – à court ou moyen
terme. Ainsi, l’autonomie dans le travail ne se traduit pas unique-
ment par le temps dont vous disposez, mais aussi par les marges de
manœuvre et de responsabilité qui vous sont accordées.
Pour vous sentir proactif, vous devez impérativement vous donner
les moyens d’atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés précé-
demment. Vous transformerez alors du temps subi en temps choisi, et
deviendrez capable d’anticiper et d’être force de proposition.
que vous ?
Apprenez à connaître ceux qui vous entourent pour mieux les comprendre.
d’aller plus loin, il est important que vous identifiiez vos besoins.
Est-ce une démarche globale que vous recherchez ou bien pensez-
vous vous concentrer sur un ou plusieurs thèmes ?
Indiquez dans le tableau suivant si vous êtes en accord avec les affirmations
Autodiagnostic
proposées.
Tout à Plutôt en
Plutôt
fait opposi-
d’accord
d’accord tion
Il est impératif de remettre régulièrement en
1
question ses méthodes de travail.
Pour éviter de se retrouver «piégé» par les
urgences, il est nécessaire d’avoir une grille
2
des priorités partagée avec son responsable et
ses collaborateurs.
Savoir tirer parti de l’expérience des autres et
3
vouloir garder ses habitudes est antinomique.
Planifier consiste en partie à se donner une
4
marge de liberté pour gérer les imprévus.
En effectuant un tri entre ce que nous aimons
5 faire et ce que nous devons faire, il est possible
de gagner du temps.
Je sais m’organiser pour avoir des séquences
6
de travail productives.
Le travail en réunion est à la fois source
7
d’échanges, d’actions et de décisions.
Conscient que mes équipiers n’ont pas le
8 même rapport au temps que moi, j’en tiens
compte dans mes relations avec eux.
Je sais trouver un juste équilibre entre agir et
9
réagir.
Je sais résister aux pressions de ma hiérarchie
10
pour protéger mon équipe projet.
Comptez + 5points par réponse «Tout à fait d’accord», + 2points par «Plutôt
d’accord» et - 2points par «Plutôt en opposition»:
– entre 40 et 50points, vous êtes normalement paré pour gérer vos priorités;
– entre 15 et 39points, vous avez une marge de progrès. Les conseils de cet ouvrage
© Groupe Eyrolles
Quels sont les syndromes que vous observez dans votre gestion
du temps et des priorités à ce stade ?
Oui Non
Je n’y arriverai pas
J’ai le sentiment de toujours faire plus de la même manière
Je suis en compétition avec les autres
C’est leur faute si je n’y arrive pas
Stress
Savoir s’interroger
Quelques interrogations à propos de vos réponses :
• Je n’y arriverai pas : ce sentiment est lié à l’image que vous avez de
vos objectifs (les vôtres ou ceux de votre entreprise). Ce manque
de confiance dans votre capacité à atteindre vos objectifs peut
être dû à une gestion des priorités non adaptée, à des urgences
qui vous empêchent de faire ce que vous voudriez faire pour
progresser ou bien encore à votre difficulté de savoir dire non.
• J’ai le sentiment de toujours faire plus de la même manière : plus
vous allez vite dans votre travail, plus vous êtes tenté de le faire
de la même manière. Aussi, sortir de cette spirale infernale
suppose intégrer de nouvelles méthodes. Facile à dire, pourriez-
vous penser, encore faut-il avoir la possibilité de prendre un peu
de recul… ou savoir demander de l’aide.
• Je suis en compétition avec les autres : ce sentiment de compétition
est-il réel (culture d’entreprise) ? ou lié à vos propres croyances ?
Que ce soit en réunion ou dans le rapport en face-à-face, vous
devez d’abord être clair avec vous-même et vos objectifs avant de
travailler sur votre relation à autrui.
• C’est leur faute, si je n’y arrive pas : cette soumission aux autres,
© Groupe Eyrolles
à vous-même ?
Les problèmes de gestion du temps et des priorités sont la partie émergée d’un iceberg:
cela peut cacher toutes sortes d’interrogations… et de sources de progrès.
SYNTHÈSE
Nous estimons avoir plus de travail que nous ne pouvons en
accomplir dans le temps imparti. Un premier pas vers une gestion
correcte des priorités consiste à analyser son activité, pour tenter
de comprendre la répartition des tâches effectuées au quotidien.
Vous avez pris conscience, à ce stade, de quelques réalités que
vous n’ignorez pas (ex. la part de l’urgence), mais aussi d’autres
plus inattendues.
© Groupe Eyrolles
Quand Martine est devenue responsable il y a un an, son encadrant lui a confié: «La clef
Cas pratique
Depuis leur dernière entrevue, Martine a approximativement noté à la fin de chaque demi-
journée le temps consacré aux différentes tâches: 70% de son temps est absorbé par les
réunions, les projets et les urgences. Elle n’est guère étonnée: «J’ai des arguments pour
l’expliquer!»
Arrivée dans la salle de réunion, elle reporte ses chiffres sur le tableau dessiné par Thierry.
Les chiffres des quatre collègues sont assez similaires.
Marc suggère de répartir le temps entre les tâches qu’ils décident ou conduisent et celles
qui leur sont imposées. «Par exemple, leur explique-t-il, vous avez parfois la charge d’une
réunion et vous avez alors une certaine liberté quant à sa durée et à son organisation. À
l’opposé, il arrive que vous soyez "convié" à une réunion durant laquelle votre participa-
tion active ne sera peut-être que d’un quart d’heure sur une durée totale de deux heures.»
Martine consulte son agenda: sur les 30% de temps passé en réunion, elle a été organi-
satrice et maître de la réunion dans la moitié des cas, soit 15% du temps total.
Au bout de quelques minutes, chacun présente ses résultats. Au total, Martine estime
avoir la main sur 40% de son temps.
Tous réalisent alors qu’ils sont maîtres de leur temps (dans une certaine mesure) dans 50%
des cas en moyenne. «Comment dire que nous sommes débordés par la faute des autres si
nous sommes décideurs pour une grande partie de notre travail?» se demandent-ils.
Martine se remémore les paroles de son responsable lors de son dernier entretien indivi-
duel: «J’attends de toi que tu développes tes compétences et celles de tes collaborateurs.
Nos enjeux à un an exigent que nous progressions pour atteindre nos objectifs.»
© Groupe Eyrolles
Martine réalise qu’elle ne s’en sortira que par une remise à plat de ses priorités et une
montée en compétences de toute son équipe (elle incluse).
© Groupe Eyrolles
■ LOI DE TAYLOR1
L'ordre dans lequel nous effectuons une série de
tâches influe directement sur le temps qu’elles nous
prennent.
© Groupe Eyrolles
Sois parfait
Vous avez besoin d’atteindre la perfection, ce qui vous conduit à
tout contrôler. Votre sens du détail peut vous amener à perdre le
contact avec la réalité. Vous n’aimez guère déléguer, surtout si vos
collaborateurs n’ont pas le même sens de la précision que vous. Il
arrive aussi que vous vous fixiez des contraintes très au-dessus de
la norme.
Peut-être reconnaissez-vous quelqu’un de votre entourage dans ce
portrait… Son succès professionnel vient sûrement de la qualité
de son travail. Toutefois, le revers de la médaille est qu’une telle
personne fait preuve de productivisme et d’un manque de recul.
Ce comportement pourrait être un frein à sa progression dans la
hiérarchie : plus elle « monte », plus elle doit déléguer et faire
confiance. Or, déléguer n’est pas le point fort du « Sois parfait ».
Dépêche-toi
© Groupe Eyrolles
Fais plaisir
Vous avez besoin d’être aimé et reconnu. Très souvent sollicité par
des demandes sans rapport avec vos objectifs, vous vous
retrouvez vite débordé.
Le « Fais plaisir » est souvent bien organisé. Il commence son
travail dans les temps. Néanmoins, comme il ne sait pas refuser
son aide aux autres, il est vite dépassé par les demandes. Bien
plus, il n’ose parler à personne de sa charge de travail, pas même à
son responsable, jusqu’au moment où il doit concéder qu’il est en
retard.
Essaie encore
Selon vous, seule la quantité compte. Vous concevez la vie comme
difficile. Toutefois, vous confondez quantité et qualité. Rappelez-
vous quand vous passiez des examens : « J’ai échoué et pourtant j’ai
passé dix-huit heures sur ce sujet. » Vous travaillez beaucoup en
songeant que vos efforts finiront par payer. Peut-être…
Comment s’organise réellement le « Essaie encore » ? Que fait-il
de son temps ?
Nous sommes tous soumis à ces cinq messages contraignants, mais à
des degrés divers. Le comble est qu’il arrive que deux voix domi-
nantes soient antinomiques (« Sois parfait » et « Fais plaisir » par
© Groupe Eyrolles
Message
Expressions utilisées Attitude
contraignant
Sois parfait Des mots qui nuancent, mais sans valeur pour la Raide, bien droit
compréhension: certainement, probablement,
peut-être…
Sois fort Des phrases qui mettent une distance entre la per- Peu de gestes,
sonne et ses sentiments: On ne se sent pas bien, très contrôlés
C’est son attitude qui me gêne…
Dépêche-toi Des mots ou expressions qui traduisent la précipi- Agité,
tation: vite, plus tard, tout de suite, urgent… bouge sans arrêt
Fais plaisir Des phrases «positives mais négatives»: Je suis Plutôt ramassé,
© Groupe Eyrolles
d’accord pour le faire, mais je ne sais pas si j’y les épaules voûtées
arriverai…
Essaie encore Des mots ou expressions qui évoquent l’effort: Tendu vers l’avant,
essayer, difficile, il faut… un peu penché
Plutôt Plutôt en
Autodiagnostic
d’accord opposition
L’important est d’avoir un ou des objectifs partagés avec les
1
personnes qui collaborent avec vous (collègues, équipe).
Une bonne progression se réalise en tirant parti du
2
meilleur de chacun.
Aujourd’hui, la priorité est d‘être réactif en répondant
3
aux attentes de chacun.
À long terme, une méthode d’organisation partagée est
4
l’organisation idéale.
© Groupe Eyrolles
Plutôt Plutôt en
d’accord opposition
Il faut être disponible pour aider les membres de son
7
équipe.
Une équipe n’existe vraiment qu’autour d’une méthode
8
commune.
Je consacre du temps à essayer de connaître chacune
9
des personnes avec qui je travaille au quotidien.
Il faut savoir tirer parti de l’expérience des autres pour
10
progresser.
Les gens sont motivés par une méthode d’organisation
11
récurrente.
La motivation de l’équipe est celle du moins motivé de
12
ses membres («plus petit dénominateur commun»).
13 L’organisation de notre travail dépend de notre volonté.
14 Une bonne méthode évolue peu avec le temps.
Un tableau de progression des résultats est une manière
15
intéressante de motiver une équipe.
Si vous avez répondu «Plutôt d’accord» aux questions1, 5, 6, 10, 15, vous pensez que
l’organisation idéale est fondée sur le résultat. Cette optique est-elle partagée par vos col-
laborateurs ou collègues?
Si vous avez répondu «Plutôt d’accord» aux questions2, 3, 7, 9 et 12, vous croyez plus
aux aspects «humains»: vous privilégiez l’ambiance et l’aide à votre équipe. En est-elle
demandeuse?
Si vous avez répondu «Plutôt d’accord» aux questions4, 8, 11, 13 et 14, vous êtes plutôt
orienté «méthodes». Les cadres et les procédures sont utiles, mais sont-ils suffisants pour
motiver vos collaborateurs?
1. Ce mode consiste à établir un planning en partant de la date finale et en remontant le temps.
Un objectif à moyen terme n’est pas forcément associé à vos objectifs managériaux. Vous
pouvez vous en fixer vous-même: faire évoluer vos compétences, progresser en vue d’un
poste souhaité, etc.
© Groupe Eyrolles
LA STRUCTURE DU TEMPS
L’outil de la structuration du temps est issu de l’Analyse Transac-
tionnelle1. Selon son créateur, Éric Berne, dans toute situation où
aucune organisation du temps ne nous est imposée, nous créons
notre propre structure du temps qui se répartit en plusieurs
usages : retrait, rituel, passe-temps, activité, jeu ou intimité.
plus valorisante.
tement.
Voici un tableau qui vous permet d’analyser la structure de votre
temps. Comme Bernard, vous devez également vous intéresser à
%
Temps Votre Comment
Usage du temps du temps
passé objectif l’atteindre ?
étudié
Retrait (vous êtes absent
mentalement)
Rituel (les bonjour, au
revoir, etc.)
Passe-temps (les discus-
sions sur la pluie et le
beau temps)
Activité (le travail effectif:
vous êtes présent et
concentré)
Jeu (les échanges répéti-
tifs, pleins d’émotions
pour vous)
«Intimité» (le sentiment
d’échanges en pleine
confiance)
© Groupe Eyrolles
100% 100%
Avez-vous tendance à dire « Ce n’est pas moi qui décide de mes prio-
Et vous ?
rités… » ?
Peut-être, mais vous pouvez les hiérarchiser.
« Ceux qui emploient mal leur temps sont les premiers à se plaindre
de sa brièveté. » (La Bruyère)
Prenez conscience que vous gâchez plus ou moins volontairement du temps. Après, libre à
vous de changer!
SYNTHÈSE
Les meilleures méthodes de gestion et de planification se brisent
sur le facteur humain. Apprenez donc à composer avec. Recon-
naissez d’abord vos propres messages contraignants avant de vous
préoccuper de ceux de vos interlocuteurs. Vous ne les changerez
pas radicalement, mais vous pourrez les employer à bon escient
(le « Sois parfait » pour les travaux minutieux, le « Dépêche-toi »
en situation d’urgence) et leur permettre ainsi d’évoluer. Par
ailleurs, vous devez prendre en compte que ces « petites voix » se
combinent : un « Sois parfait » avec un fort « Fais plaisir », c’est
l’explosion du temps assurée. Si vous souhaitez un regard général
sur vous (ou sur le comportement de personnes de votre entou-
rage), utilisez les « petites voix » et couplez cette démarche avec
vos modes d’organisation préférés.
Pour une approche spécifique (ex. le comportement dans une
journée ou en réunion), la structuration du temps vous offre un
éclairage plus fin. En effet, les décalages dans la structuration du
temps peuvent être source de difficultés entre deux personnes
avec les mêmes petites voix. Ainsi, leurs différences de goûts pour
les « passe-temps » ou les jeux psychologiques déstabilisent une
réunion.
© Groupe Eyrolles
ASTUCE
Pour compenser l’effet d’un message contraignant, faites travailler vos
collaborateurs à deux ou trois sur une même tâche.
Bernard aime commencer ses journées à 8h30 en serrant la main des membres de son
Cas pratique
équipe. En plus de signifier sa présence, ce rituel leur montre selon lui son intérêt pour
eux. C’est aussi l’occasion de «prendre la température» en bavardant quelques instants
avec chacun. Néanmoins, cette habitude a l’inconvénient de lui faire faire un long détour
dans les couloirs, ses collaborateurs étant répartis sur différents étages du bâtiment.
Certains apprécient sa visite («Il monte trois étages pour dire bonjour!»); d’autres en
sont irrités. Les absents lors de son passage trouvent, à leur retour, un petit mot qu’ils
prennent pour un reproche («Je ne vais pas quand même pas rester au garde-à-vous au
pied de mon bureau!»).
Ce matin, Bernard leur rappelle qu’un nouveau collaborateur va intégrer l’équipe. Un des
membres de celle-ci a préparé le café. Tout le monde se retrouve pour un moment qui
permet à chacun d’échanger des informations et de se raconter les derniers bruits de
couloir. Ce «passe-temps» convivial est important pour Bernard: c’est selon lui la clé de
bonnes relations. Il en profite pour présenter le nouveau venu. Après quelques mots de
bienvenue, Bernard lui remet une pile de documents pour qu’il s’imprègne des actions en
cours: «Jette un coup d’œil là-dessus, je te revois dans la journée pour t’en parler plus
avant et te présenter l’équipe.»
Puis il se plonge rapidement dans la lecture de sa messagerie. Compte tenu du volume
d’e-mails qu’il reçoit (une centaine par jour) et du temps nécessaire pour y répondre, cette
activité l’occupe jusqu’à 10h30.
À 11heures, il s’excuse et part en vitesse à une réunion de coordination au cours de
laquelle il doit effectuer un point sur l’un de ses projets. L’ordre du jour est chargé: il
découvre qu’il passera en quatrième position, autrement dit vers 12h30. À cette heure-là,
© Groupe Eyrolles
les participants commenceront à avoir faim. «Tant mieux, cela ira plus vite», se dit-il. Les
premiers sujets abordés ne le concernent guère. Bernard se met en retrait mentalement,
écoutant d’une oreille distraite les discussions. Pendant ce temps, il répète intérieurement
sa présentation et les questions qu’il souhaite voir traiter… s’il en a le temps.
La hausse du ton de voix le fait sortir de sa torpeur. Un violent échange verbal a lieu entre
Johann, le responsable des achats et André, en charge de la production. Blasé, Bernard
hausse les épaules. Comme d’habitude, ces deux-là règlent leurs comptes. Johann
reproche à André de ne pas avoir respecté la procédure, et André lui répond qu’en cas
d’urgence, il faut savoir prendre des initiatives.
Bernard comprend vite l’objet du différend: un serveur qui ne fonctionne plus bloque de
nombreuses activités. Or le risque d’immobilisation, lié au respect de la procédure, peut
coûter cher. Il s’ensuit de part et d’autre un échange de mots aigre-doux et de sous-
entendus à des «cadavres» cachés dans les placards. Bernard ne s’en offusque pas plus
que les autres participants de la réunion, ces «jeux» faisant partie des habitudes.
Vient enfin son tour. Comme prévu, les participants commencent à avoir faim. Après quel-
ques demandes rituelles («Vous êtes sûr que…?», «Vous croyez vraiment que…?»), la
réunion s’achève rapidement sans réelle conclusion. La décision est remise à la prochaine
rencontre et pour justifier ce report, Bernard est «lesté» de quelques questions complé-
mentaires.
Après avoir demandé à l’un de ses collègues d’emmener le nouveau venu au restaurant
pour son premier jour, Bernard choisit de déjeuner avec Paul, son manager, et André, le
responsable de la production, car ils ont des questions urgentes à régler. La connivence
entre eux est grande. Les questions de fond sont abordées sans tabous, car la qualité de
leur relation le leur permet. Paul s’inquiète du retard pris par le projet, mais Bernard lui
assure que son équipe fait le maximum.
Son après-midi est remplie par une succession de tâches:
• des réunions;
• de courtes périodes de répit (idéales pour prendre connaissance des e-mails arrivés
depuis le matin);
• des travaux divers suite à des demandes comme: «Il nous faut telle information immé-
diatement», «Merci de nous retourner ce document complété pour demain», «Nous
avons besoin de votre présence à cette réunion», etc.;
• de petits entretiens informels avec des membres de son équipe pour régler des problè-
mes en suspens. Bernard a beau avoir une politique de «porte ouverte», il est quand
même obligé de refuser certaines entrevues par manque de temps.
À 19h15, Bernard ne peut que s’excuser auprès du nouveau pour le peu de temps qu’il a
pu lui consacrer: «Tu vois, nos journées sont de vraies courses contre la montre! J’espère
que demain, j’arriverai enfin à dégager du temps pour toi.»
Sur le chemin du retour vers son domicile, Bernard s’interroge à nouveau sur le retard pris
par le projet: «Je fais de mon mieux, mais les horaires de travail ne sont pas extensibles
© Groupe Eyrolles
au-delà d’une certaine limite. Ce n’est pas de ma faute si je n’ai pas pu passer du temps
avec le nouveau, et si je n’arrive plus à suivre le projet.»
La journée de Bernard est dense, elle comprend de multiples activités, certaines prévues,
d’autres exceptionnelles. Ce manager ne semble pas perdre une minute.
Toutefois, la manière dont il organise son temps est-elle vraiment efficace? Comment
pourrait-il affiner sa gestion des priorités? Peut-il agencer son temps différemment?
Un peu gêné par son attitude vis-à-vis du nouveau, Bernard reprend ses notes d’un sémi-
naire précédent:
Quelles sont les «voix» qui vous inter- «Fais plaisir» et «Essaie encore»
pellent le plus (vous vous dites «c’est
bien moi»)?
Et celles qui vous semblent ne pas vous «Sois parfait» et «Sois fort»
ressembler?
Quels sont leurs avantages dans vos • une grande capacité de travail
tâches? • une volonté de bien faire
Et dans vos relations aux autres? • une grande disponibilité vis-à-vis des
autres
• une bonne écoute
• un goût pour l’esprit d’équipe, le partage
Sont-elles en adéquation avec votre fonc- • la grande capacité de travail est tempérée
tion? par une faible productivité
• je protège trop mon équipe et en fais
trop: je les infantilise au lieu de les res-
ponsabiliser
• il en résulte une grande perte de temps qui
pourrait être consacré à des tâches plus
adéquates comme accueillir le nouveau
venu par exemple
Bernard décide de se donner, dès le lendemain, un objectif de progrès: ne pas faire le tour
des bureaux (sauf ceux à proximité du sien) pour saluer son équipe et attendre tranquille-
ment l’heure du café.
© Groupe Eyrolles
■ LOI DE FRAISSE1
Plus l’intérêt est grand, plus le temps passe vite.
© Groupe Eyrolles
PARTIRDEVOSOBJECTIFS
POURDÉFINIR
VOSPRIORITÉS
© Groupe Eyrolles
Se positionner clairement
Vous effectuez votre travail en fonction des objectifs qui vous
sont assignés, et des demandes – et attentes – de votre hiérarchie
ou des membres de votre équipe.
C’est bien normal. Et pourtant… en êtes-vous satisfait ? Seule l’est
une petite minorité d’entre nous. Dans le fond, vous attendez aussi
d’être valorisé, à vos yeux comme à ceux des autres, et reconnu.
Qu’est-ce qu’un responsable d’équipe ?
• Un transmetteur d’ordres ? Ce serait minimiser votre rôle, qui
comprend d’autres dimensions comme l’animation, la coordina-
tion, etc.
• Un manager ? Oui ou non, puisque les membres de son équipe
ne lui sont pas nécessairement rattachés.
• Un leader ? Tout dépend de ce que l’on entend par ce terme. Si
vous pensez à Martin Luther King ou Winston Churchill, vous
n’êtes pas forcément un tel leader. En revanche, si vous estimez
que le leader est celui qui porte le regard au loin et fédère tout
en sachant dire des choses difficiles à entendre, alors vous
pouvez en être un.
Dans un environnement complexe, un management transverse et
le développement des compétences des collaborateurs sont des
clefs du succès. Un bon responsable d’équipe a donc la capacité :
• de montrer la voie ;
• d’obtenir l’adhésion de ses collaborateurs ;
• de bousculer les idées reçues ;
• de changer ou de revoir les méthodes si besoin est ;
© Groupe Eyrolles
« Et puis quoi encore ? On voit bien que vous n’avez pas de priorités
à court terme, d’ennuis quotidiens et d’urgences permanentes ! »,
vous êtes-vous peut-être dit en lisant les lignes qui précèdent. Vous
n’avez pas totalement tort, du moins à première vue.
En effet, vous n’avez pas été formé à ce genre d’approche. Les
messages qui circulent sont plutôt : « Fais ce qu’on te demande »,
« Fais ce que tu as à faire », « Ce n’est pas toi qui décides », etc.
Pourtant, cette attitude n’est adaptée que dans les cas où le travail
de votre équipe est de pure exécution, sur une longue période de
temps. Le plus souvent, l’évolution permanente de votre environ-
nement vous conduit à donner plus d’autonomie à vos collabora-
teurs et/ou à les faire monter en compétences.
• Quels changements prévoyez-vous dans votre environnement à
12 mois ?
• Quels impacts cela pourra-t-il avoir sur la fonction de vos colla-
borateurs ?
• Quel est votre rôle dans l’adaptation à ce changement ?
• Dans ce contexte, quelle est la finalité de votre fonction :
– atteindre les objectifs à court terme ?
– faire monter en compétences vos collaborateurs pour assurer
la pérennité de l’équipe ?
– laisser faire ?
– améliorer la qualité du service rendu ?
–…
Au fond, quels objectifs aimeriez-vous avoir ?
EXERCICE
Imaginez-vous dans un an: vous êtes promu à un nouveau poste après
une année réussie. À l’occasion du pot d’adieu donné en votre honneur,
l’un de vos collaborateurs parle de vous au nom de l’équipe.
EXERCICE
Croyez-vous que le seul vrai leader, c’est le PDG (ou le chef de dépar-
Et vous ?
tement ou…) ?
Nous avons chacun à notre niveau un rôle de leader, avec un horizon et un spectre
d’actions différents.
Les unes après les autres, les entreprises passent au mode transverse.
En développant vos compétences en termes de gestion des priorités en ce domaine, vous
préparez votre futur.
La matrice d’Eisenhower
Cet outil permet de trier les tâches à effectuer selon leur degré
d’importance et d’urgence.
• Une tâche est importante pour vous si elle concourt à l’atteinte de
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dire que vous ne faites plus votre travail. Par ailleurs, il pourrait
se demander si votre attitude répond aux attentes des membres de
votre équipe, et si vous ne les stressez pas avec votre comporte-
ment « panique »…
pour y parvenir ;
– de quelle manière vous pourriez, tous ensemble, mesurer la
progression et les succès.
De l’idée à la pratique
Pour passer à la pratique, réservez-vous à l’avance des plages de
temps sur votre agenda (papier ou électronique) en les barrant
très à l’avance. Vous les remplirez avec des tâches de fond. Le plus
dur est d’oser le faire !
Et ne croyez pas que ces 10 % de temps seront à passer « claque-
muré » dans votre bureau : vous pouvez travailler en équipe ou
avec un collègue. La seule contrainte est de vous concentrer sur
du moyen terme, c’est-à-dire sur les objectifs de fond que vous
avez choisi d’atteindre.
Une fois que vous avez programmé ces 10 %, posez-vous les ques-
tions suivantes pour toutes les autres tâches. Pouvez-vous pour
chacune d’entre elles :
• la déléguer ?
• la réaliser de manière simplifiée ?
• la reporter ?
• l’oublier ?
Vous trouverez au chapitre suivant des outils pratiques pour gérer
ces 90 % de temps restant et les planifier dans le temps.
vail au quotidien ?
Peut-être est-ce parce que vous n’avez jamais discuté du sujet avec eux.
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SYNTHÈSE
Le rôle fondamental d’un responsable est de faire preuve de
leadership et d’entraîner son équipe vers le but à atteindre (au-
delà de la réussite des objectifs). Si vous voulez la motiver et
donner un sens à son travail, il vous faut sortir de l’horizon à
court terme du trimestre ou des objectifs. À titre personnel, vous
montrez l’exemple en hiérarchisant vos priorités pour les
emmener vers le but que vous vous êtes fixé. Le principe de réali-
té fait que vous devez, bien sûr, prendre en compte les tâches du
quotidien. Pour concilier le court et le long terme, 10 % du temps
consacré au long terme vous suffit. L’effet de levier vous permet
progressivement, au fil des jours et des semaines, de faire la diffé-
rence. Le meilleur moyen d’y parvenir est d’avoir clairement en
tête ce à quoi vous allez consacrer ce temps : faire monter les
compétences de vos collaborateurs, préparer l’arrivée d’une
nouvelle organisation… Une fois votre vision élaborée et partagée
avec votre équipe, vous êtes prêt à vous approprier ces 10 %.
Ceux-ci ne se font pas forcément en vase clos. Vous pouvez en
profiter pour avoir des entretiens individuels ou des réunions
avec tout ou partie de l’équipe, des rencontres avec des clients
internes ou externes, en bref, faire tout ce qui peut vous
permettre d’anticiper en comprenant les attentes et les besoins de
ceux qui vous entourent. Vous pourrez affirmer que vous y êtes
parvenu, le jour où vous réserverez en priorité des espaces de
temps sur votre agenda et que vous les protégerez. Après quoi,
occuper les 90 % du temps restant est un « jeu », pour lequel le
chapitre suivant vous donne quelques clefs.
une usine de plasturgie. Curieux et observateur, lui qui est tombé tout petit dans le plas-
tique («cela vous moule») a découvert le mode projet il y a dixans, en lisant des revues
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professionnelles.
Après avoir suivi plusieurs stages, il a mis en place son propre mode d’organisation dans
son entreprise. Pionnier dans ce domaine, il a dû passer beaucoup de temps à convaincre
ses collègues du bien-fondé de sa démarche. Aujourd’hui, il peut être fier de sa réussite: il
y a quelques mois, son responsable a déclaré publiquement que son action avait contribué
à l’adaptation permanente de l’entreprise à un environnement turbulent.
Malgré cette reconnaissance, Roger s’inquiète et se pose des questions. Comme il le dit
d’un ton narquois, il a connu:
• le mode projet (un projet à la fois);
• la mode des projets (plusieurs projets en parallèle);
• les modes des projets (différentes modes couplées avec différents projets).
Auparavant, il pouvait s’enorgueillir d’une démarche structurée et organisée: il était
capable de suivre dans le détail l’avancement d’un projet. Puis, sous la pression de la
charge de travail et des multiples projets à mener de front, il a dû, à son corps défendant,
lâcher prise sur nombre d’aspects.
Aujourd’hui, il se présente à ses interlocuteurs comme un «pompier visionnaire»: vision-
naire, parce qu’il est responsable des projets et doit donc voir loin; pompier, parce qu’il
est perturbé tout au long de la journée par mille et un détails urgents à régler. «Je suis un
cas pour la chaire d’ophtalmologie de la faculté de médecine: je vois l’horizon et la pointe
de mes chaussures, mais rien entre les deux!»
Conscient de la pression qu’il subit, il a suivi des stages, lu de nombreux ouvrages et
échangé avec des collègues travaillant dans la logistique. Il a tout essayé en termes de
gestion des priorités: la liste des tâches, la méthodeABC, le tirage au sort… mais
comment faire quand ses commanditaires n’ont pas les mêmes priorités?
Roger gère maintenant un grand nombre de projets avec ses collaborateurs. Depuis quel-
ques jours, il sait qu’il devra en ajouter trois de plus à la liste. Parmi eux, deux sont priori-
taires. Néanmoins, ses responsables lui ont dit de ne pas s’inquiéter, et lui ont donné le
budget nécessaire pour externaliser la maîtrise d’œuvre auprès de trois prestataires avec
lesquels l’entreprise a passé des contrats de sous-traitance en début d’année.
Tout va bien ou plutôt, tout pourrait aller bien si:
• le niveau des prestataires était à la hauteur de la situation: or, seul l’un des trois est
effectivement opérationnel, le deuxième acquiert des compétences (le résultat
s’améliore de mois en mois, même si le bout du tunnel est encore loin), et le dernier, lui,
est empêtré dans ses difficultés malgré toute l’aide déployée;
• l’équipe de Roger tournait à plein: malheureusement, l’un de ses membres a démis-
sionné (et n’est pas encore remplacé), et un autre va changer de poste (depuis qu’il le
sait, il n’occupe plus vraiment sa fonction initiale);
• les relations entre les membres de l’équipe projet et les prestataires étaient au beau
fixe. C’était le cas autrefois, lorsque les prestataires étaient de simples sous-traitants.
Aujourd’hui, craignant l’externalisation de leurs activités, les membres de son équipe
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projet font de la rétention d’informations. De leur côté, les prestataires sont arc-boutés
sur leur contrat (surtout quand cela les arrange).
Bref, Roger passe son temps à faire progresser les prestataires, à pallier en interne le
travail non assuré, à régler les litiges entre l’équipe et les prestataires, et à recruter de
nouveaux collaborateurs. De plus, les membres des équipes projet qui ne dépendent pas
de lui lèvent le pied, sous divers prétextes (instructions confuses, attente de réponse, etc.).
Comble de l’histoire, le dernier entretien individuel qu’il a eu avec son responsable hiérar-
chique s’est plutôt mal passé. Ce dernier lui a reproché sa «vision à court terme». Il a
justifié cette remarque par le fait que Roger, débordé, n’a plus le temps de participer à
toutes les réunions transverses, ne répond pas toujours à ses e-mails et a pris en charge
certains projets incombant à ses collaborateurs.
Roger se dit souvent qu’il serait mieux chez lui…
Roger est un homme curieux, qui sait s’adapter aux changements de situation. Il l’a
montré par le passé en se remettant en cause. Pourquoi se trouve-t-il aujourd’hui dans
cette impasse? Ce n’est pas faute de s’être informé ou d’avoir revu ses méthodes! Pour-
tant, s’il a révisé sa manière de travailler, il ne s’est pas penché sur son rôle.
Lui qui aime suivre les projets et être reconnu pour ses compétences, a du mal à lâcher
prise sur les détails. Or, il s’y perd, en raison de la complexité croissante des sujets et de la
multiplicité des projets.
En reprenant sa matrice des priorités, Roger réalise qu’il est débordé par l’urgent/non
important et ne consacre plus du tout de temps à l’important/non urgent.
• faire monter au plus vite les prestataires en compétences, et recruter un nouveau colla-
borateur;
• dans le même temps, réunir son équipe pour répartir les tâches urgentes afin d’en
limiter la portée sur son propre agenda.
• Cette double action lui donne à nouveau le sentiment d’avancer, même à petite vitesse,
et non plus de subir. Il prend conscience qu’il doit revoir sa gestion du temps. Long-
temps, il s’est fait plaisir parce qu’il avait le temps. Puis, il a comprimé son temps pour
continuer à tout faire. Maintenant, il réalise qu’il ne peut plus tout faire, et qu’il doit
revoir l’ordre de ses priorités. Sa survie à son poste et sa santé sont à ce prix.
■ LOI DE PARKINSON1
OU LOI DE LA TENDANCE À L’AUTO-INFLATION
DU TEMPS DÉPENSÉ
Le temps investi dans une tâche s’étend jusqu’à
occuper tout le temps disponible pour la réaliser.
Les priorités que vous vous êtes fixées pour votre entourage ne
sont pas nécessairement claires pour celui-ci. Vous avez réfléchi à
celles-ci, hésité, tergiversé, pour finalement faire votre choix.
N’attendez pas que votre équipe y adhère spontanément. Vous
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Le rôle de la vision
Le manager fixe l’objectif et les moyens, fait agir l’équipe et
mesure l’efficacité obtenue. Le leader donne une direction, un cap
et motive les personnes à progresser dans cette voie. Il ne déter-
mine pas nécessairement les moyens d’atteindre l’objectif, et ne
mesure pas l’action réalisée.
À vous de passer du rôle de manager à celui de leader. Peut-être
estimez-vous que vous n’êtes pas le PDG, et ne participez pas
forcément aux décisions stratégiques : vous considérez-vous
seulement comme le porte-parole de la direction ? Comment
assumer, dans ce contexte, les multiples changements de cap de
votre hiérarchie ?
Pendant longtemps, dans un univers relativement stable, du
moins sur un horizon à court terme, les collaborateurs d’une
société « voyaient » où allait leur entreprise. Jusque dans les
années 1980, c’était la tendance aux plans à dix ans et à la crois-
sance plus ou moins régulière des chiffres d’affaires et des bénéfi-
ces. Aujourd’hui, l’horizon s’est raccourci à douze ou dix-
huit mois, et les mouvements sur le chiffre d’affaires, et surtout la
marge, sont plus erratiques.
Sans respect de ses valeurs, une équipe perd le sens de son travail.
La fatigue, voire le découragement, pèse sûrement sur l’entente au
sein de l’équipe. Certains peuvent alors s’énerver, d’autres se
replier sur eux-mêmes.
Vous avez ces trois formes de motivations en vous. Seulement,
une ou deux sont dominantes. Il est important de les repérer tant
chez vous que chez vos collaborateurs, ou parmi vos collègues.
Cela influe sur votre manière de leur faire partager les priorités
qui vous semblent importantes (le raisonnement est similaire si
cela concerne votre entourage social ou privé).
La motivation est la capacité à faire mieux, voire différemment, alors que l’énergie peut
être seulement consacrée à refaire toujours la même chose.
© Groupe Eyrolles
Avez-vous tous les atouts pour faire un tableau de bord des progrès ?
Autodiagnostic
Points
Je considère que le but du tableau de bord est d’abord d’informer, et
1
ensuite de permettre la prise de décision grâce à une analyse des écarts.
Je tiens compte du découpage des responsabilités de mon équipe pour
2
sa constitution, son suivi, son contrôle et son exploitation.
3 Je fais en sorte que mon tableau soit un outil pédagogique.
Je prévois l’établissement de procédures et de règles connues de tous
4
pour la tenue du tableau.
Je fais ressortir les écarts par des différences en valeur absolue ou en
5
pourcentage.
J’analyse non seulement les écarts significatifs, mais aussi les écarts fai-
6
bles, progressifs et répétitifs.
Je pense que la qualité essentielle d’un tableau est sa facilité de lecture
7
et d’interprétation.
Je suis persuadé qu’un tableau de bord peut inclure toutes les données
8
permettant de progresser.
Chacun de mes collaborateurs doit se sentir concerné par au moins
9
deux indicateurs.
Je crois qu’il est préférable d’avoir des chiffres approchés immédiate-
10
ment, plutôt que des chiffres précis avec un peu de retard.
Total
Comptez 1 point pour chaque affirmation avec laquelle vous êtes en accord.
Tant que vous n’avez pas obtenu au total 10points, vous n’exploitez pas encore correcte-
ment votre tableau de bord des progrès. Au moins, vous savez comment progresser!
Pour que les membres de votre équipe se l’approprient, bâtissez-le avec eux.
© Groupe Eyrolles
SYNTHÈSE
Vous avez un ou des objectifs importants et non urgents. Ils ne
vous concernent que rarement tout seul. Le plus souvent, l’impli-
cation plus ou moins grande de votre entourage (sur un plan
privé), de vos collègues et de votre équipe joue un rôle clé dans la
réussite de vos objectifs. La force du collectif est de partager un
même horizon et de contribuer à la réussite du ou des projets,
même si chaque « élément » emprunte des voies différentes pour
y parvenir. En tant que responsable (ou animateur d’une équipe),
vous avez un rôle essentiel en invitant vos collaborateurs à
partager votre vision. Pour ce faire, laissez-les la reconstruire
pour qu’ils se l’approprient, puis convertissez-la en actions
concrètes.
Une fois passé l’exaltation de la construction des plans d’action, il
faut les faire vivre. Pour vous y aider, il faut :
• d’abord connaître ou reconnaître les formes de motivation de
chacun. Celles-ci ont trois aspects :
– la motivation par le plaisir (de travailler en équipe par
exemple) ;
– l’atteinte d’un objectif (assurez-vous qu’il soit réaliste et attei-
gnable de l’avis de ceux qui sont concernés) ;
– le respect des valeurs (respect des normes ou des règles).
Chacun d’entre nous a ces trois formes de motivation en lui,
mais deux sont réellement dominantes. Les reconnaître vous
permet d’adopter le langage juste pour maintenir le cap.
• ensuite, suivre, grâce à un tableau de bord dynamique, la bonne
mise en œuvre des actions. Loin des tableaux classiques pure-
ment axés sur le travail passé et l’atteinte des résultats, les
nouvelles approches des tableaux dynamiques vous permettent
d’apprécier le travail réalisé et les actions à venir sous différents
© Groupe Eyrolles
progrès que vous avez partagés avec votre entourage. Vous allez
maintenant travailler davantage sur vous pour adopter les bonnes
pratiques.
pensent plus qu’aux RTT; les trente-cinqheures nous font beaucoup de mal», s’étonne
Quentin, chef de projet confirmé, en dressant le portrait de son équipe. Il reprend: «Nous
avons des objectifs clairs. Par ailleurs, nous traitons des projets intéressants situés au cœur
de la stratégie de l‘entreprise, ce qui fait que nous avons des moyens pour réussir. De plus,
nos dirigeants sont à notre écoute.»
Quentin voit juste sur la plupart des points:
• les projets qui lui sont attribués sont des projets clefs;
• les moyens (humains et financiers) semblent en rapport avec les objectifs visés;
• les objectifs sont SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et avec un
Temps bien défini).
Toutefois, personne ne semble réellement motivé, le taux d’absentéisme est important, et
les congés et autres RTT sont scrupuleusement pris, quelle que soit l’urgence du moment.
Le discours général des membres de l’équipe est pourtant loin de l’idéologie des loisirs. Ils
reprochent à leur encadrement un manque de reconnaissance sur les buts atteints et une
course permanente à l’objectif:
• «Les objectifs officiels de l’année sont clairs… une fois qu’ils sont fixés en avril! De ce
moment à la fin de l’année, notre interrogation porte plus sur les mille et une autres
tâches complémentaires à effectuer, qui ne sont pas en rapport avec les objectifs.»
• «La direction prend toujours des décisions tournées vers le chemin à parcourir, avec la
notion d’urgence et de crise. Elle oublie les actions qu’il nous reste à mener sur les
projets passés.»
• «Nous avons une culture de crash program1. À force de vivre dans cette urgence
permanente, elle devient banale et nous n’y faisons plus attention.»
Quentin pensait être attentif à la qualité de son management et à l’écoute de ses collabo-
rateurs. Dans ces circonstances, il se sent incompris, voire trahi: «Ce sont des pleurni-
chards. Plus vous vous occupez d’eux, plus ils en veulent!» Puis, après un temps de
réflexion, il s’interroge: «Que puis-je faire? Je ne vais pas revenir à la méthode du père
fouettard: le bâton, le bâton et le bâton…»
Peu de temps après, a lieu une réunion rassemblant Quentin et son équipe projet. Des
besoins en termes de management en ressortent. Quentin n’est pas «attaqué» en tant
© Groupe Eyrolles
1. Programme d’urgence.
la différence entre la demande et la manière dont elle est perçue: «Tout est pour hier, nos
marges d’autonomie sont nulles. On nous demande de savoir prendre du recul et en même
temps, on nous reproche d’éteindre nos portables en réunion.»
Tous éprouvent un fort sentiment de stress et s’estiment freinés dans leur capacité à agir,
ils ont l’impression de subir, d’être des exécutants. Leur regard sur la communication en
place montre l’écart qui existe avec leurs souhaits: «Les tableaux nous disent où nous en
sommes, ce que nous savons déjà. Par ailleurs, cela ne sert à rien de nous dire que nous
devons faire plus d’efforts.»
De retour dans son bureau, Quentin consulte ses objectifs: une lettre de gestion signée
par son directeur qui comprend… 45objectifs et indicateurs. Pour les suivre, Quentin tient
à jour un dossier de 26pages! Il pointe du doigt au hasard deux indicateurs et constate
qu’il est incapable de dire à brûle-pourpoint où il en est. Il comprend alors ce que ressent
son équipe: elle se sent comme un écureuil courant indéfiniment sur la roue qui forme sa
cage. Ses collaborateurs travaillent beaucoup, mais à force de courir après des objectifs
sans vision d’ensemble, ils perdent le contact avec la réalité.
Quentin s’en inquiète: «Je ne peux pourtant pas rediscuter les ordres de la direction…»
Petit à petit, il prend conscience de ce que signifient les objectifs pour son équipe. Les
suivis, tableaux de bord et autres indicateurs sont pour eux des constats tournés vers le
passé. Ils sont vécus comme des outils de censure et de contrôle (seuls les résultats néga-
tifs sont largement commentés). Par ailleurs, provenant de la direction, les chiffres impo-
sés sont perçus comme irréalistes.
Il faut que «l’animal sorte de la cage», Quentin en prend conscience. En s’interrogeant
sur son équipe, il réfléchit aussi sur lui-même et sur sa fonction: «Qu’attend de moi la
direction: des prises de décision? de l’initiative? Me reconnaît-elle le droit à l’erreur?»
Il estime important d’être exemplaire vis-à-vis de son équipe et de débattre du sujet avec
elle. En effet, comment leur donner confiance s’il se sent lui-même un peu perdu avec de
tels objectifs? Il doit réussir à leur dire des choses difficiles tout en gardant leur confiance.
Quentin est un manager. Il organise bien le travail de son équipe, la suit et s’assure de sa
progression vers l’objectif. Sous cet angle, il n’a pas démérité. Seulement, il mesure les
limites de son rôle. Pris entre deux feux, il ne peut que gérer au mieux des situations
diverses qui bousculent en permanence les plannings.
Les membres de son équipe demandent de la visibilité et de la reconnaissance. Quentin
n’est ni le «grand boss», ni un magicien, il ne sait que faire à son niveau…
Il analyse sa propre activité et constate qu’il est pratiquement tout le temps en zone
d’urgence. Lui non plus ne prend pas assez de recul, et comprend qu’il envoie par son atti-
tude un message différent de celui qu’il énonce. Pas facile toutefois, dans sa situation, de
prendre du recul. Suivant les conseils qu’il a lui-même prodigués à son équipe, il choisit de
© Groupe Eyrolles
consacrer 5% de son temps pour traiter l’important/non urgent. Pour cela, il retient le
mercredi matin, de 8h30 à 9h30 et le vendredi après-midi de 13h30 à 14h30, des
moments où il n’y a, en général, pas de réunion. Il s’arrange avec un de ses adjoints pour
lui transférer ses appels.
Puis, il décide de sortir du court terme en se donnant une vision à 12 mois. Il choisit, après
entretien avec ses collaborateurs et ses collègues, de favoriser la reconnaissance de
l’équipe auprès des autres unités. Une analyse des facteurs de motivation de ses collabo-
rateurs lui révèle qu’ils sont majoritairement motivés par l’esprit d’équipe, puis par le
travail de qualité et quelques-uns par les objectifs.
Après avoir présenté son objectif à son équipe, il les reçoit un par un pour établir avec
chacun d’entre eux un plan de développement de leurs compétences: que leur faut-il pour
progresser? À sa grande surprise, la formation en salle classique est peu demandée.
Compte tenu de la variété des savoirs et savoir-faire, il est possible de faire du transfert de
compétences en les faisant travailler en binôme.
Lors de la réunion suivante d’équipe, il favorise un «marché aux coachs» où chacun met
en avant son savoir-faire et propose à ses collègues son appui. Un tableau de bord dyna-
mique est construit pour suivre les progrès de chacun. Petit à petit, grâce à ces actions,
l’équipe reprend vie.
■ LOI DE TORQUEMADA1
Si vous êtes sûr d'avoir raison, vous avez un devoir
moral d'imposer votre volonté à quiconque est en
désaccord avec vous.
DÉVELOPPERSESCOMPÉTENCES
ENTERMESDEGESTION
DU TEMPSETDESPRIORITÉS
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Réalisation
Rapide Longue
Importance
Moindre B D
Forte A C
En supposant que vous ayez des tâches des quatre types à effec-
tuer, par lesquelles commenceriez-vous ?
© Groupe Eyrolles
Tâche
1 2 3 4
Critère de priorité
Elle me rapproche de mes objectifs.
Elle m’a été demandée par un supérieur.
Le travail des autres en dépend.
Les conséquences d’un retard sont importantes.
Je suis le seul à pouvoir la réaliser.
La réalisation de cette tâche a un impact non négligeable
sur l’équipe.
…
« Tout ordre donné sans une date limite d’exécution est sans valeur. »
(Maréchal Lyautey)
Faites preuve d’exemplarité auprès de vos collaborateurs. Négociez des délais autres que
«dès que possible».
Chaque mois: • reportez les actions récurrentes (par exemple la réunion du troisiè-
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me mardi du mois)
• réservez des plages de temps pour les tâches importantes non
urgentes (les 5 à 10% de temps clés)
• notez les actions importantes et urgentes
Chaque semaine: • vérifiez le vendredi soir la place allouée aux tâches importantes la
semaine suivante
• assurez-vous de l’adéquation du temps consacré à chaque projet
• préparez-vous le vendredi soir
Tous les jours: • fixez-vous trois objectifs par jour et restez concentré sur leur
atteinte
• assurez-vous que vous pouvez faire dans la journée les tâches prévues
• préparez-vous mentalement le soir pour le lendemain
Papier ou électronique?
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EXERCICE
Faites l’exercice suivant et reportez-vous au chapitre correspondant pour
rechercher des solutions:
Les remèdes pour limiter les pertes de temps, vous les connaissez
sûrement ou vous pouvez les trouver facilement : avoir toujours
avec vous des documents à lire, un outil mémo (papier et crayon
ou agenda électronique), un livre à lire pour vous détendre…
Vous utiliserez agréablement le temps passé dans les transports, et
vous aurez l’esprit plus frais en arrivant à votre rendez-vous.
Rappelez-vous lorsque vous étiez étudiant : les leçons apprises la
veille et relues avant de vous endormir étaient mieux mémorisées
que celles vues à la dernière minute !
Dans le fond, avez-vous vraiment envie d’appliquer ces recettes ?
Si non, interrogez-vous sur vos grands voleurs de temps.
Imaginons trois chefs d’entreprise du bâtiment qui ont les mêmes acti-
vités. Le premier se fait un point d’honneur de calculer l’approvision-
nement des chantiers. Le deuxième tient à suivre toutes les réunions
Raison de plus pour ne pas vous laisser submerger, à moins que vous n’ayez le recours de
«noyer» vos propres collaborateurs! Vous sentiriez-vous alors à l’aise?
« Que peu de temps suffit pour changer toutes choses. » (Victor Hugo)
Tester cette démarche, c’est l’adopter!
SYNTHÈSE
Organiser son temps est simple en apparence, mais complexe en
réalité. En fait, nous exprimons notre personnalité et notre rela-
© Groupe Eyrolles
Sophie travaille presque non-stop de 8heures à 20heures, sans compter le temps passé
Cas pratique
sur les dossiers qu’elle emporte chez elle. À ses yeux, un bon chef de projet doit être exem-
plaire: premier arrivé, dernier parti.
Reconnue et respectée par sa hiérarchie, Sophie s’est toutefois vu récemment reprocher
son productivisme: «Prenez un peu de recul, profitez de vos RTT! Vous allez brûler votre
énergie à ce rythme», l’a même prévenue son responsable. Cependant Sophie ne
comprend pas ce langage. «C’est facile pour lui de dire cela, se dit-elle. Il a l’art et la
manière de me transférer ses tâches. Résultat: je suis surchargée, tandis que lui travaille
© Groupe Eyrolles
plus tranquillement. Moi, je ne peux pas déléguer aussi facilement mon travail au sein de
l’équipe. Mes collaborateurs n’ont pas suffisamment de rigueur.»
Elle se remémore la discussion qu’elle a eue avec eux à son arrivée: «Ce n’est pas compli-
qué, il me faut votre reporting sur vos réalisations hebdomadaires pour le lundi à
11heures. Vous pouvez le faire le vendredi après-midi ou le lundi matin, mais pas plus
tard, car je veux en réaliser la synthèse le lundi après-midi.»
Pourtant, depuis un an qu’elle anime son équipe projet, seul Sébastien lui envoie sa
synthèse à temps, et encore, le document est incomplet! Julie lui communique la sienne à
14heures, Andréa la termine vers 17heures (après au moins cinq rappels par e-mail ou
téléphone). Leïla, de son côté, trouve toujours une bonne raison pour la lui adresser vers
19h30 le lundi soir (quand elle ne l’envoie pas par e-mail à 2heures du matin!).
Dans ces conditions, Sophie termine presque toutes les semaines son rapport le soir, voire
à l’aube chez elle le lendemain matin. Elle a beau multiplier les réunions sur ce thème,
valoriser l’importance du sujet, utiliser la carotte et le bâton… rien n’y fait.
Ses collaborateurs lui resservent régulièrement les arguments suivants:
• «Le reporting est utilisé seulement lors de leur réunion du mercredi.»;
• «Il fait double emploi avec les comptes rendus de réunion.»;
• «De toute façon, personne ne le lit!»;
• «Nous n’avons jamais de retour sur cette synthèse.»;
• «Une semaine sur deux, cela suffit! Surtout quand il ne se passe rien…»;
• etc.
Sophie reconnaît le bien-fondé de certains arguments. Pourtant, elle estime qu’elle doit
maintenir la pression: «Il s’agit d’une question d’autorité. Si je leur cède, ils me deman-
deront de faire un compte rendu toutes les trois semaines, puis quatre… Il y va aussi de
notre image. Nous sommes la seule équipe projet à effectuer un reporting hebdomadaire
complet.» De plus, contrairement à certains de ses collègues qui rendent un document
succinct tenant sur une feuille, Sophie réalise six pages comprenant force schémas et indi-
cateurs de son cru pour montrer l’avancée de son projet.
La goutte d’eau qui fait déborder le vase est provoquée par Andréa, qui ne peut rendre à
temps son rapport (c’est-à-dire aussi tard que d’habitude). À sa grande honte, Sophie doit
décaler la remise du reporting au mercredi matin, soit deux heures avant la réunion du
comité de pilotage.
L’explication avec la retardataire est orageuse. Andréa argue qu’elle a été débordée: des
impératifs de dernière minute l’ont obligée à faire des choix: «Je n’allais pas bloquer le
travail de cinq personnes pour deux heures de retard, alors que le comité n’a besoin de la
synthèse que le mercredi!» Soumise à un interrogatoire serré sur son agenda, elle recon-
naît avoir exécuté des tâches diverses peu importantes le vendredi et le lundi matin, ce qui
explique qu’elle a été prise au dépourvu par une urgence survenue à 10heures ce même
lundi.
Sophie a du mal à lui faire intégrer ce qu’elle lui dit pourtant régulièrement: «Anticipe,
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profite des périodes plus calmes pour t’avancer.» Andréa acquiesce toujours, puis repro-
duit inlassablement le même schéma. Sophie a déjà constaté de nombreuses fois, et pas
seulement pour le reporting, qu’Andréa travaille toujours à la dernière minute dans
l’urgence et compense ce fait par des horaires élastiques. Cette approche aux antipodes
de la sienne met Sophie hors d’elle. Elle a tout essayé: cadrer son activité, la féliciter, la
menacer… «Tu es trop parfaite, tu ne peux exiger des autres le même soin du détail», lui
répond systématiquement Andréa.
La situation de Leïla est différente. Celle-ci est organisée et anticipe les événements. Dans
le cas présent, elle a bien débuté son compte rendu le vendredi soir. Seulement, elle a été
sans arrêt interrompue par des demandes variées. Comme elle est d’une nature serviable,
elle a pris du retard. «Comment lui apprendre à dire non? se demande Sophie. J’en arrive
à ne pas en vouloir à Sébastien qui, lui au moins, me retourne son reporting en temps et
en heure. Bien sûr, son document n’est pas complet, mais il y a le principal.»
Il faut dire qu’à la décharge de Sébastien, celui-ci envoie son compte rendu sur le modèle
de nombre de ses collègues d’autres équipes: une vingtaine de lignes, avec en annexe les
chiffres clés et les documents détaillés. Cela n’est pas forcément du goût de Sophie, d’où
un débat permanent. «Pourquoi devons-nous fournir trois fois plus de travail que les
autres? Faisons simple!» s’étonne Sébastien, ce à quoi Sophie rétorque: «Nous ne
sommes pas les autres!» Elle est un peu à court d’arguments avec ce petit malin de
Sébastien, qui fait toujours au plus «juste» et au plus vite. Il n’y a rien à dire sur l’objectif
final, mais son comportement frise l’irrespect pour la chef de projet.
Quant à Julie, son cas fait pitié à Sophie. Julie passe une grande partie de son vendredi à
faire le reporting. Elle a des horaires aussi larges que sa responsable et ne ménage pas son
temps. Pourtant, le résultat n’est pas à la hauteur de ses efforts: son travail est loin d’être
parfait. La dernière fois, Sophie a même dû le reprendre avec elle. «J’ai pourtant travaillé
six heures dessus!» se lamentait Julie.
«Qu’ai-je fait pour avoir des collaborateurs aussi différents les uns des autres?» s’inter-
roge Sophie. Elle a même organisé un séminaire pour leur expliquer sa méthode: pour
réussir, il faut se différencier, travailler mieux que les autres, être impeccable et se donner
un haut niveau de qualité. Seule celle-ci paie. Il ne faut donc pas rechigner sur ses
heures…
«Tu aurais dû travailler dans les années cinquante avec mon grand-père, la raille parfois
Sébastien.Maintenant, il faut aller vite et au plus simple.»
Dans ces cas-là, Julie prend sa défense, mais elle n’est pas crédible aux yeux de ses collè-
gues. Leïla, pour sa part, est partagée: «La qualité est récompensée, oui bien sûr, mais
pas seulement la qualité de la production: il faut y ajouter celle du service. La gestion en
mode projet, c’est l’entraide: il faut savoir perdre du temps pour aider les autres. À terme,
cela paye.»
Sébastien ricane: «Oui, oui, à terme, ils te licencient ou te donnent plus de travail!»
Quant à Andréa, elle est en guerre ouverte avec la pendule. Elle n’est jamais aussi efficace
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que lors des coups de feu, dans une course contre la montre. «Elle aurait dû être
pompier», se dit Sophie.
Pendant ce temps-là, le besoin reste entier: Sophie n’obtient pas son reporting à
l’heure…
Sophie a bien réalisé qu’elle gère une équipe hétérogène. Sa grande difficulté est qu’elle a
un niveau d’exigence plus élevé que celui de ses collaborateurs. Elle a donc du mal à
obtenir ce qu’elle veut, ce qui se traduit par des colères et des menaces de sa part… sans
résultats. Pourtant, les membres de son équipe l’apprécient et cherchent à faire du mieux
qu’ils peuvent, mais cela ne semble pas suffire.
Sophie a une exigence de perfection qui n’est pas en adéquation avec la réalité. Elle doit
confronter ses choix à ceux de son environnement (ex. au niveau du reporting) pour déce-
ler les poches de surqualité (voire de sous-qualité) et adapter ses actions aux besoins de
ses interlocuteurs.
■ LOI DE MURPHY1
Chaque chose prend toujours plus de temps qu’on
ne le prévoyait au départ.
Tous en rythme
Qu’est-ce que les biorythmes ? Cette théorie date du XIXe siècle et
est l’œuvre de deux médecins : les docteurs Wilhelm Fliess et
Hermann Swoboda. Leurs travaux seront complétés plus tard par
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ma place ! » ?
C’est vrai, chacun d’entre nous est d’abord responsable de lui-même.
Motiver, motiver
Ce changement est valable pour vous comme pour votre encadre-
ment. Les théories de la motivation nous enseignent qu’une fois
le niveau de sécurité atteint (pouvoir vivre à son niveau de vie,
avoir un toit, un travail), nos attentes portent sur l’appartenance à
un groupe et sur la reconnaissance par ce groupe de nos apports1.
Une entreprise de recrutement2 a conduit une étude internatio-
nale sur ce qui fidélise les collaborateurs d’une entreprise. Les
premières places du classement sont, de la première à la
cinquième :
• la possibilité de carrière et d’apprentissage ;
• un travail intéressant ;
• un travail qui a du sens ;
• des gens « bien » autour de soi ;
• l’appartenance à une équipe.
Il y a de quoi être surpris, les aspects financiers n’apparaissent
pas ! Les cinq places suivantes sont, dans l’ordre :
• un bon manager ;
• la reconnaissance pour le travail réalisé ;
• du plaisir dans le travail ;
• l’autonomie dans le travail ;
• la flexibilité des horaires.
Vous n’êtes pas convaincu ? Certes, l’international n’est pas la
France… Voici donc les résultats d’une étude similaire conduite
dans notre pays par un organisme indépendant auprès de ses
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1. Effet « silo » : travail en mode vertical dans une entreprise. Exemple : vous
travaillez aux finances dans une entreprise et vous savez peu de chose sur les
autres départements qui vous entourent : production, marketing…, d’où des
incompréhensions dans les besoins et attentes de part et d’autre.
l’a peut-être conduit à vouloir garder ses projets pour lui, les rêver
et ne pas oser les réaliser. Il ne passe pas l’étape 1.
que vous ?
Négociez un compromis ou anticipez en préparant vos entretiens lors de vos heures de
tonus. Le fait d’en avoir conscience est déjà un grand pas.
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SYNTHÈSE
Vous êtes un champion, un grand champion, le meilleur de votre
catégorie. Vous méritez d’être conseillé par les meilleurs entraî-
neurs. Ceux-ci ne manqueront pas de vous dire de bien vous
concentrer sur votre objectif et d’avoir du recul pour le reste. Un
champion ne reste jamais concentré. Pourquoi en seriez-vous
capable ? Sachez faire la part des choses et organisez votre temps
pour tirer pleinement profit de votre biorythme. Votre efficacité
n’en sera que meilleure.
Au niveau de vos activités, sachez entrer dans une boucle de la
réussite. Offrez-vous, ainsi qu’à votre équipe, des facteurs de
motivation sous forme de signes de reconnaissance, d’événements
festifs, de célébration de succès…
Enfin, séparez nettement vos vies privées et sociales de votre vie
professionnelle, vous n’en serez que plus efficace. Prenez
conscience des messages qui vous ont pollué jusqu’à présent et
apprenez à lâcher prise. Cela peut être d’une manière clé pour
vous en prenant conscience des limites de ces contraintes que
vous vous êtes données, ou plus simplement, au quotidien, en
vous accordant quelques minutes entre deux tâches (ou deux
rendez-vous) pour vous relaxer ; même dans un open space, vous
pouvez le faire en restant assis sur votre chaise.
Vouloir vivre à 100 km/heure en permanence, c’est de la non-
assistance à personne en danger. Vous pourriez être condamné à
cela si vous ne faites pas le nécessaire pour vous.
Arrivé à ce stade du livre, vous vous connaissez mieux et vous
avez des pistes pour revoir votre organisation. Celle-ci n’est peut-
être pas parfaite, et vous manquez d’idées pour l’améliorer ? La
partie suivante va vous y aider.
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Cas pratique Céline est responsable développement chez un constructeur informatique et dirige une
trentaine de personnes. Elle est en charge de la sélection des nouveaux projets: son
équipe a pour mission d’évaluer les nouvelles possibilités et de fournir des recommanda-
tions sur les développements à conduire en priorité. Autant dire que dans cet environne-
ment turbulent, le travail n’est pas de tout repos.
«Tel est notre pain quotidien», se dit Céline qui, à sa longue «journée d’homme» ajoute
sa «journée de femme» (les enfants, la maison, le mari…). Bien sûr, elle est aidée, mais
cela ne l’empêche pas de devoir manager l’ensemble et de faire sa part du travail.
Céline est une business woman moderne. Depuis sa sortie d’école d’ingénieurs, elle a gravi
les échelons en passant par diverses entreprises réputées pour leur recherche et… leur
exigence managériale. «Il faut savoir ce que l’on veut, répète-t-elle toujours, le traintrain
quotidien et le travail insipide, ce n’est pas pour moi!»
Son mari prend soin d’elle, ses enfants grandissent bien, ses collaborateurs l’apprécient, sa
hiérarchie la reconnaît et ses choix de projets se sont souvent révélés judicieux. Bref, elle
est une responsable heureuse.
Pourtant depuis quelque temps, elle a du mal à se lever le matin et a l’impression de ne
plus pouvoir avancer. Elle, qui se contrôle d’habitude si bien, s’irrite parfois pour un rien.
Elle a beau se dire «Céline, reprends-toi!», les projets lui semblent de plus en plus
compliqués et ses interlocuteurs tatillons.
Un mal de dos l’incite à aller voir un médecin, qui lui prescrit des séances de kinésithéra-
pie. Devant l’échec du traitement, elle se tourne vers un ostéopathe, puis vers un autre
médecin et encore un autre… Un énième médecin consulté dépasse pour une fois le
simple stade de l’observation clinique, la fait parler de sa vie professionnelle et conclut:
«Vous avez mal au dos parce que vous en avez plein le dos. Il est possible que vous souf-
friez du karôshi1!»
Devant l’ébahissement de Céline, il sourit et reprend: «Cela s’appelle aussi le burn out ou
l’épuisement. Vous êtes épuisée, physiquement et moralement.» Ce diagnostic choque
Céline qui le nie: «Je ne pense pas que ce soit ça. Tout va bien.» Le médecin continue:
«Peut-être en apparence, mais vous présentez les symptômes de l’épuisement. Cela
explique sûrement aussi pourquoi mes confrères et leurs remèdes n’ont pu atténuer votre
mal de dos. Je ne peux rien de plus pour vous. Faites-vous aider, voici l’adresse de
quelqu’un qui vous fera réfléchir.» Céline prend machinalement la carte que lui tend le
médecin et la range au fond de son sac en se disant: «Encore une visite pour rien!»
Prise dans un embouteillage une semaine plus tard, elle ressort la carte. Sa journée a été
désespérante, elle s’est battue contre vents et marées pour faire avancer des projets qui lui
tiennent à cœur, mais dont personne ne semble se soucier. Au bord des larmes, elle se
décide à appeler la personne conseillée.
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Quelques jours après, elle se retrouve assise confortablement dans un vaste canapé. Une
femme la regarde en souriant et l’écoute. Petit à petit, Céline se détend et se confie. Elle
explique qu’après avoir travaillé des années durant, pleine d’enthousiasme en croyant à ce
qu’elle faisait, elle ressent depuis quelque temps une perte progressive d’idéal, d’énergie
et de motivation. Elle qui faisait jusqu’alors très attention à sa façade de femme énergi-
que, dynamique et de bonne humeur la sent se fendiller.
Elle supporte de moins en moins l’apathie de ses collègues, les petites guerres de sa direc-
tion, les choix politiques qui la mettent parfois dans des situations difficiles. Sur certains
projets auxquels elle est attachée, elle se sent comme Don Quichotte attaquant les
moulins à vent…
Son rôle principal est d’identifier les pistes dans lesquelles l’entreprise doit investir. Pour-
tant, de réorganisation en réorganisation, elle consacre la plus grande partie de son temps
à intégrer de nouveaux collaborateurs et à en redéployer d’autres. Elle écrit rapport sur
rapport à des responsables de haut niveau qui changent sans arrêt et qui comprennent
peu les enjeux. Le temps qu’ils saisissent l’importance de ce qui leur est proposé, ils quit-
tent déjà leur poste. Parallèlement, Céline doit porter à bout de bras ses projets et son
équipe, démotivée par ces stop and go permanents.
Progressivement, elle prend conscience des stades par lesquels elle est passée:
• Au début de sa carrière, elle avait de grands idéaux, des espoirs et faisait preuve d’une
énergie débordante. Elle s’investissait beaucoup dans son travail, peut-être même un
peu trop. Comme son mari faisait de même et s’absentait souvent pour de longs dépla-
cements, elle était très disponible.
• Puis, avec la naissance de ses enfants, Céline s’était sentie tiraillée entre son métier et
son rôle de mère. Elle s’était retrouvée face à des choix compliqués qui ne dépendaient
pas seulement de moyens financiers.
• Aujourd’hui, l’évolution de son entreprise lui donne un sentiment de frustration, mais
elle a conscience qu’elle ne trouvera pas nécessairement mieux ailleurs… Elle a aussi
compris qu’il est difficile de changer ses collègues. Certains ne souhaitent pas la réus-
site de l’entreprise, mais la leur, et travaillent à leur rythme.
Petit à petit, Céline réalise qu’elle entre dans une phase d’apathie: elle commence à
s’ennuyer et fait son travail de manière automatique. Comment éviter la dépression, stade
suprême du burn out1?
Céline se sent pleinement responsable de son équipe: sa démotivation la met mal à l’aise
vis-à-vis de ses collaborateurs, ce qui aggrave encore son état. Elle décide alors de séparer
plus nettement sa vie professionnelle de sa vie personnelle. Elle qui avait des scrupules à
quitter son bureau de bonne heure (vers 20h30) et qui emmenait des dossiers à relire
«tranquillement» le week-end, commence à partir à 19h30. Désormais, elle n’emporte
plus de travail le vendredi soir et fait même remplacer son ordinateur portable par un
poste fixe, pour ne plus être tentée de l’emmener à son domicile.
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À sa grande surprise, elle découvre qu’elle n’est pas plus débordée que d’habitude. Elle
reçoit plus souvent qu’avant, passe plus de temps avec son mari et ses enfants. Elle se
1. Épuisement professionnel.
■ LOI DE L’ECCLÉSIASTE1
OU LOI DE L’ALTERNANCE
Il y a un moment pour tout et un temps pour chaque
chose sous le ciel.
AMÉLIORERLESUSAGES
QUEVOUSENFAITES
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PRÉPARATION DE LA RÉUNION
DU………………
Objectifs Trois objectifs exprimés en début de phrase par un verbe à l’infinitif,
synonyme d’action (accomplir, changer, commercialiser, planifier, pro-
duire…)
Résultats Un ou deux résultats exprimés par un substantif (par exemple: identifi-
attendus cation des écarts entre prévu et réalisé et définition des actions correc-
trices)
Participants Liste des participants (avec leur fonction et leur lieu de provenance si
les gens ne se connaissent pas)
Lieu Adresse du lieu, étage et numéro de salle
Horaires Heures de début et de fin (rappeler que la ponctualité est impérative)
Thèmes Trois thèmes au maximum
abordés
Intervenants Pour une réunion d’une heure et demie, se limiter à une intervention
externes externe structurée, en lui affectant un temps et un nombre de docu-
ments associés (compter trois minutes de parole par document Power-
Point en moyenne)
Prérequis Actions à effectuer avant la réunion (par exemple, lecture des docu-
ments préparatoires et identification des deux ou trois points majeurs à
débattre)
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I. CONTEXTE
Participants: ........................................................................................................................
Objectifs: .............................................................................................................................
Résultats attendus:..............................................................................................................
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
.............................................................................................................................................
ou de retrait.
Si vous négligez cette phase au prétexte d’entrer plus vite dans
l’action, vous risquez finalement de perdre beaucoup de temps.
pour avancer ?
Vous atteindrez… seul l’objectif de votre réunion. Il vous faudra ensuite travailler avec
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Dans tout entretien, vous exprimez à la fois des faits et des émotions.
Les mécanismes de conflits s’alimentent le plus souvent de la confu-
sion entre ces deux niveaux. Prendre conscience des phases de la vie
d’un groupe en réunion, et savoir mieux gérer les comportements
individuels ou collectifs vous facilitent un meilleur déroulement.
1. Cette méthode est fondée sur la méthode Herrmann : cf. Développez votre
intelligence relationnelle de Dominique Chalvin, ESF, 2003. Il existe une
approche similaire avec six couleurs : cf. Les six chapeaux de la réflexion d’Edward
de Bono, Éditions d’Organisation, 2009. (Voir bibliographie en fin d’ouvrage.)
Vous pouvez séquencer le port des lunettes dans l’ordre que vous
souhaitez.
Si la réunion avait été plus sereine (pas de retard particulier par
exemple), l’ordre des séquences aurait pu être différent et l’issue
de la séance plus intéressante. Ainsi, après le rappel des règles
(lunettes bleues) et de l’objectif (lunettes rouges), les participants
à la réunion auraient pu émettre des propositions créatives
(lunettes jaunes). L’animateur de la réunion aurait ensuite pu
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Oui Non
Je prépare mon appel
J’identifie mon interlocuteur dès le début de l’appel
Je vérifie sa disponibilité (ou il fait de même)
Je précise l’objet de ma demande et la durée prévisible
Je sais reporter l’appel à un moment précis si indisponibilité
Je me concentre entièrement sur l’appel
J’utilise l’écoute active
Je montre mon intérêt aux remarques de mon interlocuteur
Je vérifie ma compréhension des arguments échangés en reformulant
Je conclus par les actions à faire (qui et quand)
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SYNTHÈSE
Les modes de relation dépendent en partie de phénomènes cultu-
rels propres à chaque pays ou chaque milieu social. Le monde
professionnel français est à mi-chemin entre les approches anglo-
saxonnes, très tournées vers le résultat, et la culture méditerra-
néenne, qui favorise en premier lieu la relation. Le manque de
temps pour accomplir toutes vos activités vous fait souvent
pencher la balance vers l’efficacité et l’optimisation du temps.
Cela n’exclut pas le fait d’y ajouter de la courtoisie et de l’empa-
thie envers son (ou ses) interlocuteur(s).
Ainsi, l’organisation de réunions efficaces est à la fois affaire de
technique et de relation humaine. Si 50 % du succès d’une réunion
vient de la préparation de sa « production », sa « régulation »
soulève la question du mélange explosif des faits et des émotions.
Ces aspects peuvent être bien différenciés grâce à la méthode
proposée (méthode des lunettes), ce qui fait gagner du temps.
Il en est de même dans les entretiens :
• le style « boxe » (vous imposez vos arguments sans trop écouter
l’autre) ne vaut que dans des rapports hiérarchiques très forts ou
des entretiens de recadrage ;
• le style « judo » (vous utilisez l’énergie de l’autre, c’est-à-dire
l’expression de ses besoins et son mode de compréhension) vous
permet de mieux vous faire entendre dans la majorité des cas.
Dans le cas particulier du téléphone, l’absence de visualisation de
votre interlocuteur ne doit pas vous faire oublier les règles
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Stéphane est chef de projet dans une SSII. Les réunions, il connaît: avec ses collaborateurs
Cas pratique
ou avec les clients, il passe plus de temps dans des salles de réunion que dans son bureau.
Ayant suivi de nombreuses formations sur les réunions, il sait aujourd’hui les préparer et
les mener à bien. Il a pu, avec le temps, peaufiner son savoir-faire. Il organise avec préci-
sion l’ordre du jour, et vérifie toujours la présence de chacun des participants en amont.
Il est d’ailleurs réputé pour sa gestion du temps, sa capacité à garder le fil de la discussion
et à favoriser la prise de décision. Il a appris à gérer les perturbateurs (comme les retarda-
taires) et les classiques causes de dérangement (appels téléphoniques, sujets en dehors de
l’ordre du jour…). Il a étudié l’art de rédiger les comptes rendus en cours de réunion. Un
de ses collaborateurs s’en charge, et sauf contraintes exceptionnelles, le compte rendu est
adressé par e-mail aux participants dans les deux heures qui suivent la séance.
Pas de doute, Stéphane est un «as» de la réunion.
Son secret? Il avoue avoir beaucoup appris lorsque ses fonctions le conduisaient à circuler
en Europe et à participer à des réunions dans différents pays. Il a même dressé une liste
comparative des pratiques rencontrées.
En Allemagne, les réunions commencent et se terminent à l’heure. L’ordre du jour est clair.
Mais attention! Rien ne peut le faire changer. Et comme il est prêt au moins une semaine
auparavant…
En Italie, personne ne sait qu’il y a une réunion, ni si une salle est libre, ni si les partici-
pants potentiels sont disponibles, mais on trouve une salle, les gens arrivent de droite de
gauche, la discussion a lieu et les décisions sont prises.
En Angleterre, il n’y a rien d’écrit, mais toutes les personnes concernées savent où est le
lieu de la réunion, l’ordre du jour et le timing.
En France, une salle est prévue, et un ordre du jour précis est fait pour ne pas être
respecté. L’essentiel du débat porte sur le premier point et les questions diverses. La
réunion débute quand le plus haut gradé parmi les participants veut bien arriver. Elle se
termine quand il s’en va (en tout cas bien avant ou après l’heure prévue)…
Derrière cette façade comique, Stéphane reconnaît avoir beaucoup travaillé son art de la
réunion:
• il a mis en œuvre les mille et une ficelles apprises lors de séminaires ou dans des livres;
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• il a observé et retenu les meilleures «techniques» de ceux qui animent des réunions
réussies;
• il connaît sur le bout des doigts la structuration du temps et sait alterner les périodes
d’activité et les passe-temps, le rituel et le retrait.
Bref, Stéphane est un exemple. Toutefois, il n’est pas satisfait; il se décrit comme un
borgne au milieu d’aveugles. Il estime qu’il a encore des choses à apprendre, mais il ne
sait comment y parvenir.
Son talon d’Achille? Les guerres souterraines qui se déroulent dans ses réunions; des
guerres qui opposent les clients entre eux, ses collègues et les clients, et ses collègues
entre eux; des guerres non déclarées, non prévisibles (quoique…). Elles minent le dérou-
lement de la réunion: les participants semblent consentants tout au long de la réunion,
pour finalement dire non au moment de la prise de décision.
Stéphane anime aujourd’hui une réunion interne. Il s’agit de faire le point sur un chantier
en cours. Ce dernier est en retard, autant par la faute du client qui change souvent d’idée,
que par celle de l’équipe projet, guère motivée par ces brusques revirements («Après un
ordre, il est urgent d’attendre le contrordre!»).
Le but de la rencontre est de préparer une entrevue avec le client le lundi suivant. Habitué à
ces réunions de crise, Stéphane l’a placée à 17h30: «Comme certains ont des activités ce
jeudi soir, ils ne feront pas traîner les débats…» La séance commence à peu près à l’heure.
Compte tenu du climat de tension dans l’équipe, Stéphane décide d’être très factuel (il
n’est pas question de s’attarder sur les états d’âme de chacun). Il commence par dresser
un état des lieux: là où ils en sont par rapport au planning, ce qu’il reste à réaliser, etc.
Son ordre du jour prévoit la recherche de solutions permettant de rattraper, à terme, le
retard prévu. Son exposé se déroule dans un grand silence. Une fois terminé, il fait un tour
de table pour recueillir des commentaires avant d’aborder les issues possibles.
Et la «guéguerre» commence: deux de ses collaborateurs rejettent la faute sur le client
et rappellent la longue liste des modifications déjà effectuées par rapport au projet initial,
avant de se murer dans le silence. Un autre rapporte l’appel du client dans l’après-midi qui
lui a annoncé un nouveau changement, puis se dispute avec sa voisine qui lui a emprunté
un dossier et l’a oublié chez elle. Celle-ci, piquée au vif, lui répond que cela n’a pas
d’importance puisque ce fameux dossier est inutilisable vu qu’il n’est pas à jour. Elle
ajoute qu’il suffit, de toute façon, d’attendre lundi pour connaître le prochain changement.
Les trois derniers participants viennent au secours de Stéphane et proposent des solutions:
prolonger le délai ou augmenter les moyens humains en interne (ce qui est impossible à cause
du budget). Ils suggèrent surtout des actions plus concrètes à la charge de personnes présen-
tes. Immédiatement, celles-ci montent au créneau et renvoient la balle à leurs collègues.
Stéphane a fort à faire pour «tenir» la réunion et obtenir un résultat. Lentement, il
parvient à avancer sur ce champ de bataille, jusqu’au moment où deux des protagonistes
quittent la salle… pour raisons familiales (des enfants à récupérer).
La réunion se termine peu après, avec un constat en demi-teinte (quelques mesures sont
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(et des bons!), ils devraient être rationnels et garder la tête froide. Au lieu de cela, ils
adorent transformer la réunion en marché aux poissons!»
Stéphane a bien assimilé les bases de l’animation de réunions. Cette étape essentielle
n’est pas nécessairement suffisante. En réunion, et plus largement lors de tout entretien,
les émotions (c’est-à-dire le côté humain de la relation) jouent un rôle important.
Stéphane décide alors d’appliquer un autre mode de fonctionnement en proposant la
«technique des lunettes», à savoir centrer le débat sur un seul thème à la fois. Compte
tenu de l’ambiance tendue, il choisit, une fois l’ouverture faite, de faire la purge des
émotions. Le plus difficile est d’obtenir au départ que chacun puisse s’exprimer sans
provoquer de retours agressifs de ses collègues. Il leur demande d’appliquer une technique
issue de la «Communication Non Violente»1, le DESC:
• Décrire les faits.
• Exprimer son ressenti («je ressens…» et non agresser l’autre par des phrases
commençant par «tu…» ou «vous…»).
• Proposer des Solutions.
• Chercher une Conclusion.
Après une phase de rodage, il perçoit un meilleur climat dans ses réunions.
1. Technique conçue dans les années 1980 par Marshall Rosenberg : Les mots sont
des fenêtres, La Découverte, 2004.
Il comprend :
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Comment s’ouvrir?
La démarche à adopter se déroule en cinq étapes.
1. Connaître tous les clients et les fournisseurs
Cette phase permet de rassembler l’équipe autour d’une même
approche. Quelle que soit la taille de votre équipe, vous n’avez
qu’une vue partielle de la situation. Il en est de même de vos
collaborateurs qui souvent ne mesurent pas assez qui est
concerné par leurs actions.
2. Identifier les principaux services rendus
Si vous ne traitez qu’avec une partie de l’environnement de
l’équipe, vous ne possédez qu’une vision réduite des effets de
vos prestations, au-delà des personnes à qui vous les adressez.
Parfois, vous pouvez rendre des services que vous ne soupçon-
nez même pas.
3. Savoir ce qu’en font les clients ou les fournisseurs
Vous découvrirez probablement que, malgré le fait que vous
travailliez au quotidien avec vos interlocuteurs, vous les
connaissez mal. Posez-vous une simple question : que fait de
mes données l’interlocuteur à qui je les transmets ? Sont-elles
cruciales pour lui ? Nous consacrons parfois de longues heures
à des travaux qui ne servent plus à personne. De même, nous
ne prenons pas en compte des données qui peuvent être clés
pour eux.
Avez-vous déjà demandé à vos interlocuteurs habituels non pas
seulement si vos données étaient utiles pour eux, mais aussi ce
qui leur est demandé de faire ? Vous découvrirez à cette occa-
sion qu’ils passent du temps à faire des tâches que vous avez
déjà faites.
Pour savoir cela, il vous suffit d’aller les voir et de parler avec
eux. Demandez-leur simplement ce sur quoi ils sont attendus,
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L’utilité du réseau
Le réseau constitué par ces trois cercles a une double utilité :
• d’une part, il permet de mieux anticiper les besoins et les attentes ;
• d’autre part, il valorise l’action de votre équipe.
N’oubliez pas, ce n’est pas parce que des personnes assistent à vos
réunions qu’elles comprennent le travail de votre équipe ! Bien
sûr, il ne s’agit pas de « briller » en déclinant toutes les actions
entreprises par le service, mais plutôt de préciser, par rapport aux
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Lancez votre invitation dès maintenant, le plus dur est de décrocher son téléphone (ou
d’envoyer un e-mail).
PARTAGER L’INFORMATION
Vous avez mené une large enquête avec vos collaborateurs pour
mieux apprécier les attentes et les besoins de vos clients et fournis-
seurs. Vous avez constitué progressivement un réseau autour de
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chir sur leurs points forts, leur organisation et surtout sur la façon
de valoriser leur propre activité. Parfois, cela revient à mettre à plat
les priorités qu’ils ont et leur gestion du temps.
Vos collaborateurs prendront l’habitude de rapporter plus réguliè-
rement des informations, ce qui vous aidera à rester en contact
avec votre environnement. Quand commencez-vous ?
SYNTHÈSE
Prendre en compte les priorités de son environnement, c’est à la
fois mieux anticiper ses besoins et mieux valoriser son action. L’un
des rôles les plus difficiles d’un responsable est de fédérer une
équipe composée de collaborateurs travaillant dans des univers
hétérogènes, avec des interlocuteurs différents. La recherche et le
partage d’informations sont essentiels pour créer des valeurs et un
cadre de référence communs. Pour cela, quittez votre bureau et
allez à la rencontre des autres. Vous ne faites pas des « relations
publiques » : vous aidez vos collaborateurs et collègues à mieux
travailler. C’est parfois difficile de se lancer parce que nous avons
appris, tant à l’école qu’en entreprise, de ne pas s’occuper des
autres. Pourtant, l’environnement fait que nous n’avons pas le
choix. Une histoire pour illustrer ce point : lorsque Raymond Levy
a pris la direction de Renault (1986), il connaissait les grandes
entreprises, mais pas l’industrie automobile. Il posait des questions
d’apparence anodine : « Combien de temps faut-il pour lancer une
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Chloé est responsable des achats dans une entreprise industrielle. Elle a fort à faire entre
Cas pratique
les demandes des différents services de l’entreprise et les exigences des financiers (qui
jouent un rôle de frein).
Épaulée par une équipe de huit personnes, Chloé parvient tant bien que mal à respecter les
délais des demandes tout en recherchant l’économie. «Il faut être masochiste pour accepter
d’être ainsi écartelé, mais c’est le métier d’acheteur qui veut ça», se dit-elle avec philosophie.
Le plus difficile à supporter est l’ingratitude: elle réalise tous les jours que son service a
mauvaise presse en interne. Ses collaborateurs lui rapportent que les gens poussent de
gros soupirs ou lèvent les bras au ciel dès qu’on leur parle des achats.
Forte d’une longue expérience dans plusieurs entreprises, Chloé ne s’en étonne guère:
«Nous avons un mauvais rôle, car nous mettons de l’ordre dans la pagaille qui règne.
Chacun veut jouer à l’acheteur. Auparavant, nous réalisions des îlots de gain dans un
océan de pertes. Depuis que nous avons centralisé les achats, nous faisons des économies
substantielles, et il y a moins de rupture de stock à tous les niveaux.»
La jeune femme est fière de son équipe: «Les acheteurs comme les assistantes sont de
bons professionnels. Ils connaissent bien leur domaine et n’économisent ni leur temps ni
leur peine.»
Le fait que son service ne soit pas reconnu à sa juste valeur la préoccupe. Elle consacre
beaucoup de temps à justifier les actions de son équipe et à la défendre. À ses yeux, les
achats font partie d’un processus transverse: or, elle est toujours avertie à la dernière
minute par les partenaires concernés. Elle organise pourtant nombre de réunions pour
anticiper. Comment convaincre ses interlocuteurs de mieux jouer le jeu? Comment déve-
lopper sa valeur ajoutée? Comment passer d’une culture réactive à une culture avec anti-
cipation des besoins?
Chloé décide de prendre son bâton de pèlerin: elle veut comprendre ses interlocuteurs. Ceux-
ci l’encouragent dans sa démarche de progrès. Toutefois, leurs réponses ne l’aident guère, car
soit ils ne lui fournissent que des éléments déjà connus ou des hypothèses assez floues, soit ils
© Groupe Eyrolles
tentent d’obtenir des délais plus courts pour des commandes existantes. Elle ne sait pas
comment connaître leurs réels besoins, sans lesquels elle ne peut bâtir sa stratégie.
En discutant de tout à fait autre chose avec un responsable commercial, elle a une révélation.
Son interlocuteur lui expliquait comment il faisait évoluer la culture de ses commerciaux:
«Avant, mes commerciaux proposaient leurs produits et services, puis écoutaient le client.
Aujourd’hui, je leur demande de poser des questions et de ne proposer que ce qui a une réelle
valeur pour le client, c’est-à-dire ce qui va l’aider à atteindre ses objectifs. Nous vivons une
véritable révolution: ce n’est pas nous qui vendons, ce sont les clients qui achètent!»
Chloé réfléchit à cette approche. Comment la transposer dans son domaine? Elle a
toujours pensé que ses partenaires connaissaient leurs besoins et savaient ce qu’ils atten-
daient du service achat. Elle réalise tout à coup qu’elle-même, pour son service, aurait du
mal à répondre à la question: «De quoi avez-vous besoin…?»
Elle réunit son équipe et lui explique son projet: aller rencontrer leurs interlocuteurs et
leur demander ce qu’ils ont comme objectifs.
Après un moment d’incrédulité, ses collaborateurs lui répondent: «D’accord, allez voir
nos interlocuteurs.» Chloé comprend qu’ils n’ont pas bien saisi son message. Elle
reprend: «Je vous demande, à vous, d’aller voir vos interlocuteurs et de leur poser ces
questions.» Tous s’étranglent de rire: «Comment demander à nos interlocuteurs ce qu’ils
font, alors que nous les connaissons, pour la plupart d’entre nous, depuis des années?
Nous les avons au téléphone deux ou trois fois par jour! Nous ne pouvons pas aller les
voir et leur demander ce qu’ils font!»
Chloé rit de bon cœur avec eux: «Je comprends le comique de la situation. Toutefois, il ne
s’agit pas seulement de leur demander ce qu’ils font.» Elle leur raconte sa rencontre avec
le commercial. «Nous devons comprendre en quoi nous pouvons les aider à atteindre
leurs objectifs.» Un peu dubitatifs, les membres de l’équipe finissent par se répartir les
personnes à rencontrer.
Une semaine plus tard, Chloé profite de la réunion de service pour leur demander un
retour sur les entretiens qu’ils ont menés. Maxime, l’un des acheteurs les plus perplexes
lors de la réunion précédente, prend la parole le premier: «C’est surprenant! Celui que
j’ai été voir m’a jusqu’ici toujours parlé de l’importance du prix. Lorsque je lui ai demandé
si c’était bien le prix qui allait le plus l’aider, il m’a regardé bizarrement. À ma grande
surprise, il m’a dit que ce qui l’intéresserait avant tout, c’était de savoir qui fait quoi chez
nous. Il m’a expliqué qu’il ne savait pas toujours à qui s’adresser. Il est vrai que les dossiers
circulent beaucoup entre nous: pour lui, cela ne doit pas toujours être évident, compte
tenu de la variété de ses demandes.»
Le groupe commence à débattre pour trouver une solution: ne pas échanger les dossiers,
tenir une liste à jour (qui s’en charge?)…
Chloé, pour éviter de perdre le rythme de la réunion, propose de revenir plus tard sur ce
point. Julie, l’une des assistantes, reprend son résumé des entretiens: «Mon interlocuteur
m’a dit qu’il était difficile de suivre les facturations en cours d’année, car il ne sait pas qui
suit quoi. Quand il veut savoir s’il lui reste du budget, il ne sait à qui s’adresser. À ses yeux,
© Groupe Eyrolles
«Pour ma part, reprend enfin Benjamin, j’ai vu quelqu’un qui nous reproche notre côté
"tour d’ivoire". Venez-nous voir, me disait-il, venez partager votre expertise avec nous.
Nous travaillerons mieux ensemble.»
Chloé sourit à ces mots. Même s’ils ne sont pas très agréables à entendre, elle comprend
qu’elle a touché un point sensible. Il faut maintenant en tirer parti pour progresser…
L’équipe bâtit sa cible d’interlocuteurs ABC et décide de systématiser sa démarche en
l’étendant progressivement à d’autres contacts.
Dans le même temps, elle construit une démarche pour aller rencontrer ses donneurs
d’ordre et chercher avec eux des pistes de progrès en termes d‘achats et d’économies de
stocks. Cette démarche rencontre un grand succès et nombre de services, jusqu’alors réti-
cents à collaborer avec le service achat, sont demandeurs. Il faut dire que, dans une
conjoncture difficile, elle leur offre l’opportunité de réduire leurs coûts d’approvisionne-
ment et leurs stocks. C’est tout bénéfice à la fois pour les donneurs d’ordre et le service
achat, qui anticipe mieux ainsi les besoins.
Enfin, un petit groupe de volontaires s’attache à mettre en place une organisation sur le
«qui fait quoi?» (savoir renseigner sur qui va acheter quoi?) et le «qui suit quoi?»
(informer sur la situation des comptes d’achat).
L’enthousiasme est grand dans l’équipe qui voit son travail reconnu et ses efforts récompensés.
En lançant son enquête, Chloé a mis le doigt sur le manque de communication entre les
services. Elle découvre que si les entreprises souhaitent organiser le travail en transverse
pour accroître l’efficacité de leurs équipes, les mentalités n’ont guère évolué. Chacun
raisonne souvent en considérant que tout le monde perçoit la même chose que lui, et
comprend ses attentes et ses propos.
■ LOI DE METCALFE1
L'utilité d'un réseau est proportionnelle au carré du
nombre de ceux qui l'utilisent.
FAIREPROGRESSERVOTRE
SAVOIR-FAIREGRÂCE
À UN MEILLEURRAPPORT
À AUTRUI
© Groupe Eyrolles
une tâche vous incombe. Voici une grille de questions qui vous y
aidera. Avant de traiter un nouveau sujet, demandez-vous systé-
matiquement :
SE RÉSERVER DU TEMPS
Un cadre est interrompu en moyenne toutes les sept minutes. La loi
de Carlson nous apprend que la tâche n’en durera que plus long-
temps. Dans ce contexte, savoir se réserver des plages de temps de 60
à 90 minutes est souvent nécessaire pour traiter au mieux des dossiers
de fond et… gagner du temps en supprimant les interruptions.
Voici quelques moyens de favoriser ce genre d’actions :
Fait À faire
re
1 règle • mettre son téléphone fixe sur messagerie avec un mes-
Faire le ménage sage ad hoc signalant la personne à joindre en cas
devant sa porte d’urgence, ou transférer automatiquement ses appels
• éteindre son téléphone portable
• supprimer la sonnerie prévenant de l’arrivée de nou-
veaux e-mails
• avoir sur l’écran de son ordinateur autre chose que sa
messagerie
2e règle • expliquer le sens de sa démarche (à quoi sert-elle?) en
Éduquer son rappelant les objectifs visés
équipe • s’assurer que le remplaçant choisi est d’accord et opéra-
tionnel
• bien définir avec cette personne ce qu’elle doit faire (et
vérifier notamment qu’elle-même ne consacre pas ce
temps à des travaux de fond)
• proposer la réciprocité (les collaborateurs pourront eux
aussi disposer de plages pour les travaux de fond)
3e règle • leur dire qui contacter (d’où l’importance du message
Diffuser le sur le répondeur)
message • diffuser l’information selon les modes d’assimilation des
auprès de personnes: certaines ont besoin de la lire (e-mail),
ses collègues d’autres de la voir (panneau, affiche), d’autres enfin de
en transverse l’entendre (annonce lors de réunions ou conversations)
• remercier régulièrement ceux qui jouent le jeu (c’est un
bon facteur d’entretien de la démarche)
4e règle • les impliquer en amont
© Groupe Eyrolles
Faire respecter • leur en montrer les gains (et les risques associés)
ces règles • les rassurer sur les compétences de leurs collaborateurs
par les chefs* • montrer que l’on y croit soi-même
* Y compris par le sien!
Et vous ? Estimez-vous que le temps qui passe a raison de vos bonnes résolutions ?
Faites le point régulièrement. Donnez-vous des objectifs simples et rapides à réaliser.
L’exemplarité ne vient pas toujours d’en haut, vous pouvez aussi contribuer à l’éducation
de tous.
SYNTHÈSE
Trouver du temps est à la fois affaire de volonté personnelle et
d’organisation. Vous n’êtes pas seul, et vous devez tenir compte des
comportements de ceux qui partagent votre vie professionnelle
(n’oubliez pas que vous avez souvent généré ces attitudes vous-
même) ; moyennant quoi, vous pourrez vous discipliner et
« éduquer » votre entourage. Cela veut dire d’abord faire preuve
d’exemplarité en sachant vous réserver des plages de temps, ou en
ne traitant que ce qui est de votre ressort. L’usage des nouveaux
outils de communication est aussi une bonne école de démonstra-
tion de vos relations à autrui. Évitez, par exemple, d’avoir la page
des mails sur l’écran d’accueil de votre ordinateur, et surtout la
petite sonnerie qui les accompagne. Cela ne fera que davantage
encourager vos correspondants à attendre une réponse immédiate.
Ces outils sont faits pour faciliter votre travail, pas vous en rendre
esclave. Eux, ils n’y sont pour rien si vous l’êtes ! À vous de vous
maîtriser si vous ne voulez pas le devenir. Dans tous les cas, les
règles de communication classiques (écoute active, reformulation,
© Groupe Eyrolles
Philippe est le responsable informatique de la filiale d’un grand groupe. Il gère une équipe de
Cas pratique
Fatigué d’expliquer constamment pourquoi il a mis cet écriteau, il diffuse un message par
e-mail à l’ensemble des collaborateurs en expliquant l’importance pour chacun des projets
sur lesquels il travaille. Il constate très vite que les gens continuent à l’appeler en s’excu-
sant, ou qu’ils ne semblent pas avoir lu le document.
Sommé par le directeur des systèmes d’information de la maison mère de prendre une
position claire sur sa participation aux projets, il va jusqu’à mettre son téléphone systéma-
tiquement sur répondeur. Toutefois, comme la filiale est petite, les gens se déplacent ou
font jouer leur hiérarchie pour lui demander d’intervenir.
Philippe se retrouve dans une situation inédite pour lui:
• sa direction insiste à la fois sur sa participation aux projets et sur l’assistance qu’il doit
fournir au quotidien;
• ses collègues de la filiale le traitent de carriériste;
• ceux qui participent aux projets lui reprochent d’être uniquement dans l’urgence et de
ne pas savoir prendre en compte le moyen terme.
Dans ces conditions, son entretien annuel se passe mal. Désespéré, il emporte alors du
travail à la maison le week-end… et doit faire face aux remontrances de sa famille.
Une remarque de sa femme le sort de ce mauvais pas: «Mon responsable a adopté un
système simple. Il s’isole deux à trois fois par semaine en transférant à tour de rôle ses
appels sur un de ses trois collaborateurs, dont moi. En contrepartie, nous faisons de même
lorsque nous avons besoin de travailler en paix. Cette technique demande juste un peu de
volonté: éteindre son portable, quitter son logiciel de messagerie, transférer sa ligne et…
dire poliment non aux importuns.Bien sûr, reconnaît-elle, cette attitude peut être un peu
gênante au début, surtout si vous avez l’habitude d’une politique de la porte ouverte. Cepen-
dant, tu t’apercevras rapidement que tu avances bien plus vite si tu n’es pas dérangé.»
Un peu interloqué, Philippe se dit qu’il n’a pas grand-chose à perdre. Dès le lendemain, il
réunit ses collaborateurs et leur explique la situation. Ils sont partagés entre l’intérêt de la
démarche et la peur de ne pas savoir répondre aux appels transférés.
Pour ne pas leur forcer la main, Philippe procède par étapes. Il commence d’abord par
persuader son plus proche collaborateur d’essayer pendant quinze jours. À l’issue de cette
période, il fait le point avec son équipe. Mis à part deux cas d’urgence réelle, tout a bien
fonctionné. Ses collègues ne se sont pas aperçus de son «absence» ou l’ont bien accep-
tée. La majorité des demandes traitées n’étaient pas complexes ou pouvaient être repor-
tées. Ce succès achève de convaincre le reste de l’équipe de jouer le jeu.
Fier de son succès, il décide plus loin, plus vite. Il choisit de déléguer une partie de son
travail de petit dépannage à ses collaborateurs. Le retour est des plus froids: «Pas le
temps!», «A toi d’arbitrer entre le très très urgent que tu nous donnes, et l’immédiat que
tu nous demandes de gérer»… La baisse de moral de ses collaborateurs pèse sur la
qualité du travail de l’équipe. «J’ai tout fichu en l’air» se répète Philippe qui retombe très
vite dans ses anciens travers. Il décide finalement de les réunir pour faire le point. Il
comprend très vite que sa proposition de délégation a été perçue comme un transfert de
«sale boulot». Après s’être excusé pour son approche, il explique ses besoins et négocie
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avec son équipe. Finalement, un «tour de garde» est organisé: chacun (dont Philippe)
prend en charge les petits dépannages un jour dans la semaine.
Cette rencontre aboutit même à d’autres résultats. Ses collaborateurs sont aussi deman-
deurs de moyens de gagner du temps. Justement, un d’entre eux a vu une présentation
d’outil collaboratif qui leur permettrait de travailler plus facilement ensemble. Un autre
propose de recueillir, au fil de l’eau, les demandes du matin les plus courantes et de les
répertorier dans un petit document papier: le «Q.F.P.» (Questions Fréquemment Posées);
une méthode pour inciter nombre d’utilisateurs à s’autonomiser.
Sagement, Philippe décide de limiter les nouvelles actions pour éviter que trop d’initiatives
créent la confusion. L’équipe se donne un mois pour mettre en œuvre ces nouvelles démarches.
Un mois plus tard, Philippe profite d’une réunion d’équipe pour faire le point. Le tour de
garde du matin a bien fonctionné, après une étape de démarrage un peu laborieuse. Le
«Q.F.P.» est pratiquement prêt: en fait, 80% des demandes peuvent se résumer en dix
points. Là où le bât blesse, c’est davantage dans le rapport entre ses collaborateurs et les
utilisateurs. Ces derniers lui ont remonté, au gré des rencontres, que si certains de ses
équipiers passent trop de temps à vouloir tout faire jusque dans le petit détail, d’autres
vont trop vite et sont souvent obligés de revenir.
Comment trouver la juste proportion dans le fait d’aider les utilisateurs? Philippe s’aper-
çoit que la technique et les méthodes ne suffisent pas à mieux gérer le temps. Le facteur
humain a aussi son importance. Il pense qu’il doit s’entretenir avec chaque membre de son
équipe et fixer des objectifs personnalisés.
■ LOI DE CARLSON1
OU LOI DES SÉQUENCES HOMOGÈNES DE TRAVAIL
Tout travail interrompu prend plus de temps et est
moins efficace que s’il est effectué de manière
continue.
Le rapport à l’autorité
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La peur de déplaire
Par ailleurs, notre entourage peut s’être créé une image de nous et
en jouer. Par exemple, vous ne voulez pas déplaire à un respon-
sable qui vous marque sa confiance ; vous vous trouvez alors
confronté à une situation difficile en termes de priorités.
Nous devons avoir conscience de l’image que nous voulons
projeter. Désirons-nous paraître serviables, efficaces, parfaits,
précis ? Quels risques prenons-nous à nos yeux en refusant
d’effectuer une tâche ?
Les habitudes
Dire non peut être enfin perçu comme une rupture, un change-
ment inexpliqué de comportement. Imaginez que vous ayez
l’habitude de remplacer votre responsable lors de certaines
réunions. Si vous avez toujours accepté de le faire, comment
justifier un refus cette fois-ci ? L’effort à fournir pour s’expliquer
et convaincre peut vous paraître démesuré par rapport à une
simple présence à la réunion.
Sous cet angle, nous voyons l’effet de l’expérience et des habi-
tudes. Il est plus confortable d’entretenir une habitude que d’y
renoncer. Dans leur ouvrage Petit traité de manipulation à l’usage
des honnêtes gens, Robert-Vincent Joule et Jean-Léon Beauvois
montrent comment des personnes de bonne foi maintiennent la
décision qu’elles ont prise (alors qu’elles pourraient en changer
librement), quand ultérieurement elles réalisent qu’elle leur est
préjudiciable. Ce « gel de l’expérience » nous colle à nos habi-
tudes. Vous pouvez ainsi vous dire que vous devez remplacer
votre responsable puisque vous le faites ordinairement.
de l’agressivité ;
• « Tout cela est positif, ils reconnaissent mes compétences. » Dans ce
contexte, vous en retirez alors de la joie et de la fierté.
Au final, vous êtes prêt à accepter que les autres disent aussi
« non » à une de vos demandes et « oui » à vous.
Cette situation est plus confortable pour les demandeurs, mais se servent-ils de tout, tout
de suite?
Plus vous serez taillable et corvéable, plus les gens en profiteront. Bon courage!
SYNTHÈSE
Dans une culture d’autorité, dire « non » passe pour une forme de
rébellion. Ne dit-on pas que l’art de la diplomatie est de dire
« oui » pour dire « peut-être » et « peut-être » pour dire
« non » ? Apprendre à dire non passe d’abord par une phase de
réflexion sur soi-même, sur les histoires que vous vous racontez,
l’image que vous pensez donner et sur celle que l’on souhaite
projeter.
Il ne s’agit pas de s’opposer pour le principe ou le goût du rapport
de force, mais d’être au clair si vous avez envie ou non d’aider la
personne pour cette demande-là et de pouvoir calmement lui
présenter votre décision. La « trousse de secours » vous apprend
ainsi à bien faire la part entre l’aide (« Être volontaire pour aider,
tout en n’accomplissant qu’une partie de la tâche pour en laisser
la responsabilité à l’autre ») et le sauvetage (« Faire à la place de,
parce que vous pensez que c’est pour son bien »).
Cette mise en forme permet de mieux tirer parti des méthodes
proposées : démêler faits et émotions, exprimer ces dernières,
clarifier les délais… En dehors des réels cas d’urgence ou des
crises d’autoritarisme, elle conduit à proposer plus souvent des
solutions constructives. Vous serez le premier surpris de l’accueil
que vous recevrez et vous entrerez dans une spirale positive, qui
fera que vous serez d’autant mieux reconnu que vous saurez dire
oui ou non de manière adaptée (ce qui est à l’encontre peut-être
des histoires que vous vous racontez).
Malik est responsable technique d’une unité régionale d’une entreprise travaillant dans le
Cas pratique
domaine de l’énergie. Son rôle est à la fois simple et complexe: dimensionner à la taille
optimale les tuyaux qui composent le réseau, en tenant compte des besoins actuels et
futurs. Il tente de trouver un équilibre entre les souhaits:
• de l’exploitation (prévoir large);
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• du commercial (l’offre doit précéder la demande, car celle-ci n’attend pas et une autre
forme d’énergie peut être choisie);
• de la finance (faire au plus juste et au plus près de la demande, pour avoir des recettes
en même temps que les dépenses);
• du responsable des achats et des appels d’offres (lancer le plus en amont possible les
appels d’offres).
Choisi pour ses talents de négociateur et sa grande capacité d’écoute, Malik est confronté
à une tâche difficile, compte tenu de la personnalité de ses interlocuteurs et des intérêts
en jeu. L’exploitation joue sur les risques de saturation. Les finances font traîner les délais
d’approbation des budgets. Le commercial surestime les besoins, et le responsable des
achats les délais en amont.
Aujourd’hui, Malik prépare la réunion mensuelle de coordination, qui va porter notam-
ment sur la ZAC des Petits Champs à Bloigny. Cette rencontre est importante. Les intempé-
ries ont retardé le début des travaux préliminaires, les commerciaux ont fait savoir qu’il y
avait de gros contrats à la clef si…, les financiers crient haut et fort que les temps sont
durs et qu’il faut réduire les budgets prévisionnels. Bref, une ambiance classique…
Pour organiser la réunion, négocier en amont avec chaque partie et définir le temps
imparti aux différents sujets durant la réunion, Malik a bien besoin de sa journée. Il a donc
libéré son temps en conséquence.
C’était compter sans le téléphone: à 9h30, Yves, son manager, alors en comité de direc-
tion, l’appelle pour lui demander d’être présent à sa place dans une autre réunion. Celle-ci
a un caractère «stratégique»; il est donc important que le service y soit représenté. Bien
sûr, Yves est conscient de la charge de travail de son collaborateur. Il sait aussi qu’il pour-
rait demander à un autre de ses collègues de le remplacer, mais il préfère que ce soit
Malik, car il sait qu’il peut compter sur lui. Il n’y aura rien d’exceptionnel à dire ou à faire,
puisqu’il s’agit d’avaliser des décisions plus ou moins déjà prises. Un dossier est déjà à sa
disposition au secrétariat: il devra simplement s’assurer que les engagements prévus sont
respectés.
Malik a conscience que son patron lui témoigne de la confiance à travers cette requête. Il
est cependant inquiet du temps qu’elle va lui prendre. «Une heure, c’est une heure, se dit-
il. Or il faut que j’aie terminé ma propre préparation avant d’appeler mes interlocuteurs en
milieu d’après-midi. Une fois de plus, mon déjeuner va sauter!» Malik cherche à parer au
mieux en déléguant certaines tâches à ses collaborateurs.
Revenu de sa réunion, il trouve sur son bureau la copie de l’e-mail d’un directeur à son
manager lui demandant des informations «à caractère urgent». Le manager en question
a écrit en marge: «Je sais que tu es surchargé. Toutefois, voici une excellente opportunité
de valoriser ton travail auprès d’un responsable qui te connaît peu. Je compte sur toi pour
trouver une solution rapide et efficace. Je suis sûr que ta réunion se passera bien
demain.»
Malik s’énerve en regardant le détail de la demande. Il en a pour deux heures au moins,
car il dispose effectivement des données, mais pas selon la même nomenclature. Il doit
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donc tout reconstruire. Si une partie du travail peut être réalisée par des membres de son
équipe, il devra consolider l’ensemble.
Même s’il ne voit pas l’urgence de la demande, il ne se sent pas capable de dire non à un
grand directeur. Il réfléchit quelques instants, puis tout à coup a une idée. Il étudie à
tion d’hier, puis lui fait part de son ressenti: «je me suis énervé parce que j’ai vécu une
journée difficile. Voilà ce que je ressens à propos de ton attitude: j’ai perdu mon calme
parce que j’avais peur de ne pas y arriver. Je voulais m’en excuser et je regrette de t’avoir
mis dans cette situation. Je te propose qu’à l’avenir nous trouvions d’autres solutions pour
nous entendre…». Touché par cet aveu, son collaborateur s’excuse à son tour de n’avoir
pris le temps d’écouter ce que Malik lui disait et d’avoir pu paraître désinvolte.
Cette situation rétablie, Malik appelle le directeur avant même d’avoir reçu le mail en
retour et lui propose le choix entre une réponse indicative dans les dix minutes ou une
réponse exacte sous une journée. Ce dernier réfléchit quelques instants et déclare qu’une
réponse approchée lui suffit. Il a besoin simplement d’un ordre d’idée.
Malik peut partir plus sereinement à sa réunion à Bloigny en se promettant, à son retour,
de rencontrer son responsable pour le remercier de la confiance accordée en l’envoyant en
réunion à sa place, et en lui proposant une solution alternative (un de ses collaborateurs)
sur ce sujet en cas d’indisponibilité.
■ LOI DE PARETO1
20% des moyens permettent d’atteindre 80% des
objectifs.
© Groupe Eyrolles
© Groupe Eyrolles
THÈME
Leadership et management
ALBERT É., Le manager durable, Éditions d’Organisation, 2004.
BLANCHARD K., JOHNSON S., Le manager minute, Eyrolles, 2006.
CAUVIN P., La cohésion des équipes, ESF, 2003.
CAYATTE R., Bâtir une équipe performante et motivée, Éditions
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CAYATTE R., Motivez pour gagner, ESF, 2008.
CAYATTE R., RODACH G., Les clés de l’employabilité, Éditions
Liaisons, 2006.
CAYATTE R., RODACH G., Une vague à douze temps, Éditions
© Groupe Eyrolles
Liaisons.
CHARAN R., BOSSIDY L., Tout est dans l’exécution, First Éditions,
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Communication
BERNE É., DILÉ L., Des jeux et des hommes, Stock, 1996.
CHALVIN D., Développez votre intelligence relationnelle, ESF, 2003.
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PATTERSON K., GRENNY J., MCMILLAN R., SWITZLER A., COVERY S.
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ROSENBERG M., Les mots sont des fenêtres, La Découverte, 2004.
STEWARD I., JOINES, V., Manuel d’analyse transactionnelle, InterÉdi-
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Créativité
AZNAR G., Idées — 100 techniques de créativité pour les produire et
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BONO E. (DE), Les six chapeaux de la réflexion, Eyrolles, 2005.
BUZAN T., Mind Map, Éditions d’Organisation, 2003.
Organisation
DES MESNARDS P.-H., Analyser les besoins des clients, Éditions
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FERNANDEZ A., L’essentiel du tableau de bord, Eyrolles, 2008.
FERNANDEZ A., Le chef de projet efficace, Éditions d’Organisation,
© Groupe Eyrolles
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GEORGES P. M., Gagner en efficacité en équipe, Éditions d’Organisa-
tion, 2004.
A L
agenda 30, 70, 94 lâcher prise 113, 116
ambiance 45 lunettes de couleur 130
analyse systémique 139
anticipation 24, 187 M
autorité 171, 175, 182 Metcalfe (loi de) 152
méthode des 4 P 180
B motivation 45, 76, 79, 109
biorythme 105, 116
O
C objectifs 8, 24, 31, 45, 49, 60, 75,
Carlson (loi de) 159, 170 82, 83, 94, 112, 127, 185
compétences 8, 17, 26, 37, 59, 76, outils collaboratifs 163
79, 97, 123, 143, 157
P
D Pareto (loi de) 181
Dépêche-toi 42, 114, 165 Parkinson (loi de) 74
dire non 171 peur de déplaire 45, 171, 173
plan d’action 131, 143, 187
planification 52, 94
E prioriser 189
Ecclésiaste (loi de) 119 proactivité 30, 37
Eisenhower 64
Équilibrer ses vies 112
R
Essaie encore 43, 114, 166
réactions négatives 172
étapes de la réussite 110
reconnaissance 62, 108, 116
réseau 144, 147, 152, 161
F réunions 15, 24, 31, 99, 123, 130,
Fais plaisir 43, 114, 166 135, 138, 145, 148
FOCUS 18, 191 rythmes d’activité 105
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