Vieira Biographie Caractère Éloquence [...]Cabral Luiz
Vieira Biographie Caractère Éloquence [...]Cabral Luiz
Vieira Biographie Caractère Éloquence [...]Cabral Luiz
VIEIRA
BIOGRAPHIE - CARACTÈRE ELOQUENCE
v\n
Le Père LUIZ CABRAL, S. J.
PARIS
Y1CTOH ItKTAUX. UBItAIRK-fiDITKUK
82, Hl'K ItO.VM'.VUTK, 8-2
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Tous droit* réservé*
Victor RRÏAUX, Libraire Kditeur
8-2, m i; r.ox.u'.virn;, r.wus
I.A
.
LOI DE CAÏN
Par SUT H
-
l'n volume hi-lcS jt'sus, ... 1 IV. 50
Voici un livre prophétique : prophète de malheur, mais aussi de
vérité, hélas ! si Vaecompiii le- nouvel attentat contre no» libertés.
La Loi do Caïn, — ou t'a deviné — est celle qui, sous le masque
de stay scolaire, veut arracher les Ames des jeunes croyant-! à la
direction «le leur* parents cour essayer de leur ravir U foi.
l/auteur suppose la loi perpétrée et nous transporte au lende-
main du vote, dans ce douloureux et menaçant avenir. Un gracieux
et brillant adolescent, lits aîné d'une chrétienne famille, se vo.t
forcé d'entier interne au lycé»*, afin d'être admis à concourir pour
l'KcoIe Polytechnique. Périlleuse épreuve que celle-là! et à latju-ite
no résisteront pleinement que les caractères fortement trempés.
Malheureusement, ce n'est pas ici lo cas. L'énergie du jeun s
homme n'est pas proportionnée à son intelligence. Après des
scènes tristement vécues dans leur poignante sincérité, ou le voit
peu à peu perdre sa foi, sa vertu; puis s'éloigner dessiens dont les
croyances ot I* vie lui deviennent un reproche; enfin mourir pré-
maturément de la plus triste des morts.
Tel est le plan, bien simple assurément; mais l'exécution le
tiansforme. Quelle finesse d'analyse psychologique dans les descrip.
lions de ce caractère ondoyant, qui cèJe et se reprend tour à tour,
jusqu'à l'abandon final et l'enlurcissement. A côté de lui, apparaît
nue délicieuse flgiue de mère, douce et douloureuse comme une
Vierge de Carlo Dolci, dont le coeur est brisé par la ruine morale
de son enfuit et dont la raison chancelle sous l'impression de'sa fin
tragique. Il faut lire, surtout, le chapitre intitulé « Pauvre mère! ».
Il est écrit avec des larmes et en fera sans doute couler plus d'une.
Kspérons qu'il inspirera aux mères chrétiennes la résolution
indomptable de lutter avec l'énergie de l'amour, afin d'empêcher
ou de-faire rapporter la loi maudite qui s'en prend à l'àme de leurs
enfints.
VIEIRA
BIOGRAPHIE - CARACTÈRE
- ÉLOQUENCE
PARIS
VICTOR RETAUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR
82, RUE BONAPARTE, 82
1900
Tous droits réservés
INTRODUCTION
VIEIRA
INTRODUCTION
BIOGRAPHIE
1608-1641
PREMIÈRES ANNÉES
1641
1645-1659
VOYAGES DIPLOMATIQUES
1652
MISSIONS
(I) Malh.,iv,9.
38 VIEIRA
n'a pas besoin de vous offrir; des royaumes,
des villes, ni même des hameaux : il lui suffit de
vous montrer un ou deux esclaves, et aussitôt il
vous voit tomber en adoration à ses pieds. Pour
un nègre, votre âme ! Ce nègre sera ton esclave
pendant cette vie ; mais, en retour, ton âme sera
mon esclave pendant l'éternité : tel est le pacte
que le démon a fait avec chacun de vous. »
Puis, comme pour adoucir la dureté de ces
paroles, l'orateur communique à son auditoire
les anxiétés de son âme ! — « Monter en chaire
pour n'avoir à dire que des choses pénibles, pé
n'est pas mon goût, vous le savez ; à plus forte
raison quand il s'agit de personnes auxquelles je
souhaite tout le bonheur possible. D'un autre
côté, monter en chaire et ne pas dire la vérité,
c'est contre le devoir et contre la conscience ;
surtout chez moi, qui ai dit tant de dures vérités
avec tant de franchise et devant des auditeurs
qui, étant plus illustres, n'en étaient que plus
redoutables. Pour tous ces motifs, j'avais pris
le parti d'aller dans les campagnes catéchiser
les Indiens. » Des personnes recommandables
par leur vertu, et respectées de tout le mondef
l'ont engagé à [parler. Il n'aurait peut-être pa3
BIOGRAPHIE 39
accepté. Mais le vendredi matin, tandis qu'il
célébrait la messe, il a cru sentir une inspiration
de Dieu, comme un appel de l'Esprit-Saint,
qu'il ne croyait pas pouvoir négliger sans man-
quer à sa conscience. En lisant les paroles de
l'épître, tirées du prophète Isaïe : Glamat ne
cesses... et annuntia populo meo scelcra
eorum (1), il a comme entendu la voix de Dieu
qui lui commandait de dire au peuple la vérité.
Et voici cette vérité, qui sur des âmes croyantes
devait produire d'autant plus d'effet qu'elle était
annoncée par un missionnaire ayant le prestige
de l'éloquence, de la sainteté et d'une haute
position généreusement sacrifiée : « Tous, vous
êtes en état de péché mortel ; tous, vous vivez et
mourez en état de damnation ; tous, vous allez
droiten enfer ?... En enfer?... Beaucoup des vôtres
y sont déjà, et vous ne tarderez pas à les y re-
joindre, si vous ne changez pas de conduite. Quoi ?
grand Dieu ? un peuple entier en péché mortel ! un
peuple entier dans le chemin de l'enfer ! Oui ! et
s'en étonner, c'est ne pas savoir ce qu'est l'es-
clavage injuste. »
' 1644-1655
RETOUR EN EUROPE
V
La traversée fut des plus dangereuses. Une
affreuse tempête assaillit le vaisseau en vue des
îles Açores, le jeta sur la côte, où il resta couché
BIOGRAPHIE 49
sur le flanc pendant plus d'un quart d'heure, ris-
quant cent fois d'être brisé par la furie des va-
gues ou englouti par l'eau qui le remplissait de
toutes parts. Tous les passagers s'attendaient à
périr, se cramponnaient aux cordages et pous-
saient des cris de détresse, quand .une vague
plus forte que les autres remit le navire à flot et
le repoussa vers la haute mer. Des corsaires re-
cueillirent les naufragés et les débarquèrent à
l'Ile de San Miguel, où le lendemain Vieira, tout
plein encore des pensées que lui avait suggérées
la catastrophe de la veille, donna le panégyrique
de sainte Thérèse. Il rappela son naufrage et la
prière qu'il avait faite au milieu du danger, au
sein même de la mort : « Anges gardiens des
âmes du Maragnon, s'éteit-il écrié en se voyant
sur le point d'être englouti dans la mer, sou-
venez-vous que ce vaisseau fait voile dans l'in-
térêt de leur salut. Maintenant, ce que vous pou-
vez et ce que vous devez, faites-le, non pour
nous, qui ne' le méritons pas, mais pour ces
pauvres âmes, qui sont à votre charge. Voyez!
toutes, elles vont périr ici avec nous ! » — Tous
les passagers ont entendu cette prière,que je fis
à haute voix ; et grâce à son objet, dit-il hum-
50 VIEIRA
blement, cette prière ne s'est pas ressentie de
l'indignité de celui qui la faisait. Les anges sont
intervenus. »
Ce ne fut qu'au bout de quatre mois de navi-
gation, le 24 octobre, que Vieira put toucher la
terre de sa patrie. Jean IV, aussitôt qu'il eut ap-
pris l'arrivée du missionnaire, le manda au pa-
lais, et nous connaissons par le P. de Barros les
détails de l'entrevue. C'était une véritable amitié
qui liait le roi et Vieira, et celui-ci put parler
comme un sujet ne parlerait pas au souverain.
Il dit que l'amour de Dieu lui avait fait sacrifier
l'affection du roi et la bienveillance de la reine,
pour affronter les tempêtes de l'Océan, les flè-
ches des sauvages, ou la mort au milieu des pri-
vations. Or, qu'avait-il trouvé au Brésil ? La per-
sécution pour les missionnaires, les entraves
pour la foi, le mépris de toutes les lois divines et
humaines. Sa Majesté pouvait se faire là-bas un
vaste empire, compter les sujets par millions ;
mais la cupidité et l'injustice, pour capturer un
esclave, mettait en fuite des milliers d'Indiens,
qui mouraient dans leurs superstitions. Que le
roi délivrât ces infortunés de la tyrannie des
colons : ils le béniraient comme leur sauveur, et
LISHONNE. — Vue d'une* partie du port.
BIOGRAPUIB 53
il deviendrait le maître des plus beaux États du
monde. Jean IV convoqua une junte% où siégè-
rent des jurisconsultes, des théologiens et les
chefs des ordres religieux établis en Portugal.
Vieira y fut l'avocat des Indiens, exposa les
cruautés, les dénis de justice dont ils étaient
les victimes, les réformes urgentes que toutes
ces abominations rendaient indispensables ; et
l'assemblée, après lui avoir voté des éloges et
des remerciements, adopta tous ses projets, qui
furent aussitôt approuvés par le roi. Entre
temps, il avait prêché à la cour le carême
de 1655.
1655-1661
1662-1669
TROISIÈME SÉJOUR EN PORTUGAL
j
1669-1674
ROME
1681-1697
DERNIÈRES ANNÉES
II
III
IV
VI
\
et c'est lui qui écrivit la plupart des sermons que
Vieira publia de son vivant.
VII
. 8.
i38 VIF4BA
II
1
'
A ta clarté, Vfë'ra savait joindre une origina-
lité de bon aloi. Cette seconde qualité n'est pas
moins nécessaire à l'orateur que la première. Si
par la clarté il se fait entendre, c'est par l'origi-
nalité qu'il se fait écouter. C'est par là que
Vieira tenait son auditoire sans cesse en éveil.
« Vieira, écrit M. Carel, posséda au plus haut
degré le don d'être soi. Ouvrez ses oeuvres au
premier endroit venu, il n'est guère possible
d'en lire quelques lignes sans se sentir aussitôt
captivé, tant l'écrivain y a laissé son empreinte.
Peu d'orateurs sont aussi capables de développer
le talent et l'originalité. De notre grand évêque
ÉLOQUENCE 139
il a la force, la hardiesse et la profondeur, et ce
coup d'oeil du génie qui trace dans les Écritures
un profond sillon de lumière (i). » Pour se con-
vaincre que cette appréciation est juste, il suffit
de jeter un coup d'oeil sur les sujets de ses
sermons.
En 1647, il prêche pour la fête annuelle de la
Confrérie de la Miséricorde à l'église de l'hô-
pital de Lisbonne. Le Très Saint-Sacrement est
exposé. L'Evangile du jour lui fournit les paroles
de son texte : Beati pauperes, béait miséri-
cordes. 11 fait voir à ses auditeurs la présence
de Jésus-Christ dans la personne du pauvre,
comme en une seconde Eucharistie, instituée dans
dans le but de béatifier la pauvreté par le soula-
gement de ses souffrances : beati paupcrcs, et
de béatifier la miséricorde par l'exercice de la
charité : beati miséricordes.
Un jour, on l'invite à prêcher sur le Saint
Sacrement dans l'église de l'Espérance :
i
Que la foi se sent heureuse aujourd'hui, s'écrie
l'orateur; qu'elle se sent heureuse, la charité I La foi
est appelée à croire le plus sublime, le plus profond,
111
IV
VI
10.
ÉLOQUENCE 175
Nous avons déjà fait remarquerdans no tre pre-
mier article l'heureuse influence que Vieira exerça
sur les affairespubliques. Son influence fut encore
plus décisive sur la langue et sur la littérature. Il
réagit heureusement contre la tendance fâcheuse
qu'avaient imprimée à la littérature portugaise
soixante ans de domination espagnole. C'est
une gloire que partagèrent presque exclusive-
ment avec lui Frei Luiz de Sousa et Jacintho
Freire d'Andrade. On nous pardonnera de faire
remarquer que tous les trois étaient prêtres et
que deux étaient religieux (1). Or, parmi ces
trois écrivains, qui ont si bien mérité des lettres
portugaises, c'est à Vieira que, récemment
encore, Mgr Nunes, archevêque d'Evora, et un
de nos orateurs les plus en vue, assignait la pre-
mière place. « Luiz de Sousa, dit-il, m'apparait
avec le dessin correct et les teintes nuancées de
Raphaël Sanzio; Jacintho Freire a l'éclatant
coloris de Rubens ; Vieira unit la vigueur à la
grâce, la hardiesse de la conception et la correc-
INTRODUCTION' 1
i .
Biographie 15
Caractère
• • j
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Éloquence y<^T7~^42l