MÉMO fini
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EPIGRAPHE
La quasi disparition de l’inflation prive les salariés d’un des plaisirs les plus gratifiants du
monde de travail : la demande d’augmentation.
Philippe Bouvard
II
DEDICACES
À vous mes très chers et aimables parents, JEAN-PIERRE NSUMBA KATENDE et MARIE-
JOSÉE KABAMBA TSHIBANDA ;
REMERCIEMENTS
Au TOUT-PUISSANT créateur de toute chose, mon créateur, mon protecteur physique et
spirituel, ma source d’intelligence et de sagesse.
Lorsqu’on a travaillé sur un projet et qu’on y arrive au bout après plusieurs mois de dur labeur,
on ne peut que se réjouir. Et lorsque ce projet est captivant, souvent on ne jette des fleurs qu’à
son auteur, en oubliant que ce dernier avait d’une manière ou d’une autre bénéficié du concours
de bien des gens qui ne doivent pas être passés sous silence. De ce fait, je tiens à adresser mes
sincères remerciements :
À mes chers parents pour m’avoir donné la vie et pour des sacrifices qu’ils ont consentis pour
moi afin de me faire arriver au stade actuel de ma formation, pour leur incommensurable amour
et soutien sans pareil malgré la conjoncture. Eux qui m’ont inculqué le sens de responsabilité,
de discipline, de patience et de persévérance dans le travail. Qu’ils puissent trouver dans cette
œuvre le fruit de leur dévouement et de toutes leurs actions ;
À mes très chers frères et sœurs, JOËLLE MUADI ; MADO NSAMBA ; SERGES MBIYA ;
STELLA BONSO ; HERVÉ BULEMBA ; DON CIBANDA et PIERRETTE NGANDU, pour
leurs soutien et prières incessantes ;
À mes très proches amis ADIELLA NSAMBA ; PÉLAGIE MBAYA, JUNIOR MULUMBA ;
BENITA NTUMBA pour leur réconfort tant physique que moral ;
Enfin pour clore cette page de remerciements, nous pensons aussi à tous nos oncles, tantes,
cousins et cousines, neveux et nièces. Qu’ils trouvent ici nos remerciements. Leur seule
présence tant physique, morale que spirituelle a suffi à nous redonner confiance et courage ;
À tous ceux qui croient avoir contribué de près ou de loin à la réalisation de ce travail mais
dont les noms ont été oubliés involontairement qu’ils trouvent à travers ces lignes l'expression
de mes remerciements sincères.
EPIGRAPHE ............................................................................................................................ I
DEDICACES............................................................................................................................ II
REMERCIEMENTS.............................................................................................................. III
LISTE DES ABREVIATIONS ................................................................................................ V
TABLE DES MATIERES ......................................................................................................VI
TABLEAUX ET FIGURES .................................................................................................VIII
0 Introduction ....................................................................................................................... 1
0.1 Contexte ....................................................................................................................................................... 1
Conclusion et suggestions....................................................................................................... 32
Références bibliographiques .................................................................................................. 34
Annexe ..................................................................................................................................... 36
III.1 TEST DE STATIONNARITÉ ....................................................................................... 36
III.2 TEST DE COINTÉGRATION DE ENGEL ET GRANGER ....................................... 38
III.3 CAUSALITÉ................................................................................................................... 40
III.4 MODÈLE À CORRECTION D'ERREUR .................................................................... 40
VIII
TABLEAUX ET FIGURES
0 Introduction
0.1 Contexte
Par ailleurs, ces deux agrégats constituent sans aucun doute le baromètre d’appréciation de
l’efficacité des politiques économiques des gouvernements des pays et donc il n’en demeure
pas moins que la relation qui existe entre eux constitue le cadre théorique et une référence en
matière de politique économique2. Cette relation renseigne sur les effets de l'activité
économique réelle d’une politique économique à base du taux d’inflation sur les variations du
taux de chômage.
En effet, il existe une relation très ancienne entre le taux de chômage et le taux d’inflation qui
selon Alban William Phillips serait inverse telle que démontré par sa courbe dite Courbe de
Phillips.
L’interprétation la plus simple de cette courbe résulte du rapport de force entre salariés et
employeurs. En période de forte reprise d’activité, les employeurs pour augmenter leur quantité
à produire embauchent plus d’employés devenus ainsi rares à cause du niveau très élevé de la
demande, ce qui fait diminuer le chômage et augmente l’inflation du fait que le coût de la rareté
de la main d’œuvre est répercuté sur le prix des produits. Inversement, en période de
ralentissement économique, le rapport de force change lorsque le taux d’inflation diminue, les
marges de profit des producteurs diminuent aussi, mais les employés résistent aux baisses de
salaire (viscosité des salaires). Les producteurs procèdent donc à des mises à pied qui
occasionnent du chômage3.
1
Mah Philippe Valdez Dimitri, Louis Henri Ngah Ntiga, La relation entre l’inflation et le chômage en Afrique
subsaharienne, 2023, p10
2
TANDIA AKOMBOYO Senold ; KAMBALE MUSAVULI Christian et KITAMBALA MASTAKI Modeste,
Chômage et Inflation: vérification de la courbe de Phillips en République Démocratique du Congo, 2021, pp 52-
57.
3
Peyrard-Moulard, Courbe de Phillips Martine, Le 28 mai 2019, modifié le 25 janvier 2022.
2
La courbe de Phillips est ainsi une expression indéniable d’un dilemme permanent entre
inflation et chômage.
De ce fait toute politique économique efficace, visant l’amélioration du bien-être général d’un
pays, procède inexorablement non seulement à la maitrise de l’inflation, d’une part, mais aussi
et surtout, à celle du chômage, d’autre part.
0.2 Problématique
Aujourd’hui, dans la plupart des pays en voie de développement en général et dans ceux
d’Afrique en particulier une attention soutenue a été accordée à la lutte contre l'inflation.
En effet, cette attention trouve son origine dans les épisodes d'hyperinflation qui ont sévi dans
plusieurs de ces pays au cours des années 1990.
Depuis 1990, une série d’événements se sont succédés et ont porté préjudice au tissu
économique de la plupart de ces pays.
Relativement à la RDC, au cours de cette période, elle a fait partie des pays ayant ainsi battu le
record en termes de taux d’inflation le plus élevé, atteignant même au moins trois chiffres voire
quatre l’an. Dans un rapport de l’Agence Nationale pour la Promotion des Investissements
(ANAPI), la période de 1989 à 2001 est celle du déclin de l’économie de la société congolaise.
La longue transition politique marque non seulement le couronnement de l’instabilité
institutionnelle (plus de 12 gouvernements en espace de 10 ans) mais surtout de malaises
sociaux (évènements de LUBUMBASHI en 1990, conflits interethniques en 1991 et 1992,
grèves, contestations populaires, villes mortes…) et économiques (hyperinflation, pillages de
l’outil de production et commercialisation des entreprises en 1991 et 1993, rupture de la
coopération bilatérale et multilatérale…). Au cours de cette période, le PIB Réel a reculé de
4.5% en moyenne, la hausse du niveau général des prix a été de près de 2000% en moyenne,
l’incidence de la pauvreté est établie en moyenne à 80% et le taux de chômage à 84%.
Ce n’est qu’en 2002 qu’une série des mesures ont été arrêtées par le gouvernement central.
Cette période est caractérisée par la reprise de la coopération multilatérale et bilatérale,
l’application des politiques économiques conjoncturelles restrictives et des réformes
structurelles de première génération (partenariat dans le secteur minier, guichet unique au port
de MATADI, mise en place de la chaîne des dépense…).
3
De ce fait, le pays a réalisé des performances remarquables dans la réduction du taux d’inflation
(hausse du niveau général des prix de 17% en moyenne l’an, de plus celui-ci a été de 1% l’an
pendant la période 2011 à 2015 selon la Banque Mondiale dans son apport de 2017).
Par ailleurs, bien que le taux moyen d’inflation ait sensiblement baissé au cours de ces vingt
dernières années, par contre celui du taux de chômage a demeuré tout de même relativement
élevé. Il est estimé à 63% en 2019 avec une moyenne de 63,5% entre 2002 et 2014 à en croire
les statistiques officielles. Ces statistiques révèlent par ailleurs que sur l’ensemble de la main
d’œuvre disponible plus de 8 sur 10 congolais en moyenne cherchent de l’emploi sans succès.
Les chiffres relatif au taux de chômage demeure très significatif4. Le secteur informel demeure
le principal employeur, 80% d’emplois se trouvent dans ce dernier.
Partant du principe de la courbe de Phillips qui prône une relation inverse entre le taux de
chômage et celui d’inflation mais aussi des observations faites sur ces précédentes années prises
en compte, L’hypothèse selon laquelle toute variation du taux de chômage serait négativement
liée à celle du taux d’inflation en RDC, est formulée.
- Le plan personnel : cette étude nous a permis d’approfondir encore plus nos
connaissances, relativement à notre sujet de recherche ;
4
Henry Ngongo Muganza, Causes du chômage et politiques pour l’emploi en République Démocratique du Congo,
2019, p3.
4
- Plan scientifique : notre travail étant destiné à être conservé en guise d’archive servira
de repère ou encore de base des données pour les générations actuelles voire avenir
intéressées par le domaine du marché de travail et/ou celui de l’inflation et aussi par
toutes les autres notions liées à ces derniers.
Pour ce qui est de l’objectif, cette présente étude se propose de vérifier la relation existant entre
le taux de chômage et celui de l’inflation en RDC, mais tout en utilisant le modèle de la courbe
de Phillips et par conséquent tirer des conclusions compte tenu de nos résultats.
- Revue de la littérature ;
- Méthodologie et analyse des variables sous étude;
- Résultats de l’étude.
5
Dans son article de 1958, Phillips explique la liaison négative entre croissance du salaire
nominal et taux de chômage comme un simple effet d'un ajustement entre offre et demande : «
Lorsque la demande d'un bien ou d'un service est relativement élevée par rapport à son offre,
nous devons nous attendre à une hausse de son prix.... Il est raisonnable de penser que l'un des
déterminants du taux de variation des salaires nominaux, soit le prix des services du travail ».
(Valérie Mignon 2011)
Dans les dernières décennies, les analyses économiques se sont largement préoccupées du
problème de la recherche du plein-emploi et de la stabilité des prix (absence d'inflation). Les
politiques économiques inspirées du cadre IS-LM ont supposé au départ que les prix pouvaient
être considérés comme fixes, hypothèse qui a été par la suite largement remise en cause. Le
point de départ contemporain de cette réflexion est sans doute la relation de Phillips. En 1958,
l'économiste néo-zélandais A.W. Phillips a proposé une estimation de la relation expliquant les
variations du taux de salaire nominal à partir du taux de chômage observé en Grande-Bretagne
sur la période 1861-1957.
Il ressort de ce travail empirique que le taux de chômage peut être considéré comme le
déterminant principal des variations du salaire nominal. Ce que l'on a appelé depuis lors la
courbe de Phillips est une découverte importante dans la mesure où elle constitue l'équation
manquante de la théorie keynésienne. Elle permet de passer d'une macroéconomie statique à
une macroéconomie dynamique5.
En effet, l'équilibre macroéconomique relatif à une période décrit dans le modèle offre globale-
demande globale se modifie dans le temps en fonction de la dynamique des salaires nominaux.
5
SHABANI KANDOLO AMANI Jean-Claude, Diagnostique croissance économique-chômage en RDC :
approche par un modèle autorégressif basé sur la loi d’Okun, 2022, p946.
6
Par ailleurs, à partir des années 1970 la courbe de Phillips sera considérablement remise en
cause suites aux chocs pétrolier (1973-1979).
Ces chocs ont entraîné une hausse des coûts des entreprises, ce qui a induit une augmentation
des marges et des prix des entreprises quel que soit le taux de chômage. Il y a eu un changement
dans la formation des anticipations des partenaires sociaux, lors des séances de négociation des
salaires. A partir des années 1970, on a observé une persistance de l'inflation à des taux élevés
(une inflation forte en t était susceptible d'être suivie par une inflation élevée en t+1).
La relation mise en évidence par Phillips est rapidement réinterprétée, dès 1960, par Robert
Lipsey comme une relation entre inflation et chômage. La même année deux des principaux
représentants de la « synthèse néoclassique » (interprétation de Keynes par le schéma IS-LM)
Paul Samuelson et Robert Solow développent une analyse semblable. Le taux d'inflation peut
facilement être substitué au taux de variation du taux de salaire nominal, parce que la liaison
entre les deux grandeurs est forte.
D'une part, la hausse des salaires nominaux entretient des tensions sur la demande des produits
donc sur les prix (inflation par la demande) d'autre part, elle se traduit par une pression sur les
marges qui ne peut être levée que par la hausse des prix (inflation par les coûts) si les entreprises
fixent leurs prix en conservant des marges constantes (comportement de « mark up »).
relation effectivement estimée par Phillips est en fait non linéaire 6. Ainsi, l’effet d’une
diminution du taux de chômage sur le taux de croissance des salaires devient extrêmement
grand lorsque le taux de chômage s’approche de zéro, tandis qu’il est faible quand le taux de
chômage atteint des niveaux élevés.
6
. La courbe estimée par Phillips (1958) a pour équation ln(Δwt+a) = ln(b)–cln(Ut)+εt. La méthode statistique
utilisée par Phillips est assez approximative.
7
Une première série de travaux est bâtie autour de la théorie suggérée par R. Lipsey (1960) et
qui est apparue la première dans l’ordre chronologique ; d’après cette école, les variations en
hausse ou en baisse des taux de salaire nominal résultent d’un déséquilibre du marché du travail,
déséquilibre qui peut être mesuré en première approximation par le niveau de chômage.
En effet sa théorie est appelée théorie Phillips-Lipsey de l‘excès de demande, cette dernière
stipule que sur un marché de travail, lorsque la demande excède l’offre, le taux de salaire
augmente, à un rythme d’autant plus élevé que l’excédent de demande est grand. Inversement,
dans le cas d’un excès de l’offre, le salaire diminue, et selon un rythme d’autant plus élevé que
cet excès d’offre est grand.
Lipsey a donc compensé l’analyse de la courbe de Phillips (1958) grâce au marché du travail
basé sous deux hypothèses : l’existence d’une relation positive linéaire entre la variation (%)
des taux de salaires et la demande excédentaire définie par l’écart (%) entre la demande et
l’offre du travail et l’existence d’une relation inverse non linéaire entre la demande excédentaire
d’une main d’œuvre et le niveau de chômage7.
7
Revue économique, volume 5, Un aperçu de la littérature théorique sur la courbe de Phillips, 1971, pp 751-791.
8
Toutes les hypothèses prises en compte, la courbe de Phillips compensée par Lipsey
ressemblera à :
8
L’illusion monétaire » désigne une baisse du pouvoir d’achat que les agents ne voient pas ou seulement ex post
lorsque la hausse du niveau général des prix a été plus rapide que celle de leur revenu.
9
𝒅𝑷 𝒅𝒀
(4) 𝜟𝒘𝒕 = +
𝑷 𝒀
𝒅𝑷
Cette équation signifie tout simplement qu’un accroissement du taux d’inflation ( 𝑷 ) entraine
une augmentation du taux de salaire nominal. Cette théorie montre implicitement que la
monnaie n’est pas neutre, qu’elle engendre des effets positifs à court terme sur l’économie. Elle
𝒅𝒀
s’oppose ainsi à la théorie monétariste. Est la variation de la production qui évolue dans le
𝒀
En effet, pour les libéraux, le chômage traduit un mauvais fonctionnement du marché du travail.
Pour chaque pays il y a un niveau de chômage normal, habituel, « naturel », reflétant la qualité
du marché du travail : certains pays sont caractérisés par une plus grande flexibilité du marché
du travail, leur « taux de chômage naturel 9» est donc plus faible ; de même la modification
dans le temps des rigidités observées peut expliquer le déplacement du niveau structurel du
chômage. La courbe de Phillips représenterait une variation autour de ce « taux de chômage
naturel ».
Pour ce courant l’analyse entre le taux de chômage et l’augmentation du niveau générale des
prix dépend du fait qu’il s’agit du long ou du cout terme.
9
« Taux de chômage naturel appelé aussi taux de chômage structure », le taux de chômage « qui s'établirait dans
une économie à partir d'un système d'équations d'équilibre de marché dans lequel on pourrait intégrer les
caractéristiques réelles des marchés, c'est à dire : le coût de la collecte d'information, le degré d'incertitude et le
taux d'accroissement naturel de la population ». C'est un taux pivot incompressible.
10
Dans un tel schéma, une politique monétaire expansionniste qui accroît le niveau général des
prix au-delà de ce qui avait été anticipé par les agents permet de réduire le chômage du moins
sur le court terme, d'où l'arbitrage entre inflation et chômage.
Toutefois, à court terme, Milton Friedman (1968) estime que l’inflation ne réduit pas le
chômage, mais plutôt les erreurs d’anticipation sur l’évolution des prix et l’illusion monétaire.
Friedman (1986) voit que les négociations sur les salaires ne comptent pas seulement sur la
situation du marché du travail mais qu’elles prennent aussi, en considération les anticipations
de l’inflation selon l’équation :
L’hypothèse d’indexation complète des salaires sur les prix, centrale dans la courbe de Phillips
augmentée, est que la somme des coefficients bk est égale à 1. La courbe de Phillips augmentée
(5) est devenue un élément fondamental des modèles macroéconomiques, présente notamment
dans la plupart des modèles de l’économie française, jusqu’à une date assez récente du moins
(voir Économie et Prévision, 1998).
En pratique, les équations présentes dans ces modèles considèrent différentes variantes de
l’équation (5). Certaines retiennent l’indexation des salaires non seulement à l’inflation, mais
également au taux de croissance de la productivité. En outre, certains travaux ont introduit un
terme « à correction d’erreur » dans la relation, la part des salaires dans la valeur ajoutée, par
11
exemple, le modèle de la zone euro MZE de l’INSEE (Beffy et al., 2004) 10. La relation à
correction d’erreur est de la forme :
(6) Δwt = a + b0Δpt +...+ bkΔpt -k −cUt −μ (wt-1 − pt-1 −qt-1) + εt,
10
. Ces auteurs utilisent par ailleurs la courbe de Phillips augmentée comme option alternative de simulation du
modèle.
11
Le salaire de réservation est un salaire qui rend indifférent un employé. Il le rend indifférent entre travailler et
ne pas travailler.
12
L’inertie désigne la difficulté à s’adapter rapidement aux changement extérieurs, et concerne une entreprise qui
ne peut récupérer dans ses prix de vente la hausse du prix de ses fournitures. ( www.boursedescrédit.com)
13
Économétriquement, le paramètre μ associé au terme de correction d’erreurs est le plus souvent faible
12
Qui stipule que le taux de chômage est à long terme égal au taux de chômage structurel.
Par ailleurs, en s’appuyant sur le raisonnement de Lucas (1972), Sargent & Wallace (1976)
élaborent un modèle et énoncent le « principe d’invariance » (Toute politique monétaire ou
budgétaire est inefficace) puisque l’économie retrouve systématiquement son équilibre sur le
long terme. Pour Lucas (1972), les variations non anticipées de la masse monétaire expliquent
les fluctuations des variables réelles; ainsi, ce sont les effets de surprise qui engendrent le cycle.
Puisque les anticipations sont rationnelles et la monnaie neutre, les agents anticipent les effets
inflationnistes des politiques monétaires de relance. La courbe de Phillips (1958) devient une
droite verticale. Le taux de chômage revient toujours à son niveau naturel quelle que soit
l’inflation. La politique économique est inefficace pour résorber le chômage.
De plus dans les années 1970-1980, la stagnation et la stagflation 14ont persisté aux USA (les
taux de chômage et d’inflation ne cessaient d’augmenter en plus d’une croissance économique
faible). Friedman (1986) conclut ainsi à l’inefficacité des politiques keynésiennes sur le long
terme car elles n’améliorent pas la situation de l’emploi. Selon lui, le chômage ne dépend plus
de l’inflation sur le long terme (NAIRU). Il met donc en relation un taux de chômage et une
croissance du taux de salaire réel pour différents taux d’inflation anticipée possibles (On parle
donc de courbe de Phillips (1958) augmentée des anticipations).
14
. Stiglitz (2018) publie en 2018 un article sur la stagnation séculaire et y affirme que cette stagnation n’est ni
naturelle, ni inévitable. La croissance est trop faible parce que la stimulation de politique budgétaire est insuffisante
ainsi que le secteur financier.
13
En RDC Nduaya Matunga Junior, a analysé la relation inflation et chômage sur une période
allant de 1990 à 2011, il aboutit à la conclusion telle que le chômage est positivement sensible
à la variation de l’inflation mais à une amplitude faible, voire négligeable. Et renchéri en disant
que le taux d’inflation (mesure de variation du niveau des prix) n’apparait pas comme indicateur
de l’intensité de l’activité économique réelle, car le taux d’inflation ne cause pas le chômage.
Cette non causalité révèle une désarticulation de l’économie nationale avérée par le manque de
jointure entre la sphère monétaire et l’activité économique pendant la période sous-examen. À
son tour il a utilisé le taux de chômage comme variable endogène et le taux d’inflation comme
variable exogène.
Au Cameroun, Christophe Raoul (2010) étudie quant à lui les effets de l’inflation avec comme
hypothèse que l’inflation a un effet négatif sur le chômage. D’après les résultats des estimations,
les erreurs des anticipations influencent négativement l’évolution du taux de chômage au
Cameroun de telle sorte que l’accroissement du taux d’inflation entraine la baisse du taux de
chômage. Cette relation négative entre l’inflation et le chômage est ainsi trouvée au Cameroun
comme dans les travaux de Phillips (1958).
Au Nigéria, David Umorce & M. Anyiwe (2013) ont examiné la dynamique entre le chômage
et l’inflation sur une période de 27 ans. Les résultats de l’étude ont montré la présence d’une
stagflation au cours de cette période, ce qui infirme l’hypothèse de la courbe de Phillips (1958)
dans ce pays.
En Afrique subsaharienne, Mah Philippe Valdez Dimitri et Louis Henri Ngah Ntiga (2023) ont
analysé la relation entre l’inflation et le chômage sur une période allant de 1991 à 2020, A la
suite de leurs investigations économétriques, les conclusions tirées de leur étude relèvent que
le chômage et l’inflation ont une relation significativement négative. Ce résultat s’explique par
le fait que les erreurs des anticipations influencent négativement l’évolution du taux de
chômage. Et donc, un accroissement du taux d’intérêt entraine une baisse du chômage.
Une récente étude de Turner (1995) réexamine la relation entre la production et l’inflation dans
les pays du Groupe des Sept15. L’étude utilise des courbes de forme différente d’un pays à
l’autre. L’auteur constate que, dans trois de ces pays (les États-Unis, le Japon et le Canada), la
15
Les pays du G-7, qui sont : États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada.
14
pente de la courbe de Phillips à court terme semble s’accentuer à mesure que la production
effective s’accroît par rapport à la production potentielle.
Stock et Watson (1999) comparent différents modèles de prévision de l’inflation pour les États-
Unis et montrent que le meilleur modèle est une courbe de Phillips « généralisée » qui relie
l’inflation au taux d’utilisation des capacités de production. En dépit de l’enrichissement de la
courbe de Phillips par la prise en compte d’un grand nombre de variables supplémentaires, les
équations de Phillips empiriques demeurent relativement instables quant à leur performance
prédictive.
15
Nos données relatives à nos deux séries chronologiques proviennent principalement de la base
des données statistiques de la Banque Centrale du Congo en complémentarité avec celles de la
Banque Mondiale voire du FMI.
Eu égard à de l’objectif assigné à cette présente étude et à l’hypothèse émise ci-haut, il va donc
de soi que la démarche adoptée dans le processus de rédaction de notre travail soit
principalement hypothéticodéductive (c’est une démarche scientifique qui consiste à formuler
une hypothèse afin d’en déduire les conséquences observables futures (prévision) mais
également passées (rétroduction), permettant d’en déterminer la validité).
Le choix de l’approche quantitative (c’est une technique de collecte de données qui permet au
chercheur d’analyser des comportements, des opinions ou même des attentes en quantité.
L’objectif est souvent d’en déduire des conclusions mesurables statistiquement, contrairement
à une approche qualitative) est faite compte tenu de la nature de nos observations. Cette
approche se base sur les différents progrès de la recherche économétrique dans l’étude des séries
temporelles, qui ont permis de développer une méthodologie autour des concepts clefs de
cointégration, de modèle à correction d’erreur pour ne que citer ces deux... Le concept de
cointégration permet de préciser la réalité et la nature des divergences entre deux séries
théoriquement liées entre elles, et le modèle à correction d’erreur permet d’en expliquer et d’en
déduire le mécanisme. Cependant, avant tout, l’étude des caractéristiques stochastiques
(espérance mathématique et variance) d’une série chronologique doit précéder tout traitement
économétrique de cette dernière, elle a pour fin d’éliminer toute influence du temps.
16
Une série est donc stationnaire si elle ne comporte ni tendance ni saisonnalité, et plus
généralement, aucun facteur n’évoluant avec le temps. Les tests de racine unitaire permettent
de mettre en évidence le caractère stationnaire ou non d’une chronique par la détermination
d’une tendance déterministe ou stochastique. Ils déterminent aussi la bonne manière de rendre
stationnaire cette chronique 16.
Ainsi partant des informations fournies par nos deux procédés notamment la cointégration et le
modèle à correction d’erreur, ces derniers consolidés par l’étude des caractéristiques
stochastiques d’une chronique, cela nous permettra de vérifier empiriquement notre hypothèse.
Et pour se faire l’utilisation du logiciel d’analyse statistique Eviews nous servir de support.
La lecture croisée des ouvrages, articles, revues scientifiques, des mémoires, des thèses…
physiques voire virtuels ainsi que des échanges au tour de notre sujet nous servirons de cadre
théorique à ce présent travail.
Par la suite plusieurs définitions ont été proposées, dans chacune de ces définitions une ou
plusieurs failles ont étés relevées. Ces différentes définitions ont tourné autour des certains
termes économiques tels que : accroissement de la masse monétaire, hausse des prix, excès de
la demande sur l’offre globale, déficit budgétaire… il en résulte donc que ces derniers puissent
constituer dans une certaine mesure des symptômes de l’inflation, cependant ils sont non
susceptibles de la constituer à eux seuls. Ce ne sont là que des représentations rapides,
16
Régis Bourbonnais, Econométrie : cours et exercices corrigés, 2015, p16.
17
Ces notions de l’inflation rendent compte de certains aspects de l’inflation mais ne permettent
pas d’en saisir l’essentiel. L’inflation apparait en effet comme un désajustement de la demande
et de l’offre globales. Mais ce désajustement n’est pas momentané, il est durable. Ce caractère
durable peut provenir du fait que ce désajustement s’entretient lui-même, ou, a fortiori, tend à
s’accentuer du fait même du développement inflationniste.
Autrement dit, quand pour une raison quelconque le revenu monétaire global croit, si la de
demande globale de biens et services est très élastique par rapport au revenu et si l’offre, au
contraire, présente une faible élasticité par rapport au revenu (c’est-à-dire par rapport à la
dépense monétaire) il se produira des désajustements nombreux dont les symptômes les plus
apparents et les plus graves seront la hausse des prix, des salaires nominaux, des revenus
monétaires. La hausse nouvelle des revenus entraînera une nouvelle poussée de la demande ;
celle-ci étant élastique et l’offre restant rigide, le développement inflationniste se poursuit et
s’accentue en entraînant les mêmes effets que précédemment.
L’inflation est ainsi sans aucun doute l’un d’excellents baromètres de l’activité économique,
selon qu’on fait référence à elle pour déterminer une situation de récession économique
(ralentissement de l’activité économique) voire celle d’expansion économique. Cependant dans
certaines situations (cas particulier des pays en développement), une inflation élevée peut être
17
Études et conjoncture : Le problème de l’inflation, 1951, pp. 5-11
18
assimilée au fait que les décideurs ne s’acquittent pas correctement de leur rôle. Dans ce cas,
l’inflation n’est pas considérée pour sa valeur en tant que telle, elle sert plutôt d’indicateur des
mauvaises performances économiques de décideurs.
2.2.1.1 Inflation sous la période de 1990-2000
Cette sous-période fut caractérisée par l’instabilité tant politique qu’économique. Elle comporte
au sein d’elle quatre principales phases.
- La première phase est caractérisée par des épisodes d’hyperinflation, elle va de 1990 à
1994. Pendant les années quatre-vingt, l’inflation, mesurée par le taux de croissance
annuel de l’indice des prix à la consommation, fut d’environ 50%. Elle a atteint 256%
en 1990. Elle a poursuivi sa progression au cours des années 1991-1993 avec un taux
annuel compris entre 3000 et 4500 %, avant d’atteindre son niveau historique de près
de 10 000 % en 1994.
Cet état des choses est justifié par une série des faits, notamment les évènements de
LUBUMBASHI en 1990, conflits interethniques en 1991 et 1992, grèves, contestations
populaires, villes morte, pillages de l’outil de production et commercialisation des entreprises
en 1991 et 1993, rupture de la coopération bilatérale et multilatérale.
- La deuxième phase s’étale sur les années 1995-1997. C’est une phase de relative
stabilisation pendant laquelle l’inflation est retombée à 370% en 1995, suite à une
politique de contrôle des émissions monétaires et des dépenses publiques menée à
l’époque. L’accalmie relative observée à cette époque a été brutalement interrompue en
1996 par l’éclatement de la première guerre qui a abouti au renversement du régime du
Maréchal Mobutu, en mai 1997. Avec la guerre, l’inflation est remontée à 753% en
1996. Le changement de régime intervenu en mai 1997 s’était accompagné d’une brève
période de désinflation, avec un taux d’inflation négatif (-0,4%) en 1997.
- La troisième phase a débuté en 1998 et s’est achevée en 2001. C’est la période du second
épisode de la guerre qui a impliqué plusieurs pays africains et qui a abouti à la
destruction totale de l’infrastructure économique du pays. Afin de soutenir l’effort de
guerre, le financement monétaire des dépenses publiques a été remis en marche.
L’inflation a repris de manière très vive, se situant à 135% à la fin de l’année 1998 et
autour de 500% sur la période 1999-2000, avant de retomber à 135% en 2001.
19
18
Rapport Banque Centrale 2009
20
Par ailleurs le faible niveau d’inflation enregistrée s’explique notamment par la politique de
désenclavement de zones rurales qui a contribué à la réduction de la pénurie de certaines
denrées dans quelques localités20.
La tendance à la baisse de l’inflation observée depuis 2012 s’est poursuivie en 2015. L’inflation
en RDC a poursuivi son trend baissier en 2015, dans un contexte de l’affaissement des cours de
principaux produits importés, notamment le pétrole et les produits agricoles21.
L’année 2017 a été marquée par l’accentuation des pressions inflationnistes sur le marché des
biens et services, suite notamment à la dépréciation de la monnaie nationale amorcée depuis
2016, ainsi qu’à la hausse des prix des denrées alimentaires importées et du pétrole sur le
marché international. Et enfin l’année 2019 a été marquée par la poursuite de la désinflation, à
l’instar de l’année précédente. L’évolution du taux d’inflation est présentée dans le graphique
suivant :
19
Rapport Banque Centrale 2011
20
Rapport Banque Centre 2013
21
Rapport Banque Centre 2015
21
12000
10000
8000
6000
4000
2000
0
1990 1999 2009 2019
Eu égard à ce qui précède, il est clair que depuis les années 2000 le taux d’inflation a
sensiblement baissé et ce grâce aux différentes politiques économiques mises en place
consolidées par le rétablissement des relations économiques internationales détériorées plus tôt.
Historiquement, en considérant la période sous étude :
- De 1989 mai à 1997 nous avons assisté au déclin de la croissance, la destruction des
richesses et l’hyperinflation ;
- Ensuite après mai 1997 à 2001, cette période a connu une déflation en premier lieu
suivie d’une hyperinflation;
- Enfin, la période 2002 à 2019 a été marquée par une reprise de la croissance et un
contrôle de l’inflation.
2.2.2 Chômage
Le chômage est l’un d’indicateur de tension sur le marché du travail, marquant le désajustement
entre la demande et l’offre de travail et un des principaux indicateurs de la performance
économique. Plusieurs études dans ce domaine, ont eu à démontrer qu’au-delà de tout équilibre
macroéconomique, un taux de chômage faible ou encore modéré constitue une preuve sans
doute de performance macroéconomique. La RDC fait partie sûrement des pays où le taux de
chômage est le plus élevé. Il se manifeste par entre autres :
22
- La pauvreté monétaire, étant donné que le travail est considéré comme principale source
salariale. Cette pauvreté est également captée par le niveau du revenu journalier brut par
habitant qui est de 1,43 ;
- L’émergence du secteur informel, puisque la création d’emploi au niveau du secteur
formel connait un recul considérable, alors que le dynamisme de l’économie informelle
permet d’assurer certaines ressources aux populations24. Le secteur apparait donc
comme un palliatif aux carences de l'économie formelle en matière de distribution
d'emploi, des salaires, de santé, d'éducation, etc. dans presque tous les domaines ;
- La défaillance du système éducatif.
Il ressort du rapport de l’enquête 1-2-3 (INS, 2014) que le secteur informel non agricole qui
offre près de 30 % d’emplois est le deuxième secteur fournissant de l’emploi, après le
secteur agricole informel qui occupe environ 59,7% de la main-d’œuvre active. L’évolution
du taux de chômage est présentée dans le tableau suivant :
80
70
60
50
40
30
20
10
0
- 1990 1999 2009 2019
L’analyse de ce précédant graphique montre que le chômage est un phénomène non passager
dans l’économie congolaise depuis le début de l’année 1990. Sa présence et son caractère
permanent sont dues surtout à l’absence des unités de production susceptibles de créer de
l’emploi. Cette pénurie d’unités de production est une conséquence des vicissitudes du climat
des affaires défavorables et donc peu propices aux nouveaux investissements créateurs
d’emploi. En effet l’instabilité du cadre macroéconomique et la persistance de conflits armés,
23
perturbent l’initiative de création des entreprises. La plupart des entreprises congolaises ont
pour source d’approvisionnement des ressources financières en provenance de l’étranger. Dans
ce contexte, le manque de devises et la volatilité du taux de change ne permettent pas le
financement des activités dans de bonnes conditions. Par ailleurs les guerres perpétuelles,
notamment à l’Est du pays datant des années nonante découragent les investisseurs étrangers à
pouvoir financer l’économie congolaise.
22
NDUAYA MATUNGA Junior, Relation Inflation et Chômage : Une application de la courbe de Phillips en R.D.
Congo de 1990 à 2011, 2013, p10.
23
Claude SUMATA, Emploi de jeunes et dynamique de l’entrepreneuriat en RD. Congo : Une évaluation des
mécanismes d’auto-emploi, 2020, p3 et p11
24
Rapport Banque Centrale 2019
24
Les causes du chômage sont sans doute multiples étant donné qu’elles peuvent varier d’une
région à une autre. Celles citées un peu plus haut sont beaucoup plus générales vue qu’elle
touchent la quasi-totalité de toutes les couches de la population.
2.2.3 Inflation et chômage
Ce paragraphe est destiné à une représentation concomitante de l’évolution du taux de chômage
et celle du taux d’inflation, cela nous permettrait bien avant l’utilisation des méthodes
économétriques d’avoir un bref aperçu sur le sens de variation de ces deux agrégats.
10000
9000
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
1990 1999 2009 2019
Inflation Chômage
Il scie de signaler que de 1990 à 2011, le taux de chômage est resté généralement stable. On
peut donc affirmer que le taux de chômage a évolué de manière indépendante des politiques
économiques de l’Etat. La politique économique a certes réussi à endiguer l’inflation, mais elle
n’a eu pas d’influence assez significative sur l’activité économique.
Le taux de chômage toute au long de notre période d’étude a varié entre 39 et 70 % quant au
taux d’inflation il a varié entre 1 et 9800 %. Une variation assez signifiante du taux d’inflation
qui devrait, selon la courbe de Phillips impacter inversement le taux de chômage qui est resté
plutôt élevé.
25
Il scie quand-même de signaler que cette formule ne fait pas toujours l’unanimité, du fait de sa
perpétuelle mutation.
25
www.insee.fr – définition de l’indice de prix à la consommation, 14h37, 3 décembre 2023.
26
Wt est le taux de croissance des salaires nominaux représenté par la variation du taux d’inflation,
du fait que les salaires nominaux ont un rôle prépondérant dans la dynamique des prix . Ut est
le taux de chômage, εt est une variable aléatoire, en fin la relation étant présumée décroissante
c est un paramètre présumé positif. Le signe moins devant ce paramètre se justifie par la
négativité de la relation existant entre le taux de chômage et le taux d’inflation. 𝛼 est la variation
du taux de chômage observée lorsque celle du taux d’inflation est nulle.
Cette spécification a l'intérêt de montrer si taux de chômage est sensible à la variation du taux
d’inflation en RDC.
Par ailleurs, nos données sont annuelles et couvrent la période allant de 1990 à 2019. Elles ont
été extraites respectivement des différents rapports annuels (1990 à 2019) et des condensés des
informations statistiques de la Banque Centrale du Congo. Dans ce type d’étude, les données
sont soit utilisées comme telles, soit transformées de différentes manières. Pour des raisons
d’échelle, nous utilisons le logarithme de ces variables.
Ainsi notre modèle Ut = 𝛼 – 𝛽0 wt + εt, deviendra :
LTCHOM = 𝛼 - 𝛽0 LTINFL + εt
LTCHOM est le logarithme de TCHOM (taux de chômage), LTINFL celui de TINFL (taux
d’inflation annuel).
26
Le modèle à correction d’erreur sera appuyé par le test de causalité.
27
Lorsqu’on utilise des données temporelles, il est primordial qu’elles conservent une distribution
constante dans le temps. Ce concept de stationnarité doit être vérifié pour chacune des séries
afin d’éviter des régressions factices pour lesquelles les résultats pourraient être « significatifs
», alors qu’ils ne le sont pas en réalité.
Si une série est non stationnaire, la différencier peut la convertir en série stationnaire. En faisant
une analyse sur le comportement des variables, on voit qu’elles sont non stationnaires, mais
elles ont toutes une tendance à la baisse. Cela nous laisse présager une éventuelle cointégration
entre les variables. Il est donc indispensable de s’intéresser à l’ordre d’intégration des séries.
Pour cela, nous allons appliquer le test de Dickey-Fuller augmenté (ce test ajoute des retards au
modèle testé afin de contrôler l’autocorrélation, contrairement au test de Dickey-Fuller
standard) sur chaque série, c'est-à-dire TCHOM et TINFL. Le test a été conduit sur le
logarithme des variables et leurs différences premières. En ce qui concerne le test effectué sur
le logarithme des variables, après avoir différencié les séries une fois, le test indique la
stationnarité pour les deux variables (DLTCHOM et DLTINFL) 27. Le tableau suivant montre
en résumé les résultats du test ADF.
Ces résultats montrent que les deux variables sont intégrées à l’ordre 1, donc l’hypothèse H0
est rejetée.
27
Il est commun que les variables macro- économiques, comme celles qu’on utilise dans cette étude, deviennent
stationnaire après une seule différenciation.
28
Lenzoudi, (2005), « l’impact du degré du degré d’ouverture sur la croissance économique : cas de six pays
d’Afrique de l’Ouest », mémoire de maîtrise, Université de Montréal, Département de sciences économiques.
28
montre qu’elles sont toutes intégrées d’ordre 1. Cet ordre d’intégration commune pourrait
justifier la présence d’une relation de long terme entre les deux variables. Un test simple à
utiliser pour vérifier cela est le test en deux étapes de Engel et Granger (1958).
D’après cette relation, à long terme, le chômage et l’inflation vont de pair car le coefficient lié
à l’inflation est positif. Ainsi, à long terme, une augmentation du taux d’inflation de 100%
entraîne une augmentation du taux de chômage de 4%, les coefficients sont tous significatifs.
Bien que cette relation de long terme existe elle est tout de même très faible. Il y a plus ou
moins 60% d’autres variables qui expliqueraient le chômage et alors que l’inflation
l’expliquerait qu’à 4%.
Pour que la relation de cointégration soit acceptée, les résidus (εt) qui découlent de l’estimation
de la relation de long terme doivent être stationnaires à niveau. Effectuons le test de Dickey-
Fuller augmenté sur les résidus de l’estimation de la relation structurelle sous les hypothèses
suivantes :
εt = LTCHOMt - 𝛼 - 𝛽0 + LTINFLt
29
Moindres carré ordinaire
29
La statistique du test ADF est supérieure à la valeur critique de Mackinnon. L’hypothèse nulle
est rejetée, les deux variables sont donc Co intégrées. Nous pouvons conclure qu’il existe une
relation d’équilibre à long terme entre le chômage et l’inflation.
Les résultats ci-dessus indiquent l’existence d’aucun lien de causalité avec six périodes de
décalage au seuil de 5% d’erreur. Ainsi, l’inflation ne cause pas le chômage.
30
Voir à ce sujet Ambapour S. et C. Massamba. (2005), « croissance économique et consommation de l’énergie
au Congo : Une analyse en termes de causalité », BAMSI, BP 1374, Brazzaville.
30
forme de modèle à correction d’erreur si elles sont Co intégrées, c’est-à-dire s’il existe une
combinaison linéaire stationnaire entre elles.
𝛽2
Le coefficient représente l’élasticité de long terme ;
𝛽1
L’élasticité de court terme du taux de chômage par rapport au taux d’inflation est 𝛽0 = 0.034941
Ceci implique qu’à court terme, si l’inflation augmente de 10%, alors le chômage augmente de
31
Voir Bourbonnais R. (2005), « Econométrie manuel et exercices corrigés », DUNOD.
32
Les modèles à correction d’erreur ont été introduits par Hendry au début des années 80. Ils ont le mérite de faire
ressortir les dynamiques de court et de long terme des variables.
31
0,349%. Le chômage est sensible à la variation de l’inflation. Mais, le problème réside dans
l’amplitude de cette sensibilité qui est faible, voire négligeable.
L’élasticité de long terme du chômage par rapport à l’inflation 0.049729, ceci implique qu’à
long terme, si l’inflation augmente de 10%, le chômage augmente de 0,49%, et les effets vont
en croissant à long terme. On doit également souligner le caractère très faible de ces résultats.
Ces faibles élasticités (de court terme et de long terme) signifient que le taux de chômage est
moins sensible aux variations du taux d’inflation, ce qui réduit l’impact des effets réels des
chocs de la politique monétaire sur la demande globale. Cela s’explique par le fait que le
chômage observé en R.D.Congo est du type structurel33.
La politique monétaire est par conséquent inefficace à le faire varier. En outre, le signe positif
de ces coefficients implique une baisse inhérente de l’inflation à la suite d’un choc34 de politique
monétaire. Mais, l’élément le plus intrigant réside au niveau de leurs amplitudes. La valeur très
faible indique que l’inflation est indépendante aux fluctuations de l’activité économique en RD.
Congo.
Ceci offre un arbitrage favorable à la Banque centrale, car une forte déviation de la production,
au regard de ces estimations, n’a qu’un impact très faible sur le niveau de l’inflation.
A l’issue du test de causalité, le taux d’inflation (mesure de variation du niveau des prix)
n’apparait pas comme indicateur de l’intensité de l’activité économique réelle, car le taux
d’inflation ne cause pas le chômage. Cette non causalité révèle une désarticulation de
l’économie nationale avérée par le manque de jointure entre la sphère monétaire et l’activité
économique pendant la période sous-examen. Ainsi, nous avons constaté qu’il n’existe pas de
canal de transmission répondant au schéma classique instrument – Objectif intermédiaire –
Cible. Par exemple, il y a absence de mécanisme de transmission des effets de la politique
monétaire sur l’activité économique. Et cette transmission devrait se faire à travers un
mécanisme de marché (c’est-à-dire le lien stable entre le crédit à l’économie et
l’investissement). Dans cette optique, les efforts d’assainissement de l’activité économique
dans le sens de réduire son caractère prépondérant dans l’informel sont nécessaires.
33
NDUAYA MATUNGA Junior, Relation Inflation et Chômage : Une application de la courbe de Phillips en R.D.
Congo, 2013, p16.
34
7 Le choc de politique monétaire évoqué ici est celui du le changement de politique économique en 2001,
changement qui s’est fait suivre de la baisse drastique du taux d’inflation.
32
Conclusion et suggestions
Notre étude est partie de l'idée selon laquelle, la politique économique telle que menée depuis
2001, est certes arrivée à stabiliser le cadre macroéconomique, mais elle ne répond pas aux
objectifs de plein-emploi, de croissance et de compétitivité de l'économie. Il était donc
nécessaire de proposer des alternatives des politiques économiques et structurelles, dans la
vision de lui donner une orientation susceptible d'impacter positivement et significativement
l'activité économique, en stimulant la « stabilité macroéconomique réelle ».
A l'issu de nos investigations, on note les résultats essentiels suivants :
- La politique monétaire restrictive a exercé un influence positive et faible sur l'activité
économique. Nous avons appréhendé cela par la vérification empirique de la relation
inflation-chômage : les résultats de l'estimation attestent que l'inflation agit
positivement sur le chômage, donc elle est nocive à l'activité économique.
- Le test de causalité révèle un manque de jointure entre l'activité économique et la
politique économique. Par conséquent toutes mesures de politique économique visant à
stimuler l'activité n'aura que des effets négligeables ;
- L'inflation et le chômage ne sont pas la source de la crise de l'économie congolaise, ils
sont plutôt les conséquences des années de forte instabilité politique et économique qui
ont sévit dans le pays, ce qui rend inefficace les mesures de politique économique
destinées à les endiguer.
Ce manque de jointure entre l'activité économique et la politique économique peut être résolu
par :
- Renforcer l'efficacité de la politique monétaire par l'élargissement des marchés
financiers, le renforcement de l'efficacité du secteur bancaire, la diversification de la
base industrielle et l'amélioration du climat des affaires ;
- Réduire la fragilité des finances publiques en les rendant moins sensibles à la volatilité
des revenus extérieurs par l'extension de la fiscalité domestique, la réduction du
caractère prépondérant du secteur informel;
- Impulser une industrie d'exportation dans des activités à valeurs ajoutée élevée pour
prendre le relais des industries de substitution aux importations, afin de réduire le
caractère extraverti de l'économie, qui limite les effets de la politique économique sur
l'activité économique ;
- Améliorer les standards de gouvernance et l'efficacité de l'administration publique par
la promotion de la stabilité sociale, la sécurité et la pacification du pays et enfin, lutter
contre la corruption et la fraude
- Mener des politiques sectorielles et macroéconomique favorisant une haute intensité de
la main d'œuvre et aussi encourager l'autoentreprise par : la formation, un accès accru
au crédit, améliorer le climat des affaires en vue d'élargir le champ du secteur privé et
de permettre l'émergence de l'activité économique.
Comme nous l'avons expliqué tout au long de ce mémoire, il existe plusieurs interventions
auxquelles les décideurs congolais peuvent recourir pour relancer l'économie, et consolider la
stabilité macroéconomique. Toutefois il est important de tenir compte de la structure
économique d’une entité avant une mise en place d’une politique économique. Cette liste des
interventions est loin d'être exhaustive.
33
Comme le dirait Stock et Watson, le meilleur modèle de la courbe de Phillips serait celui qui
comporte plusieurs variables tant qualitatives que quantitatives. Cependant notre travail s’est
limité qu’à une seule variable quantitative, pourtant une variable telle que l’administration
politique (guerre, corruption etc.) difficilement saisissable pourrait significativement influencer
une politique économique.
34
Références bibliographiques
Ouvrages
1. Ambapour S. et C. Massamba, croissance économique et consommation de l’énergie au
Congo : Une analyse en termes de causalité, BAMSI, BP 1374, Brazzaville, 2005.
2. Bourbonnais R., Econométrie manuel et exercices corrigés, DUNOD, 2005.
3. Bruno Van der Linden FNRS & LIDAM, Travail, chômage et politiques d’emploi, Ed.
Amsterdam University, 2006, 307p.
4. Claude Sumata, Emploi de jeunes et dynamique de l’entrepreneuriat en RD. Congo :
Une évaluation des mécanismes d’auto-emploi, 2020.
5. Godfried Engbersen et van Waarden, Cultures of unemployment: comparative look at
long-term unemployment and urban poverty, Ed. Amsterdam University, 2006, 292p.
6. Jean-Marie Albertini, Eliane coiffier & Michèle Guiot, Pourquoi le chômage ?, Ed.
SCODEL, Paris, 1981, 79p.
7. Mah Philippe Valdez Dimitri, Louis Henri Ngah Ntiga, La relation entre l’inflation et
le chômage en Afrique subsaharienne, HAL, 2023.
8. Malcon G. économie du développement, Ed. Deboeck SUPERIEUR, Bruxelles, 1990,
985p.
9. Piermay, J.-L., Naissance et évolution d’une ville postcoloniale : Mbuji-Mayi (Zaïre) –
Acteurs et enjeux fonciers, Ed. Karthala, 1986, 430p.
10. Régis Bourbonnais, Econométrie : cours et exercices corrigés, DUNOD 2015.
Articles
1. Études et conjoncture : Le problème de l’inflation, 1951.
2. Peyrard-Moulard, Courbe de Phillips Martine,2022.
3. Tandia Akomboyo Senold ; Kambale Musavuli Christian et Kitambala Mastaki
Modeste, Chômage et Inflation: vérification de la courbe de Phillips en République
Démocratique du Congo, 2021.
Mémoires et thèses
1. Henry Ngongo Muganza, Causes du chômage et politiques pour l’emploi en République
Démocratique du Congo, 2019.
2. Lenzoudi, (2005), « l’impact du degré du degré d’ouverture sur la croissance
économique : cas de six pays d’Afrique de l’Ouest », mémoire de maîtrise, Université
de Montréal, Département de sciences économiques.
3. Nduaya Matunga Junior, Relation Inflation et Chômage : Une application de la courbe
de Phillips en R.D. Congo de 1990 à 2011, 2013.
4. Shabani Kandolo Amani Jean-Claude, Diagnostique croissance économique-chômage
en RDC : approche par un modèle autorégressif basé sur la loi d’Okun, 2022.
Autres
1. Rapport Banque Centrale 2009
2. Rapport Banque Centrale 2011
3. Rapport Banque Centrale 2019
4. Rapport Banque Centre 2013
5. Rapport Banque Centre 2015
35
Annexe
III.1 TEST DE STATIONNARITÉ
Tableau III.1.1 : test ADF sur le taux de chômage en différence première.
Null Hypothesis: DLTCHOM has a unit root
Exogenous: None
t-Statistic Prob.*
t-Statistic Prob.*
t-Statistic Prob.*
III.3 CAUSALITÉ
Tableau III.3.1 test de causalité au sens de Granger
.
Pairwise Granger Causality Tests
Date: 12/24/23 Time: 09:43
Sample: 1990 2019
Lags: 6
Mean -5.59e-16
Median 0.001879
Maximum 0.130246
Minimum 0.194048
Std. Dev. 0.087023
Skewness 0.650937
Kurtosis 3.323098
Jarque-Bera 1.574358
Probability 0.455127
.
42
sTest Equation:
Dependent Variable: RESID^2
Method: Least Squares
Date: 12/24/23 Time: 11:36
Sample: 1990 2019
Included observations: 30
Test Equation:
Dependent Variable: DLTCHOM
Method: Least Squares
Date: 12/24/23 Time: 11:32
Sample: 1990 2019
Included observations: 30
Test Equation:
Dependent Variable: RESID
Method: Least Squares
Date: 12/24/23 Time: 11:34
Sample: 1990 2019
Included observations: 30
Presample missing value lagged residuals set to zero.