Cours Algebre 4(2021)

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Cours Algèbre 4 : Algèbre linéaire 3

LICENCE 2 MATHEMATIQUES
UNIVERSITE DE NGAOUNDERE

Cours dispensé par Dr Wankap Nono

Avril 2021
Table des matières

1 Calcul tensoriel 2
1.1 Produits tensoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.1 Produit tensoriels d’espaces vectoriels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.1.2 Produit tensoriel d’applications linéaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.2 Tenseurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
1.2.1 Puissance tensorielle rième d’un espace vectoriel de dimension finie . . . . . . . 5
1.2.2 Contraction d’un tenseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.3 Tenseurs symétriques et tenseurs antisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.2.4 Algèbre tensorielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

2 Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 9


2.1 Tenseurs antisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.1 Espace vectoriel Ar (E) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.2 Produit extérieur de deux tenseurs antisymétriques . . . . . . . . . . . . . . . 9
2.1.3 Puissance extérieure rième d’un espace vectoriel de dimension finie . . . . . . . 11
2.1.4 Algèbre extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
2.1.5 Dualité dans l’algèbre extérieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
2.2 Tenseurs symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.1 Espace vectoriel Sr (E) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.2 Produit symétrique de deux tenseurs symétriques . . . . . . . . . . . . . . . . 14
2.2.3 Algèbre symétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

3 Formes bilinéaires alternées. Espaces vectoriels symplectiques 16


3.1 Formes bilinéaires alternées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.1.1 Définitions et exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.1.2 Cas où E est de dimension finie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
3.1.3 Formes non dégénérées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.4 Orthogonalité et isotropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
3.1.5 Bases canoniques relativement à ω . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
3.2 Espaces vectoriels symplectiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.1 Définition d’un espace vectoriel symplectique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.2 Applications symplectiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2.3 Réduction symplectique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Univ de Ndéré
Chapitre 1

Calcul tensoriel

1.1 Produits tensoriels


Dans tout le chapitre K est un corps commutatif et les espaces vectoriels sont (de dimension finie)
sur K.

1.1.1 Produit tensoriels d’espaces vectoriels


Soient r ≥ 2 un entier naturel, E1 , ..., Er des espaces vectoriels sur K et E1∗ , ..., Er∗ leurs duals
respectifs.
r
Q
Définition 1.1.1. On dit qu’une application f : Ei → K est une forme multilinéaire de degré r
i=1
r
Q r
Q
ou r-forme linéaire sur Ei si, pour tous (x1 , · · · , xr ) ∈ Ei , chacune des applications partielles
i=1 i=1

f (·, x2 , · · · , xr ) : E1 → K f (x1 , · · · , xr−1 , ·) : Er → K


, ...,
z1 7→ f (z1 , x2 , · · · , xr ) zr 7→ f (x1 , · · · , xr−1 , zr )

est linéaire.

Remarque 1.1.1. (a) Lorsque r = 2 (resp. r = 3), on parle de forme bilinéaire (resp. trilinéaire).
(b) Si E = E1 = · · · = Er , alors la forme multilinéaire ci-dessus est appelée une r-forme linéaire
sur E ou forme multilinéaire de dedgré r sur E.

Notations 1.1.1. On note Lr (E1 , · · · , Er ; K) l’ensemble des formes multilinéaires sur E1 × · · · × Er


et Lr (E; K) l’ensemble des formes r-linéaires sur E.

Remarque 1.1.2. L’ensemble des formes multilinéaires Lr (E1 , · · · , Er ; K) est un espace vectoriel
sur K dont la structure est définie par :
r
Q r
Q
f +g : Ei → K α·f : Ei → K
i=1 et i=1
(x1 , · · · , xr ) 7→ f (x1 , · · · , xr ) + g (x1 , · · · , xr ) (x1 , · · · , xr ) 7→ α · f (x1 , · · · , xr ) ,

pour tous α ∈ K et f, g ∈ Lr (E1 , · · · , Er ; K).

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Calcul tensoriel 3

Définition 1.1.2. On appelle produit tensoriel de E1∗ , ..., Er∗ l’espace vectoriel Lr (E1 , ..., Er ; K) des
formes r-linéaires sur E1 × ... × Er .

Notations 1.1.2. Le produit tensoriel Lr (E1 , ..., Er ; K) de E1∗ , ..., Er∗ est noté E1∗ ⊗ ... ⊗ Er∗ .

Pour tout (x∗1 , ..., x∗r ) ∈ E1∗ × ... × Er∗ , on considère l’application

x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗r : E1 × ... × Er → K


(x1 , ..., xr ) 7→ hx1 , x∗1 i ... hxr , x∗r i ;

c’est une forme r-linéaire sur E1 × ... × Er , donc un élément de E1∗ ⊗ ... ⊗ Er∗ .

Définition 1.1.3. x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗r est appelé produit tensoriel de x∗1 , ..., x∗r .

Soient B1 = {e1,1 , ..., e1,m1 } , ..., Br = {er,1 , ..., er,mr } des bases respectives de E1 , ..., Er et B1∗ =
e∗1,1 , ..., e∗1,m1 , ..., Br∗ = e∗r,1 , ..., e∗r,mr les bases duales associées.
 

Proposition 1.1.1. Alors e∗1,i1 ⊗ ... ⊗ e∗r,ir , 1 ≤ i1 ≤ m1 , ..., 1 ≤ ir ≤ mr est une base de E1∗ ⊗...⊗

r
Er∗ . En d’autres termes dimK (E1∗ ⊗ ... ⊗ Er∗ ) =
Q
mj .
j=1

Remarque 1.1.3. (a) Le résultat précédent montre que les produits tensoriels x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗r en-
gendrent l’espace vectoriel E1∗ ⊗ ... ⊗ Er∗ .
(b) On peut définir de la même manière le produit tensoriel E1 ⊗ ... ⊗ Er égal à l’espace vectoriel
Lr (E1∗ , ..., Er∗ ; K) des formes r-linéaires sur E1∗ × ... × Er∗ .

Théorème 1.1.1. (Propriété universelle) Pour toute application r-linéaire h de E1 × ... × Er dans
un espace vectoriel F , il existe une unique application linéaire h de E1 ⊗ ... ⊗ Er dans F telle que

(1.1) h(x1 ⊗ ... ⊗ xr ) = h(x1 , ..., xr )

pour tous x1 ∈ E1 , ..., xr ∈ Er .


En d’autres termes, les espaces vectoriels Lr (E1 , ..., Er ; F ) et L(E1 ⊗ ... ⊗ Er ; F ) sont canonique-
ment isomorphes pour tout espace vectoriel F sur K.

Remarque 1.1.4. (a) L’application

E1 × ... × Er → E1 ⊗ ... ⊗ Er
(x1 , ..., xr ) 7→ x1 ⊗ ... ⊗ xr

est r-linéaire ; l’endomorphisme de E1 ⊗ ... ⊗ Er qui lui est associé est idE1 ⊗...⊗Er .
(b) Pour toute application r-linéaire k de E1∗ × ... × Er∗ dans un espace vectoriel F , il existe une
unique application linéaire k de E1∗ ⊗ ... ⊗ Er∗ dans F telle que

(1.2) k(x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗r ) = k(x∗1 , ..., x∗r )

pour tous x∗1 ∈ E1∗ , ..., x∗r ∈ Er∗ . Donc les espaces vectoriels Lr (E1∗ , ..., Er∗ ; F ) et L(E1∗ ⊗ ... ⊗
Er∗ ; F ) sont canoniquement isomorphes pour tout espace vectoriel F sur K.

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Calcul tensoriel 4

1.1.2 Produit tensoriel d’applications linéaires


Considérons maintenant des espaces vectoriels Ei , Fi sur K et fi ∈ L(Ei , Fi ), i = 1, ..., r des
applications linéaires. Alors l’application
E1 × ... × Er → F1 ⊗ ... ⊗ Fr
(x1 , ..., xr ) 7→ f1 (x1 ) ⊗ ... ⊗ fr (xr ) ;

est r-linéaire, donc (Théorème 1.1.1) il existe une unique application linéaire, notée

f1 ⊗ ... ⊗ fr : E1 ⊗ ... ⊗ Er → F1 ⊗ ... ⊗ Fr

telle que

(1.3) (f1 ⊗ ... ⊗ fr )(x1 ⊗ ... ⊗ xr ) = f1 (x1 ) ⊗ ... ⊗ fr (x2 ),

pour tout xi ∈ Ei , i = 1, ..., r.


Définition 1.1.4. f1 ⊗ ... ⊗ fr est appelé produit tensoriel des applications linéaires fi ∈ L(Ei , Fi ),
i = 1, ..., r.
Proposition 1.1.2. On a :
1. (g1 ⊗ ... ⊗ gr ) ◦ (f1 ⊗ ... ⊗ fr ) = (g1 ◦ f1 ) ⊗ ... ⊗ (gr ◦ fr ), pour tous fi ∈ L(Ei , Fi ) et gi ∈
L(Fi , Gi ), i = 1, ..., r.
2. idE1 ⊗ ... ⊗ idEr = idE1 ⊗...⊗Er et donc (f1 ⊗ ... ⊗ fr )−1 = f1−1 ⊗ ... ⊗ fr−1 si les fi ∈ L(Ei , Fi )
sont bijectives.
Théorème 1.1.2. Soient E, F et G trois espaces vectoriels de dimension finie sur K. On a les
propriétés suivantes :
1. E ⊗ (F ⊗ G) ∼ = E ⊗ F ⊗ G;
2. L(E, L(F, G)) ∼
= L(E ⊗ F, G) ;
3. L(E, F ) ⊗ L(G, H) ∼
= L(E ⊗ G, F ⊗ H).
Corollaire 1.1.1. On a (E ⊗ F )∗ ∼
= E ∗ ⊗ F ∗ et L(E, F ) ∼
= E∗ ⊗ F .
Remarque 1.1.5. Soient (ei )1≤i≤m , (εi )1≤j≤n des bases respectives de E, F :
(a) L’isomorphisme canonique E ∗ ⊗ F ∗ ∼= (E ⊗ F )∗ est l’application linéaire

E ∗ ⊗ F ∗ → (E ⊗ F )∗

qui transforme e∗i ⊗ ε∗j en la forme linéaire

E ⊗ F → K, x ⊗ y 7→ x ⊗ y, e∗i ⊗ ε∗j = hx, e∗i i y, ε∗j .

(b) L’isomorphisme canonique L(E, F ) ∼


= E ∗ ⊗ F est l’application

E ∗ ⊗ F → L(E, F )

qui transforme e∗i ⊗ εj en l’application linéaire

E → F
x 7→ hx, e∗i i εj

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Calcul tensoriel 5

1.2 Tenseurs
1.2.1 Puissance tensorielle rième d’un espace vectoriel de dimension finie
Soit E un espace vectoriel de dimension finie sur K et r un entier naturel ≥ 2 .
Définition 1.2.1. On appelle puissance tensorielle rième de E, le produit tensoriel, E ⊗ ... ⊗ E, de
r espaces vectoriels identiques à E.
r
Notations 1.2.1. (i) On note ⊗E , T r (E) ou T0r (E). On convient d’écrire T01 (E) pour E lui-
même (T01 (E) = E ) et T00 (E) pour K (T00 (E) = K).
r
(ii) On note de même Tr0 (E) le produit tensoriel ⊗E ∗ avec la convention T10 (E) = E ∗ .
q  p 
(iii) Si p, q sont des entiers naturels non nuls, on note Tqp (E) le produit tensoriel ⊗E ∗ ⊗ ⊗E .
Définition 1.2.2. 1. Les éléments de T0r (E) sont appelés des tenseurs r fois contravariants ou
de type (r, 0) sur E.
2. Les éléments de Tr0 (E) sont appelés des tenseurs r fois covariants ou de type (0, r) sur E.
3. Les éléments de Tqp (E) , p ≥ 0, q ≥ 0 sont appelés des tenseurs mixtes, p fois contravariants
et q fois covariants ou de type (p, q) sur E.
p+r
Proposition 1.2.1. Il y a un isomorphisme canonique Tqp (E) ⊗ Tsr (E) → Tq+s (E).
Remarque 1.2.1. Si
u = x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗q ⊗ x1 ⊗ ... ⊗ xp ∈ Tqp (E) et v = y1∗ ⊗ ... ⊗ ys∗ ⊗ y1 ⊗ ... ⊗ yr ∈ Tsr (E)
p+r
alors u ⊗ v ∈ Tq+s (E) est égal à
x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗q ⊗ y1∗ ⊗ ... ⊗ ys∗ ⊗ x1 ⊗ ... ⊗ xp ⊗ y1 ⊗ ... ⊗ yr ,
en vertu de l’isomorphisme canonique précédent.
Exemple 1.2.1. Soit E un espace vectoriel de dimension 4 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤4 et soit
(e∗i )1≤i≤4 sa base duale. Soient u = 2e∗1 ⊗ e2 ⊗ e4 ∈ T12 (E) et v = e∗2 ⊗ e∗2 ⊗ e3 ∈ T21 (E) ; on a :
u ⊗ v = 2e∗1 ⊗ e∗2 ⊗ e∗2 ⊗ e2 ⊗ e4 ⊗ e3 ∈ T33 (E) .
Proposition 1.2.2. Pour tous tenseurs u ∈ Tnm (E), v ∈ Tqp (E) et w ∈ Tsr (E), on a : u⊗(v ⊗ w) =
(u ⊗ v) ⊗ w.
Preuve. Il suffit de la faire pour des générateurs de ces espaces, ce qui est immédiat.
Remarque 1.2.2. (a) Si (ei )1≤i≤n est une base de E et (e∗i )1≤i≤n la base duale associée alors
n o
e∗j1 ⊗ ... ⊗ e∗jq ⊗ ei1 ⊗ ... ⊗ eip , i1 , ..., ip , j1 , ..., jq ∈ {1, ..., n}

est une base de Tqp (E) dite associée à (ei )1≤i≤n .


(b) Un tenseur t ∈ Tqp (E) s’écrit de manière unique
X i ...i
t= tj11 ...jpq e∗j1 ⊗ ... ⊗ e∗jq ⊗ ei1 ⊗ ... ⊗ eip ,
la somme étant étendue aux mp+q systèmes (j1 , ..., jq , i1 , ..., ip ).
 ∗
Théorème 1.2.1. Il y a un isomorphisme canonique Tqp (E) → Tpq (E).

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1.2.2 Contraction d’un tenseur


Soit (p, q) un couple d’entiers naturels non nuls, i ∈ {1, ..., p} et j ∈ {1, ..., q} ; l’application

(E ∗ )q × E p → Tq−1
p−1
(E)
x1 , ..., xq , x1 , ..., xp 7→ xi , x∗j x∗1 ⊗ ... ⊗ xb∗j ⊗ ... ⊗ x∗q ⊗ x1 ⊗ ... ⊗ xbi ⊗ ... ⊗ xp
∗ ∗


est (p + q) - linéaire. Il existe une unique application linéaire unique


p−1
cij : Tqp (E) → Tq−1 (E)

telle que

cij x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗q ⊗ x1 ⊗ ... ⊗ xp = xi , x∗j x∗1 ⊗ ... ⊗ xb∗j ⊗ ... ⊗ x∗q ⊗ x1 ⊗ ... ⊗ xbi ⊗ ... ⊗ xp ,


pour tous x∗1 , ..., x∗q ∈ E ∗ et x1 , ..., xp ∈ E.


Définition 1.2.3. cij est appelée contraction d’indice contravariant i et d’indice covariant j.
Exemple 1.2.2. Soit E un espace vectoriel de dimension 4 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤4 et soit
(e∗i )1≤i≤4 sa base duale. Si t = 2e∗1 ⊗ e2 ⊗ e4 − 6e∗2 ⊗ e2 ⊗ e3 ∈ T12 (E) ; on a :

c11 (t) = 2 he2 , 2e∗1 i e4 − he2 , 6e∗2 i e3 = −6e3 ∈ E = T01 (E) .

Posons maintenant p = q = 1 ; on sait T11 (E) = E ∗ ⊗ E ∼ = L(E, E). La seule contraction sur
1
T1 (E) est
c11 : T11 (E) → T00 (E) = K
Définition 1.2.4. On appelle trace de u ∈ L(E, E) ∼
= E ∗ ⊗ E, la valeur c11 (u) ∈ K de u par la
contraction c11 .
Notations 1.2.2. On note T r(u) la trace de u.
Proposition 1.2.3. 1. Si (αi,j ) est la matrice de u par rapport à une base (ei )1≤i≤n de E, alors
n
X
T r(u) = αi,i .
i=1

2. On a T r(u ◦ v) = T r(v ◦ u), pour tous u, v ∈ L(E, E).

1.2.3 Tenseurs symétriques et tenseurs antisymétriques


1o ) Opération de Sr sur T0r (E)
Soient E un espace vectoriel de dimension finie sur K et r ≥ 2 un entier naturel.
r
Pour tout σ ∈ Sr , l’application de E r dans T0r (E) (= ⊗E),

(x1 , ..., xr ) 7→ xσ−1 (1) ⊗ ... ⊗ xσ−1 (r) ,

est r-linéaire ; il existe donc un unique endomorphisme de T0r (E) noté σ tel que

σ · (x1 ⊗ ... ⊗ xr ) = xσ−1 (1) ⊗ ... ⊗ xσ−1 (r) ,

pour tous x1 , ..., xr ∈ E.

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Proposition 1.2.4. 1. Pour tous σ ∈ Sr et f ∈ T0r (E), on a :


 
σf (x∗1 , ..., x∗r ) = f x∗σ(1) , ..., x∗σ(r)
pour tout (x∗1 , ..., x∗r ) ∈ (E ∗ )r .
2. Pour tous σ, τ ∈ Sr , on a : σ (τ f ) = (στ ) f .

2o ) Tenseurs symétriques et tenseurs antisymétriques


Définition 1.2.5. 1. Un tenseur t ∈ T0r (E) est dit symétrique si l’on a ,

σ·t=t

pour tout σ ∈ Sr .
2. Un tenseur t ∈ T0r (E) est dit antisymétrique si l’on a ,

σ · t = εσ t

pour tout σ ∈ Sr , σ étant la signature de σ.


Remarque 1.2.3. (a) L’ensemble des tenseurs r fois contravariants symétriques (resp. antisymé-
triques) sur E est un sous–espace vectoriel de T0r (E) noté Sr (E) (resp. Ar (E)). On définit
de la même manière l’espace vectoriel Sr (E ∗ ) (resp. Ar (E ∗ )) des tenseurs r fois convariants
symétriques (resp. antisymétriques) sur E).
P i1 ...ir
(b) Si (ei )1≤i≤n est une base de E et t = t ei1 ⊗ ... ⊗ eir , alors
i1 ,...,ir

i ...i i ...i

 t est symétrique ⇔ t σ(1) σ(r) = t 1 r
et
t est antisymétrique ⇔ tiσ(1) ...iσ(r) = εσ ti1 ...ir .

pour tout σ ∈ Sr .
Proposition 1.2.5. Pour tout t ∈ T0r (E), le tenseur
1. s(t) = r!1
P
σ·t est symétrique.
σ∈Sp
1
P
2. a(t) = r!
εσ σ · t est antisymétrique.
σ∈Sp

Définition 1.2.6. Pour tout t ∈ T0r (E), s(t) (resp. a(t)) est appelé symétrisé (resp. antisymétrisé)
de t.
Remarque 1.2.4. (a) L’application
E r → T0r (E)
(x1 , ..., xr ) 7→ s (x1 ⊗ ... ⊗ xr ) ,
est r−linéaire symétrique ; de même, l’application
E r → T0r (E)
(x1 , ..., xr ) 7→ a (x1 ⊗ ... ⊗ xr ) ,
est r−linéaire antisymétrique. En d’autres termes, si K est de caractéristique 6= 2, a (x1 ⊗ ... ⊗ xr ) =
0 dès que xi = xk avec i 6= k.

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Calcul tensoriel 8

(b) Pour tout tenseur symétrique (resp. antisymétrique) t, on a s (t) = t (resp. a (t) = t).

Exemple 1.2.3. Soit E un espace vectoriel de dimension 4 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤4 . Si
r = 2 alors

t1 = 3e2 ⊗ e4 + 3e4 ⊗ e2 ∈ S2 (E) et t2 = e∗2 ⊗ e∗1 − e∗1 ⊗ e∗2 ∈ A2 (E ∗ ).

1.2.4 Algèbre tensorielle


L
Soit (Ei )i∈I une famille d’espaces vectoriels sur K. On considère l’ensemble Ei des familles
i∈I
(xi )i∈I presque nulles, c’est-à-dire xi ∈ Ei pour tout i ∈ I et l’ensemble {i ∈ I / xi 6= 0Ei } est fini.
C’est un espace vectoriel sur K dont la structure est définie par :

(xi )i∈I + (yi )i∈I := (xi + yi )i∈I
λ · (xi )i∈I := (λ · xi )i∈I .
 
L
Définition 1.2.7. L’espace vectoriel Ei , +, · est appelé somme directe externe de la famille
i∈I
(Ei )i∈I .

Proposition 1.2.6. Soit (Ei )i∈I une famille d’espaces vectoriels sur K.
1. Pour chaque j ∈ I, l’application
L
αj : Ej → Ei
i∈I
zj 7→ (xi )i∈I ,

xj = zj et xi = 0Ei si i 6= j, est un monomorphisme d’espaces vectoriels.


2. La somme directe vérifie la propriété universelle suivante : pour tout K-espace vectoriel F et
toute famille d’applications linéaires gj : Ej → N , il existe une unique application linéaire
L
g : Ei → F telle que gj = g ◦ αj pour tout j.
i∈I
L
Remarque 1.2.5. Pour chaque j ∈ I, on identifie Ej à un sous-espace vectoriel de Ei au moyen
i∈I
de αj .
p
 
L N
Soit E un espace vectoriel sur K. on considère la somme directe externe E des espaces
p∈N
p
E. Pour tous t = (tp )p∈N , t0 = t0p
N N  N
vectoriels E ; on la note p∈N
∈ E on pose :

t ⊗ t0 = (ξp )p∈N
p
tk ⊗ t0p−k ; la loi ⊗ est interne, associative et bilinéaire.
P
avec ξp =
k=0
N
Définition 1.2.8. Le quadruplet ( E, +, ·, ⊗) est appelé algèbre tensorielle de E.
p
N q
N p+q
N
Remarque 1.2.6. Si tp ∈ E et tq ∈ E alors tp ⊗ tq ∈ E.

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Chapitre 2

Tenseurs antisymétriques et tenseurs


symétriques

2.1 Tenseurs antisymétriques


2.1.1 Espace vectoriel Ar (E)
Soit E un espace vectoriel de dimension n sur K muni d’une base (ei )1≤i≤n . L’antisymétrisé

a (ei1 ⊗ ... ⊗ eir )

est nul lorsque deux ik sont égaux (Remarque ?? ). Si les ik sont tous distincts (ce qui implique
que r ≤ n), il y a une permutation et une seule σ telle que iσ(1) < ... < iσ(r) . Pour toute partie
H = {i1 , ..., ir } de r éléments de l’ensemble {1, ..., n} telle que i1 < ... < ir , les éléments

eH = a (ei1 ⊗ ... ⊗ eir )

forment une base de Cnr éléments de l’espace vectoriel Ar (E) des tenseurs contravariants antisymé-
triques d’ordre r sur E. D’où

Théorème 2.1.1. Si 1 ≤ r ≤ n, alors l’espace vectoriel Ar (E) des tenseurs contravariants antisy-
métriques d’ordre r sur E est de dimension Cnr .
De façon précise, si (ei )1≤i≤n est une base de E, alors

{a (ei1 ⊗ ... ⊗ eir ) , 1 ≤ i1 < ... < ir ≤ n}

est une base de Ar (E).

Remarque 2.1.1. Si r = n, on a Cnn = 1 donc An (E) est une droite vectorielle dont une base est
a (e1 ⊗ ... ⊗ en ).

2.1.2 Produit extérieur de deux tenseurs antisymétriques


Rappel sur les groupes symétriques : Soient p et q deux entiers naturels non nuls. Notons P

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 10

le sous-ensemble de Sp+q formé des permutations σ telles que σ(1) < ... < σ(p) et σ(p + 1) < ... <
σ(p + q). Si α ∈ Sp et β ∈ Sq , on note αβ la permutation de {1, ..., p + q} définie par

αβ(i) = α(i), 1 ≤ i ≤ p
αβ(p + j) = p + β(j), 1 ≤ i ≤ q.

On a εαβ = εα εβ , puisque (α(1), ..., α(p), p + β(1), ..., p + β(q)) s’obtient de (1, ..., p, p + 1, ..., p + q)
en transformant d’une part (1, ..., p) en (α(1), ..., α(p)) et, (p + 1, ..., p + q) en (p + β(1), ..., p + β(q))
d’autre part.

Lemme 2.1.1. Les ensembles finis Sp+q et P × Sp × Sq sont équipotents.

Exemple 2.1.1. Soit E un espace vectoriel de dimension 4 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤4 . On
a: ^ 2
e2 e4 = a(e2 ⊗ e4 ) = e2 ⊗ e4 − e4 ⊗ e2
1!1!
Lemme 2.1.2. Pour tout couple (p, q) d’entiers naturels non nuls, la signature de la permutation
 
1 ... q q + 1 ... q + p
σ= ∈ Sp+q
p + 1 ... p + q 1 ... p

est (−1)pq .

Produit extérieur :

p q
Proposition 2.1.1. Soient tp ∈ ⊗E et tq ∈ ⊗E ; alors l’antisymétrisée de tp ⊗ tq ne dépend que de
celles de tp et tq .

Définition 2.1.1. Etant donnés deux tenseurs antisymétriques tp ∈ Ap (E) et tq ∈ Aq (E), on appelle
V
produit extérieur de tp et tq et on note tp tq , le tenseur antisymétriques d’ordre p + q , donné par
la formule
^ (p + q)!
tp tq = a(tp ⊗ tp ).
p!q!
Remarque 2.1.2. On a X
tp ∧ tq = ερ ρ · (tp ⊗ tq ),
ρ∈P

en vertu de la proposition précédente..


p q
Lemme 2.1.3. Pour tout couple (p, q) d’entiers naturels non nuls, si tp ∈ ⊗E et tq ∈ ⊗E alors :
1. a (a (tp ) ⊗ tq ) = a (tp ⊗ a (tq )) = a (tp ⊗ tq ).
2. a (tq ⊗ tp ) = (−1)pq a (tp ⊗ tq ).

Théorème 2.1.2. Le produit extérieur a les propriétés suivantes :


1. Si tp ∈ Ap (E) et tq ∈ Aq (E), on a :
^ ^
tq tp = (−1)pq tp tq (anticommutativité)

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 11

2. Si tp ∈ Ap (E), tq ∈ Aq (E) et tr ∈ Ar (E) on a :


^ ^ ^ ^
(tp tq ) tr = tp (tq tr ) (associativité)

Remarque 2.1.3. On a pour z1 ∈ Ap1 (E), ..., zm ∈ Apm (E)


^ ^ 1 X
(2.1) z1 ... zm = Q
m σ σ · (z1 ⊗ ... ⊗ zm ) ;
pi ! σ∈Sp1 +...+pm
i=1

donc si (ei )1≤i≤n est une base de E, alors


n ^ ^ o
ei1 ... eir 1 ≤ i1 < ... < ir ≤ m

est une base de Ar (E) en vertu du Théorème 2.1.1 et de


^ ^ X
(2.2) ei1 ... eir = σ σ · (ei1 ⊗ ... ⊗ eir ) = r!a (ei1 ⊗ ... ⊗ eir ) ,
σ∈Sr

pour tous 1 ≤ i1 < ... < ir ≤ m.

Exemple 2.1.2. Soit E un espace vectoriel de dimension 5 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤5 . On
pose :
V V V V
α = 2e2 e3 − e1 e5 , β = −e4 e5 + e1 e2 ;
V
Calculer α β.

2.1.3 Puissance extérieure rième d’un espace vectoriel de dimension finie


En raison de la forme ^ ^ ^ ^
xσ(1) ... xσ(r) = εσ x1 ... xr

pour tous x1 , ..., xr ∈ E, l’espace vectoriel Ar (E) appelé puissance extérieure rième de E.
r
V
Notations 2.1.1. Il est noté E.
0
V
Lorsque r = 0, on pose : E = R .
Soit F un espace vectoriel quelconque sur K.

Théorème 2.1.3. Pour toute application r-linéaire alternée h ∈ Altr (E; F ), il existe une unique
r
V
application linéaire h ∈ L( E, F ) telle que
^ ^ ^ ^
h(x1 ... xr ) = h(x1 ) ... h(xr ),

pour tous x1 , ..., xr ∈ E.


r
V
Autrement dit les espaces vectoriels Altr (E; F ) et L( E, F ) sont canoniquement isomorphes.

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 12

Considérons deux espaces vectoriels E, F de dimension finie sur K et soit


u ∈ L(E, F ) une application linéaire. Alors l’application
r
Er →
V
F
(x1 , ..., xr ) 7→ u(x1 ) ∧ ... ∧ u(xr )
r
V
est r-linéaire alternée ; donc (Théorème 2.1.3 ) il existe une unique application linéaire, notée u,
Vr Vr
de E dans F telle que
r
!
^
u (x1 ∧ ... ∧ xr ) = u(x1 ) ∧ ... ∧ u(xr ),

pour tout xi ∈ Ei , i = 1, ..., r .


Définition 2.1.2. L’application linéaire
r
^ r
^ r
^
u: E→ F
est appelé puissance extérieure r-ième de u.
Soient B = (ei )1≤i≤n , C = (fj )1≤j≤m des bases respectives de E et F , (eI ) (resp. (fJ )) la base
r
V Vr
induite sur E (resp. F ) où I = {i1 , ..., ir } (resp. J = {j1 , ..., jr }) parcourt l’ensemble des parties
à r éléments de l’ensemble fini {1, ..., n} ({1, ..., m}). Soit A la matrice de u relative à B et C.
Théorème 2.1.4. On a !
r
^ X
det AJI fJ

u (eI ) =
J
r
où AJI = (ajk ,ih , )1≤k,h≤r . En d’autres termes, la matrice de
V
u relative à (eI ) et (fJ ) est la matrice
des mineurs d’ordre r de A.

2.1.4 Algèbre extérieure


V r
LV n V
L r
On note E= E= E (n = dimK E) la somme directe externe des espaces vectoriels
r∈N r=0
r n
Cnr = 2n . Un élément de
V P V
E ; c’est un espace vectoriel de dimension E est de la forme z =
r=0
Vr r
V
z0 ⊕ z1 ⊕ ... ⊕ zn avec zr ∈ E, r = 0, ..., n. Chaque E s’identifie à un sous-espace vectoriel de
V
E ; le monomorphisme canonique est l’application linéaire
r
^ ^
E→ E, x 7→ z0 ⊕ z1 ⊕ ... ⊕ zn
V
tel que zr = x et zk = 0 si k =6 r. ( E, +, ·, ∧) est une K-algèbre associative ; si z = z0 ⊕ z1 ⊕ ... ⊕ zn ,
V
t = t0 ⊕ t1 ⊕ ... ⊕ tn ∈ E,
u = z ∧ t = u0 ⊕ u1 ⊕ ... ⊕ un
Pr Vr s
V r+s
V
avec ur = zk ∧ tr−k , r = 0, ..., n. En particulier si z ∈ E et t ∈ E alors z ∧ t ∈ E ; on dit
k=0
V
alors que ( E, +, ·, ∧) est une K-algèbre graduée.
V
Définition 2.1.3. La K-algèbre graduée ( E, +, ·, ∧) est appelée algèbre extérieure de E.

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 13

2.1.5 Dualité dans l’algèbre extérieure


 p ∗ p
On a ⊗E ∼ = ⊗E ∗ compte tenu de la remarque 1.1.5 (1), page 4 et la forme linéaire associée
p p
à l’élément x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗p de ⊗E ∗ est définie sur les générateurs de ⊗E par
p
Y
x1 ⊗ ... ⊗ xp , x∗1 ⊗ ... ⊗ x∗p = hxi , x∗i i .
i=1

Vp p Vp p
V
Comme E est un sous-espace vectoriel de ⊗E, tout forme linéaire sur E est la restriction à E
p p
d’une forme linéaire z 7→ hz, t∗ i (t∗ ∈ ⊗E ∗ ). Mais pour z ∈ E et σ ∈ Sp
V

hz, t∗ i = εσ hσ · z, t∗ i
= εσ hz, σ −1 · t∗ i
= hz, εσ−1 σ −1 · t∗ i

donc
* +
X X X
p! hz, t∗ i = hz, t∗ i = z, εσ−1 σ −1 · t∗ = z, εσ−1 σ −1 · t∗ = hz, p!a (t∗ )i
σ∈Sp σ∈Sp σ∈Sp

i.e.

(2.3) hz, t∗ i = hz, a (t∗ )i .

Théorème 2.1.5. L’application  p ∗


p
E∗ →
V V
δ: E
t∗ 7→ δ (t∗ )
définie par
1 1
δ (t∗ ) (z) = hz, t∗ i = hz, a (t∗ )i ,
p! p!
est un isomorphisme d’espaces vectoriels.
p
 p ∗

V V
Remarque 2.1.4. 1. On identifie habituellement E et E au moyen de cet isomorphisme ;
p p
donc quels que soient t∗ ∈ E ∗ et z ∈ E
V V

1
(2.4) hz, t∗ i = hz, δ (t∗ )i = hz, t∗ i .
p!

2. On a compte tenu de ce qui précède

x1 ∧ ... ∧ xp , x∗1 ∧ ... ∧ x∗p = det xk , x∗p



(2.5)

pour tous xi ∈ E et x∗1 ∈ E ∗ , i = 1, ..., p.

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 14

2.2 Tenseurs symétriques


2.2.1 Espace vectoriel Sr (E)
Soit E un espace vectoriel de dimension n sur K muni d’une base (ei )1≤i≤n .
Notations 2.2.1. Pour tout p ∈ N, on note e⊗p
i le produit tensoriel ei ⊗ ... ⊗ ei de p vecteurs égaux
| {z }
p fois
à ei et pour tout multi-indice α = (α1 , ..., αn ) ∈ Nn , on note eα le produit tensoriel
|α|
e⊗α
1
1
⊗ ... ⊗ e⊗α
n
n
∈ ⊗E

où |α| = α1 + ... + αn .
Lemme 2.2.1. Pour tout r-uplet (i1 , ..., ir ) de (Nn )r , il existe un multi-indice unique α ∈ Nn tel que

s (ei1 ⊗ ... ⊗ eir ) = s (eα ) et |α| = r.

La famille (s (eα ))|α|=r est donc génératrice de Sr (E). Enfin


X X
λα s (eα ) = 0 ⇔ γ i1 ,...,ir ei1 ⊗ ... ⊗ eir = 0
|α|=r (i1 ,...,ir )∈(Nn )r

avec γ i1 ,...,ir = λα si αk , 1 ≤ k ≤ n est le nombre d’occurences de k dans la suite (i1 , ..., ir ) ; donc tous
les γ i1 ,...,ir sont nuls, {ei1 ⊗ ... ⊗ eir , (i1 , ..., ir ) ∈ (Nn )r } étant une base, les λα le sont aussi. D’où
Théorème 2.2.1. Pour r ∈ N∗ , l’espace vectoriel Sr (E) des tenseurs contravariants symétriques
n−1
d’ordre r sur E est de dimension Cr+n−1 .
De façon précise, si (ei )1≤i≤n est une base de E, alors

{s (eα ) , α ∈ Nn et |α| = r}

est une base de Sr (E).

2.2.2 Produit symétrique de deux tenseurs symétriques

p q
Proposition 2.2.1. Soient tp ∈ ⊗E et tq ∈ ⊗E ; alors le symétrisée de tp ⊗ tq ne dépend que de
ceux de tp et tq .
Définition 2.2.1. Etant donnés deux tenseurs symétriques tp ∈ Sp (E) et tq ∈ Sq (E), on appelle
produit symétrique de tp et tq et on note tp tq , le tenseur symétrique d’ordre p + q , donné par la
formule
(p + q)!
(2.6) tp tq = s(tp ⊗ tp ).
p!q!
Remarque 2.2.1. On a
X
(2.7) tp tq = ρ · (tp ⊗ tq ),
ρ∈P

en vertu de la proposition précédente.

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Tenseurs antisymétriques et tenseurs symétriques 15

Exemple 2.2.1. Soit E un espace vectoriel de dimension 4 sur K muni d’une base (ei )1≤i≤4 . On
a:
2
e2 e4 = s(e2 ⊗ e4 ) = e2 ⊗ e4 + e4 ⊗ e2
1!1!
Théorème 2.2.2. Le produit symétrique a les propriétés suivantes :
1. Si tp ∈ Sp (E) et tq ∈ Sq (E), on a :

(2.8) tp tq = tq tp (commutativité)

2. Si tp ∈ Sp (E), tq ∈ Sq (E) et tr ∈ Sr (E) on a :

(2.9) (tp tq )tr = tp (tq tr ) (Associativité)

Remarque 2.2.2. (a) En vertu de ce qui précède, on a pour z1 ∈ Sp1 (E), ..., zm ∈ Spm (E)
1 X
(2.10) z1 ...zm = Q
m σ · (z1 ⊗ ... ⊗ zm ) ;
pi ! σ∈Sp1 +...+pm
i=1

donc si (ei )1≤i≤n est une base de E, alors

{ei1 ...eir , (i1 , ..., ir ) ∈ (Nn )r }

est une famille génératrice de Sr (E) puisque

ei1 ...eir = s(ei1 ⊗ ... ⊗ eir ).

(b) Comme pour tous x1 , ..., xr ∈ E, le produit symétrique x1 ...xr est égal à s (x1 ⊗ ... ⊗ xr ) l’espace
vectoriel Sr (E) appelé puissance symétrique rième de E.
(c) On a une propriété universelle pour les tenseurs symétriques analogue au théorème 2.1.3.

2.2.3 Algèbre symétrique


L
On note S (E) = Sr (E) la somme directe externe des espaces vectoriels Sr (E) ; c’est un espace
r∈N
vectoriel sur K. Un élément de S (E) est une suite presque nulle z = (zr )r∈N avec zr ∈ Sr (E). Chaque
Sr (E) s’identifie à un sous-espace vectoriel de S (E) ; le monomorphisme canonique est l’application
linéaire
Sr (E) → S (E) , x 7→ (zr )r∈N
tel que zr = x et zk = 0 si k 6= r. Si z = (zr )r∈N et t = (tr )r∈N ∈ S (E), alors

u = zt = (ur )r∈N
r
P
avec ur = zk tr−k . En particulier si z ∈ Sp (E) et t ∈ Sq (E) alors zt ∈ Sp+q (E), donc (S (E) , +, ·, .)
k=0
est une K-algèbre graduée.

Définition 2.2.2. La K-algèbre graduée (S (E) , +, ·, .) est appelée algèbre symétrique de E.

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Chapitre 3

Formes bilinéaires alternées. Espaces


vectoriels symplectiques

3.1 Formes bilinéaires alternées


3.1.1 Définitions et exemples
Soit E un espace vectoriel sur un corps commutatif K.

Définition 3.1.1. On dit qu’une forme bilinéaire ω : E × E → K est alternée si ω(x, x) = 0, pour
tout x ∈ E.

Notations 3.1.1. Leur ensemble est noté Alt2 (E; K) ; c’est un sous-espace de l’espace vectoriel
E ∗ ⊗ E ∗ des formes bilinéaires sur E.

Remarque 3.1.1. Toute forme bilinéaire alternée ω sur E est antisymétrique. En effet ∀ (x, y) ∈ E 2 ,
0 = ω (x + y, x + y) = ω (x, y) + ω (y, x). Si K est de caractéristique 6= 2, alors ω antisymétrique si
et seulement ω alternée.

NB : Dans la suite, les corps sont de caractéristique différente de 2.


2
Dans ce cas Alt2 (E; K) coïncide avec l’espace vectoriel E ∗ des tenseurs 2 fois covariants anti-
V

symétriques.

3.1.2 Cas où E est de dimension finie


 E de dimension finie non
On suppose nulle n muni d’une base B = (e1 , ..., en ). On sait que
2 2
E ∗ = C2n = n(n−1) et si ω ∈ E ∗ , on a
V V
dimK 2

X
ω= ωij e∗i ∧ e∗j
1≤i<j≤n

avec A = (ωij ) matrice de ω dans B. De plus t A = −A et pour tout (x, y) ∈ E × E,

(3.1) ω(x, y) = t XAY = − t Y AX

où X, Y sont les matrices colonnes des coordonnées respectives de x, y dans B.

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Formes bilinéaires alternées. Espaces vectoriels symplectiques 17

3.1.3 Formes non dégénérées


2
E ∗ ; on note
V
Soient E un espace vectoriel sur K et ω ∈

ω[ : E → E ∗
x 7→ ω (·, x)

l’application linéaire canonique associée à ω.

Définition 3.1.2. (a) On appelle noyau de ω le noyau de l’application linéaire ω [ . on le note ker ω.

x ∈ ker ω ⇔ ω (·, x) = 0E ∗ ⇔ ∀y ∈ E ω(y, x) = 0.

Définition 3.1.3. 1. On dit que ω est non dégénérée si ω [ est injective, c’est-à-dire si ker ω =
ker ω [ = {0E }.
2. On dit que ω est dégénérée si ω [ n’est pas injective i.e. ker ω 6= {0E }.
3. Si E est de dimension finie, on appelle rang de ω le rang de ω [ .

On suppose E de dimension finie n. Soit A la matrice de ω dans une base de E .

Théorème 3.1.1. Les assertions suivantes sont équivalentes :


1. ω est non dégénérée sur E.
2. ω(x, y) = 0 pour tout x de E implique y = 0.
3. ω(x, y) = 0 pour tout y de E implique x = 0.
4. L’application linéaire ω [ : E → E ∗ associée à ω est un isomorphisme d’espaces vectoriels.
5. det A 6= 0.

Remarque 3.1.2. Le rang de ω est pair. En effet si F est un supplémentaire de ker ω [ alors ω |F ×F
est non dégénérée, donc ϕ := (ω |F ×F )[ : F → F ∗ est un isomorphisme d’espaces vectoriels ; en
considérant une base C de F , la matrice carrée M (ϕ, C, C ∗ ) d’ordre r = dim F , est antisymétrique
et inversible, donc r est pair.

3.1.4 Orthogonalité et isotropie


2
E ∗.
V
Soient E un espace vectoriel sur K et ω ∈

Définition 3.1.4. 1. On dit que deux vecteurs x et y de E sont orthogonaux relativement à ω si


ω (x, y) = 0.
2. On dit que deux parties non vides F , G de E sont orthogonales relativement à ω si ω (x, y) = 0,
pour tous x, y ∈ E. Si de plus F et G sont des sous-espaces vectoriels, on dit que ce sont des
sous-espaces orthogonaux relativement à ω.

Proposition 3.1.1. Pour toute partie non vide F de E, l’ensemble F ω des vecteurs orthogonaux à
tout vecteur de F est un sous-espace vectoriel de E.

Définition 3.1.5. F ω est appelé orthogonal de F relativement à ω.

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Formes bilinéaires alternées. Espaces vectoriels symplectiques 18

Remarque 3.1.3. Si E est de dimension finie, on a dimK (F ω ) = dimK ker ω [ +dimK Imω [ ∩ hF i◦ .
 

En particulier si ω [ est un isomorphisme, dimK (F ω ) = dimK (hF i◦ ) = dimK E − dimK hF i.


2
E ∗ et F un sous-espace vectoriel de E.
V
Définition 3.1.6. Soient ω ∈
1. On dit que F est isotrope relativement à ω si F ∩ F ω 6= {0E }.
2. On dit que F est totalement isotrope relativement à ω si F ⊂ F ω .
3. On dit que F est coïsotrope relativement à ω si F ω ⊂ F .
4. On dit que F est symplectique relativement à ω si F ∩ F ω = {0E }
5. On dit que F est lagrangien relativement à ω si F ω = F .
2
E ∗.
V
On suppose E de dimension finie et soit ω ∈
Théorème 3.1.2. Pour tout sous-espace vectoriel F de E, assertions suivantes sont équivalentes :
1. La restriction de ω à F × F est non dégénérée.
2. F est symplectique relativement à ω.
3. F n’est pas isotrope relativement à ω.
4. E = F ⊕ F ⊥ .
Corollaire 3.1.1. (a) Si F est un sous-espace symplectique de E , on a :
dim F ω = codimF = dim E − dim F .
(b) Si x1 , x2 ∈ E vérifient ω(x1 , x2 ) 6= 0 alors le plan vectoriel F = V ect (x1 , x2 ) engendré par
x1 et x2 est symplectique.

3.1.5 Bases canoniques relativement à ω


2
E ∗ de rang 2m 6= 0.
V
Supposons E de dimension finie non nulle n sur K et soit ω ∈
Théorème 3.1.3. Alors
1. Il existe des bases (e1 , ..., en ) telles que pour tous i, j ∈ Nm et k ∈ Nn :

 ω (ei , ej ) = ω (em+i , em+j ) = 0
(3.2) ω (ei , em+j ) = −ω (em+j , ei ) = δi,j
2m + 1 ≤ l ≤ n =⇒ ω (ek , el ) = 0.

2. Par rapport à une telle base, on a la forme canonique


m
X
(3.3) ω(x, y) = (xi ym+i − xm+i yi ) .
i=1

Définition 3.1.7. Une base de E satisfaisant (3.2) est dite canonique relativement à ω.
2
E ∗ de rang non nul
V
Remarque 3.1.4. Dans une base canonique (e1 , ..., en ) relativement à ω ∈
2m, on a
Xm
ω= e∗i ∧ e∗m+i ,
i=1
en vertu des définitions.

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3.2 Espaces vectoriels symplectiques


3.2.1 Définition d’un espace vectoriel symplectique
Définition 3.2.1. Un espace vectoriel symplectique est un espace vectoriel réel E de dimension finie
non nulle muni d’une forme bilinéaire alternée ω : E × E → R non dégénérée.

La dimension d’un espace vectoriel symplectique est toujours paire en vertu de la remarque 3.1.2.

Corollaire 3.2.1. Soit (E, ω) un espace vectoriel symplectique. Posons dim E = 2n. Il existe une
base (e1 , e2 , ..., e2n ), dite canonique, telle que pour tous i, j ∈ Nn ,

 ω (ei , ej ) = ω (en+i , en+j ) = 0
et
ω (ei , en+j ) = −ω (en+j , ei ) = δi,j .

Soit (E, ω) un espace symplectique.

Définition 3.2.2. Si F ⊂ E est un sous-espace vectoriel, on appelle orthogonal symplectique de F


le sous-espace vectoriel F ω .

Soit (E, ω) un espace vectoriel symplectique.

Proposition 3.2.1. Soient F , F1 , F2 des sous-espaces vectoriels de E. On a :


1. dim F + dim F ω = dim E ;
2. (F ω )ω = F ;
3. F1 ⊂ F2 si et seulement si F1ω ⊃ F2ω ;
(d) (F1 + F2 )ω = F1ω ∩ F2ω ;
4. (F1 ∩ F2 )ω = F1ω + F2ω .

3.2.2 Applications symplectiques


Soient (E1 , ω1 ) et (E2 , ω2 ) espaces vectoriels symplectiques.

Définition 3.2.3. On appelle application symplectique ( ou symplectomophisme) une application


2
u ∈ L (E1 , E2 ) qui préserve les formes symplectiques i.e. u∗ (ω1 ) = t
V
u (ω1 ) = ω2 . En d’autres
termes, pour tous x, y ∈ E1
ω2 (u (x) , u (y)) = ω1 (x, y).

Remarque 3.2.1. Soit u : (E1 , ω1 ) → (E2 , ω2 ) un symplectomorphisme. Si u est bijective alors u−1
est aussi un symplectomorphisme. On dit alors que E1 et E2 sont symplectomorphes.

Proposition 3.2.2. Soit u : (E1 , ω1 ) → (E2 , ω2 ) un symplectomorphisme. Alors u est un monomor-


phisme.

Remarque 3.2.2. Si les deux espaces sont identiques à (E, ω), les applications symplectiques forment
un groupe noté Sp(E, ω). Sp(E, ω) est un sous-groupe de (GL (E) , ◦).

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Formes bilinéaires alternées. Espaces vectoriels symplectiques 20

Proposition 3.2.3. Soit (E, ω) un espace symplectique avec dim E = 2n. Alors le produit extérieur
ω n = ω ∧ ... ∧ ω est une forme déterminant sur E.

Remarque 3.2.3. Soit (E, ω) un espace vectoriel symplectique.


1. Si u ∈ Sp(E, ω), alors det u = 1. En effet si on note ω m le produit extérieur ω
| ∧ ·{z
· · ∧ ω}, alors
m fois
∗ m m ∗ m m
d’une part u (ω ) = det (u) .ω , d’autre part u (ω ) = ω , car u préserve la forme ω. Il en
résulte que det (u) = 1.
2. Par rapport à une base canonique (e1 , e2 , ..., e2n ) de E,
n
X
ω= e∗i ∧ e∗n+i
i=1

donc pour tout i ∈ Nn ,



 [
 ω (ei ) = −en+i
(3.4) et
ω (en+i ) = e∗i .
 [

Si on note Λ] : E ∗ → E l’isomorphisme inverse de ω [ , alors


 ] ∗
 Λ (ei ) = en+i
(3.5) et
 ] ∗ 
Λ en+i = −ei ,

pour tout i ∈ Nn .
3. On peut considérer les puissances extérieures
r r r
! r r r
!
^ ^ ^ ^ ^ ^
ω [ ∈ Isom E, E ∗ et Λ] ∈ Isom E ∗ , E (Remarque 1.1.5).

En particulier pour r = 2, on a le tenseur 2 fois contravariant antisymétrique


2
! n n
^ X  X
] ] ∗ ] ∗
Λ := Λ (ω) = Λ (ei ) ∧ Λ en+i = ei ∧ en+i ,
i=1 i=1

en vertu de (3.5) ; donc (E ∗ , Λ) est un espace vectoriel symplectique. ω [ : (E, ω) → (E ∗ , Λ) est


par conséquent un isomorphisme d’espaces vectoriels symplectiques d’isomorphisme réciproque
Λ] .

3.2.3 Réduction symplectique


Théorème 3.2.1. Soient (E, ω) un espace vectoriel symplectique et F un sous-espace vectoriel de
E . Soit l’espace quotient Fb = F/F ∩ F ω . Soient x b, yb deux éléments de W
c et x, y des représentants
respectifs de x
b, yb. Posons
ω
b (b
x, yb) := ω (x, y) .
 
Alors Fb, ωb est un espace vectoriel symplectique.

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Formes bilinéaires alternées. Espaces vectoriels symplectiques 21

Preuve. En effet si z = x0 − x ∈ F ∩ F ω et t = y 0 − y

ω (x0 , y 0 ) = ω (x + z, y + t)
= ω (x, y) + ω (x, t) + ω (z, y) + ω (z, t)
= ω (x, y) ,

donc ωb est bien défini. Par ailleurs ω


b (b b ∈ Fb implique que ω (x, y) = 0, pour
x, yb) = 0, pour tout x
tout x ∈ F i.e. y ∈ F ∩ F ω i.e. yb = y + F ∩ F ω = F ∩ F ω = 0Fb , donc ω
b est une forme symplectique.

 
Définition 3.2.4. L’espace vectoriel symplectique W
c, ω
b est appelé espace vectoriel symplectique
réduit associé à W .

Remarque 3.2.4. dim Fb = dim F −dim(F ∩F ⊥ ), donc dim F et dim(F ∩F ⊥ ) sont de même parité.

Univ de Ndéré
Bibliographie

[1] Dieudonné J : Eléments d’analyse, tome 3 . Gauthier-Villars, Paris 1971


[2] J. Lelong-Ferrand, J. M. Arnaudiès : Cours de Mathématiques : Algèbre , tome 1, Dunod, Paris,
1977
[3] M. Queysanne : Algèbre, 1er Cycle scientifique, Armand Colin_collection U, Paris, 1975

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