ANALYSE_DE_LA_LOI_09[1] Hyba
ANALYSE_DE_LA_LOI_09[1] Hyba
ANALYSE_DE_LA_LOI_09[1] Hyba
Réalisé par :
Hiba El Hady Encadrant : P. Nadia Azeddou
La protection des données personnelles est un enjeu majeur pour le Maroc, ce qui pousse le
législateur à mettre en place diverses stratégies juridiques visant à renforcer le secteur
numérique tout en consolidant le système de protection des données personnelles . Cela est
essentiel pour lutter contre la cybercriminalité et s'aligner sur le principe constitutionnel
selon lequel « toute personne a droit à la protection de sa vie privée », ainsi que sur les
exigences internationales, notamment l'article 8 qui stipule que toute personne a droit au
respect de sa vie privée et familiale, ainsi qu'à la protection de son domicile et de sa
correspondance.
il est très important d’étudier le champ d’application ainsi que les principes fondamentaux de
mise en œuvre de la protection des personnes physique à l’égard du traitement des données
personnelles
Chapitre 1: Champ d’application de la loi09-08 et ses principes
Section première. – Définitions et champ d’application
La loi n° 09-08 définit, dans son article premier, les données à caractère personnel comme
étant « toute information de quelque nature qu’elle soit et indépendamment de son support, y
compris le son et l’image, concernant une personne physique identifiée ou identifiable ». Les
personnes concernées sont celles qui sont identifiées ou qui peuvent être identifiées
directement ou indirectement, notamment par référence à un numéro d’identification ou à un
ou plusieurs éléments spécifiques de leur identité physique, physiologique,
génétique, psychique, économique, culturelle ou sociale.
À titre d’exemple, numéro de carte d'identité nationale c est une information
A caractère personnel . Bien plus, les groupements d’informations, tels que l’association d’une date
et d’un lieu de naissance, d’un nom et d’un numéro de téléphone, ou d’une adresse et d’un numéro de
sécurité sociale constituent des données à caractère personnel
2- Droit d’accès
L'article 7 de la loi n° 09-08 consacre le droit d'accès à l'information personnelle, offrant à
chaque individu la possibilité de consulter les données qui le concernent afin de garantir leur
exactitude. Cette disposition légale vise à renforcer la transparence et à protéger le droit des
citoyens à contrôler les informations qui les concernent, contribuant ainsi à promouvoir une
gestion éthique des données personnelles.
3- Droit de rectification
Le droit de rectification constitue un complément essentiel du droit d’accès: Il autorise la
personne concernée à obtenir du responsable du traitement la rectification des données
personnelles la concernant qui sont inexactes ou qui ne devraient pas figurer dans le
traitement .On retrouve cette disposition dans la loi marocaine (article 8 de la loi 08-09), or, toute personne
ayant prouvé son identité a le droit d'obtenir du responsable du traitement des données à
caractère personnel diverses actions, notamment la mise à jour, la rectification, la suppression
ou le verrouillage des données inexactes ou incomplètes. Le responsable doit effectuer ces
corrections sans frais dans un délai de dix jours. En cas de refus ou de non-réponse, la
personne peut faire une demande de rectification à la Commission nationale, qui enquêtera et
ordonnera les rectifications nécessaires rapidement. De plus, la personne concernée doit être
informée des suites réservées à sa demande. Par ailleurs, le paragraphe mentionne également
le droit à la notification aux tiers auxquels les données ont été divulguées en cas de mise à
jour, rectification, suppression ou verrouillage des données, sauf si cela s'avère impossible
4-Droit d opposition
L article 9 de la loi n°09-08 exige que toute personne a la possibilité de s opposer a tout
moment , pour des motifs légitimes et sans frais , au traitement de ses donnes personnelles .
Toutefois, ce droit ne s'applique pas si le traitement des données est imposé par la loi ou si
la loi permet explicitement d'écarter cette règle pour un traitement particulier
•La mission d'information et de sensibilisation auprès des citoyens, des organismes et des
institutions publiques et privées
•L'instruction de plaintes ;
•Le traitement des déclarations et de demandes d'autorisation des responsables de traitement ;
•Le contrôle et l’investigation,
Le Maroc a été le premier pays arabe, africain et musulman à être accrédité auprès de la
Conférence Internationale des Autorités de Contrôle des données personnelles. En effet la
CNDP est membre de l'Association Francophone des Autorités de Protection des Données
Personnelles (AFAPDP
La CNDP collabore avec l’UE afin de conformer le cadre légal marocain avec le régime général sur la
protection des données (RGPD). Cette étude d’écart entre la loi 09-08 et le RGPD ainsi que
des mécanismes prévus par le Règlement a pour but de permettre un échange fluide des dites
données entre les deux institutions
Notons, enfin, que l’accréditation, en tant que reconnaissance internationale, a énormément
facilité l’exercice en toute indépendance, par la CNDP, des prérogatives qui lui sont reconnues par la loi.
La CNDP est le secrétariat permanent du réseau africain des autorités de protection des
données et elle a pour ambition de faire intervenir un maximum de collègues africain cette
plate-forme à vocation africaine, a pour objectif la mise en place d'espace ambassadeur de la
vie privée numérique, en plus d'encourager, la recherche et le développement dans le
domaine de la protection des données à caractère personnel et de la vie privée numérique. Une
nouvelle plate-forme baptisée KOUN 3LA BAL par la CNDP dédié à la protection de la vie
privée et au traitement des données à caractère personnel, des enfants, adolescents et femme a
vu le jour à Rabat, et c’est une initiative de la CNDP grâce à la contribution d'un ensemble
d'institution et un ensemble de contributeurs africain
Le Maroc s’est doté d’un arsenal juridique stricte en matière de la protection des données à
caractère personnel. Comme son nom l’indique elle vise à protéger la vie privée et les libertés
individuelles des personnes dont leurs noms sont collectés et traités. Le Chapitre VII de la loi
09-08 détermine de l’article 51 à l’article 65 les sanctions civiles et pénales applicables aux
personnes physiques et morales par apport à toutes infractions portant sur le traitement des
données à caractère personnels
Section 1 : Infractions à sanction pécuniaires
Les infractions citées dans la loi 09-08 de l’article 51 à l’article 65 sont généralement punies
d’une amende ;
Le fait de créer un fichier de données personnelles sans autorisation, ou encore le fait de poursuivre l'activité
de traitement de données personnelles malgré le retrait (le non consentement) de
l'autorisation, sont punis d'une amende de 10.000 à 100.000 DH.
L'article 53 de la loi o9-08 est quant à lui consacré au refus du responsable du traitement des
droits d'accès, de rectification ou d'opposition par la personne concernée. Dans ce cas, il sera
sanctionné d'une amende allant de 20.000 à 200.000 DH par infraction.
A noter que selon la CNDP, "toute opération de traitement des données personnelles ne peut avoir lieu que
si la personne concernée a exprimé son consentement d'une façon claire, incontestable, libre et
avertie". Cela dit, "le consentement des personnes concernées n'est pas exigé dans les cas
suivants :
•Le traitement entre dans le cadre de l'exécution d'un contrat auquel la personne concernée est
partie, le cas des contrats de service électronique ou le contrat établi entre client et banque
•Le traitement permet l'exécution d'un service d'intérêt public ou relevant de l'autorité
publique, dont est investi le responsable du traitement ou le tiers auquel il a communiqué les
données par ex ; les données médicales collectées par un système de surveillance
épidémiologique qui a pour but d’avertir et de prévenir de la propagation de maladies
contagieuses
•Le traitement permet la réalisation d'un intérêt légitime poursuivi par le responsable du
traitement, à condition de ne pas méconnaitre l'intérêt et les droits des personnes concernées.
Par ex ; une entreprise de commerce en ligne peut analyser les habitudes d’achat de ces
clients pour personnaliser les recommandations de produits, améliorant ainsi l’expérience
d’achat de manière légitime, à condition de respecter la confidentialité des données
personnelles
Section 2 : Infraction à sanction carcérale et pécuniaire
Les responsables de traitements doivent s'assurer que les données personnelles sont collectées
et traitées d'une façon loyale, légitime et transparente". Ainsi, lorsque ce traitement est réalisé
de "manière malhonnête et illégale", la loi prévoit une sanction plus sévère ; à savoir
l'emprisonnement allant de trois mois à un an et/ou une amende de 20.000 à 200.000 DH.
En ce qui concerne les travaux de la commission, l’article 61 et 62 traitent les entraves aux
travaux de la commission par ex ; entrave l'exercice des missions de contrôle de la
Commission nationale, le refus de recevoir les contrôleurs et de les laisser remplir leurs
commissions …Sont punies de trois mois à six mois d’emprisonnement et / ou une amende de 10.000 à
50.000. Au-delà de l'entrave, le refus d'exécuter les décisions de la commission peut
également faire l'objet de sanctions qui, selon l'article 63 de ladite loi, sont l'emprisonnement
de trois mois à un an et/ou une amende allant de 10.000 à 100.000 DH
A noter que si ces violations sont commises par une personne morale, les amendes sont portées en double,
En outre, la personne morale peut être punie de l'une des peines suivantes
Bien que la loi 09-08 et le RGPD visent tous deux à protéger les données personnelles, leurs
failles présentent des divergences intéressantes.
Tout d'abord, la portée géographique du RGPD est beaucoup plus étendue que celle de la loi
09-08. Alors que le RGPD s’applique globalement à toutes les entreprises traitant des données
de citoyens européens, la loi 09-08 est limitée au territoire marocain, ce qui crée des zones
d'ombre en matière de régulation des entreprises étrangères.
Ensuite, la mise en œuvre des deux législations présente des défis. Si la CNDP au Maroc
manque de moyens pour exercer un contrôle rigoureux, la CNIL en France, bien que mieux
équipée, peine parfois à appliquer des sanctions dissuasives, en particulier face aux grandes
entreprises.
Enfin, la protection des données sensibles est mieux encadrée par le RGPD, qui impose des
règles strictes pour leur traitement, tandis que la loi 09-08 reste floue sur ce point crucial.
L'une des principales différences entre les deux législations réside dans leur portée et leur niveau
d'exigence. En France, le RGPD impose des obligations beaucoup plus strictes à l'échelle européenne,
telles que l'obligation pour les entreprises de nommer un délégué à la protection des données (DPO),
de réaliser des analyses d'impact sur la protection des données (AIPD) dans certains cas, et de
notifier rapidement toute violation de données. En outre, le RGPD prévoit des sanctions financières
lourdes, pouvant aller jusqu'à 4 % du chiffre d'affaires mondial de l'entité concernée, ce qui en fait un
outil particulièrement contraignant. En revanche, bien que la loi 09-08 au Maroc soit efficace dans
certains domaines, elle reste moins exigeante et ses sanctions sont bien moins sévères.
La loi 09-08, instaurée en 2008 au Maroc, constitue une première étape vers la protection des
données personnelles dans un monde de plus en plus connecté. Toutefois, malgré cette
avancée, elle présente plusieurs lacunes qui limitent son efficacité. La portée géographique
restreinte de la loi, l'insuffisance des moyens de la CNDP pour faire appliquer les règles, ainsi
que la protection insuffisante des données sensibles et l’adaptation lente aux nouvelles
technologies, révèlent les faiblesses du cadre législatif actuel.
Bien que la loi 09-08 ait établi les fondations d’une réglementation de la protection des
données, elle nécessite des révisions pour faire face aux défis technologiques actuels et à la
mondialisation des échanges de données. Il est essentiel que le Maroc renforce ses dispositifs
de contrôle, octroie davantage de pouvoirs à la CNDP et modernise sa législation pour
garantir une protection plus efficace et complète des données personnelles de ses citoyens.