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Contexte européen :
Italie fasciste depuis la Marche sur Rome des chemises noires mussoliniennes
1933 : victoire du NSDAP en Allemagne ; Hitler chancelier
L’instabilité ministérielle est extrêmement forte à la n des années 1920 et début des années
Le problème de la III République : peu de discipline partisane : importance des jeux individuels
Chaque parti est lui-même divisé en « tendances »
Maurice Duverger, pour évoquer la situation de la IIIe République, parlait d’une « démocratie
médiatisée par un régime de partis »
Les partis de centre gauche et de droite républicaine se partagent le pouvoir en faisant des
alliances qui évoluent au grès des circonstances
Paradoxe dans les années 1920 : contraste saisissant entre la « valse des portefeuilles »
(changement permanent de gouvernements, instabilité totale) et la permanence des élites
politiques surtout issues du parti radical et de la fédération républicaine
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- L’expression « crise de la représentation » désigne un phénomène de rejet du système
représentatif parlementaire, et un rejet des élites parlementaires traditionnelles
- La dénonciation d’élites coupées du peuple et corrompues est un thème classique des
mouvements d’extrême droite qui en appellent à un rassemblement du peuple derrière
un chef de l’exécutif aux pouvoirs personnels importants dès la deuxième moitié du
XIXème siècle (cf. Le Boulangisme, la ligue des patriotes, l’Action française)
- Le phénomène se renforce singulièrement dans les années 1930 :
o Montée en puissance des ligues antiparlementaires
o Critiques dans le camp même des républicains
Incapacité des gouvernements à prendre des mesures pour pallier les e ets de la crise
économique
Marches de la faim dès 1931 organisées pour dénoncer la misère et le chômage
+Les précurseurs :
- La Ligue des patriotes est fondée le 18 mai 1882 par Paul Déroulède.
C'est un des mouvements pionniers du nationalisme français. Composée au départ de
républicains modérés (comme Victor Hugo), la ligue, après de nombreuses scissions soutient le
général Boulanger. Dissoute en mars 1889, la ligue renaît en 1897 avant que n'éclate l'a aire
Dreyfus -->évolution rapide vers une organisation hostile à la république parlementaire, antisémite
et xénophobe. en vue de la préparation de la revanche contre l'Allemagne
- La Ligue de la patrie française est une organisation politique française, d'orientation nationaliste
fondée le 31 décembre 1898 en réaction à la création de la Ligue des droits de l'homme dans le
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cadre de l'A aire Dreyfus, rassemblant les antidreyfusards intellectuels et mondains :
académiciens, plus éloignés de l'antisémitisme
- L’Action française : Fondée en 1898 par Henri Vaugeois et Maurice Pujo sur une position
antidreyfusarde, l’Action française devient monarchiste sous l'in uence de Charles Maurras et de
sa doctrine du nationalisme intégral, dite également « maurassisme ». Ainsi, d’une rhétorique
nationaliste, républicaine et antisémite, l’AF évolue vers une idéologie nationaliste,
antisémite, contre-révolutionnaire, antirépublicaine et anti-individualiste, sur fond de positivisme
et de transformisme.
-->appel à une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée
—>développement jusqu'en 1918, puis condamnation en 1926 par le Pape et concurrence de
nouvelles formations
- Le Faisceau (1925-1928), dont le nom fait référence au fascisme italien, fut le premier
parti fasciste français.
Créé par Georges Valois, royaliste, il se revendique ouvertement du modèle fasciste mussolinien
et entend faire la synthèse du nationalisme et du socialisme : instaurer une dictature nationale au-
dessus de toutes les classes sociales, avec un chef proclamé par les combattants et acclamé par
la foule. Il se décompose en quatre Faisceaux (le Faisceau des combattants ou légions,
regroupant les anciens combattants de la Première Guerre mondiale et des guerres coloniales,
organisés en compagnies, sections et groupes ; le Faisceau des producteurs, composé de
corporations ; le Faisceau des jeunes avec les Jeunesses fascistes ; le Faisceau universitaire)
->apogée en 1926 avec 25 000 « Chemises bleues » avant de connaître de graves dissensions
internes en 1928, conduisant à son éclatement
- Les Comités de défense paysanne, surnommés les Chemises vertes, étaient une
organisation réactionnaire d'extrême droite de l'entre-deux-guerres.
-Fondés en 1927 par l'agriculteur Henri Dorgères, ils regroupent des cultivateurs et
des éleveurs attirés par le concept de retour à la terre -->contribution à l'émergence d'une
politique agrarienne louant la terre sous le régime de Vichy.
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-->des revendications qui mêlent l'antiparlementarisme le plus traditionnel (l'appel à un pouvoir
fort et un homme providentiel qui refait derrière lui l'unité de la nation), le conservatisme culturel
(la promotion de l'enracinement, de la tradition et de la famille), l'anticommunisme et une forme
de progressisme social (la correction des vices du capitalisme (mais sans révolution), la lutte
contre les monopoles, le corporatisme, les congés payés, le droit de regard de l'ouvrier sur la
gestion de l'entreprise,...)
-->une organisation paramilitaire nettement inspirée de celles du Fascio italien
L’élément détonateur des événements de l’année 1934 et du « péril fasciste » :l’A aire
Stavisky
La crise du 6 février 1934
Moment de cristallisation des tensions sociales dans le contexte de crise morale, politique et
économique
Le 6 février 1934 est une démonstration de force de l’extrême droite française contre les
institutions républicaines, qui tourne à l’émeute et aboutit au renversement d’un gouvernement de
la République.
Le déclenchement : l’a aire Stavisky
L’a aire Stavisky est un scandale politico- nancier qui, indirectement, met en cause des
personnalités politiques du Parti radical au pouvoir. Plusieurs étapes (de l’escroquerie
jusqu’à la politisation) :
Fin 1933 : Alexandre Stavisky, fondateur du Crédit municipal de Bayonne. Il est accusé
d’avoir détourné des sommes colossales
Stavisky se suicide quelques heures avant son arrestation (suicide sur lequel la presse émet de
sérieux doutes).
La presse découvre que Stavisky, inquiété précédemment dans plusieurs a aires d’escroque-
rie, a fait preuve d’une inexcusable clémence de la part de la justice, notamment du procureur
de la République de la Seine, qui est le beau-frère du Président du Conseil Camille Chau-
temps.
La presse nationaliste se déchaîne contre le gvt radical et la droite parlementaire attaque vio-
lemment le Pdt du Conseil. L’agitation gagne l’extrême droite
Chautemps remet sa démission le 28 janvier 1934 et le Pdt de la Rép A. Lebrun nomme E.
Daladier, réputé ferme et intègre
Sa 1ère mesure est de déplacer le préfet de Paris (Jean Chiappe) dont la sympathie pour les
ligues est connue
Cette décision est un véritable détonateur qui met le feu aux poudres
Les principales ligues françaises appellent à un rassemblement le 6 février 1934 (jour où Da-
ladier doit se présenter au parlement pour recevoir la con ance).
La journée du 6 février 1934
- Journée de manifestations et de violences (notamment Place de la Concorde, face au
Parlement) à l’instigation des ligues d’extrême-droite
- bilan : 15 morts et 1400 blessés (dont près de 800 policiers)
- Malgré les émeutes et les attaques de la droite parlementaire, le gvt Daladier reçoit la
con ance du Parlement.
- Daladier est accusé d’être responsable du « bain de sang » par la presse de droite, mais
sa légitimité semble confortée : il est resté ferme face à la rue et a reçu la con ance.
- Il présente néanmoins sa démission dès le 7 février pour éviter de nouveaux troubles
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Un comité de liaison des organisations antifascistes est mis en place, qui associe : PCF, SFIO,
socialistes indépendants, P. Radical, CGT, CGTU, Ligue des Droits de l’homme, Comité de
vigilance des intellectuels antifascistes etc.
Rédaction d’un programme commun souvent résumé par la formule : « le pain, la paix, la liberté »
à l’automne 1935 prévoyant :
- La dissolution des ligues antiparlementaires
- Des progrès des droits économiques et sociaux des travailleurs : amélioration du pou-
voir d’achat et liberté syndicale
- Un accord de désistement au second tour des législatives en faveur du candidat de
gauche arrivé en tête du premier tour
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satisfaction à leurs revendications, souvent très anciennes notamment sur le temps de travail
(revendication des 40h dès le début du XXème siècle).
Les grèves commencent avant même la formation du gouvernement Blum, quelques
jours après la victoire au second tour des candidats du FP.
Une nouveauté de ces grèves de mai-juin 1936 : les grèves sont accompagnées
non seulement de manifestations pour rendre visible dans la rue le rapport de
force favorable qui est sorti des urnes mais les grèves sont aussi marquées pour
la première fois d’occupations d’usines.
L’objectif est double : d’une part faire pression sur le nouveau gouvernement pour qu’ils actent
rapidement les mesures promises pendant la campagne électorale et d’autre part faire
pression sur les patrons pour faire valoir leurs revendications dans les entreprises.
Les occupations d’usines symbolisent que les travailleurs s’approprient leur lieu de
travail comme un lieu de vie et de revendications et pas seulement comme un lieu de
production qui appartient uniquement à l’employeur
• Parmi les facteurs explicatifs, il faut tenir compte du temps long de l’industrialisation
et de l’instauration du taylorisme : la production des biens se fait de plus en plus sur
des chaines d’assemblage, avec standardisation des pièces, décomposition des opérations,
mesure des temps et spécialisation du travail sur machines. Ainsi la rationalisation des façons de
produire et la rémunération au rendement permettent d’intensi er
les cadences. « Le travail tend vers le bagne » et les travailleurs vivent de plus en plus
mal cette dévalorisation de leur savoir-faire et le contrôle permanent. Selon Prost et
d’autres historiens, le FP c’est aussi un mouvement social de revendication de la
dignité individuelle et collective des travailleurs
Face à ce mouvement de grèves sans précédent, Léon Blum organise des négociations entre la
CGT et la CGPF à Matignon
CGT : confédération générale du travail, principale organisation syndicale de salariés
CGPF : confédération générale de la production française, principale organisation patronale
Ces négociations sur fond de mouvements sociaux et de grèves se terminent par la signature
« des accords de Matignon
» à l’avantage des salariés (cf diaporama)
- hausses de salaires (de 7 à 15%),
- conventions collectives obligatoires prévoyant des salaires minimum de branche,
- liberté syndicale renforcée par la reconnaissance du statut du délégué d’entreprise élu
dans les entreprises de plus de 10 salariés
Pour la première fois, l’Etat a joué un rôle d’arbitre entre les patrons et les organisations
syndicales, rôle qui se renforcera dans la plupart des démocraties européennes (notamment
lors des gouvernement sociaux-démocrates)
Au-delà de ce qui est convenu dans les accords de Matignon et face à l’ampleur des grèves et
des mobilisations, le gouvernement du FP fait adopter dans la foulée des lois qui vont au-delà
ce qui a été acté lors des négociations à Matignon :
- loi sur les 40 heures de travail hebdomadaires (qui était une revendication ancienne
de la CGT) et loi qui institue deux semaines de congés payés et qui reconnaît de fait
le droit au repos et aux loisirs
Avec les accords de Matignon et les lois sociales de 1936 sur la semaine de 40 heures et les
deux semaines de congés payés, les travailleurs obtiennent des améliorations de leurs
conditions de travail, ainsi que de leur vie privée.
- une augmentation substantielle des salaires (15 % pour les salaires les plus bas, au
moins 7 % pour tous les salaires)
- Par ailleurs, l’instauration de délégués d’atelier élus par les salariés dans les entre-
prises de plus de 10 salariés permet d’introduire un contre poids, en tout cas un droit
à l’expression collective des salariés, sur le lieu même du travail, ce qui permet un relatif contrôle
par les délégués du temps et des cadences de travail. Cela s’inscrit bien
dans « la citoyenneté sociale » revendiquées par les syndicats puisque les délégués
d’atelier permettent d’exercer des droits d’expression et de réclamations face aux employeurs.
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En e et, le statut des travailleurs va considérablement changer avec l’instauration de
contrats et de conventions collectives. Le lieu de travail est reconnu comme une
sphère publique et non plus une sphère privée.
La convention collective, négociée par branche par des représentants des syndicats et
des organisations patronales, doit être respectée par l’ensemble des employeurs de la
branche. L’obligation de respecter les clauses des conventions collectives réduit
quelque peu le lien personnel de subordination entre le travailleur et l’employeur en
encadrant collectivement les conditions de travail et de rémunération.
Elle reconnait un lien fonctionnel de production : les travailleurs s’engagent pour un
travail déterminé, payé selon une rémunération déterminée dans les conventions collectives ;
l’objectif visé est de lutter contre l’arbitraire patronal qui pouvait décider de
conditions de travail di érenciées selon les travailleurs.
La propriété privée de l’entreprise par l’employeur ne lui permet plus de décider seul
des conditions de travail et de rémunération.
Progressivement se constitue, et le FP est une période importante, un ordre public social qui
s’impose aux contrats de travail de droit privé.
(C’est d’ailleurs pour cette raison que la plupart des patrons ont dénoncé ces accords
comme une remise en cause de leur propriété privée, tout comme ils ont largement
condamnés les occupations d’usine)
C’est à partir de 1936 la convention collective qui détermine les indices de salaire
pour chaque type de poste.
La généralisation des conventions collectives a aussi pour conséquence d’obliger les
organisations patronales à négocier avec les syndicalistes puisqu’elles sont signées
par grande branches d’activité et sont le résultat de négociations entre les centrales
syndicales de salariés et les organisations patronales
On a donc dès 1936 une première reconnaissance du rôle des organisations syndi-
cales dans les relations professionnelles.
Les accords de Matignon rappellent aussi le droit des travailleurs à se syndiquer
dans l’organisation de leur choix
D’autres mesures des gouvernements de FP :
l’axe central du programme de FP est « la lutte anticrise par la re ation, par l’accroisse-
ment de la consommation générale » à rebours de la politique de dé ation menée par La-
val en 1935 (baisse de 10% des dépenses publiques et du salaire des fonctionnaires).
D’où mesures en faveur des chômeurs (Fonds national du chômage, grands travaux),
crédits aux PME par la création d’une Caisse nationale des marchés de l’Etat et action sur
les prix (régulation des prix agricoles via la création de l’O ce du blé qui garantit un
prix minimum aux agriculteurs), nationalisation de l’industrie de l’armement et de
l’aéronautique aux 2/3 et des chemins de fer : création de la SNCF
La réforme de la Banque de France (jusque-là sous le contrôle des 200 plus gros actionnaires
de France : les « 200 familles »), désormais placée sous le contrôle de l’Etat
Le gvt de FP intervient dans de nouveaux domaines :
l’accès à la culture (tarifs réduits dans les musées, développement des bibliothèques populaires),
au sport (dans les écoles), aux «
loisirs » et au tourisme (auberges de jeunesse,
billets de transport à tarif réduit)
Léon Blum est harcelé par la presse nationaliste et antisémite dans le cadre de l’une des plus
violentes campagnes antisémites que la France ait connu sous la République (Blum injurié,
insulté, traité de manière odieuse…)
Campagne de di amation de l’extrême droite contre Roger Salengro (maire de Lille), ministre
de l’intérieur (accusé d’avoir déserté pendant la première guerre mondiale). Salengro se sui-
cide en novembre 1936
Sur le plan économique, relatif échec : Certes, le chômage baisse mais poursuite de l’in ation
et pas de reprise économique (production industrielle = basse, inférieure à 1928 !)
Graves problèmes économiques (dévaluation du franc, dette publique), pause dans les ré-
formes début 1937, dénoncée par les communistes
• Blum démissionne en juin 1937, remplacé par le radical Chautemps
Retour du centre droit en 1938
Fin des 40h
Et débats sur l’imminence d’une autre guerre mondiale
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