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ENSAT – Notes de Cours d’Electromagnétisme par : Yassin Laaziz & Chahboun Noha

Chapitre IV

ETATS VARIABLES DANS LE TEMPS

A- REGIMES QUASI-STATONNAIRES

En régime variable, les actions électriques ou magnétiques créées par les sources
(charges et courants) ne se font pas sentir immédiatement à distance, mais se propagent à
partir de celles-ci avec une vitesse finie (égale dans le vide à la célérité de la lumière). On dit
qu’il y a propagation des phénomènes électriques et magnétiques.

Par exemple, si l’on considère une distribution de


charge P,t) confinée dans un volume , le potentiel V(M,t)
en un point M extérieur à cette distribution sera fonction de
r P d
l’état de celle-ci à l’instant t  où c est la célérité de la
c P,t) r M
1  ( P, t  r / c )
4 0 
lumière. C’est à dire : V (M, t )  d .

r 
r
Le temps correspond à la durée de propagation. On dit que le potentiel en M est un
c
potentiel retardé.

Si l’on considère maintenant que les variations des sources sont très lentes et que le
point M n’est pas trop éloigné de celles-ci, les régimes sont dits lentement variables ou
quasi – stationnaires ; dans ces conditions, on peut négliger l’effet de la propagation. Compte
tenu de la grande vitesse de propagation, les champs ou potentiels au point M à l’instant t, se
calculent à partir des états des sources au même instant, c’est à dire comme en régime
statique. Néanmoins, dans le cadre de ces régimes, il faudra tenir compte des phénomènes
d’induction de Faraday.

I – Complément d’électrocinétique

I – 1- Travail des forces de Laplace 


B
 I
Considérons un circuit (C) éventuellement d2S
déformable, parcouru par un courant permanent I et se
 
déplaçant dans un champ magnétique B stationnaire. Un d l
élément de longueur du circuit est soumis à la force de 
   dr
Laplace : dF  I dl  B .

Au cours du déplacement élémentaire dr , le travail de cette
        (C)
force est :  2W  dF . dr  I (dl  B). dr  I B (dr  dl )
   
Or : d 2 S  dr  dl est la surface balayée par dl lors de son déplacement ; le travail s’écrit
 
alors :  2W  I B d 2 S ,
  
La quantité B d 2 S a la dimension d’un flux. Par définition, c’est le flux coupé par dl au
cours de son déplacement. D’où :  2W  I d 2  c .

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En intégrant sur tout le circuit (C), on obtient le travail élémentaire pour un déplacement dr
du circuit :
W  I d c

I – 2- Relation entre flux coupé par un circuit et flux à travers un circuit 


B
Considérons un déplacement fini du circuit (C)

précédent dans un champ magnétique permanent B .
 
Soient S1 et S 2 les surfaces s’appuyant sur les positions   
n1 dl  n2
initiale (C1) et finale (C2) de (C) orientées suivant le I
sens de parcourt du courant, et (T) le tube engendré par  I
dr
le circuit dans son déplacement.
 (C1)
Les flux de B à travers les circuits (C1) et (C2) T (C2)
sont respectivement :
   
1   B dS n1 et  2   B dS n 2
S S
1 2
 
Or, B est à flux conservatif   dS  0 . En considérant la surface fermée
B
     
 = T+S1+S2, on peut écrire :  B dS   B dS n1   B dS (n2 )  0
T S1 S2
    
Or,  B dS   B (dr  dl )   c
T T
on aura donc :  c  1   2  0   c   2  1

Le flux coupé par le circuit entre les positions (1) et (2) est donc égale à la différence
des flux à travers le circuit dans ces deux positions.

S’il s’agit d’un déplacement élémentaire du circuit on aura : d c  d

Le travail des forces de Laplace s’écrit alors : W  I d c  I d

Remarques :

- Ces deux relations ne s’appliquent qu’à un champ stationnaire. En effet, si B
dépend du temps, pour un circuit fixe d c  0 mais d  0 .
- W  d ( I  )   dE pm , avec E pm   I  énergie potentielle magnétique du
circuit.
- E pm est souvent utilisée pour le calcul des forces et couples agissant sur un circuit.
 
 F   gr a d E pm pour la force
On a en effet :   
 Γ d   d E pm pour le couple

II- Phénomène d’induction électromagnétique

L’électricité et le magnétisme furent longtemps considérés comme deux branches de la


physique complètement indépendantes l’une de l’autre. C’est le physicien anglais Michel
Faraday qui, en 1831 mis en évidence l’interaction entre les phénomènes électriques et

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magnétiques à travers la loi d’induction qui porte son nom. Cette découverte fut le point de
départ du rapide essor de l’électricité industrielle dans la seconde moitié du 19éme siècle.

II – 1- Expériences de Faraday :

a- Expérience n°1 :
Soit un circuit formé d’une bobine liée à un galvanomètre (G) :

1- Si on approche le pôle Nord d’un aimant, de la v
bobine, G dévie, ce qui indique l’apparition d’un Bobine
courant induit dans le circuit. N S

2- Si on éloigne l’aimant de la bobine, G dévie dans


le sens contraire du précédent. Galvanomètre

3- Si l’aimant reste immobile aucun courant n’est -v
détecté dans le circuit.
Les mêmes effets sont observés si l’on fixe l’aimant et que l’on déplace la bobine. C’est donc
le déplacement relatif de l’aimant et de la bobine qui provoque l’apparition du courant induit.
Remarque :
Ces expériences sont à la base de la prodution industrielle d’électricité. Ainsi, que ce soit dans
les centrales hydroélectriques, nucléaires ou thermoélectriques, le principe de base est
d’utiliser l’énergie mécanique apportée respectivement par l’énergie potentielle des eaux,
celle de la fission nucléaire ou celle des combustibles (pétrole ou charbon), pour faire tourner
les pales d’une turbine couplée à un alternateur. Ce dernier étant constitué d’un rotor (aimant
multipolaire) solidaire de la turbine et d’un stator (bobine fixe).

b- Expérience n°2 : Bobine


Au lieu de l’aimant, on considère cette fois-ci
un circuit comportant une petite bobine alimentée
par une pile et muni d’un interrupteur K. On
Galvanomètre K
remarque alors les effets suivants :
1- En fermant K, G indique le passage d’un courant bref.
2- Si K reste fermé, aucun courant n’est décelé.
3- En ouvrant K, un courant inverse du premier est détecté.
Remarque :
Faraday n’avait pas la possibilité de le vérifier à l’époque, mais, si on remplace le générateur
continu par une source de tension alternative, un courant alternatif apparaît dans le premier
circuit. Ce phénomène est d’ailleurs à la base du fonctionnement du transformateur.

c- Conclusion : Loi de Faraday – Loi de Lenz


Dans toutes les expériences qu’on vient de décrire, on peut constater que c’est la

variation du flux de B à travers la bobine qui provoque l’apparition du courant dans le
circuit. Ce courant est appelé courant induit et la f.e.m. induite dans le circuit est donnée par
la loi de Faraday qui de manière générale s’énonce de la façon suivante :

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Dans un circuit électrique filiforme traversé par un flux magnétique (t) variable
 d
apparaît une force électromotrice d’induction e telle que : e  .
dt

Le sens du courant induit dans un circuit est donné par la loi de Lenz :
Le sens du courant induit est tel que par ses effets il tend à s’opposer aux causes qui
lui ont donné naissance.
Illustration de la loi de Lenz : spire en présence d’un aimant

S S S S

N N N N

On remarquera que le sens du courant induit dans la spire ne dépend que du


mouvement relatif de la spire et de l’aimant.

II – 2- Champ électromoteur :

La présence de toute f.e.m. dans un circuit AB s’interprète (cf. cours d’électrocinétique)



par l’existence au sein du conducteur d’un champ électromoteur E m tel que :
 
- chaque porteur de charge qi est soumis à une force : f  q i E m .
 B  
- la circulation de E m le long du circuit est égale à cette f.e.m. : e   E m dl .
A

a- Circuit immobile dans un champ magnétique variable - Champ électromoteur de


Von Neumann
Considérons un circuit fixe et indéformable, placé dans une induction magnétique
variable en fonction du temps.

 d  d   B  
e
dt
  B dS    t dS 
dt (S)   

B 
   ro t E m dS   
(S)
On a :    dS
   t
e   E m dl   ro t E m dS (S ) (S)

(C ) (S ) 
Pour que cette égalité soit valable quelque soit la surface (S) il faut que :

  B
ro t E m  
t
c’est l’équation de Maxwell – Faraday qui traduit l’existence d’un champ électrique pour toute

variation temporelle de B .

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         A
or : B  ro t A , soit : ro t E m   ro t A   ro t (on peut intervertir l’ordre des dérivées
t t
partielles par rapport aux cordonnées d’espace et de temps).

 A
 Em   c’est le champ électromoteur de Von Neumann.
t

b- Circuit mobile dans un champ magnétique permanent - Champ électromoteur de


Lorentz 
Considérons maintenant un circuit mobile à  B
 i
la vitesse v dans une région de l’espace où règne un d2S

champ magnétique B indépendant du temps. 
Chaque charge libre (q) de ce circuit est alors dl
   
soumise à la fore de Lorentz : F  q v  B  q E m .  
dr v

  
On en déduit : Em  v  B (C)

c’est le champ électromoteur de Lorentz.

Montrons que ce champ électromoteur est à la base de l’apparition d’une f.e.m. d’induction
    
dans le circuit : e   E m dl   ( v  B ) . dl
(C ) (C )
On peut transformer cette expression en utilisant le flux coupé. Entre les instants t et t+dt,
 
l’élément de circuit dl se déplace de v dt et coupe donc le flux :
     
d 2 c  B. (v dt  dl )  - (v  B) dl dt
  
Le flux coupé par l’ensemble du circuit est donc : d c   dt  (v  B ) dl  e dt  d
(C )
 d
D’où l’on retrouve la loi d’induction de Faraday : e  .
dt

c- Cas général : circuit mobile dans un champ magnétique variable



Dans le cas général, on peut avoir mouvement du circuit et variation de B en fonction

 A  
du temps ; le champ électromoteur total sera donc : E m    v  B.
t
Si en plus, dans la région de l’espace où se trouve le circuit il existe un champ
 
électrostatique E s   grad V , une charge q de ce circuit sera soumise à la force totale :

    A  
F  q ( E s  E m )  q ( grad V   v  B)
t
   
Ce qui conduit à la force de Lorentz : F  q ( E  v  B )

  A
Où E   gra d V  est le champ électrique total.
t

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III- Induction mutuelle, auto-induction et énergie magnétique

III -1- Auto-induction



Soit un circuit (C) indéformable placé dans le B (t )
vide et parcouru par un courant d’intensité i. Soit (S)
une surface quelconque s’appuyant sur ce circuit. (S)
Le champ magnétique propre de ce circuit est (C)
i(t)
le champ dont ce dernier est la source, et le flux
propre est le flux envoyé par le circuit à travers lui –
même.
D’après la loi de Biot et Savart, le champ magnétique propre est proportionnel à i(t) :
 
  0 i (t ) dl  r
4 (C ) r 3
B (t ) 
 
Le flux propre est donc aussi proportionnel à i(t) :    B dS  L i (t ) .
(S)
Le coefficient L caractéristique du circuit, est appelé inductance propre ou coefficient d’auto-
induction. L est positif et s’exprime en Henry (Kg.m2.C-2).
d di
On peut écrire alors : e  L
dt dt
C’est la f.e.m. induite dans le circuit dû à la variation du flux propre de ce circuit. Elle
s’oppose toujours à la variation du courant (Loi de Lenz).

III -2- Induction mutuelle

Considérons deux circuits filiformes (C1) et (C2) placés au voisinage l’un de l’autre
 
dans le vide et parcourus par des courants i1 et i2. Soient A1 et A2 les potentiels vecteurs crées
 
respectivement par ces deux circuits et B1 et B 2 les champs d’induction magnétiques
correspondants. (S1) et (S2) sont deux surfaces quelconques s’appuyant sur les deux circuits.

Soient :
   
11   B1 dS1  L1i1 (t ) et  22   2 dS 2  L 2 i2 (t )
B (S1)
(S1 ) (S2 )
i1(t)
les flux propres respectifs des circuits (C1) et (C2) et
soient : 
    dl1
12   B2 dS1 et  21   B1 dS 2 , les flux envoyés (C1)
(S1 ) (S2 )
r12
respectivement, par C2 à travers C1 et par C1 à travers C2.

Le flux total traversant C1 est donc : 1  11  12 . dl 2
Et le flux total traversant (C2) est donc :  2   21   22
D’autre part, on a : (C2) i2(t)
  
   i d l    i d l1 dl 2
12   A2 dl1    0 2

2 dl  0 2
   M 12 i 2 ,
 4 r 
1
4 (C ) (C ) r12 (S2)
(C1 ) ( C1 )  ( C 2 ) 12 
 
1 2

r12 étant la distance séparant les deux éléments de longueur dl1 et dl 2 .

M12 = M21 = M est le coefficient d’induction mutuelle des deux circuits.

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Application : Transformateur i2
i1
Considérons un transformateur constitué
par un enroulement primaire de N1 spires et un
enroulement secondaire de N2 spires couplés à u1 u2
travers un noyau de fer doux. Si toutes les lignes
de champ sont canalisées à travers le fer, on
réalise un couplage maximal entre les bobinages
primaire et secondaire.
En appliquant la loi d’Ohm généralisée au primaire et au secondaire, on obtient
 d1
 u1  r1 i1  e1  r1 i1  dt

 u  r i  e  r i  d 2
 2 2 2 2 2 2
dt
où r1 et r2 sont les résistances respectives du primaire et du secondaire.

En pratique, on réalise des enroulements de résistance très faible de façon que r1 i1 et


r2 i2 soient négligeables. On peut alors écrire :
 d1
 u1  dt

 u  d 2
 2 dt
Si  est le flux qui traverse une spire, on aura : 1 = N1  et 2 = N2 .

u1 N 1
On obtient alors la formule suivante :  connue comme la loi des tensions.
u2 N 2
D’autre part, si l’on néglige les pertes d’énergie dans le fer (transformateur idéal),
toute la puissance reçue par le primaire est transmise au secondaire, on obtient alors la loi des
i1 N 2
intensités :  .
i2 N1

III -3- Energie magnétique

Considérons les deux circuits


couplés de la figure ci-contre. Toute
R1 R2
variation du courant dans un des circuits E1 L1
E2
entraîne une variation de flux, non L2
seulement à travers lui-même, mais aussi
à travers l’autre circuit.

 d1
 E 1  R1 i1  dt
En appliquant la loi d’ohm généralisée, nous avons : 
 E  R i  d 2

2 2 2
dt
Avec : 1  11  12  L1 i1  M i 2 .
 2   21   22  M i1  L 2 i 2

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On a donc :
d 1 d
E1 i1  E 2 i 2  i1  i 2 2  R 1 i12  R 2 i 22
dt dt
En multipliant par dt on obtient :

E1 i1  E 2 i 2  dt  i1d1  i 2 d 2  R 2
 R 2 i 22 dt
1 i1 
Energie fournie par Energie magnétique stockée Energie dissipée par effet
Le générateur dans le circuit Joule dans les résistances

Si les circuits sont rigides et fixes, les coefficients L et M sont des constantes, on a
alors :
dU m  L1 i1 di1  M i1 di 2  M i 2 di1  L 2 i 2 di 2


1
2
 
L1 di12  L 2 di 22  M d(i1i 2 )

1

 d L1 i12  L 2 i 22  2 M i1i 2
2

D’où :
1 1 1 1
U m  L 1 i12  M i1i 2  L 2 i 22  M i1i 2
2 2 2 2
 Um 
1
2

i1 1  i 2  2 
N
1
Généralisation : Pour un système de N circuits couplés on aura : Um 
2
 ik  k .
k 1

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