Cours GSC 214

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L’ENVIRONNEMENT DE LA TERRE PRIMITIVE

L’ARCHÉEN

1 - Introduction

 Classiquement l’histoire de la Terre est subdivisée en 4 grandes périodes géologiques


(Fig. 1) : l’Hadéen qui s’étend depuis la fin de l’accrétion de la planète (~4,568 Ga ; Ga
= Giga annum = milliard d’années) jusqu’à environ 4,0 Ga, âge des plus anciennes
roches connues à ce jour ;

 Vient ensuite l’Archéen dont la limite avec le Protérozoïque (~2,5 Ga) est marquée par
un changement fondamental dans le mode de fonctionnement de notre planète ;

 C'est au Protérozoïque que la dynamique terrestre est devenue semblable à celle que
nous connaissons aujourd'hui ;

 Enfin, c’est à partir de 540 Ma (Ma = Mega annum =million d’années) que débute le
Phanérozoïque dont la limite inférieure consiste en l'apparition et en la prolifération
d'êtres vivants possédant un squelette interne ou externe susceptible d'être fossilisé.

4,6 Ga 4,0 Ga 2,5 Ga


0,5 Ga 0 Ga
PHANERO
HADEEN ARCHEEN PROTEROIQUE ZOIQUE

PRECAMBRIEN

Figure 1 - Echelle synthétique des temps géologiques.

2 -L’Archéen
2.1 -Distribution des terrains archéens
La répartition géographique de la croûte continentale primitive est extrêmement vaste ; il en existe
de grands domaines sur tous les continents. Les principaux ensembles aussi appelés boucliers ou
cratons sont reportés sur dans les figures 2.

1
Les roches les plus anciennes et qui affleurent sur de vastes surfaces (~3000 km2) sont les gneiss
d’Amitsôq au Groenland. Il s’agit d’anciennes roches magmatiques (granitoïdes) aujourd’hui
transformées en gneiss par métamorphisme ; leur mise en place date de 3,822 ± 0,005 Ga (Figure 3).
Des volumes plus petits de roches volcaniques et sédimentaires sont aussi spatialement associés aux
gneiss d’Amitsôq, il s’agit des formations d’Isua et d’Akilia dont l’âge est de 3,872 ± 0,010 Ga. Enfin,
à Acasta, au Canada, dans les territoires du Nord, de petits affleurements (< 20km2) de gneiss rubanés
constituent les plus anciens morceaux de croûte continentale connus sur Terre à ce jour, ils ont été
datés à 4,030 ± 0,003 Ga. Cependant, en Australie, certains minéraux particulièrement résistants, les
zircons, ont été préservés dans des sédiments ; ils ont donné des âges allant de 4,0 Ga jusqu’à 4,404
Ga, les roches qui les contenaient initialement ont totalement été altérées et érodées, elles ont disparu :
ces minéraux sont les seuls représentants connus de l’Hadéen.

Fig. 2 – Les principaux ensembles de la lithosphère continentale

1 2 3

1 : Boucliers ; 2 : les chaînes anciennes et plates-formes ; 3 : chaînes récentes

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Figure 3 - Photo des gneiss gris d’Amitsôq au Groenland (3,822 ± 0,005 Ga). Les gneiss anciens sont
de couleur grise avec un aspect rubané acquis lors d’un épisode métamorphique ; ils sont
recoupés par des filons blancs d’un granite plus jeune (2,55 Ga : le granite de Qorqût).

2.2 - Composition des terrains archéens


Indépendamment de leur âge et de leur localisation géographique, tous les terrains archéens
montrent les mêmes associations lithologiques : ils sont constitués de 3 grands ensembles : 1) un socle
granito gneissique ; 2) des ceintures de roches vertes ; 3) des granites tardifs.

2.2.1 - Le socle granito gneissique


Ces formations sont de loin les plus abondantes des terrains archéens dont elles représentent
environ 80%. Il s’agit en général de gneiss gris, c'est-à-dire d’anciens granitoïdes déformés et
métamorphisés (Figures 4 et 5). Ces roches sont aussi connues sons le nom de TTG, acronyme pour
Tonalite, Trondhjemite et Granodiorite, il s’agit en fait de roches magmatiques contenant
essentiellement du feldspath plagioclase, du quartz, de la biotite et parfois de l’amphibole. Ces roches
se distinguent des granites par leur très faible teneur en (voire même l’absence) feldspath potassique.
Toutes ont une texture grenue qui atteste de leur lente cristallisation en profondeur. Enfin ces roches
omniprésentes à l’Archéen deviennent très rares après 2,5 Ga.

3
Figure 4 - Photo de gneiss gris (TTG) de Gurur, en Inde. Ils ont un âge de 3,3 Ga. De couleur grise, ils
sont finement rubanés et recoupés par de petits filons de granite (blancs).

Figure 5 – Les TTG dans le diagramme QAP

Le magma, qui en cristallisant a donné les TTG résulte de la fusion à haute pression d’une roche de
composition basaltique. En effet, lorsque la pression augmente, un basalte va se transformer en
amphibolite (roche à amphibole ± grenat ± feldspath plagioclase) puis en éclogite (roche à pyroxène +
grenat), ce sont ces basaltes métamorphisés qui vont fondre. Les TTG sont issues de la fusion de la
croûte océanique subductée.

La croûte continentale juvénile est engendrée dans les zones de subduction, mais sa composition,
au lieu d’être TTG est typiquement granitique et ses caractéristiques géochimiques montrent qu’elle

4
provient de la fusion du coin du manteau. Dans cet environnement, l’eau joue un rôle primordial, en
effet celle-ci abaisse considérablement la température de fusion d’une roche. Par exemple à 45 km de
profondeur un basalte pourra fondre à 750°C en présence d’eau alors qu’il ne fondra qu’à 1250°C s’il
est anhydre. En d’autres termes, dans les conditions d’une subduction il est possible de fondre un
basalte hydraté alors que cela est impossible si celui est anhydre.

Aujourd’hui, la croûte océanique subductée est vieille et froide et en conséquence le gradient


géothermique le long du plan de subduction est faible. Là, la croûte subductée se déshydrate
totalement avant d’atteindre 750°C, elle ne peut donc absolument pas fondre. Les fluides issus de sa
déshydratation, en remontant vers la surface, recoupent le coin de manteau sus-jacent, le réhydratent et
en induisent la fusion. Ainsi, la source de la croûte continentale moderne est le coin de manteau
réhydraté.

Figure 6 - Diagramme Pression vs. Température et coupes schématiques dans des zones de subduction
montrant les conditions de genèse de la croûte continentale primitive et moderne (Martin,
1986) : Pendant l’Archéen, les gradients géothermiques le long du plan de subduction
étaient élevés (flèche rouge) de telle manière que la croûte océanique subductée atteignait
la température de son solidus avant de se déshydrater, elle pouvait alors fondre à
relativement faible profondeur dans le domaine de stabilité de la hornblende et du grenat
(en bleuté). Aujourd’hui, les gradients géothermiques le long du plan de subduction sont
faibles (flèche bleue), la croûte subductée se déshydrate avant de pouvoir fondre. Les
fluides issus de la déshydratation, remontent à travers le coin du manteau dont ils
modifient la composition et le réhydratent. Celui-ci fond alors et donne naissance aux
magmas calco-alcalins (adakites) typiques de la croûte continentale moderne.

Le diagramme montre les courbes des solidus anhydre et hydraté (5% eau) d’une tholéiite. Le domaine
des réactions de déshydratation de la croûte océanique est figuré en hachures. Le domaine

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de coexistence d’un magma avec un résidu de fusion à grenat (G) et hornblende (H) est
représenté en bleuté.

Sur les coupes synthétiques : C.O. = croûte océanique ; C.C. = croûte continentale ; s.m. = solidus du
manteau hydraté ; les zones en rouge sont celles où l’on rencontre du magma et le
domaine bleu pâle en hachures verticales correspond au domaine de circulation des
fluides.

A l’Archéen, la croûte océanique subductée était, beaucoup plus jeune et beaucoup plus chaude,
alors le gradient géothermique le long du plan de subduction était élevé. Dans ces conditions les
basaltes atteignaient la température de 750°C avant d’avoir pu se déshydrater, ils pouvaient donc
fondre. A cette époque, la source de la croûte continentale était, non pas le coin de manteau, mais la
croûte océanique subductée (Martin, 1986).

Ces modes de genèse contrastés en contexte de subduction, attestent d’une Terre archéenne plus
chaude que notre planète actuelle.

2.2.2 - Les ceintures de roches vertes


Les ceintures de roches vertes ne représentent que de 5 à 10% du volume des terrains archéens. Il
s’agit de roches volcaniques et de sédiments c'est-à-dire de roches mises en place à la surface de la
planète en général sur le socle granito gneissique. Elles forment le plus souvent des structures
synformes allongées (>100 km de long pour ~20 km de large) d’où leur nom de ceinture. Typiquement
ces ceintures possèdent une polarité compositionnelle : la série débute par des laves ultrabasiques
(komatiites) auxquelles succèdent des laves basiques intercalées avec des sédiments qui deviennent
prépondérants dans la partie supérieure de la série.

2.2.2.1 -Les komatiites


Les komatiites sont des laves ultrabasiques très abondantes à l’Archéen et qui ont quasiment
disparu dès le Protérozoïque. Alors que les basaltes actuels ont des températures de mise en place de
l’ordre de 1250 à 1350 °C, les komatiites elles faisaient éruption entre 1600 et 1650 °C. Ceci atteste
aussi d’une production de chaleur terrestre plus importante à l’Archéen que de nos jours. Ces magmas
engendrés à grande profondeur (les komatiites peuvent contenir du diamant) proviennent de taux de
fusion très élevés du manteau (50 à 60%). En surface, elles se sont refroidies très brutalement de telle
sorte que les minéraux (olivine et pyroxène) ont cristallisé de manière aciculaire et avec une texture
dendriforme caractéristique appelée texture spinifex (Fig. 7).

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Figure 7 - Cristaux aciculaires d’olivine (aujourd’hui transformés en amphibole) à texture spinifex
dans une komatiite âgée de 3,2 Ga et provenant du craton du São Francisco au Brésil.

2.2.2.2 - Les basaltes


Les laves basiques sont essentiellement basaltiques à affinité tholéiitique alors que les roches calco-
alcalines sont beaucoup plus rares, contrairement à ce que l’on observe aujourd’hui sur Terre, les
andésites sont relativement peu abondantes. Dans la partie supérieure du cycle volcanique et parfois en
alternance avec les cycles sédimentaires, se mettent aussi en places de petits volumes de laves
intermédiaires à acides (dacites et rhyolites).

2.2.2 - Les sédiments


Les cycles sédimentaires débutent en général par une sédimentation détritique grossière, immature
(conglomérats et grauwackes) contenant le plus souvent des éléments volcaniques, puis ils évoluent
progressivement vers des shales et des dépôts chimiques (cherts, BIF = Banded Iron Formations =
Formations Ferrifères Rubanées). Les cherts sont souvent très abondants et attestent d’une très grande
activité hydrothermale. Les BIFs quant à elles sont des sédiments constitués d’une alternance de bancs
centimétriques de quartz et de magnétite (Figure 8), ils proviennent d’une précipitation chimique de la
silice et du fer dissout dans l’eau témoignant par là même du caractère non oxydant de l’atmosphère
terrestre. Abondantes avant 2,2 Ga les BIFs ont presque totalement disparu à partir de cette période.

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Figure 8 : Formation Ferrifère Rubanée (BIF = Banded Iron Formations) provenant de
Gopping Gap (3,4 Ga) en Australie.

2.2.3 - Les granites tardifs


Ces granites aussi nommés sanukitoïdes ou « High Magnesium Granitoids » (5 à 10% du volume
des terrains archéens) sont intrusifs dans le socle granito gneissique et les ceintures de roches vertes. Il
s’agit de vrais granites à affinité calco-alcaline et le plus souvent très riches en phénocristaux de
feldspath potassique ; ils sont aussi riches en magnésium. Ils sont interprétés comme provenant de la
fusion de péridotites mantellique dont la composition a été modifiée par l’adjonction de magma TTG.

3 - La tectonique archéenne
Aujourd’hui la tectonique active à la surface du globe résulte du déplacement des plaques
lithosphériques dont le mouvement induit essentiellement une tectonique horizontale (par exemple
nappes de charriage dans les Alpes). De telles structures sont connues dans tous les terrains archéens
des plus anciens aux plus récents, ce qui démontre qu’une tectonique analogue à notre tectonique des
plaques actuelle opérait dès 4,0 Ga. Toutefois, les terrains archéens possèdent une particularité
supplémentaire, en effet, aux grandes structures horizontales se superposent des déformations
verticales en dômes et bassins. Cette tectonique verticale dont le moteur est la gravité est connue sous
le nom de sagduction. Lorsque des laves ultrabasiques telles que les komatiites (densité = 3,3) se
mettent en place sur de la croûte continentale de type TTG (densité 2,7), elles créent un fort gradient
inverse de densité (Fig. 10). Le retour vers une situation d’équilibre se fera par enfoncement des

8
komatiites dans le socle TTG .Une fois initié, le phénomène évolue en créant de véritables diapirs
inverses, dus non seulement à la descente des roches les plus denses mais aussi à la remontée
concomitante des roches de faible densité. La descente des roches de forte densité crée une dépression
où peuvent se déposer des sédiments. Les chercheurs considèrent aujourd’hui que la tectonique
horizontale opérait comme de nos jours, c’est à dire plutôt aux limites de plaques alors que la
sagduction se développait préférentiellement au cœur des plaques continentales.

Figure 10 - Gauche : Diagramme illustrant trois étapes du développement de la sagduction. 1) la mise


en place dans une ceinture de roches vertes, de komatiites de densité élevée (d=3,3) sur
les TTG du socle granito gneissique de faible densité (d=2,7) induit un fort gradient
inverse de densité ; 2) Il en résulte un mouvement descendant des komatiites (flèche
grise) induisant un mouvement relatif ascendant des TTG (flèches noires) ; 3) le
mouvement s’accentue créant une dépression au centre de la ceinture de roches vertes où
vont se déposer les sédiments. Droite : Vue satellite du craton archéen de Pilbara
(Australie) montrant les structures résultant de la sagduction : les ceintures de roches
vertes (en vert et gis sombres) sont localisées entre des dômes des TTG (blanc jaunâtre).
La largeur de la photo est d’environ 300 km.

La sagduction ne peut fonctionner que lorsqu’un fort gradient inverse de densité est réalisé ; par
exemple, les basaltes ont une densité trop faible (2,9 ou 3) pour pouvoir initier une sagduction.
Comme les komatiites sont restreintes à l’Archéen, la sagduction est donc elle aussi spécifique de
l’évolution crustale primitive.

Si une tectonique des plaques opérait bien à l’Archéen, en revanche, ses modalités de détail étaient
bien différentes de celles qui sont connues de nos jours. Par exemple, la production de chaleur terrestre
était beaucoup plus importante au début de l’histoire de la Terre que maintenant (Fig. 11).

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Figure 11 - Variation de la production de chaleur terrestre en fonction du temps.

La chaleur terrestre produite en grande quantité à l’Archéen a nécessairement été évacuée, sinon
l’excès de chaleur aurait provoqué la fusion d’au moins une partie de la planète, ce dont on ne retrouve
aucune trace. La conduction étant un mécanisme inefficace pour évacuer la chaleur interne, c’est,
comme de nos jours, la convection qui a assuré cette fonction par l’intermédiaire des rides médio-
océaniques. Comme la quantité de chaleur à évacuer était plus importante qu’aujourd’hui, il a donc
fallu une plus grande longueur de ride (la quantité de chaleur évacuée est une fonction de la racine
cubique de la longueur de ride) (Hargraves, 1986). La Terre ayant conservé un volume constant, une
plus grande longueur de rides implique que les plaques délimitées par ces rides étaient plus petites que
de nos jours et qu’elles se déplaçaient plus rapidement (Fig. 12).

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Figure 12 - Schéma comparant la taille des plaques actuelles (à gauche) à celle supposée des plaques
archéennes (à droite). A l'Archéen, la plus grande production de chaleur interne était
évacuée par une longueur de ride plus importante, résultant en une mosaïque de plaques
beaucoup plus petites et plus rapides que celles de la Terre actuelle.

4 - La transition Archéen Protérozoïque


Aux alentours de 2,5 Ga, le passage de l’Archéen au Protérozoïque a été une période de
changement majeur pour notre planète, par exemple certaines roches, très abondantes à l’Archéen sont
devenues rares ou ont disparu après 2,5 Ga ; il s’agit des komatiites, des formations ferrifères rubanées
et des TTG (Figure 13). De même d’autres roches sont très abondantes après 2,5 Ga alors qu’elles
étaient rares ou inexistantes à l’Archéen, il s’agit des andésites, des roches magmatique peralcalines et
des éclogites. Ces changements lithologiques reflètent des modifications plus profondes des
mécanismes pétrogénétiques.

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Figure 13 - Evolution temporelle de l’abondance de quelques lithologies.

L’exemple le plus spectaculaire est celui des komatiites dont la température de mise en place allait
de 1 600°C à 1 650 °C, après 2,5 Ga seuls sont produits des basaltes qui ne se mettent en place qu’à
des températures de 1 250 à 1350°C. La présence des komatiites démontre que la température du
manteau supérieur était nettement plus importante pendant la première moitié de l’histoire de la
planète. La Terre s’étant refroidie, elle est devenue incapable d’atteindre des températures élevées,
nécessaires à la genèse des komatiites; d’où leur disparition après 2,5 Ga.

Les TTG omniprésentes à l’Archéen proviennent de la fusion de basaltes subductés, après 2,5 Ga,
la planète est devenue trop froide, de telle sorte qu’au lieu de fondre, la croûte océanique subductée se
déshydrate donnant alors naissance à des andésites (magmatisme calco-alcalin) et non plus à des TTG.
Il faut aussi noter qu’entre 2,75 et 2,5 Ga a eu lieu un épisode de croissance crustale majeur qui a
affecté toute la planète et qui a vu l’extraction d’énormes volumes de croûte continentale (super -
continent) à partir du manteau. Cet épisode a été suivi d’une longue période de repos entre 2,5 et 2,3
Ga, pendant laquelle quasiment aucune croûte continentale juvénile ne s’est formée.

Les komatiites ayant disparu à partir de 2,5 Ga, la tectonique verticale (sagduction) qu’elles
engendraient a elle aussi disparu.

Enfin, compte tenu du refroidissement de la planète, la taille des plaques lithosphériques a


augmenté depuis l’Archéen.

Il est à noter que tous ces changements résultent d’un seul et unique phénomène, le refroidissement
progressif de la planète.

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13
La géologie du continent africain

2.1 – Morphologie et structure profonde du continent africain


On distingue une Afrique basse, < 1000m (l’Afrique occidentale et septentrionale) et une Afrique haute, >
1000m (Afrique orientale et méridionale). Les études tomographiques montrent que l’Afrique haute coïncide avec
une cellule de manteau. Le continent africain est également caractérisé par la présence de surfaces anciennes, liées
à des phénomènes d’érosion. Ce sont : - la base du cambrien après les collisions panafricaines ; -, les surfaces
triasiques et jurassiques du Gondwana ; - les surfaces du Crétacé supérieur au Tertiaire moyen (fig. 14).

Fig. 14 – Volcanisme cénozoïque et unités structurale de la plaque africaine (1. craton ouest africain ; 2. craton du
Congo ; 3. craton du Kalahari)

Le continent africain présente une structure en bassins et en dômes. Les bassins sont d’âge variable, de
l’Archéen au Tertiaire. Les dômes sont par contre tous jeunes (Miocène à Pléistocène). Ils sont situés hors des
cratons anciens et sont associés à un volcanisme et, en Afrique orientale, aux grands fossés qui sont les
phénomènes morphologiques les plus spectaculaires du continent.

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Les anomalies négatives les plus spectaculaires se trouvent sur le plateau éthiopien et autour du fossé d’Afrique
orientale (fig. 15). D’autres aires négatives sont l’Afrique du Sud et la Namibie, les dômes du Sahara central et une
anomalie négative allongée correspondant aux hauts plateaux algériens et à l’île de Kasserine de Tunisie.
Les anomalies positives sont limitées aux zones côtières marquant la transition entre les croûtes continentales
et océaniques ou intermédiaires. La différence en épaisseurs lithosphériques (croûte et manteau supérieur) des
cratons anciens et des chaînes mobiles plus récentes joue un rôle déterminant. La localisation et l’évolution des
bassins et du magmatisme interplaque sont contrôlées par les épaisseurs lithosphériques et par le rejeu des
structures précambriennes.

Fig. 15 – Schéma gravimétrique de l’Afrique

2.2 - L’archéen du continent africain


L’ensemble du continent est formé de noyaux anciens autour desquels se sont agrégés des chaînes plissées à
différents épisodes de leur histoire (fig. 14). Les noyaux ont été affectés par quelques événements archéens et se
sont stabilisés vers 2.5 Ga (3.0 Ga dans le cas du craton Kaapvaal, Afrique du Sud). Les noyaux eux-mêmes sont

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dus à d’anciennes accrétions. Les roches, vert sombre, du Swaziland et du Mozambique seraient des sédiments
océaniques et des roches volcaniques hautement métamorphiques, (3.7 à peut être 4.0 Ga).
Les premiers cratons archéens sont : le craton Ouest Africain comprenant sa partie méridionale dite Man-Leo,
le craton du Congo, le craton de Kaapvaal et du Limpopo et un petit bloc dans le Sahara oriental près d’Awenat
(fig. 16).

Fig. 16 – Assemblage des cratons archéens entre 2500 et 1100 Ma

2.3 - Les protérozoïques inférieur et moyen du continent africain


Certaines parties de ces cratons ont été remaniées pendant des événements tectono-thermiques. Autour d’eux,
se sont agrégées des ceintures mobiles à 2 ± 0.15 Ga : Eburnéenne, Tadilienne, Ruwenzorienne, Ubendienne,
Magondienne, Kheis.
Entre 2.0 et 1.510 Ga, il a eu une phase anorogénique avec des intrusions magmatiques.
De 1.4 à 1.1 Ga, d’autres chaînes sont plissées entre les blocs précédents : Kibarienne, Irulides, Namaqua-
Natal, Lurienne. Elles ont formé, ou élargi les cratons du Kalahari, du Congo et de l’Afrique de l’Ouest. Ils se sont
joints à d’autres ensembles continentaux pour constituer le premier des grands assemblages en super-continent,
nommé Rodinia.

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Fig. 17 – Les bassins sédimentaires phanérozoïques africains

Après l’apparition de fossés, des distensions et écartements sont notés vers 800 Ma. Ils ont désorganisé le super-
continent Rodinia et plusieurs de ses fragments ont été séparés par des couloirs marins océaniques. A la fin, les
chaînes panafricaines ont soudé le Gondwana (750 à 550 Ma).

2.4 – Le néoprotérozoïque du continent africain


Le néoprotérozoïque a été marqué par les événements panafricains qui sont responsables de la formation du
super-continent de Gondwana. Le panafricain, selon les travaux récents, est comparable par le style et par l’échelle
aux ceintures actives actuelles alpines, himalayennes et circumpacifiques. Il a déformé et métamorphisé à divers
degrés les couvertures sédimentaires déposées sur les cratons engendrant des ceintures ou chaînes mobiles. Il s’agit
donc d’un événement lié au rapprochement de divers continents (tectonique des plaques).
Les principales chaînes panafricaines sont :

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- les Mauritanides, les Bassarides et les Rokelides sur la marge occidentale du craton ouest-africain ;
- l’Anti-Atlas au nord ;
- les Pharusides sur la bordure orientale du craton ouest-africain ;
- les Dahomeyides au sud-ouest ;
- la ceinture plissée panafricaine congolaise au nord du craton du Congo ;
- la ceinture du Mozambique à l’est du craton du Congo présentant des métasédiments de grade élevé et
des gneiss granitoïdes;
- les ceintures mobiles du Zambèze, Lufilienne, Damarienne, Gariep et Saldanienne, etc.
Des intrusions granitiques ont été signalées dans les zones panafricaines. On peut citer les granitoïdes
panafricains de Damagaram au Niger d’âge moyen de 575±12 Ma (Black & Liégeois 1993).

2.5 – Le phanérozoïque
La géologie du phanérozoïque a connu des progrès remarquables à l’échelle du continent africain : Afrique de
l’Ouest, Sahara égyptien et soudanais, Mer Rouge et Golfe de Suez, Afrique australe, etc. des précisions ont été
apportées à la géologie structurale, à la stratigraphie et à la sédimentologie. Ces progrès ont été rendus possibles
grâce à la prospection pétrolière. Beaucoup de fossés, de bassins ont été explorés. Les références les mieux fournies
sont celles consignées dans les numéros spéciaux du Journal of African Earth Sciences. Les principaux bassins
sédimentaires sont consignés dans la figure 17.

2.6 – Le craton ouest africain

Le craton ouest africain, vaste étendue de 4 500 000 km2 qui est constituée par des formations précambriennes
(Fig. 18). Ce craton est limité à l'Est par la zone mobile de l'Afrique centrale (contact avec le Bouclier touareg) et à
l'Ouest par des chaînes polyorogéniques panafricaines et hercyniennes : Mauritanides et Rockélides. Il est masqué
par des bassins du Protérozoïque supérieur et du Paléozoïque, bassin de Tindouf au Nord, bassin de Taoudeni au
centre et bassin des Volta au Sud. Le craton affleure dans deux dorsales (antéclises) :
- la dorsale Réguibat au nord entre les bassins de Tindouf et le Taoudeni s'étend du SW au NE sur environ
1500 km. Elle est large de 250 à 400 km. Elle est constituée par des formations précambriennes
métamorphiques et cristallines qui peuvent être réparties en deux ensembles : - un ensemble archéen
(Précambrien) situé d'une part au SW dans l'Amsaga, le Tijirit, le Tasiast, le Tiris, l'Ouassat, le Ghallaman, le
Sfariat (Mauritanie), et d'autre part au NE dans les Eglabs (Algérie). - un ensemble protérozoïque inférieur à
moyen (Précambrien C, encore dénommé birimien ou éburnéen, avec le Zemmour, le Karet et le Yetti ;

- la dorsale de Kenema-Man au sud, et dans des fenêtres situées à l'est des Mauritanides : fenêtres de Kayes et
de Kéniéba, s’étend de Guinée jusque dans l’ouest de Côte d’Ivoire dans la zone de la faille de Sassandra et des
Monts Trou. La limite méridionale est très discutée : - pour certains auteurs, la ceinture de Kasila correspond à
un domaine archéen repris à l’éburnéen ; - pour d’autres, ce domaine est purement éburnéen. Il est dû à la

18
granitisation lors de l’événement éburnéen. Outre le socle migmatitique, on reconnaît des ceintures
supracrustales et des ceintures vertes.

Les principales unités structurales décrites dans la figure 16 se retrouvent en Afrique de l’Ouest (Fig. 19). On y
distingue :
- des cratons : ils correspondent à des zones stabilisées depuis les temps protérozoïques inférieur à moyen
(1500 Ma) ; ils sont formés de roches métamorphiques très déformées ; ils renferment des noyaux archéens
autour desquels des chaînes d’âge éburnéen se sont immobilisées ; ce sont le domaine Kenema – Man et la
partie occidentale de la dorsale Réguibat ;
- les ceintures mobiles ou zones mobiles (1000 – 600 Ma) : elles correspondent à des couvertures
supracrustales (d’origine sédimentaire ou magmatique) qui n’ont plus subi de déformations ou de
métamorphisme depuis le phanérozoïque, la majorité ayant connu leurs dernières déformations majeures et
de métamorphisme au panafricain autour de 500 Ma ; ce sont les Dahomeyides, les Pharusides, les
Mauritanides et les Rokelides ;
- les bassins mésozoïques, cénozoïques et quaternaires de deux types : - les bassins côtiers (sénégalo-
mauritanien ; sahraoui ; de Côte d’Ivoire ; bénino-togolais ; le bassin de Bénoué) ; - et les bassins
intérieurs, comme les bassins de Kandi (fer oolitique) ; Sokoto (fer oolitique) ; Libye (pétrole) ; Iullemeden
(fer) ;
- parmi les chaînes récentes on citera les chaînes du Haut – Atlas ou Atlasides en Afrique du Nord et la
partie occidentale des Mauritanides.

19
Fig. 19 – Carte schématique des structures géologique d’Afrique de l’Ouest et du Centre-Nord.

20
Dorsale Réguibat

Son nom est dû à Menchikoff (1949). Elle s'étend du SW au NE sur environ 1500 km (Fig. 20).
Elle est large de 250 à 400 km. Elle est constituée par des formations précambriennes métamorphiques
et cristallines. On y distingue deux ensembles : - un ensemble archéen situé d'une part au SW dans
l'Amsaga, le Tijirit, le Tasiast, le Tiris, l'Ouassat, le Ghallaman, le Sfariat (Mauritanie), - et d'autre part
au NE dans les Eglabs (Algérie), un ensemble protérozoïque inférieur à moyen avec le Zemmour, le
Karet et le Yetti.

Fig. 20 – Dorsale Réguibat

2 – Le domaine archéen
L'ensemble archéen est caractérisé par des formations métamorphiques de haut grade et d'âge
supérieur à 2,5 GA (Vachette, 1964 ; Potrel, 1994). Le bouclier ouest ou 'le Terrane Archéen'
principalement d'âges ≥ 2500 Ma est constitué surtout de gneiss migmatitiques, de granitoïdes, de
quartzites ferrugineux et de la Formation de Fer Rubanée (FFB) ou Banded Iron Formation (BIF),
d’amphibolites et de gneiss feldspathiques. Le terrain des gneiss et granulites de plus haute qualité se
trouve dans le socle archéen situé à l’ouest du bouclier dans la zone d'Akjoujt où il affleure en tant que
gneiss felsique migmatique à texture granulaire pauvre et en orthogneiss folié grossièrement. Ces
formations sont regroupées dans trois assemblages : - l’assemblage de l’Amsaga ; - l’assemblage
d’Ijil ; - et l’assemblage de Ghallaman comprenant chacun des groupes.
Les données géochronologiques sont rares sur la dorsale Réguibat et sont de mauvaises qualités.
Cependant, on y rencontre des roches ayant au moins 2500 Ma et il est possible d’y trouver des
matériaux antérieurs à 3 000 Ma.

3.2 – Le domaine birimien

21
L'ensemble protérozoïque inférieur à moyen est plus jeune que 2,5 GA (2,5 GA à 1,6 GA)
(Vachette, 1964 ; Boher 1991), et comprend des séries métamorphiques, mais en général de plus bas
grade que celles de l'autre ensemble (archéen), ainsi que des roches magmatiques. Les auteurs (Sougy
1954, Mestraud 1975, Rocci 1975) distinguent plusieurs faciès dans les batholithes du Zemmour noir
et du Yetti. Il est affecté par plusieurs failles dont le nombre augmente d’Ouest en Est correspondant
aux événements techtonothermaux du Birimien (Eburnéen) et comprenant principalement des granites
intrusifs à l’ouest et des formations volcaniques à l’est. La lithostratigraphie est résumée dans le
tableau 1.
Dans le vaste ensemble de granitoïdes qui s'étend d'Ouest en Est sur plus de 300 km depuis le
Zemmour noir jusqu'au Yetti, plusieurs faciès existent :
- microgranites précoces en enclaves dans le granite d'Aïn Ben Tili (Rocci, 1957) ;
- granite calco-alcalin type Aïn Ben Tili (Sougy, 1954), le plus étendu et le plus commun ;
- granite calco-alcalin orienté de Tourassine dans la zone de l'oued Hafeïra ;
- granite calco-alcalin type Mint Melhal des environs de Bir Mogreïn ;
- granite calco-alcalin type Bel Guerdane (Rocci et Sougy) du Zemmour occidental.
La mise en place du granite calco-alcalin type Aïn Ben Tili est post tectonique. Les données des
éléments traces (Rb, Y, Nb) le range dans les granites intraplaques. Les âges de mise en place (2,12 à
2,07 GA) en font des granites birimiens sensu stricto. Les « âges modèles » basés sur les terres rares
Sm / Nd ou âges d'extraction (Tdm) du réservoir source sont +2,4 et 2,2 GA (Boher 1991). Le peu de
différence entre les âges de mise en place montre que le cycle birimien s'est déroulé en peu de temps,
environ 50 Ma (Boher, 1991). Les schémas proposés pour la constitution de la croûte continentale
birimien (Boher, 1991 ; Potrel, 1994) font état d'un magmatisme de type plume mantellique en dehors
de la zone archéenne et de la constitution à partir du matériel basique des granites post tectoniques.
Un régime de subduction se serait installé au contact de cette croûte birimienne et de l'Archéen
s'achevant par un phénomène de collision le long de Sfariat.

Tableau 1 – Lithostratigraphie du birimien de Réguibat


Ensemble SG de Gueld el Hadid Ensemble de roches détritiques
supérieur représentant la molasse éburnéenne
(Tarkwaien)
Peu de couverture détritique à
volcanodétritique métamorphisée
Ensemble moyen Groupe (quartzites et grès quartzites, méta
(Birimien SG d’Akilet Deilet supérieur arkoses, méta conglomérats polygéniques
supérieur). Cycle SG d’Oued Souss provenant du granite de Yetti. Chlorite,
Eglab actinote, prehnite, pumpelleyite)
Yetti : leptynite et phyllades variés ainsi
que des porphyroïdes variés.
SG d’Aguelt Nebkha
SG Yetti, ensemble Groupe
Shales, quartzites, méta arkoses variés,
Birimien inférieur équivalent inférieur
cipolins, métavolcanites, méta andésites,
Cycle Yetti
métagabbros

22
Méta arkoses, schistes, métagrauwackes,
complexe rhyodacitique.

Les données tectonométamorphiques peuvent se résumer comme suit :


- dans l’ensemble inférieur, on reconnaît essentiellement deux phases tectoniques. : - une phase
de plis P1 isoclinaux couchés à schistosité de plan axial (S1) ; - une phase de plis P2 droits à
plans axiaux subverticaux, plis auxquels sont associés une schistosité S2 ; les granitoïdes
rencontrés dans cet ensemble donnent des âges radiométriques avoisinant 2 000 Ma (granitoïdes
syn. à post tectoniques) ou supérieurs à 2 000 Ma (granitoïdes précoces) ; l’ensemble des
événements thermotectoniques et magmatiques intéressant l’ensemble inférieur est appelé le
cycle de Yetti ;
- l’ensemble moyen se présente généralement sous forme de nappes et de klippes ; on y
reconnaît une phase majeure de plis P3 généralement déversés vers l’ouest ; à cette phase, est
associé un métamorphisme de très bas degré, métamorphisme que reflètent les minéraux cités
dans le tableau ; l’ensemble des événements thermotectoniques intéressant l’ensemble moyen
est appelé le cycle Eglab.

La chronologie des événements éburnéens peut se résumer en sept étapes :


1 – érosion du noyau archéen et dépôt ou mise en place des formations constituant les supergroupes
(SG) de Yetti et d’Aguelt Nebkha ;
2 – déformation P1 et P2 et métamorphisme à faciès schiste vert ;
3 – mise en place des granitoïdes de Yetti marquant la fin du cycle Yetti (Eburnéen I) ;
4 – érosion des composantes du cycle Yetti et dépôts des formations des SG d’Akilet et de Oued ;
5 – déformation P3 aboutissant à la mise en place des nappes et plis et à un métamorphisme
anchizonal ;
6 – plutonisme et volcanisme de type Aftout (1 920 Ma) marquant la fin du cycle Eglab (Eburnéen
II) ;
7 – érosion des formations antérieures et dépôt du SG de Gueld el Hadid (molasse tarkwaienne
équivalente de l’Eburnéen III ?).
Dans le domaine éburnéen de la dorsale Réguibat, on rencontre également des dolérites et des
syénites anorogéniques d’âge d’environ 1 600 Ma.

3.3 - Le potentiel minéral


Un potentiel existe pour des unités hébergeant de l’or et des unités de fer riches en sulfure dans les
Formations de Fer Rubanées qui sont présentes dans le terrane archéen. Les Formations de Fer
Rubanées et les quartzites ferrugineux sont en exploitation dans la province de Tiris où se trouvent de

23
vastes réserves de minerais d’hématite et de magnétite. Des accumulations de chromite magmatique
ont été remarquées dans le Bouclier de Réguibat associées avec les serpentinites.

Le Bouclier de Réguibat est d’un âge semblable au Kaapvaal et au Cratons de Zimbabwe allant de
3100 à 2700 Ma. Les gîtes minéraux retrouvés dans les zones cratoniques du sud de l’Afrique et la
découverte d’indices de miniers sur le Bouclier de Réguibat offrent de indices forts de la présence de
filon d'or mésothemal, nickel, chrome et minéralisation de terres rares au nord de la Mauritanie aussi
bien que des diamants et VHMS.

Les ceintures de roches vertes archéennes volcanosédimentaires forment des hôtes favorables à la
minéralisation mésothermale de filons d’or et attirent au présent une exploration intense. La
minéralisation d’or à Tasiast a été rapportée en premier lieu par l’OMRG au début des années 90.
Normandie La Source Développement SAS a développé le projet au stage d’études de préfaisabilité,
signalant une ressource en excès de 900 000 oz à 3 g/t.
Le Bouclier de Réguibat représente un terrane très potentiel en diamants. Il forme le noyau nord
du Craton Ouest Africain et reflète géologiquement le noyau sud qui est héberge des kimberlites
renommées au Sierra Leone, Libéria et Guinée. Au nord de la Mauritanie, le Bouclier de Réguibat n’a
pas été prospecté pour les diamants avant les années 90. Depuis ce temps là, plusieurs indices miniers
des diamants ont été découverts, y compris le diopside, la chromite, le groupe 1 des grenats, les
éclogites et le Groupe 10 des grenats pyropes de compositions équivalentes à celles associées aux
mines de diamants de haute qualité à travers le monde y compris la région du Lac de Gras dans les
Territoires du Nord-Ouest du Canada. A présent, des kimberlites portant des diamants ont été
découvertes mais aucune ne s’est montrée rentable.

24
La dorsale Kenema – Man ou dorsale de Léo

1 – Le domaine archéen (Fig. 21)


1.1 – Les formations infracrustales
Le soubassement est dominé par des migmatites et des gneiss quartzo feldspathiques à biotite et
hornblende à composition de diorite passant par des tonalites aux granites, avec une prédominance
granodioritique. Il existe aussi de petites lentilles d’amphibolites, des reliques de dykes basaltiques
déformées et métamorphisés. La direction structurale dans l’ensemble N à NE vire au NW vers les
limites nord du terrain archéen, et localement dans le sud près de la ceinture de Kasila. L’orientation
générale E-W des structures en Sierra Leone pourrait représenter une déformation précoce (Fig. 22).
Le métamorphisme est généralement du faciès amphibolite.

Fig. 21 – Dorsale de Léo ou dorsale Kenema - Man

Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, l’essentiel du socle est attribué à la formation de migmatites et de
gneiss. On y distingue en fonction du degré métamorphique : la formation du Mont Douan, et le

25
complexe charnockitique de Man probablement plus vieux qui pourrait renfermer les anciennes
reliques supracrustales.
En Guinée, on distingue une subdivision en trois domaines : - les gneiss de Mahama à l’est de la
ceinture de Simandou ; - les gneiss de Macenta à l’ouest ; - et les gneiss de Guinée plus au nord.

N
GUINEE KABAL
A GUINE
E

MAKANI
SIERRA LEONE
NIALAM
FREETOW -
N SEWAFE

KENEMA

OCEAN ATLANTIQUE LIBERIA

0 10 200 km
0
13°00 12°00 11°00
W W W

Légende
Granulites de Mano-Moa
Groupe de Rokel River
Groupe de Bullon
Complexe magmatique de Groupe de Marampa : schistes Groupe de Kasila : schistes
Freetown : norite et gabbro et gneiss

Groupe de Saionya Scarp Groupe de Kambui : schistes Socle : granites et gneiss


acides

Fig. 22 – Carte géologique de Sierra Léone (d’après ACA Howe, 2003)

1.2 – Les formations supracrustales


Les roches supracrustales correspondent à des séquences de roches vertes et de métasédiments.
D’après leur taille, on distingue deux types de ceintures : - les grandes ceintures d’environ 130km de
long sur 6km d’épaisseur ; - les petites ceintures de 40km de long et souvent de moins du km
d’épaisseur.
Les grandes ceintures affleurent dans l’ouest du domaine, essentiellement en Sierra Leone. Elles
comportent deux parties :

26
- une partie inférieure débutant par des roches ultramafiques passant à des mafites ; les
ultramafites correspondent à des laves et sills métamorphisés en serpentinites et schistes
chloriteux à talc, trémolite, anthophyllite ; elle présentent des intercalations d’amphibolites et
sporadiquement de métasédiments à fuschite ; les mafites sont des amphibolites tholéiitiques
présentant encore des structures en coussins et des textures vésiculaires et amygadalaires ;
elles correspondent à d’anciennes laves massives en coussins et à des sills intrusifs ;
- une partie supérieure méta sédimentaire comprenant des quartzites parfois à fuschite, des
micaschistes, des métacherts (métasilexites), des conglomérats, des schistes à cordiérite et
grenant, des schistes quartzo feldspathiques et des formations de fer rubanées (BIF), des
métavolcanites subordonnées telles des méta dacites et méta rhyolites.
Le métamorphisme est du degré schistes verts à faciès amphibolite à épidote. Localement
cependant, se rencontrent des faciès type amphibolite à grenat à proximité des granites intrusifs.
Les petites ceintures affleurent dans le SE de la Sierra Leone, au Libéria et en Côte d’Ivoire. Elles
sont dominées par des métasédiments particulièrement par des formations de fer rubanées avec des
quartzites, des quartzites micacés, des métagrauwackes, des métacherts et des schistes pélitiques. Les
métavolcanites en quantités subordonnées occupent la partie inférieure des petites séquences tout
comme dans les grandes ceintures et sont principalement des amphibolites. Dans l’ouest de la Côte
d’Ivoire, affleurent des norites (gabbros à hypersthène) et des anorthosites gabbroïques intrudant les
formations de fer rubanées. Ces roches forment le complexe charnockitique de Man.

1.3 – Les données thermotectoniques


Le métamorphisme est du degré granulite, marqué par la rareté des minéraux de haute pression.
Les assemblages minéraux rencontrés sont : sillimanite, staurotide, grenat et cordiérite ; assemblages
typiques d’un gradient géothermique observé dans les régions dominées par d’abondantes intrusions
granitiques. Le style de déformation est partout le même indépendamment de la taille, du degré
métamorphique et de la lithologie des ceintures. Il s’agit de plissements serrés, ce qui efface les
structures sédimentaires originelles. Localement s’observent des preuves de discordance comme dans
le secteur de la Mano River et dans la ceinture de Simandou en Guinée, discordante sur la foliation
régionale.
Les ceintures deviennent plus petites et moins épaisses vers l’est et le sud ; le métamorphisme est
plus élevé. Les termes lithologiques également changent. Les roches volcaniques sont moins
abondantes, alors que les BIF plus sont plus dominantes. Les conditions P-T des maxima
métamorphiques sont environ 600°C et 5 kb dans les ceintures de faibles degré et 750 °C et 7 kb dans
les faciès granulites dans l’est du domaine.
Les ceintures vertes les mieux connues sont en Sierra Leone où elles sont réparties en deux
supergroupes : le supergroupe de Loko et celui de Kambui (Fig. 23).
Le supergroupe de Loko

27
Il affleure dans la région Komakwie et est composé d’amphibolites et de serpentinites, de
quartzites à sillimanite, d’itabirites et de granitoïdes intrusifs. Il présente une direction structurale
essentiellement W-E. Il est affecté par un événement léonien daté à 2 950 Ma.
Le supergroupe de Kambui
Il comprend deux ensembles :
- un ensemble inférieur magmatique fait d’amphibolites (laves basiques, pillow lavas) et de
serpentinites (laves ultrabasique à caractère tholéiitique) ;
- un ensemble supérieur sédimentaire à volcanosédimentaire comprenant des métatufs, des
méta psammites, des métapélites et des itabirites.
La direction structurale est N-S. Le supergroupe de Kambui est recoupé par des granites donnant
des âges allant de 2 750 à 2 700 Ma.

Le Mont Nimba (Libéria)


Quatre-vingts pourcents (80 %) de la superficie du Libéria est constituée par les gneiss gris avec le
passage des faciès amphibolites aux faciès granulites et représentant le substratum. Sur ce substratum
se rencontrent des ceintures vertes dont l’exemple type est le groupe des Monts Nimba qui comprend
trois ensembles (tableau ci-dessous) :
- un ensemble supérieur composé de schistes pélitiques et de formations ferrifères ;
- un ensemble moyen fait d’amphibolites à intercalations pélitiques et carbonatés
- un ensemble inférieur méta conglomératique et quartzitique.

Fig. 23 – Comparaison de la stratigraphie des ceintures supracrustales de la dorsale Kenema - Man

28
Le complexe de Man (Côte d’Ivoire) est constitué par des charnockites et des norites, des
amphibolites et des pyroxénites avec un complexe de quartzites et de gneiss migmatitiques. Dans cette
région, on distingue deux phases majeures de métamorphisme et de déformation. La première donne
des faciès granulites datant de 3 125 Ma. La seconde phase est une retromorphose transformant les
granulites en un faciès amphibolitique datant de 2 850 Ma. Ces deux âges dont la moyenne est égale à
2 988 Ma indique un événement léonien.

2 – Le birimien de la dorsale Kenema – Man : le domaine Baoulé - Mossi


Il correspond à la partie centrale et orientale de la dorsale Kenema - Man. Il est à cheval sur le
nord de la Guinée, le sud du Mali, la Côte d’Ivoire, la partie occidentale du Ghana, le SE du Burkina
Faso (Fig.16). Il est occupé par une série de ceintures supracrustales de largeur très variée
d’orientation NE – SW séparées par des granitoïdes éburnéens et parfois par des gneiss migmatitiques
représentant le substratum à l’éburnéen.
Les ceintures supracrustales sont de deux types : - les ceintures de type I ; et les ceintures de type
II. Les ceintures du type I résultent de la déformation et du métamorphisme des roches de vastes fossés
profonds (ceintures birimiennes de Côte d’Ivoire). Les ceintures du type II résultent des formations
déposées dans des bassins étroits et peu profonds (ceintures birimiennes du Burkina Faso).

Fig. 24 – Province birimienne du domaine Baoulé - Mossi

29
2.1 – Le birimien de Côte d’Ivoire (Fig. 25)
Ce domaine est marqué, comme l'ensemble de l'Archéen de la dorsale de Man, par l'événement
magmatique et métamorphique majeur qu'est le Libérien (Camil, 1984 ; Kouamelan et al. 1994, 1995).
La datation des assemblages minéraux a permis de mettre en évidence un recyclage important des
formations archéennes.
Le domaine birimien de Côte d'Ivoire présente un socle constitué de formations archéennes
recyclées durant l'événement birimien, des formations birimiennes proprement dites et des intrusions
magmatiques. Les formations birimiennes sont constituées d'ensembles plutono-volcaniques et
sédimentaires juvéniles (Abouchami et al. 1990, Boher et al. 1992). Le birimien est subdivisé en un
birimien inférieur et un birimien supérieur.
Le birimien inférieur comprend des roches métabasiques, (métabasaltes, des ortho amphibolites)
d’origine subaquatique, des métavolcanites hypo-abyssales, etc. le birimien supérieur est composé de
métavolcanites intermédiaires à acides, de méta tufs, de méta brèches avec des intercalations de méta
sédiments manganésifères, de quartzites.
Ces deux ensembles seraient intrudés par des roches basiques à ultrabasiques. Les caractéristiques
géochimiques permettent de considérer les métabasaltes et ortho amphibolites comme des formations
de type MORB. Les intrusions basiques à ultrabasiques seraient également des roches de type MORB,
probablement pénécontemporaines des métabasaltes. Le complexe pyroclastique serait de type IAT.

Fig. 25 – Carte géologique simplifiée de Côte d’Ivoire

30
Le métamorphisme est du faciès schiste vert, atteignant localement un métamorphisme à faciès
amphibolite. Une intense déformation qui se traduit par une série d’anticlinaux et de synclinaux
ouverts au sud ou fermés au nord, et par des fractures longitudinales subverticales à cisaillement
sénestre suivi par des failles conjuguées liées à une compression de direction E – W a affecté ces
formations.
Les complexes plutoniques éburnéens acides se présentent comme suit :
- des intrusions tonalitiques à granodioritiques syntectoniques peu nombreuses d’âge burkinien ;
- des granitoïdes éburnéens proprement dits très nombreux que l’on peut subdiviser en trois
principaux groupes :
- * les granitoïdes précoces orthogneissifiés au cours de la déformation régionale (leucogranites
de Broko)
- * les granitoïdes syntectoniques à tarditectoniques mis en place au cours d’une déformation
pénécomtemporaire d’une deuxième phase de métamorphisme daté d’environ 2 050 Ma. Il
s’agit de granodiorites à biotite ou à amphibole, et de granodiorites à muscovite ;
- * les granitoïdes post tectoniques en intrusions dans les formations birimiennes. Il s’agit d’une
suite de tonalites à trondjémites renfermant des syénites (granitoïdes de types Bondoukou,
1990±20 Ma).

2.2 – Le birimien du Burkina Faso (Fig. 26)


On y distingue un socle ante birimien ou libérien, identique à celui du Ghana, de Côte
d'Ivoire et du Libéria et des ceintures vertes. Le socle constitue l'ossature de la majeure partie
du Burkina Faso. Il est constitué essentiellement de granitoïdes : granites, migmatites et
gneiss. Selon leur répartition régionale, ces roches se diversifient à partir d'un certain
pourcentage de minéraux constituant la roche (biotite, amphibole, pyroxène, etc.). Ces terrains
ante birimien ont été plissés et métamorphisés. Selon les méthodes de datation utilisées, l'âge
de ces formations serait 2 660 + 135 MA
Les sillons birimiens (ceintures) prennent l'allure d'une courbe au Nord de Ouagadougou
et couvrent les localités suivantes : Kaya, Kongoussi, Séguénéga jusqu'à Ouahigouya. Ils
réapparaissent au Nord Est de Djibo, Gorom-Gorom jusqu'au Nord Est de Dori, Bogandé et
enfin au Nord Est de Fada N'Gourma.
La ceinture de Bouroum-Yalogo, ceinture de type II et regroupe les unités de Kaya, Goren-
Ouahigouya, Zorgho, Bouroum-Yalogo, Dori, Diapaga, Tera-Gassa, etc. C’est une ceinture d’environ
3 000 km2 en forme de Y, située à 450 km environ au de Ouagadougou. Elle renferme de l’or et est
subdivisée en deux grands ensembles lithostratigraphiques :

31
- à la base, la série de Bamba-Bouroum encore appelée burkinien ou dabakalien (2 386±35 Ma),
constituée de roches fortement métamorphisées ;
- et au-dessus, les formations birimiennes du Bouroum, affleurant en ceintures parallèles et
constituées par des alternances de séquences volcaniques et volcano-sédimentaires et de
séquences sédimentaires avec également des basaltes, des icelandites et rarement des dacites,
des roches hypo abyssales représentées par des gabbros et dolérites associées à des
trondjémites et granophyres, enfin des formations pyroclastiques représentées par des coulées
pyroclastiques d’icelandites associées à des tufs et brèches andésitiques à dacitiques .
Les caractéristiques géochimiques des basaltes et roches associées démontrent que ces roches sont
des tholéiites de type MORB. Les caractéristiques des icelandites et dacites démontrent également
qu’il s’agit de tholéiites, mais ces dernières ont subi une contamination crustale. Les pyroclastites et
roches associées sont des roches calco-alcalines résultant de la fusion alcaline partielle de roches
d’origine mantelliques préalablement contaminées dans un recyclage crustal. Les roches méta
sédimentaires sont d’origine détritique ou chimique généralement immatures à la base et plus évoluées
au sommet.

Fig. 26 – Carte géologique simplifiée du Burkina Faso

Le métamorphisme est du faciès schiste vert, avec une phase hydrothermale conduisant au faciès
amphibolite. La déformation est modérée et est caractérisée par des structures pénétratives associées à
un début de schistosité de flux et par de nombreuses zones de déformations ductiles, caractéristique du
style tectonique du birimien. Lors de ces déformations et métamorphisme, se sont mis en place, de
nombreux granitoïdes comme dans toutes les autres parties du domaine Baoulé- Mossi. Ces
granitoïdes sont comparables à ceux décrits en Côte d’Ivoire.

32
2.3 – le birimien du Ghana
Environ 2/3 du Ghana sont dominés par des roches paléoprotérozoïques birimiennes formant cinq
ceintures volcaniques, régulièrement espacées, orientées NE-SW (Fig. 27). Les bassins qui les
séparent sont remplis de sédiments. Le tiers restant est fait de roches post birimiennes. Les roches
supracrustales sont fortement déformées. Cependant, les roches sédimentaires sont caractérisées par un
plissement très étendu. Les laves sont principalement de composition basaltique, quoique des roches
andésitiques, dacitiques et rhyolitiques soient aussi présentes.
La zone de transition entre les ceintures volcaniques et les bassins sédimentaires est soulignée par
un faciès chimique, lequel a été récemment reconnu comme le site le plus minéralisé en or du Ghana.
Auparavant, les roches sédimentaires birimiennes sont considérées beaucoup plus vielles que les
roches volcaniques. Cependant, des études récentes indiquent que les ceintures volcaniques et les
bassins sédimentaires sont des équivalents latéraux de faciès.

Légende

Dépôt tertiaire

Monts Togo

Bassin des Volta

Tarkwaïen

Birimien supérieur

Birimien inférieur

Granitoïdes

Plaine du Bénin

Fig. 27 – Carte géologique simplifiée du Ghana

Les ceintures volcaniques et les bassins sédimentaires sont tous deux à la fois intrudés par trois
types de granitoïdes qui différent en âge, en minéralogie et en chimie, à savoir :
- les granitoïdes type Cape Coast situés dans les bassins sédimentaires, sont dominés par des
granites à deux micas ;
- les granitoïdes type Dixcove, associés aux ceintures volcaniques sont dominés par des
granites à hornblende ;

33
- les granitoïdes riches en K post-tarkwaiens, comprenant les granitoïdes de Bongo, Tongo et
Banso.
Chacune des ceintures volcaniques birimiennes renferme des roches méta sédimentaires, (le
groupe) de Tarkwa, qui reposent en discordance sur le birimien. Le Tarkwa consiste entièrement en
conglomérats, de grès, de phyllites et d’argilites issus des roches birimiennes encaissantes.

3 - Le potentiel mineral

La dorsale Kenema – Man, tout comme celle Réguibat représente un terrane très potentiel des
diamants et d’or hébergés dans des kimberlites renommées en Sierra Leone, Libéria et Guinée. La
plupart des minéralisations sont localisées dans les ceintures de roches vertes des domaines archéen et
birimien. Ce sont des dépôts incluant de la molybdénite, de minerais de fer, de la bauxite du titane et
de chromite (Fig. 28 - . Les figures 28 à 29).

Fig. 28 – Indices miniers de Sierra Léone

4 – L’évolution géodynamique

34
Dans le domaine archéen, les roches se différencient entre 3,3 et 3,5 Ga du manteau (âge modèle
Nd). Les formations granulitiques les plus anciennes sont datées à 3050 ± 10 Ma (âge monozircon).
Des zircons hérités dans des paragneiss indiquent un héritage continental, au minimum à 3,2 Ga. Ce
domaine est marqué, comme l'ensemble de l'archéen de la dorsale de Man, par l'événement
magmatique et métamorphique majeur qu'est le Libérien (Camil, 1984 ; Kouamelan et al. 1994, 1995).
La datation des assemblages minéraux a permis de mettre en évidence un recyclage important des
formations archéennes durant l'événement birimien. Ce recyclage s'effectue dans des conditions de T°
assez élevées (700 à 800°C), vu la remise à zéro partielle ou totale des géochronomètres U-Pb et Sm-
Nd. Il est essentiellement localisé au Sud de la faille de Man-Danané, où prédominent des gneiss
migmatitiques à biotite. Une étape précoce survient vers 2250 ± 30 Ma. L'influence majeure a lieu vers
2100 ± 40 Ma avec (1) la décompression isotherme de granulites archéennes de haute pression (850 ±
30°C et 10 ± kbars) vers des conditions de plus basse pression (720°C ± 30 et 7 ± 1 kbars) et (2) la
fusion de sédiments pour donner des gneiss migmatitiques à biotite (monazite à 2074 ± 7 Ma). L'âge
modèle Nd à 3,2 Ga et la présence de cœur hérité dans les zircons montrent l'origine archéenne de ces
formations. Ces deux étapes correspondent à l'histoire de l'évolution de la croûte birimienne reconnue
dans le domaine protérozoïque (s.l.). Le domaine birimien de Côte d'Ivoire est constitué d'ensembles
plutono-volcaniques et sédimentaires juvéniles (Abouchami et al. 1990, Boher et al. 1992). L'histoire
précoce de ces ensembles débute vers 2220 ± 8 Ma (âge monozircon). La phase majeure d'accrétion
magmatique se situe à 2094 ± 6 Ma (âge monazite) avec la formation de nombreux massifs de
leucogranite. Une phase intermédiaire, de migmatisation, à 2150 ± 10 Ma (âge monozircon) semble
caractériser le socle granito-gneissique. Le domaine situé entre la faille du Sassandra et la longitude
6°W, que nous dénommons zone de transition, montre des évidences de contamination de croûte
archéenne par la présence de zircon hérité.

35
Fig. 29 – Les champs kimberlitiques (K) et diamantifères de l’Afrique de l’Ouest

36
Le birimien des boutonnières de Kayes et Kéniéba

1 - Introduction
La fenêtre de Kayes se situe au Mali et celle de Kéniéba est en partie au Mali et en partie au
Sénégal (Fig. 30). Elles forment un jalon entre la dorsale Réguibat et la dorsale de Man. Elles sont
entourées par les formations sédimentaires subhorizontales du bassin de Taoudeni ou par la chaîne des
Mauritanides. De deux fenêtres, celle de Kéniéba a été la mieux étudiée. Les âges, obtenus au Sr
conventionnel sur biotite des granites, sont paléozoïques inférieurs, donc birimiens.

2 - Caractéristiques générales de la boutonnière de Kédougou - Kéniéba

Fig. 30 - Schéma géologique de la Boutonnière de Kédougou-Kéniéba (Bassot et Caen


Vachette, 1984; Pons et al,, 1992) (légèrement) ; 1 roches volcaniques basiques; 2:
roches volcaniques andésitiques, niveaux cherteux et graphiteux " 3: roches de type

37
flysch: grès à argilites avec des niveaux graphiteux et conglomératiques; 4: roches
volcanoclastiques felsiques et niveaux cherteux; 5: calcaires et roches volcaniques
felsiques; 6:formations fluvio-deltaïques ; conglomérat et argilite ; 7: Granites (la
partie

La boutonnière de Kédougou – Kéniéba (K.-K.) couvre environ 16 000 km2 et a une forme
triangulaire. Elle est limitée par la série de Ségou-Madina-Kounta au sud, à l’est par le plateau
mandingue et à l’ouest par la partie méridionale des Mauritanides. Elle comprend trois série de
formations qualifiées de supergroupes : - supergroupe de Mako à l’ouest, supergroupe de Dialé au
centre et supergroupe de Dalema à l’est. Ces formations sont d’origine volcanique,
volcanosédimentaire et sédimentaire. Elles sont intrudées par des granitoïdes allongés de compositions
et âges variés. Ces granitoïdes sont des granites concordants hétérogènes de Kakadian, Saraya et de
Boboti, et des granites discordants en petits massifs du type Badon.

2.1 – La série de Mako


On le considère généralement comme l'ensemble le plus ancien. Il est caractérisé par un
important volcanisme sous-marin à dominante tholéiitique. Une intrusion de grande ampleur
qui le recoupe, le batholite intrusif de Kakadian a été daté à 2199 ± 68Ma (Bassot et Caen
Vachette, 1984). Il est subdivisé en trois groupes :
 le groupe de Kossanto, le plus ancien qui comprend pour l'essentiel des roches
sédimentaires et volcanosédimentaires, caractérisées plus précisément par des
alternances de grés quartzo-feldpathiques gris et de grés tufacés gris verdâtres. On
y observe également des intercalations de schistes chloriteux, de diabases,
d'andésites et de gabbro;
 le groupe de Bérola, qui est également dominé par les mêmes termes sédimentaires
à volcanosédimentaires que le groupe précédent et qui renferme les mêmes
intercalations de roches volcanosédimentaires ;
 le groupe d’Ouassa où prédominent des roches surtout volcanique. Celles-ci sont
représentées d'abord par des roches basiques, basaltes amphibolitisés, andésites et
gabbro-diabases, et par des laves acides, liparites et porphyres quartziques. Il
renferme en outre des roches sédimentaires, grés et schistes tufacés.

Le complexe de Mako a été déformé. Il présente des pendages généralement fort vers le NW ou
subverticaux. On y reconnaît des plis isoclinaux auxquels est associée une schistosité S 1 et des
fractures cisaillantes à dykes de roches calco-alcalines. On note dans la série de Mako, un léger

38
métamorphisme induisant des paragneiss de bas degré, caractérisés par la paragenèse albite – chlorite±
quartz ± calcite ± titane, (T = 400 °C ; P = 3 kb). Dans la partie septentrionale, on note des gneiss à
amphibole sous forme d’écailles antérieurement enfouies.
Les datations de ces gneiss donnent le même âge que les faciès de bas degré par la méthode Rb/Sr
et Sm/Nd. Dans les détails, les métabasaltes de Mako sont des tholéiites pauvres en Ti et légèrement
enrichies en éléments des Terres Rares Légères (LREE). Ces métabasites sont des tholéiites MORB ou
des méta tholéiites de type arc insulaire (IAT). Les roches volcaniques de Mako sont des tholéiites
immatures d'un arc se formant sur une croûte océanique. La genèse et l'évolution du magma
se seraient faites dans un contexte distensif et dans un environnement d'arc insulaire, suivi
d'un simple collage. Des datations géochronologiques (Sm/Nd, Pb/Pb) ont permis de retenir
un événement magmatique majeur entre 2100 et 2200Ma et de proposer une création de
croûte juvénile.

2.2 - Le Supergroupe de Dialé-Daléma


Il représente un ensemble sédimentaire et volcanosédimentaire où se distinguent :
 un groupe inférieur de 2000m de puissance, formé de sédiments détritiques
épicontinentaux à intercalations carbonatées. A la fin de ce dépôt s'est mis en place
le complexe vo1canoplutonique calco-alcalin de la Daléma (Bassot (1987);
 un groupe supérieur de 8000 m à 10000 m de puissance où alternent des sédiments
détritiques fins, avec des traces de volcanisme peu marqué.
Ces formations sédimentaires et volcanosédimentaires ont été intrudées par des
granitoïdes divers qui ont fait l'objet de datations absolues (Bassot et Caen-Vachette 1984).
Le supergroupe de Dialé-Daléma est formé d'un ensemble sédimentaire et volcano-
sédimentaire dans lequel s'est mis en place un important complexe magmatique qui comprend
des roches volcaniques, hypovolcaniques et plutoniques.
L'ensemble sédimentaire et volcanosédimentaire est constitué de quartzites, de calcaires, de
grès, de conglomérats et de tufs épiclastiques. Cet ensemble n'est pas intensément déformé.
Les roches présentent en général une seule schistosité (S1) créée par un aplatissement
régionale selon la direction WNW-ESE. Cette schistosité est généralement parallèle à la
stratification (S0) mais dans certains cas il existe un angle entre ces deux directions. Une
deuxième schistosité S2 est visible dans certaines roches situées dans l'axe subméridien du
grand accident sénégalo-malien. Elle est marquée par un alignement de biotite de deuxième
génération (biotite 2) sécante sur la schistosité S1.

39
Les roches à dominante volcanosédimentaire ont des affinités tholéiitiques et calco-
alcalines et sont très proches de certaines roches volcanodétritiques d'arcs insulaires. Elles
pourraient en partie provenir de la destruction des accumulations d'arc ou d'arrière-arc du
supergroupe de Mako mis en évidence par Dia (1988) et Diallo (1994).
Les roches volcaniques, hypovolcaniques et plutoniques sont intimement associées sur le
terrain sans jamais montrer de relations géométriques claires. Nous pensons que les magmas à
l'origine de ces roches sont cogénétiques. Les roches volcaniques et hypovolcaniques
comprennent des volcanoclastites, des trachyandésites, des rhyodacites, des microdiorites, des
microgranodiorites et des albitites. Elles ont les caractéristiques des laves orogéniques et une
affinité calco alcaline.
Les laves andésitiques présentent des ressemblances avec les andésites des marges
continentales. Elles proviendraient de la fusion d'une croûte océanique en voie de subduction.
Mais les magmas qui les ont générés semblent avoir subi l'influence d'une croûte continentale
qui se marque par une contamination (importance de Rb, Sr et Ba) et un effet sur la
différenciation (absence de termes basaltiques).
Les intrusions plutoniques sont pour l'essentiel des granodiorites et des granites qui
présentent les caractéristiques des granitoïdes des zones de collision au sens de Pearce et. al,
(1984) et, comme les roches volcaniques et hypovolcaniques, elles ont une signature de lignée
calco -alcaline. Leur composition en terres rares les rapproche des granitoïdes archéens de
Finlande. Elles ont globalement, les caractéristiques des granitoïdes de type 1 avec
notamment un rapport initial de strontium bas de l'ordre de 0,7026 + 0,0005 qui leur confèrent
une origine mantellique. Les données géochronologiques (Rb/Sr) obtenues sur les granitoïdes
indiquent un âge de mise en place aux alentours de 2008 ± 16 Ma. Cet âge est postérieur à
ceux obtenus par Bassot et Caen-Vachette (1984), Dia (1987) et Boher (1991) sur des
granitoïdes du supergroupe de Mako, ce qui confirme l'antériorité de ces derniers.

3 – Conclusion
L’absence de formations archéennes dans la boutonnière de K.-K. est un fait remarquable. Les
roches les plus vielles que l’on rencontre dans cette boutonnière sont des métabasaltes tholéiitiques
datés au plus de 2200 Ma. Cette boutonnière pourrait correspondre à une zone tampon entre les deux
domaines archéens de la plaque ouest africaine (dorsale Kenema Man et dorsale Réguibat). Pour
certains auteurs, ce paradoxe serait dû au fait que cette boutonnière est sans racine. Pour d’autres, cette
hypothèse est vraisemblable car, si tel est le cas, des données radiométriques y signaleraient des
croûtes antérieures.

40
Les séquences de couverture du craton ouest africain

1 - Introduction
Le craton ouest africain est une vaste région stabilisée après l’orogenèse éburnéenne il y a
environ2150+150Ma. Ces vieilles roches affleurent aujourd’hui dans deux domaines : la dorsale
Réguibat et la dorsale de Man-Leo. Les séquences de couverture qui ont débuté après une longue
période d’érosion, apparaissent dans des ceintures grossièrement concentriques, dans le bassin de
Taoudéni entre les deux dorsales. Des dépôts plus récents sont connus dans la partie orientale vers
la zone de suture panafricaine. Les bassins sont classés selon la zone structurale de sédimentation
distinguant les bassins cratoniques des bassins péricratoniques et la stratigraphie.
Ainsi le bassin de Taoudéni a été défini comme, de part les traits spécifiques de sédimentation,
un bassin sédimentaire cratonique. La zone est caractérisée par une vaste surface presque plate,
impliquant une réaction rapide de toute la région au mouvement eustatique. Les séquences
sédimentaires montrent une très grande continuité latérale des faciès, avec généralement de faible
taux de sédimentation. Ces conditions ont été plus ou moins reconnues à travers l’histoire
géologique du craton. La couverture cratonique est subdivisée selon les caractéristiques
stratigraphiques.
Vers les bordures de la zone cratonique, existe plusieurs bassins péricratoniques impliqués
dans les évènements orogéniques ce produisant en dehors du craton lui-même par opposition au
zone cratonique, il sont caractérisés par une petite taille, une épaisse séquence de sédiment et une
subsidence élevée. Ce sont les bassins gourma et le bassin des volta relatifs dans l’orogénèse
panafricaine, le bassin de Tindouf relatif à l’orogénèse hercynienne.

2 – Le bassin de Taoudéni
2.1 - Généralités
Le bassin de Taoudeni a été défini comme, de part les traits spécifiques de sédimentation, un
bassin cratonique. La zone est caractérisée par une vaste surface presque plate, impliquant une
réaction rapide de toute la région aux mouvements eustatiques. Les séquences sédimentaires
montrent une très grande continuité latérale des faciès, avec généralement de faibles taux de
sédimentation. Ces conditions ont été plus ou moins reconnues à travers l’histoire géologique du
craton.
Il a une superficie d’environ 2M km2 et représente le plus vaste bassin sédimentaire d’âge
précambrien supérieur à paléozoïque de toute l’Afrique. Il s’étend largement au Mali, en Mauritanie
et déborde légèrement sur l’Algérie, le Burkina Faso, le Sénégal et la Sierra Leone. A première

41
approximation, ce bassin montre une structure relativement simple avec des terrains de plus en plus
jeunes de la périphérie vers le centre. Au nord et au sud, il repose en discordance fondamentale sur
les dorsales Réguibat et Léo. A l’ouest, il est bordé par la chaîne des Mauritanides au voisinage de
laquelle il s’éclipse et se fracture suivant une bande étroite. Au sud-ouest, sa partie supérieure
recouvre en discordance la chaîne des Rokelides. A l’est, sa partie supérieure se plisse au sud des
Pharusides et du Gourma. C’est un bassin très étendu mais peu épais.

2.2 – Lithostratigraphie (Fig. 31 et 32)


Il est subdivisé en cinq grandes séquences séparées par des discontinuités, lesquelles
correspondent à d’importants événements tectoniques corrélant avec les événements tectoniques
majeurs au-delà du craton.

2.2.1 – Séquence 1 ou supergroupe 1, protérozoïque moyen à terminal


Il affleure sous forme d’une ceinture continue le long de la frontière nord du bassin et repose en
discordance sur la dorsale Réguibat. Il repose également en discordance fondamentale le long de la
limite sud depuis le Sénégal au Burkina Faso sur la dorsale de Léo. Il est subdivisé en trois groupes :
 le groupe Char essentiellement siliciclastique (grès, siltites et mudstones), avec de rares
carbonates à stromatolites laminaires et d’évaporites ;
 le groupe Atar fait d’argilites feuilletées et des siltites et d’abondants carbonates à
stromatolites prismatiques avec des amas récifaux de stromatolites en colonnes (890±35
à 775±52 Ma);
 et le groupe Assabet el Hassiane, séquence marine siliciclastique (836±4 et 635±5 Ma),
légèrement en discordance sur le groupe d’Atar.

2.2.2 – Séquence 2, cambro-ordovicien


Elle est connue du fait de la présence de dépôts glaciogéniques. L’âge de la glaciation mis en
évidence dans la région d’Atar s’échelonne entre 630 et 595 Ma. Dans le Nord du bassin, ces roches
surmontent la surface érodée post panafricaine et sont représentées par une couche de sédiments
argileux glaciogéniques de 0 à 50m d’épaisseur, la tillite (s.s), surmontée d’une mince couche de
carbonate à barytine. Dans le sud et le SE, ces dépôts reposent au-dessus d’une unité sédimentaire
(150m et plus) de sédiments argilo gréseux périglaciaires. Le déplacement des sédiments glaciaires
se faisait du nord vers le sud, la lame de glace étant concentrée dans le nord du bassin. Dans le
secteur de Madina-Kouta, la tillite est recouverte par des carbonates renfermant des fossiles à
coquille d’âge cambrien précoce.

42
Fig. 31 – Stratigraphie de la partie SW du bassin de Taoudéni au Mali

43
Fig. 32 – Stratigraphie de la partie Nord du bassin de Taoudéni (Adrar et Hank-Fersiga)

Dans le secteur d’Atar, au sommet de la tillite s.s, des argilites feuilletées siliceuses marines
vertes ont donné un âge Rb/Sr sur les minéraux argileux de 595±43 Ma. Des grès et des argilites
feuilletées rouges, indicateur d’une sédimentation de type rouge, se sont déposés au-dessus. Ensuite,
il a y eu dépôt de grès fluviatiles suivis de grès marins peu profonds avec des skolithos. Ils
renferment des faunes de brachiopodes indiquant grossièrement un âge cambrien à ordovicien.

2.2.3 – Séquence 3, ordovico-silurien

Les dépôts glaciogéniques sont sableux (100 à 200m d’épaisseur), le plus souvent glaciaires ou
périglaciaires. Les sédiments sont transportés du Sud vers le Nord ou du SE vers le NW. Les roches

44
siluriennes sont bien représentées dans le Nord et l’Ouest du bassin. Dans l’Adrar de Mauritanie, une
faune de graptolites a permis la reconnaissance de toutes les étapes du silurien. La transgression,
représentée par une phase glacio-eustatique due à la fusion de la lame de glacier ordovicien, a débuté
avec le dépôt d’argilites feuilletées en contact net au-dessus des sédiments glaciaires ordoviciens. Le
reste de la succession faite essentiellement d’argilites feuilletées et de grès phosphatiques et
ferrugineux s’est terminée par des argilites feuilletées sableuses.

2.2.4 – Séquence 4, dévono-carbonifère


Les roches dévoniennes sont connues dans la bordure nord du bassin et dans le SWW-ENE en
bande parallèle à la limite sud de la dorsale Réguibat. Elles sont discordantes sur les couches
siluriennes. Ce sont des grès fins, alternant avec des argilites feuilletées noires à brachiopodes
évoluant en carbonate. La séquence continue avec 130m d’argilites feuilletées silteuses évoluant vers
le sommet en couches gréseuses.
Les couches carbonifères limitées dans le NE du bassin, en concordance sur le dévonien,
comprend des argilites feuilletées, alternées avec des siltites et des grès immatures déposés dans un
environnement marin. Des dépôts continentaux ont été signalés dans l’ouest. Ces roches sont
surmontées d’un dépôt de carbonates riches en brachiopodes, coraux et foraminifères. Elles sont
suivies d’une épaisse séquence d’argilites feuilletées rouges continentaux et de grès à chenaux avec
des couches de carbonates lacustres et d’évaporites. Ceci correspond à l’installation d’un
environnement continental au-dessus du craton ouest africain. Ces couches rouges sont épaisses à
l’affleurement environ 400m, mais atteignent 1000m dans le centre du bassin.

2.2.5 – Séquence 5, mésozo-cénozoïque


Le continental intercalaire est composé de deux formations séparées par une discontinuité. La
formation inférieure conglomératique (500 – 1000m) renferme des clastes remaniés de carbonates
d’âge permien à triasique. La formation supérieure faite d’une alternance de sables grossiers,
d’argilites bigarrés, de siltites et de calcaires avec des intra clastes vers le sommet est épaisse de 500
à 600m. Sa partie supérieure renferme de nombreux restes de bois fossilisés et des restes de vertébrés
(dinosaures).
La séquence lagunaire marine (500 – 600m) recouvre le continental intercalaire. Elle débute à sa
base par des couches gypsifères, d’argilites silteuses et gypsifères et de sables fins riches en pollen.
La partie supérieure de cette séquence comporte deux bancs de calcaires fossilifères, séparés par des
argilites coquillières, des marnes et des sables. La séquence se termine par des grès argileux et des
argiles bigarrées avec des couches de fer oolitique datées d’éocène moyen.
Le continental terminal recouvre en discordance toutes les anciennes couches. Il comprend 22 à
40m de clastites non plissées, d’argiles sableuses rouges, de galets et graviers de quartz avec
quelques restes de bois fossilisés silicifiés d’âge mio-pliocène.

45
La couverture permienne à mi-éocène est plissée et faillée. Les pendages des couches sont
généralement faibles, moins de 20°, sauf à proximité des affleurements du socle ou des grands
linéaments où elles plongent de façon abrupte. Dans ces zones, les couches sont renversées et les
fractures inverses. Près de la frontière Algérie – Mali, les sédiments sont plissés avec des axes de plis
N20° à N60° de direction E. Toutes ces structures sont le résultat d’un événement tectonique
compressif post éocène moyen. Une analyse microstructurale a montré que la direction du
raccourcissement est orientée N145° E.

3 – Le bassin de Tindouf
3.1 - Généralités
Le bassin de Tindouf s'allonge W-E entre la dorsale Réguibat au Sud et les chaînes atlasiques au
Nord. Sa partie occidentale constitue le Zemmour noir qui est inclus dans les plis de direction
subméridienne appartenant à la partie nord des Mauritanides. C’est un bassin qui a débuté à
l'Ordovicien terminal dans la région du Khreiz Lemgassem lors d’une transgression qui vers l'Est par
celle du Silurien entre le Khreiz Lemgassem et l'Eglab Lunquel. La stratigraphie de deux régions
(Khreiz Lemgassem et l'Eglab Lunquel) sera présentée ci-dessous.

3.2 - Stratigraphie de la bordure Sud.


3.2.1 – Khreiz Lemgassen
Il s'agit d'un plateau étroit d'élongation N23, long d'une douzaine de km et large de 2 à 3 km. Sa
face orientale domine la région aplanie de 20m environ. Elle se présente comme un tassili (une
paracuesta) comprenant deux paliers. Le gradin inférieur, haut de 6 à 8m, est taillé dans un granite
type Aïn Ben Tili. Le gradin supérieur est constitué par des grès blancs massifs, en bancs épais de 2 à
3m, transgressifs sur le granite. La puissance de la série affleurante est de l'ordre de 8 à 10m. Ces
grès forment la surface du plateau, au moins en ce lieu. La structure est subtabulaire à l'échelle de
l'affleurement. En réalité, il existe un faible pendage de 1 à 2° vers le nord. Le grain du grès est fini.
Le litage est horizontal en lits millimétriques. Deux ensembles ou groupes y ont définis :
 la partie inférieure, ou groupe de Houmat el Ham dans le Zemmour noir est gréseuse et
schisteuse ; elle contient une faune du Tremadoc et de l'Arenig inférieur ; elle est ravinée,
parfois jusqu'au socle, par une paléosurface glaciaire correspondant à une lacune de
l'Arenig supérieur, voire du Llanvirn ;
 la partie supérieure, ou groupe de Garat el Hamoueid, débute par une tillite, puis évolue
vers des grès très massifs au sommet ; la matrice de la tillite contient une faune de
l'Ashghill supérieur, et les grès sommitaux, également à faune de l'Ashghill supérieur,
sont surmontés par les argiles du Llandovery moyen ; de plus, Sougy constate
l'amincissement de l'Ordovicien vers l'Est où il se réduit aux grès sommitaux de la série
de Garat el Hamoueid.

46
En conséquence, les grès du Khreiz Lemgassem peuvent être rapportés, avec une bonne
probabilité, aux grès sommitaux de la série de Garat el Hamoueid, c'est à dire datés de l'Asghill
supérieur. Leur faciès semble correspondre à la fin de la transgression glacio-eustatique consécutive
à la fonte de la calotte glaciaire qui recouvrait le Sahara alors situé au voisinage du pôle sud. En
l'absence de dépôts siluriens, il n'est pas possible de se prononcer sur la signification précise des
faciès gréseux qui dans le Zemmour présentent des stratifications entrecroisées attribuables à une
faible épaisseur de la tranche d'eau et pouvant indiquer un faciès de comblement.

3.2.2 - Eglab Lunquel


Cette région s'étend au sud de la tête de l'oued Erni qui évacue les eaux d'Est en Ouest en
direction du Saguia el Hamra. Elle correspond à la séparation du drainage vers le Nord (bassin du
Saguia el Hamra), du drainage vers le Sud (oued Tisguinin et oued Ben Tili), et du drainage vers
l'Est (oued um Chamel Hamra).
Des buttes témoins, hautes de 20m environ s'élèvent au-dessus de la surface aplanie constituée par
un granite de type Aïn Ben Tili. Au pied des buttes s'étalent des éboulis schisteux de ton bleuté qui
masquent le contact entre le socle granitique et les premières formations sédimentaires dont la nature
n'est pas observables. L'hypothèse d'une présence possible de quelques mètres de grès du groupe de
Garat el Hamoueid n'a pas pu être levée. Néanmoins, si ceux-ci sont présents, leur épaisseur doit être
des plus faible car ils ne s'expriment pas dans la morphologie des buttes. Aussi l'hypothèse la plus
vraisemblable est qu'ils ne sont pas présents, que le Silurien repose directement sur le socle comme
dans la pointe nord de la Mauritanie au Sud de Tindouf. La lithostratigraphie qui y est définie se
présente comme suit de haut en bas :
- des calcaires de ton bleu noir, en bancs décimétriques, (4 à 5m) à Orthocères et à Cardiola
interrupta ;
- des schistes (3 à 4m) contenant un niveau calcaro-dolomitique de ton ocre avec des passées
gypseuses ;
- des intercalations de schistes et de bancs calcaires à lamines et graptolites (2m);
- des schistes se débitant en paillettes centimétriques bleues (15 à 18m) ; cette succession est
comparable à celle décrite par Sougy (1975) dans le Zemmour noir.
Les éboulis n'ont pas permis de recueillir les fossiles de la base. Néanmoins la présence de
graptolites du genre Monograptus au sommet de la séquence schisteuse confirme l'appartenance au
Silurien. L'analogie des faciès avec le Zemmour conduit à la considérer comme étant du Llandovery
moyen. La séquence schisteuse noire, carbonée indique des conditions de dépôt argileux en milieu
réducteur rapportées généralement à une stratification des eaux. Néanmoins, l'apparition, à son
sommet, de bancs calcaires à lamines dénotent que les conditions d'apport sédimentaire du bassin
étaient devenues progressivement chimiques. La séquence suivante, à nouveau détritique fine mais
peu épaisse, paraît correspondre à une phase de diminution d'épaisseur de la tranche d'eau avec

47
précipitation de la dolomie et des gypses. Ce niveau est également décrit dans le Zemmour noir
(Sougy, 1975) où il est rangé à la base du Wenlock. La séquence des calcaires au ton bleu noir du
sommet de la butte est riche en Orthocères et livré des fragments de Cardiola interrupta ainsi que des
graptolites pétaloïdes. La faune semble bien correspondre à celle décrite dans le Zemmour noir. Par
analogie, ce niveau calcaire, dont le développement vers le haut n'est pas connu, peut se ranger dans
le Wenlock ou le Ludlow inférieur. Le faciès est toujours carboné. Après l'épisode évaporitique,
l'environnement était redevenu anoxique, bien que la sédimentation était carbonatée.
En conclusion l'ensemble des formations de cette bute de l'Eglab Lunquel appartient au Silurien
qui est transgressif sur le socle granitique. Reste à savoir si la base immédiate du Silurien est
représentée.

3.3 - Evolution paléogéographique de la bordure sud du Bassin de Tindouf au Paléozoïque inférieur.


C’est à l'Ordovicien terminal que la dorsale Réguibat est transgressée au niveau du Khreiz
Lemgassem. Cette transgression sera débordée vers l'Est par celle du Silurien entre le Khreiz
Lemgassem et l'Eglab Lunquel. Plus vers l'Est, tout le long de la bordure du Zemmour blanc, il
semble bien que la formation des schistes noirs de la base de la butte témoin de Lunquel soit la
première du bassin de Tindouf.
Dans cette région la transgression aurait été plus précoce que le long du Zemmour blanc. Si tel est
le cas, le Zemmour blanc, aurait constitué une zone émergée du Cambrien à l'Ordovicien final alors
que le Zemmour noir au-delà de sa bordure orientale et le bassin de Taoudenni étaient immergés dès
le Cambrien et pendant l'Ordovicien. La présence de la tillite cambrienne dans le bassin de Taoudeni
et de la tillite ordovicienne dans ce même bassin et dans celui de Tindouf conduit à envisager que le
Zemmour blanc ait pu être couvert par une calotte glaciaire lors de ces deux phases froides séparées
par plus de 100 millions d'années. Selon cette hypothèse, en plus des phénomènes tectono-
eustatiques (variation du volume des dorsales océaniques, distension des continents qui régissent les
transgressions et les régressions, l'interférence entre les réajustements isostatiques des aires
englacées consécutifs à la fonte des calottes glaciaires et les transgressions glacio-eustatiques peut
être envisagée pour rendre compte des détails de la transgression du Paléozoïque inférieur sur le
Zemmour blanc.

4 – Le bassin des Volta


Le bassin des Volta repose par une discordance majeure sur le socle éburnéen de la dorsale de
Léo. Il s’épaissit et devient modérément plissé vers l’Est où il disparaît sous la chaîne charriée des
Dahomeyides. Sa position particulière au front de la portion méridionale de la chaîne transsaharienne
a contribué à une meilleure connaissance du cycle tectonique panafricain. On y distingue trois
mégaséquences ou supergroupes.

48
4.1 – La mégaséquence inférieure de Bombouaka
Epaisse d’environ 1000m, elle montre des caractéristiques détritiques épicontinentales. Elle est
composée de trois groupes discordants :
- le groupe inférieur de Dapaong ;
- le groupe moyen de la Fosse aux Lions ;
- le groupe supérieur de Yembouré.
Les groupes inférieur et supérieur sont constitués de grès à grains fins à grossiers, le groupe
moyen est fait d’argilites et de siltites avec de minces lits sableux ou calcareux. Les illites des
argilites de ce groupe ont donné un âge isochrone Rb-Sr de 993±65 Ma. Dans l’ensemble, la
mégaséquence de Bombouaka est comparable à la partie inférieure de la mégaséquence 1 du bassin
de Taoudeni.

4.2 – La mégaséquence moyenne de Pendjari


Epaisse de 2500-4000m, elle débute par une triade qui montre des caractéristiques similaires avec
la triade du bassin de Taoudeni, et dont longtemps considérée comme un équivalent. La tillite de la
triade qui a rempli une discordance de ravinement est d’origine pro parte glaciaire (présence de
pavés glaciaires) avec des paléo vallées de direction NW – SE. Elle repose sur les diverses
formations de la mégaséquence inférieure, ou directement sur le socle éburnéen. La triade passe vers
le sommet en une succession verdâtre et flyschoïde renfermant des dépôts phosphatés et comprenant
des lentilles de grès, grauwackes et calcaires. Les argilites de la partie inférieure de cette succession
(environ 1000m au-dessus de la triade) ont été datées à 660±90 Ma (âge isochrone Rb-Sr sur illites).
Des stromatolites d’âge riphéen à vendien ont été décrites au Ghana. Des glauconites de la partie
sommitale ont donné un âge conventionnel K-Ar de 620 Ma, âge en accord avec la présence
d’acritarches d’âge riphéen à vendien.

4.3 – La mégaséquence de Tamale


Epaisse de 500m environ, elle n’affleure qu’au Ghana et repose en discordance sur la
mégaséquence 2. Elle est essentiellement de nature continentale et est faite de grès rougeâtres à
grains grossiers à conglomératiques polygéniques, d’argilites et d’horizons calcaires. D’après la
nature des galets ou blocs et des mesures de paléo courants, la source des matériaux provient de la
chaîne panafricaine des Dahomeyides. On note par ailleurs un e discontinuité interne progressive
soulignée par les conglomérats polygéniques d’origine fluvio-glaciaire probable. Tout ceci atteste
d’une migration vers l’Ouest du dépôcentre et la manifestation d’intermittents soulèvements du
domaine panafricain.

49
Tableau 2 – Corrélations lithostratigraphiques bassin des Volta – U.S. Buem – U.S. Atacora

Unité structurale de l’Atacora Unité Bassin des Volta


structurale du
Buem
Schistes variés à lentilles ou passées de Groupe de la Formation

Supergroupe de la Pendjari (ou de l’Oti)


quartzites, métaconglomérats, cipolins, Katcha de la
métaphospharénites, métavolcanites, Pendjari (ou
serpentinites de l’Oti)
Métasilesxites à intercalations schisteuses et/ou Formation de Formation
schistes plus ou moins ferrugineux Bitjabé de Barkoissi
Schistes de l’Atacora

Cipolins calcaro-dolomitiques, lenticulaires, Formation de Formation


renfermant parfois des lentilles schisteuses et/ou Bijomanbé du Sud-
des galets de nature variée Banboli
Métamixtites et métatillites à abondante matrice
schisteuse et probablement lenticulaires
Grès, grès- Grès-quartzites Formation de Formation
quartzites et feldspathiques massifs, à Dimouri du Mont
quartzites stratifications obliques Panabako
micacés, à Grès-quartzites micacés, Formation de Formation de
lentilles ou finement lités, l’Oualsion s.s. Bogou
passées de conglomérats, shales et
schistes variés, siltstones
de méta- Grès-quartzites massifs à Membre Formation
conglomérats stratifications obliques supérieur des du Kotiaré Supergroupe de Boumbouaka

monogéniques Kwahu
Quartzites de l’Atacora

et rarement de Sandstones
métavolcanites. Shales et Formation
Siltstones de Natala
Grès-quartzites finement Inconnu Formation
lités à horizons de shales et de Dapaong
de conglomérats
Faciès variés de micaschistes, de quartzites, de Socle éburnéen de
paragneiss, d’orthogneiss, d’amphibolites, de la dorsale
Substratum de

Kenema – Man
l’Atacora

serpentinites et de talcschistes associés à des


granulites, éclogites et granitoïdes panafricains. (ou Léo – Man
(= ensemble des unités internes des
Dahomeyides)

5 – Le bassin du Gourma

50
La région du Gourma est localisée au SW du bassin de Taoudeni et à l’ouest de la chaîne des
Iforas. Elle comprend deux unités structurales : une autochtone et une allochtone charriée sur la
première. Son épaisseur est estimée à 800m environ.

5.1 – Lithostratigraphie (Fig. 33)

Fig. 33 – Lithostratigraphie de la partie méridionale du bassin de Gourma

5.1.1 – Séquence 1

L’unité de base consiste en une mince pellicule de grès quartzeux, affleurant le long de la limite
de la dorsale Man – Léo. Ce sont les grès de Firgoun et de grès de Gassa, parfois recouverts d’une
mince unité de carbonates.

51
L’unité supérieure représente le remplissage du fossé du Gourma. Vers le centre du bassin où le
substratum est inconnu, la formation I se compose d’argilites feuilletées, de grès grossiers et de
conglomérats. Dans la partie orientale allochtone, la formation II est essentiellement composée
d’argilites feuilletées rouge turbiditiques et de siltites. La formation III riche en carbonates, montre
une évolution de faciès de plateforme de calcaires turbiditiques dans le NE aux dolomies
transgressives correspondant à un environnement tidal plat dans lequel les caractéristiques
diagénétiques témoignent d’une émersion répétée. Plus haut, une sédimentation marine s’étend
largement sur tout le bassin du Gourma, avec des carbonates de la formation de Massi, des grès de la
formation de Hombori et des argilites feuilletées de la formation d’Oualo. La présence dans la
formation de Sarnyéré, d’algues calcaires d’affinités incertaines suggère un âge vendien terminal à
cambrien précoce. Cet âge pourrait indiquer que la sédimentation dans le bassin et le plissement qui
a affecté les sédiments pourraient être panafricains tardifs.

5.1.2 – Séquence 2
La discontinuité post panafricaine a séparé dans le Gourma, les sédiments intensément plissés de
l’unité supérieure du groupe de Bandiagara légèrement plissé. Le groupe de Bandiagara représente la
séquence 2. il est composé d’épais grès grossiers fluviatiles, avec des skolithos dans la partie
supérieure. La direction des paléocourants indique une pente définie vers le NE. Le caractère
fluviatile, l’absence de traits glaciaires et les directions S - N des courants convergeant vers une
dépression empêche une schématisation d’une corrélation précise avec les formations proches (les
tillites s.s.). La partie NE des grès de Bandiagara est légèrement plissée par le panafricain tardif.

5.2 - Structure
Les relations entre le bassin du Gourma et l’orogenèse sont diversement interprétés. Deux
hypothèses géodynamiques peuvent être développées pour expliquer le développement du bassin du
Gourma. La première considère le Gourma comme un aulacogène, lié à un bras avorté d’une triple
jonction, en relation avec le rifting du domaine panafricain environ 800 à 870 Ma. La seconde
hypothèse présente le Gourma comme un bassin d’avant-pays développé durant la collision
panafricaine autour de 620-580 Ma.

52
Les chaînes des Bassarides et des Rokelides

1 – Introduction
Le terme panafricain s’applique à l’événement orogénique ou thermotectonique majeur qui a
affecté la plupart des roches à l’extérieur des cratons entre environ 650 et 450 Ma. Il concerne la
dernière réactivation majeure du socle et correspond à l’étape finale de la formation du bouclier
africain. Après ceci, les ceintures mobiles ou jeunes orogènes sont devenues tectoniquement stables
comme les cratons eux-mêmes. Les exceptions sont les parties septentrionales des Mauritanides et des
Atlasides et à l’extrême sud, les ceintures plissées des Capides. Plu tard, la seule déformation à
affecter le continent africain est une fracturation et un léger plissement.

2 – Les Bassarides
Dans la partie SE du Sénégal et en Guinée, les Bassarides se décomposent en deux branches
plissées et métamorphisées : - la branche NNE-SSW des Bassaris à l’Est, et la branche NE-SW de
Koulountou à l’Ouest (Fig. 34a et b). Ces deux branches sont formées de deux séries d’unités : unités
métamorphiques inférieures (roches volcano-clastiques et magmatiques) et les unités sédimentaires
supérieures ayant rempli le bassin de Youkounkoun.

2.1 – Les unités métamorphiques inférieures


Dans la branche des Bassaris, elles comprennent des roches volcaniques (basaltes), volcano-
clastiques (lapilli, tuf, brèches) et clastiques (quartzites, argilites). Ces roches forment deux séries
parallèles : la série orientale du groupe de Termesse, correspondant à une sédimentation marine
marginale, et le groupe de Guinguan d’origine océanique à l’Ouest. Ces deux séries présentent des
affinités géochimiques de MORB. Le groupe de Guinguan est fortement plissé mais moins
métamorphisé que celui de Termesse. Ce dernier renferme des galets striés dans une succession
volcanosédimentaire attribuée à une formation glaciaire. Une intrusion magmatique de plusieurs km,
la formation de Koubia, a recoupé le groupe volcano-clastique de Termesse.
Dans la branche de Koulountou, qui rejoint la branche des Bassaris au Sénégal oriental, est
composé de deux ensembles plissés et métamorphisés d’épaisseur inconnue : le groupe plutono-
volcanique de Niokolo-Koba (granite et rhyolite), et le groupe de Koulountou, fait de tufs rhyolitiques
et dacitiques associés à des choritoschistes et schistes à muscovite. Les études géochimiques et
radiométriques sur les roches du groupe de Niokolo-Koba indiquent une affinité calco-alcaline et un
âge panafricain (670-620 Ma) pour l’intrusion granitique sur roche totale et sur minéraux.

53
2.2 – Les unités sédimentaires supérieures
Elles sont composées de shales verts avec des intercalations de siltites, de grès et de calcaires,
recouverts par des grès et conglomérats rougeâtres discordants. A l’Est de la branche des Bassaris, les
shales verts ont rempli les fossés de Faleme et de Komba, formant le groupe de Mali comprenant un
dépôt glaciaire à la base. Au dessus, viennent les grès rougeâtres et les conglomérats du groupe de
Youkounkoun (Fig. 34a et b).

Fig. 34a – Unités tectoniques dans les orogènes le long de la marge occidentale du craton ouest

Les shales verts du groupe de Mali, non déformés dans les fossés de Faleme et de Komba vers
l’Est, deviennent plissés à l’approche de la branche des Bassaris et dans le bassin de Youkounkoun.
Les grès et conglomérats subhorizontaux de Youkounkoun reposent en discordance angulaire de
ravinement sur les shales verts du groupe de Mali. Ces deux groupes sont légèrement plissés dans
l’extension occidentale du bassin de Youkounkoun ensemble avec les dépôts cambro-ordovicien à
dévonien de la partie NW du bassin de Bové à l’approche de la chaîne hercynienne du groupe de
Simenti.

54
3 – Les Rokelides (Fig. 35)
Les Rokelides, orientées NNE-SSW, affleurent faiblement le long du littoral de l’Afrique de
l’Ouest, dans le Sud de la Guinée (bassin de Bové), en Sierra Leone et au Libéria. Des unités
métamorphiques inférieures et des unités sédimentaires supérieures y ont été décrites.

Fig. 34b – Coupes géologiques de la Mauritanie au Libéria

55
3.1 – Les unités métamorphiques inférieures
Elles correspondent à l’ensemble de roches granitiques et de roches supracrustales réactivées
d’âge archéen à paléo protérozoïque. Ce sont : l’assemblage de Kenema comprenant les groupes de
Kasila et de Marampa en Sierra Leone, les groupes de Forecariah et d’Ouankifondi en Guinée. Ces
unités inférieures métamorphiques forment les nappes externes de la chaîne des Rokelides charriée
vers l’Est sur le bassin de Rokel River. Elles disparaissent vers le Nord sous le bassin paléozoïque de
Bové. Les corrélations avec les unités métamorphiques des Bassarides sont difficiles. Cependant, dans
la fenêtre de Kembera, une écaille mylonitique avec des quartzites déformés attribuée au aux unités
métamorphiques inférieures a été charriée sur le groupe du Mali.

Fig. 35 – Séquence stratigraphique schématique des Bassarides et du bassin de Bové (Sénégal oriental
et Guinée)

3.2 – Les unités sédimentaires supérieures


Elles forment le groupe de Rokel River d’âge néo protérozoïque à cambrien en Sierra Leone et le
groupe de Kolenté dans le Sud Guinée. Ce sont des shales verts et des grès lités remplissant le bassin

56
de Rokel River qui est une extension méridionale des dépressions de Falémé et de Komba, et par
conséquent, ils peuvent considérés comme équivalent de la partie Nord du groupe de Mali. Ils ne sont
métamorphisés, mais sont progressivement déformés vers l’Ouest. Des conglomérats, des siltites
laminées et des grès fins à galets isolés et des grès feldspathiques granoclassés occupent la partie
basale des groupes de Rokel River et de Kolenté. Ces strates ont été interprétées comme des dépôts
marins d’origines glaciaires, équivalentes à la séquence septentrionale de Walidiala mais sans coiffe
calcaire. Dans la partie supérieure du groupe de Rokel River, les roches volcaniques constituent la
formation de Kasewe Hills. Ces roches volcaniques sont également connues aussi dans le Sud de la
Guinée et sont corrélées avec l’intrusion de Koubia dans les Bassaris. Le groupe de Taban composé de
grès feldspathiques entrecroisés de couleur rouge est considéré soit comme des dépôts molassiques du
Panafricain I, équivalent du groupe de Wassangara du Mali occidental, ou soit comme des dépôts
fluvio-glaciaires de la base la partie inférieure du groupe de Rokel River.

4 – L’évolution géodynamique
Les grands épisodes géodynamiques qui se sont produits sur la marge occidentale peuvent être
résumés comme suit :
- Ouverture d’un rift avant 800 Ma dans le secteur des Bassarides et probablement d’un petit
océan plus au Nord dans la zone des Mauritanides, et dépôt des unités volcano-clastiques (groupes
de Guingan et de Termesse).
- Plongement vers l’Ouest au-dessous du bouclier Sud américain guyanais avec production d’un
magmatisme calco-alcalin (680-660Ma) sur le bloc continental occidental (Groupe de Niokolo-
Koba).
- Collision entre le craton ouest africain et le bloc continental à environ 660 Ma (Panafricain I) et
ultérieurement dépôt de sédiments molassiques et glaciaires dont les vestiges sont aujourd’hui
représentés par le Groupe de Wassangara dans le mali occidental et du Groupe de Taban en
Guinée.
- Fissuration intracontinentale et dépôt de sédiments glaciaires de type flysch avec localement la
triade correspondant au Groupe de Mali dans les dépressions de Faleme et de Komba, au Groupe
de Kolenté du Sud Guinée, et du Groupe de Rokel River en Sierra Leone.
- Evénement tectonique produisant une suture particulière due à la fermeture du graben
intracontinental sur la marge SW du craton ouest africain autour de 550-560 Ma (Panafricain II).
Cet événement tectonique est suivi de dépôt de sédiments molassiques rougeâtres aujourd’hui
préservés dans le bassin de Youkounkoun dans l’Est du Sénégal, lesquels pourraient corrélés avec
les grès rougeâtres marins à lagunaires du Groupe Atar Cliff et les équivalents sur le craton. Toute
la zone a été ensuite recouverte par des sédiments épicontinentaux paléozoïques formant dans le
bassin de Bové : le Groupe cambro-ordovicien de Pita (grès continentaux), le Groupe de Télimélé
(shales marins) d’âge silurien et le Groupe de Bafata dévonien (grès et shales marins).

57
Pour les Rokelides en Sierra Leone, selon Culver et al. (1991), il n’y aucune trace de suture et de
métamorphisme ou de déformation, donc il n’y a pas de Panafricain I. En outre, toutes les données
radiométriques disponibles indiquent un seul événement orogénique approximativement à 550 Ma
correspondant au Panafricain II.
Une autre question apparaît. Les Groupes de Mali et de Rokel River comprenant la triade étaient
plissés durant le Panafricain II. Les fossiles à coquille associés avec la triade du Groupe du Mali dans
le secteur de Walidiala indiquent un âge de début cambrien qui serait plus jeune que 540 Ma, l’âge
généralement accepté comme limite néo protérozoïque cambrien. Si la détermination de l’âge du
fossile est correcte, ceci suggérerait que les données radiométriques de 550-560 Ma ne reflètent le
dernier effet tectonothermal du Panafricain II.

Fig. 29 – Tentatives de corrélations entre les divers groupes les secteurs SW et SE du bassin de
Taoudéni à partir des chaînes panafricaines Rokelides – Bassarides et Hoggar

58
La chaîne panafricaine des Dahomeyides :
Evolution thermotectonique et relation avec le bassin de Volta

1 – Introduction
La chaîne des Dahomeyides est localisée le long de la marge SE du craton ouest africain et affleure
dans l’est du Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria et le Cameroun (Fig. 11 et 12). C’est une portion
d’une chaîne beaucoup plus étendue, parfois appelée la chaîne plissée transsaharienne, qui s’étend
depuis le Hoggar (Algérie) jusqu’aux Dahomeyides (Ghana, Togo, Bénin, Nigeria et Cameroun), à
travers les Adrar des Iforas et le Gourma (Mali). Il est possible qu’elle se poursuive vers le nord au sud
Maroc. Vers le sud, de l’autre côté de l’océan atlantique, elle peut être corrélée avec la séquence
panafricaine affleurant dans le NE du Brésil. Du Hoggar au golfe du Bénin, la chaîne transsaharienne
plissée est charriée sur le craton ouest africain. Les chaînes du Gourma et des Dahomeyides – Est sont
charriées sur une couverture cratonique représentée par les marges SE des bassins de Taoudéni et des
Volta. D’ouest en est, les séquences sédimentaires monoclinales du bassin des Volta sont
progressivement plissées et métamorphisées. Dans la partie la plus orientale, les unités renversées et
faillées constituent les unités structurales externes des Dahomeyides. Cette portion fournit
l’opportunité de relier la géochronologie et l’évolution géodynamique de l’orogenèse panafricaine
avec l’histoire de dépôt dans un bassin adjacent et partie synchrone.
Cette chaîne comprend deux différentes lithologies. A l’ouest, les unités structurales externes
constituées de roches métasédimentaires représentant les équivalents tectonisés et métamorphisés des
supergroupes de Bombouaka et de Pendjari. A l’est, les faciès dominants sont des schistes, des gneiss
et des granitoïdes pouvant répartis en trois catégories litho – tectoniques : - le secle polycyclique ; - les
équivalents métamorphiques du bassin des Volta (y compris les molasses) ; et les unités
métasédimentaires très fortement métamorphisées qui pourront représenter soit le socle ou soit du
matériel panafricain non identifiable.

2 – Lithologie
Les différents types de roches cartographiés dans les Dahomeyides sont des grès métamorphisés,
des schistes, des métasilexites, des métaconglomérats, des métatillites, des marbres ou roches
carbonatées métamorphisées, des roches ultramafiques, des métajaspillites, des métahématitites, des
quartzites, des schistes quartzeux, des micaschistes, des gneiss, des migmatites, des amphibolites, des
granites, des charnockites, des éclogites, des métabasaltes, des roches silicatées calcaires et des
pyroxénites. Ces différents termes lithologiques sont répartis en six zones ou formations (Fig. 36).

59
Fig. 36 – Carte géologique simplifiée et coupes synthétiques du bassin des Volta et la chaîne des
Dahomeyides

2.1 – Zone I

60
Elle borde le craton ouest africain et comprend essentiellement des grès, des schistes, de argilites,
des silexites, des roches ultramafiques, des quartzites, des schistes quartzites, des schistes quartzeux,
des micaschistes, des marbres, des métahématitites, des métajaspillites et des gneiss. A l’exception des
gneiss, ces roches constituent les unités structurales externes des Dahomeyides correspondant aux
unités structurales du Buem et de l’Atacora. Selon Affaton, les matériaux de ces unités sont
équivalents aux roches des supergroupes de Bombouaka et de la Pendjari. Les gneiss tels les
orthogneiss de Kara de 2000 Ma, représentent le socle du craton ouest africain remobilisé. Cette zone
est caractérisée par l’absence de granites et de migmatites panafricains.

2.2 – Zone II
C’est une zone étroite caractérisée par une anomalie gravimétrique positive élevée. Elle est
soulignée par des quartzites, des micaschistes, des gneiss, des amphibolites, des pyroxénites, des
roches ultramafiques, des éclogites, et des leuco gabbros noritiques. Les roches basiques et
ultrabasiques formant les complexes Dérouvarou, Kabyè, Djabatouré, Lato, Agou et Akusé sont
considérés comme représentant soit des diapirs mantelliques, soit des restes d’une ancienne croûte
paléo océanique avec des caractéristiques d’un complexe ophiolitique. La zone de suture panafricaine
sur la marge orientale du craton ouest africain est définie par les roches de cette zone.

2.3 – Zone III


Elle est faite essentiellement de migmatites, gneiss, syénites, granites, micaschistes, marbres,
quartzites et amphibolites. Les granites comptent pour moins de 15 % de la surface de cette zone. En
général absents près de la limite de la zone II, ils deviennent plus importants en volume vers l’est. Les
orthogneiss et les amphibolites formant le complexe de Sonoumon, montrent des affinités
géochimiques calco-alcalines. Dans le SE de cette zone, une étroite ceinture dénommée le bassin de
Dahou Mahou présente des argilites, des grès, des conglomérats polygéniques, des basaltes, des
rhyolites, des rhyodacites avec un contact discordant sur les gneiss et migmatites. Il représente une
molasse panafricaine déposée dans un graben associé à un soulèvement des formations plus évoluées.

2.4 – zone IV
Elle est matérialisée par la présence de plusieurs ceinture schisteuses orientées NNE – SSW
entourées d’un complexe gneisso – migmatitique. Ces deux ensembles (ceintures schisteuses et
complexe gneisso – migmatitique) sont intrudés de plutons granitiques et charnockitiques. Ces
ceintures schisteuses sont composées essentiellement de roches pélitiques à semi pélitiques, quartzites,
conglomérats polygéniques, de formations de fer rubanées, de marbres, de roches silicatées calcaires,
de métagrauwackes, d’amphibolites, d’unités métavolcanites ultramafiques et acides à intermédiaires.
Des associations lithologiques contrastées apparaissent dans les ceintures. Le complexe gneissique
comprend des gneiss quartzo – feldspathiques, et des migmatites, des gneiss granitisés, des schistes

61
mafiques et des amphibolites. Les âges des granites sont de deux types : la plupart sont associés au
protérozoïque terminal de l’orogenèse panafricaine avec des granites ante, syn., post-tectoniques. Un
second groupe moins bien connu est associé à l’orogenèse éburnéenne et est représenté par des
orthogneiss foliés. Les granites panafricains varient en composition des tonalites aux granites et
syénites. Le volume des granites panafricains augmente d’environ 20 % dans l’est.
La ceinture schisteuse d’Ife Ilesha affleure dans la partie centrale de la zone et comprend deux
unités lithologiques séparée par une zone de faille majeure : une occidentale essentiellement à roches
mafiques à ultramafiques et des métapélites ; et une orientale composée de quartzites, quartzoschistes
et métapélites. La distribution des roches de cette ceinture pourrait correspondre à la fermeture d’un
petit océan le long de la zone de subduction à pendage ouest.

2.5 – Zone V
Elle est caractérisée par deux traits principaux : - la prépondérance de roches granitiques
panafricaines (80%) du substratum affleurant) ; - et une absence totale de ceintures schisteuses. Des
charnockites, des gneiss et des migmatites aussi âge panafricain probable, complètent le reste des
affleurements. Des complexes de granites annulaires anorogéniques d’âge carbonifère – crétacé,
considérés comme des Younger granites du Nigeria se sont mise en place le long de la marge
occidentale de cette zone, essentiellement dans le plateau de Jos. Des complexes annulaires
magmatiques similaires, mais d’âge cénozoïque jalonnent la ligne volcanique du Cameroun. Des suites
plutoniques calco-alcalines comprenant des gabbros, des diorites à biotites des granodiorites et des
granites ont été observées à certains endroits de cette zone.

2.6 – Zone VI
Elle est lithologiquement similaire à la zone IV. Elle comprend trois assemblages :
 un socle d’âge protérozoïque inférieur de migmatites, amphibolites, para et orthogneiss
réactivés au panafricain ;
 des ceintures de schistes faites essentiellement de quartzites, micaschistes,
métaconglomérats, roches silicatées calciques, métagrauwackes avec intercalations de
métavolcanites d’affinité tholéiitique à alcaline ;
 une suite granitique panafricaine d’affinité essentiellement calcoalcaline, des volumes
moins importants de plutons et dykes syn. A tardi et post tectoniques d’affinité subalcaline
à alcaline ont été localement également rencontrés.

3 – La structure
3.1 – La foliation
L’orogenèse de Dahomeyides est caractérisée par une zonation lithologique à grande échelle,
responsable des relations géométriques des différentes roches présentes dans la région. La foliation est

62
raide de direction N – S ou NE – SW. Dans certains secteurs, elle est E – W. Dans chaque unité
lithologique, une foliation principale se définit. Dans les schistes et les gneiss, il s’agit d’un
rubanement minéralogique (S1), généralement associé à des plis serrés isoclinaux. La direction de cette
foliation est souvent parallèle à la direction lithologique régionale. Ce trait correspond à la première
déformation tangentielle reconnaissable (D1) d’âge panafricain.
Durant une seconde déformation (D2), le rubanement est plissé avec production d’une schistosité de
plan axial bien développée dans les schistes et les gneiss. Cette schistosité (S2) est souvent parallèle à
S1.
Une troisième déformation (D3), reconnue dans l’Atacora et la ceinture d’Ife Ilesha a induit des plis
largement ouverts avec rare développement de clivage de fracture de plan axial. Dans l’unité
structurale de l’Atacora, les déformations D1, D2, et D3 sont en général coaxiales. Dans certaines des
ceintures, une quatrième phase de plissement D4 a été identifiée. Elle est représentée par des virgations
à grande échelle. Les axes moyens de celles-ci sont parallèles aux structures D1 – D3. Il n’est pas
possible de séparer sur le terrain, les éléments structuraux panafricains qui se sont développés
probablement durant l’orogenèse éburnéenne. Généralement, les anciennes foliations ou traces de
déformation sont oblitérées ou transposées durant la tectogenèse panafricaine.

3.2 – La linéation
La linéation est souvent définie par l’alignement des minéraux. Une foliation de direction N - S à
plongement faible et probablement perpendiculaire aux structures D3 a été observée dans toute la
chaîne. Une linéation de crénulation ou d’intersection est généralement bien développée durant la
déformation D2 ; elle est souvent subparallèle à la première génération de linéation.

3.3 – Les nappes


Elles sont liées à la déformation D1, responsable du développement des plis isoclinaux observés un
peu partout dans la chaîne des Dahomeyides. Il s’agit de foliation sub horizontale.

3.4 - Les zones de cisaillement


Plusieurs failles chevauchantes ont été décrites dans la chaîne. Leur orientation varie du N – S
(Zones de Kandi, Zungeru, Ifewara), NE – SW (zone de Kalanga) à ENE –WSW (zones de
Ngaoudere, Bénoué). La faille de Kandi a été décrite comme une dislocation principale dans la
République du Bénin et constitue la continuité vers le sud de la faille du Hoggar et de la faille de
Sobral au Brésil. Certaines de ces failles sont réactivées au phanérozoïque. Elles sont marquées par des
zones à pendage fort de brèches et de mylonites. Ce sont des mouvements dextres.

4 – Le métamorphisme

63
Les assemblages minéraux décrits dans chacune des zones relatent l’histoire contrastée du
métamorphisme. Dans les unités externes (Zone I), il s’agit d’un métamorphisme de haute pression et
de faible température, marqué par une paragenèse à micas phengitiques, pumpellyite, chlorite,
piémontite et aragonite dans l’unité structurale du Buem, et un métamorphisme de moyenne ou haute
pression et moyenne température dans l’unité structurale de l’Atacora, caractérisé par la paragenèse à
actinote bleu verdâtre, zoïsite, biotite, ripidolite dans les roches basiques.
La zone II est caractérisée par l’assemblage chloritoïde, disthène, grenat, phengite, omphacite et
orthopyroxène dans les roches basiques du Mont Lato dans le sud Togo. Une telle association
correspond à une pression d’environ 16 kb et une température de 700°C, soit à un métamorphisme de
haute pression et moyenne température. Les quartzites renferment du disthène et du chloritoïde.
Dans la zone III, sont décrits de la biotite, du grenat et du disthène, minéraux de métamorphisme de
pression moyennement élevée et température moyenne. Les assemblages minéraux décrits dans
plusieurs endroits de la zone IV montrent une distribution bimodale du métamorphisme. Il s’agit d’une
part, de métamorphisme de MP - MT avec la paragenèse à chlorite, biotite, grenat almandin,
staurotide, et sillimanite et d’autre part, un métamorphisme de BP – MT avec cordiérite, sillimanite et
anthophyllite.
La zone V est marquée par un métamorphisme MP- HT avec la paragenèse à biotite, grenat,
disthène, sillimanite. Dans la zone VI, s’observe un métamorphisme bimodal : - un métamorphisme à
pression moyennement élevée et température moyenne définie par la présence de rutile, grenat,
disthène dans les roches pélitiques ; - un métamorphisme de pression moyenne à faible et température
élevée à cordiérite.

5 – Le degré métamorphique
Les paragenèses minérales décrites dans la chaîne indiquent un degré métamorphique variant du
faible faciès schistes verts ou zéolites au faciès granulites. L’unité structurale du Buem et certaines
parties de l’unité structurale de l’Atacora ont enregistré un métamorphisme anchizonal. L’unité
structurale de l’Atacora et la plupart des ceintures schisteuses du Nigeria et du Cameroun ont été
métamorphisée dans le faciès schiste vert ou faciès amphibolite. Les gneiss quartzo feldspathiques ne
montrent pas de minéraux index métamorphiques, ce qui rend difficile le degré métamorphique exact
possible. Les assemblages minéraux permettent de parler de faciès amphibolite. Le faciès granulite a
été défini dans les roches de la ceinture à Savalou dans la zone III et dans les zones IV et VI. Dans la
zone II, le métamorphisme a produit des roches du faciès éclogite, associé à la déformation D1. Les
assemblages minéraux sont des minéraux de rétromorphose dans le faciès amphibolite.

6 – Géochronologie
Les âges ont été obtenus à travers une variété de techniques impliquant les méthodes K – Ar et Rb
– Sr sur roche totale et minéraux, la méthode U – Pb sur zircon, sphène et monazite. La méthode Nd –

64
Sm a été utilisée pour étudier les éclogites de la zone II. Les données radiométriques sont rassemblées
dans le tableau V.

7- Evolution géodynamique
Le modèle de la tectonique des plaques a été utilisé pour expliquer l’évolution de la chaîne des
Dahomeyides. Cette dernière résulterait de la fermeture d’un océan type atlantique par collision
continent/continent entre le continent occidental «Birimia» et le continent oriental du Dahomey. La
zone de suture, représentée par les roches de la zone II, est située à l’est de l’unité structurale de
l’Atacora et non dans le Buem comme l’ont imaginé les premiers auteurs.

65
Les bassins sédimentaires côtiers de l’Afrique de l’Ouest

1 – Le bassin du Sénégal
C’est l’un des plus vastes bassins de la région. On y distingue deux parties :
- une partie orientale comportant une série stratigraphique réduite ; cette série est constituée
d’un crétacé supérieur continental de nature gréseuse et d’un éocène épicontinental ;
- une partie occidentale beaucoup plus épaisse ; le crétacé devient marin tout en gardant son
faciès détritique ; il repose sur le jurassique supérieur calcaire ; ce changement de régime se
produit à Thiès et Dakar ; on observe l’existence d’un fossé de subsidence affecté
d’accidents N-S ainsi que quelques ondulations.

1.1 - Le crétacé
La formation la plus ancienne observée se limite au jurassique supérieur. La stratigraphie
comprend les formations du crétacé et du tertiaire. Le crétacé comprend le Néocomien, l’Albien et le
Maastrichtien.
Le Néocomien est calcaire dolomitique passant à des argiles. Son épaisseur fait 300m dans la zone
de subsidence.
L’Albien et le Cénomanien inférieur atteignent 1500m dans cette zone de subsidence. Il s’agit
toujours de calcaire dolomitique et de grès. Le cénomanien supérieur est essentiellement argileux ou
argilo sableux. Il est daté par des foraminifères.
Le maastrichtien, argilo sableux, de 2000m d’épaisseur à Dakar fait 400m au Sud. C’est au
maastrichtien que la transgression marine est la plus importante, mais la fin du maastrichtien est
marquée par une période de régression marine.

1.2 – Le tertiaire (paléocène, éocène moyen, éocène supérieur, oligocène, miocène, pliocène)
La subsidence du crétacé se ralentit et dans certains cas s’arrête. La sédimentation argilo sableuse
est remplacée par des calcaires zoogènes parfois à faciès lumachelliques, parfois oolitiques. On voit
apparaître certains minéraux indicateurs comme la glauconie, les phosphates et l’attapulgite.
Le paléocène discordant sur le crétacé est constitue de faciès marneux qui vont jusqu’à l’éocène
inférieur. L’éocène moyen est constitué de marnes calcaires très riches en fossiles. Ces formations sont
datées par des nummulites. L’éocène supérieur est un faciès régressif dans le bassin. Il est constitué de
marnes de couleur beige riches en faunes. L’oligocène est constitué de faciès calcaires à foraminifères.
Le miocène est fait de calcaires siliceux, plus ou moins détritiques associés à des marnes et des argiles
sableuses. Le pliocène est caractérisé par des sables et des argiles continentaux de plusieurs couleurs.

66
Ces formations se terminent souvent par des cuirasses latéritiques. Le pliocène constitue avec la fin
du miocène ce que nous appelons le continental terminal.

1.3 – Remarque
On note un dualisme qui se présente comme suit :
- différence entre le l’Est du bassin formé de sédiments marins peu continental et l’Ouest du
bassin formé de formations subsidentes ; dans cette partie W du bassin, la structure est
déterminée par une série de failles N-S provoquant par moment la formation de dômes ;
- différence entre crétacé et tertiaire ; le crétacé domine dans la partie W par des formations
argilo sableuses à caractère subsident ; les sables proviennent généralement de l’érosion des
formations sableuses ou gréseuses du bassin de Taoudéni.
La deuxième partie de la formation tertiaire est caractérisée par la fin de la subsidence et la
formation de sédiments calcaires et calcaires argileux. La série stratigraphique se termine par les
formations argilo sableuses continentale mio-pliocène du continental terminal. A travers la
stratigraphie de ce bassin, nous voyons se former progressivement l’Océan Atlantique, une formation
qui s’est faite en trois étapes :
- étape 1 : observée essentiellement dans le Nord, cette étape date du Trias et du Lias ;
l’ouverture se fait sous forme d’un chenal qui atteint la région de la Tarfaya ;
- étape 2 : jurassique supérieur, la mer atteint les Antilles actuelles et le niveau du
Venezuela ; c’est à ce moment que le bassin sénégalais commence à fonctionner ;
- étape 3 : elle a débuté à la fin du crétacé inférieur et s’est poursuivie au tertiaire et au
quaternaire ; c’est l’ouverture du chenal actuel qu’atteint le Golfe de Guinée et s’est
propagée jusqu’aux côtes de l’Afrique du Sud.

2 – Le bassin de Côte d’Ivoire


Contrairement au bassin sénégalais, ce bassin est très étroit sur le continent. Il est constitué d’une
étroite bande de terrains sédimentaires qui séparent l’océan des terrains cristallins du précambrien de
la dorsale de Man. De même, il existe un dualisme entre le Nord et le Sud. Au Nord, nous avons la
partie plate du bassin recouverte de formations mio-pliocène. Les épaisseurs rencontrées sont très
faibles. Au Sud, nous distinguons la partie profonde du bassin constituée surtout de crétacé subsident
(5000m d’épaisseur) et de formations tertiaires. La zone de séparation entre ces deux est constituée par
une faille : Faille des Lagunes. C’est cette faille qui permet de distinguer une partie Nord et une partie
Sud.

Stratigraphie
Les principaux niveaux rencontrés sont : jurassique supérieur, crétacé, albien, cénomanien,
turonien, sénonien, paléocène, éocène, miocène et pliocène. On a des formations continentales rouges

67
comportant des conglomérats, sables, argiles et quelques intercalations d’argiles noires. La série a une
épaisseur de 2000m à l’Est et 500m à l’Ouest. Elle s’est formée dans une sorte de graben qui séparait à
l’époque l’Afrique de l’Amérique du Sud. Les formations purement marines ont débuté après. Elles
sont très épaisses (2600m) comprenant des argiles feuilletées de couleur noire avec des intercalations
de grès et des conglomérats au-dessus. L’albien est plus ou moins continu depuis le Sénégal jusqu’au
Gabon. C’est un signe supplémentaire de l’existence d’un chenal séparant l’Afrique de l’Amérique du
Sud.
Le cénomanien : 600-500m de grès grossiers associés à des conglomérats et calcaires
dolomitiques. Le cénomanien, ainsi que l’ensemble des formations inférieures n’ont pas été observées
au Nord de la faille des Lagunes.
Le turonien-sénonien : discordant sur le cénomanien et observé au Nord de la faille des Lagunes.
Il s’agit d’un crétacé supérieur de faible puissance constitué surtout du sable : sable bitumineux de la
région d’Ebointa. Au Sud nous avons des formations détritiques associés à des calcaires zoogènes et à
des dépôts argileux. Les épaisseurs sont beaucoup plus importantes dans cette partie. La fin du crétacé
est caractérisée par une période de régression. La stratigraphie se termine par le tertiaire est le
quaternaire. Tout comme au Sénégal, la subsidence observée va cesser, l’épaisseur des couches va
diminuer au maximum (500m). Les transgressions seront limitées, sauf la transgression du paléocène
qui occupe la totalité du bassin.
Le paléocène constitué d’argiles et de glauconies riches en microfaune. Son épaisseur est de
500m. L’éocène est décrit seulement dans la partie W du bassin. Il est sableux et calcaire. L’éocène
supérieur et l’oligocène n’ont pas été observés. Il semble que cette période correspond à une période
de soulèvement et d’érosion.
Nous retrouvons le miocène discordant sur les formations antérieures et repose directement sur le
crétacé. C’est un faciès essentiellement marneux à microfaune aussi bien sur la partie Nord que Sud.
Le pliocène, d’origine continentale avec du sable, de l’argile et grès ferrugineux est discordant sur
l’ensemble des autres formations inférieures. Le pliocène n’est connu que dans la partie Nord du
bassin. Il constitue comme au Sénégal, le continental terminal. Il est recouvert par les sables et argiles
quaternaires.

3 – Le bassin sédimentaire Togo – Bénin


La principale caractéristique de ce bassin est la transgression du Maastrichtien. La mer a envahi la
totalité du bassin. Les autres étages du crétacé n’ont été observés que dans la partie W du bassin,
jamais au Togo et au Bénin. L’épaisseur a été estimée sur des sondages à 600m. Les études
géophysiques situent cette épaisseur à 2000m environ dans la région de Cotonou. Il s’agit d’une
formation monoclinale où l’influence des grands accidents décrits au Sénégal est faible. On les
retrouve à peine sur le continent. En mer les sondages pétroliers indiquent l’existence d’accidents
profonds.

68
Stratigraphie
 le Maastrichtien : il s’agit de sables azoïques (95m environ) suivis d’argiles grises à
niveaux charbonneux (75m environ) et surmonté par une alternance de marnes sableuses
et calcaires. L’épaisseur diminue du Sud vers le Nord. Les sables du Maastrichtien se
prolonge dans la région de Lagos où il constitue le basal sandstone ou shale d’Abéokouta.
Les niveaux charbonneux peu épais au Togo et Bénin ont atteint des épaisseurs
exploitables au Nigeria ;
 le paléocène : il s’agit d’argiles et de marnes auxquelles font suite des calcaires gréseux,
zoogènes à faciès lumachellique datés par Togocyanus sefreedi. Au toit des calcaires, on a
un lit glauconieux daté par un foraminifère. Ces calcaires constituent un niveau repère
dans le bassin. Faisant suite à ces calcaires, la fin du paléocène se caractérise par des
marnes feuilletées contenant des argiles (attapulgite et montmorillonite) ;
 l’éocène : il est caractérisé par la poursuite des marnes à attapulgite. Quelques niveaux de
gypse et quelques nodules de phosphates y ont été décrits. A l’éocène moyen (lutétien), on
observe la fin de la sédimentation argilo marneuse à attapulgite, une augmentation des
niveaux calcaires et localement de niveaux phosphatés. Au Togo, ces phosphates ont
atteint à Hahotoé et Kpogamé, des épaisseurs exploitables. Au Bénin, les épaisseurs
atteintes n’ont pas permis l’exploitation
 le quaternaire : la fin du tertiaire est énigmatique. On n’a pas trouvé, ni l’oligocène, ni le
miocène bien datés. Les seules formations de la fin du tertiaire sont le continental terminal
attribué globalement au moi pliocène – quaternaire. Il s’agit de shales et d’argiles
verticolores passant à des formations grossières comportant des galets, le tout peut être
cimenté et latéritisé. Le continental est comme dans tous les bassins, discordant sur les
formations antérieures. C’est un bassin à pendage faible. Slansky a souligné l’existence de
deux failles obliques dont le rejet est faible, une centaine de mètres. Il n’y pas de trace de
la faille des lagunes au sens ivoirien.

69
Géologie du Togo

1 – Introduction
En se basant sur l’événement panafricain, les formations géologiques peuvent être réparties en
deux zones : - une zone stable ayant « échappé » à la tectonique et au métamorphisme panafricain ; - et
une zone mobile regroupant les ensembles lithostructuraux de la chaîne des Dahomeyides édifiée par
cet événement (Fig. 37).

2 – La zone stable
Elle correspond à la région de Mango – Dapaong et comprend le socle birimien et sa couverture
sédimentaire, le bassin des Volta.

2.1 – Le socle birimien d’âge éburnéen 2064±90 Ma


Il affleure à l’extrême Nord et correspond à la pénéplaine au Nord de Dapaong. C’est une petite
portion de la bordure orientale du domaine Baoulé – Mossi. Il comprend des roches métamorphiques
(orthogneiss, migmatites, amphibolites), des granites variés, des granodiorites, des filons de
pegmatites et de quartz. Le socle birimien constitue le substratum des formations du bassin des Volta.

2.2 – Le bassin des Volta d’âge protérozoïque supérieur)


Il repose en discordance fondamentale sur le socle birimien et présente une structure monoclinale
à faible pendage vers le Sud-Est. Des trois supergroupes, seuls deux affleurent au Togo : ce sont les
supergroupes de Bombouaka et de la Pendjari.

2.2.1 – Le supergroupe de Bombouaka


Il comprend trois groupes de formations séparés par des discordances de ravinements. Ce sont :
 le groupe de Dapaong composé de deux formations, formation de Korbongou et formation
de Tossiégou ; il débute à la base par des conglomérats et se poursuit par une alternance
siltites et grès ; c’est un groupe essentiellement gréseux ; on y observe des figures
sédimentaires de surface de bancs telles que les rides de courant (ripples marks) ;
 le groupe de la Fosse-aux-Lions, moyen, repose sur celui inférieur au moyen d’une
discordance de ravinement et se compose des formations de Natala et de Kotiaré

70
constituées respectivement de siltites – argilites ; microconglomérat – alternances siltites –
argilites – grains fins massifs – psammites ; c’est un groupe dans l’ensemble
1°E argileux ;

11°N
BURKINA FASO
LEGENDE

BASSIN SEDIMENTAIRE COTIER Dapaong N


Marnes, Calcaires, Argiles, Sables

0 20 40 60 Km
CHAINE DES DAHOMEYIDES Mango
Unité structurale du Buem
10°N
Zone de transition (ex. Buem) : Shales, grès-quartzites

Unité structurale de l'Atacora


1

BENIN
Zone des collines frontales : schistes de Kantè, jaspes,
grès-quartzites
Kara
Atacora (Monts Togo) : micaschistes – quartzites
Bassar
11 9°N
Complexe de l'axe Kabyè – Sotouboua – Agou

REPUBLIQUE DU
Roches basiques et orthogneisso-amphibolique Sokodé

Unités structurales de la pénéplaine bénino-nigériane 3


1
A

1 Orthogneiss de Kara et gneiss à deux micas

2 Complexe anatectique Kpalimé-Amlamé


N

3 Série gneissique
Pagala 8°N
6
A

4 Série migmatitique
H

5 Domaine plutono-métamorphique

Paragneiss d'Agbéninou 4
G

Métadiorites Atakpamé
2
5
BASSIN DES VOLTA 3
7°N
Supergroupe infratillitique – grès

Supergroupe supratillitique – carbonates, silexites, Kpalimé


shales, grès 5
4
CRATON OUEST AFRICAIN (Zone Nord-Dapaong)

Roches plutono-métamorphiques

LOME Golfe du Bénin


Faille ou contact anormal
1°E
Limites de formations géologiques
Cisaillement

71
Fig. 37 - Les grands ensembles géologiques du Togo (d'après Sylvain et al, 1986) légèrement modifiée

 le groupe du Mont Panabako, supérieur, formant les falaises de Bombouaka, regroupe les
formations de Bogou et de Yembouré ; ils sont constitués de grès feldspathiques à
stratifications obliques.

2.2.2 – Le supergroupe de la Pendjari


Il correspond à la plaine de l’Oti et repose en discordance de ravinement pro parte glaciaire sur les
grès de Panabako. Il est constitué de deux groupes :
 le groupe de Kodjari avec trois formations, (formation de Sud-Banboli, formation de
Nagbeni, formation de Barkoissi) affleure très difficilement ; seule la formation de
Barkoissi est bien visible le long de la route nationale 1 à Barkoissi ;
 le groupe de Mango très épais (1500 – 2000m) comprend une alternance de siltites et
argilites.
Le supergroupe 2 comprend donc un dépôt glaciaire (tillite), des dépôts chimiques (calcaires et
silexites) et des dépôts détritiques moyens à fins (grès, siltites, argilites). Sa mise ne place s’échelonne
entre 700 et 600 Ma. Il se plisse légèrement à l’approche du front du Buem à l’Est.

3 – La zone mobile : la chaîne des Dahomeyides


On désigne par zone mobile, l’ensemble des terrains définis tectonisés au cours de l’orogenèse
panafricaine, il y a 600±50 Ma et correspondant à la chaîne des Dahomeyides. Elle est subdivisée en
trois parties : - à l’Ouest la partie externe séparée de la partie interne à l’Est par un chapelet de massifs
de roches basiques à ultrabasiques appelé zone de suture.

3.1 – Les unités externes de la chaîne


3.1.1 – L’unité structurale du Buem
C’est l’unité la plus externe à l’Ouest de la chaîne. Elle chevauche le bassin des Volta par
l’intermédiaire d’un front souligné par des serpentinites, des brèches et des mylonites. Elle est
caractérisée par une structure plissée et un métamorphisme nul à anchizonal. Elle comprend trois sous
unités bien définies dans la région de Bassar :
 la sous unité de Kabou à l’Est, constituée d’un empilement d’écailles ;
 la sous unité de la Katcha, au centre, constituée de beaux plis déversés vers l’Ouest ;
 et la sous unité de Bissokpabé à l’Ouest correspondant aux écailles frontales.
Dans la sous unité de la Katcha, deux groupes y ont été définis :
- le groupe de Bissokpabé (1200 m) à la base comprend de bas en haut :
 des grès et grès quartzites à intercalations de mixtites et de shales formant les reliefs ;

72
 des mixtites à intercalations de grès ;
 des hématitites litées et parfois microconglomératiques ;
- le groupe de la Katcha (200 m) au sommet, fait de shales plus ou moins silteux, de grès fins,
de calcaires et de silexites.
Les faciès d’hématitites correspondent aux indices de fer connus dans la région de Bassar. Deux
phases de plissement y sont définies.

3.1.2 – L’unité structurale de l’Atacora


Elle chevauche le Buem par l’intermédiaire des serpentinites. C’est un ensemble à
métamorphisme épi à mésozonal comprenant deux parties lithologiquement différentes : - la zone
essentiellement schisteuse à l’Ouest dénommée schistes de l’Atacora ; - la zone quartzitique formant
l’armature de la chaîne à l’Est, les quartzites de l’Atacora.
Les schistes de l’Atacora sont des schistes chloriteux ou sériciteux plus ou moins quartzeux à
intercalations de quartzites à muscovite. On y trouve des phosphates, des cipolins, des jaspes et des
métaconglomérats.
Les quartzites sont parfois francs, parfois à muscovite ou à biotite. Ils sont associés à des schistes,
des micaschistes à deux micas et grenat ou albite. On y rencontre des métatillites, des itabirites, des
cipolins et amphiboloschistes.
Par rapport à l’unité structurale du Buem, l’unité structurale de l’Atacora a connu une déformation
plus intense, marquée par trois phases de plissement conduisant à un important écaillage.

3.1.3 – Les unités de socle de la zone externe


3.1.3.1 – L’unité de Kara - Niamtougou
Elle correspond à la plaine allant de Bafilo jusqu’au Nord de Niamtougou. Elle est en nappes sur
les quartzites et schistes de l’Atacora. Il s’agit d’orthogneiss à muscovite ou à deux micas datant de
2064 et 600 Ma, âges qui permettent de dire qu’ils représentent d’anciens orthogneiss éburnéens
gneissifiés au panafricain.

3.1.3.2 – Le complexe anatectique de l’axe Amlamé - Kpalimé


Il est constitué essentiellement de granites d’anatexie (granites leucocrates, granites à biotite et à
muscovite, granodiorites à biotite et amphibole et de diorites à quartz), de filons de pegmatites et de
quartz. Ces roches présentent en général une structure équante ou légèrement orientée ou porphyroïde.
On y observe à l’affleurement des enclaves de gneiss et d’amphibolites. Ce sont des roches d’âge
éburnéen rajeunies au panafricain.

4 – La zone de suture

73
Elle définit un alignement de massifs basiques à ultrabasiques des monts Kabyé, Djabatouré,
Djéti, Ahito et Agou. Ces massifs sont formés d’orthogneiss à amphibole, pyroxène et grenat,
d’orthoamphibolites, de métagabbros et métadiorites, d’amphibolo-pyroxénites à grenat et
pyroxénites, d’éclogites, de serpentinites et de talcschistes, ces dernières étant rencontrées au contact
de ces complexes ou aux semelles d’écailles. Le métamorphisme est de haut degré catazonal, ce qui
leur confère la dénomination de granulites.

5 – Les unités internes de la plaine bénino-togolaise


Elles couvrent une grande partie du Togo et correspondent à la pénéplaine gneissique à l’Est de la
zone de suture. On y distingue plusieurs groupes de formations :
 le groupe gneissique d’Agbélouvé ;
 le groupe des migmatites de Kpédomé et de Wahala ;
 le groupe des paragneiss à deux micas d’Agbandi ;
 le groupe des quartzites d’Amakpavé.
Des âges éburnéens (2050 Ma) et panafricains (600 Ma) ont été obtenus sur les gneiss et les
migmatites d’Agbélouvé et de Kpédomé.

6 – Le bassin sédimentaire côtier


Il est situé à l’extrême sud du territoire togolais. Il fait partie d’un grand bassin appelé bassin du
Golfe de Guinée englobant le Sud-est du Ghana, le Sud du Togo et du Bénin et le Sud-ouest du
Nigeria. C’est une couverture d’âge secondaire à quaternaire reposant en discordance fondamentale
sur les unités internes des Dahomeyides. Elle est subdivisée en trois groupes de formations : - le
groupe de Tabligbo ; - le complexe phosphaté de Hahotoé – Kpogamé ; - la série détritique terminale.
Ces trois groupes sont recouverts par des terrains quaternaires.
Le groupe de Tabligbo d’âge maastrichtien à éocène inférieur comprend de la base au sommet : la
formation sableuse ; la formation carbonatée paléocène (calcaire de Tabligbo) ; et la formation
argileuse verte éocène.
Le groupe phosphaté (gisement de phosphates) avec de bas en haut : la formation marno-
phosphatée (éocène inférieur), la formation à phospharénites (minéralisation), éocène moyen ; la
formation argilo-phosphatée, éocène supérieur.
Le groupe détritique supérieur constitué de sables grossiers à moyens et de sables plus argiles
rouge.
Parmi les dépôts quaternaires, on peut citer les formations continentales de bas plateaux,
formations marines littorales, formations laguno-marines, fluvio-lacustres ou fluvio-lagunaires,
fluviatiles et cuirasses latéritiques.

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