Cours GSC 214
Cours GSC 214
Cours GSC 214
L’ARCHÉEN
1 - Introduction
Vient ensuite l’Archéen dont la limite avec le Protérozoïque (~2,5 Ga) est marquée par
un changement fondamental dans le mode de fonctionnement de notre planète ;
C'est au Protérozoïque que la dynamique terrestre est devenue semblable à celle que
nous connaissons aujourd'hui ;
Enfin, c’est à partir de 540 Ma (Ma = Mega annum =million d’années) que débute le
Phanérozoïque dont la limite inférieure consiste en l'apparition et en la prolifération
d'êtres vivants possédant un squelette interne ou externe susceptible d'être fossilisé.
PRECAMBRIEN
2 -L’Archéen
2.1 -Distribution des terrains archéens
La répartition géographique de la croûte continentale primitive est extrêmement vaste ; il en existe
de grands domaines sur tous les continents. Les principaux ensembles aussi appelés boucliers ou
cratons sont reportés sur dans les figures 2.
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Les roches les plus anciennes et qui affleurent sur de vastes surfaces (~3000 km2) sont les gneiss
d’Amitsôq au Groenland. Il s’agit d’anciennes roches magmatiques (granitoïdes) aujourd’hui
transformées en gneiss par métamorphisme ; leur mise en place date de 3,822 ± 0,005 Ga (Figure 3).
Des volumes plus petits de roches volcaniques et sédimentaires sont aussi spatialement associés aux
gneiss d’Amitsôq, il s’agit des formations d’Isua et d’Akilia dont l’âge est de 3,872 ± 0,010 Ga. Enfin,
à Acasta, au Canada, dans les territoires du Nord, de petits affleurements (< 20km2) de gneiss rubanés
constituent les plus anciens morceaux de croûte continentale connus sur Terre à ce jour, ils ont été
datés à 4,030 ± 0,003 Ga. Cependant, en Australie, certains minéraux particulièrement résistants, les
zircons, ont été préservés dans des sédiments ; ils ont donné des âges allant de 4,0 Ga jusqu’à 4,404
Ga, les roches qui les contenaient initialement ont totalement été altérées et érodées, elles ont disparu :
ces minéraux sont les seuls représentants connus de l’Hadéen.
1 2 3
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Figure 3 - Photo des gneiss gris d’Amitsôq au Groenland (3,822 ± 0,005 Ga). Les gneiss anciens sont
de couleur grise avec un aspect rubané acquis lors d’un épisode métamorphique ; ils sont
recoupés par des filons blancs d’un granite plus jeune (2,55 Ga : le granite de Qorqût).
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Figure 4 - Photo de gneiss gris (TTG) de Gurur, en Inde. Ils ont un âge de 3,3 Ga. De couleur grise, ils
sont finement rubanés et recoupés par de petits filons de granite (blancs).
Le magma, qui en cristallisant a donné les TTG résulte de la fusion à haute pression d’une roche de
composition basaltique. En effet, lorsque la pression augmente, un basalte va se transformer en
amphibolite (roche à amphibole ± grenat ± feldspath plagioclase) puis en éclogite (roche à pyroxène +
grenat), ce sont ces basaltes métamorphisés qui vont fondre. Les TTG sont issues de la fusion de la
croûte océanique subductée.
La croûte continentale juvénile est engendrée dans les zones de subduction, mais sa composition,
au lieu d’être TTG est typiquement granitique et ses caractéristiques géochimiques montrent qu’elle
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provient de la fusion du coin du manteau. Dans cet environnement, l’eau joue un rôle primordial, en
effet celle-ci abaisse considérablement la température de fusion d’une roche. Par exemple à 45 km de
profondeur un basalte pourra fondre à 750°C en présence d’eau alors qu’il ne fondra qu’à 1250°C s’il
est anhydre. En d’autres termes, dans les conditions d’une subduction il est possible de fondre un
basalte hydraté alors que cela est impossible si celui est anhydre.
Figure 6 - Diagramme Pression vs. Température et coupes schématiques dans des zones de subduction
montrant les conditions de genèse de la croûte continentale primitive et moderne (Martin,
1986) : Pendant l’Archéen, les gradients géothermiques le long du plan de subduction
étaient élevés (flèche rouge) de telle manière que la croûte océanique subductée atteignait
la température de son solidus avant de se déshydrater, elle pouvait alors fondre à
relativement faible profondeur dans le domaine de stabilité de la hornblende et du grenat
(en bleuté). Aujourd’hui, les gradients géothermiques le long du plan de subduction sont
faibles (flèche bleue), la croûte subductée se déshydrate avant de pouvoir fondre. Les
fluides issus de la déshydratation, remontent à travers le coin du manteau dont ils
modifient la composition et le réhydratent. Celui-ci fond alors et donne naissance aux
magmas calco-alcalins (adakites) typiques de la croûte continentale moderne.
Le diagramme montre les courbes des solidus anhydre et hydraté (5% eau) d’une tholéiite. Le domaine
des réactions de déshydratation de la croûte océanique est figuré en hachures. Le domaine
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de coexistence d’un magma avec un résidu de fusion à grenat (G) et hornblende (H) est
représenté en bleuté.
Sur les coupes synthétiques : C.O. = croûte océanique ; C.C. = croûte continentale ; s.m. = solidus du
manteau hydraté ; les zones en rouge sont celles où l’on rencontre du magma et le
domaine bleu pâle en hachures verticales correspond au domaine de circulation des
fluides.
A l’Archéen, la croûte océanique subductée était, beaucoup plus jeune et beaucoup plus chaude,
alors le gradient géothermique le long du plan de subduction était élevé. Dans ces conditions les
basaltes atteignaient la température de 750°C avant d’avoir pu se déshydrater, ils pouvaient donc
fondre. A cette époque, la source de la croûte continentale était, non pas le coin de manteau, mais la
croûte océanique subductée (Martin, 1986).
Ces modes de genèse contrastés en contexte de subduction, attestent d’une Terre archéenne plus
chaude que notre planète actuelle.
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Figure 7 - Cristaux aciculaires d’olivine (aujourd’hui transformés en amphibole) à texture spinifex
dans une komatiite âgée de 3,2 Ga et provenant du craton du São Francisco au Brésil.
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Figure 8 : Formation Ferrifère Rubanée (BIF = Banded Iron Formations) provenant de
Gopping Gap (3,4 Ga) en Australie.
3 - La tectonique archéenne
Aujourd’hui la tectonique active à la surface du globe résulte du déplacement des plaques
lithosphériques dont le mouvement induit essentiellement une tectonique horizontale (par exemple
nappes de charriage dans les Alpes). De telles structures sont connues dans tous les terrains archéens
des plus anciens aux plus récents, ce qui démontre qu’une tectonique analogue à notre tectonique des
plaques actuelle opérait dès 4,0 Ga. Toutefois, les terrains archéens possèdent une particularité
supplémentaire, en effet, aux grandes structures horizontales se superposent des déformations
verticales en dômes et bassins. Cette tectonique verticale dont le moteur est la gravité est connue sous
le nom de sagduction. Lorsque des laves ultrabasiques telles que les komatiites (densité = 3,3) se
mettent en place sur de la croûte continentale de type TTG (densité 2,7), elles créent un fort gradient
inverse de densité (Fig. 10). Le retour vers une situation d’équilibre se fera par enfoncement des
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komatiites dans le socle TTG .Une fois initié, le phénomène évolue en créant de véritables diapirs
inverses, dus non seulement à la descente des roches les plus denses mais aussi à la remontée
concomitante des roches de faible densité. La descente des roches de forte densité crée une dépression
où peuvent se déposer des sédiments. Les chercheurs considèrent aujourd’hui que la tectonique
horizontale opérait comme de nos jours, c’est à dire plutôt aux limites de plaques alors que la
sagduction se développait préférentiellement au cœur des plaques continentales.
La sagduction ne peut fonctionner que lorsqu’un fort gradient inverse de densité est réalisé ; par
exemple, les basaltes ont une densité trop faible (2,9 ou 3) pour pouvoir initier une sagduction.
Comme les komatiites sont restreintes à l’Archéen, la sagduction est donc elle aussi spécifique de
l’évolution crustale primitive.
Si une tectonique des plaques opérait bien à l’Archéen, en revanche, ses modalités de détail étaient
bien différentes de celles qui sont connues de nos jours. Par exemple, la production de chaleur terrestre
était beaucoup plus importante au début de l’histoire de la Terre que maintenant (Fig. 11).
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Figure 11 - Variation de la production de chaleur terrestre en fonction du temps.
La chaleur terrestre produite en grande quantité à l’Archéen a nécessairement été évacuée, sinon
l’excès de chaleur aurait provoqué la fusion d’au moins une partie de la planète, ce dont on ne retrouve
aucune trace. La conduction étant un mécanisme inefficace pour évacuer la chaleur interne, c’est,
comme de nos jours, la convection qui a assuré cette fonction par l’intermédiaire des rides médio-
océaniques. Comme la quantité de chaleur à évacuer était plus importante qu’aujourd’hui, il a donc
fallu une plus grande longueur de ride (la quantité de chaleur évacuée est une fonction de la racine
cubique de la longueur de ride) (Hargraves, 1986). La Terre ayant conservé un volume constant, une
plus grande longueur de rides implique que les plaques délimitées par ces rides étaient plus petites que
de nos jours et qu’elles se déplaçaient plus rapidement (Fig. 12).
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Figure 12 - Schéma comparant la taille des plaques actuelles (à gauche) à celle supposée des plaques
archéennes (à droite). A l'Archéen, la plus grande production de chaleur interne était
évacuée par une longueur de ride plus importante, résultant en une mosaïque de plaques
beaucoup plus petites et plus rapides que celles de la Terre actuelle.
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Figure 13 - Evolution temporelle de l’abondance de quelques lithologies.
L’exemple le plus spectaculaire est celui des komatiites dont la température de mise en place allait
de 1 600°C à 1 650 °C, après 2,5 Ga seuls sont produits des basaltes qui ne se mettent en place qu’à
des températures de 1 250 à 1350°C. La présence des komatiites démontre que la température du
manteau supérieur était nettement plus importante pendant la première moitié de l’histoire de la
planète. La Terre s’étant refroidie, elle est devenue incapable d’atteindre des températures élevées,
nécessaires à la genèse des komatiites; d’où leur disparition après 2,5 Ga.
Les TTG omniprésentes à l’Archéen proviennent de la fusion de basaltes subductés, après 2,5 Ga,
la planète est devenue trop froide, de telle sorte qu’au lieu de fondre, la croûte océanique subductée se
déshydrate donnant alors naissance à des andésites (magmatisme calco-alcalin) et non plus à des TTG.
Il faut aussi noter qu’entre 2,75 et 2,5 Ga a eu lieu un épisode de croissance crustale majeur qui a
affecté toute la planète et qui a vu l’extraction d’énormes volumes de croûte continentale (super -
continent) à partir du manteau. Cet épisode a été suivi d’une longue période de repos entre 2,5 et 2,3
Ga, pendant laquelle quasiment aucune croûte continentale juvénile ne s’est formée.
Les komatiites ayant disparu à partir de 2,5 Ga, la tectonique verticale (sagduction) qu’elles
engendraient a elle aussi disparu.
Il est à noter que tous ces changements résultent d’un seul et unique phénomène, le refroidissement
progressif de la planète.
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La géologie du continent africain
Fig. 14 – Volcanisme cénozoïque et unités structurale de la plaque africaine (1. craton ouest africain ; 2. craton du
Congo ; 3. craton du Kalahari)
Le continent africain présente une structure en bassins et en dômes. Les bassins sont d’âge variable, de
l’Archéen au Tertiaire. Les dômes sont par contre tous jeunes (Miocène à Pléistocène). Ils sont situés hors des
cratons anciens et sont associés à un volcanisme et, en Afrique orientale, aux grands fossés qui sont les
phénomènes morphologiques les plus spectaculaires du continent.
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Les anomalies négatives les plus spectaculaires se trouvent sur le plateau éthiopien et autour du fossé d’Afrique
orientale (fig. 15). D’autres aires négatives sont l’Afrique du Sud et la Namibie, les dômes du Sahara central et une
anomalie négative allongée correspondant aux hauts plateaux algériens et à l’île de Kasserine de Tunisie.
Les anomalies positives sont limitées aux zones côtières marquant la transition entre les croûtes continentales
et océaniques ou intermédiaires. La différence en épaisseurs lithosphériques (croûte et manteau supérieur) des
cratons anciens et des chaînes mobiles plus récentes joue un rôle déterminant. La localisation et l’évolution des
bassins et du magmatisme interplaque sont contrôlées par les épaisseurs lithosphériques et par le rejeu des
structures précambriennes.
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dus à d’anciennes accrétions. Les roches, vert sombre, du Swaziland et du Mozambique seraient des sédiments
océaniques et des roches volcaniques hautement métamorphiques, (3.7 à peut être 4.0 Ga).
Les premiers cratons archéens sont : le craton Ouest Africain comprenant sa partie méridionale dite Man-Leo,
le craton du Congo, le craton de Kaapvaal et du Limpopo et un petit bloc dans le Sahara oriental près d’Awenat
(fig. 16).
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Fig. 17 – Les bassins sédimentaires phanérozoïques africains
Après l’apparition de fossés, des distensions et écartements sont notés vers 800 Ma. Ils ont désorganisé le super-
continent Rodinia et plusieurs de ses fragments ont été séparés par des couloirs marins océaniques. A la fin, les
chaînes panafricaines ont soudé le Gondwana (750 à 550 Ma).
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- les Mauritanides, les Bassarides et les Rokelides sur la marge occidentale du craton ouest-africain ;
- l’Anti-Atlas au nord ;
- les Pharusides sur la bordure orientale du craton ouest-africain ;
- les Dahomeyides au sud-ouest ;
- la ceinture plissée panafricaine congolaise au nord du craton du Congo ;
- la ceinture du Mozambique à l’est du craton du Congo présentant des métasédiments de grade élevé et
des gneiss granitoïdes;
- les ceintures mobiles du Zambèze, Lufilienne, Damarienne, Gariep et Saldanienne, etc.
Des intrusions granitiques ont été signalées dans les zones panafricaines. On peut citer les granitoïdes
panafricains de Damagaram au Niger d’âge moyen de 575±12 Ma (Black & Liégeois 1993).
2.5 – Le phanérozoïque
La géologie du phanérozoïque a connu des progrès remarquables à l’échelle du continent africain : Afrique de
l’Ouest, Sahara égyptien et soudanais, Mer Rouge et Golfe de Suez, Afrique australe, etc. des précisions ont été
apportées à la géologie structurale, à la stratigraphie et à la sédimentologie. Ces progrès ont été rendus possibles
grâce à la prospection pétrolière. Beaucoup de fossés, de bassins ont été explorés. Les références les mieux fournies
sont celles consignées dans les numéros spéciaux du Journal of African Earth Sciences. Les principaux bassins
sédimentaires sont consignés dans la figure 17.
Le craton ouest africain, vaste étendue de 4 500 000 km2 qui est constituée par des formations précambriennes
(Fig. 18). Ce craton est limité à l'Est par la zone mobile de l'Afrique centrale (contact avec le Bouclier touareg) et à
l'Ouest par des chaînes polyorogéniques panafricaines et hercyniennes : Mauritanides et Rockélides. Il est masqué
par des bassins du Protérozoïque supérieur et du Paléozoïque, bassin de Tindouf au Nord, bassin de Taoudeni au
centre et bassin des Volta au Sud. Le craton affleure dans deux dorsales (antéclises) :
- la dorsale Réguibat au nord entre les bassins de Tindouf et le Taoudeni s'étend du SW au NE sur environ
1500 km. Elle est large de 250 à 400 km. Elle est constituée par des formations précambriennes
métamorphiques et cristallines qui peuvent être réparties en deux ensembles : - un ensemble archéen
(Précambrien) situé d'une part au SW dans l'Amsaga, le Tijirit, le Tasiast, le Tiris, l'Ouassat, le Ghallaman, le
Sfariat (Mauritanie), et d'autre part au NE dans les Eglabs (Algérie). - un ensemble protérozoïque inférieur à
moyen (Précambrien C, encore dénommé birimien ou éburnéen, avec le Zemmour, le Karet et le Yetti ;
- la dorsale de Kenema-Man au sud, et dans des fenêtres situées à l'est des Mauritanides : fenêtres de Kayes et
de Kéniéba, s’étend de Guinée jusque dans l’ouest de Côte d’Ivoire dans la zone de la faille de Sassandra et des
Monts Trou. La limite méridionale est très discutée : - pour certains auteurs, la ceinture de Kasila correspond à
un domaine archéen repris à l’éburnéen ; - pour d’autres, ce domaine est purement éburnéen. Il est dû à la
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granitisation lors de l’événement éburnéen. Outre le socle migmatitique, on reconnaît des ceintures
supracrustales et des ceintures vertes.
Les principales unités structurales décrites dans la figure 16 se retrouvent en Afrique de l’Ouest (Fig. 19). On y
distingue :
- des cratons : ils correspondent à des zones stabilisées depuis les temps protérozoïques inférieur à moyen
(1500 Ma) ; ils sont formés de roches métamorphiques très déformées ; ils renferment des noyaux archéens
autour desquels des chaînes d’âge éburnéen se sont immobilisées ; ce sont le domaine Kenema – Man et la
partie occidentale de la dorsale Réguibat ;
- les ceintures mobiles ou zones mobiles (1000 – 600 Ma) : elles correspondent à des couvertures
supracrustales (d’origine sédimentaire ou magmatique) qui n’ont plus subi de déformations ou de
métamorphisme depuis le phanérozoïque, la majorité ayant connu leurs dernières déformations majeures et
de métamorphisme au panafricain autour de 500 Ma ; ce sont les Dahomeyides, les Pharusides, les
Mauritanides et les Rokelides ;
- les bassins mésozoïques, cénozoïques et quaternaires de deux types : - les bassins côtiers (sénégalo-
mauritanien ; sahraoui ; de Côte d’Ivoire ; bénino-togolais ; le bassin de Bénoué) ; - et les bassins
intérieurs, comme les bassins de Kandi (fer oolitique) ; Sokoto (fer oolitique) ; Libye (pétrole) ; Iullemeden
(fer) ;
- parmi les chaînes récentes on citera les chaînes du Haut – Atlas ou Atlasides en Afrique du Nord et la
partie occidentale des Mauritanides.
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Fig. 19 – Carte schématique des structures géologique d’Afrique de l’Ouest et du Centre-Nord.
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Dorsale Réguibat
Son nom est dû à Menchikoff (1949). Elle s'étend du SW au NE sur environ 1500 km (Fig. 20).
Elle est large de 250 à 400 km. Elle est constituée par des formations précambriennes métamorphiques
et cristallines. On y distingue deux ensembles : - un ensemble archéen situé d'une part au SW dans
l'Amsaga, le Tijirit, le Tasiast, le Tiris, l'Ouassat, le Ghallaman, le Sfariat (Mauritanie), - et d'autre part
au NE dans les Eglabs (Algérie), un ensemble protérozoïque inférieur à moyen avec le Zemmour, le
Karet et le Yetti.
2 – Le domaine archéen
L'ensemble archéen est caractérisé par des formations métamorphiques de haut grade et d'âge
supérieur à 2,5 GA (Vachette, 1964 ; Potrel, 1994). Le bouclier ouest ou 'le Terrane Archéen'
principalement d'âges ≥ 2500 Ma est constitué surtout de gneiss migmatitiques, de granitoïdes, de
quartzites ferrugineux et de la Formation de Fer Rubanée (FFB) ou Banded Iron Formation (BIF),
d’amphibolites et de gneiss feldspathiques. Le terrain des gneiss et granulites de plus haute qualité se
trouve dans le socle archéen situé à l’ouest du bouclier dans la zone d'Akjoujt où il affleure en tant que
gneiss felsique migmatique à texture granulaire pauvre et en orthogneiss folié grossièrement. Ces
formations sont regroupées dans trois assemblages : - l’assemblage de l’Amsaga ; - l’assemblage
d’Ijil ; - et l’assemblage de Ghallaman comprenant chacun des groupes.
Les données géochronologiques sont rares sur la dorsale Réguibat et sont de mauvaises qualités.
Cependant, on y rencontre des roches ayant au moins 2500 Ma et il est possible d’y trouver des
matériaux antérieurs à 3 000 Ma.
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L'ensemble protérozoïque inférieur à moyen est plus jeune que 2,5 GA (2,5 GA à 1,6 GA)
(Vachette, 1964 ; Boher 1991), et comprend des séries métamorphiques, mais en général de plus bas
grade que celles de l'autre ensemble (archéen), ainsi que des roches magmatiques. Les auteurs (Sougy
1954, Mestraud 1975, Rocci 1975) distinguent plusieurs faciès dans les batholithes du Zemmour noir
et du Yetti. Il est affecté par plusieurs failles dont le nombre augmente d’Ouest en Est correspondant
aux événements techtonothermaux du Birimien (Eburnéen) et comprenant principalement des granites
intrusifs à l’ouest et des formations volcaniques à l’est. La lithostratigraphie est résumée dans le
tableau 1.
Dans le vaste ensemble de granitoïdes qui s'étend d'Ouest en Est sur plus de 300 km depuis le
Zemmour noir jusqu'au Yetti, plusieurs faciès existent :
- microgranites précoces en enclaves dans le granite d'Aïn Ben Tili (Rocci, 1957) ;
- granite calco-alcalin type Aïn Ben Tili (Sougy, 1954), le plus étendu et le plus commun ;
- granite calco-alcalin orienté de Tourassine dans la zone de l'oued Hafeïra ;
- granite calco-alcalin type Mint Melhal des environs de Bir Mogreïn ;
- granite calco-alcalin type Bel Guerdane (Rocci et Sougy) du Zemmour occidental.
La mise en place du granite calco-alcalin type Aïn Ben Tili est post tectonique. Les données des
éléments traces (Rb, Y, Nb) le range dans les granites intraplaques. Les âges de mise en place (2,12 à
2,07 GA) en font des granites birimiens sensu stricto. Les « âges modèles » basés sur les terres rares
Sm / Nd ou âges d'extraction (Tdm) du réservoir source sont +2,4 et 2,2 GA (Boher 1991). Le peu de
différence entre les âges de mise en place montre que le cycle birimien s'est déroulé en peu de temps,
environ 50 Ma (Boher, 1991). Les schémas proposés pour la constitution de la croûte continentale
birimien (Boher, 1991 ; Potrel, 1994) font état d'un magmatisme de type plume mantellique en dehors
de la zone archéenne et de la constitution à partir du matériel basique des granites post tectoniques.
Un régime de subduction se serait installé au contact de cette croûte birimienne et de l'Archéen
s'achevant par un phénomène de collision le long de Sfariat.
22
Méta arkoses, schistes, métagrauwackes,
complexe rhyodacitique.
23
vastes réserves de minerais d’hématite et de magnétite. Des accumulations de chromite magmatique
ont été remarquées dans le Bouclier de Réguibat associées avec les serpentinites.
Le Bouclier de Réguibat est d’un âge semblable au Kaapvaal et au Cratons de Zimbabwe allant de
3100 à 2700 Ma. Les gîtes minéraux retrouvés dans les zones cratoniques du sud de l’Afrique et la
découverte d’indices de miniers sur le Bouclier de Réguibat offrent de indices forts de la présence de
filon d'or mésothemal, nickel, chrome et minéralisation de terres rares au nord de la Mauritanie aussi
bien que des diamants et VHMS.
Les ceintures de roches vertes archéennes volcanosédimentaires forment des hôtes favorables à la
minéralisation mésothermale de filons d’or et attirent au présent une exploration intense. La
minéralisation d’or à Tasiast a été rapportée en premier lieu par l’OMRG au début des années 90.
Normandie La Source Développement SAS a développé le projet au stage d’études de préfaisabilité,
signalant une ressource en excès de 900 000 oz à 3 g/t.
Le Bouclier de Réguibat représente un terrane très potentiel en diamants. Il forme le noyau nord
du Craton Ouest Africain et reflète géologiquement le noyau sud qui est héberge des kimberlites
renommées au Sierra Leone, Libéria et Guinée. Au nord de la Mauritanie, le Bouclier de Réguibat n’a
pas été prospecté pour les diamants avant les années 90. Depuis ce temps là, plusieurs indices miniers
des diamants ont été découverts, y compris le diopside, la chromite, le groupe 1 des grenats, les
éclogites et le Groupe 10 des grenats pyropes de compositions équivalentes à celles associées aux
mines de diamants de haute qualité à travers le monde y compris la région du Lac de Gras dans les
Territoires du Nord-Ouest du Canada. A présent, des kimberlites portant des diamants ont été
découvertes mais aucune ne s’est montrée rentable.
24
La dorsale Kenema – Man ou dorsale de Léo
Dans l’ouest de la Côte d’Ivoire, l’essentiel du socle est attribué à la formation de migmatites et de
gneiss. On y distingue en fonction du degré métamorphique : la formation du Mont Douan, et le
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complexe charnockitique de Man probablement plus vieux qui pourrait renfermer les anciennes
reliques supracrustales.
En Guinée, on distingue une subdivision en trois domaines : - les gneiss de Mahama à l’est de la
ceinture de Simandou ; - les gneiss de Macenta à l’ouest ; - et les gneiss de Guinée plus au nord.
N
GUINEE KABAL
A GUINE
E
MAKANI
SIERRA LEONE
NIALAM
FREETOW -
N SEWAFE
KENEMA
0 10 200 km
0
13°00 12°00 11°00
W W W
Légende
Granulites de Mano-Moa
Groupe de Rokel River
Groupe de Bullon
Complexe magmatique de Groupe de Marampa : schistes Groupe de Kasila : schistes
Freetown : norite et gabbro et gneiss
26
- une partie inférieure débutant par des roches ultramafiques passant à des mafites ; les
ultramafites correspondent à des laves et sills métamorphisés en serpentinites et schistes
chloriteux à talc, trémolite, anthophyllite ; elle présentent des intercalations d’amphibolites et
sporadiquement de métasédiments à fuschite ; les mafites sont des amphibolites tholéiitiques
présentant encore des structures en coussins et des textures vésiculaires et amygadalaires ;
elles correspondent à d’anciennes laves massives en coussins et à des sills intrusifs ;
- une partie supérieure méta sédimentaire comprenant des quartzites parfois à fuschite, des
micaschistes, des métacherts (métasilexites), des conglomérats, des schistes à cordiérite et
grenant, des schistes quartzo feldspathiques et des formations de fer rubanées (BIF), des
métavolcanites subordonnées telles des méta dacites et méta rhyolites.
Le métamorphisme est du degré schistes verts à faciès amphibolite à épidote. Localement
cependant, se rencontrent des faciès type amphibolite à grenat à proximité des granites intrusifs.
Les petites ceintures affleurent dans le SE de la Sierra Leone, au Libéria et en Côte d’Ivoire. Elles
sont dominées par des métasédiments particulièrement par des formations de fer rubanées avec des
quartzites, des quartzites micacés, des métagrauwackes, des métacherts et des schistes pélitiques. Les
métavolcanites en quantités subordonnées occupent la partie inférieure des petites séquences tout
comme dans les grandes ceintures et sont principalement des amphibolites. Dans l’ouest de la Côte
d’Ivoire, affleurent des norites (gabbros à hypersthène) et des anorthosites gabbroïques intrudant les
formations de fer rubanées. Ces roches forment le complexe charnockitique de Man.
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Il affleure dans la région Komakwie et est composé d’amphibolites et de serpentinites, de
quartzites à sillimanite, d’itabirites et de granitoïdes intrusifs. Il présente une direction structurale
essentiellement W-E. Il est affecté par un événement léonien daté à 2 950 Ma.
Le supergroupe de Kambui
Il comprend deux ensembles :
- un ensemble inférieur magmatique fait d’amphibolites (laves basiques, pillow lavas) et de
serpentinites (laves ultrabasique à caractère tholéiitique) ;
- un ensemble supérieur sédimentaire à volcanosédimentaire comprenant des métatufs, des
méta psammites, des métapélites et des itabirites.
La direction structurale est N-S. Le supergroupe de Kambui est recoupé par des granites donnant
des âges allant de 2 750 à 2 700 Ma.
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Le complexe de Man (Côte d’Ivoire) est constitué par des charnockites et des norites, des
amphibolites et des pyroxénites avec un complexe de quartzites et de gneiss migmatitiques. Dans cette
région, on distingue deux phases majeures de métamorphisme et de déformation. La première donne
des faciès granulites datant de 3 125 Ma. La seconde phase est une retromorphose transformant les
granulites en un faciès amphibolitique datant de 2 850 Ma. Ces deux âges dont la moyenne est égale à
2 988 Ma indique un événement léonien.
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2.1 – Le birimien de Côte d’Ivoire (Fig. 25)
Ce domaine est marqué, comme l'ensemble de l'Archéen de la dorsale de Man, par l'événement
magmatique et métamorphique majeur qu'est le Libérien (Camil, 1984 ; Kouamelan et al. 1994, 1995).
La datation des assemblages minéraux a permis de mettre en évidence un recyclage important des
formations archéennes.
Le domaine birimien de Côte d'Ivoire présente un socle constitué de formations archéennes
recyclées durant l'événement birimien, des formations birimiennes proprement dites et des intrusions
magmatiques. Les formations birimiennes sont constituées d'ensembles plutono-volcaniques et
sédimentaires juvéniles (Abouchami et al. 1990, Boher et al. 1992). Le birimien est subdivisé en un
birimien inférieur et un birimien supérieur.
Le birimien inférieur comprend des roches métabasiques, (métabasaltes, des ortho amphibolites)
d’origine subaquatique, des métavolcanites hypo-abyssales, etc. le birimien supérieur est composé de
métavolcanites intermédiaires à acides, de méta tufs, de méta brèches avec des intercalations de méta
sédiments manganésifères, de quartzites.
Ces deux ensembles seraient intrudés par des roches basiques à ultrabasiques. Les caractéristiques
géochimiques permettent de considérer les métabasaltes et ortho amphibolites comme des formations
de type MORB. Les intrusions basiques à ultrabasiques seraient également des roches de type MORB,
probablement pénécontemporaines des métabasaltes. Le complexe pyroclastique serait de type IAT.
30
Le métamorphisme est du faciès schiste vert, atteignant localement un métamorphisme à faciès
amphibolite. Une intense déformation qui se traduit par une série d’anticlinaux et de synclinaux
ouverts au sud ou fermés au nord, et par des fractures longitudinales subverticales à cisaillement
sénestre suivi par des failles conjuguées liées à une compression de direction E – W a affecté ces
formations.
Les complexes plutoniques éburnéens acides se présentent comme suit :
- des intrusions tonalitiques à granodioritiques syntectoniques peu nombreuses d’âge burkinien ;
- des granitoïdes éburnéens proprement dits très nombreux que l’on peut subdiviser en trois
principaux groupes :
- * les granitoïdes précoces orthogneissifiés au cours de la déformation régionale (leucogranites
de Broko)
- * les granitoïdes syntectoniques à tarditectoniques mis en place au cours d’une déformation
pénécomtemporaire d’une deuxième phase de métamorphisme daté d’environ 2 050 Ma. Il
s’agit de granodiorites à biotite ou à amphibole, et de granodiorites à muscovite ;
- * les granitoïdes post tectoniques en intrusions dans les formations birimiennes. Il s’agit d’une
suite de tonalites à trondjémites renfermant des syénites (granitoïdes de types Bondoukou,
1990±20 Ma).
31
- à la base, la série de Bamba-Bouroum encore appelée burkinien ou dabakalien (2 386±35 Ma),
constituée de roches fortement métamorphisées ;
- et au-dessus, les formations birimiennes du Bouroum, affleurant en ceintures parallèles et
constituées par des alternances de séquences volcaniques et volcano-sédimentaires et de
séquences sédimentaires avec également des basaltes, des icelandites et rarement des dacites,
des roches hypo abyssales représentées par des gabbros et dolérites associées à des
trondjémites et granophyres, enfin des formations pyroclastiques représentées par des coulées
pyroclastiques d’icelandites associées à des tufs et brèches andésitiques à dacitiques .
Les caractéristiques géochimiques des basaltes et roches associées démontrent que ces roches sont
des tholéiites de type MORB. Les caractéristiques des icelandites et dacites démontrent également
qu’il s’agit de tholéiites, mais ces dernières ont subi une contamination crustale. Les pyroclastites et
roches associées sont des roches calco-alcalines résultant de la fusion alcaline partielle de roches
d’origine mantelliques préalablement contaminées dans un recyclage crustal. Les roches méta
sédimentaires sont d’origine détritique ou chimique généralement immatures à la base et plus évoluées
au sommet.
Le métamorphisme est du faciès schiste vert, avec une phase hydrothermale conduisant au faciès
amphibolite. La déformation est modérée et est caractérisée par des structures pénétratives associées à
un début de schistosité de flux et par de nombreuses zones de déformations ductiles, caractéristique du
style tectonique du birimien. Lors de ces déformations et métamorphisme, se sont mis en place, de
nombreux granitoïdes comme dans toutes les autres parties du domaine Baoulé- Mossi. Ces
granitoïdes sont comparables à ceux décrits en Côte d’Ivoire.
32
2.3 – le birimien du Ghana
Environ 2/3 du Ghana sont dominés par des roches paléoprotérozoïques birimiennes formant cinq
ceintures volcaniques, régulièrement espacées, orientées NE-SW (Fig. 27). Les bassins qui les
séparent sont remplis de sédiments. Le tiers restant est fait de roches post birimiennes. Les roches
supracrustales sont fortement déformées. Cependant, les roches sédimentaires sont caractérisées par un
plissement très étendu. Les laves sont principalement de composition basaltique, quoique des roches
andésitiques, dacitiques et rhyolitiques soient aussi présentes.
La zone de transition entre les ceintures volcaniques et les bassins sédimentaires est soulignée par
un faciès chimique, lequel a été récemment reconnu comme le site le plus minéralisé en or du Ghana.
Auparavant, les roches sédimentaires birimiennes sont considérées beaucoup plus vielles que les
roches volcaniques. Cependant, des études récentes indiquent que les ceintures volcaniques et les
bassins sédimentaires sont des équivalents latéraux de faciès.
Légende
Dépôt tertiaire
Monts Togo
Tarkwaïen
Birimien supérieur
Birimien inférieur
Granitoïdes
Plaine du Bénin
Les ceintures volcaniques et les bassins sédimentaires sont tous deux à la fois intrudés par trois
types de granitoïdes qui différent en âge, en minéralogie et en chimie, à savoir :
- les granitoïdes type Cape Coast situés dans les bassins sédimentaires, sont dominés par des
granites à deux micas ;
- les granitoïdes type Dixcove, associés aux ceintures volcaniques sont dominés par des
granites à hornblende ;
33
- les granitoïdes riches en K post-tarkwaiens, comprenant les granitoïdes de Bongo, Tongo et
Banso.
Chacune des ceintures volcaniques birimiennes renferme des roches méta sédimentaires, (le
groupe) de Tarkwa, qui reposent en discordance sur le birimien. Le Tarkwa consiste entièrement en
conglomérats, de grès, de phyllites et d’argilites issus des roches birimiennes encaissantes.
3 - Le potentiel mineral
La dorsale Kenema – Man, tout comme celle Réguibat représente un terrane très potentiel des
diamants et d’or hébergés dans des kimberlites renommées en Sierra Leone, Libéria et Guinée. La
plupart des minéralisations sont localisées dans les ceintures de roches vertes des domaines archéen et
birimien. Ce sont des dépôts incluant de la molybdénite, de minerais de fer, de la bauxite du titane et
de chromite (Fig. 28 - . Les figures 28 à 29).
4 – L’évolution géodynamique
34
Dans le domaine archéen, les roches se différencient entre 3,3 et 3,5 Ga du manteau (âge modèle
Nd). Les formations granulitiques les plus anciennes sont datées à 3050 ± 10 Ma (âge monozircon).
Des zircons hérités dans des paragneiss indiquent un héritage continental, au minimum à 3,2 Ga. Ce
domaine est marqué, comme l'ensemble de l'archéen de la dorsale de Man, par l'événement
magmatique et métamorphique majeur qu'est le Libérien (Camil, 1984 ; Kouamelan et al. 1994, 1995).
La datation des assemblages minéraux a permis de mettre en évidence un recyclage important des
formations archéennes durant l'événement birimien. Ce recyclage s'effectue dans des conditions de T°
assez élevées (700 à 800°C), vu la remise à zéro partielle ou totale des géochronomètres U-Pb et Sm-
Nd. Il est essentiellement localisé au Sud de la faille de Man-Danané, où prédominent des gneiss
migmatitiques à biotite. Une étape précoce survient vers 2250 ± 30 Ma. L'influence majeure a lieu vers
2100 ± 40 Ma avec (1) la décompression isotherme de granulites archéennes de haute pression (850 ±
30°C et 10 ± kbars) vers des conditions de plus basse pression (720°C ± 30 et 7 ± 1 kbars) et (2) la
fusion de sédiments pour donner des gneiss migmatitiques à biotite (monazite à 2074 ± 7 Ma). L'âge
modèle Nd à 3,2 Ga et la présence de cœur hérité dans les zircons montrent l'origine archéenne de ces
formations. Ces deux étapes correspondent à l'histoire de l'évolution de la croûte birimienne reconnue
dans le domaine protérozoïque (s.l.). Le domaine birimien de Côte d'Ivoire est constitué d'ensembles
plutono-volcaniques et sédimentaires juvéniles (Abouchami et al. 1990, Boher et al. 1992). L'histoire
précoce de ces ensembles débute vers 2220 ± 8 Ma (âge monozircon). La phase majeure d'accrétion
magmatique se situe à 2094 ± 6 Ma (âge monazite) avec la formation de nombreux massifs de
leucogranite. Une phase intermédiaire, de migmatisation, à 2150 ± 10 Ma (âge monozircon) semble
caractériser le socle granito-gneissique. Le domaine situé entre la faille du Sassandra et la longitude
6°W, que nous dénommons zone de transition, montre des évidences de contamination de croûte
archéenne par la présence de zircon hérité.
35
Fig. 29 – Les champs kimberlitiques (K) et diamantifères de l’Afrique de l’Ouest
36
Le birimien des boutonnières de Kayes et Kéniéba
1 - Introduction
La fenêtre de Kayes se situe au Mali et celle de Kéniéba est en partie au Mali et en partie au
Sénégal (Fig. 30). Elles forment un jalon entre la dorsale Réguibat et la dorsale de Man. Elles sont
entourées par les formations sédimentaires subhorizontales du bassin de Taoudeni ou par la chaîne des
Mauritanides. De deux fenêtres, celle de Kéniéba a été la mieux étudiée. Les âges, obtenus au Sr
conventionnel sur biotite des granites, sont paléozoïques inférieurs, donc birimiens.
37
flysch: grès à argilites avec des niveaux graphiteux et conglomératiques; 4: roches
volcanoclastiques felsiques et niveaux cherteux; 5: calcaires et roches volcaniques
felsiques; 6:formations fluvio-deltaïques ; conglomérat et argilite ; 7: Granites (la
partie
La boutonnière de Kédougou – Kéniéba (K.-K.) couvre environ 16 000 km2 et a une forme
triangulaire. Elle est limitée par la série de Ségou-Madina-Kounta au sud, à l’est par le plateau
mandingue et à l’ouest par la partie méridionale des Mauritanides. Elle comprend trois série de
formations qualifiées de supergroupes : - supergroupe de Mako à l’ouest, supergroupe de Dialé au
centre et supergroupe de Dalema à l’est. Ces formations sont d’origine volcanique,
volcanosédimentaire et sédimentaire. Elles sont intrudées par des granitoïdes allongés de compositions
et âges variés. Ces granitoïdes sont des granites concordants hétérogènes de Kakadian, Saraya et de
Boboti, et des granites discordants en petits massifs du type Badon.
Le complexe de Mako a été déformé. Il présente des pendages généralement fort vers le NW ou
subverticaux. On y reconnaît des plis isoclinaux auxquels est associée une schistosité S 1 et des
fractures cisaillantes à dykes de roches calco-alcalines. On note dans la série de Mako, un léger
38
métamorphisme induisant des paragneiss de bas degré, caractérisés par la paragenèse albite – chlorite±
quartz ± calcite ± titane, (T = 400 °C ; P = 3 kb). Dans la partie septentrionale, on note des gneiss à
amphibole sous forme d’écailles antérieurement enfouies.
Les datations de ces gneiss donnent le même âge que les faciès de bas degré par la méthode Rb/Sr
et Sm/Nd. Dans les détails, les métabasaltes de Mako sont des tholéiites pauvres en Ti et légèrement
enrichies en éléments des Terres Rares Légères (LREE). Ces métabasites sont des tholéiites MORB ou
des méta tholéiites de type arc insulaire (IAT). Les roches volcaniques de Mako sont des tholéiites
immatures d'un arc se formant sur une croûte océanique. La genèse et l'évolution du magma
se seraient faites dans un contexte distensif et dans un environnement d'arc insulaire, suivi
d'un simple collage. Des datations géochronologiques (Sm/Nd, Pb/Pb) ont permis de retenir
un événement magmatique majeur entre 2100 et 2200Ma et de proposer une création de
croûte juvénile.
39
Les roches à dominante volcanosédimentaire ont des affinités tholéiitiques et calco-
alcalines et sont très proches de certaines roches volcanodétritiques d'arcs insulaires. Elles
pourraient en partie provenir de la destruction des accumulations d'arc ou d'arrière-arc du
supergroupe de Mako mis en évidence par Dia (1988) et Diallo (1994).
Les roches volcaniques, hypovolcaniques et plutoniques sont intimement associées sur le
terrain sans jamais montrer de relations géométriques claires. Nous pensons que les magmas à
l'origine de ces roches sont cogénétiques. Les roches volcaniques et hypovolcaniques
comprennent des volcanoclastites, des trachyandésites, des rhyodacites, des microdiorites, des
microgranodiorites et des albitites. Elles ont les caractéristiques des laves orogéniques et une
affinité calco alcaline.
Les laves andésitiques présentent des ressemblances avec les andésites des marges
continentales. Elles proviendraient de la fusion d'une croûte océanique en voie de subduction.
Mais les magmas qui les ont générés semblent avoir subi l'influence d'une croûte continentale
qui se marque par une contamination (importance de Rb, Sr et Ba) et un effet sur la
différenciation (absence de termes basaltiques).
Les intrusions plutoniques sont pour l'essentiel des granodiorites et des granites qui
présentent les caractéristiques des granitoïdes des zones de collision au sens de Pearce et. al,
(1984) et, comme les roches volcaniques et hypovolcaniques, elles ont une signature de lignée
calco -alcaline. Leur composition en terres rares les rapproche des granitoïdes archéens de
Finlande. Elles ont globalement, les caractéristiques des granitoïdes de type 1 avec
notamment un rapport initial de strontium bas de l'ordre de 0,7026 + 0,0005 qui leur confèrent
une origine mantellique. Les données géochronologiques (Rb/Sr) obtenues sur les granitoïdes
indiquent un âge de mise en place aux alentours de 2008 ± 16 Ma. Cet âge est postérieur à
ceux obtenus par Bassot et Caen-Vachette (1984), Dia (1987) et Boher (1991) sur des
granitoïdes du supergroupe de Mako, ce qui confirme l'antériorité de ces derniers.
3 – Conclusion
L’absence de formations archéennes dans la boutonnière de K.-K. est un fait remarquable. Les
roches les plus vielles que l’on rencontre dans cette boutonnière sont des métabasaltes tholéiitiques
datés au plus de 2200 Ma. Cette boutonnière pourrait correspondre à une zone tampon entre les deux
domaines archéens de la plaque ouest africaine (dorsale Kenema Man et dorsale Réguibat). Pour
certains auteurs, ce paradoxe serait dû au fait que cette boutonnière est sans racine. Pour d’autres, cette
hypothèse est vraisemblable car, si tel est le cas, des données radiométriques y signaleraient des
croûtes antérieures.
40
Les séquences de couverture du craton ouest africain
1 - Introduction
Le craton ouest africain est une vaste région stabilisée après l’orogenèse éburnéenne il y a
environ2150+150Ma. Ces vieilles roches affleurent aujourd’hui dans deux domaines : la dorsale
Réguibat et la dorsale de Man-Leo. Les séquences de couverture qui ont débuté après une longue
période d’érosion, apparaissent dans des ceintures grossièrement concentriques, dans le bassin de
Taoudéni entre les deux dorsales. Des dépôts plus récents sont connus dans la partie orientale vers
la zone de suture panafricaine. Les bassins sont classés selon la zone structurale de sédimentation
distinguant les bassins cratoniques des bassins péricratoniques et la stratigraphie.
Ainsi le bassin de Taoudéni a été défini comme, de part les traits spécifiques de sédimentation,
un bassin sédimentaire cratonique. La zone est caractérisée par une vaste surface presque plate,
impliquant une réaction rapide de toute la région au mouvement eustatique. Les séquences
sédimentaires montrent une très grande continuité latérale des faciès, avec généralement de faible
taux de sédimentation. Ces conditions ont été plus ou moins reconnues à travers l’histoire
géologique du craton. La couverture cratonique est subdivisée selon les caractéristiques
stratigraphiques.
Vers les bordures de la zone cratonique, existe plusieurs bassins péricratoniques impliqués
dans les évènements orogéniques ce produisant en dehors du craton lui-même par opposition au
zone cratonique, il sont caractérisés par une petite taille, une épaisse séquence de sédiment et une
subsidence élevée. Ce sont les bassins gourma et le bassin des volta relatifs dans l’orogénèse
panafricaine, le bassin de Tindouf relatif à l’orogénèse hercynienne.
2 – Le bassin de Taoudéni
2.1 - Généralités
Le bassin de Taoudeni a été défini comme, de part les traits spécifiques de sédimentation, un
bassin cratonique. La zone est caractérisée par une vaste surface presque plate, impliquant une
réaction rapide de toute la région aux mouvements eustatiques. Les séquences sédimentaires
montrent une très grande continuité latérale des faciès, avec généralement de faibles taux de
sédimentation. Ces conditions ont été plus ou moins reconnues à travers l’histoire géologique du
craton.
Il a une superficie d’environ 2M km2 et représente le plus vaste bassin sédimentaire d’âge
précambrien supérieur à paléozoïque de toute l’Afrique. Il s’étend largement au Mali, en Mauritanie
et déborde légèrement sur l’Algérie, le Burkina Faso, le Sénégal et la Sierra Leone. A première
41
approximation, ce bassin montre une structure relativement simple avec des terrains de plus en plus
jeunes de la périphérie vers le centre. Au nord et au sud, il repose en discordance fondamentale sur
les dorsales Réguibat et Léo. A l’ouest, il est bordé par la chaîne des Mauritanides au voisinage de
laquelle il s’éclipse et se fracture suivant une bande étroite. Au sud-ouest, sa partie supérieure
recouvre en discordance la chaîne des Rokelides. A l’est, sa partie supérieure se plisse au sud des
Pharusides et du Gourma. C’est un bassin très étendu mais peu épais.
42
Fig. 31 – Stratigraphie de la partie SW du bassin de Taoudéni au Mali
43
Fig. 32 – Stratigraphie de la partie Nord du bassin de Taoudéni (Adrar et Hank-Fersiga)
Dans le secteur d’Atar, au sommet de la tillite s.s, des argilites feuilletées siliceuses marines
vertes ont donné un âge Rb/Sr sur les minéraux argileux de 595±43 Ma. Des grès et des argilites
feuilletées rouges, indicateur d’une sédimentation de type rouge, se sont déposés au-dessus. Ensuite,
il a y eu dépôt de grès fluviatiles suivis de grès marins peu profonds avec des skolithos. Ils
renferment des faunes de brachiopodes indiquant grossièrement un âge cambrien à ordovicien.
Les dépôts glaciogéniques sont sableux (100 à 200m d’épaisseur), le plus souvent glaciaires ou
périglaciaires. Les sédiments sont transportés du Sud vers le Nord ou du SE vers le NW. Les roches
44
siluriennes sont bien représentées dans le Nord et l’Ouest du bassin. Dans l’Adrar de Mauritanie, une
faune de graptolites a permis la reconnaissance de toutes les étapes du silurien. La transgression,
représentée par une phase glacio-eustatique due à la fusion de la lame de glacier ordovicien, a débuté
avec le dépôt d’argilites feuilletées en contact net au-dessus des sédiments glaciaires ordoviciens. Le
reste de la succession faite essentiellement d’argilites feuilletées et de grès phosphatiques et
ferrugineux s’est terminée par des argilites feuilletées sableuses.
45
La couverture permienne à mi-éocène est plissée et faillée. Les pendages des couches sont
généralement faibles, moins de 20°, sauf à proximité des affleurements du socle ou des grands
linéaments où elles plongent de façon abrupte. Dans ces zones, les couches sont renversées et les
fractures inverses. Près de la frontière Algérie – Mali, les sédiments sont plissés avec des axes de plis
N20° à N60° de direction E. Toutes ces structures sont le résultat d’un événement tectonique
compressif post éocène moyen. Une analyse microstructurale a montré que la direction du
raccourcissement est orientée N145° E.
3 – Le bassin de Tindouf
3.1 - Généralités
Le bassin de Tindouf s'allonge W-E entre la dorsale Réguibat au Sud et les chaînes atlasiques au
Nord. Sa partie occidentale constitue le Zemmour noir qui est inclus dans les plis de direction
subméridienne appartenant à la partie nord des Mauritanides. C’est un bassin qui a débuté à
l'Ordovicien terminal dans la région du Khreiz Lemgassem lors d’une transgression qui vers l'Est par
celle du Silurien entre le Khreiz Lemgassem et l'Eglab Lunquel. La stratigraphie de deux régions
(Khreiz Lemgassem et l'Eglab Lunquel) sera présentée ci-dessous.
46
En conséquence, les grès du Khreiz Lemgassem peuvent être rapportés, avec une bonne
probabilité, aux grès sommitaux de la série de Garat el Hamoueid, c'est à dire datés de l'Asghill
supérieur. Leur faciès semble correspondre à la fin de la transgression glacio-eustatique consécutive
à la fonte de la calotte glaciaire qui recouvrait le Sahara alors situé au voisinage du pôle sud. En
l'absence de dépôts siluriens, il n'est pas possible de se prononcer sur la signification précise des
faciès gréseux qui dans le Zemmour présentent des stratifications entrecroisées attribuables à une
faible épaisseur de la tranche d'eau et pouvant indiquer un faciès de comblement.
47
précipitation de la dolomie et des gypses. Ce niveau est également décrit dans le Zemmour noir
(Sougy, 1975) où il est rangé à la base du Wenlock. La séquence des calcaires au ton bleu noir du
sommet de la butte est riche en Orthocères et livré des fragments de Cardiola interrupta ainsi que des
graptolites pétaloïdes. La faune semble bien correspondre à celle décrite dans le Zemmour noir. Par
analogie, ce niveau calcaire, dont le développement vers le haut n'est pas connu, peut se ranger dans
le Wenlock ou le Ludlow inférieur. Le faciès est toujours carboné. Après l'épisode évaporitique,
l'environnement était redevenu anoxique, bien que la sédimentation était carbonatée.
En conclusion l'ensemble des formations de cette bute de l'Eglab Lunquel appartient au Silurien
qui est transgressif sur le socle granitique. Reste à savoir si la base immédiate du Silurien est
représentée.
48
4.1 – La mégaséquence inférieure de Bombouaka
Epaisse d’environ 1000m, elle montre des caractéristiques détritiques épicontinentales. Elle est
composée de trois groupes discordants :
- le groupe inférieur de Dapaong ;
- le groupe moyen de la Fosse aux Lions ;
- le groupe supérieur de Yembouré.
Les groupes inférieur et supérieur sont constitués de grès à grains fins à grossiers, le groupe
moyen est fait d’argilites et de siltites avec de minces lits sableux ou calcareux. Les illites des
argilites de ce groupe ont donné un âge isochrone Rb-Sr de 993±65 Ma. Dans l’ensemble, la
mégaséquence de Bombouaka est comparable à la partie inférieure de la mégaséquence 1 du bassin
de Taoudeni.
49
Tableau 2 – Corrélations lithostratigraphiques bassin des Volta – U.S. Buem – U.S. Atacora
monogéniques Kwahu
Quartzites de l’Atacora
et rarement de Sandstones
métavolcanites. Shales et Formation
Siltstones de Natala
Grès-quartzites finement Inconnu Formation
lités à horizons de shales et de Dapaong
de conglomérats
Faciès variés de micaschistes, de quartzites, de Socle éburnéen de
paragneiss, d’orthogneiss, d’amphibolites, de la dorsale
Substratum de
Kenema – Man
l’Atacora
5 – Le bassin du Gourma
50
La région du Gourma est localisée au SW du bassin de Taoudeni et à l’ouest de la chaîne des
Iforas. Elle comprend deux unités structurales : une autochtone et une allochtone charriée sur la
première. Son épaisseur est estimée à 800m environ.
5.1.1 – Séquence 1
L’unité de base consiste en une mince pellicule de grès quartzeux, affleurant le long de la limite
de la dorsale Man – Léo. Ce sont les grès de Firgoun et de grès de Gassa, parfois recouverts d’une
mince unité de carbonates.
51
L’unité supérieure représente le remplissage du fossé du Gourma. Vers le centre du bassin où le
substratum est inconnu, la formation I se compose d’argilites feuilletées, de grès grossiers et de
conglomérats. Dans la partie orientale allochtone, la formation II est essentiellement composée
d’argilites feuilletées rouge turbiditiques et de siltites. La formation III riche en carbonates, montre
une évolution de faciès de plateforme de calcaires turbiditiques dans le NE aux dolomies
transgressives correspondant à un environnement tidal plat dans lequel les caractéristiques
diagénétiques témoignent d’une émersion répétée. Plus haut, une sédimentation marine s’étend
largement sur tout le bassin du Gourma, avec des carbonates de la formation de Massi, des grès de la
formation de Hombori et des argilites feuilletées de la formation d’Oualo. La présence dans la
formation de Sarnyéré, d’algues calcaires d’affinités incertaines suggère un âge vendien terminal à
cambrien précoce. Cet âge pourrait indiquer que la sédimentation dans le bassin et le plissement qui
a affecté les sédiments pourraient être panafricains tardifs.
5.1.2 – Séquence 2
La discontinuité post panafricaine a séparé dans le Gourma, les sédiments intensément plissés de
l’unité supérieure du groupe de Bandiagara légèrement plissé. Le groupe de Bandiagara représente la
séquence 2. il est composé d’épais grès grossiers fluviatiles, avec des skolithos dans la partie
supérieure. La direction des paléocourants indique une pente définie vers le NE. Le caractère
fluviatile, l’absence de traits glaciaires et les directions S - N des courants convergeant vers une
dépression empêche une schématisation d’une corrélation précise avec les formations proches (les
tillites s.s.). La partie NE des grès de Bandiagara est légèrement plissée par le panafricain tardif.
5.2 - Structure
Les relations entre le bassin du Gourma et l’orogenèse sont diversement interprétés. Deux
hypothèses géodynamiques peuvent être développées pour expliquer le développement du bassin du
Gourma. La première considère le Gourma comme un aulacogène, lié à un bras avorté d’une triple
jonction, en relation avec le rifting du domaine panafricain environ 800 à 870 Ma. La seconde
hypothèse présente le Gourma comme un bassin d’avant-pays développé durant la collision
panafricaine autour de 620-580 Ma.
52
Les chaînes des Bassarides et des Rokelides
1 – Introduction
Le terme panafricain s’applique à l’événement orogénique ou thermotectonique majeur qui a
affecté la plupart des roches à l’extérieur des cratons entre environ 650 et 450 Ma. Il concerne la
dernière réactivation majeure du socle et correspond à l’étape finale de la formation du bouclier
africain. Après ceci, les ceintures mobiles ou jeunes orogènes sont devenues tectoniquement stables
comme les cratons eux-mêmes. Les exceptions sont les parties septentrionales des Mauritanides et des
Atlasides et à l’extrême sud, les ceintures plissées des Capides. Plu tard, la seule déformation à
affecter le continent africain est une fracturation et un léger plissement.
2 – Les Bassarides
Dans la partie SE du Sénégal et en Guinée, les Bassarides se décomposent en deux branches
plissées et métamorphisées : - la branche NNE-SSW des Bassaris à l’Est, et la branche NE-SW de
Koulountou à l’Ouest (Fig. 34a et b). Ces deux branches sont formées de deux séries d’unités : unités
métamorphiques inférieures (roches volcano-clastiques et magmatiques) et les unités sédimentaires
supérieures ayant rempli le bassin de Youkounkoun.
53
2.2 – Les unités sédimentaires supérieures
Elles sont composées de shales verts avec des intercalations de siltites, de grès et de calcaires,
recouverts par des grès et conglomérats rougeâtres discordants. A l’Est de la branche des Bassaris, les
shales verts ont rempli les fossés de Faleme et de Komba, formant le groupe de Mali comprenant un
dépôt glaciaire à la base. Au dessus, viennent les grès rougeâtres et les conglomérats du groupe de
Youkounkoun (Fig. 34a et b).
Fig. 34a – Unités tectoniques dans les orogènes le long de la marge occidentale du craton ouest
Les shales verts du groupe de Mali, non déformés dans les fossés de Faleme et de Komba vers
l’Est, deviennent plissés à l’approche de la branche des Bassaris et dans le bassin de Youkounkoun.
Les grès et conglomérats subhorizontaux de Youkounkoun reposent en discordance angulaire de
ravinement sur les shales verts du groupe de Mali. Ces deux groupes sont légèrement plissés dans
l’extension occidentale du bassin de Youkounkoun ensemble avec les dépôts cambro-ordovicien à
dévonien de la partie NW du bassin de Bové à l’approche de la chaîne hercynienne du groupe de
Simenti.
54
3 – Les Rokelides (Fig. 35)
Les Rokelides, orientées NNE-SSW, affleurent faiblement le long du littoral de l’Afrique de
l’Ouest, dans le Sud de la Guinée (bassin de Bové), en Sierra Leone et au Libéria. Des unités
métamorphiques inférieures et des unités sédimentaires supérieures y ont été décrites.
55
3.1 – Les unités métamorphiques inférieures
Elles correspondent à l’ensemble de roches granitiques et de roches supracrustales réactivées
d’âge archéen à paléo protérozoïque. Ce sont : l’assemblage de Kenema comprenant les groupes de
Kasila et de Marampa en Sierra Leone, les groupes de Forecariah et d’Ouankifondi en Guinée. Ces
unités inférieures métamorphiques forment les nappes externes de la chaîne des Rokelides charriée
vers l’Est sur le bassin de Rokel River. Elles disparaissent vers le Nord sous le bassin paléozoïque de
Bové. Les corrélations avec les unités métamorphiques des Bassarides sont difficiles. Cependant, dans
la fenêtre de Kembera, une écaille mylonitique avec des quartzites déformés attribuée au aux unités
métamorphiques inférieures a été charriée sur le groupe du Mali.
Fig. 35 – Séquence stratigraphique schématique des Bassarides et du bassin de Bové (Sénégal oriental
et Guinée)
56
de Rokel River qui est une extension méridionale des dépressions de Falémé et de Komba, et par
conséquent, ils peuvent considérés comme équivalent de la partie Nord du groupe de Mali. Ils ne sont
métamorphisés, mais sont progressivement déformés vers l’Ouest. Des conglomérats, des siltites
laminées et des grès fins à galets isolés et des grès feldspathiques granoclassés occupent la partie
basale des groupes de Rokel River et de Kolenté. Ces strates ont été interprétées comme des dépôts
marins d’origines glaciaires, équivalentes à la séquence septentrionale de Walidiala mais sans coiffe
calcaire. Dans la partie supérieure du groupe de Rokel River, les roches volcaniques constituent la
formation de Kasewe Hills. Ces roches volcaniques sont également connues aussi dans le Sud de la
Guinée et sont corrélées avec l’intrusion de Koubia dans les Bassaris. Le groupe de Taban composé de
grès feldspathiques entrecroisés de couleur rouge est considéré soit comme des dépôts molassiques du
Panafricain I, équivalent du groupe de Wassangara du Mali occidental, ou soit comme des dépôts
fluvio-glaciaires de la base la partie inférieure du groupe de Rokel River.
4 – L’évolution géodynamique
Les grands épisodes géodynamiques qui se sont produits sur la marge occidentale peuvent être
résumés comme suit :
- Ouverture d’un rift avant 800 Ma dans le secteur des Bassarides et probablement d’un petit
océan plus au Nord dans la zone des Mauritanides, et dépôt des unités volcano-clastiques (groupes
de Guingan et de Termesse).
- Plongement vers l’Ouest au-dessous du bouclier Sud américain guyanais avec production d’un
magmatisme calco-alcalin (680-660Ma) sur le bloc continental occidental (Groupe de Niokolo-
Koba).
- Collision entre le craton ouest africain et le bloc continental à environ 660 Ma (Panafricain I) et
ultérieurement dépôt de sédiments molassiques et glaciaires dont les vestiges sont aujourd’hui
représentés par le Groupe de Wassangara dans le mali occidental et du Groupe de Taban en
Guinée.
- Fissuration intracontinentale et dépôt de sédiments glaciaires de type flysch avec localement la
triade correspondant au Groupe de Mali dans les dépressions de Faleme et de Komba, au Groupe
de Kolenté du Sud Guinée, et du Groupe de Rokel River en Sierra Leone.
- Evénement tectonique produisant une suture particulière due à la fermeture du graben
intracontinental sur la marge SW du craton ouest africain autour de 550-560 Ma (Panafricain II).
Cet événement tectonique est suivi de dépôt de sédiments molassiques rougeâtres aujourd’hui
préservés dans le bassin de Youkounkoun dans l’Est du Sénégal, lesquels pourraient corrélés avec
les grès rougeâtres marins à lagunaires du Groupe Atar Cliff et les équivalents sur le craton. Toute
la zone a été ensuite recouverte par des sédiments épicontinentaux paléozoïques formant dans le
bassin de Bové : le Groupe cambro-ordovicien de Pita (grès continentaux), le Groupe de Télimélé
(shales marins) d’âge silurien et le Groupe de Bafata dévonien (grès et shales marins).
57
Pour les Rokelides en Sierra Leone, selon Culver et al. (1991), il n’y aucune trace de suture et de
métamorphisme ou de déformation, donc il n’y a pas de Panafricain I. En outre, toutes les données
radiométriques disponibles indiquent un seul événement orogénique approximativement à 550 Ma
correspondant au Panafricain II.
Une autre question apparaît. Les Groupes de Mali et de Rokel River comprenant la triade étaient
plissés durant le Panafricain II. Les fossiles à coquille associés avec la triade du Groupe du Mali dans
le secteur de Walidiala indiquent un âge de début cambrien qui serait plus jeune que 540 Ma, l’âge
généralement accepté comme limite néo protérozoïque cambrien. Si la détermination de l’âge du
fossile est correcte, ceci suggérerait que les données radiométriques de 550-560 Ma ne reflètent le
dernier effet tectonothermal du Panafricain II.
Fig. 29 – Tentatives de corrélations entre les divers groupes les secteurs SW et SE du bassin de
Taoudéni à partir des chaînes panafricaines Rokelides – Bassarides et Hoggar
58
La chaîne panafricaine des Dahomeyides :
Evolution thermotectonique et relation avec le bassin de Volta
1 – Introduction
La chaîne des Dahomeyides est localisée le long de la marge SE du craton ouest africain et affleure
dans l’est du Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria et le Cameroun (Fig. 11 et 12). C’est une portion
d’une chaîne beaucoup plus étendue, parfois appelée la chaîne plissée transsaharienne, qui s’étend
depuis le Hoggar (Algérie) jusqu’aux Dahomeyides (Ghana, Togo, Bénin, Nigeria et Cameroun), à
travers les Adrar des Iforas et le Gourma (Mali). Il est possible qu’elle se poursuive vers le nord au sud
Maroc. Vers le sud, de l’autre côté de l’océan atlantique, elle peut être corrélée avec la séquence
panafricaine affleurant dans le NE du Brésil. Du Hoggar au golfe du Bénin, la chaîne transsaharienne
plissée est charriée sur le craton ouest africain. Les chaînes du Gourma et des Dahomeyides – Est sont
charriées sur une couverture cratonique représentée par les marges SE des bassins de Taoudéni et des
Volta. D’ouest en est, les séquences sédimentaires monoclinales du bassin des Volta sont
progressivement plissées et métamorphisées. Dans la partie la plus orientale, les unités renversées et
faillées constituent les unités structurales externes des Dahomeyides. Cette portion fournit
l’opportunité de relier la géochronologie et l’évolution géodynamique de l’orogenèse panafricaine
avec l’histoire de dépôt dans un bassin adjacent et partie synchrone.
Cette chaîne comprend deux différentes lithologies. A l’ouest, les unités structurales externes
constituées de roches métasédimentaires représentant les équivalents tectonisés et métamorphisés des
supergroupes de Bombouaka et de Pendjari. A l’est, les faciès dominants sont des schistes, des gneiss
et des granitoïdes pouvant répartis en trois catégories litho – tectoniques : - le secle polycyclique ; - les
équivalents métamorphiques du bassin des Volta (y compris les molasses) ; et les unités
métasédimentaires très fortement métamorphisées qui pourront représenter soit le socle ou soit du
matériel panafricain non identifiable.
2 – Lithologie
Les différents types de roches cartographiés dans les Dahomeyides sont des grès métamorphisés,
des schistes, des métasilexites, des métaconglomérats, des métatillites, des marbres ou roches
carbonatées métamorphisées, des roches ultramafiques, des métajaspillites, des métahématitites, des
quartzites, des schistes quartzeux, des micaschistes, des gneiss, des migmatites, des amphibolites, des
granites, des charnockites, des éclogites, des métabasaltes, des roches silicatées calcaires et des
pyroxénites. Ces différents termes lithologiques sont répartis en six zones ou formations (Fig. 36).
59
Fig. 36 – Carte géologique simplifiée et coupes synthétiques du bassin des Volta et la chaîne des
Dahomeyides
2.1 – Zone I
60
Elle borde le craton ouest africain et comprend essentiellement des grès, des schistes, de argilites,
des silexites, des roches ultramafiques, des quartzites, des schistes quartzites, des schistes quartzeux,
des micaschistes, des marbres, des métahématitites, des métajaspillites et des gneiss. A l’exception des
gneiss, ces roches constituent les unités structurales externes des Dahomeyides correspondant aux
unités structurales du Buem et de l’Atacora. Selon Affaton, les matériaux de ces unités sont
équivalents aux roches des supergroupes de Bombouaka et de la Pendjari. Les gneiss tels les
orthogneiss de Kara de 2000 Ma, représentent le socle du craton ouest africain remobilisé. Cette zone
est caractérisée par l’absence de granites et de migmatites panafricains.
2.2 – Zone II
C’est une zone étroite caractérisée par une anomalie gravimétrique positive élevée. Elle est
soulignée par des quartzites, des micaschistes, des gneiss, des amphibolites, des pyroxénites, des
roches ultramafiques, des éclogites, et des leuco gabbros noritiques. Les roches basiques et
ultrabasiques formant les complexes Dérouvarou, Kabyè, Djabatouré, Lato, Agou et Akusé sont
considérés comme représentant soit des diapirs mantelliques, soit des restes d’une ancienne croûte
paléo océanique avec des caractéristiques d’un complexe ophiolitique. La zone de suture panafricaine
sur la marge orientale du craton ouest africain est définie par les roches de cette zone.
2.4 – zone IV
Elle est matérialisée par la présence de plusieurs ceinture schisteuses orientées NNE – SSW
entourées d’un complexe gneisso – migmatitique. Ces deux ensembles (ceintures schisteuses et
complexe gneisso – migmatitique) sont intrudés de plutons granitiques et charnockitiques. Ces
ceintures schisteuses sont composées essentiellement de roches pélitiques à semi pélitiques, quartzites,
conglomérats polygéniques, de formations de fer rubanées, de marbres, de roches silicatées calcaires,
de métagrauwackes, d’amphibolites, d’unités métavolcanites ultramafiques et acides à intermédiaires.
Des associations lithologiques contrastées apparaissent dans les ceintures. Le complexe gneissique
comprend des gneiss quartzo – feldspathiques, et des migmatites, des gneiss granitisés, des schistes
61
mafiques et des amphibolites. Les âges des granites sont de deux types : la plupart sont associés au
protérozoïque terminal de l’orogenèse panafricaine avec des granites ante, syn., post-tectoniques. Un
second groupe moins bien connu est associé à l’orogenèse éburnéenne et est représenté par des
orthogneiss foliés. Les granites panafricains varient en composition des tonalites aux granites et
syénites. Le volume des granites panafricains augmente d’environ 20 % dans l’est.
La ceinture schisteuse d’Ife Ilesha affleure dans la partie centrale de la zone et comprend deux
unités lithologiques séparée par une zone de faille majeure : une occidentale essentiellement à roches
mafiques à ultramafiques et des métapélites ; et une orientale composée de quartzites, quartzoschistes
et métapélites. La distribution des roches de cette ceinture pourrait correspondre à la fermeture d’un
petit océan le long de la zone de subduction à pendage ouest.
2.5 – Zone V
Elle est caractérisée par deux traits principaux : - la prépondérance de roches granitiques
panafricaines (80%) du substratum affleurant) ; - et une absence totale de ceintures schisteuses. Des
charnockites, des gneiss et des migmatites aussi âge panafricain probable, complètent le reste des
affleurements. Des complexes de granites annulaires anorogéniques d’âge carbonifère – crétacé,
considérés comme des Younger granites du Nigeria se sont mise en place le long de la marge
occidentale de cette zone, essentiellement dans le plateau de Jos. Des complexes annulaires
magmatiques similaires, mais d’âge cénozoïque jalonnent la ligne volcanique du Cameroun. Des suites
plutoniques calco-alcalines comprenant des gabbros, des diorites à biotites des granodiorites et des
granites ont été observées à certains endroits de cette zone.
2.6 – Zone VI
Elle est lithologiquement similaire à la zone IV. Elle comprend trois assemblages :
un socle d’âge protérozoïque inférieur de migmatites, amphibolites, para et orthogneiss
réactivés au panafricain ;
des ceintures de schistes faites essentiellement de quartzites, micaschistes,
métaconglomérats, roches silicatées calciques, métagrauwackes avec intercalations de
métavolcanites d’affinité tholéiitique à alcaline ;
une suite granitique panafricaine d’affinité essentiellement calcoalcaline, des volumes
moins importants de plutons et dykes syn. A tardi et post tectoniques d’affinité subalcaline
à alcaline ont été localement également rencontrés.
3 – La structure
3.1 – La foliation
L’orogenèse de Dahomeyides est caractérisée par une zonation lithologique à grande échelle,
responsable des relations géométriques des différentes roches présentes dans la région. La foliation est
62
raide de direction N – S ou NE – SW. Dans certains secteurs, elle est E – W. Dans chaque unité
lithologique, une foliation principale se définit. Dans les schistes et les gneiss, il s’agit d’un
rubanement minéralogique (S1), généralement associé à des plis serrés isoclinaux. La direction de cette
foliation est souvent parallèle à la direction lithologique régionale. Ce trait correspond à la première
déformation tangentielle reconnaissable (D1) d’âge panafricain.
Durant une seconde déformation (D2), le rubanement est plissé avec production d’une schistosité de
plan axial bien développée dans les schistes et les gneiss. Cette schistosité (S2) est souvent parallèle à
S1.
Une troisième déformation (D3), reconnue dans l’Atacora et la ceinture d’Ife Ilesha a induit des plis
largement ouverts avec rare développement de clivage de fracture de plan axial. Dans l’unité
structurale de l’Atacora, les déformations D1, D2, et D3 sont en général coaxiales. Dans certaines des
ceintures, une quatrième phase de plissement D4 a été identifiée. Elle est représentée par des virgations
à grande échelle. Les axes moyens de celles-ci sont parallèles aux structures D1 – D3. Il n’est pas
possible de séparer sur le terrain, les éléments structuraux panafricains qui se sont développés
probablement durant l’orogenèse éburnéenne. Généralement, les anciennes foliations ou traces de
déformation sont oblitérées ou transposées durant la tectogenèse panafricaine.
3.2 – La linéation
La linéation est souvent définie par l’alignement des minéraux. Une foliation de direction N - S à
plongement faible et probablement perpendiculaire aux structures D3 a été observée dans toute la
chaîne. Une linéation de crénulation ou d’intersection est généralement bien développée durant la
déformation D2 ; elle est souvent subparallèle à la première génération de linéation.
4 – Le métamorphisme
63
Les assemblages minéraux décrits dans chacune des zones relatent l’histoire contrastée du
métamorphisme. Dans les unités externes (Zone I), il s’agit d’un métamorphisme de haute pression et
de faible température, marqué par une paragenèse à micas phengitiques, pumpellyite, chlorite,
piémontite et aragonite dans l’unité structurale du Buem, et un métamorphisme de moyenne ou haute
pression et moyenne température dans l’unité structurale de l’Atacora, caractérisé par la paragenèse à
actinote bleu verdâtre, zoïsite, biotite, ripidolite dans les roches basiques.
La zone II est caractérisée par l’assemblage chloritoïde, disthène, grenat, phengite, omphacite et
orthopyroxène dans les roches basiques du Mont Lato dans le sud Togo. Une telle association
correspond à une pression d’environ 16 kb et une température de 700°C, soit à un métamorphisme de
haute pression et moyenne température. Les quartzites renferment du disthène et du chloritoïde.
Dans la zone III, sont décrits de la biotite, du grenat et du disthène, minéraux de métamorphisme de
pression moyennement élevée et température moyenne. Les assemblages minéraux décrits dans
plusieurs endroits de la zone IV montrent une distribution bimodale du métamorphisme. Il s’agit d’une
part, de métamorphisme de MP - MT avec la paragenèse à chlorite, biotite, grenat almandin,
staurotide, et sillimanite et d’autre part, un métamorphisme de BP – MT avec cordiérite, sillimanite et
anthophyllite.
La zone V est marquée par un métamorphisme MP- HT avec la paragenèse à biotite, grenat,
disthène, sillimanite. Dans la zone VI, s’observe un métamorphisme bimodal : - un métamorphisme à
pression moyennement élevée et température moyenne définie par la présence de rutile, grenat,
disthène dans les roches pélitiques ; - un métamorphisme de pression moyenne à faible et température
élevée à cordiérite.
5 – Le degré métamorphique
Les paragenèses minérales décrites dans la chaîne indiquent un degré métamorphique variant du
faible faciès schistes verts ou zéolites au faciès granulites. L’unité structurale du Buem et certaines
parties de l’unité structurale de l’Atacora ont enregistré un métamorphisme anchizonal. L’unité
structurale de l’Atacora et la plupart des ceintures schisteuses du Nigeria et du Cameroun ont été
métamorphisée dans le faciès schiste vert ou faciès amphibolite. Les gneiss quartzo feldspathiques ne
montrent pas de minéraux index métamorphiques, ce qui rend difficile le degré métamorphique exact
possible. Les assemblages minéraux permettent de parler de faciès amphibolite. Le faciès granulite a
été défini dans les roches de la ceinture à Savalou dans la zone III et dans les zones IV et VI. Dans la
zone II, le métamorphisme a produit des roches du faciès éclogite, associé à la déformation D1. Les
assemblages minéraux sont des minéraux de rétromorphose dans le faciès amphibolite.
6 – Géochronologie
Les âges ont été obtenus à travers une variété de techniques impliquant les méthodes K – Ar et Rb
– Sr sur roche totale et minéraux, la méthode U – Pb sur zircon, sphène et monazite. La méthode Nd –
64
Sm a été utilisée pour étudier les éclogites de la zone II. Les données radiométriques sont rassemblées
dans le tableau V.
7- Evolution géodynamique
Le modèle de la tectonique des plaques a été utilisé pour expliquer l’évolution de la chaîne des
Dahomeyides. Cette dernière résulterait de la fermeture d’un océan type atlantique par collision
continent/continent entre le continent occidental «Birimia» et le continent oriental du Dahomey. La
zone de suture, représentée par les roches de la zone II, est située à l’est de l’unité structurale de
l’Atacora et non dans le Buem comme l’ont imaginé les premiers auteurs.
65
Les bassins sédimentaires côtiers de l’Afrique de l’Ouest
1 – Le bassin du Sénégal
C’est l’un des plus vastes bassins de la région. On y distingue deux parties :
- une partie orientale comportant une série stratigraphique réduite ; cette série est constituée
d’un crétacé supérieur continental de nature gréseuse et d’un éocène épicontinental ;
- une partie occidentale beaucoup plus épaisse ; le crétacé devient marin tout en gardant son
faciès détritique ; il repose sur le jurassique supérieur calcaire ; ce changement de régime se
produit à Thiès et Dakar ; on observe l’existence d’un fossé de subsidence affecté
d’accidents N-S ainsi que quelques ondulations.
1.1 - Le crétacé
La formation la plus ancienne observée se limite au jurassique supérieur. La stratigraphie
comprend les formations du crétacé et du tertiaire. Le crétacé comprend le Néocomien, l’Albien et le
Maastrichtien.
Le Néocomien est calcaire dolomitique passant à des argiles. Son épaisseur fait 300m dans la zone
de subsidence.
L’Albien et le Cénomanien inférieur atteignent 1500m dans cette zone de subsidence. Il s’agit
toujours de calcaire dolomitique et de grès. Le cénomanien supérieur est essentiellement argileux ou
argilo sableux. Il est daté par des foraminifères.
Le maastrichtien, argilo sableux, de 2000m d’épaisseur à Dakar fait 400m au Sud. C’est au
maastrichtien que la transgression marine est la plus importante, mais la fin du maastrichtien est
marquée par une période de régression marine.
1.2 – Le tertiaire (paléocène, éocène moyen, éocène supérieur, oligocène, miocène, pliocène)
La subsidence du crétacé se ralentit et dans certains cas s’arrête. La sédimentation argilo sableuse
est remplacée par des calcaires zoogènes parfois à faciès lumachelliques, parfois oolitiques. On voit
apparaître certains minéraux indicateurs comme la glauconie, les phosphates et l’attapulgite.
Le paléocène discordant sur le crétacé est constitue de faciès marneux qui vont jusqu’à l’éocène
inférieur. L’éocène moyen est constitué de marnes calcaires très riches en fossiles. Ces formations sont
datées par des nummulites. L’éocène supérieur est un faciès régressif dans le bassin. Il est constitué de
marnes de couleur beige riches en faunes. L’oligocène est constitué de faciès calcaires à foraminifères.
Le miocène est fait de calcaires siliceux, plus ou moins détritiques associés à des marnes et des argiles
sableuses. Le pliocène est caractérisé par des sables et des argiles continentaux de plusieurs couleurs.
66
Ces formations se terminent souvent par des cuirasses latéritiques. Le pliocène constitue avec la fin
du miocène ce que nous appelons le continental terminal.
1.3 – Remarque
On note un dualisme qui se présente comme suit :
- différence entre le l’Est du bassin formé de sédiments marins peu continental et l’Ouest du
bassin formé de formations subsidentes ; dans cette partie W du bassin, la structure est
déterminée par une série de failles N-S provoquant par moment la formation de dômes ;
- différence entre crétacé et tertiaire ; le crétacé domine dans la partie W par des formations
argilo sableuses à caractère subsident ; les sables proviennent généralement de l’érosion des
formations sableuses ou gréseuses du bassin de Taoudéni.
La deuxième partie de la formation tertiaire est caractérisée par la fin de la subsidence et la
formation de sédiments calcaires et calcaires argileux. La série stratigraphique se termine par les
formations argilo sableuses continentale mio-pliocène du continental terminal. A travers la
stratigraphie de ce bassin, nous voyons se former progressivement l’Océan Atlantique, une formation
qui s’est faite en trois étapes :
- étape 1 : observée essentiellement dans le Nord, cette étape date du Trias et du Lias ;
l’ouverture se fait sous forme d’un chenal qui atteint la région de la Tarfaya ;
- étape 2 : jurassique supérieur, la mer atteint les Antilles actuelles et le niveau du
Venezuela ; c’est à ce moment que le bassin sénégalais commence à fonctionner ;
- étape 3 : elle a débuté à la fin du crétacé inférieur et s’est poursuivie au tertiaire et au
quaternaire ; c’est l’ouverture du chenal actuel qu’atteint le Golfe de Guinée et s’est
propagée jusqu’aux côtes de l’Afrique du Sud.
Stratigraphie
Les principaux niveaux rencontrés sont : jurassique supérieur, crétacé, albien, cénomanien,
turonien, sénonien, paléocène, éocène, miocène et pliocène. On a des formations continentales rouges
67
comportant des conglomérats, sables, argiles et quelques intercalations d’argiles noires. La série a une
épaisseur de 2000m à l’Est et 500m à l’Ouest. Elle s’est formée dans une sorte de graben qui séparait à
l’époque l’Afrique de l’Amérique du Sud. Les formations purement marines ont débuté après. Elles
sont très épaisses (2600m) comprenant des argiles feuilletées de couleur noire avec des intercalations
de grès et des conglomérats au-dessus. L’albien est plus ou moins continu depuis le Sénégal jusqu’au
Gabon. C’est un signe supplémentaire de l’existence d’un chenal séparant l’Afrique de l’Amérique du
Sud.
Le cénomanien : 600-500m de grès grossiers associés à des conglomérats et calcaires
dolomitiques. Le cénomanien, ainsi que l’ensemble des formations inférieures n’ont pas été observées
au Nord de la faille des Lagunes.
Le turonien-sénonien : discordant sur le cénomanien et observé au Nord de la faille des Lagunes.
Il s’agit d’un crétacé supérieur de faible puissance constitué surtout du sable : sable bitumineux de la
région d’Ebointa. Au Sud nous avons des formations détritiques associés à des calcaires zoogènes et à
des dépôts argileux. Les épaisseurs sont beaucoup plus importantes dans cette partie. La fin du crétacé
est caractérisée par une période de régression. La stratigraphie se termine par le tertiaire est le
quaternaire. Tout comme au Sénégal, la subsidence observée va cesser, l’épaisseur des couches va
diminuer au maximum (500m). Les transgressions seront limitées, sauf la transgression du paléocène
qui occupe la totalité du bassin.
Le paléocène constitué d’argiles et de glauconies riches en microfaune. Son épaisseur est de
500m. L’éocène est décrit seulement dans la partie W du bassin. Il est sableux et calcaire. L’éocène
supérieur et l’oligocène n’ont pas été observés. Il semble que cette période correspond à une période
de soulèvement et d’érosion.
Nous retrouvons le miocène discordant sur les formations antérieures et repose directement sur le
crétacé. C’est un faciès essentiellement marneux à microfaune aussi bien sur la partie Nord que Sud.
Le pliocène, d’origine continentale avec du sable, de l’argile et grès ferrugineux est discordant sur
l’ensemble des autres formations inférieures. Le pliocène n’est connu que dans la partie Nord du
bassin. Il constitue comme au Sénégal, le continental terminal. Il est recouvert par les sables et argiles
quaternaires.
68
Stratigraphie
le Maastrichtien : il s’agit de sables azoïques (95m environ) suivis d’argiles grises à
niveaux charbonneux (75m environ) et surmonté par une alternance de marnes sableuses
et calcaires. L’épaisseur diminue du Sud vers le Nord. Les sables du Maastrichtien se
prolonge dans la région de Lagos où il constitue le basal sandstone ou shale d’Abéokouta.
Les niveaux charbonneux peu épais au Togo et Bénin ont atteint des épaisseurs
exploitables au Nigeria ;
le paléocène : il s’agit d’argiles et de marnes auxquelles font suite des calcaires gréseux,
zoogènes à faciès lumachellique datés par Togocyanus sefreedi. Au toit des calcaires, on a
un lit glauconieux daté par un foraminifère. Ces calcaires constituent un niveau repère
dans le bassin. Faisant suite à ces calcaires, la fin du paléocène se caractérise par des
marnes feuilletées contenant des argiles (attapulgite et montmorillonite) ;
l’éocène : il est caractérisé par la poursuite des marnes à attapulgite. Quelques niveaux de
gypse et quelques nodules de phosphates y ont été décrits. A l’éocène moyen (lutétien), on
observe la fin de la sédimentation argilo marneuse à attapulgite, une augmentation des
niveaux calcaires et localement de niveaux phosphatés. Au Togo, ces phosphates ont
atteint à Hahotoé et Kpogamé, des épaisseurs exploitables. Au Bénin, les épaisseurs
atteintes n’ont pas permis l’exploitation
le quaternaire : la fin du tertiaire est énigmatique. On n’a pas trouvé, ni l’oligocène, ni le
miocène bien datés. Les seules formations de la fin du tertiaire sont le continental terminal
attribué globalement au moi pliocène – quaternaire. Il s’agit de shales et d’argiles
verticolores passant à des formations grossières comportant des galets, le tout peut être
cimenté et latéritisé. Le continental est comme dans tous les bassins, discordant sur les
formations antérieures. C’est un bassin à pendage faible. Slansky a souligné l’existence de
deux failles obliques dont le rejet est faible, une centaine de mètres. Il n’y pas de trace de
la faille des lagunes au sens ivoirien.
69
Géologie du Togo
1 – Introduction
En se basant sur l’événement panafricain, les formations géologiques peuvent être réparties en
deux zones : - une zone stable ayant « échappé » à la tectonique et au métamorphisme panafricain ; - et
une zone mobile regroupant les ensembles lithostructuraux de la chaîne des Dahomeyides édifiée par
cet événement (Fig. 37).
2 – La zone stable
Elle correspond à la région de Mango – Dapaong et comprend le socle birimien et sa couverture
sédimentaire, le bassin des Volta.
70
constituées respectivement de siltites – argilites ; microconglomérat – alternances siltites –
argilites – grains fins massifs – psammites ; c’est un groupe dans l’ensemble
1°E argileux ;
11°N
BURKINA FASO
LEGENDE
0 20 40 60 Km
CHAINE DES DAHOMEYIDES Mango
Unité structurale du Buem
10°N
Zone de transition (ex. Buem) : Shales, grès-quartzites
BENIN
Zone des collines frontales : schistes de Kantè, jaspes,
grès-quartzites
Kara
Atacora (Monts Togo) : micaschistes – quartzites
Bassar
11 9°N
Complexe de l'axe Kabyè – Sotouboua – Agou
REPUBLIQUE DU
Roches basiques et orthogneisso-amphibolique Sokodé
3 Série gneissique
Pagala 8°N
6
A
4 Série migmatitique
H
5 Domaine plutono-métamorphique
Paragneiss d'Agbéninou 4
G
Métadiorites Atakpamé
2
5
BASSIN DES VOLTA 3
7°N
Supergroupe infratillitique – grès
Roches plutono-métamorphiques
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Fig. 37 - Les grands ensembles géologiques du Togo (d'après Sylvain et al, 1986) légèrement modifiée
le groupe du Mont Panabako, supérieur, formant les falaises de Bombouaka, regroupe les
formations de Bogou et de Yembouré ; ils sont constitués de grès feldspathiques à
stratifications obliques.
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des mixtites à intercalations de grès ;
des hématitites litées et parfois microconglomératiques ;
- le groupe de la Katcha (200 m) au sommet, fait de shales plus ou moins silteux, de grès fins,
de calcaires et de silexites.
Les faciès d’hématitites correspondent aux indices de fer connus dans la région de Bassar. Deux
phases de plissement y sont définies.
4 – La zone de suture
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Elle définit un alignement de massifs basiques à ultrabasiques des monts Kabyé, Djabatouré,
Djéti, Ahito et Agou. Ces massifs sont formés d’orthogneiss à amphibole, pyroxène et grenat,
d’orthoamphibolites, de métagabbros et métadiorites, d’amphibolo-pyroxénites à grenat et
pyroxénites, d’éclogites, de serpentinites et de talcschistes, ces dernières étant rencontrées au contact
de ces complexes ou aux semelles d’écailles. Le métamorphisme est de haut degré catazonal, ce qui
leur confère la dénomination de granulites.
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