Cours 6.Complétive
Cours 6.Complétive
Cours 6.Complétive
Cours 6 :
La subordonnée complétive
C O R P U S:
Série I:
1.Il a affirmé que les copies ont été corrigées.
2.Elle doute que son fils puisse garder ce secret.
3.“La nature ne m'avertit d'aucune manière que la vie d'un homme ait quelque prix”
(A. France).
4.Il a supplié son ami qu'il vienne dès que possible.
5.Rien ne prouve à son ami que son départ ait lieu.
6.Il lui a suggéré qu'il fasse la cuisine.
7.“Je dis de Jean que je l'ai vu” Gross, verbe, p.90.
8.Il exige de son ami que la réponse soit très brève.
Série II:
9.Il songe à ce qu'il devrait rejoindre son ami.
10.Il est chargé de veiller à ce que les consignes soient fidèlement respectées.
11.Il a accordé le plus grand intérêt à ce que le départ soit reporté.
12.Il a dû consacrer toute sa vie à ce que ce grand projet aboutisse.
13.Cette erreur équivaut pour lui à ce que ses calculs soient totalement repris.
Série III:
14.La crise provient de ce que les responsables n'ont pas su gérer l'économie du pays.
15.Elle doute de ce que son fils puisse le faire.
16.Le patron a averti cet ouvrier nouvellement recruté de ce que toute absence
injustifiée sera sévèrement sanctionnée.
17.La police soupçonne cet homme de ce qu'il soit un espion.
18.Il se plaint à tout le monde de ce que ses enfants ne le respectent pas.
QUESTIONS:
1° Dégagez les propositions subordonnées complétives contenues dans ce corpus et,
ensuite, déterminez les différences entre les subordonnants qui les introduisent.
2° Indiquez les contextes où ces propositions subordonnées peuvent être remplacées
par des verbes infinitifs.
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1 L’autre locution pouvant introduire une complétive est “sur ce que” (“Il compte sur ce que son frère l’aide à
mener à terme ce projet”); mais elle est d’un emploi très limitée.
Quant à la locution “en ce que” qui a une forte valeur causale, elle introduit une circonstancielle comme
dans la phrase : “Les sciences sont très utiles, en ce qu’elles guérissent les peuples des maladies et des préjugés
destructifs”. Dans cet exemple, le verbe de la principale, “être”, étant un verbe intransitif, “en ce que” introduit
une subordonnée circonstancielle (de cause).
2 Ces deux locutions conjonctives, les plus fréquentes pour introduire des complétives après un verbe, introduisent
également des propositions subordonnées circonstancielles, comme dans l’exemple “Il s’est aperçu de sa présence
à ce qu’elle a toussé”. En effet, dans cet exemple, la proposition subordonnée qui est introduite par la locution
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conjonctive “à ce que” n’est pas un complément d’objet parce que le verbe transitif apercevoir est accompagné de
son complément d’objet, “sa présence”. Elle est une subordonnée circonstancielle.
3 Il s’agit également de quelques verbes intransitifs pouvant se construire avec “que”: exemples 2, 3 et 4.
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conjonction de subordination “que”4. Par exemple, les verbes “douter (de)” et “avertir
(de)” sont transitifs indirects; ils s’emploient ainsi avec la locution “de ce que” comme
dans les exemples 15 et 16; cependant ces verbes peuvent également s’employer avec
la conjonction “que” comme dans les exemples 2 et 3. De même le verbe “supplier”,
qui est un verbe dit “doublement transitif”, a comme 2 complément d’objet un
syntagme prépositionnel: l’infinitif est intégré par la préposition “de” et la
complétive, par la locution “de ce que”; mais dans l’exemple 4 (la série I), ce verbe
est suivi d’une complétive introduite par la conjonction de subordination “que”. Il en
est ainsi des verbes transitifs indirects des exemples 9 (de la série II), 15, 16, 17 et
18 (de la série III) : ils peuvent également s’employer dans la langue avec une
complétive introduite par la conjonction “que” sans qu’il y ait changement de sens.
Ce qui vient d’être dit peut être résumé et redit en des termes légèrement
différents. Les verbes transitifs directs construisent leurs complétives avec la
conjonction “que”, sans le recours à une préposition ; le pronom personnel qui
pourrait alors représenter la complétive est, comme dans le cas de l’infinitif ou
du nom complément d’objet direct, le morphème personnel préverbal “le” :
comme dans les exemples 1, 5, 6, 7, 8 et 9.
Autres exemples de verbes transitifs directs qui reçoivent la complétive :
admettre, attendre, concevoir, vouloir, désirer, savoir, croire, espérer, souhaiter, penser,
constater, sentir, apprendre, annoncer, comprendre, oublier, aimer, avouer, certifier,
déclarer, entendre, estimer, expliquer, ignorer, nier, prétendre, proclamer, reconnaître
(=aveu), remarquer, soutenir, supposer, regretter, craindre, etc. 5
En revanche, les verbes transitifs indirects construisent leurs complétives avec
une locution conjonctive, donc par le recours à la préposition : comme dans les
exemples 106, 11, 12 et 13 (de la série II) et dans les exemples 14 et 18 (de la série
III).
4 En fait, la complétive était introduite dans tous les cas par la conjonction que ; mais aujourd’hui, l’usage tend à
remplacer cette conjonction par une locution conjonctive dans le cas des verbes transitifs indirects, c’est-à-dire
dans le cas des verbes qui se construisent régulièrement avec une préposition.
5 Ces verbes reçoivent directement le nom ou l’infinitif complément d’objet (qui est donc un C.O.D) ; mais une
partie de ces verbes construisent l’infinitif avec une préposition : par exemple, “craindre”= il craint cet homme ou
cette chose ; il craint de ne pas voir son ami.
6 “veiller sur qqn. ou qqch.” : s’occuper de sa protection ; ce verbe n’a pas de complétive.
“veiller à” + nom d’action ou nom abstrait : s’occuper de son exécution, de sa bonne marche ; ce verbe
construit sa subordonnée complétive avec la locution “à ce que”, comme dans l’exemple 10. Mais il ne se construit
plus avec la conjonction de subordination “que”, contrairement à la langue classique, comme dans l’exemple cité
par Grevisse, Le Bon Usage, p.1254, §2516 : “Vous veillerez qu’elle se couche sans dessert ce soir”
(Lichtenberger)
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7 Remarque : pour certains de ces verbes, le choix entre les deux régimes (direct = sans préposition, ou indirect =
“de” ou “à”) implique un choix entre deux sens différents : “je tiens à ce que vous fassiez cela ; je tiens que cette
idée est fausse”
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8 Le verbe “provenir” (employé dans l’exemple 14) ne se construit pas avec un infinitif : la réduction de la
complétive n’est pas possible.
Il importe de remarquer également que ce verbe, qui n’admet pas comme sujet un “être pensant”, est
considéré par les grammairiens comme un verbe intransitif et son complément introduit par la préposition “de”
comme un complément circonstanciel, c’est-à-dire comme un élément non nécessaire grammaticalement à
l’expression du verbe. Toutefois, un tel verbe (comme “résulter, procéder”) ne peut s’employer seul (à la différence
de “venir”).
9 Le verbe “savoir” dénote des sens différents et a, en raison de cette différence, des comportements syntaxiques
différents : par exemple,
a-“il sait chanter”,
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10 Le complément du verbe de la principale peut être un complément d’objet (exemple 16), un complément d’agent
(“il a été décidé par cet homme que...”) ou un complément circonstanciel (“il regrette pour son ami que ...; il a su
par son ami que ...”). D’autre part, quand ce complément est un complément prépositionnel, les prépositions qui
lui sont affectées peuvent être également, quoique rarement, différentes de “de, à”: par exemple, “pour, par” dans
la série IV.
11 Le verbe “équivaloir” (exemple13) ne se construit pas régulièrement avec un infinitif. Gross, Grammaire
transformationnelle du français: syntaxe du verbe (p.92 et p.94), plus tolérant que les grammairiens normatifs,
accepte l’emploi de ce verbe (et du verbe “veiller”) avec l’infinitif.
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D’autre part, ce verbe construit le 2 terme de l’équivalence avec “à”. Mais par analogie avec “valoir”, il
se rencontre parfois construit, quoiqu’en rupture avec l’usage régulier, directement avec son complément: “Une
simple mention de lui équivaut son pesant d’or” (Criticus) cité par Grevisse, Ibidem., p.678, §1358.
12 Quand les verbes de perception (apercevoir, contempler, écouter, entendre, ouïr, regarder, sentir, voir, etc.) sont
construits avec un complément d’objet et un infinitif, il ne s’agit pas de la réduction d’une complétive mais de
celle d’une relative attributive. Exemple : la phrase “je vois les oiseaux venir” n’est pas la réduction de la phrase
“je vois que les oiseaux viennent” ni non plus de la phrase incorrecte “je vois les oiseaux qu’ils viennent” (où
oiseaux = ils) mais de la phrase contenant une relative attributive : “je vois les oiseaux qui viennent” ou “je les
vois qui viennent”.
13 Dans le cas des autres supports, l’emploi des modes dans la complétive est également lié au sens de ces supports.
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15 Il s’agit en fait des verbes qui sont à la fois des verbes de volonté et des verbes déclaratifs: je lui dis ou fais
savoir qu’il viendra ou qu’il vienne selon le sens du verbe de la principale.
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La complétive (suite)
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Série I:
1. Cet homme est surpris que le train soit à l'heure.
2.Cette femme est digne qu'on la respecte.
3.Certain que ses amis viendront le voir, il a préparé du thé.
4.Il est sûr qu'une autre méthode lui permettrait de réussir.
5.Il est attentif à ce que vous mangiez.
6.Il est étonnant qu'on ait accepté de le recevoir.
7.Il parait évident que le départ sera reporté.
8.Il semble préférable pour vous que le départ soit reporté.
9.“On n'est jamais sûr que ce ne soit pas la Gestapo qui vienne ouvrir” (R.Vailland)
Série II:
10.Il a fait part à ses amis de sa crainte que ses démarches ne puissent aboutir.
11.La crainte que ses amis l'abandonnent ne l'a pas quitté tout le long du trajet.
12.L'annonce que les prix connaîtront prochainement une nouvelle
majoration/hausse inquiète tout le monde.
13.Le bruit se répandit très vite, que les prix connaîtront une nouvelle majoration.
14.Cela est lié au fait que la situation économique est désastreuse.
Série III:
15.Peut-être qu'il pourra le faire.
16.Assurément qu'il reviendra.
17.“Non pas qu'il ne fût jamais semblable à lui-même, mais il ne donnait pas
l'impression, (...), d'être une simple gargouille de l'humanité” (J. Giraudoux).
QUESTION:
Dégagez les propositions subordonnées complétives contenues dans ce corpus;
ensuite déterminez la nature morphologique de leurs supports.
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17 Le complément déterminatif d’un adjectif peut être un constituant simple: un nom (oublieux de sa promesse,
incapable de cela), un pronom (digne de vous, fier de lui), un infinitif (apte à nager, capable de soulever ce poids),
un adverbe (heureux à jamais).
18 Le complément déterminatif du nom peut être également un nom, un pronom, un infinitif ou un adverbe. La
préposition qui l’introduit et qui sert de spécificateur du rapport établi entre les deux termes, est fréquemment
“de”, mais elle peut être également “à” (un moulin à vent), “en” (une montre en or), “contre” (un canon contre
avions), “par” (la traction par l’électricité), “pour” (un mot pour rire), “sans” (une monnaie sans valeur), “autour”,
“envers”, etc.
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19 D’autres exemples de cette subordonnée circonstancielle sont donnés dans l’exercice n° 25.
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b- la complétive attribut:
La complétive attribut est introduite par la conjonction de subordination “que”;
mais elle peut être également intégrée par les conjonctions temporelles “lorsque” et
“quand” (exemples 15 et 16). Cette complétive, qui ne peut être qu’attribut du sujet,
est placée régulièrement après le verbe “être” (forme personnelle ou forme infinitive).
Le sujet auquel elle se rapporte est un nom de portée générale (comme vérité, idée,
20 La complétive sans support peut être également un constituant apposé (détaché, en apposition).
21 Si l’on considère, comme les fonctionnalistes, que les présentatifs sont des prédicats, les complétives placées
après “voilà” et “il y a” seraient des sujets placés après leurs prédicats: “voilà qu’il fait beau, il y a qu’il n’a pas
envie de continuer”.
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