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- La pêcherie de crevettes pénéidés du plateau des Guyanes et du nord-est brésilien est, sur le plan
mondial, l'une des plus importantes (entre 15000 et 20000 t de crevettes entières ces dernières années). Les
flottilles de crevettiers sont nombreuses et de nationalités diverses, mais ne comptent toutefois aucun
armement français, les quelques tentatives faites jusqu'ici par des navires métropolitains n'ayant pas abouti
à des résultats concrets.
Une première analyse de la pêche sur le plateau de la Guyane française a été faite par l'équipe du
laboratoire de Cayenne depuis 1974('), mais compte tenu de l'évolution rapide de I'exploitation depuis la
mise en application de la loi portant création d'une zone économique des 200 milles, ces données ont dû être
reprises sous un angle différent. -
On sait en effet que, depuis 1977, un système de licences et de quota a été mis en place en Guyane
française afin de mieux contrôler l'exploitation et enrayer une chute considérable des rendements. Le
laboratoire de 1'I.S.T.P.M. à Cayenne s'est attaché à suivre l'évolution de cette pêche, soit par l'étude des
débarquements, soit par des observations directes en embarquant sur des navires professionnels. En 1978, en
particulier, deux campagnes de prospection ont permis d'approfondir les connaissances et préciser de
nombreux points susceptibles de renseigner les armements projetant de s'installer en Guyane.
I. - Généralités.
1. Position géographique.
Située entre le Brésil et le Surinam, la Guyane française, département d'outre-mer, a une façade
maritime de 320 km pour une superficie totale qui représente le sixième de celle de la France. Le littoral
guyanais s'étend de l'embouchure de l'Oyapock (4"N, 51 "30 O), frontière avec le Brésil, à celle du Maroni
(6"N, 54"0), frontière avec le Surinam, et se trouve caractérisée par une côte basse, marécageuse, en
perpétuel remaniement, occupée par la mangrove et échancrée par quelques estuaires.
On englobe traditionnellement la Guyane française dans un ensemble plus vaste, comprenant de
l'Amazone à l'Orénoque, le nord-est du Brésil et les trois Guyanes (française, Surinam, République
coopérative de Guyana). C'est sur le plateau,débordant cette région qu'opèrent les flottilles industrielles à la
crevette.
2. Conditions de milieu.
Le climat, équatorial humide, est marqué par une saison des pluies de décembre à juillet et une saison
sèche d'août à novembre. Les écarts de température sont faibles, les vents modérés, de secteurs nord-est A
est-sud-est ; les tempêtes ou cyclones y sont inconnus.
(1) Ont participé à ce travail, sous la direction de M. Bonnet, MM. Paulmier G., Laniesse F. et Liorzou B.
Brésil à la Guyane. Elle se pêche encore à des profondeurs de 80 m, mais les concentrations intéressantes se
trouvent entre 40 et 70 m sur les fonds sablo-vaseux ou sableux. Les premiers stades du développement ont
lieu à la côte, dans les estuaires ou les marais. Sa longueur totale maximum observée par la F.A.O. est de
204 mm pour les femelles et de 152 mm pour les mâles, et par 1'I.S.T.P.M. de 224 mm pour les femelles et
181 mm pour les mâles.
Penaeus brasiliensis (Latreille, 1817)
Noms vernaculaires F.A.O. : redspotted shrimp, crevette royale rose, camarbn rosado con manchas
(elle est aussi dénommée « pink spotted )) ou « pink )) ou « hopper-» par certains pêcheurs). Tout à fait
reconnaissable à sa tache rouge brique entre les 3e et 4e segments abdominaux, Penaeus brasiliensis, à
l'inverse de l'espèce précédente, se rencontre dans des proportions de plus en plus fortes lorsqu'on se déplace
vers l'ouest. C'est du moins ce qui a été observé au cours des dernières campagnes de prospection de
1'I.S.T.P.M. On la pêche sur des fonds sableux de 50 à 80 m, principalement de nuit. En Guyane française
on ne rencontre que des individus adultes. La longueur totale maximum observée par la F.A.O. est de
250 mm pour les femelles et de 191 mm pour les mâles, et celle observée par 1'I.S.T.P.M. est de 227 mm pour
les femelles et de 195 mm pour les mâles.
Xiphopenaeus kroyeri (Heller , 1862)
Noms vernaculaires F.A.O. : atlantic sea-bob, crevette sea-bob, camarbn siete barbas. D'une taille
moyenne inférieure aux autres, elle se reconnaît à son rostre plus allongé et recourbé vers le haut, sa couleur
plus verte et aux doigts des deux dernières paires de péréiopodes beaucoup plus longs. Elle est abondante
dans les eaux côtières, jusqu'à 30 m de fond, parfois plus, selon l'époque de l'année. Elle donne lieu à une
pêche artisanale dans certains estuaires à l'aide de chaluts tendus entre des perches (les barrières chinoises)
utilisant les courants de jusant. Du fait de sa mauvaise conservation à la congélation si elle n'est pas cuite
auparavant, cette espèce est rejetée par les crevettiers industriels. Sa longueur totale maximum observée
par la F.A.O. est de 140 mm pour les femelles et de 115 mm pour les mâles.
D'un point de vue commercial, on confond les différentes espèces (sauf la sea-bob) sous le nom général
anglo-saxon de « shrimp )) ; seul le calibre est considéré.
P. subtilis P.brasiliensis
120 IL0 160 180 200 120 140 160 180 200
1 l ' . ' - - . '
3. Migrations.
Aucune migration à ce jour n'a pu être mise en évidence avec certitude. Si l'on s'en rapporte aux
résultats des dernières campagnes de prospection, on constate que pour une profondeur donnée, les tailles
moyennes augmentent d'est en ouest pour Penaeus subtilis, et d'ouest en est pour Penaeus brasiliensis. Pour
une zone donnée, les tailles augmentent avec la profondeur pour P. subtilis et passent par un maximum vers
65-70 m pour P. brasiliensis, (fig. 2). Les rendements ne varient pas d'une manière significative d'une zone à
l'autre, et si une migration existe le long de la côte, elle ne semble pas avoir l'ampleur qu'on lui donne
parfois et qui serait en rapport avec la déviation du courant sud-équatorial. Par exemple, les mesures de
protection et donc la sous-exploitation du stock nord-est brésilien, si elles sont effectives, n'ont pas entraîné
une très forte augmentation des rendements dans les zones de la Guyane française.
Par ailleurs, deux séries de marquages portant sur 4000 individus chacune ont été effectuées en 1975 et
n'ont pas donné les résultats escomptés. En effet, la première, réalisée à la sortie d'un marais (marais
Sarcelle) n'a été suivie d'aucune recapture alors que la seconde menée sur les lieux de pêche a abouti à 27
recaptures signalées quelques jours après et sur les mêmes lieux.
4. Rythme d'activité.
En Guyane, contrairement à ce qui se passe dans d'autres régions ou pour d'autres espèces proches
comme Penaeus aztecus aztecus, Penaeus subtilis semble avoir une activité identique le jour et la nuit avec
une légère préférence pour la nuit sur les grands fonds. Pour Penaeus brasiliensis le rythme est plus marqué
et les prises se font surtout la nuit.
mâles log Wt = - 5,41 + 3,14 log Lt 1,O0 367 1 log Wt = - 5.25 + 3.08 log L I 0.99 1023
femelles
Relation Lc-Lt
mâles L I = 7,93 + 4 2 3 Lc 1,m 947 L I = 4.99 + 4,19Lc 0.99 51 1
Relation Wq-Wt
mâles WI = 0 , 1 4 + I,MWq 1. W 21 1 W I = - 1.21 + 1,60Wq 1,O0 173
Relation Lt-Lq
mâles L I = 5,67 + 1.49 Lq I 218 LL = 0.59 + 1.52 Lq 0.99 91
Tabl. 1 - Relations biométriques établies à partir d'échanlillons des campagnes Guyapêche I el J I ;les crevettes sont mesurées
a la règle au 1/2 cm inférieur pour les longueurs totales et de queue, au mm inférieur pour les longueurs
céphalothoraciques; L t :longueur totale depuis l'extrémité antérieure du rostre jusqu'à l'extrémité postérieure du tel-
son : L q :longueur de queue, telle qu'elle est sectionnée par les pêcheurs c'est a dire du premier segment de l'abdomen au
telson ; Lc :longueur céphalothoracique du bord postérieur du sinus orbitaire jusqu'au bord postérieur de la partie
dorsale de la carapace; Wt :poids d'un individu entier égouté; Wg :poids de la queue.
5. Relations biométriques.
A partir du matériel pêché durant nos campagnes ou des saisies à bord des chalutiers arraisonnés, nous
avons établi quelques relations biométriques devant nous permettre par la suite une étude plus facile du
stock, en ne récoltant par exemple que les têtes à bord des crevettiers (tabl. 1).
Pour la transformation des quantités commerciales de poids de queues en poids d'individus entiers, le
coefficient de 1,6 adopté jusqu'à maintenant donne une approximation très satisfaisante.
111. - L 'exploitation.
1. Rappel historique.
La richesse en crevettes du plateau guyano-brésilien et la possibilité de mettre en valeur cette ressource
potentielle sont apparues dès 1944 (Naidu et Boerema, 1972), mais l'exploitation à un niveau industriel n'a
cependant débuté qu'en 1959. Des armements s'installent alors à la Barbade, à Trinidad, en Guyana et au
Surinam. Très vite, on constate des rendements intéressants à l'est, même si la taille moyenne des crevettes y
est inférieure (car le pourcentage de Penaeus subtilis est plus important vers l'est). C'est ce mouvement qui
pousse en 1961 à l'installation de la Mann Shrimp à Saint-Laurent-du-Maroni, puis de la P.I.D.E.G. à
Cayenne, assurant aux flottilles qui y sont basées un avantage de position. L'autonomie des bateaux est en
effet faible à cette époque, les crevettes étant alors conservées dans de la glace. Des flottilles de toutes
nationalités apparaissent : Cuba, Corée, Japon, Barbades, Trinidad, Surinam et en premier lieu U.S.A.
L'exploitation dans les eaux du Brésil débute vers 1965 ; les bateaux se rendent jusqu'au sud-est de la
rivière de Para, branche de l'Amazone. Les armements basés en Guyane sont considérablement avantagés,
d'autant plus que l'effort augmentant sur les zones de l'ouest, les rendements accusent une baisse.
Le nombre de bateaux progresse régulièrement jusqu'en 1970, mais chute l'année suivante, le Brésil
portant ses eaux réservées à 200 milles et y interdisant la pêche. En 1972, un accord conclu entre le Brésil et
les U.S.A. permet un nouveau développement des flottilles. Toutefois, la pêche dans les eaux brésiliennes est
soumise à certaines contraintes : licences, périodes de fermeture de fin octobre à début mars.
Début 1977, les eaux de la Guyane française passent à leur tour à 200 milles et I'exploitation est soumise
à un règlement de la C.E.E. Enfin, début 1978, le Brésil ferme totalement ses eaux aux crevettiers étrangers.
L'effort de pêche, qui autrefois se répartissait sur I'en-
semble du plateau, permettant des périodes de repos,
se trouve aujourd'hui concentré sur une zone restrein-
te. De plus, les périodes de forte production n'étant
pas les mêmes au Brésil et devant les Guyanes, une ex-
ploitation soutenue des bateaux n'est plus envisagea-
ble.
2. Techniques de pêche.
Les bateaux crevettiers et leurs tactiques de pêche
n'ont guère évolué depuis l'implantation des flottilles,
mais des améliorations ont été apportées dans la con-
servation des produits. Après quelques tentatives in-
fructueuses de congélation à bord en 1967, la techni-
que est maintenant au point et désormais pratiquée
par la quasi-totalité des navires.
Le mode de pêche est de type floridien : 2 chaluts plats de 15 m de corde de dos, maille étirée de 50 mm,
cul renforcé et protégé des attaques de requins, montés sur tangons. Chaque chalut est gréé de deux
panneaux de bois (2'40 m sur 0'90 m pour 250 kg) maillés directement sur les ailes et raccordés A une fune
par l'intermédiaire d'une patte d'oie de 70 m de longueur. Une chaîne légèrement plus courte que le bour-
relet est en général gréée entre les deux panneaux afin de faire décoller la crevette du fond. Un petit chalut
témoin sur l'arrière, le « try net », de 2 à 3 m de corde de dos, permet de faire des échantillonnages
fréquents. Ce type de bateau et de chalut est adopté par toutes les flottilles.
L'équipage est généralement composé de 3 à 5 hommes, patron compris. Avec la diminution des rende-
ments à la fin des années 60 et la baisse des gains pour les équipages, les véritables professionnels ont délaissé
le métier, au moins pour les armements américains opérant dans nos eaux, et ont été remplacés par des
équipages aux compétences parfois limitées. Cette baisse de qualification a encore accentué la diminution
des rendements. Ce fait explique, en partie au moins, la différence constatée entre les résultats des arme-
ments américains et ceux des autres flottilles étrangères.
4. Travail en mer.
La durée moyenne d'une marée en 1978 pour les bateaux des armements U.S. basés à la P.I.D.E.G.
était de 20 jours, alors que pour les navires japonais cette moyenne était supérieure à 30 jours. Au cours de la
même année, les bateaux ont passé 86 % du temps en mer, et 90 070 des jours de mer à pêcher. Le faible
nombre de points de repère à la côte ainsi que les courants gênent considérablement la navigation. Aussi, les
pêcheurs quittent peu les zones connues et restent sur les fonds de 40 à 60 m sans chercher à prospecter
ailleurs.
La durée des traits est variable, de 3 à 6 heures. Le « try net » est viré de temps en temps pour donner
une idée des fonds et de la concentration en crevettes. Sur le pont, le tri s'effectue avec des raclettes, les
crevettes sont étêtées à la main, mises dans des paniers, plongées dans un bain de métabisulfite de sodium
pour éviter le noircissement (oxydation) de la carapace, puis elles sont congelées en cale à - 20 OC. Selon
divers facteurs, rendements, fatigue de l'équipage, zone, espèce pêchée, la pêche a lieu toute la journée ou
seulement le jour ou la nuit. S'il ne pêche pas, le bateau reste généralement au mouillage et il arrive que les
marins sortent des lignes pour pêcher des carangues'ou des thonines.
Quantitativement, au cours des campagnes organisées par 1'I.S.T.P.M. en 1978, nous avons pu estimer
à 84 % les rejets, à 8 % la part des crevettes et à 8 % le poisson potentiellement commercialisable. Les
évaluations faites par les américains (Jones, Dragovich, 1977) sont similaires. Pourtant, en ce qui concerne
les bateaux débarquant en Guyane française, seuls les 10 Vo du potentiel commercialisable en poisson sont
effectivement ramenés et mis en vente. Il serait intéressant d'étudier les rendements avec d'autres types de
chalut mais surtout de développer la commercialisation de cette pêche d'appoint qui a été jusqu'ici trop
négligée.
Au débarquement, les crevettes sont décongelées, traitées, calibrées, conditionnées par boîte de 5 livres
U.S. ou de 2 kg, puis recongelées à - 40 OC (fig. 4).
GUYANE FRANCAISE
1 1 1 A
t SURINAM
1 l! IL.........,...,
!.. ..,
! .,. . .......
1 A 1
Tabl. 2. - Comparaison desflottilles crevettiPres américaines et japonaises basées en Guyane française pour les 6premiers mois
de l'année 1979; résultats obtenus B partir de l'analyse des fiches de pêche.
Avec les nouvelles fiches élaborées par le laboratoire de Cayenne, on a pu, en plus des études
précédentes, commencer une comparaison entre deux types de flottilles assez différentes (tabl. 2).
L'une composée d'armements américains a des équipages réduits, trois en général, patron compris
manquant souvent de mécanicien compétent à bord et qui n'ont, dans beaucoup de cas, qu'une expérience
tardive et temporaire de la pêche crevettière.
L'autre flottille, japonaise, a des équipages de 5 membres, avec un patron et un mécanicien qualifiés.
Sur les six mois de données dont nous disposons, quelques tendances générales se dégagent déjà : en
période de pêche moyenne, où la répartition des crevettes est assez régulière, les rendements horaires sont
assez similaires, mais en période de faible pêche, le travail de prospection en flottille est rendu nécessaire et
les Japonnais ont des rendements supérieurs. Par ailleurs, le nombre d'heures de pêche par jour est plus
important sur les bateaux japonais compte tenu d'un personnel plus nombreux et les rendements quotidiens
sont supérieurs dans ces.conditions. Enfin, comme nous l'avons déjà signalé, les navires japonais font des
campagnes beaucoup plus longues.
-
7. Résultats des campagnes Guyapêche 1 et II de 1'I.S.T.P.M. (10 30 mars 1978,20 novembre -
10 décembre 1978).
Ces campagnes ont été effectuées sur un crevettier professionnel de la P.I.D.E.G. en location, disposant
de son équipage régulier. Trois chercheurs ou techniciens de 1'I.S.T.P.M. étaient embarqués en
permanence(1).En mars, pour plusieurs raisons, état de la mer, difficultés de positionnement en l'absence de
matériel de navigation fiable, ennuis mécanique, l'étude a été limitée aux seuls aspects de l'exploitation et à
l'inventaire qualitatif de la faune récoltée sans qu'on ait recherché à répertorier tous les fonds. En
novembre-décembre par contre, nous nous sommes attachés A faire une prospection systématique des fonds
entre 30 et 80 m sur 8 tranches successives et perpendiculaires à la côte, réparties sur l'ensemble du plateau
Tabl. 3 - Rendementspar strates (en kg de crevettes entieres par heure de pêche); résultats campagne Guyapêche II, novembre-
décembre 78.
français (fig. 6). Durant cette seconde campagne, qui était orientée sur une prospection comparée des fonds
avec ce qu'elle comporte de contraintes, les rendements enregistrés sont certainement inférieurs 52 ceux
d'une pêche en vraie grandeur. Une analyse dynamique du stock a été commencée, qui devrait être complétée
(1) Ont participé à ces campagnes J. Achoun, C. Dintheer, G . Paulmier, J. Sacchi et L. Venaille.
par des études et campagnes futures. Les résultats intéressant directement la pêche sont résumés dans les
tableaux 3 et 4 dans lesquels figurent respectivement les rendements par secteurs et par strates obtenus en
novembre-décembre 1978. En ce qui concerne les premiers, il est incontestable que, a cette époque de
l'année, la zone la plus productive était celle de Cayenne (secteur III) où les rendements atteignent
11'33 kg/heure. Quant aux captures horaires par strates, toutes espèces confondues, elles étaient maximales
Tabl. 4 - Rendementspar secteurs (en kg de crevettes entières par heure de pêche); résultats campagne Guyapêche II, novembre-
décembre 78.
sur les fonds de 50-59 m de jour et sur ceux de 60-69 m de nuit, avec des valeurs voisines de 8 kg dans chacun
des cas. Des campagnes régulières, même de courte durée, programmées parallèlement à l'analyse des fiches
de pêche et à des observations sur les post-larves en zone côtière devraient permettre d'établir des systèmes
de prévision des quantités exploitables comme cela s'est fait ailleurs pour d'autres pénéidés.
QUEUES par
livre US
brisures
Tabl. 5. - Statistiques globales de la pêcherie guyano-brdsilienne de crevettes pdndidds (prises en milliers de tonnes, nombre de
iours de mer en milliers, prise par unit6 d'effort en kg de crevettes entières par jour de mer) dtablies a partir de Hatanaka
[H.), 1977.
Agency of Japan) tentent cependant d'établir des données correctes. Ce sont ces chiffres transcrits dans nos
unités que nous utiliserons (tabl. 5).
En ce qui concerne la pêche crevettière en Guyane française, nous ne sommes pas en mesure d'établir
des statistiques générales sur l'effort ou !es prises. En effet, les bateaux qui ne sont pas tenus à débarquer
leurs captures dans le département ne peuvent être soumis à un contrôle suffisant et, en dépit de
l'établissement de licences, les infractions diverses et répétées, non maîtrisées par les trop faibles moyens de
surveillance mis en œuvre, ne permettent pas d'acquérir des données correctes de leur part. C'est pourquoi
les données utilisées ici ne se rapportent qu'aux bateaux basés en Guyane (tabl. 6). Ces chiffres sont toutefois
Tabl. 6 - Statistiques des bateaux basés en Guyanefrançaise (l'effort des bateaux non basés en G.f. a dû être très important ces
dernières années, mais il ne peut être évalué avec une bonne précision); débarquements en tonnes de crevettes entières,
rendements en kg par jour de mer et tonnes par an.
sujets à caution et leur interprétation doit être prudente. Le ratio le plus proche de la réalité et aussi le plus
intéressant est le rendement par jour de mer. C'est celui qui permet le mieux de suivre l'évolution de la
pêcherie, d'ou son utilisation dans les modèles d'estimation du stock. Le rendement par bateau et par an
fausse les résultats du fait que le nombre de jours de mer annuel a considérablement évolué, surtout depuis
que les navires congèlent leurs prises a bord. Par exemple, un navire moyen en 1974 passait 222 jours en mer
par an et pêchait 177 jours, alors que les chiffres sont respectivement de 315 et 282 en 1978.
Conclusion.
En conclusion, il apparaît que la réglementation actuellement adoptée par la Communauté Européenne
pour la gestion des stocks de crevettes du plateau guyanais n'est pas encore adaptée aux conditions d'exploi-
tation dans la zone économique des 200 milles, de création trop récente, et qu'elle reste, pour l'instant, incon-
trôlée. Par ailleurs, les travaux du Comité des Pêches de l'Atlantique du Centre-Ouest n'ont pas encore abou-
ti à des recommandations susceptibles de parvenir dans un proche avenir à la connaissance globale et précise
des stocks dans ce domaine particulier et pour l'ensemble de la zone s'étendant de l'Amazone au Venezuela.
Pour l'instant, il ne semble pas que ces stocks soient menacés, leur renouvellement pouvant être
rapidement assuré à partir d'un nombre relativement limité de géniteurs. Les problèmes actuels seraient
plut& d'ordre économique et social. En effet, en autorisant un nombre trop élevé de bateaux à pêcher dans
ce secteur, ces derniers doivent accepter des rendements assez faibles que seuls sont susceptibles de supporter
des armements qui bénéficient d'une réglementation autorisant des normes techniques et des charges
salariales suffisamment basses pour aboutir à un bilan d'exploitation positif.
Tel n'est pas le cas pour les navires battant pavillon français et cet argument a souvent été évoqué dans
l'échec des projets d'implantation de nos armements en Guyane française. Il est toutefois certain que les
rendements nécessaires pourraient être atteints en limitant le nombre des bateaux opérant dans notre zone et
en contrôlant leur activité; c'est du moins dans ce sens qu'il conviendrait d'orienter les discussions en vue
d'un amendement du règlement actuel.
Parallèlement, d'autres facteurs sont à considérer, qui limitent ces projets d'installation en Guyane
française, ce sont, avant tout, le manque d'infrastructures portuaires, de stockage et de traitement, de
construction navale et de réparations et aussi les difficultés d'avitaillement et de commercialisation des prises
annexes. La P.I.D.E.G. nous a donné un exemple de ce qui pouvait être fait dans ce sens au Larivot. Un
complexe analogue et à peine plus perfectionné, mériterait sans doute d'être mis en œuvre afin que cette
richesse profite plus à la Guyane française qu'un simple produit en transit.
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ANNEXE 1
Effort :32000 jours de mer dont 14500 par des crevettiers basés dans le département (armement U.S.,
puis japonnais à partir de la fin de l'année). Les autres armements opérant dans nos eaux appartenaient aux
pays suivants : Barbades, Guyana, Japon, Corée, Surinam, Trinidad et Tobago, U.S.A.
Prises :en applicant à tous les rendements des navires américains (hypothèse basse), on estime les prises
à 4500 t, dont 2 150 seulement débarquées et traitées en Guyane.
Résultats d'un navire moyen d'un armement américain :
nombre de jours de mer : 315
nombre de jours de pêche : 282
nombre de jours de mer par rotation : 19,7 (rotation étant ici différent de débarquement, des ennuis
techniques pouvant être à l'origine d'un retour rapide au port)
rendement moyen par jour de mer : 141 kg de crevettes entières, soit 44,4 t/an.
ANNEXE II
Trait no 48 du 10 décembre 1978. Secteur III/IV; sonde 60 rn;filé O h 30, viré 6 h 30.
Prise totale : 1000 kg
Commercialisables : Penaeus subtilis 77,O kg
Penaeus brasiliensis 7,5 kg
Poisson rouge
(Lutjanus aya et synagris) 10,O kg
Langouste
(Panulirus laevicauda) 1,O kg
Autres espèces (non commercialisables ou en quantité infime)
Amusium papyraceum Etropus crossotus
Haemulon boschmae
Octopus sp. Haemulon steindachneri
Hoplunnis sp.
Callinectes sapidus Ogcocephalus nasutus
Portunus sp. Polydactylus virginicus
Squilla sp. Prionotuspunctatus
Rhomboplites aurorubens
Conger sp. Scorpaena brasiliensis
Cyclopsetta chittendeni Serranus atrobranchus
Cynoscion similis Stellifersp.
Cynoscion virescens Syacium sp.
Epinephelus niveatus Trichiurus lepturus