Parcours_visionnaires_et_passeurs_de_frontieres
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André Mary
André Mary
l’offre de biens imaginaires (visions, guérisons, etc.) fait partie des enjeux du
voyage et des échanges. Par le biais des trajectoires d’immigration, des
obligations religieuses (pèlerinages et autres), des missions ou des fonctions
exercées par certains, ou encore des visites de dignitaires étrangers, les membres
des églises « africaines » vivent de plus en plus au rythme de réseaux d’échanges
nationaux et internationaux. Un témoignage de conversion au christianisme
céleste — une église d’origine béninoise — recueilli à Brazzaville vous parle
autant du contexte local de l’implantation de l’Église dans le quartier de Poto-
Poto que des débuts de l’Église en Côte-d’Ivoire, des tribulations de son arrivée
dans la banlieue parisienne en Seine-Saint-Denis ou des souvenirs liés à la
fréquentation du prophète fondateur dans son quartier de Ketu à Lagos au
Nigeria. L’installation de l’Église du Christianisme Céleste (ECC) à Brazzaville,
c’est entre autres le croisement de deux histoires de vie transnationales : celle
d’une commerçante béninoise installée de longue date sur place mais dont la
mère a été guérie par un visionnaire de l’ECC à Cotonou, et celle d’un haut
fonctionnaire congolais, catholique, venu à Paris pour une opération grave et qui
a trouvé lui aussi la cause de sa maladie à la suite du diagnostic d’un visionnaire
d’une paroisse céleste de la banlieue parisienne. On n’en finirait pas de citer ces
itinéraires de conversion et de guérison qui ne cessent de franchir les frontières,
comme celui d’Albert, un jeune métis gabonais de Libreville, qui lors d’un
voyage « visionnaire » à Abidjan où il cherchait désespérément son père, un
Blanc, le retrouve grâce à un visionnaire d’une paroisse de Marcory. L’histoire
individuelle de chacun s’inscrit dans l’histoire globale d’une communauté
qu’elle reproduit et transcende dans le même mouvement.
Pour suivre ces passeurs de frontières que sont les « hommes de Dieu »,
convertis ou consacrés, prophètes ou pasteurs, vivre au rythme de ces
individualités migrantes et quelque peu cosmopolites, l’anthropologue est amené
à pratiquer lui-même une ethnographie voyageuse, errante, faite d’une
multiplicité de situations et de rencontres personnelles. Aux longs séjours fondés
sur la corésidence en un lieu donné et sur le réexamen d’une communauté
familière régulièrement revisitée, fait place l’impératif ethnographique d’avoir à
suivre ces « fous voyageurs » dans leur déplacement et à jouer le jeu des
événements miraculeux qu’ils rencontrent sur leur route. Comme le souligne
Fabian (2000) dans son parallèle avec la vie des explorateurs, l’ethnographe doit
aussi accepter de perdre ses repères, stepping outside, pour retrouver la force et
la présence de l’imaginaire dans les itinéraires de vie singulière.
1
Départements et territoires d’outre-mer.
2
Toute sa vie, Oschoffa cultive ce lien ombilical au monde « céleste » (qui donne son nom à ses
disciples, les « célestes »), comme lors de sa maladie en 1965 où l’Ange lui accorde in extremis
une rémission miraculeuse qui prolonge sa mission sur terre de 20 ans, et surtout lors de sa
mort en 1985 qui n’intervient que plusieurs jours après son accident de voiture alors qu’il était
apparemment « revenu à la vie ».
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3
Nous citons ici une traduction française parmi d’autres d’un ami personnel d’Oschoffa, Papa
Adjovi, de Cotonou, inspirée de la version anglaise initiale de la Constitution Bleue, un des
rares documents officiels de l’Église émanant du diocèse du Nigeria.
Parcours visionnaires et passeurs de frontières 115
4
J’ai rencontré Ediémou en décembre 1999 à Abidjan ; cette rencontre fut suivie de plusieurs
autres. Parmi les entrevues qu’il a accordées à la presse abidjanaise, la plus significative pour
ce sujet est parue dans le journal Actuel, n°1574 du 7 janvier 2002.
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le diable pouvait s’en mêler, parce que la force que j’avais n’était pas à
négliger, il a voulu vite me récupérer et accélérer ma formation. J’ai connu
l’Église en 1975 et je suis devenu évangéliste en 1977 (alors qu’il faut
habituellement au moins 15 ans pour arriver normalement à ce grade dans
l’Église). J’ai quitté le diable et je suis venu à Jésus-Christ qui est la vérité. Si
un prophète demande à quelqu’un de quitter son travail pour se consacrer à
l’Église, la logique veut que le prophète parle un peu de son Église à cette
personne. Et la réalité l’oblige à me confier quelque chose à l’Église. Je ne
peux pas quitter ce boom sans qu’il y ait une puissance qui m’ait attiré, qui
m’ait convaincu, qui m’ait persuadé. C’est ce qui explique le fait que la seule
personne qui est restée dans les secrets du prophète jusqu’à sa mort, c’est
Ediémou.
Ce pacte prophétique (qui prend des allures de pacte secret avec un
diable reconverti) et cette promotion exceptionnelle au sein de l’Église qui court-
circuite les étapes ordinaires de la consécration ne pouvaient que susciter la
jalousie des autres, des Béninois mais surtout des Ivoiriens qui attendaient
patiemment leur heure. Le destin d’Ediémou, le changement de vie spectaculaire
de celui qu’on appelait « Ediémou l’argent », s’inscrivent donc dans la vision du
prophète, même s’il est resté aux yeux des autres le « diable » qu’il était, lui-
même cultivant à merveille le rappel de son passé de grand sorcier et la menace
du réveil de la colère de son double diabolique qui ne tardera pas d’ailleurs à se
réveiller et à provoquer cette fois son excommunication5
5
Les extraits sont cités à partir des termes d’un entretien personne, mais Ediémou témoigne lui-
même dans la presse ivoirienne en ces termes : « J’étais un grand sorcier ».
Parcours visionnaires et passeurs de frontières 119
Gagnoa, la ville des Bété. Le père est secrétaire des Postes et chef coutumier, et
la famille profondément catholique. Durant toutes ses études, le Seigneur n’a
jamais cessé de faire pression sur lui, et ses parents voyaient qu’il était attiré par
la parole de Dieu et le travail spirituel au sein de l’Église. En 1972, à Gagnoa,
une église du christianisme céleste s’implante près du lycée en face de l’église
catholique. Le chargé de l’Église de Gagnoa était un jeune étudiant d’Abidjan
qui avait lui-même abandonné ses études pour se consacrer au service de
l’oeuvre de Dieu. En 1977, Daniel passe son bac à Abidjan, se fait baptiser à
Vridi Plage par Ediémou, et entre à l’université en Faculté de sciences
économiques. Il continue à faire le travail spirituel et participe à la fondation de
la paroisse Saint-Pierre, mère des 15 paroisses de la commune urbaine de
Yopougon, et plus tard d’autres paroisses notamment lors de ses missions en
milieu rural6.
Pendant mes études, j’avais constamment des visions. J’étais par exemple en
cours de comptabilité et brusquement en plein amphi, le ciel s’ouvrait. Je
voyais un grand temple. Et en ouvrant le tiroir, je me retrouve devant un grand
autel en train de prier. Le Seigneur descend habillé de blanc, bleu, jaune, vert
[les couleurs autorisées dans l’ECC ; le rouge et le noir sont interdits]. Il
enlève tout, il me montre son coeur. Il me dit : « travaille avec moi, car
partout où tu iras, sous terre, au ciel, sur la mer, à l’école, tu ne verras que ma
face ». J’étais content parce que le Seigneur était avec moi. Et lorsque je suis
revenu à moi-même, après trois heures de temps, il n’y avait plus personne
dans l’amphi, j’étais seul et je n’avais pas vu le temps passer. Je me suis dit
que je devenais fou.
Grâce à l’aide du Seigneur, il obtient l’ouverture d’un sanctuaire de
prière dans une chambre de la cité universitaire au même titre que les
musulmans qui avaient obtenu une mosquée pour prier. Déambulant pieds nus
avec sa soutane blanche (comme tous les célestes consacrés), il ne cesse
d’intriguer les autres étudiants surtout lorsqu’il entreprend de purifier les
couloirs les lendemains de beuverie avec de la fumée d’encens. Beaucoup
l’accusent de faire de la magie, mais il réussit à en convertir certains, notamment
des rosicruciens et des francs-maçons.
Un jour, un camarade de philosophie qui vivait avec une fille, est venu me
chercher, il m’appelait le « magicien ». Son amie se tordait avec un mal de
ventre, elle avait une crise de paludisme, et criait de douleur. Je n’étais pas là.
Ma petite soeur a seulement répondu que j’avais l’habitude de prendre
seulement une bougie et d’appeler : Jehovah! Jehovah! Jehovah! Jésus-Christ
Saint-Michel, Dieu de vie, Dieu de délivrance ». Dès qu’il a fait cela, la fille
s’est endormie et elle n’a plus eu mal. L’ami a dit à ma petite soeur : « Toi
aussi tu fais la magie? ». Elle a répondu qu’elle faisait seulement la prière. La
nuit suivante alors que je dormais, on frappe à ma porte : « Alleluia! Alleluia!
le magicien! ». C’était à nouveau cet ami qui s’affolait, car la femme en
6
Daniel m’a accordé deux entretiens : l’un en janvier 1997 à Brazzaville, l’autre en juillet 2001
à Abidjan.
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avec lequel il est en communication permanente lui impose une « retraite » dans
ce lieu pendant sept mois (le chiffre sacré de l’Église), pour veiller sur l’autel et
accomplir des prières toutes les trois heures « pour que la lumière vienne et que
la force de Dieu se manifeste ». La mise au « couvent » d’origine vodu,
généralement associée au traitement des maladies, est une pratique courante dans
l’Église Céleste.
7
C’est Daniel qui m’a raconté la révélation de Monsieur Malela lors de notre entretien de
janvier 1997. Boniface Ngamié, secrétaire de la paroisse Saint-Michel, à Brazzaville, a
complété l’information.
8
Le déchaussement, inspiré d’une prescription biblique (et non une imitation des musulmans),
est obligatoire pour pénétrer dans les lieux saints, et les évangélistes consacrés sont voués à
marcher toute leur vie pieds nus.
122 ANDRE MARY
9
N.d.R. : La quatrième correspond à la troisième année du secondaire dans le système scolaire
français.
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coulé. Il fallait qu’on puisse sanctifier cela, car le sang agissait sur tout le
monde ». Et celle qui pratique la sorcellerie et le fétichisme se révèle être sa
propre mère prête à le « sacrifier » s’il ne trouve pas une puissance capable de le
protéger.
Albert a depuis toujours des visions souvent prémonitoires qui l’étonnent
lui-même, surtout lorsqu’elles se réalisent. Quand les femmes visionnaires lui
« font la vision » dans l’Église, elles lui laissent entendre que ses propres visions
témoignent de sa vocation de « prophète de Dieu », ce que confirme
l’évangéliste. La fréquentation des célestes envenime par contre les rapports
avec sa famille qui considère que cette Église est une « secte dangereuse » et
assimile ses dons de vision à la sorcellerie, craignant qu’il ne « précipite la vie »
et sacrifie les siens10.
En vérité, c’était une famille catholique de nom, elle était liée aux ténèbres ;
ils ont beaucoup pratiqué le fétichisme, leurs ancêtres se sont livrés à la
sorcellerie. Il y a ce poids des « péchés héréditaires » qui agissent jusqu’à
présent. Et quand la lumière entre dans la famille, cela dérange leurs
habitudes. Dans le christianisme céleste, on lutte particulièrement contre la
sorcellerie. Mais c’est eux qui me disaient que j’étais devenu sorcier, car ils
savaient que j’étais visionnaire, je ne sais pas comment. Ils ajoutaient que
cette chose ne pouvait être de chez nous et que c’était sans doute mon père, un
Blanc, qui m’avait transmis cela.
Les difficultés continuant à s’accumuler notamment sur le plan financier,
l’Église l’accueille en son sein, pour une mise « en couvent ». Et une nuit, une
voix le prévient qu’une épreuve hors du commun l’attend :
J’ai plongé dans une vision où j’ai vu un serpent transparent comme un être
spirituel qui tentait de m’avaler avec une rapidité étonnante. Je me débattais,
je transpirais, je criais. Et je me suis réveillé en me demandant ce qui
m’arrivait. Une fois rendormi, j’ai à nouveau vu ce serpent mais cette fois,
sachant que souvent les sorciers se métamorphosent en serpent, je me suis mis
à chanter et à prier avec force en implorant l’Esprit de délivrance et le Sang de
Jésus. En fermant les yeux, j’ai vu une lumière qui sortait de ma bouche et
perçait ce nuage de ténèbres. J’ai su alors que j’avais vécu une mise à
l’épreuve et j’ai lu le Psaume 51 pour demander au Seigneur de me protéger.
En me rendormant, j’ai plongé dans une autre vision où la Terre m’est
apparue noire de ténèbres. Un groupe de personnes en suspension était en
marche pour parcourir toute la Terre. C’étaient les prophètes et nos anciens. Je
ne pouvais pas voir qui dirigeait le groupe mais j’étais à la gauche de cette
personne. Il y avait aussi d’autres hommes sur la Terre qui connaissaient ces
prophètes et leur parcours pour pouvoir leur tendre des pièges. À un moment,
ces hommes se sont emparés d’un fusil et ont tiré plusieurs coups de feu en
direction du chef des prophètes qui ont éclaté en pleine face. Ce dernier a
porté la main à son visage comme s’il ressentait une grande douleur et il a dit :
« J’ai vaincu la mort. La mort ne peut plus rien sur moi ». C’est alors
10
Albert m’a accordé une entrevue à Libreville, en août 1994.
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seulement que j’ai reconnu le Christ. Quand ils ont tiré j’ai ressenti les balles
en pleine poitrine et c’est comme si ma soutane m’avait protégé. J’ai quand
même fait sept bonds en l’air comme transporté par une décharge électrique.
Ma tête semblait prête à exploser, à se fendre, et je sursautais au moindre
bruit. Je ne pouvais plus dormir, je devenais fou. De deux heures du matin à
six heures je suis resté éveillé ainsi. En me levant pour aller au lycée, je
sentais toujours une force qui me suivait et qui faisait pression pour me
pousser dans les carrefours contre les voitures ou une voix qui dans le bus me
répétait : « Jette-toi dehors ». C’était terrible.
Les visionnaires lui ont fait savoir que cette nuit-là il devait être sacrifié
en sorcellerie par un des membres de sa famille et qu’il était urgent s’il voulait
sauver sa vie, non seulement de rompre avec sa famille mais aussi de renoncer à
ses études pour se consacrer au « travail de Dieu ». Albert se voit confier un
ministère de la vision et il enregistre beaucoup de miracles, mais son zèle
intempestif et son obsession d’épurer le culte de toute trace de fétichisme (un
fétichisme lié selon lui à l’atavisme des frères « béninois », fils du vodu),
conduisent à sa mise en accusation en tant que « diviseur de l’Église ». Après un
ultime essai de reprise des études (en première11), il décide de prendre la
nationalité française, puisque son père était français, et de s’engager dans
l’armée. Mais en se rendant à l’Ambassade de France, il découvre que le nom de
son père n’était pas porté sur l’acte de naissance : « pour éviter que les Français
n’emmènent avec eux les enfants, on évitait toute déclaration du nom du père ».
Il se découvre donc sans père et à la suite d’une vision qui lui indique le lieu où
vit et travaille son père, il se met en quête de le retrouver en Côte-d’Ivoire.
Reconnu par son père dans sa vocation de prophète au terme de ce voyage
visionnaire en Côte-d’Ivoire, Albert est retourné au Gabon où il a continué à
batailler pendant des années contre les forces fétichistes dans le cadre de son
ministère de la vision.
La conversion d’Albert, comme celle d’Ediémou ou de Daniel, se
confond avec la vocation religieuse et s’inscrit dans une dramaturgie de la lutte
entre les forces du Bien (l’Église, les anges, les prophètes, la soutane, le monde
de la Lumière) et les forces du Démon (les croix noires, le serpent avaleur, les
fétiches, le monde des Ténèbres). Le travail de Dieu implique des « sacrifices »
qui visent à inverser la dette sorcellaire : le renoncement aux études, mais
d’abord la rupture avec les siens. La logique de l’appel fait référence à une force
qui s’impose à vous, une voix qui vous commande : « Il y avait une voix qui me
répétait : va à l’église ». Tout le problème est que la manifestation du démon
n’est pas très différente : là aussi une voix, une force vous incite à vous jeter
sous les voitures, à vous précipiter dans le vide. Dans cet imaginaire de la
sorcellerie, on est toujours le sorcier d’un autre. Pour l’homme de Dieu, son mal,
ses souffrances et ses épreuves, viennent de la sorcellerie que pratique la famille,
la plus proche, ici la famille maternelle et notamment la mauvaise mère
11
N.d.R. : Avant-dernière année du secondaire, qui en compte sept.
Parcours visionnaires et passeurs de frontières 127
fétichiste, possédée par le démon. Mais en retour, pour la famille, c’est l’Église
en question qui est un lieu de fétichisme et de sacrifice des autres, et le pouvoir
de vision et de prophétie ne peut être qu’un héritage de la sorcellerie des Blancs.
L’image idéalisée du père et du monde des Blancs n’échappe pas au soupçon
généralisé et les promesses de retrouvailles avec le père se terminent par une
condamnation du monde des affaires et de l’argent du Diable. L’entrée dans
l’Église ne fait pas disparaître le problème et le monde du christianisme céleste a
de fait ses féticheurs, ses sorciers, en l’occurrence pour Albert, les Béninois qui
pervertissent le culte et s’en servent à des fins inavouables.
Références
ADOGAME A.U., 1999, Celestial Church of Christ, The Politics of Cultural Identity in a
West African Prophetic-Charismatic Movement. Francfort, Peter Lang.
DROOGERS A., 1994, « The Normalization of Religious Experience, Healing, Prophecy,
Dreams and Visions », in K. Poewe (dir.), Charismatic Christianity as a Global
Culture. Columbia, University of South Carolina Press.
FABIAN J., 2000, Out of Our Minds, Reason and Madness in the Exploration of Central
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HERVIEU-LEGER D., 1999, Le Pèlerin et le Converti. La religion en mouvement. Paris,
Flammarion.
MARY A., 1999, « Culture pentecôtiste et charisme visionnaire au sein d’une Église
indépendante africaine », Archives de Sciences Sociales des Religions, 105 : 29-50.
-, 2000, « Anges de Dieu et esprits territorieaux : une religion africaine à l’épreuve de la
transnationalisation », Autrepart, 14 : 71-89.
SURGY A.de, 2001, L’Église du Christianisme Céleste. Un exemple d’Église
prophétique au Bénin. Paris, Karthala.
RESUME/ABSTRACT
Parcours visionnaires et passeurs de frontières
Using the vocational biographies of several men of God involved in the dynamic
changes of a prophetic African religion, this article illustrates how visions and dreams both
encourage and accompany border crossings and the migratory journeys of individuals, and
thus, the increasing transnationalization of African religions. The rhetorical dimension of the
prophetic predictions and visionary revelations cannot be ignored when considering the
constraints and opportunities of the migratory trajectories. However, the idea is that the
migration of individuals and their religious ventures is fuelled equally by the imaginary as by
the reality of labour market laws, if only because imaginary goods (visions, healing, miracles)
are part of what circulates in travel and trade.
André Mary
Centre d’Études Africaines
Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme
5, rue du Château de l’Horloge, BP647
13094 Aix-en-Provence Cedex 2
France
andre-mary@wanadoo.fr