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PLUMES ET POILS AU SOLEIL


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© by Éditions du Scorpion, 1960
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ARLETTE LÉAUTAUD

P L U M E S

ET POILS
AU SOLEIL

LeÉ
soditnis ALTERNANCE
dS
ucoprin
JEAN DH
' ALLUIN, EDITEUR — I. RUELOBINEAU, PARIS-6
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RÉALITÉS

Il est, perdu dans le feuillage, sous la chevelure


mouvante des oliviers, les roseaux, les éventails
de palmes... une petite maison blanche qui se mire
commeunejolie femmedans un boutde Méditerranée,
transparente et bleue.
C'est une ferme envahie de chansons, de mur-
mures et parfois de sanglots : le cri du vent lorsque
la mer veut tout détruire.
Dans le calme on perçoit quelque chose de timide,
d'effacé comme une musique très lointaine : gazouil-
lements des oiseaux, tendresse de ce qui vit et qui
aime...
Tout se confond dans une réalité douce, cachée
entre les saccharums brillants qui ressemblent à
des sucres d'orge et le rose fondant de la terre, du
sable, et bien souvent du ciel.
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Discrètement, jusqu'à l'infini, c'est un mouvement


d'espoir, très ample, un peu triste.
Paysage où, sauf un coin de mer qui a sa vie
privée et personnelle, tout lutte pour une place au
soleil.
Paysage olympien... Tristesse d'Olympie.
Les dieux ne sont pas morts mais ils sont devenus
timides. Les montagnes, derrière lesquelles le soleil
disparaît sont tendres, presque molles.
Flux imperceptible de chansons, de lumières
inavouées, de craintes et de joie, de mort et de vie.
Soleil qui en partant caresse toute la terre d'un
dernier baiser chaud... jusqu'à la grande victoire
de l'aube : au-dessus des collines, des arbres, des
oliviers chevelus et désordonnés l'apparition fulgu-
rante du jour qui se lève.
Le cri des animaux réveillés par cette première
clarté... tout ce qui vit participe à ce triomphe sur
les ténèbres.
Une chouette retardataire, un peu éblouie et
inquiète dit au revoir à la lune.
La lune qui parfois à cette heure fleurie avec le
soleil, entre deux troncs d'arbres, loin, au-dessus
de la mer.
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Ou, lorsqu'elle prend son bain par les aurores


hésitantes et que le soleil à peine né derrière une
montagne contemple sa nudité.
Les uns vont dormir, les autres se réveillent.
Entre le cri de l'animal qui va se reposer et celui
que l'aube sort de sa cachette ou de son nid il
n'y a que la différence du jour et de la nuit, de la
lumière et des ténèbres.
L'effort est pareil et le cycle éternel s'accomplit.
C'est à ces heures que soir comme matin, une
ferme déborde de vie : tout bouge, tout rampe ou
éclate de puissance : dans les champs, dans les
vignes, dans les vergers et dans les plaines, parmi
les fleurs sauvages ou les buissons piquants.
Peut-être même dans la mer tellement jolie à la
première caresse du jour, ou la nuit lorsqu'elle
dort sous l'aile argentée des vagues, dans le sourire
immobile et glacial de la lune.
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LES CONTES DE MA MÈRE L'OIE

Ils nous mettent toujours en joie !


(RAVEL).

« Mère grand, dis-nous un conte...


«Amusant, ou merveilleux.
«Écoutez... il est bien vieux ».
Il était une fois une terre lointaine où sommeil
laient jadis depuis près de cent ans... dans un
désert immense, vaste et solitaire, quelques
branches d'oliviers sorties du fond des temps.
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Ces branches étaient plantées par quelque


bonne fée, à espaces réguliers, dans un sable
mouvant. Le vent s'était calmé devant leur jeune
présence. Les nuages du ciel, attendris à leur tour,
laissaient tomber sur eux une eau tiède et douce
qui les fit croître si vite que le sable à leurs pieds
s'endormit pour toujours.
Puis... tout devint vivant. Entre leurs jeunes
racines cramponnées à la terre sortirent des fleurs
sauvages que la brise caressait.
Et, un jour... il advint que ce fût une forêt,
une forêt argentée. Chaque feuille, sur chaque
branche était un diamant où restait accrochée
un peu de rosée de la nuit.
Al'aube les farfadets captaient toutes les lueurs
du ciel. On voyait se répandre dans la chevelure
des arbres mille faisceaux roses, bleus, verts ou
opalins.
Unjour... cefut le grand réveil dans unesolitude
débordante.
Et alors... apparurent les petits nains.
Ce n'étaient ni ceux de la montagne, ni ceux de
la forêt. Peut-être était-ce des lutins tombés
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de chaque feuille, de chaque perle phosphores-


cente oupeut-être deslarmes de la lune.
Et depuis... chaque nuit quand règne le silence,
les grands vieux oliviers s'éclairent de lueurs.
Ce sont les farfadets dont la troupe s'élance vers
la forêt mouvante pour y semer des fleurs.

« Mère Grand, dis-nous un Conte ! ».


Tout devint vivant. Il y eut des humains et
une maison et des bêtes. C'est ainsi qu'un jour
naquit grand-mère l'Oie.
C'était l'ancêtre, oh de bien loin, de celle qui
vous raconte des histoires, de celle que vous aimez,
de celle qui vous connaît...
Cette arrière grand-mère l'Oie fut l'unique survi-
vante d'une couvée de gros œufs que mère Poule
n'avait pu mener à bien, n'ayant pas assez d'expé-
rience ou de force dans son bec de jeune écervelée
pour casser les coquilles où la vie commençait
à se manifester.
Les petits nains de la montagne intervinrent :
« Ils raccommodent les bêtes mortes... »
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Grand-mère l'oie à ce stade était une boule de


duvet tout mouillé, tout collé, d'un jaune pas très
propre.
Mais cela vivait ou du moins ne demandait
qu'à vivre...
Entre les nains qui lui séchèrent ses moignons
de plumes et les farfadets qui faisaient descendre
sur elle les rayons les plus chauds du soleil, elle
vécut, devint demoiselle, belle oie blanche fami-
lière sûre de sa prestance et de sa beauté.
Elle fut élevée dans le bonheur, Autour d'elle
la vie ne cessait de se manifester, d'imposer sa
force et sa présence.
L'eau qui coulait d'une vanne installée pour
mère l'oie appelait dans sa cascade, dans son
murmure, tous les oiseaux, toutes les volailles
assoiffées.
Lorsque le joli bassin rond débordait, les fleurs
sortaient du sable, faisaient une ronde multicolore
autour des remous centrifuges qui, partis d'un
point imperceptible, se propageaient jusqu'à leur
propre perte dans le sable accueillant.
Les nains, les lutins et les elfes étaient dépassés
par les éléments. Faire naître et protéger ne suffisait
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plus. Il fallait à présent diriger, canaliser les êtres


et les choses vers leur destin.
Ceci n'est plus un conte :
La vie jaillissait, faisait craquer la terre, trouait
les nuages, tombait du ciel, cachée au cœur de
chaque goutte d'eau, descendait du ciel le long
de la chevelure toute blonde et délirante du soleil.
Des fleurs surgissaient de partout, et des arbres,
et des fruits. Depuis les plus modestes jusqu'aux
plus fragiles et aussi des bêtes de toutes sortes,
domestiquées ou sauvages, le tout attiré par un
Dieu qui venait s'installer : l'homme avec tout
ce qu'il apporte de parfait et de terrible. L'homme
auquel les nains, les elfes et les farfadets avaient
cédéla place pour perpétuer l'œuvre divine,l'œuvre
de vie, de grandeur et d'amour.
Tout convergeait vers le même but et sortit
de terre en même temps. Même une petite maison
avait fixé sa place. Les fondations croissaient
chaque jour vers le soleil.
L'eau aussi avait jailli du sable chaud... ou...
d'un nuage qui avait laissé tomber de sa masse
grise épaisse quelques gouttes pour indiquer où
il cachait, depuis des siècles, les larmes fécondes
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de ses yeux et aussi les artères souterraines qui


réglaient les sursauts de son cœur.
La terre soulevée par une force irrésistible,
laissait bouillonner dans ses entrailles autant de
réalités que de rêves et sourdre mille vies...
Vies impalpables, imperceptibles des atomes,
jusqu'à la grandeur de ce que l'homme croit être
une conquête.
La petite maison blanche était en gestation
avec ce que peut contenir une certitude où se
blottit la foi en tout ce qui existe, qui évolue,
qui grandit ou... qui meurt.
Dès qu'un dé du grand jeu de la vie est fixé
dans le sable, dès qu'un caillou est jeté ou tombe
en un point d'eau, les remous d'abord impercep-
tibles grandissent, s'agrandissent encore, allant
jusqu'à l'autre rive, l'autre monde ou l'autre ciel...
La terre en dansant sa ronde, libère et attire
tout ce qui fera partie du mouvement qui crée
ou qui détruit, qui entraîne l'infini dans son tour-
billon âpre et sublime. Des jeunes pousses sor-
taient des bourgeons. Des fleurs s'évadaient bruta-
lement des prisons de boutons verts, des nids,
avant même que fut rompue la coquille protec-
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trice, des œufs mouchetés et pigmentés, émanait


un pépiement d'amour.
Tout faisait don de soi, au ciel, au soleil, à la
vie.
Tout se multipliait en d'innombrables choses :
ce que distingue l'homme et ce qu'il ne voit pas.
Mère l'oie était entièrement oubliée. Il y avait
des poussins, des oiseaux, desinsectes, des animaux,
des hommes. Cela se succédait, se détruisait
ou se superposait envahissant la terre, le ciel et
l'infini.
La vie avait pris possession du néant.
.......................
Le premier né, le doyen des dindons de la Ferme
eut une enfance tumultueuse... Elevé au hasarde
d'une couvée naturelle où s'était égaré le germe
d'où il était issu, il se sentit bien seul à sa nais-
sance car, pour comble d'ironie c'était le seul
œuf de dinde perdu, dans un nid d'œufs de pin-
tades qu'une poule en mal de maternité avait
décidé d'adopter dans des touffes d'herbes hautes.
Leclimat était dur, l'époque hostile, rien n'allait.
Il ne resta de toute la couvée qu'un dindon et
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une pintade. Ils furent élevés comme frère et sœur


sous l'aile de mère Poule un peu ahurie de ce qui
lui arrivait... Couver des canards, cela peut
s'admettre et une poule, toute déçue qu'elle puisse
être sait ce que c'est. Mais cela ! jamais de vie
de poule on n'avait vu pareille chose.
Elle comprit bien vite que cependant c'était
une bonne affaire : n'avoir que deux petits à
nourrir... Quelle taille allaient-ils atteindre ?
Tout le grain, tout l'orge, tous les vermiceaux étant
pour eux.
Or il arriva que l'un des deux devint immense
par rapport à la taille de Maman Poule et que
l'autre resta chétif bien que plus vif et plus musclé
qu'aucun poussin connu.
Maman Poule y laissa toute sa science, toutes
ses notions de poulailler culture.
Dédaigneuse, appelée vers d'autres amours,
un autre nid et d'autres désirs elle abandonna les
deux enfants bâtards. Ils furent inconsolables et aile
sous aile, plume dans les plumes, se réchauffèrent
mutuellement et devaient faire le pacte de ne
jamais se quitter.
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• ALTERNANCE • ALTERNANCE •

EXTRAIT DU CATALOGUE

Georges ARNAUD
Les Oreilles sur le dos

Léonide MOGUY
Le long des trottoirs

Francis DIDELOT
L'Aventure Caraïbe

Maurice DEKOBRA
Les femmes que j'ai aimées

René DELPECHE
Parmi les fauves et les requins

J a m e s CAIN
Coups de Tête

Marise QUERLIN
Les ventres Maudits
Marcelle VIOUX
Cette nuit-là

Max JULIEN
Le Tombeau du Pharaon

• ALTERNANCE • ALTERNANCE
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