Verrue cutanée

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Verrue cutanée

La maladie
Les verrues sont des lésions kératosiques bénignes induites par les virus de la famille des papillomavirus.

Physiopathologie
Le papillomavirus (Human papillomavirus, ou HPV) est un virus à ADN, à tropisme épithélial induisant une prolifération épidermique. La
contamination interhumaine s'effectue de façon directe ou indirecte (par exemple, par l'intermédiaire des sols de piscines). Les microtraumatismes
cutanés sont nécessaires à la contamination virale et favorisent donc l'apparition des verrues.

Epidémiologie
Les verrues touchent le plus souvent les enfants et constituent les tumeurs bénignes les plus fréquentes. Elles concernent 7 à 10 % de la population
générale. Leur prévalence est augmentée chez les patients greffés : 40 %.

Complications
Extension, douleur, préjudice esthétique, transmission.

Diagnostic
Le diagnostic des verrues est purement clinique. L'aspect est conditionné par le type de virus en cause : verrues cutanées (tumeurs exophytiques),
verrues planes (lésions à peine surélevées, à surface lisse, touchant plus volontiers le visage et les mains), verrues en mosaïque (verrues plantaires
superficielles, confluentes), myrmécies (verrues plantaires, profondes, endophytiques, souvent uniques).

Quels patients traiter ?


Compte tenu de l'évolution naturelle favorable des verrues cutanées (disparition spontanée de 65 % des verrues en 2 ans), on peut ne traiter que les
formes compliquées. La décision thérapeutique devrait toutefois tenir compte de la demande du patient, de son ressenti et de la gêne personnelle.

Objectifs de la prise en charge


Disparition de la lésion et de la douleur qu'elle engendre parfois.
Traitement des complications.
L'éradication du virus est rarement possible.

Prise en charge
Verrue cutanée
1 Facteurs favorisants
En cas de formes profuses, essentiellement chez l'adulte, rechercher une immunodépression (déficit de l'immunité cellulaire, VIH, médicaments
immunosuppresseurs).

2 Traitement initial
Le traitement des verrues est extrêmement sensible à la suggestion et des traitements comme l'application de sparadrap peuvent être efficaces.
Le choix du traitement est conditionné par la forme clinique et la localisation : les verrues très hyperkératosiques et exophytiques sont
préférentiellement traitées par kératolytiques, précédé d'un décapage mécanique (bistouri). Les rétinoïdes locaux sont proposés sur les verrues
planes du visage.
La durée de l'utilisation des kératolytiques dépend de l'évolution clinique et de la tolérance du traitement (risque de lésions caustiques ou
d'irritation) : applications poursuivies jusqu'à la disparition clinique de la lésion.
L'association de plusieurs méthodes est possible : par exemple, l'application des kératolytiques avant la séance de cryothérapie.
Avant d'envisager une cryothérapie, le patient doit être prévenu du caractère très douloureux de ce traitement et de la nécessité fréquente de
plusieurs applications à 2 ou 3 semaines d'intervalle.
L'évaluation de l'efficacité des traitements doit se faire à distance.

3 Traitement de la douleur
En cas de douleur, un traitement antalgique est prescrit.
Dans le cas des verrues plantaires douloureuses, le décapage au bistouri permet souvent de soulager immédiatement la douleur.

Cas particuliers
Immunodépression
La prise en charge de l'immunodépression et la réduction des traitements immunosuppresseurs contribuent à l'amélioration clinique. Les verrues
des patients immunodéprimés sont souvent profuses et très polymorphes. Les infections à l'HPV peuvent se compliquer d'une éventuelle
transformation carcinomateuse, ce qui impose une surveillance régulière. La prise en charge des verrues profuses de l'immunodéprimé est difficile
et peut faire appel à des traitements hors indication d'AMM (non exposés dans cette Reco).

Conseils aux patients


La verrue est une excroissance cutanée bénigne due à un virus, qui disparaît spontanément dans la majorité des cas.
C'est une affection contagieuse, la contamination interhumaine s'effectuant de façon directe ou indirecte (piscines, douches publiques, salles de
sport). Le risque de contamination est néanmoins extrêmement faible et ne nécessite pas de mesure de prévention particulière, notamment à la
maison ou à l'école.
Il ne faut ni gratter, ni inciser, ni tenter d'enlever une verrue cutanée, celle-ci risquant de s'infecter ou de saigner.
Les parents doivent être avertis que la cryothérapie est très douloureuse et que rien ne justifie ce traitement chez l'enfant.

Traitements
Médicaments cités dans les références
Kératolytiques
Les kératolytiques exercent une action topique sur l'hyperkératose engendrée par l'HPV et permettent l'élimination mécanique de la lésion.
L'acide salicylique et l'acide lactique sont utilisés à des concentrations variables (nombreux médicaments disponibles en vente libre). L'application
est quotidienne avec ou sans occlusion, après un décapage mécanique. Il existe un risque d'irritation, de causticité ou de plaies, en cas
d'utilisation de concentrations mal adaptées ou lors d'application dans des zones sensibles. L'utilisation des kératolytiques a été validée par de
nombreuses études.

acide salicylique
CORICIDE LE DIABLE sol p appl loc
FEUILLE DE SAULE CORICIDE VERRUCIDE LIQUIDE sol p appl loc
POMMADE M.O. COCHON pom kératolytique
SANITOS 11 g/100 g sol p appl loc
TRANSVERCID 14,54 mg/12 mm disp p appl cut
TRANSVERCID 3,62 mg/6 mm disp p appl cut
acide salicylique + acide lactique
DUOFILM sol p appl loc
KERAFILM sol p appl loc
VERRUFILM sol p appl loc
acide salicylique + acide lactique + thuya
VERRUPAN sol p appl loc

Médicaments non cités dans les références


Rétinoïdes locaux
Les rétinoïdes locaux sont utilisés pour leur action kératolytique, diminuant la vitesse de renouvellement de l'épiderme. Ils s'administrent à raison
de 1 à 2 applications en moyenne par jour. Un érythème ou une irritation transitoire peuvent survenir en début de traitement ; ils cèdent en général
après l'espacement des applications. Selon la réévaluation de la HAS, en l'absence de données dans le traitement des verrues planes, la
trétinoïne n'a pas de place dans leur stratégie thérapeutique. Le service médical rendu de ces médicaments est insuffisant pour justifier leur prise
en charge dans cette indication (synthèse d'avis de la commission de la transparence, HAS, octobre 2013).

trétinoïne
EFFEDERM 0,05 % crème
EFFEDERM 0,05 % sol p appl cut

Traitements non médicamenteux cités dans les références


Cryothérapie à l'azote liquide
Elle s'effectue par application directe au coton-tige ou au cryospray. La brûlure thermique est responsable de la destruction du tissu infecté. Une
bulle peut survenir dans les suites de la séance. Il est nécessaire d'effectuer plusieurs séances (à 2 à 3 semaines d'intervalle).

Destruction chirurgicale
Elle fait appel à l'électrocoagulation et/ou à la chirurgie. Elle est intéressante en cas de lésion unique et, surtout, exophytique : électrocoagulation
de la base de la verrue au bistouri électrique ou curetage chirurgical suivi d'une cicatrisation dirigée.

Destruction par lasers ablatifs ou vasculaires


La destruction par lasers ablatifs (CO2, Erbium) ou vasculaires (LCP) est à réserver aux verrues rebelles. Les lasers ablatifs détruisent le tissu
atteint et les lasers vasculaires coagulent les vaisseaux alimentant la verrue. Ces techniques sont relativement efficaces, mais chères, et
nécessitent parfois plusieurs séances (surtout dans le cas des lasers vasculaires). Elles ne sont pas remboursées par l'assurance maladie.

Références
« Local Treatments for Cutaneous Warts », Gibbs S. et al., The Cochrane Library, 2006.
« Tumeurs à Papillomavirus humain », Laurent R. et al., Annales de dermatologie et de vénéréologie, 2002, n° 129 (suppl. 10), pp. 137-142.
« Verrues », Amoric J., in Thérapeutique dermatologique, Dubertret L. et al., Flammarion Médecine-Sciences, 2e éd., 2001, pp. 176-178.
« Long-Term Follow-Up Evaluation of Patients with Electrosurgically Treated Warts », Gibbs R. C., Scheiner A. M., Cutis, 1978, vol. 21, n° 3, pp. 383-
384.

Mise à jour de la Reco : 18/03/2015


Mise à jour des listes de médicaments : 15/12/2015

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