avis CNC PROVISIONS
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COMPTABLES
Avis CNC 2018/25 – Provisions
Avis du 12 septembre 2018
1
I. Introduction
II. Base légale
III. Provision pour risques et charges : définition et principes généraux
A. Description détaillée des charges probables : provision versus réserve
B. Le risque ou la charge doit être probable ou certain à la date de clôture du bilan
1. Probable ou certain
2. A la date de clôture du bilan
1. Né au plus tard à la date de clôture - connu après la date de clôture
2. Né après la date de clôture
3. Existe à la date de clôture, mais plus entre la date de clôture et l’établissement des comptes
annuels
C. Principe de rapprochement des charges et des produits : les charges pour lesquelles la
provision est constituée doivent pouvoir être imputées à l’exercice
D. Le montant n’est pas déterminé : provision versus dette
IV. Correction de la valeur d'un élément de l'actif
V. Evaluation et constitution de la provision
A. Constitution systématique – indépendamment du résultat de l’exercice – conformément au
principe de rapprochement des charges et des produits
B. Montant
C. Risques et charges dont l’évaluation est aléatoire
D. Exemples
VI. Utilisation et reprise
VII. Cas pratiques
A. Provisions pour charges de grosses réparations et de gros entretien
B. Provisions pour variations de prix des stocks et commandes en cours
C. Obligations résultant d'un engagement de pension extralégale
D. Obligations résultant du régime de chômage avec complément d’entreprise, en abrégé RCC,
anciennement prépension
E. Provisions pour couvrir les dettes vis-à-vis du personnel en cas de fermeture de l'entreprise
F. Garanties liées à la vente de biens ou à la prestation de services
G. Remise d'un bien immobilier dans son pristin état
H. Obligations résultant d'une autorisation de lotissement obtenue en cours d'exercice
I. Frais de formation
J. Provisions pour charges fiscales
K. Provisions pour rente viagère
L. Provisions pour obligations environnementales
VIII. Position divergente de monsieur Michel De Wolf, membre de la Commission sur proposition
de l’Institut des Réviseurs d’Entreprises
Introduction
Les comptes annuels doivent donner une image fidèle du patrimoine, de la situation financière
et du résultat de la société.2 Les comptes annuels doivent être établis avec clarté et indiquer
systématiquement, d'une part, à la date de clôture de l'exercice, la nature et le montant des
avoirs et droits de la société, de ses dettes, obligations et engagements ainsi que de ses
moyens propres et, d'autre part, pour l'exercice clôturé à cette date, la nature et le montant de
ses charges et de ses produits.3 Dans cette optique, il doit être tenu compte de tous les risques
prévisibles, des pertes éventuelles et des dépréciations qui ont pris naissance au cours de
l’exercice auquel les comptes annuels se rapportent ou au cours d’exercices antérieurs.4 Les
charges et produits afférents à l'exercice ou à des exercices antérieurs doivent être pris en
compte de résultats de l’exercice sans considération de leur date de paiement ou
d'encaissement.5,6
Afin de respecter les principes de base précités, il est essentiel de choisir la bonne méthode de
comptabilisation d’une provision.
La décision de constituer une provision pour risques et charges constitue une tâche
particulièrement délicate pour l’organe de gestion d’une société. Il est souvent difficile
d’apprécier les éléments d’incertitude (le caractère probable d’un risque, d'une perte ou d’une
charge et le montant probable de cette perte ou charge) qui se trouvent à l’origine de la
constitution de la provision, alors que la décision de comptabiliser ou non une provision peut
avoir d’importantes répercussions sur l’image fidèle des comptes annuels et la pertinence des
informations publiées par la société.
A ce propos, la Commission souligne que les provisions pour risques et charges doivent
répondre aux critères de prudence, de sincérité et de bonne foi.7
Base légale
L’obligation de constituer une provision découle de l’article 33, alinéa 1er, de l’arrêté royal
d’exécution du Code des sociétés (ci-après : AR C.Soc.). Cet article prévoit qu’il doit être
tenu compte de tous les risques prévisibles, des pertes éventuelles et des dépréciations qui ont
pris naissance au cours de l'exercice auquel les comptes annuels se rapportent ou au cours
d'exercices antérieurs, même si ces risques, pertes ou dépréciations ne sont connus qu'entre la
date de clôture des comptes annuels et la date à laquelle ils sont arrêtés par l'organe de gestion
de la société. Dans les cas où, à défaut de critères objectifs d'appréciation, l'estimation des
risques prévisibles, des pertes éventuelles et des dépréciations est inévitablement aléatoire, il
en est fait mention dans l'annexe si les montants en cause sont importants au regard de
l'objectif visé à l'article 24, alinéa 1er.
Les articles 50 à 55 de l’AR C.Soc. définissent les provisions pour risques et charges et en
précisent les modalités d’application.
Au-delà de la constitution d'une provision pour les charges certaines à la date de clôture du
bilan dont le montant ne peut qu’être estimé, l’AR C.Soc. prévoit également la constitution de
provisions nécessaires aux charges11 qui sont, à la date de clôture du bilan, probables ou
certaines mais indéterminées quant à leur montant.12
L’AR C.Soc. détermine que les provisions pour risques et charges ont pour objet de couvrir
des pertes ou charges nettement circonscrites quant à leur nature, mais qui, à la date de clôture
de l'exercice, sont probables ou certaines, mais indéterminées quant à leur montant.13
La comptabilisation de provisions pour risques et charges est également dictée par le principe
de rapprochement des charges et des produits (matching principle), selon lequel il doit être
tenu compte des charges et des produits afférents à l’exercice ou à des exercices antérieurs,
sans considération de la date de paiement ou d’encaissement de ces charges et produits, sauf
si l’encaissement effectif de ces produits est incertain.14
Tous ces éléments doivent être réunis pour pouvoir procéder à la constitution d'une provision.
En d’autres termes :
Une provision peut uniquement être constituée pour des risques ou charges spécifiquement
définis. Si ceux-ci ne sont pas nettement circonscrits quant à leur nature, les conditions de
constitution d'une provision ne sont pas satisfaites. S’il s’agit de se prémunir contre un risque
d’ordre général, l’organe de gestion peut proposer de placer tout ou partie du bénéfice à
affecter en réserves disponibles, ou il peut être prévu dans les statuts qu’une réserve
indisponible statutaire doit être constituée pour couvrir ce risque.
Les aléas ou risques généraux auxquels l'entreprise est confrontée peuvent être rencontrés par
la constitution de réserves générales ou spéciales. Il s'agit alors de dotations qui relèvent, au
niveau du compte de résultats, d'actes d'affectation. Les aléas relatifs aux conditions générales
dans lesquelles l'exploitation de l'entreprise s'exercera au cours des exercices suivants ne
constituent pas un risque susceptible d'être rencontré par la constitution d'une provision pour
risques et charges. Il s'agit d'aléas afférents à des exercices ultérieurs et non à des exercices
écoulés et largement indéterminés même quant à leur survenance.
Si le risque ou la charge n’est pas probable ou certain à la date de clôture du bilan, les
conditions de constitution d'une provision ne sont pas respectées.
Probable ou certain
Une provision ne peut être constituée pour une simple éventualité. Comme précisé ci-dessus,
seules des réserves peuvent être constituées pour couvrir de simples éventualités. Il revient à
l’organe de gestion d'évaluer si la charge ou la perte couverte par la provision est probable ou
certaine.
L’exemple suivant illustre bien la différence entre une perte possible, probable ou certaine.
Exemple
Une entreprise vend des biens audio-visuels à ses clients. Le risque qu’une vente unique
conduise l’entreprise à devoir supporter une charge découlant de l’obligation de garantie est
plutôt faible. Sur la base de l’expérience antérieure, ce risque est estimé à 4 pour cent par
l’entreprise. Aucune provision ne peut être constituée sur cette seule base.15 Néanmoins, si
l’entreprise vend 2.500 articles par an, il est hautement probable que l'obligation de garantie
devra être exécutée pour environ 100 articles (4 pour cent de 2.500), et ce sur la base de
l’expérience antérieure précitée de l’entreprise. Etant donné qu'il est dès lors probable que des
coûts de garantie pour 100 articles devront être supportés au cours des exercices suivants, la
société doit acter une provision pour couvrir ce risque.
S'il est décidé, sur la base de l’ensemble des informations disponibles, que la possibilité
qu’une charge ou une perte survienne est « plus probable qu’improbable », la condition selon
laquelle il doit s'agir d'une charge ou perte probable est remplie. La probabilité que
l'événement se produise est alors plus grande que la probabilité qu’il ne se produise pas.16
Si la cause existe à la date de clôture du bilan, la société est tenue d’en tenir compte, même si
elle ne prend effectivement connaissance de cette cause qu’entre la date de clôture et
l'établissement des comptes annuels par l’organe de gestion.
Un exemple classique est la provision destinée à couvrir des impôts contestés relatifs à des
exercices antérieurs. Après la clôture de l'exercice mais avant l'établissement des comptes
annuels par l'organe de gestion, des impositions additionnelles importantes relatives à des
revenus d’exercices antérieurs sont enrôlés à charge d’une société. La société conteste ces
impositions par l'introduction d'une réclamation. En l’espèce, tous les éléments de l'imposition
existaient déjà avant la fin de l'exercice clôturé, même si ce risque n’est connu qu'après la
clôture de l’exercice. L’organe de gestion devra provisionner la charge fiscale qui, selon une
appréciation prudente, sincère et de bonne foi, grèvera effectivement le patrimoine de la
société.17
Existe à la date de clôture, mais plus entre la date de clôture et l’établissement des comptes annuels
Une société doit maintenir la provision pour risques et charges actée à la date de clôture du
bilan, même si entre cette date et l’établissement des comptes annuels, il apparaît clairement
que les pertes ou charges ne surviendront finalement pas. En effet, l'évaluation doit être
réalisée sur la base de la situation à la date de clôture du bilan.
Une réévaluation rétroactive des postes du bilan sur la base des éléments nés après la date de
clôture du bilan n’est pas compatible avec le principe de périodicité. A la date de clôture, les
conditions pour la comptabilisation d'une provision étaient remplies. Par conséquent,
l'application des principes de prudence et de l’image fidèle des comptes annuels nécessite que
la provision actée soit maintenue. Afin de respecter le principe de l’image fidèle, la
disparition du risque ou de la perte doit faire l'objet, le cas échéant, d'une mention appropriée
dans les comptes annuels, parmi les événements postérieurs à la date de clôture.18
Exemple
Au cours de l’année N-2, une société a constitué une garantie en faveur d’une autre entreprise.
La situation financière de cette dernière s’est dégradée au cours de l’année N-1 et la société a
dès lors constitué à la date de clôture du bilan de l’année N-1 une provision correspondant à
l’estimation des frais engendrés en cas de recours à cette garantie.
Les charges pour lesquelles une provision est constituée doivent être imputées à l’exercice au
cours duquel la provision est constituée. En d’autres termes, les charges doivent découler
d’activités exercées ou d'événements survenus au cours de cet exercice ou d’exercices
précédents.
Par conséquent, les charges afférentes aux produits d’un exercice mais dont le montant n’est
pas encore connu doivent être imputées à l’exercice au cours duquel les produits
correspondants ont été réalisés, en actant une provision pour risques et charges.19
Les provisions pour risques et charges n’ont toutefois pas toujours pour objectif de rapprocher
les charges des produits. En effet, les provisions pour risques et charges sont souvent
justifiées par la nécessité de tenir compte de charges sans contrepartie pour l’entreprise, au
cours de l’exercice au cours duquel est apparue la cause des pertes ou des charges.
Exemple
Lorsque du matériel est endommagé pendant l’exercice N, mais que la réparation n’est
effectuée qu’au cours d'un exercice ultérieur, l’entreprise concernée doit constituer une
provision pour risques et charges lors de l’exercice N. En effet, la charge résulte d'un
événement survenu au cours de l’exercice N.
Les charges et produits afférents à l'exercice ou à des exercices antérieurs (au cas où ces
derniers n'auraient pas été pris en résultat lors d'exercices antérieurs) doivent être pris en
compte de résultats de l’exercice sans considération de leur date de paiement ou
d'encaissement.20 Les produits et charges afférents à des exercices ultérieurs ne peuvent être
imputés à l'exercice en cours. Ils devront par conséquent être rattachés aux exercices qu'ils
concernent (principe de rapprochement des charges et des produits).
De manière générale, un produit ou une charge est à rattacher à la période durant laquelle la
créance ou la dette correspondante est née dans le chef de l'entreprise, mais les charges qui
trouvent leur origine au cours d’un exercice sans y être encore nées doivent être imputées à
cet exercice par la constitution de provisions, dans la mesure où :
ces charges sont probables ou certaines à la date de clôture du bilan mais indéterminées quant
à leur montant ;
ces charges sont à rattacher à cet exercice antérieur, c’est-à-dire, d'une part, qu'elles trouvent
leur origine dans une circonstance survenue au cours de cet exercice et, d'autre part, qu'elles
n'ont pas pour contrepartie des avantages à percevoir au cours d'exercices ultérieurs ; et
le montant à provisionner est quantifiable d'une manière raisonnable et justifiée.
Il n’est pas possible d'acter une provision pour des charges à payer nées au cours de l'exercice
ou au cours d'un exercice antérieur qui n'ont pas encore donné naissance à un titre juridique
d'endettement, mais dont le montant est déterminé ou susceptible d'être estimé avec
précision.21
Lorsque le risque ou la charge est certain et que le montant est déterminé ou susceptible d'être
estimé avec précision, il ne s'agit pas d'une provision, mais d'une dette22. Il en va de même
pour les charges nettement circonscrites quant à leur nature et à leur montant dont la
réalisation et le montant est certain, mais non la date de réalisation.23
Les comptes 456 Pécules de vacances et 450 Dettes fiscales estimées en sont des exemples
type. Les charges en question sont déjà comptabilisées en tant que dette, même s’il n’existe
pas encore de titre juridique d'endettement à la date de clôture du bilan.24 Concrètement, en
ce qui concerne les pécules de vacances à verser, leur date de paiement n’a pas encore été
déterminée et, en ce qui concerne les dettes fiscales, les impôts sur le résultat n'ont pas encore
été enrôlés.
Correction de la valeur d'un élément de l'actif
Les provisions ne peuvent avoir pour objet de corriger la valeur d'éléments de l'actif.25 Elles
ne peuvent donc pas être utilisées pour tenir compte des modifications, définitives ou non, de
la valeur des éléments de l’actif constatées à la date de clôture du bilan.26 La
comptabilisation d'une provision en vue de compenser la non-inscription d’un amortissement
ou d'une réduction de valeur n’est dès lors pas autorisée.
Exemple
Le 1er décembre de l'année N, un travailleur cause un accident avec un camion de son
employeur. Les dommages causés au camion appartenant à la société ne sont pas assurés.
Si l’entreprise décide de réparer le camion, elle devra, à la date de clôture du bilan, acter une
provision d'un montant équivalent aux frais de réparation estimés, à savoir 12.000. A l'issue
des travaux de réparation, la valeur d'usage du camion retrouve en principe son niveau
antérieur et aucun amortissement exceptionnel supplémentaire ne doit être enregistré. Par
contre, si la valeur d'usage s'avère être inférieure à la valeur comptable après la réparation27,
un amortissement exceptionnel28 adéquat devra être acté.
Si l’entreprise décide de ne pas réparer le camion, sa valeur d'usage est ramenée à sa « valeur
résiduelle ». Si le camion demeure en possession de l’entreprise à la date de clôture du bilan,
il convient d’acter un amortissement exceptionnel29 adéquat30.
Les provisions doivent être constituées systématiquement sur la base des méthodes arrêtées
par l’organe de gestion conformément à l'article 28, § 1er, de l’AR C.Soc. Elles ne peuvent
dépendre du résultat de la société.31
Les règles d'évaluation doivent être suffisamment concrètes pour permettre d'apprécier les
méthodes d'évaluation adoptées.32 Il importe que la définition des règles d'évaluation arrêtées
par l'organe de gestion permette de vérifier concrètement l'application des critères retenus.
L’organe de gestion doit constituer les provisions de telle sorte que, à la date de clôture, elles
reflètent la meilleure estimation des coûts considérés comme probables ou, dans le cas d’une
obligation, la meilleure estimation du montant nécessaire pour respecter cette obligation.
Ainsi, l’estimation doit être réalisée sur base de critères sérieux et ne peut pas être faite en
fonction, par exemple, des bénéfices de l’exercice.
Les méthodes gouvernant la constitution des provisions et la répartition de leur constitution
dans le temps dépendent étroitement de la nature des risques qu'elles visent à rencontrer ainsi
que des éléments qui leur donnent naissance ou qui en déterminent le montant. Dans les cas
où une prise en charge échelonnée est justifiée par le principe de rapprochement, mais
qu’aucun critère ne justifie une prise en charge sur une base systématique différente, la prise
en charge sur une base linéaire paraît la méthode la plus appropriée.
La Commission tient à souligner que la technique des provisions est indispensable au respect
des exigences du principe de rapprochement des charges et des produits, afin que les charges
futures mais qui ont pris naissance au cours d’un exercice, soient prises en résultat dans
l’exercice approprié.
Montant
Le montant d’une provision ne peut par définition pas être évalué de manière exacte et ne peut
qu’être estimé. La provision à constituer doit reposer sur une évaluation de bonne foi et
circonspection, dans le respect des critères de prudence et de sincérité.33
Les estimations doivent être fondées sur une évaluation prudente par l’organe de gestion de
l'entreprise, au départ des dernières informations fiables disponibles. Les estimations doivent
être calculées sur une base objective, complétées par l'expérience dans des situations
similaires et, dans certains cas, par des rapports d'experts indépendants. Toutes les indications
complémentaires, le cas échéant liées à des événements postérieurs à la date de clôture du
bilan, doivent être prises en considération.34
Ainsi, à la date de clôture du bilan, une provision doit représenter la meilleure estimation des
charges qui sont considérées comme probables ou, dans le cas d'une obligation, la meilleure
estimation du montant nécessaire pour l'honorer à la date de clôture du bilan.35
Les provisions pour risques et charges ne peuvent être maintenues dans la mesure où elles
excèdent en fin d'exercice une appréciation actuelle, selon les critères de prudence, de
sincérité et de bonne foi, des charges et risques en considération desquels elles ont été
constituées.36 Dans ce contexte, l’organe de gestion est tenu, tout comme pour la constitution
d’une provision, de tenir compte, à la date de clôture du bilan, de la meilleure estimation des
charges qui sont considérées comme probables ou, dans le cas d'une obligation, la meilleure
estimation du montant nécessaire pour l'honorer à la date de clôture du bilan.
Dans le cas où, à défaut de critères d'appréciation objectifs, l'estimation des risques
prévisibles, des pertes éventuelles et des dépréciations est inévitablement aléatoire, il en est
fait mention dans l'annexe si les risques en cause sont importants au regard de l’image
fidèle.37
Le terme « estimation inévitablement aléatoire » signifie que l'importance d'un risque ou
d’une perte nettement circonscrit et prévisible n'est pas seulement incertaine, mais aussi
totalement « indéterminable » à défaut de critères d'appréciation objectifs. Or, des provisions
ne peuvent pas être constituées pour des risques ou pertes prévisibles ou probables dont
l'ampleur est totalement indéterminable au risque de compromettre le caractère fidèle des
comptes annuels. En une telle hypothèse, l'entreprise est donc dispensée de constituer une
provision à charge du compte de résultats. Ceci ne la dispense pas de faire une mention
appropriée dans l'annexe. Une telle mention est très importante sous l'angle de la
responsabilité des administrateurs, si le risque devait se réaliser ultérieurement.
Dans la pratique, il se peut que la probabilité d'un risque déterminé soit, de l'avis des
dirigeants de l'entreprise, certaine à la clôture des comptes, mais que son estimation donne
lieu à une série de montants, tous aussi acceptables les uns que les autres. Une telle situation
n'a pas, de l'avis de la Commission, pour effet que l'évaluation du risque prévisible ou de la
perte serait « inévitablement aléatoire », et que l'entreprise serait dispensée de constituer la
moindre provision et pourrait se limiter à une mention dans l'annexe. La Commission estime
au contraire que, si les montants sont tous aussi acceptables, une provision doit être constituée
au moins à concurrence du plus petit montant estimé. Parallèlement, les montants tout aussi
acceptables qui sont plus élevés et la façon dont ceux-ci ont été évalués doivent être
mentionnés dans l’annexe. Il convient également d’indiquer dans l’annexe la nature du risque
en question.
En matière de litiges en cours, il arrive que la probabilité d'une perte soit extrêmement réduite
(p. ex. en cas d’action téméraire et vexatoire). Dans de tels cas, ni la constitution d'une
provision, ni même une mention dans l'annexe ne sont requises.38
Il se peut aussi que les données disponibles soient contradictoires ou insuffisantes pour
estimer tant la probabilité de la perte que son montant. En une telle hypothèse, une mention
appropriée du litige en cours dans l'annexe suffit.
La constitution d'une provision est une opération visant à donner une vue justifiée de la
rentabilité et du patrimoine de l’entreprise. La constitution d'une provision reste ainsi
totalement étrangère à l'existence ou à l'importance des créances sur ou des dettes envers des
tiers. La constitution d'une provision ne permet par conséquent jamais de déduire que
l'entreprise reconnaîtrait (même implicitement) à concurrence de la provision comptabilisée le
bien-fondé de l'action en justice intentée contre elle. Les provisions doivent être constituées
en respectant le principe de prudence. Celui-ci permet d'éviter la distribution de capitaux
propres qui, par prudence, doivent être réservés à la prise en charge des coûts pour lesquels
une provision est constituée.
Exemples
Les exemples ci-dessous illustrent les principes de constitution d’une provision, énumérés
plus haut. Les applications pratiques suivantes ne sont fournies qu'à titre indicatif. En
définitive, c’est l’organe de gestion qui est seul responsable de la constitution d'une provision
adéquate.
Lors de l'acquisition
Application pratique 2
Une société a acquis un terrain pour un montant fixe de 1.000, avec l'obligation d’assumer les
frais de formation du service d'animation socio-éducative d'une organisation communale, et ce
durant trois ans. La valeur actuelle de la totalité de cette obligation est estimée à 600. Le
service d'animation n'a pas de lien direct avec l’avantage que le terrain représente pour la
société acquérante.
Lors de l'acquisition
Au cours de l’exercice
La première année, les frais de formation s'élevaient à 195.40
Dans le respect du principe de rapprochement des charges et des produits, une provision est
progressivement constituée.
Lors de l'acquisition
6380 Provisions 2
La Commission fait remarquer que lorsque les montants concernés sont significatifs, il
convient de reprendre une mention appropriée dans l’annexe concernant cette obligation
d’élimination.
Utilisation et reprise
Une provision pour risques et charges est utilisée ou reprise (en tout ou en partie) lorsque la
charge pour laquelle la provision a été constituée acquiert le caractère d'une dette certaine et
liquide ou lorsque la provision constituée est supérieure à l’appréciation actuelle.
Une provision pour risques et charges actée doit être reprise dès qu'il est manifeste que les
pertes ou charges probables ou certaines ne se réaliseront pas, ou lorsqu’il n’est plus probable
que celles-ci se réaliseront. Si l’objet de la provision n’existe plus à la date de clôture du bilan
(par exemple en cas de litige), l’intégralité de la provision constituée doit être reprise.
Cas pratiques
La constitution de provisions appropriées conformément aux dispositions réglementaires et
répondant plus particulièrement aux principes généraux de prudence, de sincérité et de
fidélité, relève de la responsabilité de l’organe de gestion.
L'AR C.Soc. comporte une liste exemplative des provisions dont la constitution est
obligatoire.41 Des provisions doivent être constituées pour couvrir notamment :
L'AR C.Soc. impose explicitement la constitution de provisions pour couvrir les charges de
grosses réparations et de gros entretien.42 La constitution de provisions pour couvrir ces
charges doit répondre aux critères fixés par l'article 33 de l’AR C.Soc. Il s'ensuit, notamment,
que les provisions pour grosses réparations doivent correspondre à des charges ou
dépréciations survenues dans l’exercice en cours ou des exercices antérieurs.
L'objet de la constitution d'une provision pour couvrir les charges de grosses réparations et de
gros entretien est d'imputer ces charges - non récurrentes dans chaque exercice - à la période
d'utilisation des actifs par l'entreprise. La prise en charge de l'ensemble de ces charges au
cours de l'exercice de leur exposition effective ne répondrait pas au principe de
rapprochement des charges et des produits. En effet, la situation qui justifie la réparation ou
l'entretien s’est manifestée au cours de la (des) période(s) antérieure(s) à la grosse réparation
ou au gros entretien.
En ce qui concerne les différents actifs nécessitant des réparations et/ou un gros entretien, la
Commission recommande de dresser une sorte d’inventaire précisant, par élément d'actif, les
réparations et/ou le gros entretien nécessaire(s), ainsi que la date des dernières réparations
et/ou du dernier gros entretien, et une estimation de leur coût. Ce dernier montant sera
confronté annuellement à une actualisation des prix.
Dans ce contexte, la Commission souligne qu’il n'est pas possible de constituer une provision
pour des travaux d'agrandissement (nouvelle construction), dans la mesure où ces charges ne
peuvent pas être rattachées à l’usure, apparue au cours de l’exercice, des actifs utilisés par
l’entreprise.
Exemple
Un immeuble est repeint tous les cinq ans. Au 31.12.N, l'entreprise estime le coût de ces
travaux de peinture à 25.000. Au 31.12.N+1 et au 31.12.N+2, l'entreprise estime ce coût
toujours à 25.000. Au 31.12.N+3, le coût des travaux de peinture est estimé à 26.000. Au
31.12.N+4, l'entreprise estime le coût des travaux de peinture toujours à 26.000. Dans le
courant de N+5, l'entreprise fait exécuter les travaux et elle reçoit le décompte des travaux
effectués pour un montant de 26.500 (hors TVA 21 %).
Ecriture au 31.12.N+3
Ecriture au 31.12.N+4
6360 Provisions pour grosses réparations et gros entretiens : dotation 5.200
à 44 Fournisseurs 26.500
0
Lorsqu'une entreprise a acheté ou vendu des actifs à terme, et que, de l'avis de l'organe de
gestion, cette opération dégagera probablement une perte, la constitution de provisions
appropriées s'impose.46
Pour ce qui concerne les commandes en cours, la Commission observe que si, sur la base des
calculs les plus récents, il devait s'avérer qu'à la date d'inventaire, l'exécution de la commande
dégagera une perte, l'entreprise devra constituer des provisions pour les risques et charges liés
à la poursuite de l'exécution de ces commandes, pour autant que ces risques ne soient pas
couverts par des réductions de valeur. Tout d'abord, il y a lieu d'appliquer des réductions de
valeur. Si ces réductions de valeur devaient s'avérer insuffisantes compte tenu de la valeur
comptable de la commande en cours concernée, la constitution d'une provision
complémentaire à la date de clôture s'impose. Le montant de la réduction de valeur ne peut, en
effet, jamais être supérieur à l'élément d'actif en question.47
L'incertitude au sujet des conditions générales dans lesquelles l'entreprise exercera son
activité dans les années à venir, et plus particulièrement les prix auxquels elle pourra acheter
ses matières premières et les vendre après leur manutention, ne représente pas un risque
pouvant justifier la constitution d'une provision. Il s'agit, en effet, d'une incertitude non
rattachée à l'exercice en cours ou un exercice précédent, mais à des exercices ultérieurs. En
outre, ce type d'incertitude est difficile à cerner. La constitution ou le maintien de ce type de
provision impliquerait la constitution d'une provision générale, ce qui n'est pas admis. Toute
provision non constituée pour des risques individualisés rattachés à l'exercice écoulé ou des
exercices antérieurs a le caractère d'un bénéfice réservé ; elle devra dès lors être traitée en
conséquence dans les comptes annuels.
Le régime de chômage avec complément d’entreprise est un système où les travailleurs d’un
certain âge qui sont licenciés ont droit aux allocations de chômage et à une indemnité
complémentaire (appelée complément d’entreprise) à charge de leur ex-employeur. Le
chômeur avec complément d’entreprise perçoit généralement le montant de son complément
d’entreprise chaque mois jusqu’au moment où il atteint l’âge de la pension. Le débiteur du
complément d’entreprise est en principe l’ancien employeur mais il est possible que cette
obligation soit assumée par un fonds sectoriel. Il est également possible que le montant total
du complément d’entreprise soit payé en une seule fois. Le régime de chômage avec
complément d’entreprise est organisé par les textes réglementaires suivants :
la Convention Collective de Travail n° 17 du 19 décembre 1974 instituant un régime
d'indemnité complémentaire pour certains travailleurs âgés, en cas de licenciement ;
la Convention Collective de Travail n° 105 du 28 mars 2013 fixant les conditions d'octroi
d'une indemnité complémentaire dans le cadre du chômage avec complément d'entreprise
pour certains travailleurs âgés moins valides ou ayant des problèmes physiques graves, en cas
de licenciement ;
l’arrêté royal du 3 mai 2007 fixant le régime de chômage avec complément d’entreprise tel
que modifié par les arrêtés royaux du 28 décembre 2011, du 20 septembre 2012 et du 30
décembre 2014 ;
la loi du 12 avril 2011 modifiant la loi du 1er février 2011 portant la prolongation de mesures
de crise et l’exécution de l’accord interprofessionnel, et exécutant le compromis du
Gouvernement relatif au projet d’accord interprofessionnel, modifiée par la loi du 29 mars
2012 portant des dispositions diverses ;
l’arrêté royal du 7 décembre 1992 relatif à l’octroi d’allocations de chômage en cas de
prépension conventionnelle.48
Quant à la possibilité d'une répartition de ces charges sur plusieurs exercices, lorsque ces
charges s'inscrivent dans une restructuration de l'entreprise, il est renvoyé à l'avis CNC
2011/24 - Frais de restructuration - Traitement dans les comptes annuels.
Provisions pour couvrir les dettes vis-à-vis du personnel en cas de
fermeture de l'entreprise
Lorsque la décision de cessation des activités ou d'une fraction importante des activités d’une
entreprise est définitive, ou si cette décision est imminente, la constitution d'une provision
s'impose, en vue de couvrir les charges résultant de la cessation des activités, et en particulier
les indemnités à verser aux travailleurs.49
Aussi longtemps que l'organe compétent n'a pas décidé la cessation des activités ou d'une
fraction importante des activités ou aussi longtemps qu'une telle décision n'est pas probable,
l'entreprise ne peut pas librement choisir de constituer une provision pour les dettes qui
pourraient en résulter. La constitution de provisions a pour objet de couvrir des pertes ou
charges nettement circonscrites quant à leur nature, qui, à la date de clôture de l'exercice, sont
probables ou certaines, mais dont le montant ne peut être qu'estimé. La Commission est d’avis
que, au plus tard, au moment que, en application de la Loi Renault, la procédure est
commencée, une provision doit être constituée. La constitution de celle-ci n’implique pas que
la décision de licenciement collectif soit déjà prise. La seule éventualité de leur survenance ne
saurait dès lors justifier la constitution d'une provision. A l'instar des risques généraux, elles
ne peuvent être rencontrées que par la création de réserves.
Ces garanties constituent sous l'angle juridique comme sous l'angle financier des engagements
indiscutables qui engendrent des charges. Le vendeur ou le prestataire de services sera en effet
tenu, en vertu de sa garantie, d'exposer des frais et de fournir des prestations additionnelles ne
pouvant pas faire l'objet d'une facturation nouvelle. Leur coût effectif à l'avenir ne peut
cependant être estimé qu'au moment de la vente ou de la prestation du service.
Il y aura donc lieu de constituer des provisions pour couvrir les charges inhérentes aux
garanties attachées aux ventes et prestations déjà effectuées par l'entreprise. Cette obligation
de constituer une provision est directement liée à la naissance de l'engagement de garantie.
C'est donc au moment où le bien est vendu ou que la prestation est fournie que la provision
doit être constituée. On doit en effet considérer que le coût de la garantie attachée au bien
vendu ou au service presté grève son prix de vente. C'est dès lors le compte de résultat de
l'exercice qui bénéficie du produit de la vente qui doit supporter simultanément les charges
relatives à cette vente et donc les charges afférentes à cette garantie (le principe de
rapprochement des charges et des produits).51 Il en résulte qu'il est exclu de reporter les
charges qui grèvent cet engagement de garantie à un exercice ultérieur, au moment donc où
l'acheteur se prévaut de la garantie.
La Commission observe que ce n'est pas la vente du bien ni la prestation du service qui
déclenche l'obligation de constituer une provision. Cette obligation découle de l'engagement
de garantie sous-jacent rattaché à cette vente ou ce service. Par conséquent, l'organe de
gestion ne peut se limiter à la constitution d'une provision pour un montant forfaitaire
correspondant à un pourcentage du chiffre d'affaires, mais devra faire une estimation des
charges résultant de cet engagement de garantie. Sur la base de cette estimation, il est possible
d’appliquer un « pourcentage d’expérience » au chiffre d’affaires, pour autant que
l’estimation ait lieu à intervalles réguliers.
Le coût des prestations couvertes par la garantie est porté, selon sa nature, sous la rubrique
correspondante du compte de résultats. L'impact de ces prestations est toutefois neutralisé, en
tout cas à la clôture de l'exercice, par le débit du compte 163-165 Provisions pour autres
risques et charges et le crédit du compte 6371 Provisions pour autres risques et charges :
utilisations et reprises.
Le montant des provisions doit être corrigé à la date d'inventaire, sur base d'une appréciation
actuelle des charges et risques en considération desquelles elles ont été constituées.52
En principe, cette provision est constituée linéairement sur la durée de la convention ou sur la
durée d'utilisation du droit si cette dernière est plus courte.55 S’il existe des circonstances ou
éléments justifiant l'application d'une méthode autre que linéaire, l'organe de gestion peut
considérer qu'une telle méthode s'avère plus appropriée.
Dans la mesure où cette obligation de remettre le bien dans son pristin état peut avoir un
impact significatif sur la situation financière et les résultats de l'entreprise, elle devra
également être inscrite sous les droits et engagements hors bilan, pour une valeur
correspondant à une estimation de la totalité des charges liées à la remise du bien dans son
pristin état.
L'autorisation de lotissement en soi représente une certaine valeur. Cette valeur correspond,
d'une part, aux frais engagés pour son obtention, et, d'autre part, au potentiel bénéficiaire
inhérent à l'autorisation. Aussi longtemps que celle-ci ne sera pas valorisée, ce potentiel
bénéficiaire ne pourra pas être repris dans les comptes annuels au titre de bénéfice réalisé.
L'autorisation de lotissement obtenue comporte toutefois, comme précisé ci-avant, une série
d'obligations inhérentes à celle-ci. L'enregistrement au bilan des charges liées à l'autorisation
de lotissement sans exprimer les produits futurs générés par celle-ci, donnerait une image
altérée de la réalité. En effet, cela reviendrait à exprimer (une estimation) des charges au
bilan, alors qu’il est tout à fait exclu d’inscrire les produits correspondants sous la rubrique
des produits. Cela reviendrait en outre à surestimer les fonds propres de l'entreprise lorsque, à
l'occasion de la réalisation partielle du projet faisant l’objet de l'autorisation, celle-ci
enregistre l'intégralité des produits de la vente, sans tenir compte de l'obligation qui lui est
imposée par l'autorisation de lotissement (l'aménagement futur d'un parc).
L'autorisation de lotissement peut être réalisée, soit par son transfert à un promoteur
immobilier, soit par l’exécution d'un projet de construction. Au fur et à mesure de la mise en
œuvre du projet de construction, les produits qu’il dégage seront réalisés. Parallèlement,
l'obligation d’aménager un parc et de le transférer ensuite aux autorités demeure effective.
Dans cette optique, des provisions correspondantes doivent être constituées. Si l’on
comptabilise uniquement les produits dégagés du projet lors de la vente de la totalité des lots,
cela conduirait à une surestimation des fonds propres en cas de vente de lots. En effet, tous les
bénéfices réalisés sur les projets auront été enregistrés, alors que la charge, c'est-à-dire
l'aménagement du parc, n’aura pas encore été traduite dans les résultats. Il s'ensuit une
surestimation des fonds propres à concurrence du coût estimé pour l'aménagement et le
transfert du parc à aménager.
Dans cette optique, la Commission propose, à titre d'exemple, de procéder comme suit :
Frais de formation
Une entreprise décide, dans le cadre d'une campagne de vente récemment lancée, de proposer
à son personnel de suivre une formation au cours de l'exercice suivant. Les frais de cette
formation ne peuvent pas faire l'objet d'une provision à charge de l'exercice en cours, car ces
frais ne résultent pas d'une activité exercée ou d'un événement survenu au cours de cet
exercice. En outre, ces frais de formation généreront probablement une augmentation du
chiffre d'affaires dans les exercices ultérieurs.
Une nouvelle réglementation emporte des obligations et, partant, la nécessité pour le
personnel en place de suivre une formation de perfectionnement, afin de pouvoir répondre à
ces nouvelles obligations. L'entreprise devra constituer une provision pour les frais
supplémentaires57 que cette formation nécessitera, pour autant que celle-ci ait lieu au cours
d’un exercice ultérieur.
Doivent être portées sous le poste 161 Provisions pour charges fiscales, les provisions
constituées pour couvrir les charges fiscales pouvant résulter de la rectification de la base
imposable ou du calcul de l'impôt.58 Si l’entreprise ne s’oppose pas au paiement de
l’imposition qui est ou sera réclamée, celle-ci ne sera toutefois pas enregistrée sous les
provisions mais sous les dettes (fiscales).
Il s'agit plus particulièrement de provisions pour couvrir une imposition fiscale prévue relative
aux impôts sur les bénéfices réalisés au cours d'exercices précédents.
Ne sont visées dans ce contexte que les seules provisions pour couvrir la charge fiscale
proprement dite, à l'exclusion des frais de procédure (par exemple, les honoraires d'avocats) à
supporter par l'entreprise en cas de contestation de l'imposition fiscale.
La Commission renvoie à cet égard à son avis CNC 2012/19 - Biens acquis contre paiement
d'une rente viagère.
La constitution d'une provision pour obligations environnementales est obligatoire, tant pour
les obligations légales ou contractuelles que pour les obligations de fait. Par obligation légale
ou contractuelle, il y a lieu d'entendre : l'obligation légale ou contractuelle imposée à
l'entreprise d'empêcher, de réduire ou de réparer des dommages causés à l'environnement. Par
obligation de fait, il y a lieu d'entendre : l'obligation qui en réalité découle de la conduite de
l'entreprise même, lorsqu'elle a pris l'engagement d'empêcher, de réduire ou de réparer des
dommages causés à l'environnement, et qu'elle ne peut ignorer cet engagement, en raison du
fait que, vu ses déclarations d'intention ou de politique, ou des pratiques en vigueur dans sa
branche d'activité, elle a ouvertement déclaré assumer la responsabilité d'empêcher, de réduire
ou de réparer des dommages causés à l'environnement.
La Commission observe que dès la naissance d'une obligation environnementale, celle-ci peut
avoir une influence sur la valorisation d'un élément d'actif de l'entreprise. Cependant, lorsque
l'entreprise se voit contrainte d'opérer un assainissement ou qu'elle s'engage librement à cette
opération d'assainissement, ceci n’entraînera pas une réduction de valeur de l'élément d'actif
en question. En l'occurrence, l'entreprise sera en effet tenue de constituer une provision pour
obligations environnementales et, le cas échéant, de prévoir une mention appropriée à
l'annexe.61
« Lorsqu'un projet d'avis ou un avis est adopté à la majorité des voix, la position divergente du
membre concerné ou des membres concernés, avec mention du nom de celui-ci ou de ceux-ci,
est indiquée dans le projet d'avis ou dans l'avis et est également publiée avec le projet d'avis
ou l'avis. ».
"L’avis relatif aux provisions tel qu’adopté constitue certainement une synthèse de qualité des
positions dominantes existant en Belgique sur la plupart des questions que soulève la notion
de provision. Cependant, il développe aussi une approche minimaliste des conséquences qui
devraient être tirées, selon moi, de l’ajout par le législateur de l’alinéa suivant dans l’article
50 de l’arrêté royal du 30 janvier 2001 : « A la date de clôture du bilan, et sans préjudice de
l’article 33, § 1er, une provision représente la meilleure estimation des charges qui sont
considérées comme probables ou, dans le cas d’une obligation, la meilleure estimation du
montant pour l’honorer à la date de clôture du bilan. »
Cet ajout dans l’arrêté vise à transposer dans l’ordre juridique interne belge le dernier alinéa
de l’article 12 de la directive 2013/34, qui est rédigé en des termes similaires.
Quant au fond, ce langage largement commun, correspond à l’IAS 37.36 : « Le montant
comptabilisé en provision doit être la meilleure estimation de la dépense nécessaire à
l’extinction de l’obligation actuelle à la fin de la période de reporting. » Or la directive
2013/34 a voulu assurer une plus grande compatibilité (voire sur certains points une
meilleure convergence) avec les normes comptables internationales.
Par ailleurs, l’avis adopté introduit, mais ici sans appui textuel dans la directive ou l’arrêté
comptable, le concept de « plus probable qu’improbable » de l’IAS 37 (voir spécialement le
n° 19 de l’avis), alors que le principe de prudence conduit généralement à considérer qu’en
droit comptable interne belge, il faut comptabiliser une provision pour faire face à une
charge de probabilité substantielle, même si la probabilité n’atteint pas 50,1%. La référence
au principe « plus probable qu’improbable » risque d’inciter un certain nombre d’entreprises
en difficultés à s’abriter derrière lui pour ne pas comptabiliser des provisions qui jusqu’ici
étaient considérées par la doctrine comme nécessaires.
Pour les raisons ci-avant, je suis, respectueusement, au regret de devoir diverger de l’avis
adopté."
1.Le présent avis a été élaboré après la publication pour consultation publique d’un projet
d’avis le 4 janvier 2018 sur le site de la CNC. Lors de la réunion plénière de la Commission
du 12 septembre 2018, M. Michel De Wolf, membre de la Commission sur proposition de
l’Institut des Réviseurs d’Entreprises a communiqué, par procuration, vouloir formuler une
position divergente. Les motifs de celle-ci ont été communiqués au Président de la
Commission le 8 octobre 2018 et sont repris in fine.
2.Article 24, alinéa 1er, AR C.Soc.
3.Article 25, § 1er, AR C.Soc.
4.Article 33, alinéa 1er, AR C.Soc.
5.Sauf les produits dont l'encaissement effectif est incertain (article 33, alinéa 2, AR C.Soc.).
Ces produits ne doivent pas être pris en résultat tant que l’encaissement effectif reste
incertain. Voir également l’avis CNC 107/11 - Produits faisant l'objet d'un litige.
6.Article 33, alinéa 2, AR C.Soc.
7.Article 51, AR C.Soc.
8.Il convient d’entendre par grandes entreprises les entreprises, autres que les sociétés, qui
relèvent du champ d’application de l’AR C.Soc.
9.Il convient d’entendre par grandes associations et fondations les associations et fondations
qui relèvent du champ d’application de l’AR C.Soc.
10.Article 33, AR C.Soc.
11.Le législateur belge lève l’option prévue aux articles 6, (5) et 12, (12) de la directive
2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 relative aux états financiers
annuels, aux états financiers consolidés et aux rapports y afférents de certaines formes
d’entreprises, modifiant la directive 2006/43/CE du Parlement européen et du Conseil et
abrogeant les directives 78/660/CEE et 83/349/CEE du Conseil. En effet, ladite directive
prévoit que, outre la comptabilisation obligatoire des passifs existants qui ont pris naissance
au cours de l’exercice ou d'un exercice antérieur, les Etats membres peuvent autoriser ou
exiger la comptabilisation de tous les passifs prévisibleset pertes éventuelles.
12.C’est ce qu'il ressort de la lecture conjointe des articles 33 et 50-55 de l’AR C.Soc.
13.Article 50, alinéa 1er, AR C.Soc.
14.Article 33, alinéa 2, AR C.Soc.
15.A cet égard, la Commission observe que lorsqu’il s'agit d'une vente qui est assortie d'une
obligation de garantie susceptible d’avoir une influence importante sur le patrimoine, sur la
situation financière ou sur le résultat de la société, une mention appropriée doit être reprise
dans l’annexe.
16.Désigné dans la norme internationale IAS 37 Provisions, passifs éventuels et actifs
éventuels comme le principe « more likely than not ».
17.Voir également l’avis CNC 128/3 - Enrôlement complémentaire après la date de clôture.
18.Dans le schéma complet, il s'agit de la section « Nature et impact financier des événements
significatifs postérieurs à la date de clôture, non pris en compte dans le bilan ou le compte de
résultats » ; dans le schéma abrégé et le microschéma, de la section « Autres informations à
communiquer dans l’annexe ».
19.S. Lievens, « Voorzieningen: de omzetting en de interpretatie van de Vierde Richtlijn in
het Belgische boekhoudrecht », TFR, 2011, n° 407, pp. 678-679.
20.Sauf les produits dont l'encaissement effectif est incertain (article 33, alinéa 2, AR C.Soc.).
21.Article 95, § 2, VIII, alinéa 2 et IX, AR C.Soc.
22.Les montants enregistrés sous les factures à recevoir ou sous les charges à imputer font
également partie des dettes de l’entreprise.
23.Article 95, § 2, VIII, AR C.Soc. Voir également le rapport au Roi de l’AR du 12 septembre
1983 modifiant l'AR du 8 octobre 1976 relatif aux comptes annuels des entreprises.
24.L’article 95, § 2, VIII, alinéa 2, de l’AR C.Soc. est rédigé comme suit : « Sont classées
sous cette rubrique, aux rubriques correspondantes, les charges à payer nées au cours de
l'exercice ou au cours d'un exercice antérieur qui n'ont pas encore donné naissance à un titre
juridique d'endettement, mais dont le montant est déterminé ou susceptible d'être estimé avec
précision. ».
25.Article 50, AR C.Soc.
26.Article 2, 8), directive 2013/34.
27.Après l'amortissement annuel, selon le plan d’amortissement conventionnel.
28.Par le débit du compte 6602 Amortissements et réductions de valeur non récurrents sur
immobilisations corporelles.
29.Par le débit du compte 6602 Amortissements et réductions de valeur non récurrents sur
immobilisations corporelles.
30.Ou une réduction de valeur lorsqu'il s'agit d'un actif à durée de vie indéterminée.
31.Article 53, AR C.Soc.
32.Article 28, § 1er, AR C.Soc.
33.Article 28, § 1er, AR C.Soc. en combinaison avec l’article III.89, § 1er, CDE, l’article 32,
AR C.Soc. et l’article 51, AR C.Soc.
34.Rapport au Roi précédant l’arrêté royal du 18 décembre 2015 transposant la directive
2013/34/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 juin 2013 relative aux états financiers
annuels, aux états financiers consolidés et aux rapports y afférents de certaines formes
d'entreprises, modifiant la directive 2006/43/CE du Parlement européen et du Conseil et
abrogeant les directives 78/660/CEE et 83/349/CEE du Conseil.
35.Article 50, AR C.Soc.
36.Article 55, AR C.Soc.
37.Article 33, alinéa 1er, AR C.Soc. et article 25, § 3, alinéa 2, AR C.Soc.
38.Cf. Avis CNC 2011/3 - Traitement en droit comptable de dettes contestées, 8 décembre
2010.
39.Dans cet exemple, par souci de simplification, l'on part du principe que la machine a été
achetée à la fin de l’exercice N et que le premier paiement à l’ASBL sera effectué au début de
l’exercice N+2.
40.Il est fait abstraction des aspects liés à la TVA.
41.Article 54, AR C.Soc.
42.Article 54, AR C.Soc.
43.26.000 x 4/5 = 20.800 ; une provision de 3 x 5.000 = 15.000 a été constituée ; cet exercice,
une provision de 5.800 s'impose donc.
44.Ce qui correspond à 26.500 x 1/5.
45.Voir également l'avis CNC 132/7 - Comptabilisation et valorisation des stocks.
46.Voir également l'avis CNC 132/4 - Marchés à terme en marchandises. Cet avis opère plus
particulièrement une distinction entre marchés à terme couverts et non couverts.
47.Voir également l'avis CNC 2012/15 - Commandes en cours d'exécution, et en particulier
les points 21 et 22.
48.Service public fédéral Emploi, Travail et Concertation sociale, Chômage avec complément
d'entreprise, http://www.emploi.belgique.be/defaultTab.aspx?id=743 (consultation du 29 mars
2017).
49.Article 28, § 2, al. 1er, c) et al. 2, AR C.Soc.
50.Article 28, § 2, AR C.Soc.
51.Voir également le point 3 de l'avis CNC 2012/17 - Reconnaissance des produits et des
charges.
52.Article 55, AR C.Soc.
53.Voir également la question parlementaire n° 484 du 6 novembre 2013 du Représentant
Willem-Frederik Schiltz, Chambre, Q.R., n° 53-148, p. 144.
54.Voir également les points 7-8 de l'avis CNC 2016/6 - Travaux d’amélioration à des biens
détenus en location.
55.Voir également les points 7-8 de l'avis CNC 2016/6 - Travaux d’amélioration à des biens
détenus en location et le point 82 de l'avis CNC 2015/5 - Droits réels sur biens immeubles :
usufruit - droit de superficie - droit d’emphytéose - servitude.
56.Selon une méthode définie par l’organe de gestion, conforme au principe de
rapprochement.
57.Les rémunérations courantes des membres du personnel qui suivent cette formation, ne
sont pas considérées comme frais supplémentaires.
58.Article 95, § 2, VII.A., 2°, AR. C.Soc.
59.Voir également la Communication interprétative (98/C 16/04) concernant certains articles
de la quatrième directive et de la septième directive du Conseil en matière comptable, 2.3.5
Provisions pour risques et charges écologiques (J.O., C. 16, 20 janvier 1998), et la
Recommandation de la Commission du 30 mai 2001 concernant la prise en considération des
aspects environnementaux dans les comptes et rapports annuels des sociétés (J.O., L. 156, 13
juin 2001).
60.AR du 18 décembre 2015 transposant la directive 2013/34/UE du Parlement européen et
du Conseil du 26 juin 2013 relative aux états financiers annuels, aux états financiers
consolidés et aux rapports y afférents de certaines formes d'entreprises, modifiant la directive
2006/43/CE du Parlement européen et du Conseil et abrogeant les directives 78/660/CEE et
83/349/CEE du Conseil.
61.Voir également « Vlaamse milieuaangelegenheden in de jaarrekening », Departement
Leefmilieu, Natuur en Energie, décembre 2009, p. 51.