CORRECTIONS A APPLIQUER AUX MESURES

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TOPOGRAPHIE GENERALE Mesure des distances

MESURE DES DISTANCES


TOPOGRAPHIE GENERALE Mesure des distances

HISTORIQUE

1- LE MÈTRE

1791-1799 : Des travaux de grands scientifiques (Maupertuis, Clairaut, Bouguer, Lacondamine, Delambre,
Méchain, Borda) permettent de fixer le mètre comme "la dix millionième partie du quart du
méridien terrestre".
1875 : Un convention du mètre crée le BIPM (Bureau International des Poids et Mesures). Un étalon
métallique est créé avec une précision de 10-7.
1960 : La Conférence Générale des Poids et Mesures définit le mètre comme "la longueur égale à
1650763,73 fois la longueur d'onde, dans le vide, de la radiation correspondant à la transition
entre les niveaux 2p10 et 5d5 de l'atome de krypton 86 … ". La précision est de l'ordre de 10 -9.
1983 : Le mètre est défini comme étant "la longueur du trajet parcouru dans le vide par la lumière
pendant une durée de 1/299792458ème de seconde".

2- EVOLUTION DES MATÉRIELS

La mesure des distances a posé, pendant des siècles, un problème de précision au topographe. En effet,
les angles pouvaient être mesurés avec une précision intéressante par rapport aux distances. Par exemple,
la précision angulaire était de 2,5dmgon au début du XX ème siècle (soit 0,4mm à 100m) alors que la précision
linéaire restait centimétrique à 100m.
Les moyens étaient sommaires : planches mises bout à bout, chaînes d'arpenteur, rubans, …
Les mesures plus précises avec des fils Invar étaient long à mettre en œuvre et coûteux.

En 1948, les travaux du physicien suédois Erik Bergstrand sur la connaissance de la vitesse de la lumière
permettent l'apparition des premiers distancemètres. Ces distancemètres étaient cependant très
coûteux, très encombrants et d'autonomie limitée.
Le perfectionnement et la miniaturisation des distancemètres est apparue au début des années 1990
avec la possibilité de coupler théodolite et distancemètre.

Chaîne d'arpentage Mékomètre ME3000 (Kern) Géodimètre 6 (AGA)


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CHAINAGE

1- MATÉRIELS

La chaînage consiste à mesurer des distances directement avec une chaîne ou un ruban.
Le terme "chaîne" est resté dans le langage des topographes alors qu'il désignait les anciennes chaînes
d'arpenteur qui ne sont plus utilisées depuis longtemps.
Actuellement, on utilise des rubans métalliques ou en fibre de verre de 10m (décamètre), 20m, 30m, 50m
ou 100m.
Selon une norme européenne (Directive 73/362/CEE du 19 novembre 1973), les rubans sont classés en
trois classes de précision. Les valeurs indiquées étant des tolérances, il faut les diviser par 2,7 pour
obtenir les écarts-types.

Extrait de la norme (article 7.1) : "Les mesures de longueurs définies dans la présente directive sont réparties, selon
leur degré de précision, en trois classes désignées par les indices I, II et III. Pour la vérification primitive CEE des
mesures de longueur, l'erreur maximale tolérée, en plus ou en moins sur la longueur nominale et sur la distance
comprise entre deux repères quelconques d'une mesure de longueur, est exprimée en fonction de la longueur
considérée par une formule de la forme (a + b L) millimètres dans laquelle:
- L est la valeur de la longueur considérée arrondie au nombre entier de mètres par excès,
- a et b sont des coefficients fixés pour chaque classe de précision dans le tableau suivant."

Classe de précision a b

I 0,1 0,1

II 0,3 0,2

III 0,6 0,4

Exemple : Déterminer les tolérances de précision pour des rubans de 20m et 50m dans les 3 classes définies.

La longueur d'un ruban est donnée à une température précise (en général 20°C) et pour une tension
précise. Ces deux valeurs doivent apparaître sur le ruban.
Ces deux paramètres (température et tension) sont importants pour des mesures de précision ou en
conditions extrêmes. En utilisation courante, ils sont négligeables pour la précision demandée.
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2- MÉTHODES DE MESURE

Les distances utilisés en topométrie sont principalement des distances horizontales.

Terrain régulier et peu pentu


Si la pente est faible, on considère que la distance mesurée est la distance horizontale.
Par exemple, une distance de 50m mesurée suivant une pente de 1% fera 49,995m à l'horizontale.

Terrain régulier et pentu


Dans ce cas, on mesure la distance suivant la pente qu'il faut ramener à l'horizontale à l'aide de la
dénivelée ou de la pente.

Dh= Dp 2− H 2

Dh=Dp⋅cosi=Dp⋅
 1
2
=
Dp
1tan i  1 p 2

Terrain irrégulier ou très pentu


Le terrain est tel que l'on ne peut pas réaliser la mesure avec le ruban au sol entre les deux extrémités.
Dans ce cas, on peut opérer par la méthode des ressauts successifs (ou cultellation) ou par la méthode
du mode suspendu.

La méthode par ressauts successifs est très peu utilisée car difficile à mettre en œuvre et peu précise.
Elle consiste à suspendre le ruban en le mettant à l'horizontale (à l'aide d'un niveau à bulle par exemple)
avec les extrémités à la verticale des points à mesurer (avec un fil à plomb).

La mesure en mode suspendu est mise en œuvre avec deux trépieds aux extrémités sur lesquels est
tendu le ruban (ou fil Invar) à l'aide de poids. On mesure donc la distance inclinée. La dénivelée entre les
extrémités du ruban doit ainsi être également mesurée pour obtenir la distance horizontale.

Cette méthode est longue à mettre en œuvre mais elle est utilisée pour des travaux de précision avec un
fil Invar avec des précision de l'ordre du millimètre.
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3- CORRECTIONS A APPLIQUER AUX MESURES

3.1 – Correction d'étalonnage

Comme tout matériel de mesure, un ruban doit être étalonné pour faire des mesures de haute précision.
Cet étalonnage peut être effectué en comparant une distance mesurée avec un fil Invar beaucoup plus
précise. Des bases d'étalonnage du Cadastre sont également utilisables dans les grandes villes. Des
laboratoires spécialisés peuvent également réaliser cet étalonnage et délivrer un certificat.

La correction d'étalonnage est proportionnelle à la longueur mesurée. On la détermine pour la longueur


de la base : c e=D base −D base mes . On peut ainsi calculer le coefficient d'étalonnage ke ou le module
Dbase−Dbase mes
d'étalonnage me tels que : k e= et me =1k e .
Dbase mes
Ce coefficient ou module s'applique ensuite à toute distance mesurée : D=Dmes⋅1k e =Dmes⋅me .

Attention : Avec une chaîne trop longue, on mesure des distances trop courtes et inversement.

Mesure d'étalonnage base de 20,000m Mesure de la base Dmes=20,013 m


Dbase mes=19,987 m soit c e=−0,013 m D=D mes −ce =20,000 m

3.2 – Correction de dilatation

Un ruban en acier est très sensible aux écarts de température. Le coefficient de dilatation de l'acier
vaut 1/80 000.

La correction à appliquer aux distances mesurées vaut cd = 1


80000 
⋅t−t e  ⋅Dmes et la distance

corrigée :

D=Dmes⋅ 1
1
80000
⋅t−t e   .

t : température (en °C) lors du mesurage te : température lors de l'étalonnage (en général, te=20°C)

3.3 – Correction de tension (ou d'élasticité)

En général, la tension d'étalonnage est de T 0=5daN. Si la tension T est supérieure lors du mesurage, la
distance mesurée va être trop courte (et inversement).

La correction à appliquer aux distances mesurées vaut c T=  T −T 0


E⋅S
⋅D mes et la distance corrigée :

D=Dmes⋅ 1  T −T 0
E⋅S  .

E : module d'élasticité avec Eacier=21000daN/mm² S : section du ruban en mm²


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3.4 – Correction de chaînette

Lors des mesures en mode suspendu, le ruban prend la forme d'une courbe appelée chaînette (très
proche d'une parabole).

La correction est toujours négative car la distance mesurée est plus longue que la distance réelle. Cette
2 3
P ⋅L
correction vaut : c c=− et la distance corrigée :
24⋅T 2


D=Dmes⋅ 1−
P 2⋅L 3
24⋅D mes⋅T 2  .

P : poids du ruban par mètre linéaire en daN/m L : longueur de l'étalon


T : tension de la chaîne en daN

Remarque : En appliquant une tension plus forte aux extrémités du ruban, on peut compenser l'erreur de
chaînette avec la correction de tension (puisque les deux erreurs sont de signes opposés). La tension
alors appliquée est appelée tension d'équilibre.

3.5 – Récapitulatif

Type de correction Valeur de la correction

Étalonnage

c e=
Dbase−Dbase mes
Dbase mes 
⋅D mes

Dilatation cd =  1
80000 
⋅t−t e  ⋅Dmes

Tension (élasticité) c T=  
T −T 0
E⋅S
⋅D mes

P 2⋅L3
Chaînette c c=−
24⋅T 2
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MESURES PARALLACTIQUES

1- PRINCIPE

Une mesure parallactique est une mesure de distance avec une


stadia (mire) horizontale dont la longueur est parfaitement connue
et un théodolite.
Avec le théodolite, on mesure l'angle entre les deux repères de
la stadia qui sont séparés en général de 2m. La stadia doit être
perpendiculaire par rapport à la ligne de visée passant par son
centre. Pour obtenir cette perpendicularité, on utilise un viseur.

L'angle  étant l'angle mesuré et L la longueur de la stadia,


on a : tan


2
=
L
2⋅Dh
.

Dh=
1
=cotan


Avec une stadia de 2m, on a ainsi :
tan 
2
2 .

2- PRECISION

Pour déterminer la précision d'un tel type de mesure, il faut prendre en compte la précision sur la
longueur de la stadia  L et la précision sur l'angle mesuré   . On a alors :

    
2 2


1  2L
 Dh= ⋅ 2
L
−L
2⋅cos2   ⋅tan 2   
2
⋅ 
soit
1
 Dh= ⋅ 
L2⋅sin 2

⋅ 2
.
2⋅tan

2 2 2
2
tan 
2 
2
2

Exemple: Calculer Dh et  Dh avec =5,2478 gon±3mgon et L=2,000 m±0,1 mm .


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3- APPLICATION

La méthode de mesure parallactique est utilisée


principalement en métrologie pour mettre à l'échelle une
distance entre deux stations.
Le principe est d'effectuer depuis chaque station les
lectures angulaires horizontales sur les extrémités de la
stadia et sur l'autre station. On prend également un
distance approchée pour la base AB.
Par résolution de triangles, on obtient une longueur de
stadia mesurée ab différente de L. Le rapport entre ab
mesuré et L réel est le coefficient d'homothétie de toute
la figure. Ce coefficient est appliqué à la distance
approchée de la base AB, ce qui permet d'obtenir la
distance réelle entre A et B.

Cette méthode permet d'avoir une longueur de base connue à quelques dixièmes de mm près.

Exemple: A partir des données mesurées indiquées sur le schéma, calculer la distance entre les deux
stations A et B au dixième de mm près. Vous prendrez 4,09m comme valeur approchée pour AB.
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INSTRUMENTS DE MESURE ELECTRONIQUE DES


LONGUEURS ( DISTANCEMETRE )

1- PRINCIPE GENERAL

Un Instrument de Mesure Électronique des Longueurs, appelé IMEL ou distancemètre,


est un appareil qui permet de mesurer des distances par émission d'une onde
électromagnétique en général avec mesure du déphasage de l'écho du renvoi de cette
onde sur un réflecteur.
Les premiers IMEL étaient autonomes et indépendant des théodolites. Ils ont ensuite
été fixés sur les théodolites (photo ci-contre : théodolite WILD T1000 et
distancemètre DI1000 sur la lunette).
Actuellement, les IMEL sont intégrés dans l'optique (la
lunette) des tachéomètres. Les IMEL sont coaxiaux avec
l'axe de visée.

La théorie sur la mesure par déphasage n'est pas étudiée


dans ce cours mais en physique.

2- ERREURS DE MESURES

Erreur interne à l'émetteur-récepteur


L'utilisation d'un émetteur-récepteur dans l'IMEL entraîne deux erreurs :
- une erreur cyclique (la même valeur revient périodiquement)
- une erreur proportionnelle à la distance mesurée due à un défaut sur la fréquence de l'émetteur.

Erreur atmosphérique
En traversant l'atmosphère, l'onde électromagnétique subit des perturbations qui modifient la valeur du
déphasage et entrainent donc une erreur sur la distance mesurée.
Cette erreur s'applique sur la distance directe station (émetteur) – prisme (réflecteur). La distance
directe (Di ou Dp) doit donc être corrigée de cette erreur atmosphérique. Cette correction dépend de la
température et de la pression atmosphérique au moment du lever.

Certaines stations peuvent automatiquement mesurer ces paramètres et corriger les distances.

Une autre méthode est de calculer cette correction (coefficient k a en ppm) avec une formule en fonction
de la pression atmosphérique P en mbar, de la température T en °C et de l'humidité relative H en %:
0,2908⋅P
Formule simplifiée : k a=282,2−
10,00366⋅T

[  
]
7,5⋅T
Formule (modèle de Barrel Sears) :
0,29065⋅P 4,126⋅10−4⋅H 0,7857
k a =281,8− − ⋅10 237,5T
10,00366⋅T 10,00366⋅T
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Des abaques permettent également de déterminer cette correction (en ppm) et de l'introduire dans
l'appareil pour une application automatique.

Les constructeurs utilisent comme modèle atmosphérique standard :


P=1013,25mbar - T=12°C - H=60%

3- REFLECTEUR

L'utilisation d'ondes infra-rouge (IR) nécessite l'emploi de


réflecteurs qui sont des prismes rhomboédriques ou coins de cubes.
Avec les appareils munis de lasers, la mesure peut être prise
directement sur pratiquement toutes les surfaces. Ceci permet de
mesurer des distances sans avoir à se déplacer sur le point visé.

Le parcours de l'onde dans le prisme (temps et différence de


milieu) entraîne un écart entre la distance réelle et la mesure.
Cette différence est appelée "constante d'addition".

La constante d'addition est donnée par les constructeurs pour


chaque type de prisme. Elle peut cependant être déterminée par
mesure sur une base d'étalonnage ou en utilisant la méthode des 3
trépieds (vue en Travaux Pratiques).

4- PRECISION

La précision des IMEL est donnée avec une partie constante (en mm) due à l'émetteur-récepteur et une
partie proportionnelle à la distance mesurée (en ppm) due au parcours de l'onde dans l'atmosphère.

Exemple: Calculer les précisions de mesures de 100,000m et 500,000m avec un IMEL dont la précision
donnée par le constructeur est de ±(3mm+2ppm).
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REDUCTION DES DISTANCES

Les distances mesurées (ou distances terrain) sont celles directes entre l'appareil et le prisme (IR) ou la
surface réfléchissante (laser).
Ces distances doivent être corrigées de plusieurs paramètres pour être appliquées sur un plan ou une
carte.

 Correction d'étalonnage
 Correction atmosphérique
 Réduction à l'horizontale
 Réduction à l'ellipsoïde ou au niveau 0
 Réduction à la projection (réduction "Lambert")

Ces différentes corrections sont récapitulées dans le tableau de la page suivantes.


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TABLEAU RECATITULATIF ( réduction des longueurs )

Nature de
Etapes Formules, méthode Observations
la correction

Base connue : Bc
Bm Base mesurée : Bm
me =
1 étalonnage Bc Cette étape nécessite un étalonnage
D e =m e ×Dm préalable de l'appareil de mesure sur une
base connue.

● Pour une chaîne :


a : coefficient de dilatation du matériau
D a =1−a×dt×De (acier : a=1/80000)
dt : différence température entre
2 atmosphérique
l'étalonnage et les mesures (en °C)
● Pour un IMEL :
k : coefficient fonction de la pression et de
la température (en ppm)
D a =1k ×De
Dh= D 2p− D2n La formule utilisée dépend des valeurs
Dh=D p×cos i mesurées.
Dp : D suivant la pente
3 horizontale D h=D p×sin z
i : angle de site
Dp z : angle zénithal
D h=
p : pente
1 p 2

4
ellipsoïde
D0 =  
R
Rh
×Dh R=6370km en général
h : hauteur ellipsoïdale
(niveau zéro) A défaut de la hauteur, l'altitude H peut
R être éventuellement utilisée.
Module : m 0=
Rh
D r=1c r ×D0 cr : coefficient donné en cm/km ou ppm
projection
5 (mm/km) à transformer sans unité (ou
(Lambert)
Module : mr =1c r  m/m).

Les étapes 1 à 3 concernent les distances à la surface de la Terre.


L'étape 4 concerne les distances sur l'ellipsoïde (phase intermédiaire).
L'étape 5 concerne les distances sur le plan ou la carte.

Module de chantier mc : module permettant de calculer les distances réduites à partir des distances horizontales.

mc =  R
Rh
×1c r =m0×mr

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