CENTRE DE LINGUISTIQUE THEORIQUE ET APPLIQUEE 1
CENTRE DE LINGUISTIQUE THEORIQUE ET APPLIQUEE 1
CENTRE DE LINGUISTIQUE THEORIQUE ET APPLIQUEE 1
Par
MAKOKILA NANZANZA
MUNDEKE OTOM’SI
INTRODUCTION
Ce n'est donc pas aux linguistes que cet ouvrage s’adresse. Il existe pour
eux diverses études spécialisées susceptibles d’assouvir leur curiosité scientifiques ;
c’est à un autre public qu’il s’adresse, celui issu d’horizons culturels et professionnels
variés et que l’apprentissage du kikongo pourrait intéresser.
I.2. Semi-voyelles
Les semi-voyelles se forment à partir des voyelles e et u.
i suivie d’une autre voyelle se prononce et s’écrit y.
Exemples : kyelo ki-elo ‘’porte’’
kudya kudi-a ‘’manger’’
kyese ki-ese ‘’joie’’
u suivie d’une autre voyelle se prononce et s’écrit w.
Exemples : mwana mu-ana ‘’enfant’’
mwinda mu-inda ‘’lampe’’
mwanzi mu-anzi ‘’racine’’
I.3. Consonnes
Le kikongo a 15 consonnes qui ont la même prononciation que celles du
français. Il s’agit de : b, p, d, t, g, k, v, f, z, s, l, m, n, y, w.
b kubula ‘’frapper’’
bubu ‘’aujourd’hui’’
kubeba ‘’se gâter’’
p kupasula ‘’déchirer’’
kupesa ‘’donner’’
kupanza ‘’éparpiller’
d dibanga ‘’pierre’’
kudila ‘’pleurer’’
dilonga ‘’assiette’’
t kutinda ‘’envoyer’’
kututa ‘’piller’’
tata ‘’papa’’
g gata ‘’village’’
kuganga ‘’crier’’
k kikuku ‘’cuisine’’
kukula ‘’grandir’’
kukanga ‘’fermer, arrêter’’
v kuvweza ‘’injurier’’
kuvimba ‘’gonfler’’
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kuvuza ‘’déterrer’’
f felo ‘’fer’’
kufinga ‘’injurier’’
kufunda ‘’accuser’’
z kuzenga ‘’couper’’
zina ‘’nom’’
kuzeka ‘’tordre’’
s kusala ‘’travailler’’
lusala ‘’plume’’
kusansa ‘’élever’’
l lala ‘’dors’’
lulendo ‘’orgueil’’
kulunda ‘’garder’’
m mama ‘’maman’’
mupepe ‘’vent’’
minsambu ‘’poissons salés’’
n nyoka ‘’serpent’’
kunoka ‘’pleuvoir’’
kununga ‘’gagner’’
y yandi ‘’lui, elle’’
kuyala ‘’régner’’
kuyobila ‘’se laver’’
w wolo ‘’or’’
kiwina ‘’soif’’
kuwa ‘’entendre’’
Remarque
a) Dans la variété du kikongo parlé au Bas-Zaîre, la consonne g n’apparaît jamais
seule ; elle est toujours précédée de n. En l’absence de n, elle devient v.
Exemples : kugoga kuvova ‘’parler’’
kugonda kuvonda ‘’tuer’’
kuganga kuvanga ‘’créer’’
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mp mputa ‘’plais’’
mpangi ‘’parent’’
mv mvutu ‘’réponse’’
mvula ‘’pluie, année’’
mf mfumu ‘’chef’’
mfinda ‘’forêt’’
nd ndunda ‘’légumes’’
kuvunda ‘’se reposer’’
nt ntalu ‘’prix’’
ntelo ‘’récitation’’
nz nzila ‘’chemin’’
nzambi ‘’Dieu’’
ns nsatu ‘’faim’’
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nsusu ‘poule’’
ny nyoka ‘’serpent’’
nyanga ‘’paille’’
mw kunwa ‘’boire’’
kunwana ‘’se battre’’
mwana ‘’enfant’’
mwinda ‘’lampe’’
bw bwala ‘’village’’
kubwisa ‘’faire tomber’’
I.6. La syllabe
La syllabe est un son ou groupe de sons qu’on prononce en une seule
émission de la voix. Elle peut donc être constituée par une voyelle seule ou une voyelle
associée à des consonnes ou à l’une des semi-voyelle.
Exemples : a – wa (awa) ‘’ici’’
i – nga (inga) ‘’oui’’
ta – ta (tata) ‘’papa’’
ntwa- la (ntwala) ‘’devant)
Suivant leurs structures et leurs fonctions, les mots peuvent être répartis en
trois grandes catégories :
a) Le nom et ses accompagnateurs
b) Le verbe
c) Les invariables.
2.1. Le nom et ses accompagnateurs
2.1.1. Le nom
A. Forme du nom
Le nom comprend deux parties : une partie invariable appelée thème et une
autre partie variable appelée préfixe.
Le thème est la partie du mot qui porte le sens de base du nom.
La partie variable est celle qui nous permet de déterminer le nombre du nom.
Le préfixe est donc l’élément qui, dans un nom, permet de distinguer le singulier du
pluriel. Il se place toujours avant le thème, c’est-à-dire, au début du nom.
Ainsi, dans le nom ‘mukati’ ‘’beignet’’, mu- est le préfixe, -kati est le thème, de même
dans ‘dikulu’ ‘’jambe’’, di- est le préfixe, -kulu le thème.
Au pluriel, le préfixe change tandis que le thème reste invariable : mu-kati devient mi-
kati (mi = préfixe, -kati = thème), de même dikulu devient makulu
(ma =préfixe, -kulu = thème).
Le préfixe du nom ou préfixe nominal joue un rôle déterminant dans la
mesure où il commande l’accord du verbe dans la phrase.
Exemples : Bazombi bamakwenda /chasseurs/ ils/sont partis/
‘’Les chasseurs sont partis’’
Bana bamafwema /enfants/ ils/sont fâchés/
‘’Les enfants sont fâchés’’
Dans le langage courant, cet accord est de moins en moins respecté.
Exemples : Muzombi mekwenda /chasseur/ est parti/
‘’le chasseur est parti’’
Bazombi mekwenda /chasseurs sont partis/
‘’les chasseurs sont partis/.
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Selon sa forme et la catégorie des objets désignés par les noms, les préfixes
nominaux se répartissent en 16 groupes appelés classes nominales.
cl. mu- muntu ‘’homme’’
mwana ‘’enfant’’
cl. ba- bantu ‘’hommes’’
bana ‘’enfants’’
cl. mu- mukanda ‘’livre, lettre’’
mwinda ‘’lampe’’
cl. mi- mikati ‘’beignet’’
minda ‘’lampes’’
cl. di- dibaya ‘’planche’’
dikutu ‘’oreil’’
cl. ma- malala ‘’orange’’
maki ‘’œufs’’
cl. ki- kibaka ‘’mur’’
kyamvu ‘’pont’’
cl. bi- bikombo ‘’balais’’
bilongo ‘’médicaments’’
cl. n-, n- nzo ‘’maison’’
nzila ‘’chemin’’
cl. n-, m- nkombo ‘’chèvre’’
ndobo ‘’hameçon’’
cl. lu- luzolo ‘’volonté’’
luvunu ‘’mensonge’’
cl. ka- kamwana ‘’petit enfant’’
kanti ‘’petit arbre’’
kansusu ‘’petite poule’’
cl. tu- tufina ‘'pus’’
tufi ‘’excréments’’
tukanu ‘’les lois’’
cl. bu- buzoba ‘’imbécilité’’
bumolo ‘’paresse’’
bumwana ‘’enfance’’
cl. ku- kudya ‘’manger’’
kuzenga ‘’couper’’
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kulomba ‘’demander’’
cl. fi- fimwana ‘’enfance’’
finti ‘’petit arbre’’
finsusu ‘’petite poule’’
Reamarque.
1) Suivant la répartition géographique, la classe k- est utilisée au Bandundu tandis
que fi- estd’usage au Bas-Zaïre.
2) La tendance actuelle est de tout ramener en classe ba- pour le pluriel.
Exemples : mbisi/bambisi ‘’poisson(s)’’
nti/banti ‘’arbre(s)’’
nzo/banzo ‘’maison(s)’’
nkombo/bankombo ‘’chèvre(s)’’
B. Formation du pluriel.
Remarque:
La voyelle a du préfixe me- combinée à la voyelle -i initiale d'un thème nominal
donne -e.
Exemples : disu/meso ‘’œil/yeux’’
dinu/meno ‘’dent(s)’’.
Remarque : La tendance actuelle est de ramener la classe n-, m- en classe ba- pour le
pluriel.
Exemples : ngulu/bangulu ‘’cochon(s)’’
nitu/banitu ‘’corps’’
ngonda/ngonda ‘’lune(s), mois’’
Exemples :
Mandiangu (nom de personne) Kilolo (nom de personne)
Kimbi (nom de lieu) Kinzambi (nom de lieu)
Mpozo (nom de cours d’eau) Kwilu (nom de cours d’eau)
Bangu (nom de montagne)
2. l’indéfini
L’indéfini est un mot qui détermine une personne, une chose ou une
idée de manière vague et imprécise. Il signifie généralement chaque, certain, autre,
quelque.
A l4instar de celle de qualificatifs, la liste des indéfinis est très
limitée :
Exemples : mingi beaucoup
yonso tout
konso chaque
nkaka autre
En kikongo, l’indéfini est invariable. Il se place après le nom à l’exception de konso
qui, lui, précède toujours le nom qu’il accompagne. Si ‘’yonso’’ et ‘’mingi’’ suivent
immédiatement le nom, ‘’nkaka’’ est relié à ce dernier par la particule ya.
Exemples : bantu mingi
/homme/ beaucoup/ ‘’beaucoup d’hommes’’
mameme yonso
/moutons/tous/ ‘’tous les moutons’’
konso mwana
/chaque/ enfat/ ‘’chaque enfant’’
biti ya nkaka
/chaises / de / autres/ ‘’les autres chaises’’
N.B. Yonso joue aussi le rôle de totalisateur quand il accompagne un nom pluriel.
Exemple : bantu yonso ‘’tout le monde’’ (sans exception).
3. Le démonstratif
Le démonstratif est une forme qui montre la position d’un être ou d’un objet par
rapport à celui qui parle.
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En kikongo, le démonstratif est une forme invariable ; il se place après le nom qu’il
accompagne. Le démonstratif peut se présenter soit comme un adjectif quand il
accompagne un nom, soit comme un pronom quand le nom auquel il se rapporte est
absent de la phrase.
On distingue trois séries de démonstratif :
- démonstratif proche
- démonstratif éloigné
- démonstratif de référence.
a. Démonstratif proche
Il désigne un être ou un objet proches de celui qui parle. En kikongo, il est
rendu par le terme invariable yayi ‘’ceux-ci, celui-ci, celle-ci, celles-ci, yayi, …-ci
Exemples : mwana yayi
/enfant/cellui-ci/ ‘’cet enfant-ci’’
mankondo yayi
/bananes/celles-ci/ ‘’ces banane-ci’’
bambuta yayi
/vieux/ceux-ci/ ‘’ces vieux-ci’’
kibendila yayi
/drapeau/celui-ci/ ‘’ce drapeau-ci’’
b. Démonstratif éloigné
Il désigne un être ou un objet éloigné de celui qui parle. Il est rendu par la
forme invariable yina (ce …là, celui-là, celle-là, ceux-là, cela, cette…là).
Exemples : kikuku yina
/cuisine/celle-là/ ‘’cette cuisine-là’’
bizombi yina
/chasseurs/ceux-là/ ‘’ces chasseurs-là’’
ngulu yina
/cochon/celui-là/ ‘’ce cochon-là’’
bambuta yina
/vieux/ceux-là/ ‘’ces vieux-là’’
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c. Démonstratif de référence
Il indique la personne ou la chose dont on a déjà parlé.
Exemples : kifulu yayo
/endroit/ en question/ ‘’l’endroit en question’’
luzingu yango
/vie/ en question/ ‘’la vie en question’’
minsambu yango
/poissons salés/en question/ ‘’les poissons salés en question’’
Remarque :
Dans une phrase, quand le démonstratif est placé devant le nom, il joue le rôle
d’actualisateur.
Exemples : yayi muntu kudyaka yawu
/celui-ci/homme/avait mangé/çà/
‘’c’est cet homme qui l’avait mangéée (nourriture)’’
yina nani ketuba kuna ?
/celui-là/qui/parle/là-bas/
‘’c’est qui celui-là qui parle là-bas ?’
4. Le déterminatif
Le déterminatif ya est une forme qui, dans un rapport de détermination,
sert à exprimer plusieurs types de relations :
- Appartenance
nzo ya tata
/maison/de/ papa/ ‘’la maison de papa’’
lupangu ya bibulu
/clôture/de/animaux/ ‘’la clôture des animaux’’
dilonga ya mama
/assiette/de/ mama/ ‘’l’assiette de maman’’
- Origine ou provenance
masa ya mvula
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- Matière
nzo ya nyanga
/maison/de/paille/ ’’la maison en paille’’
nzungu ya ntoto
/marmite/de/terre/ ‘’la marmite en terre cuite’’
mpu ya nsende
/chapeau/de/épines/ ‘’un chapeau d’épines’’
nzo ya manzanza
/maison/de/tôles/ ‘’une maison en tôles’’
- Destination
masa ya kunwa
/eau/de/boire/ ‘’eau potable’’
madya ya kutekisa
/nourriture/de/vendre/ ‘’’’la nourriture à vendre’’
nzo ya kulala
/maison/de/dormir/ ‘’maison d’habitation’’
- Qualification
malafu ya tiya
/vin/de/feu/ ‘’boisson alcoolisée’’
mesa ya kitoko
/table/de/beau/ ‘’une belle table’’
mwana ya mayele
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5. Le possessif
Le possessif est une forme qui exprime l’idée de possession. Il indique la
personne et la classe du possesseur.
Le possessif peut se présenter soit comme un adjectif quand il accompagne un nom
auquel il se rapporte est absent de la phrase.
Le possessif est exprimé par le pronom personnel précédé de ya ou na suivant l’aire
géographique.
Exemple :
yayi ke dikopo na munu ; wapi y ange ?
/ceci/est verre/de/moi/où/de /toi/
‘’voici mon verre ; où est le tien’’
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6. Le numéral
On peut distinguer trois formes de numéraux :
- Les numéraux absolus qui serent à compter de un à l’infini sans référence à un être
ou un objet.
- Les numéraux cardinaux qui servent à indiquer la quantité chiffrée des ^tres ou des
objets désignés.
- Le numéraux ordinaux qui indique l’ordre ou le rang qu’occupe un être ou un
objet.
- Formes complexes
Kumi na mosi /dix/et/un/ ’’onze’’
Kumi na zole /dix/et/deux/ ‘’douze’’
Kumi na tatu /dix/et/trois/ ‘’treize’’
Makumi zole na tatu /dix/deux/et/tatu/ ‘’vingt-trois’’
Makumi sambanu na nana /dix/six/et/huit/ ‘’soixante-huit’’
Nkama zole na makumi iya /cent/deux/et/dix/ ‘’deux cent
na /iya quatre/et/quatre quarante quatre’’
Difunda mosi na nkama tanu /mille/un/et/cent/ ‘’mille cinq cent-
na makumi zole cinq/et/dix/deux/ vingt’’
7. L’interrogatif
L’interrogatif est une forme qui permet de poser des questions du type :
où ? qui ?, combien ?, comment ? quel ?, etc..
En kikongo, on distingue deux sortes d’interrogatif : l’interrogatif variable
et l’interrogatif invariable (ce dernier interviendra dans le chapitre consacré aux
invariables).
L’interrogatif variable
Le kikongo ne dispose que d’une seule forme nani, ‘’qui’’. Il se comporte
comme un adjectif lorsque le nom auquel il se rapporte est présent dans l’énoncé et
comme pronom lorsque le nom auquel il se rapporte est absent.
Exemples :
Muntu nani ? /personne/qui/ ‘’quelle personne ?’’
Bantu banani ? /personnes/qui/ ‘’quelles personnes ?’’
Nani ? ‘’qui ?’’
Banani ? ‘’qui ?’’
Exemples :
Yandi mevutuka ‘/lui/vient de rentrer/ ‘’il est rentré’’
Bawu salaka mazono /eux/ont travaillé/hier/ ‘’ils ont travaillé hier’’
Pesa munu dimpa /donne/moi/pain/ ‘’donne-moi du pain’’
Yandi tubilaka munu yawu/lui/a dit/moi/le/ ‘’il me l’a dit’’
Nge tasumbila beto maki/toi/acheteras/nous/œufs/’’tu nous acheteras des
oeufs’’
Beto metala nge ve /nous/venons de regarder’’nous ne venons pas de
/toi/non/ te regarder’’
Baleke na yandi kesosa nge/petits frères/de/lui/ ‘’ses petits-frères te
cherchent/toi/ cherchent’’
Kento yayi, yandi kele /femme/cellec-ci/elle/est/ ‘’cette femme est une
muntu ya mbote femmr/de/bon/ bonne femme’’
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Remarque : 1. Une tendance de plus en plus persistante se fait jour. Qui fait des
pronoms personnels, indépendants yandi, bawu, yawu des pronoms personnels liés,
c’est-à-dire rattachés directement à la forme verbale/ Ils correspondent à ce qui est
généralement appelé pour préfixe-verbal.
Exemples :Mwana amedya pour mwana yandi medya. ‘’l’’enfant a mangé’’
Bana bamebasika pour bana bawu mebabasika.’’les enfants sont sortis’’
Milangi yamepasuka pour milangi yawu mepasuka.’’les bouteilles sont
cassées’’
2.2. Le verbe
2.2.1. Structure
Le verbe comprend un radical qui est porteur de sens et invariable ainsi que
plusieurs autres éléments appelés affixes.
Exemples : balalaka ba – lal – aka ‘’ils ont dormi’’
mumelamba mu – me – lamb - a ‘’je viens de préparer’’
Parmi ces éléments, le préfixe- qui n’apparaît que dans quelques formes –
ou le pronom personnel se place au début du verbe et exprime la personne et le nombre.
Exemples : balalaka ba – lalaka ‘’ils ont dormi’’
nge kekwenda mbazi ‘’tu iras demain’’
2.2.2. Conjugaison
Dans la conjugaison, on peut distinguer les formes simples et les formes
complexes. Les premiers sont sans auxiliaire, les deuxième sont à auxiliaires.
Les auxiliaires de base sont ikele : ‘’être’’ et ‘’imene’’ terminer’’. Le
kikongo connaît également plusieurs autres auxiliaires qui servent à exprimer
différentes sortes de modes :
- Kuvwanda exprime l’habitude
- Kulenda exprime le potentiel
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2. Impératif
C’st une forme qui donne un ordre à une personne déterminée.
Exemples : bula maboko /frapper/mains/ ‘’applaudis’’
kanga nwa /fermer/bouche/ ‘’tais-toi’’
kwiza /venir/ ‘’viens’’
3. Subjonctif
C’est une forme qui eprime le souhait, le désir/
Exemples : munu basika ‘’que je sorte ’’
nge basika ‘’que tu sortes’’
yandi basika ‘’qu’il sorte’’
beto basika ‘’que nous sortions’’
beno basika ‘’que vous sortiez’’
bawu basika ‘’qu’ils sortent’’
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Remarque : Cette forme tend actuellement à devenir une forme simple avec
l’abrègement de certains pronoms personnels et auxiliaires.
6. Le futur simple
Muke kwiza
‘’je viendrai’’
Mutakwiza
Beto keyimbila
‘’nous chanterons’’
Beto tayimbila
Yandi kezenga inti
‘’il coupera un arbre’’
Yandi tazenga inti
7. Le futur habituel
Il exprime une action d’une façon répétée dans le futur.
Exemples : mu tatekisaka mungwa ‘’je vendrai régulièrement du sel’’
yandi takwisaka ‘’il viendra régulièrement’’
Remarque : Dans la variante du Bas-Zaîre, cette forme est rendue comme suit :
mu kebanda kutekisa mungwa ‘’je commencerai à vendre du sel’’
/moi/commence/vendre/sel/
yandi kebanda kukwiza /lui/commence/venir/ ‘’il viendra
régulièrement’’
8. Le futur duratif
Cette forme exprime une action qui sera en train de se dérouler au moment où
une autre se produira.
Exemples : Na ntangu nge ata kwisa, mono ata vanda na kusala
/à/soleil/toi/viendras/moi/serai/de/travailler/
‘’quand tu viendra, je serai en train de travailler’’/
C. La négation
En kikongo ya leta, la négation est exprimée par la particule ve placée
généralement à la fin de la phrase. Elle porte ainsi sur le sens de cette dernière.
Lorsqu’elle est placée immédiatement après le verbe, elle marque l’insistance et nie
particulièrement le verbe.
Exemples : Beto kekwendaka na kalasi ve.
/nous/irons/à/classe/pas/
‘’nous n’irons pas à l’école’’.
b. Subordination
bonso = comme
neti = comme
kana = si
sambu (samu) na = pour que, parce que, afin que
na ntangu =quand, lorsque, pendant que
tii kuna = jusqu’à ce que
sika = où
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nde =que
na lweka ya = à côté de
na ndambu ya = à côté de
na ngonda ya =hors de
na ntwala ya = devant, avant de
na nsongi ya =au sommet de
na nsuka ya = à la fin de, au bout de
na ntangu ya = pendant
na luyantiku ya = au début de
na ntonono ya = au début de
mpila mosi na = comme
Exemples : mukanda yayi bawu metinda yawu na nge
/lettre/celle-ci/eux/envoient/elle/à/toi/
‘’cette lettre est à toi’’
Exemples :
na ntangu nge kwendaka kuna, nge monaka kima ve
/à/temps/toi/allé/là/toi/vu/choses/pas/
‘’quand tu e allé là-bas, tu n’as rien vu’’
b. de lieu
na zulu ‘’en haut’’
na zulu-zulu ‘’très haut’’
na nsi ‘’en bas’’
na nsi-nsi ‘’très bas’’
awa ‘’ici’’
kuna ‘’là-bas, là’’
kwaku ‘’ici’’
na nima ‘’derrière’’
na ntwala ‘’devant’’
na ntoto ‘’par terre’’
pene-pene ‘’près de’’
ntama ‘’très loin’’
na kati ‘’à l’intérieur, au milieu’’
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c. De manière
na luzolo exprès, volontiers
na makasi avec violence
na ngolo avec force, fortement
na mpasi difficilement
ne kyese ve malheureusement
na mayele intelligemment
na buzoba bêtement
na maboko manuellement
na makulu à pieds
na mbote yonso très bien
mbi mal
ngolo durement, fortement
ngolo-ngolo très durement
mpila mosi de la même façon
mpila yayi ainsi, de cette façon-ci
kiteso mosi de même façon, comme
mpila ina ainsi
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tambula malembe
‘’marche lentement’’
d. De quantité
ndambu un peu
mingi beaucoup
fyoti un peu.
e. De doute
nanga
ngatu peut-être
mbala ya nkaka
Exemples : nge ke kwenda ? Ngatu
/toi/partir/peut-être/
‘’tu vas partir ? peut-être’’
2.3.4. Onomatopées
kokoko ! pour frapper à la porte
poo !
pwa ! marque l’éclatement
da !da ! indique le bruit des gouttes qui tombent
buum indique un bruit assourdissant
pyololo sifflet
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2.3.5. Exclamatifs
aaa ! désapprobation
héé ! interpellation
aa ! étonnement, surprise
katuka répugnance
kyadye regret
ayi répugnance
eee ! moquerie
uuu ! douleur
tsyélléka ! doute
tala ! surprise.
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3.1. Dérivation
La dérivation est le processus par lequel on forme un mot à partir d’un
autre mot. Elle se fait principalement à partir des verbes et des noms. Ainsi, en ajoutant
certains éléments à un verbe ou à un nom, on obtient un autre verbe ou un autre nom de
sens différent.
N.B. Sans l’applicatif –il-, on a un énoncé qui n’est pas logique dans la langue :
dilonga ya kudya dilonga ya kudila
/assiette/de/manger/ /assiette/de/manger à la place de …/
« assiette à manger » « l’assiette dans laquelle on mange »
2)- Le suffixe -is- appelé « causatif » indique qu’on fait faire l’action, qu’on aide à faire
l’action, qu’on permet ou qu’on occasionne l’action exprimée par le verbe.
Exemples :
kusala « travailler » kusadisa « aider »
kulala « dormir » kuladisa « endormir »
kuluta « passer » kulutisa « faire passer »
kukanga « fermer » kukangisa « faire arrêter »
kutuba « parler » kutubisa « faire parler ».
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3)- Le suffixe -am- appelé « passif » indique que le sujet subit l’action exprimée par le
verbe.
Exemples :
kusala « faire » kusalama « être fait »
kuzola « aimer » kuzolama « être aimé »
kukanga « fermer » kukangama « être fermé »
kusumba « acheter » kusumbama « être acheté ».
4)- Le suffixe -an- appelé « réciprocatif » indique que l’action qui se déroule entre deux
êtres ou deux choses de telle manière que l’un agit sur l’autre et inversement ; il
exprime également une action sensible et répétée.
Exemples :
kusimba « tenir » kusimbana « se tenir mutuellement »
kufinga « injurier » kufingana « s’injurier mutuellement »
kutala « regarder » kutalana « se regarder mutuellement »,
« avoir l’habitude de regarder »
kumona « voir » kumonana « se voir mutuellement »,
« avoir l’habitude de voir ».
5)- Le suffixe réversif
Le verbe obtenu à partir de ce verbe indique une action inverse à celle du verbe simple.
En kikongo, on distingue deux sortes de suffixes réversifs :
a- -ul- appelé suffixe « réversif actif ». les verbes formés grâce à lui sont transitifs,
c’est-à-dire nécessitant la présence d’un complément d’objet direct.
Exemples :
kukanga « fermer » kukangula « ouvrir »
kulola « punir » kulolula « pardonner »
kutula « poser sur un endroit » kutulula « faire descendre »
b- -uk- appelé suffixe « réversif passif ». Les verbes formés grâce à ce suffixe sont
intransitifs, c’est-à-dire ils indiquent un état ou une disposition à subir une action
contraire exprimée par le verbe simple.
Exemples :
kukanga « fermer » kukangula « ouvrir » kukanguka « être ouvert »
kulola « punir » kulolula « pardonner » kuloluka « être descendu »
kutula « poser sur un endroit » kutulula « faire descendre »
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Remarque :
De plus en plus, en kikongo, il y a des verbes qui contiennent les suffixes -ik- et -uk-
mais ces derniers ont perdu leur nuance impositive et réversive passive.
Exemples :
kusonika « écrire »
kuyanika « étaler »
kufutumuka « ressusciter ».
7)- Le suffixe -ulul- appelé « itératif » indique que l’action exprimée par le verbe simple
est faite à plusieurs reprises. Il indique également un prolongement, une insistance de
l’action.
Exemples :
kukanga « fermer » kukangulula « refermer »
kutanga « lire » kutangulula « relire »
kusala « faire » kusalulula « refaire ».
Exemples :
kutuba « parler » kutubatuba « parler sans contrôle »
kutala « regarder » kutalatala « regarder partout »
kusala « faire » kusalasala « bricoler »
kudila « pleurer » kudiladila « pleurer en désordre ».
3.2. Composition
Des mots nouveaux sont formés dans la langue en joignant deux ou
plusieurs mots ensemble (noms, verbes, adjectifs…)
1. Particule + nom
Les noms formés de cette manière contiennent un élément invariable
qui n’a pas de signification en dehors de la composition. Il peut se joindre à des
différents noms pour former les différents noms composés. En kikongo, la liste est très
limitée.
Exemples : nkwa-dyambu /propriétaire/affaire/ ‘’inculpé, auteur de l’affaire’’
nkwa-nzo /propriétaire/maison/ ‘’bailleur’’
nkwa-bwala /propriétaire/village/ ‘’fondateur du village’’
ngwa-nkazi /mère/oncle/ ‘’oncle maternel’’
ngwashi /mère/oncle/ ‘’oncle maternel’’
2. Nom+nom
Cl. Mu- nganga-nzambi /guérisseur/Dieu/ ‘’prêtre’’
tata-nkento /père/femme/ ‘’tante paternelle’’
mwana-nkento /enfant/femme/ ‘’fille’’
mwana-bakala /enfant/homme/ ‘’garçon’’
nganga-nkisi /guérisseur/médicaments/ ‘’féticheur’’
mwana-nkazi /enfant/oncle/ ‘’neveu’’
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3. Verbe+nom
Bula matadi /casser/pierre/ ‘’administrateur colonial’’
kifwa tiya /éteindre/feu/ ‘’poisson salé qui contient
trop de graisse’’
3.3. Emprunt
Il existe dans la langue plusieurs mots qui ont été empruntés à
d’autres langues pour enrichir son vocabulaire, anglais, français, portugais, lingala…
Exemples : bulanketi ‘’de l’anglais : blanket’’
ladyo ‘’ du français : radio’’
potofe ‘’du français : porte-feuille’’
felo ‘’du français : fer’’
sukadi ‘’du français : sucre’’
mikolobe ‘’du français : microbe’’
dibanga ‘’du lingala : libanga’’
kulemba ‘’du lingala : kolemba’’
kubanda ‘’du lingala : kobanda’’
mesa ‘’du portugais : mesa’’
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CHAPITRE IV : LA PHRASE
c. Relation de coordination
Exemples : mama ti mwana mekwiza
/mère/et/enfant/sont venus/
‘’l’enfant est la mère sont venus’’
/père/et/frère/de/nous/sont partis/
‘’le père et notre frère sont partis’’
e. Relation d’appositif
Le déterminé peut être un nom ou un pronom et le déterminant qui est
toujours un nom, est toujours apposé.
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g. Apostrophe
L’apostrophe est une relation qui désigne la personne qu’on
interpelle.
Exemples : mpangi na beto, kwiza
/frère/de/nous/viens/
‘’toi, notre frère, viens’’
ee muyibi, katuka
/ee voleur/va-t-en/
‘’toi, voleur, va-t-en’’
-moyen : na
Exemples : beno bulaka munu na fimbu
/vous/frapper/moi/à/fouet/
‘’vous m’avez frappé au moyen de fouet’’
- manière : na
Exemples : vutuka na nswalu yonso
/rentrer/à/vitesse/toute/
‘’rentre immédiatement’’
- agent : na
Exemples : babulaka yandi na leke na yandi
/frapper/lui/à/petit/à/lui/
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yandi tadya ve
/lui/mangera/non/
‘’il ne mangera pas’’
yandi mevutuka ve ?
/lui/est/rentré/non/
‘’n’est-il pas rentré ?’’
beno basika ve
/vous/sorter/non/
‘’ne sortez pas’’
Remarque : Toute phrase peut devenir emphatique lorsque, pour exprimer l’insistance,
un de ses constituants est mis en relief. En kikongo, l’emphase est exprimée par les
éléments suivants :
- 1. les éléments : nde, ko, si
- 2. le substitutif placé après le mot auquel il se rapporte ou en rapport avec le sujet de
la phrase.
Exemples : yandi nde mefwema
/lui/que/se fâcher/
‘’c’est lui qui s’est fâché’’
tuba ko !
‘’parle donc’’