86303 Almoughrabie 2020 Archivage
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Samia ALMOUGHRABIE
Composition du Jury
Eric SPINNLER
Président
Professeur, AgroParisTech, UMR SayFood, Thiverval-Grignon
Thèse de doctorat
Christine ROQUES
Rapportrice & Examinatrice
Professeure, Université de Toulouse, Laboratoire de Génie Chimique
Fréderic CARLIN
Rapporteur & Examinateur
Directeur de recherche, INRAE, UMR SQPOV, Avignon
Karine STEENKESTE
Examinatrice
Maitre de conférences, Université Paris Saclay, UMR ISMO, Orsay
NNT : 2020UPASA014
Cette thèse réalisée au cours de ces trois dernières années, a été possible grâce au
concours de plusieurs personnes à qui je voudrais témoigner toute ma gratitude.
Merci aussi à Valérie POULET, chef du service microbiologie et contrôle à Clarins, pour
tous les précieux conseils qui ont permis de faire avancer le projet.
Je transmets aussi mes remerciements à Romain BRIANDET, chef d’équipe B3D, pour
avoir toujours été disponible pour discuter des problèmes rencontrés pendant ma
thèse et pour tous nos échanges passionnés sur l’impression 3D.
Je tiens à adresser mes remerciements aux membres de mon jury de thèse, Christine
ROQUES, Professeur à l’université de Toulouse, Fréderic CARLIN, Directeur de
recherche de l’INRAE d’Avignon, en qualité de rapporteurs et Karine
STEENKESTE, Maitre de conférences à l’université de Paris Saclay, Eric
SPINNLER, Professeur à AgroParisTech de Thiverval Grignon, en tant qu’examinateurs,
pour avoir accepté de lire et de juger mon travail.
Merci à Laurent GUILLIER, ingénieur de Recherche à l’ANSES, pour son expertise sur la
partie modélisation de l’action des conservateurs.
3
Je tiens également à remercier Nathalie ISSACHAR, Directrice de recherche et
développement à Clarins, qui m’a donné l’opportunité de réaliser cette thèse et qui m’a
fait confiance au cours de ces trois années.
Je remercie également tous les membres qui ont composé l’équipe B3D au cours de
ces trois dernières années, pour leur convivialité, pour les moments partagés ensemble
comme les échanges lors de nos pauses café. Également, je garderai de merveilleux
souvenirs des journées raclettes, des journées barbecues autour de l’étang ou
encore des journées ludiques organisées par l’ADAS. Ce sont des moments que je
n’oublierai pas !
Yasmine DERGHAM, doctorante, qui a été une très belle rencontre, je la remercie pour
son écoute, son soutien, sa grande amitié et aussi de m’avoir permis de bien progresser
en anglais à travers toutes nos passionnantes discussions.
4
Merci aussi à Roza MOHAMMEDI, stagiaire de Master 1, qui a participé à mes
expérimentations au laboratoire.
Un grand merci à « mon p’tit » alias « Minus », Aurélie TRAINOY, chargée de projet
microbiologie recherche à Clarins, qui m’a formée sur les Challenge-tests et la
formulation, elle a toujours fait tout son possible pour m’aider pendant ces années de
thèse. Une très belle rencontre et une amitié qui durera je l’espère !
Enfin, je tiens à remercier tous mes proches, ma famille et « meS Amis », avec qui j’ai
pu partager, mes émotions, mes humeurs, et qui m’ont apporté leurs soutiens et
leurs encouragements dans tout ce que j’ai entrepris.
Une mention particulière est attribuée à mes parents qui m’ont toujours soutenue et
encouragée dans mes études et dans ma vie, et cela depuis toute petite. Je
ne les remercierais jamais assez pour tous ce qu’ils m’ont apporté dans la vie.
5
Liste des abréviations
6
log : Logarithme
MATS : Microbial Adhesion To Solvents
MCBL : Microscopie confocale à balayage laser ou Confocal Laser Scanning Microscopy
(CLSM)
ME : Mobilité électrophorétique
mV : Millivolt
NA : Ouverture numérique ou Numerical Aperture
NF : Norme Française
PAO : Période Après Ouverture
PEG : Polyéthylène glycol
RMN : Résonance Magnétique Nucléaire
S. aureus : Staphylococcus aureus
SDA : Sabouraud Dextrose Agar
SDS : Sulfate de sodium et de dodécyle
TSA : Tryptone Soja Agar
TSB : Tryptone Soja Bouillon
UFC : Unité Formant Colonie
7
Liste des figures
Figure 1 : Représentation schématique d'une émulsion huile dans eau (h/e) à gauche
et d'une émulsion eau dans huile (e/h) à droite. ........................................................................ 22
Figure 2 : Représentation schématique des différents mécanismes de déstabilisation
d'une émulsion. ........................................................................................................................................ 26
Figure 3 : Causes et conséquences des contaminations microbiennes dans les produits
cosmétiques (Halla et al. 2018). ......................................................................................................... 32
Figure 4 : Staphylococcus aureus observé au Microscope Électronique à Balayage
(MIMA2, INRAE, 2018. Plateforme de Microscopie et Imagerie des Microorganismes,
https://doi.org/10.15454/1.5572348210007727E12, A. Canette, S. Almoughrabie) ...... 33
Figure 5 : Mécanisme d'action des acides organiques sur les microorganismes (Lambert
and Stratford 1999). ................................................................................................................................ 37
Figure 6 : Formule chimique de la chlorphénésine ou 3-(4-chlorophenoxy)-1,2-
propanediol................................................................................................................................................ 39
Figure 7 : Liste non exhaustive des conservateurs de type acide organique, alcool,
phénol et aldéhyde utilisés en cosmétique, adaptée de Halla et al. (2018). .................... 40
Figure 8 : Procédure de challenge-test (Russell 2003) .............................................................. 42
Figure 9 : Principe de fonctionnement d'un microscope confocale à balayage laser
(Paddock 2000). ........................................................................................................................................ 46
Figure 10 : Structure et mécanisme d'action de la calcéine-AM. .......................................... 50
Figure 11 : Observation spatio-temporelle (en min) de la perte de fluorescence verte
de la calcéine-AM par MCBL dans des biofilms de Staphylococcus epidermidis suite à
l’exposition de quatre antimicrobiens. De haut en bas, témoin sans antimicrobien,
biofilms avec 10mg/l d’acide hypochloreux, 50 mg/l d’acide hhypochloreux, 50mg/l de
glutaraldéhyde, 50mg/l de chlorure d’alkyldiméthyl benzylammonium ou 50 mg/l de
nisine. Figure adaptée de l’étude de Davison et al. (2010). .................................................... 51
Figure 12 : Représentation des principales formes de cinétiques d’inactivation
microbienne. A gauche : linéaire (▽, forme I), linéaire avec traîne (×, forme II), en forme
de sigmoïde (□, forme III), linéaire précédée d’un épaulement (◯, forme IV). A droite:
biphasique (▽forme V), concave (×, forme VI), biphasique précédée d’un épaulement
(□, forme VII) et convexe (◯, forme VIII) (Geeraerd et al. 2005). ........................................ 55
Figure 13 : Représentation du nombre de microorganismes survivants au cours du
temps après la mise en contact de différentes concentrations de biocides (modèle
primaire) (A) et relation en coordonnées logarithmiques, pour une même efficacité
d’inactivation microbienne (ici 1 log10), entre la concentration C et le temps d’action du
8
biocide, en fonction du coefficient d’efficacité du biocide a (modèle secondaire) (B)
(Naïtali et al. 2017). ................................................................................................................................. 58
Figure 14 : Dispositif pour mesurer la mobilité électrophorétique ou le potentiel zêta
(Guillaume 2010). ..................................................................................................................................... 60
Figure 15 : Interaction entre E. coli JM109 chargé négativement et les gouttelettes
d'une émulsion hexadécane/eau stabilisée avec un émulsionnant chargé positivement.
Observation de l’émulsion sans bactérie (à gauche, x400), avec bactéries observées au
x400 (au centre) et avec bactéries observées au x 1000 (à droite) au microscope optique
(Li et al. 2001). ........................................................................................................................................... 61
Figure 16 : Observation microscopique d’émulsions (marquées au rouge de Nil, en
rouge) contenant du CTAB ou du Tween 20 mis au contact de bactéries LLD18 (charge
à -18 mV, au centre) ou LLD16 (charge à -43mV, à droite) toutes les deux marquées au
Dapi (en vert). Émulsion sans bactérie à gauche (Ly, Naitali-Bouchez, et al. 2006). ...... 61
Figure 17 : Principe de la méthode de MATS en prenant l’exemple de la mise en contact
de l’hexadecane avec des bactéries hydrophiles et hydrophobes (Burgain et al. 2014).
........................................................................................................................................................................ 63
Figure 18 : Observation microscopique de l'adhésion de deux bactéries lactiques ayant
des propriétés d'hydrophobicité différentes sur une gouttelette. A gauche, LLD18 avec
30% d’affinité à l’hexadécane et à droite, LLD16 avec 3% d'adhésion à l'hexadécane (Ly,
Vo, et al. 2006). ......................................................................................................................................... 64
Figure 19 : Images de microscopie représentant la distribution spatiale des bactéries
(en vert) dans les produits cosmétiques commercialisées (phase lipidique en rouge)
obtenues par MCBL à l'objectif 40x sec. Observation au 40x par MCBL d’une solution
de fluorphlogopite synthétique non marquée (A) et marquée au SYTO9 (B). Particules
présentes dans le gel 3 observée au 40x avec un zoom 1.5 par MCBL (C) et au
microscope optique x 40 (D). Observation au 40x par MCBL d’une solution de
polymethacrylate non marquée (E) et marquée au SYTO9 (F)............................................... 75
Figure 20 : Suivi de fluorescence par MCBL (40x) après marquage de S. aureus au SYTOX
green dans de l’eau physiologique contenant différentes concentrations de potassium
cetyl phosphate. ....................................................................................................................................... 79
Figure 21 : Electrophoretic mobility of three S. aureus strains (A) and the lipid droplets
of a model matrix (B) at a pH from 3 to 8. Data are expressed as the mean ± standard
deviation of two biological replicates.............................................................................................. 93
Figure 22 : Frequency distribution of S. aureus CIP 4.83 surface fluorescence among
675 images mean and variance associated in matrices 1 (A) and 6 (B) and a series of
225 CLSM images in matrices 1 (C) and 6 (D). ............................................................................. 94
Figure 23 : Ratio of bacterial recovery obtained with 0% or 1.6% acrylate polymer by
plate count (A) and by CLSM enumeration from five series of 225 images (B). ............. 95
9
Figure 24 : Frequency distribution of three strains of S. aureus of surface fluorescence
among five series of 225 CLSM images in matrices with various concentrations of
acrylate copolymer (from 0% to 1.6%) or guar gum (2.5%), mean and variance
associated. .................................................................................................................................................. 96
Figure 25 : Correlation between bacterial enumeration by plating (log10 CFU/g) and
bacterial enumeration by CLSM imaging (log10 bacteria/g). ............................................. 110
Figure 26 : S. aureus inactivation kinetics obtained by HCS-CLSM in cosmetic model
matrices with several concentrations of chlorphenesin (A) and benzyl alcohol (B).
Example of the loss of bacterial fluorescence assessed by HCS-CLSM over time for two
concentrations of chlorphenesin (C). ............................................................................................ 111
Figure 27 : Relation between the Dc value and the concentration of chlorphenesin (A,
B) and benzyl alcohol (C, D) by fitting of model#1 (A and C) and model#2 (B and D).
..................................................................................................................................................................... 112
Figure 28 : Correlation between the observed bacterial log-reductions and the
predicted ones using Bigelow linear-model (white dots) or IQ model (black dots) for
chlorphenesin (A) and benzyl alcohol (B). ................................................................................... 113
Figure 29 : Illustration of the possible prediction of the evolution of the bacterial
population over seven days for four concentrations of chlorphenesin (A) or benzyl
alcohol (B) with Bigelow linear-model (dotted lines) or IQ model (plain lines). .......... 114
10
Liste des tableaux
Tableau 1 : Relation entre la gamme de HLB et leur solubilité dans l'eau d'après (Epstein
2006). ............................................................................................................................................................ 23
Tableau 2 : Liste non exhaustive de produits à faible risque d'après ISO 29621:2017
(Feuilloley 2018) ....................................................................................................................................... 30
Tableau 3 : Gamme de valeurs physico-chimiques dans une formule permettant la
croissance des microorganismes (Berthele et al. 2014). ........................................................... 34
Tableau 4 : Critères d'évaluation pour l'essai d'efficacité de la protection
antimicrobienne d’après la norme NF EN ISO 11930. ............................................................... 43
Tableau 5 : Exemples de fluorochromes utilisés pour marquer les bactéries et les
constituants de matrices complexes (Bridier et al. 2015)......................................................... 48
Tableau 6: Principales caractéristiques des produits cosmétiques commerciaux testés.
........................................................................................................................................................................ 70
Tableau 7 : Composition de la matrice modèle 35/65 h/e%. ................................................. 71
Tableau 8 : Synthèse des essais réalisés dans la crème 8 et la matrice modèle avec les
images de microscopies associées représentant la distribution spatiale des bactéries
(en vert) dans les matrices cosmétiques (en rouge). Pour chaque expérience, un
échantillon de trois images représentatives des trente images obtenues au total par
MCBL à l'objectif 40x air sont présentées. ..................................................................................... 81
Tableau 9 : Estimated parameters (and their 95% CI intervals) and performance criteria
of both secondary models. ............................................................................................................... 113
11
Sommaire
Remerciements ........................................................................................................................................... 3
Liste des abréviations ............................................................................................................................... 6
Liste des figures .......................................................................................................................................... 8
Liste des tableaux ................................................................................................................................... 11
Sommaire ................................................................................................................................................... 12
Introduction générale ........................................................................................................................... 16
CHAPITRE I : Étude bibliographique............................................................................................... 19
I - Formulation cosmétique ............................................................................................................ 20
1 - Définitions d’un produit cosmétique ............................................................................... 20
2 - Composition des produits cosmétiques ......................................................................... 20
2.1 – Excipients............................................................................................................................ 20
2.1.1 - Phase aqueuse .......................................................................................................... 21
2.1.2 - Phase lipidique ......................................................................................................... 21
2.1.3 – Émulsionnants .......................................................................................................... 21
2.2 - Additifs................................................................................................................................. 23
3 – Étude de la stabilité physique et chimique d’une formule cosmétique
émulsionnée ..................................................................................................................................... 25
3.1 – Étude de la stabilité physique .................................................................................... 25
3.2 – Étude de la stabilité chimique .................................................................................... 28
12
1.1 – Définition et procédure du Challenge-test ........................................................... 41
1.2 – Facteurs pouvant affecter la fiabilité du challenge-test................................... 44
2 - Évaluation de l’inactivation bactérienne par Microscopie Confocale à Balayage
Laser (MCBL) ..................................................................................................................................... 45
2.1 - Principe de la MCBL ........................................................................................................ 45
2.2 – Principe de la fluorescence et exemples de quelques fluorochromes ....... 47
2.3 – Suivi de l’inactivation bactérienne par la MCBL .................................................. 49
3 – Prévision de l’efficacité des systèmes de conservation et des durées de vie de
produits cosmétiques ................................................................................................................... 52
3.1 – Méthode d’estimation de la durée d’utilisation utilisée dans l’industrie
cosmétique ................................................................................................................................... 52
3.2 – Prévision de l’inactivation de la population microbienne dans le temps
grâce à l’utilisation de modèles primaires ....................................................................... 54
3.3 – Prévision de l’activité d’un conservateur selon sa concentration grâce à
des modèles secondaires d’inactivation ........................................................................... 57
13
2.2.2.2 - Formulation ....................................................................................................... 72
2.2.3 - Caractérisation physico-chimique des matrices cosmétiques ............... 72
2.3 – Observation de la répartition bactérienne par microscopie confocale à
balayage laser (MCBL) .............................................................................................................. 72
2.3.1 - Marquages des bactéries ..................................................................................... 72
2.3.2 - Marquage et inoculation de la formule cosmétique ................................. 73
2.3.3 – Acquisition par MCBL et analyse d’images ................................................... 74
3 - Résultats et discussion........................................................................................................... 74
3.1 - Analyse de la distribution bactérienne dans les produits cosmétiques
commercialisés............................................................................................................................ 74
3.2 - Mise en évidence des matières premières impliquées dans la distribution
spatiale des bactéries par formulation de matrices cosmétiques modèles ........ 79
4 - Conclusion .................................................................................................................................. 82
III - Impact des facteurs influençant la distribution spatiale des bactéries ................. 82
1 - Synthèse de l’étude ................................................................................................................ 82
2 - Article 1 « Mosaic-CLSM assessment of bacterial spatial distribution in
cosmetic matrices according to matrix viscosity and bacterial hydrophobicity » 85
2.1 - Abstract ............................................................................................................................... 85
2.2 - Introduction ....................................................................................................................... 85
2.3 - Materials and Methods ................................................................................................. 87
2.3.1 - Bacterial strains and culture conditions.......................................................... 87
2.3.2 - Chemicals and materials ....................................................................................... 88
2.3.3 - Characterization of bacterial surface properties ......................................... 88
2.3.4 - Cosmetic matrices ................................................................................................... 89
2.3.5 - Characterization of the emulsified matrices ................................................. 89
2.3.6 - Enumeration of the bacterial population ....................................................... 90
2.3.7 - Mosaic-Confocal Laser Scanning Microscopy (M-CLSM) and image
analysis ...................................................................................................................................... 90
2.3.8 - Statistical analysis .................................................................................................... 91
2.4 - Results .................................................................................................................................. 91
2.4.1 - Determination of bacterial surface properties ............................................. 91
2.4.2 - Determination of matrix properties ................................................................. 92
2.4.3 - Bacterial spatial distribution in commercial emulsions ............................ 93
2.4.4 - Bacterial spatial distribution and enumeration in matrices with
thickener ................................................................................................................................... 94
2.4.5 - Spatial distribution of three S. aureus strains according to their level
of hydrophobicity in matrices with thickener ............................................................ 96
14
2.5 - Discussion ........................................................................................................................... 97
2.6 - Conclusion .......................................................................................................................... 99
15
Introduction générale
Le marché mondial des cosmétiques représente plus de 483 milliards d’euros en 2019.
Le premier foyer de consommation est l’Europe avec 78,6 milliards d’euros, suivi des
États-Unis avec 67,2 milliards d’euros et de la Chine avec 47,6 milliards d’euros
(Cosmetic Valley 2020). La plupart des produits cosmétiques sont favorables à la
prolifération des micro-organismes de par leur composition riche en eau et en
composés organiques. Suite au développement de ce marché, à la controverse
médiatique et au durcissement de la réglementation entraînant des réductions
qualitatives et quantitatives des conservateurs, la surveillance et la maîtrise de la
contamination microbiologique des produits cosmétiques sont au cœur des
préoccupations des industries cosmétiques. Ces contaminations peuvent provoquer la
modification des caractéristiques organoleptiques des formules et/ou mettre en péril
l’innocuité des produits cosmétiques. La conformité microbiologique ou l’efficacité
antimicrobienne d’un produit cosmétique considéré à risque est déterminée par la
méthode de challenge-test, définie dans la norme NF EN ISO 11930. Celle-ci consiste
à évaluer l’évolution de la population microbienne dans un produit, suite à une
inoculation volontaire et contrôlée, par dénombrement de microorganismes
spécifiques viables, sur milieux gélosés et à différents intervalles de temps pendant 28
jours. Les challenges tests donnent une indication sur l’efficacité des conservateurs
utilisés et sur la qualité microbiologique des produits mis sur le marché mais présentent
tout de même quelques limites, notamment du fait d’un protocole fastidieux constitué
de nombreuses étapes (dilutions, dénombrements sur boite, comptages…) mais aussi
du fait du long délai d’obtention des résultats. De plus, comme il n’existe pas de
protocole universel pour chaque forme galénique évaluée (produits liquides, semi-
solides, solides), c’est au responsable microbiologiste de prendre la décision de la mise
en place des détails protocolaires les plus adaptés selon les galéniques. Il est donc
pertinent de pouvoir évaluer de façon automatisée, précise et fiable la capacité de
conservation des formules.
C’est dans ce contexte que le travail présenté dans ce mémoire a eu pour objectif
général de mieux comprendre, d’évaluer, de prévoir et d’optimiser le fonctionnement
des systèmes conservateurs au sein des matrices cosmétiques. Les formules
cosmétiques émulsionnées de forme huile dans eau (h/e) étant les plus répandues en
cosmétique, nous les avons choisies comme modèle d’étude. Nous avons par ailleurs
16
sélectionné Staphylococcus aureus comme modèle bactérien car i) il s’agit de l’un des
pathogènes les plus retrouvés dans les produits cosmétiques et ii) il est porté sur la
peau et les muqueuses de façon asymptomatique par 30% de la population (Ryu et al.
2014).
- La deuxième partie est consacrée à̀ l’exposé des résultats obtenus au cours de cette
thèse. Les résultats sont regroupés en deux chapitres.
- La dernière partie conclut ce mémoire par une discussion générale incluant les
perspectives du projet.
17
tridimensionnels, tels que les biofilms ou les systèmes multiphasiques alimentaires, en
étudiant l’impact de microenvironnements hétérogènes sur la diversification des types
cellulaires.
18
CHAPITRE I :
Étude bibliographique
19
I - Formulation cosmétique
- les dispersions : ce sont des systèmes multiphasiques formés d’une phase dispersante
(= continue, externe) au sein de laquelle se trouve une phase dispersée dite
discontinue et interne. C’est le cas par exemple des formes galéniques émulsionnées
telles que les crèmes et les laits (Figure 1).
- les solutions : mélange de constituants miscibles entre eux (les lotions et eaux
démaquillantes)
- les formes anhydriques : dont la teneur en eau est nulle (rouges à lèvres, poudres et
huiles) (Pensé-Lhéritier and Masson 2016).
2.1 – Excipients
Les excipients ont un rôle essentiel dans la formulation d'un produit cosmétique, ils
permettent le transport des principes actifs et sont en partie à l'origine de la galénique
du produit. Dans le cas d'une émulsion de type crème, l'excipient sera composé de la
phase aqueuse, de la phase lipidique et d'émulsionnants (Pensé-Lhéritier and Masson
2016).
20
2.1.1 - Phase aqueuse
Généralement, la phase aqueuse est souvent constituée à plus de 50% d'eau distillée.
Elle contient également des polyalcools ayant un double rôle : celui de solvant mais
aussi d'agent humectant capable de fixer l'eau par liaisons hydrogène à la surface de
l'épiderme grâce à leurs propriétés hygroscopiques (Fukui 2017).
2.1.3 – Émulsionnants
21
en formant une barrière dense empêchant ainsi l’attraction des gouttelettes entre elles.
Il est indispensable de déterminer la concentration d’émulsionnant optimale à utiliser
car à trop forte concentration, les molécules de tensio-actifs vont s’agréger entre elles
et former des micelles. Cette concentration est appelée concentration micellaire
critique (Critical Micelle Concentration ou CMC).
Figure 1 : Représentation schématique d'une émulsion huile dans eau (h/e) à gauche
et d'une émulsion eau dans huile (e/h) à droite.
L’action des tensio-actifs dépend de leur solubilité dans chacune des deux phases non
miscibles. Celle-ci peut être caractérisée par une balance hydrophile/lipophile, appelée
HLB (Hydrophilic Lipophilic Balance), variant sur une échelle variant de 0 à 20 (Tableau
1). Ce système représente l'équilibre entre les parties hydrophiles et lipophiles du
tensio-actif et est donné par la formule ci-dessous :
Plus la valeur d'HLB sera élevée, plus la solubilité dans l'eau du tensio-actif sera
importante. Ce calcul est utilisé pour optimiser la stabilité des émulsions ; si plusieurs
tensio-actifs sont ajoutés dans une même émulsion, les valeurs d'HLB de chaque
tensio-actif peuvent être additionnées afin d'atteindre l'équilibre requis (Nakama
2017).
22
Tableau 1 : Relation entre la gamme de HLB et leur solubilité dans l'eau d'après (Epstein
2006).
2.2 - Additifs
Épaississants et gélifiants
Les agents épaississants agissent par encombrement stérique : après leur introduction
dans l’eau, l’hydratation permet le passage de la forme enroulée de la molécule, à une
forme déroulée occupant un volume plus important induisant une augmentation de la
viscosité de la formule (Sadok et al. 2013). Ils permettent de stabiliser les émulsions en
augmentant la viscosité, limitant ainsi le mouvement des gouttelettes lié à l'attraction
terrestre empêchant ainsi le crémage dans le cas d'une émulsion h/e ou la
sédimentation (e/h). Les épaississants les plus courants sont les polysaccharides
d'origine naturelle, non ioniques (gomme de guar) ou anioniques (gomme de
xanthane, carraghénanes et alginates). Les polyacrylates de synthèse comme les
carbomères sont également très utilisés en cosmétique. Ils ont un faible pouvoir
épaississant en milieu acide mais l'ajout d'une base comme la trométhamine, entraine
la neutralisation des groupements acides carboxyliques. Cette neutralisation engendre
une augmentation de la charge électrique des macromolécules, entrainant ainsi leur
expansion dans la formule. Les gélifiants participent aussi à la stabilisation d'une
émulsion en créant un réseau tridimensionnel par emprisonnement du solvant à travers
un enchevêtrement de macromolécules liées entre elles par l’intermédiaire de liaisons
hydrogènes ou d’interactions hydrophobes par exemple. D'autres composés peuvent
participer à l'augmentation de la viscosité d'une émulsion comme l'ajout de particules
23
solides, notamment les silices et les argiles, très utilisées dans la formulation de
masques (Lochhead 2017).
Agents conservateurs
Antioxydants et filtres UV
24
est disponible dans le règlement CE N°1223/2009. Les filtres anti-UV sont aussi utilisés
pour protéger la peau des rayonnements solaires (Kozlowski 2009).
Principes actifs
Par définition, les principes actifs sont directement liés à l'efficacité d'un produit
cosmétique. Ils se retrouvent en très faible quantité (environ <3%) dans les formules.
L'ajout de principes actifs permet d'apporter différentes propriétés à un produit
comme un effet anti-âge (anti-rides, anti-tâches, raffermissants) ou une action sur
l'hydratation de la peau (agents humectants, émollients, filmogènes) (Pensé-Lhéritier
and Masson 2016).
Les émulsions sont des systèmes thermodynamiquement instables stabilisés par des
tensio-actifs. Il arrive dans certains cas, que certains mécanismes de déstabilisation
apparaissent (Brochette 2013) (Figure 2) :
25
sédimenter au fond de l’émulsion. Ces phénomènes sont réversibles après une
redispersion des gouttelettes à l’aide d’une agitation douce par exemple.
26
cristallisées pouvant résulter d’une mauvaise solubilisation de certaines matières
premières (Feuilloley 2018).
- La granulométrie : elle permet d’étudier la taille des gouttelettes ainsi que leur
distribution volumique dans une formule cosmétique. La méthode la plus utilisée pour
caractériser la granulométrie d’une formule est l’utilisation d’un granulomètre laser
basé sur le principe de la diffraction de la lumière lors du passage des gouttelettes
devant un faisceau laser (Yamashita and Sakamoto 2017).
Afin de garantir la stabilité du produit jusqu’à la fin de sa durée de vie, il est nécessaire
de savoir comment celui-ci va évoluer au cours du temps ou dans des conditions
extrêmes. Pour cela, deux tests sont couramment utilisés : le test de vieillissement
accéléré et le test de dégradation forcée. Le premier consiste à placer le produit au sein
d’une enceinte climatique permettant de faire varier, à différentes échelles, la
température, l’agitation, la luminosité et l’hygrométrie. Dans le cas d’une émulsion, ce
27
test sera très utile pour détecter précocement des problèmes liés à la stabilité des
gouttelettes tels que la floculation, la coalescence et le crémage. Le vieillissement de la
formule peut aussi être étudié en temps réel dans des conditions normales d’utilisation.
Le test de dégradation forcée permet d’évaluer la stabilité de la formule dans des
conditions extrêmes et consiste en une succession de cycle de centrifugation ou de
cycles de réchauffement/ refroidissement (Pensé-Lhéritier and Masson 2016).
28
peut aussi participer à l’altération du produit via des interactions du contenant avec le
contenu par migration ou relargage de substance de l’emballage dans la formule
(Pensé-Lhéritier and Masson 2016). Dans le cas des emballages plastiques, certains
additifs, ajoutés pour améliorer la fonctionnalité de l’emballage, peuvent migrer dans
le contenu et s’avérer toxique. C’est le cas par exemple des plastifiants tels que les
phtalates qui favorisent la souplesse du plastique mais qui peuvent avoir une toxicité
sur la reproduction humaine (Gimeno et al. 2012).
Les formules cosmétiques sont des milieux complexes propices au développement des
microorganismes de par leur composition riche en eau et en nutriments… (Herrera
2004). Chaque produit cosmétique présente un niveau de risque microbiologique qui
sera différent selon la composition de la formule, le type d'emballage (pots, unidose,
pompe airless) ou encore les conditions de fabrication et de remplissage. Tous les
produits cosmétiques ne doivent donc pas nécessairement subir des tests d’évaluation
de la protection antimicrobienne. En effet, selon la norme ISO 29621:2017, certains
produits hostiles à la croissance ou à la survie des microorganismes sont qualifiés à
faible risque microbiologique et dispensent alors le fabricant de réaliser des tests
microbiologiques. Cette norme définit notamment un ensemble de conditions
permettant de considérer les produits comme étant à faible risque. Il s’agit par exemple
d’une faible activité de l’eau (aw) ≤ 0,75, d’un pH ≤ 3 ou ≥ 10 et d’une concentration
d’éthanol supérieur à 20%. C’est le cas des produits ne contenant pas d’eau disponible
pour la croissance des bactéries tels que les huiles corporelles, les baumes ou rouges
à lèvres, ou les poudres dont les fards à joues, ou encore des produits avec un fort
pouvoir oxydant tels que les colorants capillaires. Une liste plus détaillée d’exemples
est présentée dans le Tableau 2. Les produits n’étant pas à faible risque
microbiologique doivent au contraire être soumis à des tests d’évaluation de la
protection antimicrobienne appelés Challenge-tests (Feuilloley 2018).
29
Tableau 2 : Liste non exhaustive de produits à faible risque d'après ISO 29621:2017
(Feuilloley 2018)
30
Zachariae 2008). Chaque année dans le monde, il est recensé par différentes autorités
sanitaires (RAPEX, SGS, l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits
de santé (ANSM)…) des rappels de produits cosmétiques à cause de contaminations
microbiologiques dont au moins 36 entre janvier 2019 et février 2020 (ANSM 2020;
SGS 2020; Lundov and Zachariae 2008). Ces non-conformités ne sont pas fréquentes
mais elles peuvent avoir un impact sur la santé publique. On peut notamment citer
l’incident lié à une contamination par Burkholderia cepacia dans un lait hydratant pour
le corps, utilisé dans un service de soins intensifs à l’hôpital en 2006 en Espagne. Suite
à l’application de ce lait, certains patients adultes ont développé une bactériémie
(Alvarez-Lerma et al. 2008). En 2008-2009, un shampooing pour bébé, contaminé par
Serratia marcescens a également été utilisé dans un service hospitalier pour
nourrissons. Plusieurs nouveau-nés dont des prématurés ont subi des infections et un
bébé a succombé des suites d’une septicémie et d’une méningite malgré les
traitements médicamenteux (Madani et al. 2011). Ces exemples montrent qu’il est
primordial d’assurer la protection antimicrobienne de chaque produit cosmétique
commercialisé.
31
Figure 3 : Causes et conséquences des contaminations microbiennes dans les produits
cosmétiques (Halla et al. 2018).
De nombreuses études montrent que Staphylococcus aureus est l’une des bactéries les
plus fréquemment retrouvées notamment dans des produits cosmétiques tels que les
gels douche, crèmes, laits… (Tran and Hitchins 1994; Birteksoz Tan et al. 2013; Campana
et al. 2006; Anelich and Korsten 1996). Staphylococcus aureus, aussi appelé
staphylocoque doré en référence à la couleur or des colonies formées, appartient à la
famille des Staphylococcaceae. Ce coque se présente souvent sous forme de grappes
et mesure environ 0,5 à 1,5 µm de diamètre (Figure 4). C’est une bactérie à coloration
de Gram positive, immobile, asporulée, qui possède une catalase et une coagulase. Elle
est aéro-anaérobie facultative et se développe à une température optimale comprise
entre 35 et 41°C (ANSES 2011). C’est une bactérie opportuniste présente sur la peau et
les membranes muqueuses. Elle fait partie de la flore cutanée et est portée par 30% de
la population de façon asymptomatique (Ryu et al. 2014). De nombreuses souches
produisent des toxines exfoliatives sécrétées sur l’épiderme et sont responsables de
maladies infectieuses, notamment des infections de la peau dont des abcès, des
furoncles, des impétigos, des folliculites, des phlyctènes… (Lowy 1998; Tong et al. 2015;
Bukowski et al. 2010). Certaines souches de S. aureus peuvent aussi produire des
32
entérotoxines staphylococciques (SE) thermorésistantes responsables d’intoxications
alimentaires (Le Loir et al. 2003; ANSES 2011). Les conditions physico-chimiques d’une
formule cosmétique favorable à la croissance de S. aureus correspondent à une activité
de l’eau ≥ 0,80 et un pH compris entre 5 et 9 (Feuilloley 2018).
Les bonnes pratiques de fabrication (BPF) : Les produits cosmétiques doivent être
fabriqués selon les Bonnes Pratiques de Fabrication (BPF) comme indiqué dans l’article
8 du règlement n°1223/2009 relatif aux produits cosmétiques. La norme NF EN ISO
22716 : 2008 définit des lignes directrices pour la production, le contrôle, le stockage
et l'expédition des produits cosmétiques. Afin de réduire le risque de contaminations
des produits cosmétiques pendant leur fabrication, un ensemble de mesures peut être
entrepris. Par exemple, un système de filtration de l'eau, des contrôles
microbiologiques des matières premières, la désinfection de l'équipement et un
personnel correctement formé et équipé peuvent réduire considérablement le danger
de contamination (Varvaresou et al. 2009; ANSM 2016).
33
contact direct du contenu avec l’utilisateur. Le conditionnement le plus sûr est celui à
usage unique en sachet ou en capsule par exemple (Varvaresou et al. 2009). De récents
développements liés à l’emballage contribuent à limiter efficacement les risques de
contaminations microbiennes par les consommateurs. C’est notamment le cas des
systèmes d’emballage « airless » à piston qui une fois pressé ne permettent pas l’entrée
d’air à l’intérieur du contenant mais qui garde tout de même un volume mort dans la
tête du piston. On peut aussi citer le Dispositif Exclusif Formule Intacte
(D.E.F.I.) développé à l’initiative des laboratoires Pierre Fabre qui permet de maintenir
les formules stériles tout au long de leur utilisation grâce à i) une stérilisation de la
formule et/ou des matières premières et des appareils de formulation et à ii) un
système d’ouverture/fermeture hermétique du produit. Ce dernier est composé d’une
membrane souple qui après une pression de la pompe, se soulève puis revient à sa
place initiale, assurant ainsi l’étanchéité du produit. Ce système sans volume mort,
permet alors de formuler des produits sans conservateur (Pierre Fabre 2009).
34
La conservation physicochimique d’une formule cosmétique consiste en l’ajustement
de plusieurs facteurs :
- La forme de l’émulsion : Les émulsions huile dans l’eau (h/e) ont pour phase continue
une phase aqueuse, les bactéries se développant dans la phase aqueuse, ce type
d’émulsion présente donc plus de risques de contamination qu’une émulsion eau dans
huile (e/h) (Varvaresou et al. 2009; Halla et al. 2018).
- L’activité de l’eau (aw) : Les microorganismes ont également besoin d’une quantité
d’eau suffisante pour proliférer dans un milieu. L’activité de l’eau (aw) est la quantité
d’eau libre disponible pour le développement des microorganismes, non impliquée
dans des interactions avec d’autres constituants de la formule. Elle est comprise entre
0 et 1 (1 = eau pure) et est calculée en faisant le rapport de la pression partielle de
vapeur d’eau de la formule (p) et de celle de l’eau pure (p0) à une température donnée
$
selon la relation suivante : *# = $% .
35
Souvent, l’impact d’un paramètre seul n’est pas suffisant pour inhiber efficacement la
croissance des microorganismes dans les produits cosmétiques mais la combinaison
de plusieurs de ces facteurs peut permettre d’atteindre cet objectif. Des études
montrent un effet synergique entre la concentration en éthanol et le pH sur l’inhibition
bactérienne. Ces deux derniers facteurs ainsi que la concentration de glycérine auraient
un impact direct sur la baisse de l’activité de l’eau de la formule (Berthele et al. 2014).
Il serait donc possible de contribuer à la stabilité microbiologique d’un produit
cosmétique en utilisant une combinaison judicieuse de plusieurs facteurs cités-ci-
dessus (Ghalleb et al. 2015).
- Être soluble dans l’eau, car c’est dans la phase aqueuse que les microorganismes se
développent et que l’activité antimicrobienne doit donc être assurée (Shimamoto and
Mima 1979).
- Être efficace sur une large gamme de pH : en effet, certains conservateurs peuvent
avoir une efficacité pH-dépendante, ce qui limite leur utilisation.
- Être compatible avec les autres matières premières ainsi qu’avec les procédés de
formulations (stabilité à la chaleur, à l’agitation…).
36
- Être sans danger pour la santé humaine (sans effet allergène ou irritant, sans effet
cancérigène, mutagène et reprotoxique…).
Les principaux conservateurs les plus couramment utilisés sont : les acides organiques,
les alcools et phénols, les aldéhydes et les composés d’ammonium quaternaire (Halla
et al. 2018).
Les acides organiques et leurs sels sont très utilisés en cosmétique. Pour la plupart, on
les trouve à l’état naturel comme par exemple l’acide benzoïque retrouvé dans certains
fruits tels que les canneberges et les airelles. Les acides organiques les plus utilisés en
cosmétique sont les acides benzoïque, déhydroacétique, sorbique, propionique,
salicilique, formique, indécylénique et leurs sels (Figure 7). Certains sont également
utilisés comme additifs alimentaires pour la conservation des aliments. L’activité
antimicrobienne des acides organiques dépend de différents paramètres : de leur
concentration, de leur solubilité dans la phase aqueuse, de la longueur de leur chaine
carbonée, du pH de la formule… (Lambert and Stratford 1999; Stratford and Eklund
2003; Halla et al. 2018).
Figure 5 : Mécanisme d'action des acides organiques sur les microorganismes (Lambert
and Stratford 1999).
Les acides organiques sont des acides faibles. Ils peuvent partiellement se dissocier
dans le milieu environnant libérant ainsi des protons, ce qui a pour conséquence une
diminution du pH rendant hostile le milieu extérieur au développement de certains
microorganismes. De plus, grâce à leur caractéristique lipophile, ils sont capables de
37
traverser la membrane plasmique des microorganismes sous forme non dissociée. Une
fois dans le cytoplasme, l’acide se dissocie en libérant des protons ce qui induit alors
une acidification intracellulaire. Afin de pallier cette diminution de pH, les
microorganismes expulsent alors les protons dans le milieu extérieur (Figure 5) et
permettent l’entrée d’ions sodium afin de rétablir le pH physiologique intracellulaire.
Ceci entraine également une acidification du milieu environnant du microorganisme,
ce qui modifie l’équilibre réactionnel vers la forme non dissociée active des molécules
d’acide dissociées présentes dans le milieu extérieur. Ce mécanisme d’action inhibe la
croissance des microorganismes qui dépensent toute leur énergie à rétablir le pH
intracellulaire. Ainsi, plus le pH d’une formule cosmétique est acide, plus la forme non-
dissociée sera présente et plus l’efficacité antimicrobienne sera importante. Pour
utiliser efficacement ce type de conservateur, il est donc primordial de tamponner le
pH de la formule à une valeur inférieure au pKa de l’acide organique utilisé, ce qui
permet d’avoir une forte proportion de forme non-dissociée. La forme dissociée de
certains acides organiques à longue et moyenne chaines ou acides phénoliques tels
que l’acide férulique est également active, notamment grâce aux propriétés lipophiles
de ces composés qui sont capables de s’insérer dans la double couche de
phospholipides membranaires et d’en perturber le fonctionnement (Pernin, Guillier, et
al. 2019). Il est à noter que certains acides organiques, comme l’acide sorbique et le
sorbate de potassium, étant sensibles à la photoxydation, il faut prévoir un emballage
cosmétique anti-UV adéquat (Lambert and Stratford 1999; Ricke 2003; Stratford and
Eklund 2003; Moore 2008; Stanojevic et al. 2009; Paulus 2005c).
Alcools et phénols
Les alcools et les phénols, ayant des propriétés antimicrobiennes reconnues, sont des
conservateurs largement utilisés en cosmétique (Figure 7). Les alcools, sont divisés en
deux catégories selon leur structure chimique, d’une part les alcools aliphatiques
comme le chlorobutanol et d’autre part les alcools aromatiques comme l’alcool
benzylique. L’alcool benzylique est plus efficace sur les bactéries à coloration de Gram
positive que sur les bactéries à coloration de Gram-négative, les levures et les
moisissures (Al-Adham et al. 2013; Paulus 2005a; Scholtyssek 2005). Les phénols
possèdent au moins un cycle aromatique associé à un groupement hydroxyle (Macheix
et al. 2006). Les alcools et certains phénols ont la capacité de s’intercaler dans la double
couche phospholipidique de la membrane bactérienne entrainant la perméabilisation
de celle-ci, ce qui a pour conséquence la fuite de divers composants intracellulaires tels
38
que les ions comme que le potassium, l’ATP, les protéines ou les nucléotides
intracellulaires (Al-Adham et al. 2013). Les alcools sont aussi capables de dénaturer les
protéines membranaires essentielles au métabolisme cellulaire (Al-Adham et al. 2013;
Paulus 2005a; Scholtyssek 2005). Les phénols agissent également sur d’autres cibles
cellulaires, telles que la synthèse des acides aminés bactériens, notamment ceux
impliqués dans la formation du peptidoglycane des bactéries. C’est le cas de l’ortho-
phénylphénol qui inhibe la biosynthèse de la lysine chez S. aureus (Jang et al. 2008). Le
phénoxyéthanol est un éther monophénolique de l’éthylène glycol très utilisé en
cosmétique et est plus efficace sur les bactéries à coloration de Gram positive que
celles à coloration de Gram négative (Scholtyssek 2005). Il est souvent ajouté dans une
formule cosmétique pour sa faculté à potentialiser l’action antimicrobienne de
nombreux autres conservateurs tels que le méthylchloroisothiazolinone et le
méthylisothiazolinone (Lundov et al. 2011).
Dans cette classe de conservateurs, on peut également citer les parabènes, sujets à
controverses pour leurs potentiels effets néfastes sur la santé. Ils sont suspectés d’être
des perturbateurs endocriniens pouvant impacter la fertilité humaine (Kirchhof and de
Gannes 2013). Ils ont un large spectre antimicrobien et ne sont pas pH-dépendants. Ils
perturbent la membrane cytoplasmique des micro-organismes, provoquant ainsi la
fuite des constituants intracellulaires (Gorman and Scott 2007).
Il existe également des conservateurs halogénés portant des groupements phénol, tels
que la chlorphénésine (Figure 6) et le triclosan. Ces deux molécules, très utilisées en
cosmétique notamment en remplacement des parabènes, ont notamment la capacité
d’oxyder, de dénaturer les protéines membranaires et d’inhiber la synthèse
enzymatique des microorganismes (Paulus 2005c; Moore 2008).
39
Figure 7 : Liste non exhaustive des conservateurs de type acide organique, alcool,
phénol et aldéhyde utilisés en cosmétique, adaptée de Halla et al. (2018).
Les aldéhydes
40
diazolidinylurée, appelés agents libérateurs de formaldéhydes, sont capables de libérer
au cours du temps dans les produits cosmétiques du formaldéhyde qui a pour action
d’inhiber la synthèse protéique, d’interagir avec les peptides des parois et d’inhiber le
transport des métabolites et des acides nucléiques (Moore 2008; Halla et al. 2018;
Scholtyssek 2005; Paulus 2005b).
41
- Inoculation des microorganismes d’essai : Les microorganismes testés sont les
suivants, Pseudomonas aeruginosa, Escherichia coli, Staphylococcus aureus,
Aspergillus brasiliensis, et Candida albicans. Le produit est inoculé par une suspension
de microorganismes afin d’obtenir une concentration respectivement comprise entre
1 x 105 et 1 x 106 UFC.ml-1 ou g-1 et 1 x 104 et 1 x 105 UFC.ml-1 ou g-1 pour les bactéries
ou pour les levures et moisissures. Le volume de suspension microbienne ajouté ne
doit pas dépasser 1% du volume du produit afin d’éviter toute dilution de la formule
ou de la concentration en conservateur (Russell 2003).
42
stopper l’action du conservateur. Cette étape permet aux bactéries de se développer
lors du dénombrement par comptage des colonies sur boites de Petri. Le neutralisant
ne doit pas lui-même avoir d'effet antimicrobien sur les microorganismes (Johnston et
al. 2002).
- Incubation et comptage des colonies : Les boites sont incubées à 32,5°C ± 2,5°C
(température équivalente à celle à la surface de la peau) pendant 48h à 72h pour les
bactéries et C. albicans ; et à 22,5°C ± 2,5°C pendant 3 à 5 jours pour A. brasiliensis.
43
(J7) par les opérateurs. Cependant une analyse complémentaire de risque prenant en
compte d’autres facteurs que la formule elle-même doit être réalisée pour satisfaire à
la norme. Par exemple l’utilisation d’un contenant protecteur constitué d’un dispositif
de pompe est beaucoup moins propice à la contamination microbienne qu’un pot à
large ouverture. Enfin, si les valeurs ne correspondent ni au critère A et ni au critère B,
une évaluation du risque microbiologique doit être réalisée. Par exemple, les produits
cosmétiques délivrés en monodose, peuvent être jugés comme ayant un risque
microbiologique acceptable, à condition bien sûr que la qualité microbiologique du
produit mis sur le marché soit validée. Si aucun de ces cas n’est rencontré, la protection
antimicrobienne du produit ne satisfait pas à la norme et la protection antimicrobienne
du produit doit être revue.
44
antimicrobiens seraient plus efficaces sur des concentrations bactériennes basses
(Johnston et al. 2000).
Dans ce travail, nous faisons également l’hypothèse qu’une répartition hétérogène des
bactéries après inoculation des microorganismes dans la formule peut avoir un impact
sur la fiabilité des challenge-tests. Ce dernier aspect fait l’objet du chapitre II de la thèse
sur la mise en évidence et l’étude de facteurs responsables de la distribution spatiale
des bactéries dans des matrices cosmétiques émulsionnées.
45
Figure 9 : Principe de fonctionnement d'un microscope confocale à balayage laser
(Paddock 2000).
Une fois les images obtenues, il est souvent nécessaire de les traiter avant de les
analyser à cause d’un rapport signal sur bruit pouvant dans certains cas être insuffisant.
Pour cela, de nombreux logiciels de traitement et d’analyse d’images, tels que ImageJ,
Icy, Fidji et bien d’autres, permettent de corriger ce problème par l’application de filtres
par exemple. Une fois l’image traitée, ces mêmes logiciels permettent d’extraire les
données quantitatives et qualitatives des images notamment après segmentation de
46
l’image. La segmentation consiste en l’application d’un masque binaire permettant de
délimiter des structures ou des objets d’intérêt sur une image et notamment de calculer
une surface ou un volume de fluorescence. Dans ces logiciels, de nombreux autres
outils et plug-ins sont mis à disposition comme l’édition et l’annotation d’images ou
l’extraction de la taille et le comptage automatique d’objets sur une image (Ferreira
and Rasband 2012; De Chaumont et al. 2012).
- les marqueurs de viabilité dont le mode d’action est basé sur les activités estérasiques
des bactéries (CFDA, Calcéine-AM…). Ces marqueurs pénètrent passivement les
membranes bactériennes jusqu’au cytoplasme où ils sont clivés par des estérases
induisant alors la libération de résidus fluorescents (Figure 10).
- les marqueurs de mortalité, qui pénètrent seulement dans les bactéries mortes
perméabilisées. On peut citer le Sytox Green et l’iodure de propidium qui se fixent sur
l’ADN après avoir traversé la membrane bactérienne.
47
- les marqueurs totaux, qui pénètrent à la fois dans les bactéries vivantes et mortes.
C’est le cas notamment du SYTO9 et du DAPI ou 4', 6'-diamino-2-phénylindole, qui
s’intercalent entre les bases de l’ADN.
Il existe des kits combinant l’action de deux fluorochromes tels que le kit
LIVE/DEAD™ BacLight™ composé de deux marqueurs d’ADN, le Syto 9 et l'iodure de
propidium permettant de distinguer rapidement les bactéries vivantes aux membranes
plasmiques intactes des bactéries aux membranes perméabilisées (Auty, Gardiner, et
al. 2001; Wadhawan et al. 2011).
48
Le spectre de fluorescence d’un marqueur fluorescent peut par exemple être
dépendant de son environnement physicochimique ; on peut citer le Rouge de Nil qui
émet une fluorescence rouge lorsqu’il s’intègre dans des membranes
phospholipidiques polaires et dans le jaune lorsqu’il se trouve en présence de
triglycérides neutres (Brown and Poujol 2006; Rumin et al. 2015). L’impact du pH sur la
fluorescence d’un marqueur peut être mis à profit dans le développement de
fluorochromes, tels que le BCECF, capables de visualiser un niveau de pH intracellulaire
(Ozkan and Mutharasan 2002; Futsaether et al. 1993).
49
de mesurer la pénétration et l’efficacité des antimicrobiens dans le biofilm et de mettre
en évidence la présence potentielle de sous-populations résistantes aux traitements
antimicrobiens (Takenaka et al. 2008).
50
Figure 11 : Observation spatio-temporelle (en min) de la perte de fluorescence verte
de la calcéine-AM par MCBL dans des biofilms de Staphylococcus epidermidis suite à
l’exposition de quatre antimicrobiens. De haut en bas, témoin sans antimicrobien,
biofilms avec 10mg/l d’acide hypochloreux, 50 mg/l d’acide hhypochloreux, 50mg/l de
glutaraldéhyde, 50mg/l de chlorure d’alkyldiméthyl benzylammonium ou 50 mg/l de
nisine. Figure adaptée de l’étude de Davison et al. (2010).
51
Les auteurs ont montré que cet hydrolat était plus efficace que le chlorure de
benzalkonium sur des biofilms structurés (Karampoula et al. 2016).
Dans le cas où la date d’utilisation du produit cosmétique n’excède pas 30 mois, la date
de durabilité minimale (DDM) c’est-à-dire « la date jusqu’à laquelle le produit
cosmétique continue de remplir sa fonction initiale et reste sans danger » doit être
inscrite sur l’emballage. Elle est représentée soit par un symbole de sablier ou par la
52
mention « à utiliser avant fin » suivi de la date en année, en mois et/ou en jours. Aucun
changement de nature physique, chimique et microbiologique ne doit donc avoir lieu
dans la formule depuis sa fabrication jusqu’à la fin de la date limite (Pensé-Lhéritier
and Masson 2016). Cette date est estimée grâce à des études de stabilité (cf Chapitre
I-I-3). Si la date d’utilisation excède 30 mois, le produit est considéré comme stable
jusqu’à son ouverture. Seule une Période Après Ouverture (PAO) est renseignée sur le
produit, correspondant à « la durée pendant laquelle le produit est sûr après son
ouverture et peut être utilisé sans dommage pour le consommateur ». Cette date est
représentée par le symbole d’un pot de crème ouvert, sur lequel est écrit la durée
d'utilisation en mois ou en année. Actuellement, la détermination de la PAO de produits
cosmétiques conservés et utilisés normalement à température ambiante est basée sur
les recommandations de l’ANSM. Elle peut cependant être validée par des tests de
vieillissement accélérés et/ou en conditions réelles (cf Chapitre I-I-3).
Afin de prévoir le risque associé à une formule cosmétique, l’ANSM prend en compte
5 paramètres critiques (ANSM 2007; Pensé-Lhéritier and Masson 2016) :
Ainsi, selon le produit cosmétique, chacun de ces paramètres est associé à une cotation
allant de 1 à 4, 1 étant le niveau de risque le plus faible. Le risque théorique (RT) global
53
du produit correspond à la multiplication de la valeur de cotation de chaque paramètre.
Trois classes de produits en découlent soit :
N (t) = N0 . exp (− k . t)
Sur une courbe de forme log-linéaire (forme I sur Figure 12) dans une condition
donnée, il est possible de déterminer le temps de réduction décimale D qui correspond
au temps nécessaire pour réduire la population microbienne d’un logarithme décimal.
Cette relation est définie par :
!
'
N (t) = @% .10&" ou log10 (N (t)) = log10 (N0) − (
54
Figure 12 : Représentation des principales formes de cinétiques d’inactivation
microbienne. A gauche : linéaire (▽, forme I), linéaire avec traîne (×, forme II), en forme
de sigmoïde (□, forme III), linéaire précédée d’un épaulement (◯, forme IV). A droite:
biphasique (▽forme V), concave (×, forme VI), biphasique précédée d’un épaulement
(□, forme VII) et convexe (◯, forme VIII) (Geeraerd et al. 2005).
55
Cependant certains modèles primaires d’inactivation ne sont pas présents dans GInaFiT
dont le modèle IQ appelé « the Intrinsic Quenching model ». Initialement, ce modèle a
été développé pour mettre en évidence le rôle des microorganismes sur l’inhibition de
l’action des désinfectants après un certain temps de contact (Lambert and Johnston
2000). Ce modèle a ensuite été utilisé pour mettre en évidence des phénomènes
d’inhibition par d’autres substances présentes au contact des désinfectants dans
l’environnement d’un modèle étudié (Lambert and Johnston 2001). La relation est
décrite par l’équation suivante :
(1 − * #$.& )
!"#!" (%) = !"#!" (%" ) −
+. -'
56
ajustement non approprié du modèle, entraine une augmentation de la valeur
de CIB. Donc, plus le CIB est faible plus l’ajustement du modèle est correct.
Des facteurs autres que la température peuvent avoir un impact sur l’inactivation des
microorganismes tels que le pH, l’activité de l’eau, les acides organiques ou l’action de
composés chimiques (Coroller et al. 2015).
57
Dans le cas de la désinfection chimique, un modèle secondaire en représentation log-
log a été décrit pour prévoir l’évolution du temps de réduction décimale en fonction
de la concentration d’antimicrobien (modèle de Chick-Watson). Il s’exprime selon la
relation suivante :
0 1
log100)* = - a . log10 1*
)+ +
IV - Interactions entre les constituants des matrices émulsionnées, les bactéries et les
conservateurs : conséquence sur la conservation des produits.
Au sein des matrices cosmétiques, les bactéries sont au contact des molécules
antimicrobiennes mais aussi d’une multitude d’autres constituants. Ainsi, de
nombreuses interactions positives ou négatives entre eux peuvent exister. Les
connaissances sur les interactions entre les constituants des matrices émulsionnées, les
bactéries et les conservateurs sont encore insuffisantes, pourtant la compréhension de
ces interactions pourrait permettre de i) mieux comprendre et prévenir les mécanismes
d’altération des matrices par les microorganismes, ii) d’optimiser l’action
58
antimicrobienne des conservateurs et améliorer la conservation des produits ou encore
iii) d’optimiser le développement de cosmétiques probiotiques, dans lesquels des
bactéries vivantes sont incorporées afin de palier certains problèmes de santé liés à la
peau, tels que la dermatite atopique (maladie chronique inflammatoire de la peau)
(Tkachenko et al. 2017).
Les interactions de van der Waals sont de faible intensité. Elles interviennent à partir
d'une distance de 50 nm entre une bactérie et une surface et diminuent avec
l’augmentation de la distance. Elles sont dues à la fluctuation des nuages électroniques
qui gravitent autour du noyau d’un atome, le rendant momentanément dipolaire.
59
La mobilité électrophorétique est définie par la relation suivante :
!
ME = "
60
Figure 15 : Interaction entre E. coli JM109 chargé négativement et les gouttelettes
d'une émulsion hexadécane/eau stabilisée avec un émulsionnant chargé positivement.
Observation de l’émulsion sans bactérie (à gauche, x400), avec bactéries observées au
x400 (au centre) et avec bactéries observées au x 1000 (à droite) au microscope optique
(Li et al. 2001).
Ly, Aguedo et al. (2008) observent les mêmes résultats dans des émulsions alimentaires
stabilisées avec des protéines de lactosérum (Ly et al. 2008).
61
Les interactions dites de courtes distances se mettent en place à partir d'une certaine
proximité entre une bactérie et une surface (inférieure à 3 nm) et sont irréversibles. A
ce niveau, il existe des interactions acide/base de Lewis et des interactions
hydrophobes. Les interactions acide/base de Lewis sont de forte intensité et mettent
en jeu un couple accepteur/donneur d'électrons permettant la formation de liaisons
hydrogène. On parle d’interactions hydrophobes pour certaines molécules ou
groupements non polaires ayant très peu d’affinité pour un solvant hydrophile.
Incapables de réaliser des liaisons avec l’eau, les groupements se positionnent alors de
façon à présenter la plus faible surface de contact avec l'eau (Neu 1996). Il est possible
de mesurer le niveau d’hydrophobicité de la surface bactérienne par la méthode de
BATH ou Bacterial Adherence To Hydrocarbons (Rosenberg et al. 1980; Rosenberg
1984). Cette méthode consiste à mettre les bactéries en contact avec des
hydrocarbures (hexadécane, octane et xylène), et à comparer la mesure de l’absorbance
dans la phase aqueuse avant et après mélange. Selon l’hydrophobicité des bactéries,
elles vont alors soit migrer dans la phase hydrophobe contenant les hydrocarbures soit
rester dans la phase aqueuse hydrophile. Une autre méthode appelée MATS ou
Microbial Adhesion To Solvents basée sur un principe similaire (Bellon-Fontaine et al.
1996) permet non seulement de mesurer la surface d’hydrophobicité mais aussi le
caractère acide/base de la surface bactérienne en mettant en contact les bactéries avec
deux couples de solvants comprenant chacun un solvant apolaire (hydrophobe) et un
solvant monopolaire (hydrophile, acide ou basique) ayant des propriétés van der Waals
similaires (Figure 17). Ces couples de solvants sont i) le chloroforme, solvant accepteur
d'électron au sens de Lewis (acide) et l'hexadécane, solvant apolaire et ii) l'acétate
d'éthyle, solvant donneur d'électrons au sens de Lewis (basique) et le décane, solvant
apolaire. Le pourcentage d'affinité des bactéries pour chaque solvant est donné par la
relation suivante :
2
Affinité (%) = G1 − 2*I × 100
,
où A0 est la densité optique témoin avant mélange avec le solvant et A1 est la densité
optique après mélange avec le solvant. Un pourcentage d’affinité à l’hexadécane et au
décane élevé met en évidence un niveau d’hydrophobicité élevé à la surface des
bactéries et inversement. De plus, si après la soustraction de la valeur de l’affinité des
bactéries pour l’acétate d’éthyle à celle du décane, la valeur est élevée alors la surface
des bactéries présente un caractère acide. De la même façon, si après la soustraction
62
de la valeur de l’affinité des bactéries pour le chloroforme à celle de l’hexadécane, la
valeur est élevée alors la surface bactérienne présente un caractère basique.
63
Figure 18 : Observation microscopique de l'adhésion de deux bactéries lactiques ayant
des propriétés d'hydrophobicité différentes sur une gouttelette. A gauche, LLD18 avec
30% d’affinité à l’hexadécane et à droite, LLD16 avec 3% d'adhésion à l'hexadécane (Ly,
Vo, et al. 2006).
64
déterminant dans l'activité antimicrobienne des émulsions (Terjung et al. 2012). Pernin
et al. (2019) ont étudié l’activité antimicrobienne de deux composés phénoliques
naturels, l'acide férulique et l'eugénol, vis-à-vis de Listeria monocytogenes dans une
émulsion modèle alimentaire h/e. Ces auteurs ont montré que l’eugénol, ayant un logP
élevé perd son efficacité antibactérienne dans les systèmes émulsionnés alors qu’il est
efficace dans la phase aqueuse seule. Ils suggèrent alors que l’agent antimicrobien,
pourtant introduit dans la phase aqueuse, se répartirait préférentiellement dans les
gouttelettes lipidiques quand l’émulsion est constituée et qu’il ne serait alors plus
présent en concentration suffisante dans la phase aqueuse pour inhiber la bactérie
(Pernin, Bosc, et al. 2019). Les émulsifiants peuvent aussi participer à la diminution de
l’activité antimicrobienne en séquestrant par exemple les molécules antimicrobiennes
dans des micelles (Shimamoto and Mima 1979; Pernin, Bosc, et al. 2019; Kirk–Othmer
2013).
L’efficacité des agents antimicrobiens dans une matrice émulsionnée peut également
dépendre de la structure même de l’émulsion. Des études mettent en évidence
l’importance de la taille des gouttelettes de l’émulsion sur l’efficacité des
antimicrobiens. Fang et al. (2016) ont testé l’efficacité de plusieurs conservateurs
utilisés en cosmétique dans des matrices émulsionnées composées de gouttelettes de
différentes tailles allant de 100 à 900 nm (Fang et al. 2016). Il apparait que plus la taille
des gouttelettes est grande, plus l’activité antimicrobienne est forte (Terjung et al.
2012; Fang et al. 2016).
65
CHAPITRE II :
66
I - Introduction
Différentes interactions entre les bactéries inoculées et la formule peuvent exister dont
certaines sont décrites dans la littérature. Elles peuvent être de type van der Waals,
électrostatiques, de type acide/base de Lewis ou d'hydrophobicité. Elles mettent en jeu
à la fois les propriétés de surface des bactéries, qui sont directement liées à la
composition et la structure des enveloppes bactériennes, mais aussi celles des
composantes de la formule telles que les gouttelettes lipidiques dans une émulsion
(Ubbink and Schär-Zammaretti 2007; Boonaert and Rouxhet 2000). En effet, selon la
composition et les paramètres physicochimiques de l’émulsion (choix du tensio-actif,
présence de cations, pH), les bactéries pourront se placer préférentiellement à certains
endroits dans l’émulsion. Par exemple, certaines bactéries ayant une surface très
hydrophobe vont se regrouper à l’interface des gouttelettes lipidiques (Brisson et al.
2010; Lopez et al. 2006; Ly, Vo, et al. 2006). Ainsi de nombreux paramètres liés à la
formule ou aux bactéries pourraient avoir un impact sur la distribution spatiale des
bactéries dans les formules cosmétiques.
67
II - Identification des facteurs limitant la répartition homogène des bactéries dans les
matrices cosmétiques
1 - Introduction
Afin d’identifier les déterminants d’une mauvaise répartition spatiale des bactéries dans
les matrices cosmétiques, nous avons tout d’abord analysé les formules commerciales
des laboratoires CLARINS pour les classer en fonction du niveau de distribution spatiale
de S. aureus. Quinze formules cosmétiques représentatives des principales formes
galéniques ont été sélectionnées. Grâce à l’analyse de la composition de la formule
induisant une mauvaise répartition bactérienne, nous avons pu faire des hypothèses
sur la ou les matières premières pouvant être impliquées dans ce phénomène. Nous
avons alors formulé des matrices cosmétiques modèles avec plusieurs concentrations
de différentes matières premières pouvant être à l’origine de la distribution hétérogène
des bactéries et analysé la qualité de la distribution spatiale en fonction de leur
composition.
2 - Matériels et méthodes
La souche bactérienne utilisée est Staphylococcus aureus CIP 4.83 (lot 17310). Cette
bactérie à coloration de Gram positive est cultivée en milieu TSA ou TSB (Tryptone Soja
Agar/Bouillon) à 30°C. Les souches sont conservées à -80°C dans du TSB contenant du
glycérol à 20 %.
Les précultures ont été effectuées soit sur milieux gélosés soit en milieux liquides. Pour
les cultures en milieux gélosés, les bactéries sont ensemencées une première fois en
stries sur une boite de TSA à partir d’un cryotube stocké à -80°C (R1). Après incubation
à 30°C pendant 24h, un deuxième repiquage est ensuite effectué sur une boite TSA
puis incubé 24h à 30°C (R2). La boite R1 peut être réutilisée et conservée 7 jours à 4°C.
La préparation de la suspension de travail consiste à transférer à l’aide d’un écouvillon,
quelques colonies bactériennes issues de la boite R2, dans 1 ml d'eau physiologique.
La suspension est homogénéisée à l’aide d’un vortex. Ce protocole a été utilisé dans le
cadre de l’étude de la distribution spatiale des bactéries dans les produits cosmétiques
commercialisés car il correspond aux habitudes de repiquage des Laboratoires Clarins.
68
Pour toutes les autres expérimentations, les cultures ont été faites à partir de milieux
liquides afin d’obtenir des cultures plus homogènes d’un point de vue physiologique.
Le premier repiquage (R1) a alors consisté à transférer 1 ml d'un cryotube de stockage
à -80°C dans 10 ml de TSB puis à incuber la culture à 30°C. Après 7h de croissance
100µl du R1 ont été ajoutés à 100 ml de TSB et incubés une nuit à 30°C (R2).
69
Tableau 6: Principales caractéristiques des produits cosmétiques commerciaux testés.
Viscosité (cP) ou
% Phase % Phase pH
Numéros Gélifiants et/ou épaississants Emulsionnants Pénétrométrie (mm)
aqueuse grasse (à 20°C)
(à 20°C)
3% glyceryl acrylate/acrylic acid 3% cetearyl glucoside et cetearyl
copolymer alcohol
1 79.54 17.46 4.6-5.6 28-36 mm
1% polyacrylamide 2% monostearate de glycerol
0.2%alcool stearylique 0.2% alcool stearylique
4.5%cetearyl glucoside et cetearyl
alcohol
2 78.98 20.82 0.3% carbomer 5-5.6 33-39 mm
2% monostearate de glycerol
0.5% steareth-21
0.5% polyacrylamide aqua c13-14
isoparaffin laureth-7
3 91.58 8.42 0.8% ammonium Non 5.4-6.3 20 000 - 30 000 cP
acryloyldimethyltaurate/vp copolymer
2.5% oryza sativa starch
0.7% lithium magnesium sodium
4 65.56 33.74 silicate 4% stearic acid 6.8-7.4 26-35 mm
CREMES
0.1% carbomer
3% lubrajel msfree-hydrojel
4% stearic acid
5 83.2 15.5 1 %sepigel 305 5-6 32-38 mm
1% ceteareth-12
0.25 %carbomer
3% monomyristate de glycerol
1.5% alcool stearylique
6 77.85 22.05 1.5 % alcool stearylique 2.25% potassium cetyl phosphate 4.7-5.7 33-39 mm
2% cetearyl glucoside et cetearyl
alcohol
0.35% acrylates/c10-30 alkyl acrylate 2.5% cetearyl glucoside et cetearyl
7 68.74 30.26 crosspolymer alcohol 4.9-5.9 34-40 mm
0.2% gomme xanthane 1% potassium cetyl phosphate
3.5%cetearyl glucoside et cetearyl
1.6% hydroxyethyl acrylate/sodium
8 62.90 37.1 alcohol 5.8-6.3 20-25 mm
acryloyldimethyl taurate copolymer
2.5%monostearate de glycerol ae
1% carbomer 2% monostearate de glycerol
1 76.8 22.2 6.0-7.0 12 000-19 000 cP
1.5% silicone dc rm 2051 2%montanov l
1.5%polysorbate 60
LAITS
70
2.2.2 Matrice modèle
2.2.2.1 - Composition
71
2.2.2.2 - Formulation
Un test de stabilité est systématiquement réalisé sur les matrices modèles formulées
après un et quatre jours à température ambiante, par la mesure de viscosité, du pH et
une observation de l’aspect micro- et macroscopique des matrices. Le pH des crèmes
commerciales et des matrices modèles a été mesuré à l’aide d’un pH-mètre SI Analytics
(Lab 870). La viscosité est mesurée par pénétromètrie (pénétromètre PNR10,
PetroMesures) : un cône est lâché d’une hauteur fixe dans 300g de matrice et la
profondeur de pénétration du cône (en mm ± 0,1 mm) est mesurée après 5 secondes.
Plus le cône s’enfonce profondément, plus la matrice est fluide et inversement. Chaque
mesure a été réalisée trois fois.
Plusieurs fluorochromes ont été utilisés pour marquer les bactéries. Le SYTO9 (life
technologies) est un fluorochrome traversant passivement la membrane bactérienne
et s’intercalant entre les bases de l’ADN. C’est un marqueur total c’est-à-dire qu’il a la
capacité de marquer toutes les bactéries, vivantes ou mortes. Il est préparé à une
72
concentration de 3,34 mM dans du diméthyle sulfoxide (DMSO). Le DMSO est un
solvant soluble dans l’eau et favorise la pénétration des marqueurs fluorescents à
travers les membranes bactériennes (Brayton 1986). Les longueurs d’onde d’absorption
et d’émission du SYTO9 sont respectivement de 485 et 498 nm. Le marquage des
bactéries se fait en ajoutant 3 µl de SYTO9 dans 100 µl d’une suspension bactérienne
à 1 x 1010 – 1 x 1011 UFC/ml. Le mélange est homogénéisé 30 secondes au vortex puis
incubé 30 à 60 minutes à température ambiante à l’abri de la lumière. Les bactéries
apparaissent en vert après excitation du fluorochrome.
Le SYBR green (Invitrogen SYBR green I nucleic acid gel stain, life technologies, 10 000
x concentré) est lui aussi un marqueur total, capable de pénétrer passivement dans les
bactéries et de marquer l’ADN. Ses longueurs d’onde d’absorption et d’émission sont
respectivement de 497 et 520 nm. Le marquage des bactéries se fait en ajoutant 3 µl
de SYBR green dans 100 µl d’une suspension bactérienne à 1 x 1010 – 1 x 1011 UFC/ml.
Le mélange est homogénéisé 10 secondes au vortex et incubé 30 minutes à
température ambiante à l’abri de la lumière.
Le SYTOX green (life technologies, 5 mM dans DMSO) est un marqueur fluorescent vert
ayant la capacité de passer uniquement au travers des membranes bactériennes
perméabilisées puis de se fixer sur les acides nucléiques. C’est donc un indicateur de
cellules mortes. Ses longueurs d’onde d’absorption et d’émission sont respectivement
de 504 et 523 nm. Dans les expériences présentées ci-après, 100 µl d’une suspension
bactérienne à 1 x 108 – 1 x 109 UFC/ml sont déposés dans un puits d’une plaque 96
puits, auxquels sont ajoutés 25 µl de SYTOX green 20 µM avant observation par MCBL.
Le Rouge de Nil ou Nile Red (lot BCBH3600V, Sigma, 1M dans DMSO) est un
fluorochrome hydrophobe ayant une faible solubilité dans l’eau. Il est très utilisé pour
localiser et quantifier les lipides surtout les lipides neutres. Les gouttelettes lipidiques
apparaissent en rouge dans les formules émulsionnées après excitation par un laser.
Ses longueurs d’onde d’absorption et d’émission sont respectivement de 552 et 636
nm. 3 µl de Nile Red (concentration à 5 mM) sont ajoutés dans 1 g ± 0,05g de matrice.
Le mélange est homogénéisé au vortex 1 min, puis incubé 10 min à température
ambiante à l’abri de la lumière.
73
Dix microlitres de suspension bactérienne de S. aureus à 1 x 1010 – 1 x 1011 UFC/ml
marquée sont ajoutés dans 1g de matrice préalablement marquée au Nile Red dans un
tube conique de 50 ml. Le mélange est ensuite homogénéisé au vortex 1 minute.
La formule inoculée est déposée au fond d’un puits d’une microplaque de 96 puits
(Greiner Bio-one, France) à l’aide d’une seringue. L’échantillon est observé au
Microscope Confocal à Balayage Laser Leica SP8 AOBS (Leica® Microsystems, France),
par le biais d’un objectif à air 40x ayant une ouverture numérique de 0.85. Les images
ont une taille de 290,62 µm x 290,62 µm (512 x 512 pixels) x 1,6 µm. Trente images par
essai sont acquises, à raison de dix images dans 3 puits différents. Chaque image
correspond à un volume observé de 1.2 105 µm3. A ce stade de l’étude, l’analyse de la
distribution spatiale des bactéries s’est faite visuellement en comparant les différentes
images obtenues par MCBL dans les différentes formules.
3 - Résultats et discussion
Dans les lotions et les gels, le marquage au Nile red ne révèle pas de phase lipidique
(aucune structure rouge), ce qui est cohérent puisque ces formules sont composées
uniquement d’une phase aqueuse (Figure 19). Dans les crèmes et les laits testés, les
gouttelettes lipidiques formant la phase grasse de l’émulsion apparaissent en rouge
après marquage au Nile red. Dans certaines formules, les gouttelettes lipidiques sont
bien définies (crèmes 1, 3, 5 et laits) alors que pour d’autres systèmes, on peut observer
un tapis lipidique rouge assez diffus en arrière-plan des quelques gouttelettes (crèmes
2,6-8). On peut noter également que la taille des gouttelettes n’est pas la même dans
toutes les formules. Dans les crèmes 6 et 7, on peut observer une émulsion fine avec
une taille homogène des gouttelettes alors que pour la crème 1, les gouttelettes ont
des tailles hétérogènes.
Dans les lotions, gels et laits testés, les bactéries marquées au SYTO9 en vert semblent
réparties de façon homogène. A ce stade de l’étude, la qualification de l’homogénéité
de la distribution spatiale des bactéries dans les formules a été faite visuellement
d’après les images acquises par MCBL.
74
Figure 19 : Images de microscopie représentant la distribution spatiale des bactéries
(en vert) dans les produits cosmétiques commercialisées (phase lipidique en rouge)
obtenues par MCBL à l'objectif 40x sec. Observation au 40x par MCBL d’une solution
de fluorphlogopite synthétique non marquée (A) et marquée au SYTO9 (B). Particules
présentes dans le gel 3 observée au 40x avec un zoom 1.5 par MCBL (C) et au
microscope optique x 40 (D). Observation au 40x par MCBL d’une solution de
polymethacrylate non marquée (E) et marquée au SYTO9 (F).
75
La distribution spatiale des bactéries marquées au SYTO9 dans les crèmes 1, 2 et 3 est
homogène. La répartition des bactéries dans les crèmes 4 et 5 est homogène mais
d'importants bruits de fond de couleur verte perturbent l'observation de la
fluorescence des bactéries. Après marquage au SYTO9 de certains des composés
constituant la crème 5, il a été possible d’identifier la matière première à l’origine de
ces structures vertes en arrière-plan : il s’agit de fluorphlogopite synthétique plus
communément appelée mica synthétique (Figure 19B). Cette matière première
minérale est composée de silicate de magnésium, d’aluminium et de potassium. Elle
est utilisée dans de nombreux produits cosmétiques pigmentés plus particulièrement
dans les poudres de maquillage pour son effet recouvrant, brillant et nacré (Ohta 2006).
Sans apport de fluorochromes, la matière première reste visible par MCBL, il semblerait
alors qu’elle soit naturellement autofluorescente (Figure 19A).
Dans le gel 3, des formes globulaires fluorescent également de façon intense (Figure
19C). Ces formes sont également observables au microscope optique (Figure 19D). La
matière première à l’origine de ces structures a pu être identifiée après marquage au
SYTO9 (Figure 19F), il s’agit de polymethylmethacrylate utilisé comme adoucissant
cutané et lubrifiant. Le composé n’étant visible par MCBL qu’après ajout de
fluorochrome (Figure 19E), il n’est pas autofluorescent. Il semblerait alors que cette
matière première soit marquée de façon non spécifique par le SYTO9. Des études
mettent en évidence que le SYTO9 a l’inconvénient d’induire du bruit de fond (Feng et
al. 2014; Stiefel et al. 2015). Le SYTO9 pourrait se fixer de manière non spécifique sur
des composés présents dans le milieu environnant tels que de l'ADN issu des extraits
végétaux utilisés comme principes actifs dans certaines formules ou d’autres
substances ayant des affinités avec le SYTO9, ce qui pourrait expliquer les résultats de
cette étude pour la crème 4 et le gel 3.
Dans les crèmes 6 et 7, malgré le marquage des bactéries au SYTO9, nous n’avons
visualisé aucune bactérie dans la formule. Un second marqueur total, le SYBR green, a
donc été utilisé afin de comprendre l’origine de ce phénomène. Les bactéries ont ainsi
pu être observées avec ce marqueur et leur répartition dans ces deux crèmes s’est
avérée homogène. Une hypothèse serait qu’un ou plusieurs constituants présents dans
ces deux crèmes puissent interagir négativement avec le SYTO9. En comparant la
composition de ces deux crèmes (6 et 7), il s’est avéré que celles-ci avaient un composé
en commun, un émulsionnant anionique appelée potassium cetyl phosphate et qui
pourrait donc être à l’origine du problème. Afin de comprendre l’interaction de ce
76
composé avec le marquage au SYTO9, des cellules de S. aureus marqués au SYTO9 ont
été mises en suspension dans une solution de potassium cetyl phosphate à une
concentration équivalente à celle dans la crème 6 soit à 2,25%. Lors de l’observation
des cellules au MCBL, une rapide perte de fluorescence a été constatée. L’intensité de
fluorescence résultant de la fixation d’un marqueur sur l’ADN peut dépendre de
différents paramètres. Elle peut notamment être altérée par la présence de certains
composés dans le milieu environnant comme l’albumine de sérum bovin et le rouge
de phénol (Feng et al. 2014) ou encore par la présence de cations (Na+, K+, Ca2+, Mn2+,
Mg2+) induisant la photodégradation des marqueurs fluorescents (Wong and Campbell
2011). Une étude montre que le phénomène de bleaching ou « blanchissement » du
SYTO9, correspondant à une perte de fluorescence aspécifique au cours du temps, se
produirait plus rapidement pour des bactéries mortes que vivantes (Stiefel et al. 2015).
Le potassium cetyl phosphate pourrait peut-être avoir une activité antimicrobienne qui
entrainerait une dégradation du complexe ADN/SYTO9 ou plus probablement agirait
sur l’intégrité membranaire des bactéries ce qui engendrerait la fuite de la fluorescence
liée à l’ADN dans le milieu extérieur.
77
Ainsi, dans certaines formules cosmétiques, le SYTO9 serait inapte à marquer les
cellules mortes, contrairement à ce qui est habituellement décrit (Wiederschain 2011).
Le SYBR green est utilisé dans divers domaines de la biologie notamment dans les
réactions en chaines par polymérases (PCR) pour suivre en temps réel l’accumulation
d’amplicons ou pour marquer l’ADN ou l’ARN après électrophorèse sur gel ou encore
pour accéder à l’état physiologique des bactéries et les dénombrer (Patel et al. 2007;
Gudnason et al. 2007; Berney et al. 2007). Nous avons montré dans cette partie de
thèse que l’utilisation du SYBR green comme marqueur total des bactéries est
préférable à celui du SYTO9 dans les formules cosmétiques car il ne semble pas être
affecté par un composé à activité antimicrobienne, le cetyl phosphate de potassium.
Enfin, dans la crème 8, on peut observer distinctement des endroits de la crème sans
bactéries et d’autres avec au contraire de très nombreuses bactéries. Il semblerait alors
que la distribution spatiale des bactéries dans cette crème soit hétérogène.
78
Figure 20 : Suivi de fluorescence par MCBL (40x) après marquage de S. aureus au
SYTOX green dans de l’eau physiologique contenant différentes concentrations de
potassium cetyl phosphate.
Dans l'étude bibliographique réalisée dans le chapitre I, il apparait que certains facteurs
pourraient être impliqués dans la répartition hétérogène des bactéries dans les
produits cosmétiques tels que la structuration des émulsions, les propriétés de surface
des bactéries ou encore la présence de certaines matières premières (Brisson et al.
2010; Chalier et al. 2007; Li et al. 2001; Lopez et al. 2006; Ly et al. 2008; Ly, Naitali-
Bouchez, et al. 2006; Ly, Vo, et al. 2006). La crème 8 est celle dont la formulation
interfère avec une bonne répartition des bactéries. Afin de mieux comprendre les
facteurs impliqués dans cette mauvaise distribution, une base modèle émulsionnée de
type crème ayant un ratio de phase grasse/phase aqueuse similaire à la crème 8
(37,1/62,9 h/e %) a été formulée. Deux matières premières, le monostéarate de glycérol
et l’hydroxyéthylacrylate/sodium acryldiméthyltaurate copolymer, appelé copolymère
polyacrylate par la suite, présentes dans la crème 8 et susceptibles d'être liées au
79
problème de distribution, ont été ajoutés à différentes concentrations séparément et
ensemble.
La distribution spatiale des bactéries dans la base modèle sans les deux matières
premières soupçonnées est homogène : c’est le témoin négatif (Tableau 8). En
revanche, lorsque celles-ci sont ajoutées ensemble dans la base modèle et aux
concentrations équivalentes à celles présentes dans la crème 8, soit avec 1,6% de
copolymère polyacrylate et 2,5% de monostéarate de glycérol, elles induisent une
distribution hétérogène des bactéries. Cet essai est considéré comme le témoin positif
car il mime la répartition des bactéries dans la crème 8. L’ajout de monostéarate de
glycérol seul à 2,5% ne semble pas être impliqué dans la répartition hétérogène des
bactéries. L'ajout de 1,6% de copolymère polyacrylate seul ne permet pas d’obtenir une
émulsion stable. Il a donc été nécessaire d'intégrer à la base modèle le monostéarate
de glycérol à la concentration de 2,5% tout en faisant ensuite varier le pourcentage de
copolymère polyacrylate. Grâce à sa fonction de co-émulsionnant, le monostéarate de
glycérol stabilise l'émulsion. L’ajout du copolymère polyacrylate à 1% entraine toujours
une distribution hétérogène des bactéries mais moins importante qu’avec 1,6%. La
distribution des bactéries devient homogène à 0,5%. Pour l’ensemble des formules, les
valeurs de pH sont globalement comprises entre 5,3 et 5,9. En revanche, les valeurs de
pénétromètrie, varient. En effet, nous observons que plus la concentration de
copolymère polyacrylate est élevée et plus la viscosité de la matrice est importante. La
distribution hétérogène des bactéries pourrait donc être liée soit à la présence de la
molécule de copolymère polyacrylate, soit à la viscosité de la crème induite par la
présence de copolymère polyacrylate. Nous investiguerons cette question lors de la
prochaine partie de ce chapitre.
80
Tableau 8 : Synthèse des essais réalisés dans la crème 8 et la matrice modèle avec les
images de microscopies associées représentant la distribution spatiale des bactéries
(en vert) dans les matrices cosmétiques (en rouge). Pour chaque expérience, un
échantillon de trois images représentatives des trente images obtenues au total par
MCBL à l'objectif 40x air sont présentées.
81
4 - Conclusion
Ces premières expériences nous ont permis de mettre en évidence que la distribution
spatiale des bactéries semble être dépendante de la composition de la formule, et
notamment de la présence d’épaississant tel que le copolymère polyacrylate. La suite
de l’étude sur l'analyse de la distribution spatiale des bactéries a donc portée sur une
meilleure compréhension des facteurs influençant la répartition des bactéries dans les
matrices.
1 - Synthèse de l’étude
Cette partie de chapitre vise à i) déterminer si cette mauvaise répartition est seulement
liée à l’ajout du copolymère polyacrylate ou si elle est liée à la viscosité induite, ii) à
quantifier l’effet de la concentration d’épaississant sur la répartition des bactéries
notamment à l’aide d’outils statistiques quantitatifs et iii) à explorer l’impact d’autres
facteurs tels que les caractéristiques bactériennes de surface, notamment leur
hydrophobicité, sur la distribution spatiale des bactéries. Elle fait l’objet d’un article
intitulé « Mosaic-CLSM assessment of bacterial spatial distribution in cosmetic matrices
according to matrix viscosity and bacterial hydrophobicity ».
82
minimum, acquises par MCBL en utilisant le mode mosaïque (acquisition de 15x15
images par échantillon). Un autre épaississant, la gomme de Guar, a également été
testé à des viscosités similaires à celles obtenues avec le copolymère polyacrylate pour
confirmer l’impact de la viscosité.
Par ailleurs, les profils de distribution spatiale de trois souches de S. aureus ayant
différentes propriétés de surface et de billes inertes hydrophiles de 1 µm ont été
comparés. Le niveau d’hydrophobicité des souches a été déterminé par la méthode
« Bacterial Adhesion To Hydrocarbon » (BATH) (Rosenberg et al. 1980). Les trois
souches testées présentaient des niveaux d’hydrophobicité de 42%, 76% et 95%
d’affinité pour l’hexadécane. La charge de surface des souches a également été évaluée
par mesure de la mobilité électrophorétique, mais les trois souches se sont toutes
révélées chargées négativement de manière similaire, ce qui n’a pas permis de mettre
en évidence le rôle de la charge à la surface des bactéries sur leur distribution spatiale
dans les formules cosmétiques.
Les travaux présentés dans cet article ont permis, grâce à l’utilisation de la microscopie
confocale à balayage laser associée à l’analyse statistique des fréquences de
distribution, de caractériser rapidement la distribution spatiale des bactéries dans une
formule cosmétique. L’acquisition semi-automatique des images en mosaïque a permis
de prendre plus d’une centaine de photos d’un échantillon dans un même puits d’une
microplaque. La macro automatique créée sous le logiciel d’analyse d’image « ImageJ »
a ensuite permis la binarisation de lot d’images et de calculer le pourcentage de
fluorescence des bactéries marquées pour chaque image. La moyenne, la variance et
la fréquence de distribution des pourcentages de fluorescence ont ensuite été
calculées sur l’ensemble des images pour chacune des conditions. La comparaison
entre la moyenne et la variance nous a ainsi permis de classer la distribution spatiale
des bactéries comme uniforme (homogène) ou en cluster (hétérogène).
83
les bactéries sont hydrophobes et plus leur répartition dans la matrice cosmétique
modèle est hétérogène.
Les travaux présentés dans cet article ont permis de mettre en évidence deux facteurs
impactant la distribution spatiale des bactéries dans les formules cosmétiques : la
viscosité des matrices et le niveau d’hydrophobicité des bactéries.
84
2 - Article 1
Samia Almoughrabie1, Chrisse Ngari2, Romain Briandet1, Valérie Poulet2, and Florence
Dubois-Brissonnet1
1
Université Paris-Saclay, INRAE, AgroParisTech, Micalis Institute, 78350 Jouy-en-Josas,
France
2
Laboratoires Clarins, 5 Rue Ampère, 95300 Pontoise, France
2.1 - Abstract
The present study aims to quickly identify factors that are susceptible to impair a
uniform distribution of inoculated bacteria in cosmetic matrices in the context of
challenge-tests. We used mosaic confocal laser scanning microscopy (M-CLSM) to
obtain rapid assessment of the impact of the composition and viscosity of cosmetic
matrices on S. aureus spatial distribution. Several model cosmetic matrices were
formulated with different concentrations of two thickeners and inoculated with three
S. aureus strains having different levels of hydrophobicity. The spatial distribution of
S. aureus in each matrix was evaluated according to the frequency distribution of the
fluorescence values of at least 675 CLSM images. We showed that, whatever the
thickener, an increasingly concentration of thickener results in increasingly clustered
bacterial distribution. Moreover, higher bacterial hydrophobicity also resulted in a
more clustered spatial distribution. In conclusion, CLSM-based method allows a rapid
characterization of bacterial spatial distribution in complex emulsified systems. Both
matrix viscosity and bacterial surface hydrophobicity affect the bacterial spatial
distribution which can have an impact on the reliability of bacterial enumeration during
challenge-test.
2.2 - Introduction
85
or because of consumer’s repetitive use. Among other pathogens, Staphylococcus
aureus has been found in various cosmetic products (Birteksoz Tan et al. 2013;
Campana et al. 2006). This Gram-positive bacteria is present on the skin and mucous
membranes of 30% of the population (Ryu et al. 2014) and causes a wide range of skin
infections such as abscesses, furuncles, impetigo, etc. (Lowy 1998; Tong et al. 2015).
Cosmetic products are complex systems, resulting from a mixture of an aqueous phase,
a lipophilic phase, and an emulsifier. Thus, the evaluation of their microbiological
contamination is a major challenge. The reliability of the challenge-test could be
related to the spatial distribution of microorganisms in the matrix (Jongenburger et al.
2011). Microbial clustering can indeed influence the effectiveness of sampling plans. If
the bacterial spatial distribution is heterogeneous, the probability of failing to detect a
pathogen in a batch is higher than if the distribution is uniform and it can have
consequences on public health (Jongenburger, Reij, et al. 2012). Many factors can affect
contaminant distribution, such as the inoculum preparation step (Gilbert et al. 1991;
Pembrey et al. 1999; Bruinsma et al. 2001), inoculum concentration (Jeanson et al.
2011), precision of serial dilutions (Hedges 2002), microbial growth or death, sampling
process (partitioning, mixing) (Jongenburger, Bassett, et al. 2012; Nauta 2005) and
composition and structure of the matrix (Lopez et al. 2006). In complex systems, many
types of physico-chemical interactions are involved between bacteria and the matrix
components, including van der Waals, electrostatic, Lewis acid–base, and hydrophobic
interactions (Oss 2003). These interactions depend on the properties of the suspending
media (ionic strength, temperature) and the interfacial physico-chemical properties of
86
both the bacteria and matrix components. Bacterial cell-surface properties have already
been demonstrated to influence bacterial interactions with food-matrix components
(Burgain et al. 2014; Ly, Vo, et al. 2006) and stability of the emulsion (Dorobantu et al.
2004; Li et al. 2001; Ly, Naitali-Bouchez, et al. 2006). In addition, matrix viscosity may
also influence bacterial distribution. Thickeners are added to several types of cosmetic
products to stabilize the system and prevent creaming or sedimentation (Pensé-
Lhéritier and Masson 2016). The most common thickeners are natural nonionic (guar
gum) or anionic (xanthan gum, carrageenan, and alginates) polysaccharides (Kirk–
Othmer 2013). Synthetic polyacrylates, such as carbomers, are also widely used in
cosmetics. They have a low thickening power in acidic medium but the addition of a
base, such as tromethamine, neutralizes the carboxylic acid groups, which increases the
electric charge of the macromolecules, causing their expansion in the formula (Kirk–
Othmer 2013). The hydroxyethyl acrylate/sodium acryloyl dimethyl taurate copolymer,
used in this study, is a pre-neutralized polyacrylate copolymer with many functions,
including those of a stabilizer, texturizer, and emulsifier.
Confocal Laser Scanning Microscopy (CLSM) has been extensively used to explore
biofilm structure after cell labeling with fluorescent markers. It enables non-destructive
fluorescence investigation of bacterial distribution, physiological heterogeneity, and
spatial organization in such three-dimensional communities (Bridier et al. 2011; Bridier
et al. 2010). Direct bacterial observation has also been achieved in thick systems, such
as dairy matrices (Doherty et al. 2010; Auty, Gardiner, et al. 2001; Jeanson et al. 2011).
Here, we took advantage of the confocal laser scanning microscopy to characterize the
spatial distribution of S. aureus in oil-in-water (O/W) emulsified matrices according to
the matrix structure and bacterial surface properties.
The strains used in this study were S. aureus CIP 4.83, S. aureus ATCC 29213, and
S. aureus ATCC 27217. S. aureus CIP 4.83 is a strain recommended by the EN ISO
11930:2012 standard for cosmetic-product challenge tests. The other strains were
chosen due to their different levels of hydrophobicity. Each strain, stored in cryovials
at -80°C, was resuscitated by two successive subcultures in tryptic soy broth (TSB)
before each experiment. Cultures were grown at 30°C until the end of the exponential
growth phase.
87
The bacterial inoculum was calibrated to 1 x 1010 to 1 x 1011 CFU.ml-1 in 150 mM NaCl
in order to observe at least 10-100 bacteria per CLSM image (290.62 x 290.62 x 1.6
µm3). S. aureus cells were labelled with 2 µl Syto 9 (3.34 mM in DMSO, Life
Technologies) and incubated in the dark for 1 h at room temperature. Syto 9 is a green
cell-permeable nucleic-acid marker that stains live and dead bacteria. One gram of
matrix in a 50 ml centrifuge tube was inoculated with the stained inoculum and
vortexed for 30 s.
Acrylate copolymer, cetearyl glucoside, and glyceryl stearate were purchased from
SEPPIC (Puteaux, France), carbomer from Gattefossé (Lyon, France), glycerin from
Oleon (Ertvelde, Belgium), cetearyl isononanoate from BASF France (Lyon, France),
tocopheryl acetate from DSM (Heerlen, the Netherlands), tromethamine from Azelis
(Heusden, Belgium), and guar gum and hexadecane from Sigma-Aldrich (Saint-
Quentin Fallavier, France).
When necessary, 200 µl of latex green fluorescent beads latex (L4655, carboxylate-
modified polystyrene, 1 µm) from Sigma-Aldrich were added to the model matrices at
a concentration of 4.75 x 1010 beads.ml-1.
The bacterial electrophoretic mobility (EM) was measured by determining the rate at
which bacteria migrate in a constant electric field (120 mV). EM was assessed using a
88
Zetameter ZetaCOMPACTTM from CAD instrumentation (Les Essarts le Roi, France).
Bacterial cells were harvested by centrifugation at 1,575 x g for 10 min, washed twice
in 150 mM NaCl, and resuspended in several phosphate buffers with a pH from 3 to 8.
Each measurement recorded the movements of approximately 100 individual bacterial
cells by automated video analysis. Each experiment was performed at least six times
with two independent cultures.
Commercial matrices
The aqueous phase was first prepared with 0.25% carbomer in water, with the addition
of acrylate copolymer (0.4 to 1.6%) when necessary and heated to 75°C before glycerin
(moisturizer, 9%) was added. The oil phase, composed of 28.8% cetearyl isononanoate
(emollient), 3.5% cetearyl glucoside (emulsifier), 0.2% tocopheryl acetate (antioxidant),
and 2.5% glyceryl stearate (co-emulsifier), was heated to 75 to 80°C before being
blended with the aqueous phase at 1,800 rpm using a rotor-stator homogenizer
(Rayneri 33/300P, Group VMI) to obtain an emulsion. Tromethamine (base, 0.15%) was
finally added. Guar gum was pre-mixed with glycerin and added to a final concentration
of 2.5% when necessary.
Viscosity measurements
89
Determination of lipid droplet electrophoretic mobility
Emulsified matrices, with or without acrylate copolymer, were diluted 1,500 times in
appropriate phosphate buffer prior to analysis. Electrophoretic mobility (EM) was
measured at pH 4 to 6 using a ZetaCOMPACTTM zetameter (CAD instrumentation; Les
Essarts le Roi, France).
Just after bacterial inoculation, 15 samples were harvested from different locations of
the contaminated matrix and enumerated by serial dilution. Enumeration was
performed on tryptone soya agar (TSA, Biomérieux) by the drop-plate method (Chen
et al. 2003). Plates were incubated at 30°C for 24 to 48 h before counting. Each
experiment was performed in triplicate. The ratio of recovery is the log CFU/g divided
by the log inoculated CFU/g (Figure 23A). The enumerated bacterial population was
similar to the level of inoculation if the ratio of recovery is equal to 1 (Figure 23A).
The inoculated matrix was dropped into the wells of polystyrene 96-well microtiter
plates (Greiner Bio-One, France). Image acquisition was performed using a Leica SP8
AOBS Confocal Laser Scanning Microscope (Leica Microsystems, France) at the INRAE
MIMA2 microscopy platform (https://doi.org/10.15454/1.5572348210007727E12). Syto
9 and Nile red were excited at 488 nm and 561 nm and the emitted fluorescence
collected from 498 to 560 nm and 630 to 750 nm, respectively.
Each image was acquired using a 40x air objective (Numerical Aperture = 0.85) and its
size was 290.62 x 290.62 x 1.6 µm3 (512 x 512 pixels). The CLSM control software was
programmed to take in each well a mosaic of 15 x 15 images, each of them
corresponding to an observed volume of 1.3 x 10-7 ml. Acquiring mosaics instead of
single images allows to visualize bigger volumes of matrix and to decrease the
detection threshold per g. Each experiment was performed at least in triplicate.
The percentage of surface fluorescence (SF) for each image was calculated by binarizing
the images using the MaxEntropy function in an automatic macro executed in the
ImageJ software, (National Institutes of Health, USA) (Schneider et al. 2012). In our
experimental conditions, the range of SF that can be visualized on one image is
between 0.0005% (one bacteria) to 100% (over 2 x 105 bacteria).
90
The equivalent CFU.ml-1 for each image acquired by CLSM was calculated first by
dividing the SF of the image by the SF of one bacterium leading to a number of bacteria
per image. Bacterial concentration was then calculated in bacteria per g taking into
account the volume observed for one image and the matrix density (1.15 g/ml). The
ratio of recovery is the equivalent log bacteria/g divided by log inoculated CFU/g.
All statistical analyses were performed using a free version of XLSTAT (Addinsoft).
Factors were considered to have a statistically significant effect for a critical probability
associated with the Fisher test P value lower than 0.05.
2.4 - Results
The three S. aureus strains were chosen according to their hydrophobicity to evaluate
the impact of bacterial surface properties on bacterial distribution in matrices. S. aureus
CIP 4.83 was the most hydrophobic strain (95% affinity for hexadecane), whereas
S. aureus ATCC 292312 and ATCC 27217 had 76% and 42% affinity, respectively. We
also tested the behavior of fluorescent polystyrene microspheres. These inert beads
have similar morphology to that of S. aureus (sphere of 1 µm in diameter) but are more
hydrophilic than the tested bacteria (5% affinity for hexadecane).
91
2.4.2 - Determination of matrix properties
Matrix viscosity
Among the six commercial cosmetic matrices, matrices 1 and 4, which were body
lotions, had penetrometry values of 38.0 ± 0.1 mm and 34.1 ± 0.2 mm, respectively.
Matrices 2, 3, 5, and 6 were creams and had penetrometry values of 35.2 ± 0.4 mm,
34.4 ± 0.1 mm, 32.1 ± 0.6 mm, and 23.2 ± 0.1 mm, respectively.
Model matrices formulated with 0, 0.4, 0.8, or 1.6% acrylate copolymer had
penetrometry values of 31.5 ± 0.4 mm, 28.5 ± 0.3 mm, 27.7 ± 0.4 mm, and 26.6 ± 0.3
mm, respectively. Those with 2.5% guar gum had a penetrometry value of 25.5 ± 0.4
mm.
Model matrices had a pH between 5 and 6. The mobility of droplets was near zero at
pH 4 and slightly decreased from pH 5 to 6 for matrices with or without acrylate
copolymer (Figure 21B). There was no significant difference between the
electrophoretic mobility of droplets in either matrix.
92
Figure 21 : Electrophoretic mobility of three S. aureus strains (A) and the lipid droplets
of a model matrix (B) at a pH from 3 to 8. Data are expressed as the mean ± standard
deviation of two biological replicates.
We assessed the spatial distribution of S. aureus CIP 4.83 in six commercial cosmetic
matrices of various viscosities by CLSM imaging to identify the formulas in which
uniform homogenization is not complete.
Figure 22A and B show the frequency distribution of surface fluorescence (SF), the
mean and the variance for two of the six matrices taken as examples. For matrix 1, the
variance of the SF is inferior to the mean which indicates a regular bacterial distribution.
Figure 22C illustrates the regular distribution in matrix 1 showing one series of 225
images. Matrices 2 to 5 showed similar regular distribution with SF means being
between 0.03% and 0.45% (data not shown). The matrices 1 to 5 had low viscosities,
with penetration values superior to 32 mm. In contrast, matrix 6 showed clustered
93
bacterial distribution with a variance of SF superior to the mean (Figure 22B and D).
Figure 22B shows the higher dispersion of frequency distribution values in comparison
to matrix 1 (Figure 22A). Matrix 6 had the highest viscosity, with a penetration value of
23.2 ± 0.1 mm.
From the matrix 6 composition, several assays were conducted to identify the
component that impairs the regular distribution of S. aureus in the matrix. It appears
to be the acrylate copolymer (data not shown). To confirm the impact of its presence,
we formulated two emulsified model matrices, without or with acrylate copolymer at
1.6% and evaluated the ratio of recovery between the initial inoculum and by plate
count (Figure 23A) or by M-CLSM enumeration (Figure 23B). Bacterial enumeration by
94
both methods was significantly more variable in matrices with 1.6% acrylate copolymer
than in the matrix without acrylate copolymer (p < 0.05). We can note a higher
variability of enumeration by CLSM imaging than by plate count, due to the
substantially smaller analyzed volume (1.5 x 10-7g compared to 1g).
We intend next to determine if the clustered bacterial distribution is due to the viscosity
which increases when the concentration of acrylate copolymer increases or if it is due
to this thickener itself. We thus formulated model matrices with guar gum, another
thickener. The viscosity obtained with 2.5% guar gum is similar to that obtained with
1.6% acrylate copolymer (25.5 ± 0.3 mm versus 26.2 ± 0.1 mm). The spatial distribution
95
of S. aureus was clustered with the guar gum (Figure 24A-C) but not without (Figure
24J-L), regardless of the strain. The results are similar for hydrophilic beads (data not
shown).
Spatial distribution was not affected by the level of hydrophobicity of the three
bacterial strains in matrices with 0 (Figure 24J-L) or 0.4% acrylate copolymer (data not
shown). Conversely, in the matrix with 1.6% acrylate copolymer, the variance of SF is
highly superior to the mean and reached 176.26 for S. aureus CIP 4.83, 11.32 for S.
aureus ATCC29213, 8.43 for S. aureus ATCC27217 (Figure 24D-F). The most
hydrophobic bacteria also showed the most clustered spatial distribution in the matrix
96
with 2.5% guar gum (Figure 24A). Hence, the spatial distribution was increasingly
clustered with increasing hydrophobicity of the strain in high viscosity matrices.
2.5 - Discussion
The study of the spatial distribution of three S. aureus strains with different levels of
hydrophobicity in several matrices with specific characteristics allowed us to
understand the determinants of their distribution. First, we succeeded to obtain
accurate M-CLSM images that allow rapid characterization of the bacterial spatial
distribution in emulsified matrices. Despite the light diffraction by high lipid-content
droplets, we optimized the settings to obtain high resolution images with a low
fluorescence background signal. The mosaic mode allows lowering the threshold of
bacterial enumeration and each mosaic image (225 images) was quickly acquired in
only 8 min. An Image J macro was developed to batch, accelerate and standardize
image quantification. Afterwards, the calculation of the frequency distribution together
with the comparison of the variance and the mean of SF allowed to classify the spatial
distribution as clustered, uniform or regular, as did Jongenburger, Bassett, et al. (2012)
for bacterial spatial distribution in milk powders. M-CLSM appears to be a quick and
relevant in situ approach for both bacterial enumeration and investigation of spatial
distribution in complex matrices.
The results demonstrate that an increasingly viscous matrix, due to increasing the
concentration of thickener, results in increasingly clustered bacterial distribution. By
consequence, the heterogeneity of the enumeration results, affected by the clustered
bacterial spatial distribution, also appeared to be driven by matrix viscosity. In the field
of metal production, in which metallic particles are added before solidification, the
distribution of such particles is critical and can affect the quality of the final product. It
was shown that viscosity, among other factors, influences metal particle distribution in
the matrices (Hashim et al. 2002). In an agar-based food model system, Wimpenny et
al. (1995) also stated that the distribution of bacteria is affected by agar concentration.
The structure of emulsions, especially droplet size, may also play a role in bacterial
spatial distribution. Brocklehurst et al. (1995) studied the spatial distribution of Listeria
monocytogenes and Yersinia enterocolitica in a hexadecane/water emulsion. They
showed that droplet size correlates with viscosity: the smaller the droplet size, the
higher the emulsion viscosity, and thus the greater the bacterial immobilization.
Furthermore, Jongenburger, Reij, et al. (2012) simulated homogeneous and
97
heterogeneous distribution of bacterial contaminants in batches of powdered infant
formula and they showed that a low level of contamination and a heterogeneous
bacterial distribution lead to a higher variability of bacterial enumeration.
Besides viscosity of the matrix, our results also show that increasing S. aureus surface
hydrophobicity induces increasing clustered spatial distribution. These observations
are in accordance with those of Ly, Vo, et al. (2006), who demonstrated the existence
of physicochemical interactions between bacteria and the constituents of food
matrices. They highlighted the role of the surface hydrophobicity of lactic-acid bacteria
showing that the LLD18 strain, with a highly hydrophobic surface, interacts more with
lipids and hydrophobic compounds than a hydrophilic strain (LLD16). Another study
showed that hydrophobic bacteria can stabilize oil-in-water emulsions by adhering to
the interface and preventing droplets from coalescing, whereas hydrophilic bacteria
cannot (Dorobantu et al. 2004). The emulsified matrix used in our study consisted of a
65% hydrophilic phase and a 35% lipophilic phase. Our hypothesis is that the
hydrophobic S. aureus strain was more highly trapped at the surface of the
hydrophobic droplets than the two other strains, which led to a more heterogeneous
distribution of the bacteria. This shows that the choice of the bacterial strain can have
a strong impact on bacterial spatial distribution and thus on the results of
enumerations after sampling.
Interactions between bacteria and emulsions can also be affected by the surface charge
of the bacteria cell wall. Li et al. (2001) studied interactions between E. coli and emulsion
droplets (hexadecane/water). E. coli and these droplets having opposite surface
charges, the bacteria were attracted to the surface of the droplets and destabilized the
emulsion. However, in our study, the S. aureus strains showed no difference in
electrophoretic mobility at an ionic strength of 1 mM. The negative charge was the
smallest at a pH of 5 to 6. Moreover, at these pHs, the negative charge of the droplets
of the emulsified matrices, with or without acrylate copolymer, was very low. By
consequence, in this study, the bacterial surface charge cannot explain the difference
of bacterial distribution between strains.
98
2.6 - Conclusion
Acknowledgments
The zeta potential measurements were performed at the DIVVA platform (AgroSup
Dijon, Université de Bourgogne–Franche-Comté. We thank Elena Exposito-Garcia and
Aurelie Trainoy (Laboratoires CLARINS) for their expertise in cosmetic formulation and
Julien Deschamps (INRAE, Micalis Institute) for his support in the CLSM analyses.
Conflict of interest
This study has received raw materials and funds from Laboratoires CLARINS. V. Poulet
and C. Ngari are employed by the company Laboratoires CLARINS. The remaining
authors declare that the research was conducted in the absence of any commercial
relationships.
99
CHAPITRE III :
cosmétiques
100
I - Synthèse de l’étude
Afin de suivre l’inactivation bactérienne sur des temps courts, une suspension de
S. aureus a été inoculée selon les spécifications du challenge-test dans des matrices
cosmétiques modèles formulées avec différentes concentrations de conservateurs.
Deux conservateurs ont été testés : la chlorphénésine ou 3-(4-chlorophenoxy)-1,2-
propanediol et l’alcool benzylique. La base modèle émulsionnée de forme huile dans
eau (h/e) utilisée dans cette étude est composée de 20 % de phase grasse et de 80 %
de phase aqueuse (20/80 h/e%), ce qui est représentatif de la plupart des produits
cosmétiques de type crème ou lait. Cette matrice modèle a été choisie car la
distribution spatiale des bactéries y est homogène.
101
déposé dans une microplaque, pour passer automatiquement de puits en puits à des
intervalles spécifiés et ce jusqu’à 17h en continu. C'est un réel avantage pour éviter le
photoblanchiment. Une fois les images acquises, les images sont traitées et analysées
par une macro automatique créée sous ImageJ afin d’extraire le nombre de bactéries
comptées sur chaque image. Nous avons alors pu vérifier que le dénombrement des
bactéries dans une formule cosmétique par « HCS-CLSM » était corrélé avec leurs
dénombrements sur milieux gélosés pour un niveau de population supérieur au seuil
de détection de la technique de microscopie (6 x 106 bactéries/g). Grâce à ces valeurs
de dénombrements, nous avons alors obtenu les cinétiques d’inactivation bactérienne
pour chaque concentration de conservateur. Le temps de réduction logarithmique a
ensuite pu être calculé pour chaque concentration de conservateur grâce à l’application
d’un modèle linéaire d’inactivation sur les cinétiques. Puis, nous avons pu modéliser
l’effet de la concentration sur le temps de réduction décimale grâce l’application de
deux modèles semi-log, dérivés de celui de Mafart et al. (2001) et ayant des paramètres
de forme différents.
Par la suite, nous avons cherché à prédire le nombre de réductions logarithmiques qui
seraient obtenues sur des temps longs (jusqu’à 7 jours). Pour cela, grâce au modèle
secondaire le plus pertinent, nous avons calculé le temps de réduction décimale
correspondant à chacune des concentrations de conservateurs testées. Puis nous avons
appliqué deux modèles primaires d’inactivation, le modèle linéaire de Bigelow et le
modèle non-linéaire IQ pour calculer le nombre de réductions décimales attendues à
des temps longs (1-7 jours) pour chaque concentration. Nous avons alors comparé les
valeurs de régressions prédites avec les valeurs réelles obtenues par dénombrements
sur milieu gélosé, et nous avons constaté que le modèle IQ s’ajustait mieux que le
modèle linéaire à nos données expérimentales, avec une différence moins marquée
pour l’alcool benzylique. Le paramètre caractéristique du modèle IQ, le coefficient Q,
donne une indication du niveau d’inhibition ou « quenching » du conservateur dans la
matrice (Lambert and Johnston 2000). Ainsi, il s’avère que la chlorphénésine subit une
perte d’efficacité non négligeable par « quenching » dans la matrice, ce qui n’est pas
le cas de l’alcool benzylique.
Ainsi, cette étude permet de proposer une méthode automatisée et rapide par « HCS-
CLSM », permettant d’évaluer et de prédire l’action antimicrobienne des conservateurs
ainsi que leur comportement dans des formules cosmétiques émulsionnées.
102
II - Article 2 « Rapid assessment and prediction of preservative efficiency in cosmetic products using High Content Screening – Confocal Laser Scanning Microscopy »
1 - Abstract
103
Keywords: bacterial inactivation; model; cosmetic matrix; preservative; fluorescence;
CLSM.
2 - Introduction
Each year around the world, official authorities in Europe (Rapid Alert System for Non-
Food Products) or USA (US Consumer Product Safety Commission) notified many
recalls of cosmetic products due to microbiological contamination (SGS 2020; Lundov
and Zachariae 2008; ANSM 2020). Cosmetic formulas are complex and are susceptible
to microbiological spoilage due to their composition rich in water and nutrients such
as lipids, polysaccharides, proteins…(Herrera 2004). They can be contaminated during
their fabrication but also because of consumer’s repetitive manipulation. The main
pathogens frequently found in cosmetic formulas are Pseudomonas aeruginosa,
Staphylococcus aureus, Escherichia coli, Burkholderia cepacia, Candida albicans,
Klebsiella oxytoca, Enterobacter gergoviae, and Serratia marcescens (Lundov et al.
2009; Hugbo et al. 2005; Lundov and Zachariae 2008; Halla et al. 2018). S. aureus has
been found in various cosmetic products such as shaving cream, moisturizing cream,
face care cream and depilatory cream (Birteksoz Tan et al. 2013; Tran et al. 1994;
Campana et al. 2006). It is a Gram-positive bacteria present on human skin and mucous
membranes in 30% of the population (Ryu et al. 2014). Many S. aureus strains produce
exfoliative toxins secreted on the skin that cause a wide range of clinical infections,
including abscesses, furuncles or impetigo (Findley and Grice ; Lowy 1998; Tong et al.
2015; Bukowski et al. 2010).
Each cosmetic product has a different level of microbiological risk according to the
standard ISO 29621:2017, which depends on several parameters such as the formula
composition (preservative, ethanol, aw, pH) or the type of packaging (unidose, airless
pump, pots) (Berthele et al. 2014). Preservatives that can be used in cosmetic products
are listed in Annex V of the European Regulation No. 1223/2009. Among them are
listed chlorphenesin and benzyl alcohol, which have been tested in this study.
Chlorphenesin or 3-(4-chlorophenoxy)-1,2-propanediol is an antifungal and
antibacterial agent (active against both Gram-positive and Gram-negative bacteria). It
can be used at a maximum concentration of 0.32% in rinse-off products and up to 0.30
% in leave-on products (Johnson et al. 2014). Benzyl alcohol can be used in various
cosmetic formulations as a preservative, but also as a solvent, a fragrance or a viscosity
controlling agent. Its maximum in-use concentration is 1% (Nair 2001).
104
The preservation efficiency of a given product is evaluated by proceeding to a
challenge-test, as defined in the European standard EN ISO 11930:2019. During this
procedure, specific microorganisms including S. aureus, are inoculated in the product
at a final concentration between 1 x 105 and 1 x 106 CFU.ml-1 for bacteria, and 1 x 104
and 1 x 105 CFU.ml-1 for molds or yeast. After inoculation, the microbial population is
evaluated at defined time intervals by enumerating the survivors at 7, 14 and 28 days.
A preservative system is considered as efficient against bacteria if the formula
composition leads to a bacterial logarithm reduction ≥ 3 seven days after inoculation
and without the growth of bacteria after 14 and 28 days. Challenge-test, as described
in the European standard involves numerous steps including sampling, neutralization,
serial dilutions, bacterial plating in duplicate, incubation time and colony counting. The
reliability of challenge-tests can depend on several parameters such as the
manipulation errors (pipetting and serial dilutions) (Hedges 2002), the type of plating
method (spiral or pour plating), the level of bacterial enumeration (Augustin and Carlier
2006), and on the ability of stressed microorganisms to recover and growth on agar
plates (Stephens and Mackey 2003). It also relies on the efficiency of the neutralization
step which consists of stopping the antimicrobial activity of preservatives by diluting
the surviving population in a quenching solution (Johnston et al. 2002). Nevertheless,
the main limitation of the challenge-test procedure is relative to the time-consuming
protocol (inoculation, sampling, counting) and to the duration of the whole test (last
sample analyzed on day 28).
105
In this study, we used CLSM and image analysis for acquiring datasets of bacterial
inactivation kinetics upon a very short period (4h) in model cosmetic matrices
containing various concentrations of preservatives and intended to accurately predict
the number of bacterial log reductions on longer periods similar to challenge-test
times.
Cetearyl glucoside and glyceryl stearate were purchased from SEPPIC (Puteaux, France),
carbomer from Gattefossé (Lyon, France), glycerin from Oleon (Ertvelde, Belgium),
cetearyl isononanoate from BASF France (Lyon, France), tocopheryl acetate from DSM
(Heerlen, the Netherlands), tromethamine from Azelis (Heusden, Belgium),
chlorphenesin and benzyl alcohol from Thor (Compiegne, France). Eugon LT 100
supplemented broth was purchased from Indicia production (Saint Genis l’Argentière,
France).
The strain used in this study is Staphylococcus aureus CIP 4.83 recommended by the
EN ISO 11930:2012 standard for cosmetic-product challenge tests. It was stored in
cryovials at -80°C and resuscitated by two successive subcultures in tryptic soy broth
(TSB, Biomérieux, Marcy-l’étoile, France) before each experiment. Cultures were grown
at 30°C until the end of the exponential growth phase.
The aqueous phase was first prepared with 0.25% carbomer in water and heated to
75°C before glycerin (moisturizer, 9%) was added. The oil phase is composed of 28.8%
cetearyl isononanoate (emollient), 3.5% cetearyl glucoside (emulsifier), 0.2% tocopheryl
acetate (antioxidant), and 2.5% glyceryl stearate (co-emulsifier). It was heated to 75-
80°C before it was blended with the aqueous phase (20/80 o/w %) at 1,800 rpm using
a rotor-stator homogenizer (Rayneri 33/300P, Group VMI) to obtain an emulsion.
Benzyl alcohol and chlorphenesin at 7 different concentrations (respectively from 1.00
to 1.85 % and from 0.30 to 0.60 %) were respectively pre-mixed with glycerin or water
at 40°C. Tromethamine (base, 0.15%) was finally added. The viscosity is measured using
a penetrometer (PNR10, PetroMesures). A specific cone was released in 300 g of matrix
106
and the penetration depth measured (in mm ± 0.1 mm) after 5 s. The penetrometry
measured on each batch in triplicate is 33.06 mm ± 1.33 mm. The pH, measured using
pH-meter (SI Analytics, Lab 870) on each batch in triplicate, is 5.76 ± 0.03.
Bacterial cells were harvested by centrifugation at 1,575 g for 10 min and washed twice
in 150 mM NaCl. The bacterial suspension was calibrated to 1 x 1010 to 1 x 1011 CFU.ml-
1
in 150 mM NaCl to observe at least 10-100 bacteria per CLSM image (290.6 x 290.6 x
1.6 µm3). 300µl of bacterial suspension were labeled with 13µl calcein-AM (53.55µM in
DMSO, Invitrogen by Thermofisher Scientific), incubated in the dark for 1h30 at 37°C
and inoculated in 30 g of model cosmetic matrix which was vortexed for 30 s. The
average of the bacterial concentration in the matrix is 1 x 108 to 1 x 109 bacteria/g.
Calcein-AM is a viability marker that penetrates passively into a cell where it is cleaved
by cytoplasmic esterases and leads to green fluorescence. Each experiment was
performed respectively two or three times from independent cultures for benzyl
alcohol and chlorphenesin.
The evolution of bacterial population was acquired upon a short time (typically 4h) for
7 different concentrations in duplicate for benzyl alcohol and in triplicate for
chlorphenesin. To obtain one inactivation curve, the inoculated matrix containing a
specific concentration of a preservative was dropped into several wells of polystyrene
96-well microtiter plates (Greiner Bio-One, France) and CLSM acquisition was achieved
in each well at a specific time to avoid photobleaching. Thanks to the HCS- CLSM, the
107
stage was programmed to move automatically to the next well every 15 min during 4h
or every hour during 13h for low concentrations.
Image acquisition was performed using a Leica SP8 AOBS Confocal Laser Scanning
Microscope (Leica Microsystems, France) at the MIMA2 imaging platform
(https://doi.org/10.15454/1.5572348210007727E12). Calcein-AM is excited at 488 nm
and the emitted fluorescence collected in the range 498 to 560 nm. Images size were
290.6 x 290.6 x 1.6 µm3 (512 x 512 pixels) and were acquired at 600 Hz using a 40x air
objective (N.A. = 0.85) and a hybrid detector. The HCS-CLSM control software was
programmed to take a mosaic of 10 x 10 images per well, corresponding to a volume
of 1.3 x 10-5 ml. The number of bacteria by mosaic was counted by binarizing each
image using the MaxEntropy algorithm in an automatic macro executed in ImageJ
software (National Institutes of Health, USA) (Schneider et al. 2012). The obtained
number of bacteria per ml was converted per g according to the matrix density (1.15
g/ml). In our experimental conditions, we consider that our threshold value is at 1
bacteria per image or 100 bacteria per mosaic, which corresponds to 6 x 106 bacteria/g.
Two different models were used to describe the inactivation of the bacterial population
as a function of time. The log-linear model of Bigelow et al. (Bigelow and Esty 1920) is
described in equation (1).
'
/.J3% (@) = /.J3% (@% ) − (4 (eq.1)
where N0 is the initial bacterial population, N is the bacterial population at the sampling
time, Dc is the decimal reduction time and t is the time (min).
The intrinsic quenching model (Lambert and Johnston 2000) was constructed with the
hypothesis that the disinfection concentration decreases during the test period and
can be described by the equation (2).
53&6 -..! 7
/.J3% (@) = /.J3% (@% ) − 8.(0
(eq.2)
where N0 is the initial bacterial population, N is the bacterial population at the sampling
time, Dc is the decimal reduction time, t is the time (min) and Q is the quenching
coefficient. Q was the estimated parameter.
Both log-linear and IQ models were used to predict the reduction of the bacterial
population on longer periods (up to 7 days).
108
3.8 - Secondary model for estimation of the Dc-value according to the
concentration
We fitted the log-linear model fitted to each CLSM inactivation curve, with GinaFiT, a
freeware add-in for Microsoft Excel (Geeraerd et al. 2005), and we obtained the
corresponding Dc values. We applied a factor of correction to Dc according to the
correlation between CLSM enumeration and plate enumeration. We obtained a dataset
of Dc, each of them corresponding to a specific concentration of one preservative.
From these datasets of Dc, the Dc values were fitted according to concentration using
a semi-log approach, derived from Mafart et al. (2001) (Mafart et al. 2001), and
expressed in equation 3.
;&; ∗ <
/.J3% (K1) = /.J3% (K1 ∗ ) − G -0
I (eq. 3)
where Dc is the decimal reduction time for the concentration C, Dc* is the decimal
reduction time for the reference concentration C*, zc is the increase of concentration
which leads to a ten-fold reduction of the decimal reduction, n is a shape parameter
which can be set to 1 (model #1, linear model) or 2 (model #2, second-degree model).
Dc* and zc were the estimated parameters.
The model parameters were fitted with nls R function according to the minimization of
the residual sum of square errors (RRS). Confidence intervals of fitted parameters were
assessed by bootstrap using nlsBoot function from nlsMicrobio R package (Baty et al.
2015). The two models were compared according to the Bayesian information criterion
(BIC) (equation 4). The lower the BIC, the better the model fits the dataset.
=>>
LMN = 6. OP G $
I + R. OP(6) (eq. 4)
Where p is the number of experimental points and k the number of parameters of the
model.
To predict the log reduction of the bacterial population over several days, we first
predict Dc with model #2 at some tested concentrations of preservative. Afterward,
thanks to primary models, namely log-linear model (eq 1) or IQ model (eq 2), we
calculated the logarithm reduction of the population that should be obtained after a
defined time, from 1 to 7 days. To optimize and validate the model, a dataset of log-
reductions of the bacterial population was acquired by plate enumeration on the
109
corresponding periods (1 to 7 days) for 7 concentrations of each preservative, as
described before.
The model parameters were fitted with nls R function according to the minimization of
the residual sum of square errors (RRS). Confidence intervals of fitted parameters were
assessed by bootstrap using nlsBoot function from nlsMicrobio R package (Baty et al.
2015).
4 - Results
Figure 26 shows the kinetics of bacterial reduction obtained by CLSM during four hours
for seven different concentrations of chlorphenesin (Figure 26A) or benzyl alcohol
110
(Figure 26B). According to the correlation between enumeration by CLSM and plate
counting (Figure 25), we only took into account data in the range of population above
6 x 106 (maximum 2.5 log10 reductions).
111
To obtain similar log reductions of S. aureus with both preservatives, it can be noted
that higher concentrations of benzyl alcohol are needed in comparison to
chlorphenesin. For example, we obtained one log reduction in 0.45 h ± 0.07 with 0.6%
chlorphenesin whereas 1.07 h ± 0.05 is necessary with 1.85% benzyl alcohol. Figure 26C
illustrates the fluorescence loss of S. aureus in a model matrix with 0.3% and 0.6%
chlorphenesin over time. With 0.3% chlorphenesin, the number of fluorescent bacteria
decreases very slowly over time. At 4 h, the slight decrease of fluorescent bacteria
number corresponds to a bacterial reduction of about 0.2 log bacteria/g (Figure 26A).
In contrast, with 0.6% chlorphenesin, the fluorescent bacteria number decreased
rapidly in 1h and it corresponds to about 5 x 102 bacteria/g (Figure 26A). After 2h, no
bacteria was visible anymore.
Semi-log models were used to fit datasets of Dc values upon the preservative
concentration. The shape parameter was set at 1 in model #1 (linear-model, Figure 27
A and C) or model#2 (second-degree model, Figure 27 B and D).
Figure 27 : Relation between the Dc value and the concentration of chlorphenesin (A,
B) and benzyl alcohol (C, D) by fitting of model#1 (A and C) and model#2 (B and D).
Model parameters of the two models, which are Dc* and zc, are given in Tableau 9
together with the BICs for both preservatives. Second-degree model allows the lowest
BIC for both preservatives, meaning that the shape parameter is significant.
112
Accordingly, to the BIC, model #1 does not fit well and was not used for the following
prediction.
Tableau 9 : Estimated parameters (and their 95% CI intervals) and performance criteria
of both secondary models.
Chlorphenesin Benzyl alcohol
n 1 2 1 2
Number of data 21 21 14 14
Dc values at specific concentrations were first estimated from model #2. The logarithm
reduction of the bacterial population was then calculated for specific times (from 1 to
7 days) using the Bigelow linear-model (eq. 1) or the IQ model (eq. 2).
113
For both preservatives, the best combination is obtained when using IQ model for log-
reduction estimation. For chlorphenesin (Figure 28A), the IQ model prediction for log-
reduction datasets is far better than the linear model. The Q coefficient is optimized at
0.0141 (CI 95% 0.0124 – 0.0156) and the slope of regression curve is 1.12 (R2=0.906).
Linear models is less relevant with a slope around 0.55 and lower R2. For benzyl alcohol
(Figure 28B), predictions with both models are less different. The Q coefficient is
optimized at 0.0043 (CI 95% 0.0022 – 0.0076) and the slope of the regression curve
with the IQ model is 0.93 (R2=0.796). One could note that the prediction is relevant
only for maximum 5 log-reductions because of the initial level of contamination and
the experimental protocol used to obtain the observed datasets. Figure 29 shows the
prediction of the evolution of bacterial enumerations over seven days for 4 tested
concentrations of chlorphenesin (Figure 29A) or benzyl alcohol (Figure 29B) with
Bigelow linear-model (dotted lines) or IQ model (plain lines). These curves could be
generated for any concentrations in the range of 0.3 to 0.6 % of chlorphenesin and 1
to 1.9 % for alcohol benzyl from model #2 and IQ model with respective Q to 0.014 for
chlorphenesin and 0.003 for benzyl alcohol.
5 - Discussion
114
a formula. In this study, we propose a new alternative method allowing the prediction
of the log reduction of a bacterial population in long-term preservation by acquiring
data on a short-time period. This method relies on the acquisition of CLSM kinetics of
bacterial inactivation in the presence of several concentrations of preservatives during
4h (and till 13h for very low concentrations). Bacteria are first stained with a viability
fluorescent marker, calcein-AM. This marker is widely used to assess bacterial viability
by CLSM or by flow cytometry (Chitarra et al. 2006; Davison et al. 2010). Its precursor
diffuses passively into the cytoplasm, where it is cleaved by intracellular esterases into
green-fluorescent calcein (Kaneshiro et al. 1993). This non-permeant fluorescent dye is
released out of the cell when the membrane is altered (dead cell).
We have first shown that the enumeration obtained by CSLM and dedicated image
analysis can be correlated to bacterial plate-counting during the action (10 min to 4h)
of the preservative (chlorphenesin or benzyl alcohol at specific concentrations). Our
detection threshold by CLSM imaging is 6 x 106 bacteria/g which is lower than the one
obtained by CLSM by Auty et al. (Auty, Gardiner, et al. 2001) (1 x 108 bacteria/ml). This
is probably because we increased the observed surface to a mosaic of 100 CLSM
images. Here, bacterial CLSM enumeration is always higher (between 0.5 and 1 log)
than the enumeration by plate counting. Auty et al. (Auty, Gardiner, et al. 2001) also
compared enumeration by CLSM and plate counting before they assess the viability of
human probiotic strains in dairy products. They used Live/Dead Baclight marker and
also underlined an overestimation of the CLSM enumeration of about 1 log. They
suggested that this might be due to the bacterial clumping on plates. Indeed, the
accuracy of enumeration by plate counting is usually estimated in the range of 0.3 to
0.7 log (Augustin and Carlier 2006; Afssa 2007). However, we can notice that the
difference between both techniques gets higher when enumeration decreases. Lower
enumerations correspond to populations that remain after action of the preservative.
The stressed bacteria thus probably constitute a higher fraction of the population. They
could not have the ability to recover and growth on agar plates while they are still
stained by the viability marker by CLSM (Stephens and Mackey 2003).
115
that allows a CLSM to acquire automatically high content images for analysis of
numerous samples thanks to an automatically xyz-positioning in multiple wells as a
function of time (Canette et al. 2019). Automatic movements from well to well allows
to acquire images of one same sample over time using several wells which allows to
lighten a specific well only once. This is a real advantage to avoid photobleaching.
Moreover, we can also investigate several preservative concentrations on the same
lapse of time.
The CLSM method used during this study is very well suited to evaluate the efficiency
of preservatives that cause membrane permeabilization. Chlorphenesin is a phenol
ether with a chlorine atom and it belongs to the class of organo-halogen organic
compounds. Phenols disrupt the cytoplasmic membrane and induce leakage of
potassium ions of the cytosol and the halogenation is known to improve their
antibacterial activity (Al-Adham et al. 2013). Benzyl alcohol is an organic aromatic
alcohol. Alcohols are known to damage cell membranes and denature bacterial
proteins that are essential to the metabolism cell which leads to the cell lysis (Al-Adham
et al. 2013).
Chlorphenesin seems to be more effective than benzyl alcohol against S. aureus in the
model cosmetic matrix. We observed that obtaining the same logarithm reduction
needed lower concentrations of chlorphenesin than benzyl alcohol. According to the
literature, the partition coefficient (logP) can be a parameter influencing bacterial
inactivation (Pernin et al. 2018). The higher the logP, the higher the antibacterial
activity. Chlorphenesin could have a better ability than benzyl alcohol to intercalate
into the bacterial membrane of S. aureus because its logP is higher (1.713) than the
one of benzyl alcohol (1.100) (The Good Scents Compagny information system ; The
Good Scents Compagny information system).
In this study, we were able to predict the number of log reductions at any time for one
preservative at any concentration in a specific range from inactivation datasets
obtained over short-term times. We fitted the datasets with two models describing the
effect of the concentration on the log reduction time. These models derived from
Mafart models (Mafart et al. 2001) can take several forms by setting the shape
parameter at 1 (linear model#1) or 2 (second-degree model#2). Mafart et al. (2001)
compared these two first semi-log models for describing the effect of pH on the heat
resistance of spores (reduction time DT) and showed that second-degree model
presents a better safety than the linear one. From our side, we used the BIC calculation
116
for choosing the most relevant model while adjusting the minimum number of
parameters. BICs of models#2 are better than model#1 for both chlorphenesin and
benzyl alcohol (Tableau 9). The linear model is thus discarded for the following
prediction. This indicates that the preservative concentration and the contact time do
not have a similar impact on the reduction time. As noticed by Mafart et al. (2001) for
the effect of pH on the resistance of spores, we can hypothesize that the relationship
between Dc and the preservative concentration is more complex than that of the effect
of temperature on heat resistance. We have also tried log-log Chick-Watson and Hom
models used by Lambert et al. (2001) to model the relationship between effective time
and concentration of quaternary ammonium compounds (data not shown). These
models badly fitted to our datasets and were not selected for the following predictions.
The next step was to predict, from the Dc values calculated with model#2, the log
reduction of the bacterial population on longer times (up to seven days) using two
primary models, the Bigelow linear model and the IQ model. The Q coefficient is the
characteristic parameter of the IQ model. It indicates the level of quenching of the
preservative in the matrix (Lambert et al 2000). Below 0.005, which appears to be the
case of benzyl alcohol, the level of quenching is very low and the inactivation curves
are quite similar to linear log-survivor curves. On the contrary, the Q coefficient for
chlorphenesin is 0.014 which indicates a quenching of the preservative in the matrix.
The level of quenching increases over time as it is demonstrated by the comparison
between the predictions of linear-model and IQ models (Figure 29). As it is not similar
for both preservatives, we can hypothesize that it is influenced by the interactions
between the antimicrobial and the matrix. As the model cosmetic matrix used here is
an emulsion, we can hypothesize that chlorphenesin which has a higher log P (1.713)
than benzyl alcohol (1.100) could progressively partition into the hydrophobic droplets,
thus losing its preservative efficiency. Pernin et al. (2019) studied the antimicrobial
activity of two natural phenolic compounds, ferulic acid and eugenol, against Listeria
monocytogenes in a model oil-in-water emulsion. They showed that eugenol, which
have the highest logP, loses its antibacterial efficacy in emulsified systems, in contrast
of ferulic acid. The authors suggest that once in the emulsion, the more hydrophobic
antimicrobial agent would preferentially partition in the lipid droplets and thus being
in too small concentration in the aqueous phase for inhibiting microorganisms (Pernin,
Bosc, et al. 2019). Polarity, antimicrobial charge, and environmental conditions such as
temperature, ionic strength, and pH can also play a major role in the effectiveness of
117
an antimicrobial (Weiss et al. 2015). Electrostatic and hydrophobic interactions between
antimicrobials and the matrix constituents, such as lipids, proteins and charged
polysaccharides, could interfere with the antimicrobial activity (Weiss et al. 2015). For
example, the addition of bovine meat proteins decreases the antimicrobial activity of
phenolic compounds (Bouarab-Chibane, Forquet, et al. 2018; Juven et al. 1994). Some
gelling agents, such as hydroxypropylmethylcellulose, may be associated with the loss
of effectiveness of preservatives (Scholtyssek 2005). Emulsifiers can also participate in
the reduction of antimicrobial activity by sequestering antimicrobial molecules in
micelles (Kirk–Othmer 2013; Pernin, Bosc, et al. 2019; Shimamoto and Mima 1979).
Nevertheless, from the estimations of Dc with model#2 and then of the log-survivors
from IQ model, we propose here a method of prediction of the efficiency of two
preservatives. The log-reduction of S. aureus population could be estimated at any
concentration and after any time in a period of a few days for both tested preservatives.
6 - Conclusions
We propose here a rapid HCS-CLSM method associated with modeling to predict the
preservative efficacy in a cosmetic matrix. This method could provide a quick evaluation
of preservative efficiency and save a lot of time by replacing many microbiological
analyses. It could be beneficially used for screening preservatives or for optimizing the
formulation of a cosmetic product.
118
Acknowledgments
We thank Elena Exposito-Garcia and Aurélie Trainoy (Laboratoires CLARINS) for their
expertise in cosmetic formulation, Julien Deschamps (INRAE, Micalis Institute) for his
support in the HCS-CLSM analyses and Roza Mohammedi (INRAE, Micalis Institute) for
her technical assistance during her internship.
Author contributions
Conceived and designed the experiments: SA FDB CN VP. Performed the experiments:
SA. Analyzed the data and performed the modeling: SA LG FDB. Contributed
reagents/materials: CN VP. Wrote or revise the manuscript: SA FDB RB CN.
119
Discussion générale et perspectives
Une évaluation du système de conservation est systématiquement réalisée avant la
mise sur le marché d’un produit cosmétique grâce au challenge-test. Comme dit
précédemment, les challenge-tests présentent certaines limites notamment du fait de
la lourdeur des expérimentations et du délai d’obtention des résultats d’environ 1 mois.
De plus, la fiabilité de ces tests peut dépendre de différents facteurs notamment de la
galénique des produits et des nombreuses étapes dues aux dénombrements des
microorganismes sur milieux gélosés. C’est dans ce contexte que nous avons pu définir
l’objectif général de cette thèse qui est de mieux comprendre, d’évaluer, de prévoir et
d’optimiser le fonctionnement des systèmes conservateurs au sein de matrices
cosmétiques avec deux volets, le premier, visant à comprendre les déterminants de la
répartition des microorganismes dans les formules cosmétiques et leur impact sur les
Challenge-tests, et le deuxième, visant à mettre au point une méthode rapide
d’évaluation et de prévision de l’activité antibactérienne des conservateurs dans les
formules cosmétiques.
120
Le deuxième objectif de cette thèse a été de mettre en place une méthode permettant
d’évaluer et de prédire l’efficacité des conservateurs dans les formules cosmétiques, ce
que nous avons pu faire en combinant l’acquisition de cinétiques d’inactivation
bactérienne par microscopie confocale à balayage laser et l’utilisation de modèles de
microbiologie prévisionnelle. La perte de viabilité a pu être suivie grâce l’utilisation d’un
marqueur de viabilité, la calcéine-AM, dont la fluorescence est libérée dans la cellule
par les estérases puis relarguée à l’extérieur après perméabilisation de la membrane
par l’agent antimicrobien. Il est intéressant de souligner qu’il est courant dans ce genre
d’analyse de faire face à des problèmes de photostabilité des fluorochromes. En effet,
chaque molécule fluorescente peut être excitée un nombre de fois précis avant sa
dégradation; par exemple, la fluorescéine peut subir environ 104 à 105 excitations,
sachant qu’en moyenne le passage du laser sur l’échantillon pour former un pixel d’une
image induit quelques centaines d’excitations (Brown and Poujol 2006). Afin de pallier
ce problème, nous avons utilisé un module appelé HCS (High Content Screening) ou
criblage à haut débit (CHD) associé à la MCBL, ce qui a permis le déplacement
automatique de la platine de puits en puits d’une plaque 96 puits (Canette et al. 2019).
Ce module permet ainsi l’acquisition de centaines d’images dans plusieurs puits
différents et à des intervalles de temps personnalisés limitant ainsi le phénomène de
photobleaching. Grâce aux traitements et à l’analyse d’images automatisés par une
macro-instruction créée sous « ImageJ », cette approche de microscopie nous a permis
d’acquérir des cinétiques d’inactivation bactériennes sur des durées courtes de 4 à 17h,
dans des matrices cosmétiques modèles formulées avec différents types de
conservateurs à différentes concentrations. Nous avons tout d’abord démontré qu’il
était possible par cette méthode « HCS-CLSM », de dénombrer les bactéries
directement dans une formule. À partir des données de cinétiques obtenues et
l’utilisation de modèles mathématiques d’inactivation bactérienne primaire et
secondaire, nous avons pu observer la réduction logarithmique au cours du temps et
modéliser l’effet de la concentration des conservateurs sur le temps de réduction
décimale. Nous avons ensuite pu obtenir la prévision, à partir de ces données obtenues
sur un temps court, de l’action antimicrobienne des conservateurs sur des temps plus
longs, équivalents à ceux testés lors des challenge-tests. De plus, grâce à l’utilisation
du modèle IQ, nous avons pu mettre en évidence un phénomène de « quenching » de
la chlorphénésine mais pas de l’alcool benzylique dans la matrice cosmétique. Cette
inhibition peut résulter d’interactions entre le conservateur et diverses autres matières
premières présentes dans la matrice (Chapitre I-IV-2).
121
Plusieurs perspectives s’ouvrent suite à ce travail et de nouvelles questions peuvent se
poser :
La charge bactérienne a-t-elle un impact sur la distribution spatiale des bactéries dans
les matrices cosmétiques de forte viscosité ?
Du fait des caractéristiques des souches avec lesquelles nous avons travaillées, nous
n'avons pas pu évaluer l’impact de la charge des bactéries sur leur distribution spatiale.
L’étude mériterait donc d’être poursuivie par l’étude de ce facteur car d’autres études
ont montré que la charge pouvait jouer un rôle, notamment lorsque l’émulsifiant utilisé
a une charge opposée à celle de la surface des bactéries (Li et al. 2001; Ly, Naitali-
Bouchez, et al. 2006; Ly et al. 2008). Il serait alors intéressant de faire varier la charge
des conservateurs et des émulsifiants en analysant la répartition de microorganismes
ayant des charges différentes afin de comprendre les interactions possibles et
d’identifier celles qui peuvent être néfastes à la fiabilité des tests d’évaluation de
l’efficacité des conservateurs.
122
Comment approfondir la connaissance sur les interactions
matrice/conservateur/bactérie pour optimiser la conservation des formules
cosmétiques ?
Il existe une grande variété d’agents antimicrobiens agissant sur différentes cibles
cellulaires des microorganismes telles que les membranes cytoplasmiques, les
systèmes enzymatiques, les acides nucléiques et les ribosomes. Une fois l’agent
antimicrobien dans la matrice, la surface externe des bactéries est la première barrière
rencontrée par les antimicrobiens (Maillard 2002). L’hydrophobicité d’un agent
antimicrobien dépend de la structure même de la molécule. Dans ce travail de thèse,
l’action de deux conservateurs, la chlorphénésine (logP(o/w) = 1,713) et l’alcool
benzylique (logP(o/w) = 1,100), a été étudiée sur une souche de Staphylococcus aureus.
D’après la littérature, le coefficient de partage (logP) permettant de déterminer si une
123
molécule est hydrophile (logP<0) ou hydrophobe (logP>0), peut être un déterminant
de l’efficacité antimicrobienne (Pernin et al. 2018). Jusqu’à un certain seuil, Plus le logP
est élevé, plus l'activité antibactérienne est élevée. La chlorphénésine ayant un logP
plus élevé que celui de l'alcool benzylique, elle aurait une meilleure capacité à
s'intercaler dans la membrane bactérienne de S. aureus (CIP 4.83) qui a de plus une
hydrophobicité de surface élevée (95% d’affinité avec l’hexadécane). Il serait intéressant
par la suite d’évaluer l’action antimicrobienne d’autres souches de S. aureus ayant des
niveaux d’hydrophobicité plus faibles, afin de déterminer l’impact de l’hydrophobicité
de surface des bactéries sur l’action des conservateurs. Il serait notamment judicieux
de tester les deux souches de S. aureus (ATCC 292312 et ATCC 27217) utilisées dans la
première partie de cette thèse pour l’étude de la distribution des bactéries (Chapitre
II).
Dans notre étude, nous avons inoculé les matrices cosmétiques à de fortes
concentrations bactériennes soit à 1 x 108 et 1 x 109 CFU/g de formule afin d’observer
suffisamment de bactéries par champ au microscope confocal à balayage laser. En
comparaison, les niveaux d’ensemencement lors des challenge-tests industriels selon
la norme ISO 11930 sont plus bas, à des niveaux de 1 x 105 et 1 x 106 CFU.g-1. Nous
pouvons ainsi nous poser la question de l’impact du niveau de concentration
bactérienne sur l’efficacité antibactérienne. Karabit (1990) a montré dans une étude sur
S. aureus que la concentration microbienne jusqu'à 1 x 106 bactéries.ml-1 n'affecte pas
l'activité antimicrobienne d'un conservateur de type phénol. Cependant, au-delà de
cette limite, le temps de réduction décimale augmente avec la concentration de
l'inoculum. Une autre étude a également montré qu'à partir de 1 x 107 bactéries.ml-1,
une augmentation de la concentration bactérienne entraine une réduction de
l’efficacité de la désinfection (Lambert and Johnston 2001). De plus, Johnston et al.
(2000) montrent que l’ajout de bactéries mortes dans une suspension vivante de
S. aureus influence l’efficacité antibactérienne d’un désinfectant, le sulfate de sodium
et de dodécyle (SDS) : plus la concentration de bactéries mortes est importante et plus
la valeur de la réduction logarithmique diminue. Par exemple, pour un ajout de 1 x 108
bactéries mortes/ml dans une suspension de 1 x 108 bactéries vivantes/ml, en présence
de SDS, il est observé une réduction logarithmique d’environ 1,5 log contre 5 log
lorsque 3.13 x 106 bactéries mortes/par ml sont ajoutées. Les auteurs font l’hypothèse
124
que les structures microbiennes (même non viables) seraient capables d’interagir avec
les antimicrobiens et de limiter leur efficacité. Ce serait le cas des composants
membranaires des bactéries mortes tels que la phosphatidyléthanolamine et les
triacylglycérols présents dans le milieu, du fait de leur structure similaire à celle des
agents émulsifiants tels que le tween et la lécithine utilisés comme agents neutralisants
(Johnston et al. 2000). Il serait alors intéressant de réaliser des acquisitions de
cinétiques bactériennes en faisant varier la concentration de l’inoculum afin d’évaluer
son impact sur l’efficacité des conservateurs dans les formules cosmétiques par
dénombrement bactériens sur milieux gélosés. Il sera probablement difficile d’utiliser
la méthode de MCBL développée ici à cause du seuil de détection, à moins d’analyser
un nombre de puits beaucoup plus élevé que celui utilisé dans ce travail afin
d’augmenter le volume d’échantillon observable.
Quel est l’impact de la composition des émulsions sur la distribution des conservateurs
dans les formules cosmétiques et sur leur efficacité ?
Pour être actifs, les conservateurs doivent être présents au contact des
microorganismes dans la phase aqueuse. Donsì et al. (2012) montrent par exemple,
que l’activité antimicrobienne de composés naturels d’huiles essentielles (cavacrol,
limonène et cinnamaldéhyde), est corrélée avec la concentration de la molécule active
dans la phase aqueuse (Donsì et al. 2012). Johnston et al. (2000) montre également que
plus la quantité de désinfectant (sulfate de sodium et de dodécyle) libre dans le milieu
diminue, plus le taux de réduction de la population bactérienne diminue (Johnston et
al. 2000). Dans le cas de matrices cosmétiques, il est possible d’émettre l’hypothèse
que la coexistence de plusieurs phases induise une distribution hétérogène des
conservateurs, ce qui pourrait alors induire des biais lors de l’évaluation de la
conservation par les challenge-tests. Il a été montré que les propriétés
d’hydrophobicité des molécules antimicrobiennes peuvent jouer un rôle dans leur
distribution au sein d’une émulsion constituée d’une phase hydrophobe et d’une phase
hydrophile. Selon leur affinité pour la phase hydrophobe, qui peut notamment être
caractérisée par leur coefficient de partage (logPoctonol/water (o/w)), les molécules
antimicrobiennes se localisent préférentiellement dans la phase aqueuse, dans la phase
lipidique ou encore à la surface des gouttelettes d’émulsion (Pernin, Bosc, et al. 2019;
Bouarab-Chibane, Oulahal, et al. 2018). Une étude montre également qu’il est possible
d’avoir des interactions hydrophobes entre certains agents antimicrobiens et des
composés présents dans le milieu, tels que les protéines, ayant pour conséquence une
125
diminution de l’activité antimicrobienne (Bouarab-Chibane, Oulahal, et al. 2018). Au
cours de ce travail de thèse, nous avons été confrontés à un problème d’interaction
entre la chlorphénésine et un co-émulsionnant, le monostéarate de glycérol (GMS)
(données non montrées dans le manuscrit car manque de répétitions des expériences).
La matrice cosmétique modèle sans ce co-émulsionnant et contenant 0,6% de
chlorphénésine ajouté dans la phase aqueuse avant l’émulsification induisait une
réduction bactérienne d’environ 3 log en une heure. Le co-émulsionnant a ensuite été
rajouté dans la phase lipidique afin d’améliorer la stabilité de la formule. Nous avons
alors observé que la réduction logarithmique n’était plus que de 0.5 log en une heure
à la même concentration de chlorphénésine. Pour éviter les interactions possibles entre
les deux composés lors de la formation de l’émulsion, nous avons alors incorporé la
chlorphénésine après l’émulsification, ce qui a permis de rétablir l’activité
antimicrobienne initiale soit 3 log de réduction bactérienne en une heure. Une
hypothèse pour expliquer ce résultat pourrait être que lorsque la chlorphénésine rentre
en contact avec la phase lipidique contenant le GMS pendant l’émulsification, des
interactions de type hydrophobe interviendraient entre la chlorphénésine et les
gouttelettes lipidiques de l’émulsion, ce qui entrainerait le piégeage du conservateur
dans ces gouttelettes. De la même façon, ces interactions pourraient aboutir également
au piégeage de la chlorphénésine dans des micelles de GMS lors de l’émulsification.
Afin d’optimiser la protection antimicrobienne des formules cosmétiques, il serait
intéressant par la suite, d’étudier ces interactions notamment en étudiant les équilibres
de partition des conservateurs dans des systèmes complexes tels que les émulsions.
On pourrait imaginer par exemple doser le ou les conservateurs dans chacune des
phases par analyse chromatographique (Collinge and Noirfalise 1981; Salvador and
Chisvert 2011). La résonance magnétique nucléaire (RMN) pourrait également être une
technique intéressante qui nous permettrait de caractériser les interactions possibles
entre le monostéarate de glycérol et la chlorphénésine. En effet, cette technique
permet d’accéder à la structure moléculaire d’un composé chimique et d’identifier les
possibles interactions entre différents groupes fonctionnels chimiques grâce à
l’analyse spectrale du déplacement chimique d’un atome après avoir appliqué un
champ magnétique (Chaghi et al. 2010).
Certaines matières premières utilisées dans une formule cosmétique peuvent avoir des
propriétés antimicrobiennes. C’est le cas par exemple du caprylyl glycol et du caprylate
126
de glycéryle qui déstabilisent la membrane bactérienne. Ce type d’ingrédient est de
plus en plus recherché par les industries cosmétiques qui tendent à remplacer
définitivement les conservateurs controversés (Halla et al. 2018). D’autres ingrédients
tels que l’éthanol et la glycérine, peuvent également limiter la prolifération
microbienne. De plus, plusieurs études montrent qu’il peut être possible d’assurer la
conservation des formules cosmétiques en ajustant et en adaptant certaines conditions
physicochimiques des formules cosmétiques, tel que le pH ou l’aw (Berthele et al. 2014;
Halla et al. 2018; Ghalleb et al. 2015; Enigl and Sorrells 1997). En perspective de ce
travail de thèse, la méthode de MCBL développée pourrait permettre d’examiner
l’efficacité antimicrobienne de ces ingrédients non reconnus par la réglementation
cosmétique comme étant des conservateurs, mais aussi de plusieurs conditions
physico-chimiques tel que le pH et l’aw.
Par ailleurs, les potentiels effets synergiques entre ingrédients et conservateurs dans
des matrices cosmétiques pourront être étudiés en utilisant par exemple la méthode
Fractional Concentration Index pour déterminer si les effets antimicrobiens cumulés
entre conservateurs, ingrédients et paramètres physico-chimiques sont synergiques,
indifférents, additifs ou antagonistes (Stanojevic et al. 2009). La méthode de
microscopie développée dans ces travaux de thèse pourrait donc être un moyen plus
rapide que les challenge-tests pour évaluer l’effet antimicrobien de ces ingrédients et
de ces paramètres et permettrait d’optimiser rapidement les formules en utilisant leurs
propriétés antimicrobiennes intrinsèques tout en baissant les doses de conservateur.
En conclusion, nos travaux présentent une avancée majeure dans l’évaluation rapide
de la conservation des formules pour l’industrie cosmétique et pourrait également
fournir un outil à plus large échelle pour le criblage de nouvelles molécules à effet
antimicrobien.
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Valorisation de la thèse
Article 1 : Samia Almoughrabie, Chrisse Ngari, Romain Briandet, Valérie Poulet, and
Florence Dubois-Brissonnet, Mosaic-CLSM assessment of bacterial spatial distribution
in cosmetic matrices according to matrix viscosity and bacterial hydrophobicity. Publié
le : 11 mai 2020.
Article 2 : Samia Almoughrabie, Chrisse Ngari, Laurent Guillier, Romain Briandet, Valérie
Poulet, and Florence Dubois-Brissonnet, Rapid assessment and prediction of
preservative efficiency in cosmetic products using High Content Screening – Confocal
Laser Scanning Microscopy. Accepté le : 29 juin 2020.
Communications orales :
143
Titre : Évaluation et prévision de l’activité antimicrobienne des conservateurs dans des formulations cosmétiques.
Mots clés : distribution spatiale des bactéries, Challenge-tests, inactivation bactérienne, conservateurs, microscopie confocal à balayage
laser.
Résumé : La plupart des produits cosmétiques sont sensibles à la artificiellement inoculés dans des formules cosmétiques, grâce
prolifération microbienne, notamment du fait de leur composition à une méthode associant la microscopie confocale à balayage
riche en eau, de leur conservation à température ambiante et de laser (MCBL) et l’analyse d’images. Nous avons pu montrer que
leur utilisation en plusieurs fois. La gamme de conservateurs plus la viscosité des formules et/ou de l’hydrophobicité des
utilisables se réduisant, notamment à cause du durcissement de la bactéries augmentent, plus la distribution spatiale des bactéries
réglementation, il devient indispensable de déterminer avec est hétérogène. De plus, nous avons mis en évidence qu’une
précision la capacité de conservation des formules cosmétiques distribution spatiale hétérogène pouvait induire une variabilité
pour prévoir leur durée de vie. Ainsi, l’objectif de cette thèse est des résultats de dénombrement lors des Challenge-tests.
de mieux comprendre, de prévoir et d’optimiser le fonctionnement Une méthode rapide a ensuite été développée pour évaluer et
des systèmes conservateurs au sein des matrices cosmétiques. Il prédire l’action des conservateurs dans les formules
s’agira tout d’abord de comprendre le rôle de la matrice cosmétiques. Cette méthode est basée sur l’acquisition de
(composition et structure) sur la répartition spatiale des données d’inactivation bactérienne obtenues sur des temps
microorganismes dans les formules cosmétiques, puis de mettre courts par MCBL et sur la mise en place de modèles
en place une méthode permettant d’évaluer et de prédire l’action mathématiques d’inactivation. Elle a permis de prédire le
des conservateurs au sein de ces matrices. Le Challenge-test est nombre de réductions logarithmiques des populations
aujourd’hui encore la méthode de référence pour l’évaluation de bactériennes sur des temps longs, de même ordre de grandeur
la protection antimicrobienne d’un produit cosmétique mais il que les temps définis dans les challenge-tests. Cet outil devrait
présente cependant un certain nombre de limites, notamment du ainsi permettre aux industries cosmétiques de gagner du temps
fait de la lourdeur des expérimentations et du délai d’obtention dans l’optimisation de la protection antimicrobienne des
des résultats. Nous avons tout d’abord cherché à identifier les formules cosmétiques.
déterminants de la distribution spatiale de Staphylococcus aureus,
Keywords : bacterial spatial distribution, Challenge-tests, bacterial inactivation, preservatives, confocal laser scanning microscopy.
Abstract: Most cosmetic products are susceptible to We demonstrated that the higher the viscosity of the formula
microbiological spoilage, which is particularly due to the high- and / or the higher the bacterial hydrophobicity, the more
water content in its composition, to the room temperature storage heterogeneous the bacterial spatial distribution. The
and to the consumer usage. The range of usable preservatives is heterogeneity of the spatial bacterial distribution of the formula
reduced, in particular because of the tightening of the regulation. can induce variability in the enumeration results during
The objective of this PhD is thus to better understand, predict and Challenge-tests.
optimize the efficiency of the preservation systems in cosmetic A rapid method was then developed to assess and predict the
formulas. Moreover, we aimed to understand the role of the matrix action of preservatives in cosmetic formulas. This method is
(composition and structure) on the spatial distribution of based on both the acquisition by CLSM of bacterial inactivation
Staphylococcus aureus in cosmetic matrices, and to implement a datasets over short periods of time and the implementation of
rapid method able to predict the action of the preservatives within mathematical inactivation models.
these matrices. The Challenge-test is the referenced method for Thus, it was possible to predict the number of bacterial
evaluating the antimicrobial protection of a cosmetic product but logarithmic reductions on long times that are relevant to
it has a main limitation which is relative to the time-consuming challenge-test duration. This tool should allow the cosmetic
protocol and to the duration of the whole test. industries to save time in optimizing the antimicrobial
Hence, we first identified the determinants of the spatial protection of cosmetic formulas.
distribution of Staphylococcus aureus artificially inoculated in
cosmetic formulas using a method combining confocal laser
scanning microscopy (CLSM) and image analysis.
Université Paris-Saclay
Espace Technologique / Immeuble Discovery
Route de l’Orme aux Merisiers RD 128 / 91190 Saint-Aubin, France