A Travers Le Fouta-Diallon Et [...]Noirot Ernest Bpt6k5814104f
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Le Bambouc (Soudan
occidental) / Ernest Noirot
A TRAVERS
LE
FQÛTA-DIALLON
-',,:è LE BAMBOUG
(SOUDAN OCCIOE.MAI.)
PARIS
LIBRAJRIE MARPON ET FLAMMARION
E. FLAMMARION, SUCC*
tO, RUB RACINE, PRÉS i/ODÉON
INTRODUCTION"
LE CAP-VEKT
II
LE R10-NUNKZ
111
BOKE
IV
MAUVAIS PRÉSAGE?
— Non!
— Si !
.
— Non! etc.
Cesl un tohu-bohu indescriptible.
A l'instant du départ, un essaim d'abeilles, qui s'abat
dans la cour, met le comble au désordre. La plupart de
ces noirs, douillets comme des jeunes filles, se sauvent
de tous côtés. Plusieurs, qui sont piqués, rentrent chez
eux ; impossible de les rallier et quatorze charges restent
sans porteurs.
,1> ^ .
MAUVAIS PRÉSAGES 4t
A >eP^ heures, sachant que les noirs ne sont jamais
pressés de partir et ne voulant pas compromettre le
dépari, le docteur Bayol monte à cheval et ouvre la
marche. '
Quand nous passons devant le poste, qui salue de
deux coups de canon le pavillon de la mission, le
commandant, le médecin et toute, la garnison nous
serrent une dernière fois la main.
Suivant la direction de l'Est, nous ne tardons pas à
entrer dans la forêt, que nous ne quitterons plus qu'à
de rares intervalles. Notre caravane n'a rien d'une
colonne; marchant en désordre, nous tenons une lon-
gueur de trois kilomètres.
Il est vrai que le sentier est étroit et rocheux, embar-
rassé de racines, d'arbres renversés, ce qui rend la
marche difficile. A chaque instant il faut, à l'aide de
la hache et du sabre d'abatis, élargir le chemin afin de
ermeltre aux mulets de passer.
Les Ouolofs, qui n'ont pas l'habitude de porter sur la
tête et qui habitent un pays où il n'y a que du sable,
trouvent les roches ferrugineuses peu de leur goût; ils
*murmureht et s'arrêtent à chaque instant. Les autres
porteurs, Kraomans, Landoumans et Peuhls, marchent
sans se plaindre. S'ils n'ont pas plus que le poids régle-
mentaire sur la tête, la nature du sol leur importe peu,
ils ont l'habitude des roches; aussi se moquent-ils des
Ouolofs qui font piteuse mine.
La façon de marcher de ces gens qui font métier de
porteurs, est assez curieuse. Ayant assujetti leur charge
dans une grosse corbeille, étroite et longue, faite avec
les lianes de la brousse, tenant à la main un bâton en
bambou de leur taille, la charge bien assise sur leur
tête, tes- porteurs courent pendant un quart d'heure
environ et, avisant un arbre au tronc peu élevé et four-
chu, ils y posent leur ballot en équilibre et le soutien'
nent avec leur bâton. De cette façon, lorsqu'ils »e
42 A TRAVERS LB FOUTA-DIALLON
remettent' en route, ils n'ont besoin d'aucuq secours
pour se recharger. Tout te long du sentier, à droite ou
à gauche, on rencontre des arbres, à l'écorce usée, qui
serrent de chèvre-à-porleur.
A midi, par une chaleur de 37* centigrades, après
avoir traversé d'épais taillis, des plaines dénudées, se-
mées de pierres ferrugineuses, franchi à gué deux cours
d'eau assez larges, je rejoins le docteur, qui, arrivé depuis
une heure a la station, a fait installer le campement.
Contre notre attente, il n'y a pas la moindre trace de
village à Banlam-Koutou. C'est une clairière qui lire
son nom d'un- énorme fromager (bombax Binténier),
sur lequel le tonnerre est déjà tombé deux fois; un
petit torrenl coule au pied du binténier.
Bantam-Koulou signifie Binténier du tonnerre.
Le voyage s'annonc; mal. M. Billet,'en proie à un
violent accès de fièvre, est é.tendu à l'ombre d'un gourbi
dressera la hâte. Il prévoit qu'il ne pourra supporter les
fatigues de la route et demande .à rentrer en France.
Comme M. Billet est chargé de la partie scientifique de
la mission, ses services nous feront grand défaut. Mais
il n'y a pas à hésiter, sa forte constitution n'est pas
faite pour ces chauds climats. Son départ est décidé el
demain, avant le jour,- escorté de trois hommes, il re-
tournera à Boké (1).
Au passage d'un ruisseau, appelé Oré-Maoba, l'em-
barras de la rive opposée nous contraint à décharger les
mulets. Celui qui porte mon bagage photographique
ne peut franchir ce passage et tombe pour ne plus se
relever.
•
Pourtant, si ta roule nous semble pénible, pour les
(1) Deretour en France, M. Billet fut attaché, en qualité
d'astronome, à la mission du docteur Crevaux, chargée d'ex-
plorer le rio de La Plata. La mission, on le sait, fut complè-
tement massacrée par les Indiens Tobas.
F^Tv MAUVAIS PRÉSAOBS 43
ndigènes ce n'est qu'un jeu. Un homme, parti de Boké
à dix heures, est arrivé ici à midi. Il nous apporte
quelques pains-qui nous font grand plaisir, car notre
cuisine n'est pas encore installée.
Les Ouolofs,qui décidément sont de mauvais porteurs,
arrivent tous en retard : ce n'est qu'à deux heures que
les traînards rejoignent le campement.
Pour nous reposer des fatigues de cette première
marche, une. violente tornade, qui dure deux heures,
nous inonde.
Comme nous n'avons plus, de moyens de transport,
il est décidé que mon bagage de photographie retour-
nera & Boké. Les noirs de l'intérieur n'auront pas leur
portrait aussi ressemblant que nature I
Après notre frugal dîner, chacun s'installe de son
mieux pour dormir. Une couverture étendue sur la terre
humide nous sert de matelas; abritée de la pluie par
un auvent dé paille, notre chambre à coucher laisse
bien à désirer... mais en voyageI Cependant, la fatigue
eslun excellent somnifère et chacun de nous ne tarde
pas à dormir.
A quatre heures du malin, je me réveille, un peu
courbaturé. Profitant du départ de M. Billet, je le charge
de quelques lettres. Le pauvre garçon nous quitte avant
le jour; en nous,disant adieu, il pleure à chaudes
larmes.
A six heures et demie, nous levons le camp.
Parcourant un chemin encore plus mauvais que la
veille, montant, descendant, traversant, porté sur le
dos d'un noir, deux ruisseaux assez profonds, au sortir
d'une belle forêt, à onze heures et demie, j'arrive sur
un plateau dénudé.
— Pompo I me dit masler Rider, notre interprèle.
Encore une déception, pas de village. O.nbragés par
quelques arbres, trois gourbis servant de campement
aux caravanes. Voilà Pompo! On tue un boeuf pour deux
44 A TRAV8R9 t> FÔUTA-DIALLON
jours de rations. Messieurs les noirs n'ont pas besoin
dtr concours d'un bouclier pour tuer, dépecer et diviser
très proprement un iùto de bétail, quelle qu'elle soit.
En ma qu&lhè d'officier dé gamelle, je garde pour nous
filet', cervelle', foie, rognons, plu* un morceau de culotte
pour le pot-au-feu.
Jacques, notre cuisinier, nous fait un déjeuner succu-
lent. Ça manque bien un peu d'assaisonnement, mais
quand on a faiml Du reste, loin de se plaindre, mes
compagnons complimentent mossieu Jacques pour sa
bonne cuisine, et le maître d'hôtel pour son menu varié.
Notre camp a une physionomie pittoresque! Où, ce
matin, il n'y avait que trois cases délabrées, od voit
un vrai village, composé de gourbis de toutes les formes.
Les noirs sont réunis par groupes et les marmites
fument. Malheureusement, une violente tornade qui
éteint les feux vient jeter un peu de désarroi dans notre
ville passagère.
Les feux de nuit allumés, les sentinelles placées, nous
soupons, puis nous nous endormons.
Il était écrit que les débuts de notre voyage seraient
hérissés de difficultés. Le jeudi 19 mai, partant en tête
de la caravane, je n'avais pas fait trois kilomètres qu'un
envoyé de Bayol venait me prévenir de retourner au
campement. Croyant à une erreur de route, je reviens
en toute hâte, entraînant les hommes qui m'avaient
suivi. Je trouve notre camp sens dessus dessous. Brus-
quement, le docteur Bayol m'annonce que la mission est
terminée, parce que les porteurs peuhls, pleins de
mauvaise volonté, laissent à terre les charges les plus
indispensables.
— Duresto, ajoute-t-il, Moustier vient de le déclarer
lui-même, avec ces gens-là nous n'atteindrons pas Bam-
baya et nous courons le risque de manquer de vivres
en pleine brousse. J'ai donc décidé que les porteurs, la
plus grande partie des bagages, Moustier et vous, alliez
MAUVAIS: PRiSAOBS 45
retourner à Boké. Quant à moi, je continuerai le voyage
avec le strict nécessaire en hommes et en marchandises.
Malgré toute la peine que me cause cet ordre fâcheux,
jene réplique rien. En sa qualité de chef de mission, le
docteur avait une grande responsabilité; je devais donc
me soumettre à sa décision. Le coeur navré, j'allai
m'asseoir dans un coin de la case.
J'étais livré à mes regrets, quand le .
docteur me dit :
— Vous comprendrez, mon cher Noirot,le sentiment
qui me fait prendre celte décision à votre égard. Mous-
tier n'a pas confiance dans les porteurs qu'il a recrutés,
mais il n'a pas trouvé mieux. Pour lui, nous courons à
notre perte. Nous ne pouvons guère compter que sur
nos Ouolofs qui, s'ils sont braves, sont <le détestables
porteurs. Eh bien I au nom de l'amitié que j e vous porte,
au nom de votre famille, de vos amis, je ne veux pas
assumer la responsabilité de votre existence. Si je devais
rentrer en-France sans vous, les personnes qui vous
aiment me blâmeraient de vous avoir entraîné.
— Docteur, lui dis-je, c'est après de mûre? réflexions
que j'ai entrepris ce voyage. Le jour où, sur votre pro-
position, M. le ministre de la marine a décidé que j'é-
tais attaché à votre mission, j'ai fait le sacrifice de ma
vie, sachant très bien quelles étaient les difficultés d'un
pareil voyage. Pour moi, le retour est une honte et, je
vous le dis franchement, je préfère laisser ma vie dans
les brousses que de rentrer si tôt.
Parfait I je vous ai prévenu ; si vous consentez à
—
m'accompagner, venez. Mais, je me dégage de toute
responsabilf'é envers vous et les vôtres.
Il est donc décidé que je continuerai à suivre la
mission.
Réduisant notre personnel à trente-trois Ouolofs, dix
Landoumans, dix Kraomans, cinq Foulahs, Hamadou-
Ba, John Rider, Alfa Oumarou, Boubakar, l'envoyé de
Youra, Souléman et ses deux frères comme guides, plus
46', "
*
A TRAVERS LE FOUTA-DIALLON
trois femmes, nous ne gardons que les marchandises
strictement nécessaires et deux caisses «de provisions
de. bouche. **
M. Moustier retournera à Boké, avec quarante por-
teurs, nos vivres conservés et des ballots trop embar-
rassants, qui pourraient nous être envoyés plus tard.
La journée s'achève tristement. Mais, le soir, profi-
tant de la clémence du ciel, qui ne nous, envoie pas de
tornade, nos Ouolofs, en véritables sans-soucis, font
bruyamment tam-tam.
VALLÉE DU TJGUIL1NTA 47'
VALLEE DO TIGU1LINTA
VI
BAMBAYA
VI
VALLÉE DU KAKRIMA
VIII
TIIIERNO-MAIIADIOU
IX
A P0UC0UUBA
Xi
TIMBO
—
Jette aussi des feuilles, me dit mon domestique.
J'apprends que c'est la sépulture d'un grand chef mort
dans an combat qui a eu lieu à cette place.
La clairière se déboise de plus en plus pour faire
place aux cultures; le coup d'ceil est magnifique. Bien
au-dessous de moi, j'admire la belle vatlée où esl bâti
le grand village de Eriko, dont les nombreuses cases
éparpillées se cachent sous des orangers. Bornée au
premier plan par le fello Férelndé, la vallée suit dans
la direction du N.-O. au S.-E. le pied des pelle (pluriel
de fello) Dimbi, Talévi, Tiélivi, dont les échancrures me
laissent voir vers l'est une chaîne de montagnes située
au-delà de Donhol-Fella. Le mauvais état de la route
m'oblige à faire cette étape de quatorze kilomètres à
pied. Aux premières cases du village mon jeune guide
me demande de monter le mulet pour entrer au village:
asssi excite-t-il l'envie des gamins qui le regardent
passer.
J'apprends par quelques femmes que Modi Diogo est
absent et que je ne puis entrer sans sa permission. Au
bout d'uue demi-heure, arrive un jeune homme à che-
val, qui dit se nommer Modi Yaya (Jean) et être le fils
de Modi-Diogo. 11 m'installe immédiatement dans une
case et fail prévenir son père de mon arrivée. Vers le
soir, Modi Yaya vient me saluer de la part de son père
qui actuellement est dans un de ses lougans sur le fello
Fereindé ; il ajoute qu'il lui est recommandé de me bien
traiter et que le lendemain malin il me fera conduire
à Fereindé. Soit t
Je n'ai rien pour faire ma cuisine, car j'ai compté sur
la libéralité de mes hôtes, et je trouve que le déjeuner
se fait bien attendre. Six heures, sept heures du soir
arrivent et je suis encore à jeun. Mes hommes, qui
cependant ont grignoté des têtes de mais toute la jour-
née, sont impatients de prendre quelque chose de plus
substantiel et se plaignent d'être bien délaissés. Je leur
120 A TRAVERS LE FOUTA-DIALLON
XII
— Malecomsalam, Abal.
— Yiens avec moi dans le village.
— Non, je ne veux pas aller dans le village, je reste
ici.
— Yiens, reprit Abal, viens dans ma maison, je te
ferai soigner.
— Non, je ne veux pas aller dans ta maison, Abal, je
veux mourir ici ; fais-moi tuer.
— Comme tu voudras I
Et Abal partit dans sa maison et dit aux captifs :
Prenez des bâtons et allez tuer l'Almamy, qui est assis
sur le bord du liangol.
Alors les captifs ont tué l'Almamy avec des bâtons
parce que le sabre ne coupe pas la peau des grands
marabouts.
Mamadou, qui était le fils de l'Almamy, dit aux autres
Peulhs :Mon père ne vient pas, il faut aller le cher-
cher. Mais quand il a vu que l'Almamy était mort, il
s'est assis à côté et on l'a tué.
Ba-Palé, qui était l'autre fils de l'Almamy, est venu,
il s'est assis et on l'a tué. Et puis après, cinquante
^Peulhs qui étaient des hommes de l'Almamy sont ve-
nus et on les a tués. Pendant toul le temps qu'on tuait
138 A TRAVERS LE FOUTA-DIALLON
.
—
i\\nl
— Si, il l'a mérité I
Etc.
Pendant ce temps, un homme désigne d'avance se
promène autour du patient et, pendant que celui-ci suit
la conversation avec le vague espoir d'obtenir sa grâce,
d'un coup de sabre habilement donné, le bourreau lui
abat la têt,;. L'habileté dans cette opération consiste à
ne pas s'y reprendre à deux fois et à rattraper la tête
sur la pointe du sabre.
Les récidivistes sont pour ainsi dire inconnus.
Avec de l'argent on peut racheter sa peine, mais il en
faut beaucoup.
Par exemple, on n'accusera pas les habitants du Fouta
de vanter la supériorité de leur race, car depuis que
nous sommes en relations avec eux, ils n'ont cessé de
nous dire :
— Fais bien attention; le Foulah n'est pas bon, il est.
menteur et voleur I
Cependant, je dois dire que, malgré l'avertissement
qui nous a été donné par l'Almamy, aussi bien que par
le dernier de ses sujets, rien jusqu'à présent ne nous a
été dérobé, si ce n'est un thermomètre «font quelques
gamins, sans doute, auront fait un jouet.
Les chefs du pays jouissent d'un grand prestige auprès
des administrés. C'est avec un iesp et mêlé d'admiration
que les Peulhs prononcent le nom Alnvuny et, si le roi
reçoit indistinctement le dernier des car tifs et le pre-
mier de ses sujets, on ne l'aborde jamais sans s'incliner
.
profondément en lui touchant la main.
Tu vois que ce peuple cultivateur et guerrier est très
142. A TRAVERS LE FOUTÀ-DIALLON
intéressant et que, si l'on voulait établir des comparai-
sons, nous leur serions peut-être inférieurs sur plus
d'un point.
Pour clore ma lettre, quelques nouvelles sur notre
santé. Bayol va couci-couci et moi de même; nous
sommes fatigués et la fièvre nous tourmenté de temps a
autre.
Quant à nos animaux, & part un mulet à peu près
valide et un autre incapable d'aucun service,-ils sont
tous morts. 11 est vrai que nous les avons remplacés pat
deux singes et un youyou (sorte de perroquet).
Nos hommes nous causent parfois des ennuis; il faut
.
crier sans cesse et les raisonner comme des enfants. II y
a deux jours, ils voulaient faire « la révolution »,
comme ils disent; l'un d'eux a même été blessé d'un
coup der sabre à la jambe; tout cela.pour une ration
de riz. L'Almamy les a fait appeler chez lui, les a ser-
monnés et a promis qu'à la prochaine mutinerie il y
aurait distribution de coups de fouet; l'ordre a été ré-
tabli immédiatement.
Enfin, en terminant celte courte étude sur les habi-
tants du Fouta-Diallon, je dois rendre hommage à leur
urbanité et à leur hospitalité vraiment écossaise. J'en
garderai le meilleur souvenir
LE8 PEULHS CHEZ EUX 143
XIII
XIV
XV
XVI
XV11
MAVAK0NO
XV11I
LE PAYS DE LOR
•
Marogou, dont le nom signifie pays du riz, est un
village de six à septcenls habitants,tousMalin'ké. C'est
la capitale d'une petite république, appelée le Sirimana.
De belles cultures de riz couvrent les environs et de
grands boeufs pâturent autour du village.
L'or y est aussi commun qu'à Mamokono et le Diali-
Kobé, qui porte ses eaux à la Falémée, en charrie des
paillettes.
Ce village n'a pas de tata général, mais plusieurs
propriétés sont entourées de hautes murailles en terre.
Là jeunesse y est très gaie ; tous les soirs il y a tam-
tam. Le /ils du chef, Mahka, jeune homme de dix-sept
ans, est )o boute-en-train de toutes les fêtes. Il se mul-
tiplie, il fait la cour à toutes les jeunes filles, qu'il
cherche à captiver par l'élégance affectée de son cos-
tume... C'est un gommeux. Il danse, bat du tam-tam,
joue du koru et dirige les musiciens. 11 est le chef de la
fanfare de Marogou.
Les habitants ont de belles coquilles qui servent à
ramasser le sable d'or qu'ils trouvent en grande quan-
tité dans le Diali-Kobé. On nous rapporte, prises dans
ce ruisseau, des moules vivantes, aux coquilles nacrées,
qui ont de huit à dix centimètres de longueur.
Après trois jours de négociations, le chef, Moury-
Moussa, son frère, Salomon Moussa el son fils, Mahka,
signent avec nous un traité par lequel le pays est ouvert
aux Français et placé sous notre protectorat.
Pendant notre séjour, la température a varié entre 3i
et 26 degrés.
Nous quittons Marogou, le 3 novembre, le jour de la
Tabasquie, grande fête musulmane. Pour complaire à
notre escorte, nous faisons halte sur le bord d'un ruis-
seau. Les croyants font de grandes ablutions, se rangent
en triple ligne, la face tournée du côté de l'Orient, et
Gibril Sangomar N'Dyaie entonne le grand Salam.
Quelques-uns de nos hommes, sceptiques en matière
208
.
' A.TRAVERS LE FOUTA-DIALLON '
religieuse, -regardent leurs camarades d'un air gogue-
nard et l'un d'eux même me dit : « Tout ça, c'est des
bêtises.»
' A'onze heures, nous atteignons la rive gauche de h
<
Xl\
LE ROI DAMAS
•
composé de cinq tambours de différentes dimensions,
' d-j six trompes faites avec la corne du koba, de trois
;
flûtes et de deux petites guitares.
Damas articule une phrase qui signifie sans doute :
.
que la fête commence! et les instruments jouent l'ou-
;v; verture.
; v
Le docteur m'a souvent vanté les tams-tams bam-
' baras ; dans le Bambouc, j'ai assisté à ces danses plus
|. ou moins sauvages qu'exécutaient les femmes mal'inké ;
F mais nulle part je n'ai vu rien de semblable au ttm-tatn
7 que Damas nous offre. Ce ne sont plus des pas incohé-
rents comme da.m? le Bambouc ;c'esl un véritable baUet,
224 A TRAVERS LE FÔUTA-DIALLON
coupé en plusieurs parties : tragédie mimée et savam-
ment interprétée par de vrais artistes.
Le ror Damas a donc donné l'ordre de commencer.
Deux femmes voilées, accompagnées d'un joueur de
flûte, se détachant du groupe des musiciens, viennent
courtoisement saluer le roi, et retournent à leur place.
Puis, pendant que les tambourins battent une marche
lente, que les cornes lancent des notes mélancoliques,
les deux femmes Voilées entonnent une mélopée triste
et rythmée ; ensuite, précédées du joueur de flûte qui
soutient leur chant, elles font lentement el à pas déme-
surés le tour du cercle. Quand la phrase chant.ee est
achevée, la flûte joue une courte ritournelle puis re-
prend avec les chanteuses. Tout le temps que dure
cette scène, les assistants battent des mains pour mar-
quer la mesure.
On m'explique que ces femmes chantent la gloire des
vieux Massassis et excitent les jeunes guerriers à com-
battre les Toucouleurs, à les exterminer et à reprendre
possession du sol où dorment leurs pères. C'est le pré-
lude.
Cette scène est suivie d'une partie de trompe avec
accompagnement de tambourins ; puis un homme assis
à nos côtés se lève, saisit un fusil, salue le roi et entre
en scène. Alors un des assistants vient lui prendre sou
arme, par trois fois la lève en l'air et la lui rend. Celte
figure indique que c'est un fils de roi qui va danser.
Ce prince mime une scène tragique ; ses gestes sont
nobles, amples et gracieux. Le guerrier s'adresse à un
ennemi invisible ; il semble implorer le ciel pour en
obtenir la victoire et, avec des gestes menaçants, pro-
voquer un adversaire imaginaire. Le lutte s'engage, il
tient l'ennemi au bout de son long fusil... et le tue !
XX
CONCLUSION
FIN
TABLE DES CHAPITRES
INTRODUCTION 5
I. — Le Cap-Vert 13
II. — Le Rio-Nunei 1»
III.
IV.
- Mauvais
Boké
présages
W
40
—
V. — Vallée du TiguiUnta V>
YI. — Bambaya 51
VII. — Vallée du Kakrima <»
' VIII. — Thiemo-Mahadïou 7«
IX. — A Foucoumba 83
X. — L'Almamy Ibrahïma-Sory' 99
XI. — Timbo 103
Xtl. — Fragments d'histoire peulh it$
XIII. — Les Peulhs chei eux H3
~:
XIV. — Le conseil des Anciens
. . .......
XV. — Les sources de la Gambie et du Rio-Grande
[ XVI.
1*5
177
— Le Taoïgué et le NMocolo 186
XVII. — Bîamakono 197
XVIII. — Le pays de l'or «oa
XIX. — Le roi Damas *i8
| XX. — Là danse et la musique au Soudan ?î9
CONCLUSION- <JO
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'*x ?35. Ie Fauhurg Saiil-Antoin*.
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II. . Vogage* de Gullite,;
SWIFT. . . .•
40. RENE MAiZEROV Soutenir*«"M OgJcIer.
41. ARSENE* HOCSSAYE Lucia.
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43. PAUL BONNETAIN An Large.
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46. yEAN RICHEPIN Quatre pel'l* Romani.
47./RMANO SILVESTRE. . . . Histoires Jogeutes.
48. PAUL OHORMOYS- Sous le* Tropiate*.
4». VILLIERS OE L'ISLE-AOAM. Le Setret de ttchcfaud.
50. ERNEST DAUDET JOUrda» C—ft-ltte.
51. CAMILLE FLAMMARTON. . . Rire*iMU*.
5t. MADAME 4. MICHELET. . . Mémoires tune Enfant.
53. THÉOPHILE GAUTIER . . . Artter. — Fort au».
54. CHATEAU8RIANO Alal*. —René, Denier Abenrénge.
55. IVAN TOURGUENEFF. . . Récits tu* Chasseur.
M. L.JACOLLIOT 1-e Crime du Moulin d'User.
57. p. BONNETAIN Marsouin* et Matkur»t.
58. A. OELVAU Mémoire* d'are Honnête Fille.
5$. RENÉ MAIZEROY \euknof.
60. GUÉRIN-OINISTY La Fange.
«I. ARSÉNE HOUSSAYE Madame.Trots-Etoile*.
Si. CHARLES AUBERT La Belle Luciole.
Si. MIE O'AGHONNE L'Ecluse de* ùtJatrt;.
S4. L'Héritage.
65.
66.
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CH. OIGUET.
...
GUY DE MAUPASSANT. .
........
CATULLE MENOÉS. M'Étire* parisiens (nouvelle tint).
Moi et t"Autre (ouvrage couronné).
Vengeance de Forçai*.
L.JACOLLIOT
68. HAMILTON ïlèmeire* da Chenlier de Grammonl.
Ml*.
69.
70.
71.
MARTIAL MOULIN
CHARLES OESLYS-
FRÉDÉRIC SOULIÈ.
.....
-.
L'AUaU.
Le Lion Amoureux. i
7i. . . Le* Amour* de Jacquet.
KF.CTOR MALOT
73. EDGAR POÉ Conte* extraordinaire*.
. La Rerauchéd'Orge*.
74. EOOUARD BONNET
75. THÉo-CRiTT Le Sénateur Ignace.
76. ROBERT-HALT Brare Garçon.
77. JEAN RICHEPIN Les Mort* hiurre*.
78. -. JNY RÉVILLON Koémi. — La Babille de laBc art J.
7». TOLSTOI Le Romen du Mariage. —••
. 80.
81.
FRANCISQUE SARCEY-
HECTOR MALOT
...Le Siège de Pari*.
Madame Oberain.
82. JULES MARY Vu coup de Rttolcer.
83. GUSTAVE TOUDOUZE. . . . Les Cauchemar*.
84. STERNE Yogage Sentimental.
83. MARIE COLOMBIER XathalU.
&*'"' ' —3 —
ÎANCRÉ0E, MARTEL. La Main aux Dames.
. . . LAmU
LEXANCRE HEPP de Madame Alk*.
igfÇLAUOEDESBEAUX
VIGNON Vertige
MILE La Petite Metditinle.
,'CHARLES MÉROUVEL.
. . . Caprice de* Dame*.
-MADAME ROBERTHALT. . . La Petite Laure.
ANDRÉ THEURIET Lueile Dèstuetot. — Une Online.
*BOOAR MONTEIL Jean det G vitre*.
"CATULLE MENOÈS Le Crutl Berceau.
8ILVIO PELLICO Met Prisant.
, MAXIME RUDE Lut Victime de Courent.
,.MAURICE jOGAi{o(lait-ïarà). L'Enfoui de la Ft-lle.
EDOUARD SIEBCCKEr.
. VALLERY-RAOOT . . Journal t t
La Baiser Odile.
un Volontaire d un an m. t&sxah).
.«VOLTAIRE ZaJig. — Candide. — Micromfgai.
' .CAMILLE FLAMMARION- Yogaget rt Ballon.
HECTOR MALOT . . Car*.
61.. EMILE ZOLA Xantat.
...
14. MAOAME LOUIS FIGUIER. .' Le Gardian de la Camargue.
65. ALEXIS BOUVIER. ..... Let Peti'et Outrièret.
04. GABRIEL GUILLEMOT. . . Maman Ckaulard.
«. JEHAN SOUDAN
M. GASTON D'HAILLY. ...
. Histoire* amèricainet (illiutreei}.
Fleur de pommier.
8. IVAN TOURGUENEFF. . . Prtmier Amour.
. OSCAR MÉTÉNIER.
... La Chair.
II. GUY OE /iAÛPASSANT. Hitloire tune Fille de Ferme.
I. LOUIS BOUSSENARO. . . . . Aux Antipodet.
3. PROSPER VIALON L'Homme t* Ckien mue!.
4. CATULLE MENOÈS Pour lire au Courent.
». MIE O'AGHONNE L'Enfant du Fosti.
6. ARMAND SILVESTRE. . . Hittolret folilres.
OOSTOIEWSKY . Ame d'Enfant.
I.. EMILE OE MOLÊNES. . . PdlottC.
Il, ARSÈNE HOUSSAYE Let Larmes de Jeanne.
.ALBERT CIM Lu Promue* d'une Fille.
ir~HECTOR MALOT Le Mari de Charlotte.
». EMILE ZOLA La Fête à Coqterille.
13. CHAMPFLEURY Le Violon de faïence.
tl. A. EXCOFFON. .
.LÉON CLADEL.
!S. MAXIME RUOE.
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......-. Le Courrier de Lion.
.... Crile-Rouge.
Le Roman tunt Dame fhwr.ev.
37. PIGAULT-LEBRUK
tS. CH. AUBERT.
t*.'c. CASSOT
10. CHARLES MONSELET.
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MOUtieUT Botte.
La Marieuse.
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. . La Vierge Irlande.
Le* Ruines de Paris.
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;-ALPHONSE DAUDET. . . . Let Débuts tua Ifovmtii LUtret
•Tôûis-NOIR La Vêuut cuirrée.
.ALPHONSE DE LAL'NAY. . . Mademoiselle Mignon.
.ALFRED OELVAU l-t grand et le petit Trottoir.
U: MARC DE MONTIFAUO.
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3»;rTONY RÉVILLON.
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37. AD. BELOT ETE. DAUOET.
38 PAULSAUNIÈRE
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L'Exilé.
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tt.-MAOAME JUDITH GAUTIER. Let Cruautés de l'Amour.
4j».-.oucw* DE LAFOREST. Bellc-ManuM.
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