DISCOURS MINFI OK
DISCOURS MINFI OK
DISCOURS MINFI OK
REPUBLIC OF CAMEROON
----------
MINISTERE DES FINANCES
MINISTRY OF FINANCE
NOVEMBRE 2024
0
Madame la Présidente de la Commission des Finances et du Budget de
l’Assemblée Nationale,
C’est avec un plaisir toujours renouvelé que je prends la parole devant votre
auguste Commission, pour présenter aujourd’hui, conjointement avec le Ministre
de la Décentralisation et du Développement Local (MINDDEVEL), le projet de loi
portant fiscalité locale, texte fondamental pour le renforcement de l’autonomie
financière de nos Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD).
- les innovations majeures qu’il introduit pour répondre aux défis et corriger
les insuffisances identifiées dans l’application du dispositif en vigueur.
1
En ce qui concerne le contexte, le projet de loi portant fiscalité locale a été
élaboré en droite ligne de l’objectif d’accélération et d’approfondissement du
processus de décentralisation voulu par le CHEF DE L’ETAT, avec comme impératif
majeur, le renforcement de l’autonomie financière des CTD. Cet impératif
constitue d’ailleurs l’une des recommandations fortes des Assises Générales de la
Commune organisées les 06 et 07 février 2019 sous le thème « Approfondissement
de la Décentralisation : la Commune camerounaise rénovée à l’horizon 2024 ».
C’est dans la même mouvance que s’est inscrit le Grand Dialogue National tenu
du 30 septembre au 04 octobre 2019, avec comme principale résolution
l’accélération du processus de décentralisation à travers la mise en place effective
des Régions.
2
Honorables Députés, Membres de la Commission des Finances et du
Budget de l’Assemblée Nationale,
- l’analyse des statistiques révèle en outre que trois (3) impôts locaux, sur la
trentaine que compte le dispositif actuel, constituent à eux seuls plus de
90% du rendement global. Se pose alors la question de la pertinence du
maintien de ce mille-feuille fiscal à l’utilité non attestée par les chiffres ;
3
- la faible implication des CTD dans la gestion de la fiscalité locale constitue
un handicap dans la mobilisation des recettes locales. En effet, il faut mettre
à contribution la proximité des CTD vis-à-vis des contribuables pour
améliorer la gestion du fichier des contribuables locaux, les taux de
recouvrement, et donner un rôle plus accru aux CTD dans la sensibilisation
à la citoyenneté et au paiement des impôts locaux.
Des missions de benchmarking ont par ailleurs été conduites en vue de s’imprégner
des meilleures pratiques à l’international et de mutualiser avec les Administrations
fiscales et en charge de la décentralisation des pays à niveau de développement
comparable. Ces concertations ont permis de recueillir des expertises variées et
d’assurer une prise en compte globale des enjeux de la réforme.
Les innovations introduites par cette loi résultent ainsi de ces efforts concertés,
témoignant d’une volonté partagée de doter notre pays d’un système de fiscalité
locale modernisé et performant, en mesure de répondre efficacement aux défis
actuels et futurs.
Les principales avancées du projet de loi portant fiscalité locale, soumis à votre
examen, s’articulent autour de deux axes majeurs : d’une part, la politique
fiscale locale, et d’autre part, l’administration des prélèvements locaux.
6
- une quote-part du produit du solde transférable de la redevance
pétrolière et gazière ;
- une quote-part du produit de la redevance minière ;
- une quote-part du produit de la Taxe Spéciale sur les Produits
Pétroliers (TSPP) ;
- une quotité du produit du Fonds pour le financement des projets de
développement durable en matière d’eau et d’assainissement ;
- l’intégralité des recettes du droit de timbre d’aéroport (DTA) dont le
rendement se chiffre en moyenne à FCFA 25 milliards ;
- une quote-part de 50% du produit du droit de timbre sur carte grise.
Cette mesure rapporterait FCFA 1,5 milliard de ressources supplémentaires ;
- une quote-part de 60% du produit de la redevance d’utilisation des
fréquences radioélectriques. Cette mesure rapporterait environ FCFA 5
milliards.
7
- Pour les communautés urbaines et les communes, le système actuel
est maintenu, afin de préserver la continuité et la stabilité des
mécanismes en place.
8
S’agissant des modalités de répartition de ces recettes de péréquation, il est
proposé d’ajouter au critère démographique actuel deux nouveaux critères : le
taux de pauvreté, pour orienter davantage de ressources vers les collectivités les
plus défavorisées, et la superficie, afin de tenir compte des coûts accrus liés à
l’ampleur géographique. Ces ajustements visent à garantir une répartition plus
équitable et adaptée aux réalités locales, tout en maintenant la retenue minimale
de fonctionnement pour assurer une base de financement stable des collectivités
territoriales décentralisées.
Face aux limites du système actuel, marqué par une pluralité de taxes communales
(21 au total), des assiettes restreintes, un rendement insignifiant et des coûts de
collecte élevés, le projet de loi propose des mesures ambitieuses et ciblées. Il s’agit
de :
9
- la fusion de trois (03) redevances en un droit d’occupation des parkings, des
parcs de stationnement et des quais ;
Le projet de loi portant fiscalité locale propose donc une redéfinition de la Dotation
Générale à la Décentralisation (DGD) en précisant que la fraction des recettes de
l’Etat affectée à ce mécanisme est calculée sur la base des recettes budgétaires,
base caisse du budget général de l’Etat, nettes des remboursements des crédits
TVA, en excluant de la base de calcul, la portion de recettes provenant des
emprunts et dons, ainsi que des recettes d’ordre et les recettes affectées.
10
Madame la Présidente de la Commission des Finances et du Budget,
11
• la dématérialisation des procédures fiscales, incluant l’immatriculation
des contribuables, la déclaration, l’émission et le recouvrement des impôts
et taxes locaux. Cette modernisation vise à simplifier et à faciliter les
obligations fiscales, tout en promouvant une véritable culture de civisme
fiscal.
• la suppression des paiements en espèces, au profit de modes de
règlement sécurisés tels que le paiement via Mobile Tax, les paiements
auprès des guichets bancaires ou intermédiaires financiers, ou encore les
virements.
Enfin, conscient des spécificités propres à la fiscalité directe locale, le projet prévoit
des adaptations des procédures de contrôle, de recouvrement forcé et de gestion
des contentieux, pour garantir à la fois leur efficacité et leur adéquation au
contexte local.
Cette réforme ambitieuse est avant tout un engagement pour une administration
fiscale locale modernisée, plus efficace et mieux connectée aux réalités de nos
collectivités territoriales.
Par ailleurs, pour garantir une mise à disposition rapide et efficace des ressources
collectées au profit des collectivités territoriales décentralisées, problématique
essentielle pour leurs représentants aux travaux, des aménagements sont prévus
dans le mécanisme de fonctionnement du Compte unique du Trésor. Ces
dispositions incluent, notamment, l’attribution à chaque receveur des collectivités
territoriales décentralisées d’un relevé d’identité bancaire rattaché au Compte
unique du Trésor à la Banque des États de l’Afrique Centrale.
13