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SÉQUENCE 7 - QUELS SONT LES CARACTÉRISTIQUES

CONTEMPORAINES ET LES FACTEURS DE LA


MOBILITÉ SOCIALE ?

SYNTHÈSE

Partie 1 – Comment définir et mesurer la mobilité sociale ?


Séance 1 – Les différentes formes de mobilités
Mobilité géographique, mobilité professionnelle et mobilité sociale

Changement de lieu
Comparaison du lieu de résidence de résidence
Mobilité géographique
des individus

Au cours de sa carrière
Mobilité professionnelle
professionnelle
(intragénérationnelle)
Changement de
Mobilité sociale
catégorie sociale
Mobilité sociale
Comparaison du statut social des Entre 2 générations intergénérationnelle
individus ou groupes d’individus

Même catégorie sociale Immobilité sociale Reproduction sociale


entre 2 générations

On distingue habituellement trois types de mobilité sociale.

La mobilité géographique correspond à un changement de lieu de résidence des individus.


Ex : exode rural, déménagement dans une autre région ou à l’étranger.

La mobilité sociale désigne (au sens large) les changements de statut social d’un individu au cours de sa vie
ou par comparaison avec le statut social de ses parents. En effet, la société est découpée en catégories hiérar-
chisées (ex : classes sociales, Professions et Catégories Socioprofessionnelles), certaines étant considérées
comme supérieures aux autres.

Ainsi, la mobilité intragénérationnelle (appelée mobilité professionnelle par l’INSEE) désigne le changement
de catégorie sociale (et/ou de profession) d’un individu au cours de sa vie.
Ex : un cadre qui quitte son emploi pour fonder sa propre entreprise, une employée en institut de beauté qui
trouve un emploi de vendeuse et conseillère chez Sephora.

La mobilité intergénérationnelle (appelée mobilité sociale par l’INSEE) désigne quant à elle le changement de
catégorie sociale d’un individu d’une génération à l’autre (Ex : une fille d’agriculteur qui devient cadre).

Remarque : Le fait d’appartenir au même groupe social que ses parents indique une immobilité sociale ou
reproduction sociale.

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GLOSSAIRE
—Méritocratie
Hiérarchie sociale fondée sur le mérite individuel.

—Mobilité géographique
Changement de lieu de résidence d’un individu.

—Mobilité intergénérationnelle
Mobilité entre générations, changement de position sociale des individus par rapport aux générations
antérieures (père/mère, grand-père/grand-mère).

—Mobilité intragénérationnelle
Changement de position sociale des individus au cours de leur vie active.

—Mobilité professionnelle
Changement de profession d’un individu.

—Mobilité sociale
Changement de position sociale d’un individu ou groupe d’individus.

—Reproduction sociale
Fait d’appartenir au même groupe social que ses parents.

—Statut social
Position qu’occupe une personne dans la société, le prestige dont elle jouit en son sein. Selon les cas,
le statut social peut être caractérisé par différents critères : profession, propriété foncière, revenus,
pouvoir, appartenance ethnique, etc.

Séance 2 – M
 esurer la mobilité sociale : Principes de construction,
intérêts et limites des tables de mobilité sociale.
Les tables de destinée et de recrutement permettent de répondre à des questions différentes. Elles n’ont
pas le même ensemble de référence : Il faut y prendre garde pour éviter les erreurs d’interprétation des
données.

Les tables de destinée sociale Les tables de recrutement social

Le 100 % est indiqué en face de Le 100 % est indiqué en face de


la PCS du père la PCS du fils

On connaît la PCS du père. On connaît la PCS du fils (l’homme interrogé).


Il s’agit de savoir ce que sont devenus les Il s’agit dans cette table de connaître, dans une
enfants issus de certaines catégories socio- catégorie sociale actuelle, l’origine sociopro-
Principe professionnelles. fessionnelle des individus qui la composent.
On se pose donc la question : « Que devien- On se pose donc la question : « D’où viennent
nent les fils de… ? ». On se demande quel est les individus qui composent une certaine
leur destin social. catégorie sociale ? ». On se demande quel est
leur recrutement social.

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▶  Sur 100 fils d’agriculteurs, 25 sont
« ▶  Sur 100 agriculteurs, 81.1 sont fils d’agri-
«
devenus agriculteurs, 8 sont devenus culteurs, 4 sont fils d’artisans, commer-
artisans, commerçants, chefs d’entreprise, çants, chefs d’entreprise, 0.9 sont fils de
Deux
8.8 sont devenus cadres, 18.6 professions cadre, etc. »
phrases intermédiaires, etc. » On peut dire également « Sur 100 agricul-

de lecture teurs, 81.1 avaient un père agriculteur ».

 25 % des fils d’agriculteurs sont devenus
«
possibles agriculteurs, 8 % des fils d’agriculteurs  81.1 % des agriculteurs sont fils d’agri-
«
sont devenus artisans, commerçants, chefs culteurs » OU « 81.1 % des agriculteurs
d’entreprise ». avaient un père agriculteur ».

Les tables de mobilité présentent donc de nombreux intérêts : quantifier la mobilité sociale
intergénérationnelle, déterminer si la société devient plus mobile ou pas, mesurer l’impact des politiques
mises en œuvre en matière de lutte contre les inégalités et les discriminations. L’objectif des sociétés
démocratiques étant que l’origine sociale n’influence pas la destinée sociale.
Les tables de mobilité se heurtent cependant à des limites liées à l’emploi de la nomenclature des PCS,
aux évolutions (générations après générations) du prestige social accordé à certaines professions, à la
place réservée aux femmes dans ces tables et à l’existence d’une mobilité subjective non mesurée par les
tables.

GLOSSAIRE
—Autorecrutement
Dans la table de recrutement, personnes qui occupent la même position sociale que celle de leur
parent.

—Mobilité objective
Mobilité observée dans les tables de mobilité sociale au travers des flux de PCS à PCS entre parents
et enfants.

—Mobilité subjective
Ressenti qui ne peut être observé qu’à travers des entretiens menés par les sociologues auprès de
personnes ayant vécu une mobilité (ascension ou déclassement).

—Hérédité sociale
Dans la table de destinée, personnes qui occupent la même position sociale que celle de leur parent.

—Tables de mobilité
Tableaux statistiques à double entrée qui croisent la position sociale des individus le plus souvent
âgés de 30 (voire 40) à 59 ans à celle qu’occupe ou occupait leur parent au même âge. Ce sont des
outils statistiques qui servent à mesurer et analyser la mobilité sociale.

—Table de destinée sociale


Tableau statistique à double entrée qui mesure, en %, la position sociale des individus issus de
catégorie donnée. Elle répond à la question : « Que deviennent les fils (ou filles) de ? »

—Tables de recrutement social


Tableau statistique à double entrée qui mesure, en %, l’origine sociale des individus appartenant à une
catégorie donnée. Elle répond à la question : « D’où viennent les fils (ou filles) de ? »

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Partie 2 – Quelles sont les caractéristiques et les évolutions
de la mobilité sociale en France ?

Séance 1 – L
 a mobilité observée, entre mobilité structurelle et fluidité
sociale
On parle de mobilité observée pour exprimer le pourcentage de personnes qui occupent une position
sociale différente de celle de leur parent. Elle se calcule à partir des tables de mobilité et se décompose
traditionnellement en mobilité structurelle et mobilité nette.
Une part de la mobilité observée trouve son origine dans les transformations de l’économie : recul
de l’agriculture, déclin de l’industrie, montée de la société des services (tertiairisation), … Ces
transformations structurelles indépendantes de la volonté des actifs présents sur le marché du travail,
conduisent à la destruction d’emplois dans certains secteurs d’activité et à la création d’emplois dans
d’autres secteurs, et se traduisent par une mobilité structurelle. Les enfants des catégories qui perdent
des emplois vont dans les catégories qui gagnent des emplois.
Attention ! Cette mobilité structurelle n’est pas le signe que la société est socialement plus « fluide ».
Elle ne traduit pas un relâchement des liens entre origine et destinée sociale des individus mais des
déplacements contraints par l’évolution des emplois disponibles sur le territoire.
La mobilité nette désigne, quant à elle, la mobilité observée qui ne dépend pas de l’évolution de la
structure socioprofessionnelle, les changements qui se produisent en plus des mouvements contraints
par la mobilité structurelle. Ainsi, on peut écrire l’égalité suivante :
Mobilité nette = Mobilité observée – Mobilité structurelle
La fluidité sociale est une mobilité relative. Elle augmente si l’égalité des chances d’accéder à une
position sociale particulière entre fils de deux catégories sociales différentes augmente au cours du
temps. Elle permet l’étude du lien entre origine et position sociales, indépendamment de l’état de la
distribution des statuts socioprofessionnels des pères et des fils.
Quand la fluidité sociale augmente, cela signifie qu’on progresse du point de vue de l’idéal méritocratique
de l’égalité des chances.
Il faut distinguer :
— La mobilité sociale observée qui désigne la proportion d’individus qui occupent une position sociale
différente de celle de leur parent référent. Cette dernière est influencée par les évolutions de la struc-
ture socioprofessionnelle entre les générations, appelée mobilité structurelle.
— La fluidité sociale qui mesure une mobilité relative. Elle donne une idée des chances relatives
d’accéder à une certaine position sociale en fonction de son origine sociale.
Aujourd’hui, les sociologues s’intéressent beaucoup à la notion de fluidité sociale, car elle permet
de mesurer la force du lien entre origine et position sociales, c’est-à-dire de mesurer les chances
respectives d’atteindre telle ou telle position sociale selon son origine sociale, indépendamment des
évolutions de la structure sociale.

GLOSSAIRE
—Mobilité observée (brute ou totale ou absolue)
Ensemble des individus connaissant un changement de position sociale par rapport à leurs parents
(mobilité intergénérationnelle) ou au cours de leur parcours d’actif (mobilité professionnelle).

—Mobilité structurelle
Partie de la mobilité observée expliquée par l’évolution de la structure des emplois entre la génération
des parents et celle de leurs enfants.

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—Mobilité nette
Partie de la mobilité observée indépendante des mutations structurelles économiques ou
sociodémographiques. Obtenue par différence entre la mobilité observée et la mobilité structurelle,
elle peut s’interpréter comme une mobilité non contrainte, par opposition à la mobilité structurelle
qui, elle, est « forcée ».

—Fluidité sociale (ou mobilité relative)


Force du lien intrinsèque entre origine et position sociales des individus. Elle mesure le degré
d’égalité (ou d’inégalité) des chances d’accès aux différentes places dans l’espace social.

—Rapport de chances (odds ratio)


Outil statistique mesurant les chances relatives d’individus dont les parents sont de différentes
catégories socioprofessionnelles d’accéder à une position sociale donnée plutôt qu’à une autre. Il
permet de mesurer la fluidité sociale. Plus le odds ratio est proche de 1, plus la compétition sociale
est indépendante des origines sociales.

—Reproduction sociale
Tendance du système à reproduire, d’une génération à l’autre, les hiérarchies sociales et les inégalités
qui en découlent, les enfants occupant des positions sociales similaires à celles de leurs parents.

Séance 2 – L
 es caractéristiques de la mobilité sociale en France
aujourd’hui

La mobilité sociale intergénérationnelle

Promotion sociale
Mobilité verticale
ascendante
Changement de statut social
Mobilité verticale

Mobilité verticale
descendante
Déclassement

Mobilité sociale
Mobilité horizontale
intergénérationnelle
Même
statut social

(salarié ↔ indépendant)
Mobilité de statut
Changement de statut juridique

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La mobilité sociale intergénérationnelle, qui compare l’origine sociale des individus (grâce à la catégorie
socioprofessionnelle des parents) à leur destinée sociale (grâce à la catégorie socioprofessionnelle des
enfants enquêtés, fils ou filles), peut renvoyer à différentes natures de déplacement.
On distingue :
• La mobilité horizontale qui correspond au passage d’une position sociale à une autre, jugée équivalente.
Ex : Un fils d’ouvrière qui devient ouvrier à son tour.
• La mobilité verticale qui renvoie à une circulation dans l’espace social entre deux positions considérées
comme inégales.
On distingue alors :
— La mobilité verticale qui peut être ascendante en cas de promotion ou d’ascension sociale.
Ex : Un fils d’ouvrier qui devient cadre.
— La mobilité verticale qui peut être descendante. On l’appelle alors le déclassement ou démotion.
Ex : Une fille de cadre qui devient profession intermédiaire.
• E
 nfin, on parle également de la mobilité de statut (juridique) pour caractériser le passage des individus
du statut de salariés à celui d’indépendants (et inversement) ou le passage d’un type de contrat de
travail à un autre.
Ex : Quitter son emploi d’équipier chez McDonald’s afin de devenir coursier autoentrepreneur pour
Deliveroo. Passer d’un CDD à un CDI.
Le processus d’accroissement de la mobilité sociale observé depuis les années 1950 en France, marqué
notamment par des trajectoires ascendantes, s’est interrompu dans les années 1990.
Il semble laisser place à davantage de trajectoires de déclassement réel ou ressenti. En témoignent
les discours sur la panne de l’ascenseur social ou les reportages sur les jeunes surdiplômés qui ne
parviennent pas à trouver un emploi à leur mesure.

La mobilité masculine
L’analyse des tables de mobilité masculine permet de poser les constats suivants :
— L
 es hommes sont davantage mobiles socialement (65 %) qu’immobiles (35 %) par rapport à leurs
parents : en 2015, les 2/3 des fils n’ont pas la même position sociale que leur père.
— L
 a reproduction sociale concerne en priorité les cadres et les employés/ouvriers qualifiés. Les
cadres ont une très forte hérédité sociale (un fils de cadres sur deux devient cadre), tout comme les
ouvriers (presque 60 % des fils d’ouvriers le deviennent à leur tour).
Remarque : Les agriculteurs ne sont concernés que par l’autorecrutement (en 2015, plus de 80 %
des agriculteurs sont fils d’agriculteurs mais seulement 26,7 % des fils d’agriculteurs sont devenus
agriculteurs).
— L
 a mobilité sociale masculine est plutôt ascendante et de proximité. Ceci vient corroborer l’affirma-
tion présentée en introduction selon laquelle en moyenne, en France, il faut 6 générations (soit 180
ans) aux descendants d’un enfant de famille modeste pour atteindre la classe moyenne.
Ceux qui connaissent une mobilité ascendante longue existent mais sont minoritaires. Ainsi, seuls
8,3 % des fils d’employés ou ouvriers non qualifiés sont devenus cadres.
— O
 n observe également de la mobilité horizontale et de la mobilité descendante : une part signifi-
cative des fils de cadres sont frappés par le déclassement. Par exemple, 25,4 % des fils de cadres
deviennent professions intermédiaires.

La mobilité féminine
Longtemps laissée de côté par les sociologues notamment du fait d’un taux d’activité trop faible des
femmes, la mobilité féminine fait aujourd’hui l’objet d’études. On compare la position sociale des filles
avec leur père mais aussi avec leur mère afin de connaître leurs trajectoires sociales.

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• La mobilité mère-fille nous indique que :
— l es femmes connaissent une très forte mobilité sociale (en 2015, 71 % d’entre elles ont une catégorie
socioprofessionnelle différente de celle de leur mère). Elle est même supérieure à celle des hommes
par rapport à leur père.
— la mobilité sociale est fortement ascendante du fait du faible niveau socioprofessionnel de leurs
mères, premières générations à être entrées massivement sur le marché du travail comme employées,
secrétaires, ou encore ouvrières.
— une part conséquente de cette mobilité est structurelle (35 %) : l’emploi féminin a évolué du fait d’une
hausse des qualifications, de la tertiarisation, … ce qui explique que les filles n’appartiennent plus
nécessairement aux mêmes catégories socioprofessionnelles que leur mère.
• La mobilité père-fille nous indique que :
— l es femmes connaissent également une très forte mobilité sociale car la structure des emplois
occupés par les hommes et les femmes diffère.
— la mobilité sociale « pères-filles » est bien plus descendante que celle « mères-filles ». En effet,
souvent les pères occupent des positions sociales supérieures à leurs (ex-) conjointes (donc aux
mères de filles enquêtées).

GLOSSAIRE
—Mobilité ascendante
Fait d’occuper une position sociale plus élevée que ses parents.

—Mobilité descendante
Fait d’occuper une position sociale inférieure à celle de ses parents.

—Mobilité observée (brute ou totale ou absolue)


Ensemble des individus connaissant un changement de position sociale par rapport à leurs parents
(mobilité intergénérationnelle) ou au cours de leur parcours d’actif (mobilité professionnelle).

—Mobilité structurelle
Partie de la mobilité observée expliquée par l’évolution de la structure des emplois entre la
génération des parents et celle de leurs enfants.

—Reproduction sociale
Tendance du système à reproduire, d’une génération à l’autre, les hiérarchies sociales et les inégalités
qui en découlent, les enfants occupant des positions sociales similaires à celles de leurs parents.

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Partie 3 – Quels facteurs contribuent à expliquer la mobilité
sociale ?
Séance 1 – L
 ’évolution de la structure socioprofessionnelle explique
une partie de la mobilité sociale
Ces évolutions de la structure socioprofessionnelle et des emplois disponibles dans le temps sont à
l’origine de mobilité sociale contrainte. Elle implique que les fils venant des PCS en déclin changent de
PCS par rapport à leur père et qu’ils trouvent un emploi dans les PCS en expansion. Ainsi, des enfants de
professions intermédiaires, d’employés ou encore d’ouvriers ont connu une mobilité sociale ascendante
du fait de la hausse des emplois qualifiés à pourvoir. De même, les fils d’agriculteurs connaissent une
forte mobilité sociale du fait de la baisse du nombre d’emplois disponibles dans le secteur primaire. Le
progrès technique joue un rôle majeur dans l’évolution de la structure socioprofessionnelle puisqu’il est à
l’origine d’un processus de « destruction créatrice » qui impacte les emplois et implique des mouvements
de travailleurs d’une PCS à l’autre.
On peut rajouter à cela que l’entrée massive des femmes sur le marché du travail a favorisé l’ascension
sociale des hommes puisque ces dernières occupent plus souvent des postes localisés en bas de l’échelle
sociale. Les flux migratoires sont aussi à l’origine d’une mobilité sociale ascendante pour les personnes
issues des catégories dans lesquelles ces immigrés travaillent. En effet, ces derniers occupent souvent
(notamment à leur arrivée en France) des emplois peu qualifiés et peu valorisés socialement.
Enfin, certains affirment que les écarts de fécondité entre les catégories socioprofessionnelles sont aussi
à l’origine de mobilité sociale. Les cadres et professions intermédiaires ont relativement moins d’enfants
que les catégories populaires, ce qui permet à certains enfants d’ouvriers et d’employés de s’élever
dans la hiérarchie sociale et ce d’autant plus que les cadres et les professions intermédiaires sont des
catégories en expansion qui ont donc besoin de « recruter en dehors ».
La mobilité sociale est donc en partie le reflet de l’évolution des emplois disponibles et des changements
qui ont affecté la société française ces dernières décennies.
Selon Louis Chauvel, la mobilité structurelle dépend également du contexte économique caractérisant
l’entrée sur le marché du travail d’une génération. Lorsque la période est marquée par une forte
croissance, une forte création d’emplois et peu de chômage, l’ascension sociale des individus est facilitée
(mais pas garantie). En revanche, commencer sa carrière en plein marasme économique complique les
choses et réduit les chances de mobilité intergénérationnelle ascendante.

Séance 2 – L
 e rôle de la formation et des ressources et configurations
familiales dans la mobilité sociale
On observe que pour accéder aux positions sociales les plus valorisées, mieux vaut être diplômé du
supérieur long puisque plus un jeune actif est diplômé, plus il a de chances d’atteindre une catégorie
socioprofessionnelle moyenne ou supérieure (cadres ou professions intermédiaires).
L’École et la formation jouent donc un rôle essentiel sur la mobilité sociale des individus.
Il semble aussi que ce soient les personnes issues de milieux modestes qui, une fois bien formées
et diplômées, connaissent une forte probabilité d’ascension sociale. Nous voyons d’ailleurs dans la
séquence consacrée à l’École que celle-ci doit rendre possible la mobilité ascendante des enfants issus
de milieu défavorisé en favorisant l’égalité des chances.
L’École et les diplômes qu’elle délivre permettent d’effacer en partie le poids de l’origine sociale sur les
trajectoires de mobilité individuelle.
Suivre une bonne formation et obtenir un bon niveau de diplôme (équivalent, voire supérieur, à celui
de ses parents) ne garantissent pas l’ascension sociale et ne protègent pas de façon certaine contre le
déclassement scolaire et/ou social. Le paradoxe d’Anderson s’explique par l’inflation des diplômes mais il
est souvent renforcé par les ressources et configurations familiales.

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On appelle ressources familiales les différents types de capitaux (économique, social et culturel) que les
individus peuvent mobiliser au sein de leur famille. Ces ressources familiales sont inégalement réparties
entre les familles et vont donc contribuer à expliquer les trajectoires de mobilité des individus.
Ainsi, le milieu social d’origine influence fortement, voire détermine, le cursus scolaire des individus et
leur chance de connaître une ascension sociale.
Avec le même niveau de formation et le même diplôme, les personnes issues de milieux sociaux
différents n’atteignent pas les mêmes positions sociales. La société est marquée par un phénomène
de reproduction sociale, facilité par l’inégale distribution des « capitaux » au sein des groupes sociaux :
l’ascension sociale des enfants de milieux aisés est davantage probable tandis que les enfants de milieux
populaires sont davantage concernés par le déclassement.
Les configurations familiales ne sont pas sans conséquence sur les trajectoires de mobilité sociale et la
probabilité de connaître une ascension ou un déclassement.
On observe ainsi que plus la fratrie est nombreuse, plus les chances d’ascension sociale sont faibles
(être enfant unique dans une famille d’ouvrier accroît les chances d’ascension sociale), que les enfants
issus de familles monoparentales et recomposées connaissent plus fréquemment l’échec scolaire que
les enfants élevés par leurs deux parents (unis ou en garde alternée), que l’implication des parents
dans la scolarité de leurs enfants favorise leur réussite sociale (on observe notamment que le niveau de
formation des mères joue un rôle important dans la plus ou moins grande réussite des enfants), …
Grâce à l’exemple des Belhoumi, on remarque également que le milieu social d’origine ne détermine pas
à coup sûr la trajectoire sociale des individus. Les configurations familiales (rôle des parents, des frères
et sœurs, …) peuvent aussi favoriser l’ascension sociale des enfants selon différents critères comme le
lieu d’habitation, la taille de la fratrie, la place occupée dans cette fratrie, … Elles peuvent même être à
l’origine de trajectoires sociologiquement improbables.

Les trajectoires de mobilité ou d’immobilité sociale s’expliquent donc de plusieurs manières. La


transformation des emplois et de la structure socioprofessionnelle occupe une place importante et
permet de rendre compte de la mobilité structurelle.
Le niveau de formation des individus ainsi que les ressources et configurations familiales permettent
également de comprendre les trajectoires de mobilité. La transmission des capitaux (économique,
social et culturel), les stratégies mises en œuvre par les familles aider à la réussite de leurs enfants et
les configurations familiales diverses jouent un rôle non négligeable afin d’expliquer les trajectoires de
mobilité sociale probable comme improbable des individus.

GLOSSAIRE
—Paradoxe d’Anderson
Avec des diplômes plus élevés que leurs parents, les enfants n’accèdent pas forcément à une position
sociale plus favorable. De même, avoir un niveau d’études moindre que ses parents ne conduit pas
nécessairement à une position sociale inférieure.

—Massification
Élargissement de l’accès à l’éducation et à l’enseignement supérieur sans disparition des inégalités
de réussite scolaire.

—Ressources familiales
Différents types de capitaux (économique, social et culturel) que les individus peuvent mobiliser au
sein de leur famille. Ces ressources familiales sont inégalement réparties entre les familles et vont
donc contribuer à expliquer les trajectoires de mobilité des individus.

—Configurations familiales
Caractéristiques de la famille dans laquelle grandissent les jeunes (rôle et place du ou des parents, des
éventuels frères et sœurs, …). On distingue différents types de structures familiales selon le milieu social,
la taille de la fratrie, la situation conjugale ou l’origine migratoire des parents, le niveau de revenu, …

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