Papyrus Smith
Papyrus Smith
Papyrus Smith
L’objectif de cette collection est de constituer « une histoire grand public » de la médecine
ainsi que de ses acteurs plus ou moins connus, de l’Antiquité à nos jours.
Si elle se veut un hommage à ceux qui ont contribué au progrès de l’humanité, elle ne
néglige pas pour autant les zones d’ombre ou les dérives de la science médicale.
C’est en ce sens que – conformément à ce que devrait être l’enseignement de l’histoire –, elle
ambitionne une « vision globale » et non partielle ou partiale comme cela est trop souvent le
cas.
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diffusion.harmattan@wanadoo.fr
ISBN : 978-2-343-08724-5
EAN : 9782343087245
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La Chaîne de l’Espoir
Présidée par le docteur Eric Cheysson et fondée en 1994 par le Pr Alain Deloche,
La Chaîne de l’Espoir est devenue au fil des années
un réseau d’excellence et d’expertise médico-chirurgicales, un acteur
de santé engagé dans l’accès aux soins et à l’éducation des enfants
qui en sont privés aux quatre coins du monde.
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Les droits d’auteur et une somme forfaitaire de 5 € par exemplaire vendu seront versés par L’Harmattan à La Chaîne de l’Espoir.
François Resche
PRÉFACE
Préface
Le poids d'une civilisation comme celle de l'Égypte pharaonique dans l'histoire de l’Homme tient à l’envergure des
progrès des connaissances qu’elle sut concevoir et à son ancienneté. Il n’existe aucun doute sur la dette contractée par
l'Europe à son égard, déjà reconnue par Hérodote et Diodore, ce qui conduit à faire de la civilisation égyptienne un objet
d'investigation sur le processus de connaissance qu'elle représente. Comme les anciens Égyptiens se sont intéressés avec
compétence au corps humain, il n’est pas étrange qu'un clinicien contemporain se mette à apprendre la langue de l’Égypte
pharaonique pour avoir accès par la suite à ce type de documents, pour lesquels il possède une préparation directe. Ainsi,
l’élaboration d'une histoire de la connaissance devient-elle un essai sur l'Homme comme artisan des mêmes formes de
connaissance, et par la suite sur ces formes de connaissance auxquelles conduit la documentation que nous ont léguée les
Égyptiens, et qui a par chance été récupérée par les hasards de l'archéologie moderne.
Même si les manuels de médecine les plus complets qui ont été retrouvés remontent au milieu du deuxième
millénaire av. J.-C., il n'y a aucun doute sur le fait qu'ils sont l’héritage, au moins en substance, d'une science transmise par
voie orale et peut-être déjà inscrite sous une forme schématique, qui aurait germé dans les mêmes siècles qui virent ériger
les pyramides jusqu’à toucher le ciel. Si le pharaon avait une existence pérenne parmi les dieux, il est extrêmement probable
que ses sujets pouvaient recevoir des soins pour soulager leurs souffrances. Théologie, Science et Éthique posèrent les
bases d'un savoir impérissable, oublié seulement en apparence par l'obsolescence de ses outils de communication. Ce
n’est pas pour rien qu’un unique architecte, Imhotep, fut révélé par la tradition comme le maître de l'architecture et de la
médecine.
L'étude du corps humain ne se limita pas à considérer seulement l'aspect sanitaire, mais tenta d'explorer la
physiologie des organes, de comprendre leurs connexions, comme l’explique la théorie de la respiration et de la circulation
sanguine, sans négliger les implications métaphysiques. La doctrine de la création au moyen de la parole dans la très
ancienne théologie memphite se fonde sur le lien entre la langue et le cœur dans lequel était placé l'esprit du démiurge. On
entrevoit donc une structuration systématisée de la connaissance que l’on peut à bon droit qualifier de scientifique. Le
manuel que constitue le papyrus Smith lui-même se présente sous la forme d’une étude de cas ordonnée et exhaustive et
d’une méthode d'examen, preuve d'un long processus de réflexion et de catalogage non seulement dans son domaine,
mais aussi dans l'enregistrement des espèces vivantes.
En dehors de l'étude anatomique, l'architecture du corps humain constitua la base pour les mesures et le calcul,
tout d'abord au moyen d’une relation de proportionnalité entre ses différents composants (tête, tronc, membres), et d’un
rapport numérique de leur cohérence. Le corps humain, compris comme la réunion de différentes parties, chacune avec
des caractéristiques propres requérant une expertise spécialisée (ophtalmologues, dentistes, proctologues ...), détenait une
valeur spéciale "active", qui influa directement sur les évolutions de la construction linguistique. Non seulement il existait un
pluriel distinct pour les parties "paires" (yeux, oreilles, bras, mains, etc.), mais la présence de termes se référant à la
personne humaine pouvait introduire des changements dans la structure grammaticale de la phrase.
La vision de l’art figuratif n’était donc pas séparable de la physiologie des parties représentées, et sa manifestation
avec le début du style artistique rend vraisemblable une datation pour les différentes expérimentations sur le corps humain,
le début du troisième millénaire av. J.-C., quelques siècles avant l’époque des pyramides, une tradition encore conservée
par Manéthon. Le lien entre art et science médicale est patent dans le cas des mutilations (nez, oreilles) conçues pour priver
de vie les figures humaines elles-mêmes restituées en haut et bas-relief. Si l’unité de l’ensemble échappait encore, comme
le suggèrent les momies, pour la plupart vidées des organes internes, la pathologie se concentrait sur les parties
douloureuses (yeux, dents ...), sans pour autant négliger de possibles agents pathogènes internes.
La médecine égyptienne fut en effet une science curative, de nature avant tout pratique. Le support théorique
servait à connaître le fonctionnement du corps humain pour, surtout, en affronter les pathologies, et s’appuyait sur une
description précise des symptômes, de cas manifestement vécus, à laquelle succédait la recherche de remèdes, elle aussi
en syntonie avec la compréhension que l’on avait de la nature. La pharmacopée provenait non seulement des résultats
d'expériences qui puisaient parfois aux sources d’une tradition complexe, mais cherchait aussi à établir des liens pour
expliquer les propriétés thérapeutiques. Ils apparaissent parfois similaires aux mécanismes de la magie égyptienne, mais
souvent la ressemblance est due seulement aux mécanismes du raisonnement. Par exemple, pour les Égyptiens, substance
et dénomination ne faisaient qu’un, de sorte que les relations établies au niveau lexical devaient être également valables
pour l'efficacité des remèdes. Il ne fait en revanche aucun doute que la science ou l'art médical des Égyptiens fut beaucoup
plus profond et élaboré, et qu'il ne suffit pas de le confronter aux progrès de la médecine contemporaine pour en comprendre
toutes les ressources et les potentialités.
Alors que dans le cas des pyramides nous pouvons affirmer posséder les produits les plus achevés de la
technologie de l'époque, les écrits médicaux qui nous sont parvenus, quoique soignés et précieux comme il sied à un art
supérieur, ne sont probablement pas dans l’absolu les meilleurs exemplaires, mais ils nous font seulement imaginer la
qualité extraordinaire des ouvrages médicaux présumés qui n’ont pas été conservés. Ce n’est pas un hasard si les temples
étaient les lieux où se pratiquait l'art de la médecine, placé sous protection divine. Les médecins égyptiens constituent la
seule catégorie de savants dont l’action fut expressément requise dans d’autres pays, éloignés de l’Égypte, où était
parvenue leur renommée, retentissante dès Homère (Odyssée IV 229-32), et qui perdura du deuxième millénaire av. J.-C.
jusqu'à l'Empire romain. Le fait d’avoir fixé leur savoir dans des manuels de référence ne représente pas seulement le
passage d'une science empirique à des préceptes vérifiables, mais en ennoblit la substance à l'instar d'un texte sacré et en
avalise sûrement le pouvoir, tout en préfigurant la formation d’une caste. Dans la structure sociale, il n’existait pas de
catégorisation des adeptes de la science médicale, mais ils étaient classés parmi les scribes et surtout parmi les meilleurs
spécialistes de l’art de l'écriture, parrainé par le dieu Thot.
11
PRÉFACE
Les écrits médicaux qui nous sont parvenus ont pour la plupart l’aspect de précis ou d’anthologies, partageant en
cela le caractère de la littérature écrite pendant tout le deuxième millénaire av. J.-C., depuis les Textes des Sarcophages
jusqu'aux Livres magiques ramessides. On discute encore de la catégorie d'opérateurs à laquelle on peut attribuer ces
écrits, par exemple « médecins », « magiciens », « exorcistes ». La conception du papyrus médical Smith, en dépit de son
inachèvement, pour la rigueur théorique avec laquelle il apparaît construit, à partir de l'analyse encyclopédique des
composants du corps humain, en procédant dans l'ordre du crâne vers le bas, révèle principalement la base rationnelle de
l’organisation organique et peut apparaître comme l’un des fruits les plus matures de la pensée scientifique.
La tâche exigeante à laquelle s’est voué l'Auteur n’a pas la prétention d’être un travail philologique, qui reste du
domaine d’égyptologues chevronnés, mais comme les antiques papyrus elle vise à la compréhension non seulement
grammaticale du texte, mais aussi à l'acquisition clinique de données que seule la compétence avérée d'un médecin peut
identifier ou suggérer. Il applique ainsi une connexion qui n’est pas commune dans les sciences humaines. La comparaison
ne s’établit pas entre deux rédactions linguistiques différentes du même texte, mais entre la substance fruit de l’expérience
d'une haute civilisation d’il y a près de quatre millénaires, et la vision contemporaine qui met l'accent sur le même sujet.
Naturellement, l'interdisciplinarité doit éviter la scission (suivant laquelle « les médecins croient plus aux médecins qu’aux
égyptologues » H. Grapow), et permettre d'élargir la base documentaire, en tenant compte du caractère provisoire de la
connaissance à tout moment.
La dimension de l’intérêt que suscite cette recherche se mesure à l’expérience professionnelle dont est doté celui
qui s’est astreint à l’affronter. Il est inévitable que demeurent des zones d’ombre, aussi longtemps que la connaissance de
la terminologie antique ne sera pas mieux appréhendée, ce qui n’est pas seulement une question lexicale, mais touche à
l'un des plus grands mystères qui ont depuis toujours questionné l'Homme, à savoir le corps que chaque individu possède.
Parmi ceux-ci l'aspect éthique, déjà fortement soulevé par les opérateurs égyptiens de tout niveau, n'a certainement pas
été dépassé. Et même, la comparaison conduit sûrement à relativiser également les récents et considérables progrès de la
médecine.
Mais il existe encore un aspect, qui n’a rien d’insignifiant, qui unit les médecins d'aujourd'hui à ceux qui nous
apparaissent au travers des écrits médicaux antiques, c’est l'intérêt pour la culture humaniste, l’inclination pour la littérature
et les belles-lettres. Grâce au travail de l'Auteur, pour nous limiter au papyrus Smith, dans la précision terminologique
rigoureuse, comme dans la richesse du lexique et l’appropriation du langage, on perçoit un goût pour la langue, une clarté
dans la description, associés à une concision qui évite toute redondance, qui font accéder ces écrits à la haute littérature.
Une telle efficacité s’observe aussi bien dans le traité de traumatologie du recto, que dans les écrits à la saveur ‘‘magique’’
rapportés au verso. L’admirable capacité d'observation et de synthèse rappelle indubitablement l'aptitude des artistes à
documenter la nature, mais reflète également l'importance conférée à l’acte linguistique par les civilisations de l’Antiquité
comme instrument d'abstraction et de codification.
Il s’agit sans aucun doute d’un vocabulaire spécialisé, y compris dans les formules répétitives, et cela en dit long
sur l’élaboration d'une authentique science déjà en Égypte pharaonique, et explique également le prestige des médecins
égyptiens à l’extérieur de leur Pays. Le savoir des médecins égyptiens s’étendait naturellement de l'étude du corps humain
et de ses maladies aux systèmes de soins, avec une attention toute particulière portée à la pharmacopée, à la recherche
de remèdes et à leur mise en œuvre. On remarquera de manière générale l'absence du surnaturel, quoiqu’il y eut de longues
listes anatomiques qui plaçaient chaque composante du corps humain sous la protection d'une divinité particulière, pas
toujours la même. De surcroît les divinités sont invoquées, soit pour disposer elles-mêmes d’un corps comme celui de
l'homme, tels le dieu Ptah (qui créa le monde avec la langue) ou le dieu Amon (qui écoute avec les oreilles), soit pour leur
parrainage de la science médicale (Thot, Sekhmet, Imhotep), sans compter les reliques divines, objet d'un culte qui se
propagea à travers toute l'Égypte spécialement pendant le premier millénaire av. J.-C., mais en général le surnaturel ne
pollue pas la scène humaine. Bien qu'il ait été un homme de foi, la vision du médecin égyptien fut une vision laïque. Et cela
y compris dans les cas extrêmes ou désespérés où l’on avait recours à la divinité. D’ailleurs, la mort elle-même n’était pas
pour les Égyptiens un sort définitif, bien que la préparation du corps fût devenue à ce point matière pour embaumeurs.
Notre apologie de la médecine égyptienne ne résulte donc pas d’une intention de propagande, elle fait appel tout
au plus à l’idéologie antique pour expliquer ce qui peut sembler une défaillance dans la pratique de la connaissance. Il en
résulte que son étude est non seulement méritoire en tant que telle, mais rend justice à l'éclat de la civilisation qui sut nourrir
et comprendre ces études.
mai 2016
12
AVANT-PROPOS
Avant-propos
Au décours de la Seconde Guerre mondiale, et jusqu’à un passé récent, l’histoire de la discipline demeura en
France totalement absente du programme des études médicales. Certes, en fonction du siège de sa faculté, l’étudiant
pouvait acquérir quelques notions fragmentaires : l’étudiant nantais ne pouvait ainsi manquer de savoir qui étaient les
Laennec, le Quimpérois René Théophile Hyacinthe, futur inventeur de l’auscultation médiate, qui commença ses études à
Nantes en 1797, et son mentor, son oncle Guillaume François, professeur à la faculté, et ce d’autant moins que
l’amphithéâtre ‘‘provisoire’’ qui’il fréquentait au début des années 1960, construit pour pallier une partie des destructions de
l’ancienne école de médecine lors des bombardements de la ville en septembre 1943, portait le nom et arborait un grand
médaillon de René Laennec. Ce dernier est toujours présent à l’entrée de la faculté de médecine et de pharmacie achevée
en 1967. Lors des cours, de nombreux noms étaient cités, attachés à une zone anatomique (aqueduc de Sylvius, veine de
Galien, valvule de Vieussens …), ou à une maladie (chorée de Sydenham, cirrhose de Laennec, maladies de Dupuytren,
de Basedow, de Charcot …) ; se rendre en salle de travaux pratiques d’anatomie c’était (c’est toujours ...) ‘‘aller chez
Morgagni’’ ; l’enseignement de la physiologie cardio-vasculaire n’omettait pas d’évoquer William Harvey ; enfin, personne
n’ignorait le nom d’Hippocrate, le ‘‘Père de la médecine’’ (occidentale), auquel demeure attaché le fameux Serment de
déontologie. Mais tout ceci ne constituait qu’une approche superficielle, parcellaire, sans la moindre perspective d’ensemble,
et représentait une lacune grossière et dommageable dans la formation des futurs médecins, sachant qu’« on ne connaît
bien une science que lorsqu’on en connaît l’histoire » (Auguste Comte).
L’enseignement de l’histoire de la médecine ne réapparut officiellement qu’en 1992 à l’occasion d’une énième
réforme, programmé en 1re année, année du concours, comme partie intégrante de l’enseignement nouvellement introduit,
dit de culture générale, qui changea de nom dès l’année suivante pour devenir enseignement de sciences humaines. Le
doyen Jean-Yves Grolleau me confia sa mise en place, en ma qualité de vice-doyen chargé de la pédagogie.
Anatomiste et neurochirurgien, j’avais personnellement découvert un pan de la médecine égyptienne et le papyrus
Smith au début des années 1980, en préparant une communication sur les complications neurologiques des traumatismes
du rachis cervical. Plusieurs travaux d’un mimétisme certain faisaient état de l’existence de ce papyrus et évoquaient
notamment la description d’un cas de tétraplégie traumatique, d’une surprenante précision clinique. Les sources de langue
anglaise et les publications francophones se référaient toutes à la publication de James Henry Breasted, parue en 1930,
déjà vieille de plus de cinquante ans. Ces publications, simples compilations du travail de Breasted, par ce qu’elles sous-
entendaient en termes de connaissances, d’allure très moderne, laissaient planer un doute sur l’authenticité, du moins dans
ce cas précis, de l’interprétation donnée au texte primaire. Ceci m’incita assez naturellement à tenter d’apprendre la langue
égyptienne antique dans le but de pouvoir peut-être un jour avoir les bases suffisantes pour traduire le papyrus et apprécier
par moi-même son contenu.
Ayant eu l’honneur de participer à une étude anthropologique sous la direction du Professeur Jacques Ruffié (1921-
2004), titulaire de la chaire d’anthropologie physique du Collège de France, je pus, grâce à lui, entrer en contact avec son
collègue le Professeur Jean Yoyotte (1927-2009), titulaire de la chaire d’Égyptologie. Je reçus de la part de ce dernier un
accueil remarquablement chaleureux. Il ne sembla pas le moins du monde étonné qu’un chirurgien veuille apprendre
l’égyptien – il connaissait d’autres exemples – et m’encouragea vivement dans ma démarche. Tout en m’ouvrant très
largement les portes de la Bibliothèque Champollion, il m’orienta vers le Professeur Pascal Vernus, Directeur d’études à
l’École Pratique des Hautes Études qui, après entretien, m’accepta dans son cours. Parallèlement, je fis la connaissance
de Patrice Le Guilloux, diplômé de l’EPHE, membre de l’équipe des fouilles de Tanis, fondateur de l’Association Isis et
actuel directeur de l’Association Imhotep, et pus travailler à Nantes avec lui.
Bien des années plus tard, en 2007, à l’issue de mon mandat de président d’université, je fus en mesure d’appliquer
les connaissances acquises lors des enseignements antérieurs et dans le cadre d’un autoapprentissage régulier, mais d’une
grande variabilité d’intensité. Je proposai à mon collègue Georges Fargeas, directeur de l’Université Permanente de Nantes,
l’ouverture d’un cours d’initiation à l’égyptien hiéroglyphique, d’une durée de trois ans, à l’usage de parfaits débutants, à
l’instar de ce que j’avais été moi-même, plus de deux décennies plus tôt, en gardant toujours à l’esprit mon projet initial, la
traduction du papyrus Smith.
À l’issue du troisième cycle de cours, à la fin de l’année académique 2012-2013, j’ai proposé aux auditeurs
intéressés de mettre en pratique leurs acquis en travaillant sur le papyrus Smith. Je souhaitais en effet que ce projet puisse
avoir des retombées pédagogiques, en assurant aux étudiants un approfondissement des connaissances acquises. Lors
de chaque début de cycle d’initiation, le cours accueillait un nombre d’auditeurs volontairement limité à vingt-cinq. En fin de
troisième année, seuls restaient douze à quatorze étudiants. Issus des trois premières promotions du cycle d’initiation, seize
étudiants se déclarèrent intéressés. Le travail de transcription du hiératique en écriture hiéroglyphique, de translittération,
et de traduction dura deux ans à partir de juin 2013 ; la mise au point du présent document a demandé une année
supplémentaire. Certains participants ont eu un intérêt particulier pour le hiératique, d’autres ont apporté leurs
connaissances propres en botanique, en médecine, en pharmacie, en langues française et étrangères, en langues
anciennes, en sciences exactes. Le présent ouvrage est donc le résultat d’un travail participatif, effectué au sein de
l’Université Permanente, et de discussions parfois animées et souvent éclairantes.
Je tiens à remercier Mmes Michèle Bessaud, Michèle Cébula, Gilberte Chayard, Anne Ducreux, Josette Le Téno,
Sylvie Lefèvre, Colette Remaud et Nicole Robinet, MM. Hubert Carnec, Jean Pennaneac’h, Yves Priou, Bruno Ramstein et
Daniel Taraud pour leur participation à cet ouvrage et le travail rigoureux de relecture qu’ils ont réalisé tout au cours de
l’année écoulée. Bien qu’ils n’aient pu être, pour des raisons diverses, parties prenantes du travail de révision final, je tiens
également à remercier Mmes Myriam Monget et Marie-France Vovard et M. Christian Brasseur qui participèrent au travail
préliminaire des deux premières années.
13
AVANT-PROPOS
Cet ouvrage est publié aux Éditions L’Harmattan au sein de la collection d’histoire de la médecine ‘‘Médecine à
travers les siècles’’ dirigée par le docteur Xavier Riaud. Le directeur de la collection et l’éditeur ont accepté d’accueillir ce
travail, bien qu’il sorte des normes des ouvrages de la collection (plus de 70 publiés à ce jour), à la fois par son format, son
volume et son contenu, et je les en remercie.
Le premier objectif que je m’étais fixé était de reprendre, à partir des fac-similés du papyrus, actuellement conservé
à la Bibliothèque de la New York Academy of Medicine, la transcription du hiératique en écriture hiéroglyphique, d’effectuer
la translittération de l’ensemble du texte, suivie d’une traduction originale en français. Nous reviendrons sur ces différents
termes et la conduite de ce travail, plus loin, dans le chapitre dédié à la méthodologie.
Après une vue générale et une présentation des vingt-deux colonnes du papyrus à partir de photographies
numérisées, et transcription en regard du hiératique en écriture hiéroglyphique de droite à gauche, la transcription
hiéroglyphique de gauche à droite, la translittération et la traduction sont exposées ligne à ligne, suivant l’ordonnancement
du papyrus. Cette partie s’accompagne de commentaires en tête de chaque observation du recto ou de chaque incantation,
prescription ou recette du verso. De nombreuses annotations sont présentées, d’ordre sémantique, syntaxique ou
grammatical, assorties chaque fois que nécessaire d’une analyse critique des travaux antérieurs. En complément figurent
un lexique-répertoire égyptien français de la totalité des termes présents dans le papyrus et un index thématique français-
égyptien.
À l’usage du lecteur souhaitant en priorité se faire dans un premier temps une idée personnelle des connaissances
médicales de l’époque, figure une traduction suivie, reprenant la traduction ligne à ligne, qui permet de les apprécier au
mieux et de la manière la plus objective possible, excluant enthousiasme déplacé aussi bien que dénigrement mal venu.
L’objectif avoué de cet ouvrage est toutefois que, curiosité aidant, ce lecteur pressé ait envie de dépasser ce
premier stade et puisse s’immerger dans la traduction ligne à ligne, et progressivement peut-être, se sentir motivé par un
apprentissage de l’égyptien.
L’ouvrage comporte donc une initiation à l’égyptien hiéroglyphique, sous forme d’un supplément construit en deux
parties. La première explique le système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité, parfaitement compris et analysé par Jean-
François Champollion il y a un peu moins de deux siècles. La seconde est un abrégé de grammaire du moyen égyptien qui
constitue une approche, abordable sans connaissance prérequise, devant permettre à celles et ceux qui le souhaiteront de
s’engager dans un autoapprentissage de l’égyptien classique.
Comme n’a pas manqué de le rappeler opportunément le Professeur Alessandro Roccati qui nous fait l’honneur et
auquel je sais gré de préfacer cet ouvrage, il ne s’agit aucunement d’un travail de philologie qui reste affaire de spécialistes,
même si ce travail réalisé suivant les standards universitaires devrait être susceptible de les intéresser, mais d’une œuvre
originale à visée avant tout didactique qui a essayé d’allier au mieux connaissances médicales et linguistiques.
Son objectif final est de contribuer à la découverte d’un document unique, vieux de plus de trente-cinq siècles, en
le rendant accessible à tous, et ce faisant, d’intéresser non seulement les professionnels de santé concernés par l’histoire
de la médecine, mais aussi toute personne passionnée par la civilisation égyptienne antique, son histoire, ses pratiques et
ses mythes.
J’espère de plus qu’il sera apte à susciter, auprès du plus grand nombre, l’envie d’apprendre à lire et à comprendre
cette langue imagée remarquable à bien des égards, en usage sous ses différentes formes pendant plus de trois mille ans,
qui survit encore en Égypte et ailleurs dans la langue liturgique copte.
François Resche
Professeur émérite des Universités (Neurochirurgie)
Président honoraire de l’université de Nantes
mai 2016
14
SOMMAIRE
Sommaire
____________________
15
INTRODUCTION
Introduction
1
Pour la périodisation et la chronologie égyptiennes : cf. Suppl.1 : Le système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité – Tableau 1.
2
Il est à signaler qu’Hérodote prend en l’occurrence un certain plaisir à indiquer à la suite « Mais eux, en lui tordant et en lui forçant le pied, firent empirer le mal »
[ibid., p.164], si bien que Darius « mal en point » après une semaine de douleurs et d’insomnie, fit appel à un prisonnier grec Démokédés de Crotone, qui « faisant
succéder l’emploi de la douceur à celui de la force » [Hérod III 130, p.165] « en peu de temps le mit en état de santé » [ibid.].
3
cf. Suppl.1 : Le système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité : §3C3.
19
PAPYRUS EDWIN SMITH : PRÉSENTATION LIMINAIRE
de Berlin 3027 (‘‘Mutter und Kind’’) et 3038, le papyrus Carlsberg, le papyrus Chester Beatty VI (et
accessoirement V, VIII, et XV), le papyrus Ebers, le papyrus Hearst, le papyrus médical de Kahun, le papyrus
médical de Leyde, le papyrus de Londres (BM 10059), le papyrus médical du Louvre, les papyrus Ramesseum
III, IV et V, et le papyrus de Turin (Torino 31+77).
Les plus importants sont indiqués ci-dessous par ordre chronologique croissant de leur datation :
- Le papyrus médical le plus ancien connu à ce jour est le papyrus médical (gynécologique) de Kahun
(en réalité d’El Lahun) découvert par Flinders Petrie en 1889 ; il est daté avec précision (l’indication figurant au
verso du document) de l’an 29 du règne d’Amenhemhat III (vers 1825 av. J.-C). Il est conservé à l’University
College de Londres. Il comprend 34 sections 4.
- Les papyrus Ramesseum III, IV et V découverts par James Edward Quibbell en 1896, font partie d’un
ensemble de dix-huit papyrus qui dormaient dans un coffre de bois situé au fond d’un puits dans des magasins
de brique annexés au temple funéraire de Ramsès II à Thèbes-ouest. Ils datent de la fin du Moyen-Empire ou
du début de la Deuxième Période Intermédiaire.
- Le papyrus Ebers est en longueur de texte, le plus important papyrus médical de l’Égypte antique.
Acquis par Edwin Smith à Louqsor en 1862, dans le même temps ou peu après l’acquisition du papyrus
éponyme, il fut revendu en 1869 à Georg Moritz Ebers qui en assura la toute première présentation, dès 1875.
En parfait état de conservation, d’une belle écriture régulière, il comprend 110 colonnes et pas moins de 2289
lignes. Il est daté (grâce à la précision figurant au verso) de la neuvième année du règne d’Amenhotep I, vers
1534 av. J.-C., date légèrement plus récente que la date estimée de copie du papyrus Smith. Son origine
précise demeure conjecturale, mais selon toute vraisemblance, il provient comme ce dernier d’une tombe du
village de Deir-el-Medineh. Elle est de nature mythique : la section 856a du papyrus (qui en compte un total de
877) indique que le rouleau-medjat fut trouvé Xr rdwy jnpw m xm jitw.s n Hmnswt(y) bjt(y) <zmty> mAa-xrw
« sous les pieds d’Inpou à Khem et apporté au roi de Haute- et de Basse-Égypte Zemty » 5. Nous aurons l’occasion de
citer à de nombreuses reprises ce papyrus. De nombreuses sections du papyrus Ebers se retrouvent à
l’identique dans d’autres papyrus médicaux, notamment le papyrus Hearst (plus de 70 sections similaires), et à
un degré moindre, les papyrus de Londres (7 sections comparables), de Berlin 3038 (6 sections), Ramesseum
III et Ramesseum V (2 sections chacune). Il existe très peu de similitudes triples. Deux concernent toutefois le
papyrus Smith : il s’agit de deux recettes à visée cosmétique, présentes au verso du papyrus [Sm XXI 3-6] [Sm XXI 6-9],
trouvées à l’identique dans le papyrus Ebers et dans le papyrus Hearst [Eb714 & H153 / Gr5, S.519] [Eb715 & H154 / Gr5, S.520]. Nous y
reviendrons.
Eb1=H78 [Gr5, S.530-2] Eb294=H35 [Gr5, S.244-5] Eb620=H175 [Gr5, S.118]
Eb4=H53 [Gr5, S.179] Eb297=Bln136 [Gr5, S.189-90] Eb621=H173a [Gr5, S.123-4]
Eb5=H55 [Gr5, S.180] Eb301=H33 [Gr5, S.433] Eb627=H96 [Gr5, S.31-2]
Eb6=H56 [Gr5, S.180-1] Eb302=H131 [Gr5, S.275] Eb628=H97 [Gr5, S.32]
Eb7=H58 [Gr5, S.210] Eb432=H21 [Gr5, S.365-6] Eb642=H111 [Gr5, S.27]
Eb20=Ram III A10-1=Ram III A26-7 Eb433=H22 [Gr5, S.366] Eb644=H99 [Gr5, S.43]
[Gr5, S.192]
Eb434=H23 [Gr5, S.366] Eb647=H116 [Gr5, S.122-3]
Eb49=H18 [Gr5, S.278] Eb437=H24 [Gr5, S.63] Eb652=H101 [Gr5, S.28-9]
Eb55=Bln2 [Gr5, S.193] Eb487=L51 [Gr5, S.375] Eb654=H123 [Gr5, S.144-5]
Eb59=Bln4 [Gr5, S.194-5] Eb492=L49 [Gr5, S.373] Eb656=Ram VnrII [Gr5, S.44-5]
Eb147=H75 [Gr5, S.445-6] Eb493=L50 [Gr5, S.373] Eb657=H94=Ram VnrV [Gr5, S.38-9]
Eb182=H16 [Gr5, S.206] Eb499=L47 [Gr5, S.373-4] Eb659=Bln49 [Gr5, S.56-7]
Eb217=H48 [Gr5, S.170] Eb504=L52=L56 [Gr5, S.379] Eb660=(H117=Bln50)+H118 [Gr5, S.57]
Eb218=H49 [Gr5, S.171] Eb506=L60 [Gr5, S.380] Eb661=H119 [Gr5, S.57]
Eb221=H79 [Gr5, S.256] Eb508=L59 [Gr5, S.380-1] Eb662=H120 [Gr5, S.40]
Eb222=H80 [Gr5, S.256] Eb537=H39 [Gr5, S.362] Eb693=H121 [Gr5, S.35-6]
Eb223=H81 [Gr5, S.257] Eb538=H40 [Gr5, S.362] Eb694=H110 [Gr5, S.44]
Eb224=H82 [Gr5, S.257] Eb557=H140 [Gr5, S.404] Eb695=H142 [Gr5, S.31]
Eb226=H84 [Gr5, S.259] Eb558=H141 [Gr5, S.404] Eb712=H17 [Gr5, S.67-9]
Eb243=H71 [Gr5, S.443] Eb563=H125 [Gr5, S.407] Eb713=H152 [Gr5, S.525-6]
Eb244=H72 [Gr5, S.443] Eb564=H126 [Gr5, S.407] Eb714=H153=SmXXI 3-6 [Gr5, S.519-20]
Eb245=H73 [Gr5, S.444] Eb566=H127 [Gr5, S.399] Eb715=H154=SmXXI 6-8 [Gr5, S.520-21]
Eb246=H74 [Gr5, S.445] Eb567=H128 [Gr5, S.406] Eb724=H129 [Gr5, S.416-7]
Eb247=H75 [Gr5, S.445-6] Eb584=H41 [Gr5, S.21] Eb725=H130 [Gr5, S.417]
Eb248=H76 [Gr5, S.61] Eb593=H143 [Gr5, S.276] Eb749=H9 [Gr5, S.114]
Eb249=H77 [Gr5, S.62] Eb604=Ram III A3-4 [Gr5, S.138] Eb752=H206 [Gr5, S.269-70]
Eb277=H63 [Gr5, S.234-5] Eb612=H247 [Gr5, S.140] Eb753=H210 [Gr5, S.271]
Eb278=H64 [Gr5, S.235] Eb616=H173b [Gr5, S.123-4] Eb754=H207 [Gr5, S.270]
Eb279=H66 [Gr5, S.235] Eb617=H174 [Gr5, S.124-5] Eb810=Bln17 [Gr5, S.488]
Eb280=H65 [Gr5, S.236] Eb618=H177=H188 [Gr5, S.119] Eb856=Bln163 [Gr5, S.11-7]
Eb282=H68 [Gr5, S.240-1] Eb619=H178 [Gr5, S.119]
4
Ces découpages en sections constituent un système de repérage et un référencement modernes, facilitant les études contemporaines. Le texte égyptien est
un texte suivi, ignorant les séparations.
5
Il s’agit respectivement d’Anubis, de la future Letopolis, actuellement Ausim en Basse-Égypte, et du nom de Fils de Râ du roi Den de la Ire dynastie.
20
INTRODUCTION
Eb135=Eb150 [Gr5, S.230], Eb136=Eb151 [Gr5, S.230-1], Eb137=Eb152 [Gr5, S.231], Eb191=Eb194 [Gr5, S.153-6], Eb276=Eb281 [Gr5, S.236],
21
PAPYRUS EDWIN SMITH : PRÉSENTATION LIMINAIRE
papyrus Smith, acheté par l’égyptologue allemand Georg Moritz Ebers (1837-1898) prendra le nom de son
nouvel acquéreur. Contrairement au papyrus Smith, le papyrus Ebers n’attendra pas près de soixante ans avant
d’être publié : il sera présenté à la communauté scientifique par son possesseur dès 1875.
Quant à Edwin Smith, il est difficile de savoir quel était son degré de connaissance du hiératique. Suffisant
sans doute pour lui permettre d’interpréter correctement la date située au verso du futur papyrus Ebers et de
reconnaître un contenu médical dans ce dernier comme dans le premier papyrus qu’il avait acquis et auquel
est attaché définitivement son nom. Sanchez et Metzger ont opportunément publié en 2012, inclus dans leur
ouvrage, le fac-similé de treize pages de notes écrites par Edwin Smith, qui semblent correspondre au travail
préparatoire d’une traduction [116, p.326-38]. Pourquoi Smith n’est-il pas allé au terme de sa démarche ? Pourquoi a-
t-il vendu le document qui allait devenir le papyrus Ebers, s’il en avait reconnu l’intérêt ? Il n’existe aucune
réponse à ces questions.
Edwin Smith va rester à Louqsor jusqu’en 1876. Son activité et ses moyens de subsistance pendant ces
années demeurent incertains. On sait seulement par un petit nombre de témoignages rapportés par Breasted
[13a, ibid.] qu’il va croiser quelques voyageurs occidentaux et leur faire visiter des tombes. En compagnie du Vice-
consul britannique, il accompagnera ainsi en 1868, le Prince de Galles en visite officielle en Égypte et lui
montrera ‘‘une tombe de 90 pieds de profondeur avec trente momies et leurs sarcophages’’.
En 1876, Edwin Smith quitte définitivement l’Égypte. Il emporte avec lui dans ses bagages le papyrus, non
sans l’avoir découpé préalablement pour faciliter son transport (!). Il meurt le 27 avril 1906, à l’âge de 84 ans.
Peu après sa mort, sa fille Mrs Leonora Smith fera don du papyrus et des notes d’accompagnement à la
New York Historical Society. Cette dernière va les conserver pendant quatorze ans avant de mandater en 1920
l’Oriental Institute de Chicago et son directeur, le Professeur James Henry Breasted (1865-1935) pour la
réalisation d’une publication exhaustive.
Né à Rockford (Illinois), Breasted partit étudier l’égyptologie en Allemagne et préparer une thèse consacrée
à la révolution monothéiste amarnienne, sous la direction d’Adolf Erman. En 1894, il sera le premier américain
docteur en égyptologie. Après cinq ans de travail de terrain en Égypte, il est nommé professeur à l’université
de Chicago, et sera à l’origine de la création de l’Oriental Institute qu’il dirige à partir de 1919. Il va mettre dix
ans pour mener à bien la publication du papyrus Smith, avec l’aide d’un conseiller médical, le Dr Arno B.
Luckhardt (1885-1957), professeur de physiologie à l’université de Chicago.
Breasted, missionné par une Société savante new-yorkaise, ne manquera pas d’informer la population des
progrès de sa traduction. Entre 1923 et 1930, vont paraître plusieurs articles de presse dans le New York Times.
Un premier article « Surgery 3,000 years ago : Papyrus Translator Finds Record of Delicate Operations » 6 est publié
le lendemain d’une conférence de Breasted devant la Chicago Medical Society où il a fait le point sur
l’avancement de son travail et expliqué que la publication allait lui demander encore deux ans. Il lui en faudra
six supplémentaires. En mars 1925, sans doute à l’initiative du bibliothécaire de la New York Historical Society,
Alexander J. Wall7, paraît un article au titre retentissant « Quacks of 1600 B.C. gave ‘youth’ to men », puis en octobre
de la même année, un article de fond sur trois colonnes, avec une interview de Breasted qui fait un nouveau
point sur son travail et lâche quelques révélations spectaculaires « The word brain did not exist until our ancient
friend (sic) coined it » 8. En 1930, la sortie de l’ouvrage de Breasted en deux volumes va faire l’objet de deux
nouveaux articles, l’un annonçant la publication 9, l’autre après parution portant le titre accrocheur « A Most
Ancient Harvey » qui se conclut joliment par un hommage à l’auteur « Fortunately, the papyrus has fallen into the
hands of an archaeologist who has the true secret of restoring to the old world its youth »10.
Au décours de la publication, les égyptologues ne tarderont pas à s’emparer du sujet [33] [94].
Le papyrus Smith, resté dix ans à l’Oriental Institute de Chicago, retourne à New York dans les locaux de la
New York Historical Society, puis est placé en dépôt au Musée de Brooklyn en 1936, et enfin, le 3 décembre
1948, est remis à la Bibliothèque de la New York Academy of Medicine lors d’une cérémonie solennelle dont la
presse se fit l’écho11.
Le papyrus Smith a fait l’objet il y a dix ans d’une présentation au grand public lors de l’exposition « The Art
of Medicine in Ancient Egypt » qui s’est tenue au Metropolitan Museum of Art à New York du 13 septembre 2005
au 15 janvier 2006 [2].
Le papyrus Smith a donné lieu à de nombreuses publications qui ne sont pour la plupart que de simples
commentaires bâtis pour l’essentiel sur la traduction de Breasted. Les travaux originaux comportant une
traduction propre sont peu nombreux, anglophones [2] [116], francophones [5] [17] et germanophones [73] [132].
____________________
6
New York Times du 27 mai 1922.
7
New York Times du 24 mars 1925 – Article de presse titré et sous titré ‘‘Quacks of 1600 B.C. gave ‘youth’ to men – Historical Society’s Papyrus has
Rejuvenation Recipe Known to the Ancients – A REAL MEDICAL TREATISE – Prof. Braisted (sic) Finds Old Doctors Knew Things That Modern Science is
Just Learning’’.
8
New York Times du 11 octobre 1925 – Article de presse titré et sous-titré ‘‘OLDEST MEDICAL BOOK SOON TO BE TRANSLATED – Professor James H.
Breasted, Who Will Supervise Excavations at Armageddon, Describes Record of Physiologica Study Written in Seventeenth Century, B.C.’’.
9
New York Times du 7 juillet 1930 – Article de presse titré et sous-titré ‘TO PUBLISH PAPYRUS OF EGYPTIAN SURGERY – University of Chicago Will Print
Scientific Observations of a Surgeon of 2700 B.C.’’.
10
New York Times du 5 octobre 1930.
11
New York Times du 3 et du 5 décembre 1948 – Participèrent à la cérémonie le Dr. Fenwick Beekman, président de la New York Historical Society, Mr.
Charles Nagel Jr, directeur du Musée de Brooklyn, et le récipiendaire le Dr. George Baehr président de la New York Academy of Medicine.
22
CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES
Caractéristiques physiques
Le rouleau de papyrus
Le rouleau de papyrus, ou medjat, était le support de l’écriture non monumentale de l’Égypte antique et
représentait le ‘‘livre’’ égyptien1.
Le rouleau était constitué d’une bande de longueur variable, façonnée par collage d’un certain nombre de
feuillets. Chaque feuillet était lui-même réalisé à partir de lamelles de 10 à 15 mm de largeur provenant de la
tige de la plante de marais Cyperus papyrus, obtenues par section longitudinale de tronçons découpés sur la
tige de papyrus. La longueur de ces tronçons était variable, le plus souvent de 280 à 380 mm de longueur.
Les lamelles, débarrassées de leur écorce, étaient ensuite écrasées, puis assemblées en deux couches
disposées perpendiculairement l’une par rapport à l’autre avant d’être mises à sécher.
Les feuillets ainsi obtenus, de forme quadrangulaire, étaient de hauteur et de largeur sensiblement
identiques. Ils étaient ensuite collés à la suite les uns des autres avec une petite zone de recouvrement, pour
constituer une bande de longueur variable, pouvant atteindre une valeur considérable2. Cette bande était
secondairement enroulée sur elle-même de la gauche vers la droite pour constituer le rouleau, support de
l’écriture.
La hauteur des feuillets conditionnant la hauteur du rouleau lui-même, était prédéterminée par la longueur
des tronçons de tige. Elle était le plus souvent proche de 17 ‘doigts’ égyptiens3.
Le papyrus Smith à l’origine (avant usure du temps et découpage par Smith en 1876) constituait un rouleau
de près de cinq mètres de longueur formé de l’assemblage de douze feuillets de 400 mm de largeur environ,
collés entre eux (onze zones de collage), d’une hauteur de 320 à 330 mm.
Le rouleau de papyrus était écrit sur une face (face antérieure ou recto), ou sur ses deux faces (recto et
verso), généralement en lignes horizontales d’écriture hiératique orientée de droite à gauche, et se succédant
de haut en bas en formant des colonnes d’écriture de hauteur et de largeur variables, qui n’épousaient pas la
largeur des feuillets constitutifs du document. La hauteur de la colonne d’écriture dépendait de la hauteur des
marges supérieure et inférieure. La largeur des colonnes d’écriture pouvait être régulière ou très irrégulière
comme c’est le cas du papyrus Smith où les colonnes II à V ont une largeur bien supérieure aux suivantes. La
hauteur des lignes et donc le nombre de lignes, et leur parallélisme pouvaient varier d’une colonne à l’autre, en
fonction de l’application du scribe, mais aussi sans doute de l’aspect de la ‘‘mise en page’’ du document
antérieur dont il assurait la copie, et dont il était tributaire, notamment s’il s’agissait d’un apprenti scribe, ce qui
était compte tenu des constatations faites, la condition de l’auteur de la copie dont nous disposons, au moins
du premier qui a copié le papyrus sur sa majeure partie.
Le mode d’enroulement usuel, de la gauche vers la droite, l’enroulement commençant par le bord gauche
de la bande pour se terminer au niveau du bord droit, rend compte du fait que l’extrémité droite de cette bande
constituait la partie la plus superficielle du rouleau, et lui servait d’enveloppe. Cette extrémité droite était ainsi
directement manipulée lors de la saisie du rouleau, et se trouvait en conséquence la plus exposée aux
altérations d’origine externe, et partant la plus vulnérable. Les lignes horizontales formant la première colonne
de texte, écrites à la face antérieure de l’extrémité droite du papyrus s’avèrent par conséquent être les plus
dégradées.
Le papyrus Smith n’a pas échappé à ce phénomène destructeur, comme on le verra plus loin.
1
Ce terme très ancien, présent dans les Textes des Pyramides avec la graphie [Pyr. 491 / Pyr1, S.254] figure une fois dans le papyrus Smith avec la
[Sm XXI 9]
graphie idéographique .
2
Ainsi le papyrus d’Ani, conservé au British Museum, a une longueur de 23 mètres.
3
Le doigt , ou djebâ, mesure linéaire correspondant à une largeur de doigt de 1,86 cm (cf. Suppl.2 : Abrégé de Grammaire – Digression 1 : Fractions et unités de
mesure).
23
PAPYRUS EDWIN SMITH : PRÉSENTATION LIMINAIRE
Le fragment 9 supporte les colonnes XVI et XVII du recto et XVIII et XIX du verso.
Ces fragments sont présentés plus loin (cf. Méthodologie, Figure 1).
La hauteur de chaque colonne, la hauteur des marges supérieure et inférieure, et la hauteur du papyrus
figurent sur le tableau ci-dessous (Tableau 1).
La largeur maximale des colonnes équivaut à la plus grande longueur de ligne.
Le papyrus Smith possède au total 469 lignes, 377 au recto, 92 au verso.
La colonne comportant le plus grand nombre de lignes est la colonne I : 26 lignes (ce nombre est certain, la
reconstitution permettant sur ce plan d’être affirmatif).
Les colonnes comptant le moins de lignes sont la colonne XVII au recto (19 lignes) et la colonne XXII au
verso (14 lignes), la première en raison d’un arrêt de la copie en cours de phrase, la seconde correspondant à
la fin de la copie effectuée par le second scribe, alors qu’il restait de l’espace disponible pour d’autres écrits.
____________________
4
Mesures effectuées sur les fac-similés présentés par Breasted [13b]. Les mesures de hauteur ont été effectuées à la partie médiane des colonnes. Les mesures
de hauteur et de largeur sont exprimées en millimètres.
5
La nomenclature des fragments de la colonne I est présentée plus loin (cf. Traumatismes de la tête, 1re partie, Figure 24).
24
NATURE DES TEXTES
Au-delà du paradigme de présentation des observations, le caractère didactique du document est confirmé
par l’ordonnancement de la séquence d’observations. Elles sont en effet présentées dans un ordre qui tient
compte de deux éléments, la topographie lésionnelle et la sévérité de la lésion. Les observations sont
présentées par régions. Ce n’est nullement précisé dans le document, mais il n’y a aucun mystère : la
description des lésions, traumatiques en l’occurrence, intéresse successivement le crâne, la partie supérieure
de la face, la région temporale, la partie inférieure de la face ; sont ensuite traitées la région cervicale (face
antérieure du cou puis rachis cervical), la ceinture scapulaire et la partie proximale du membre supérieur, et
25
PAPYRUS EDWIN SMITH : PRÉSENTATION LIMINAIRE
enfin les lésions du tronc où sont décrites cette fois de manière moins ordonnée des lésions traumatiques et
des tumeurs. On reconnaît donc là, sans ambiguïté, un mode logique de présentation suivant une progression
anatomique, de la tête aux pieds. Le recto se termine de manière abrupte au milieu d’une observation de
traumatisme du rachis dorsal.
La progression se fait en fonction également du degré de gravité du mal exprimé par le type de verdict : pour
une région donnée sont décrites d’abord les atteintes curables de niveau 1, sachant qu’elles sont elles-mêmes
présentées suivant un degré croissant de complexité ; puis sont exposées les atteintes donnant lieu au verdict
intermédiaire de niveau 2, qui précèdent les cas de pronostic fatal (verdict de type 3).
Ceci représente l’observation type qui connaît toutefois quelques entorses, liées très probablement, comme
on l’expliquera, à des ajouts d’observations nouvelles et parfois à des erreurs de scribe qui se sont pérennisées,
ayant été reprises dans les copies ultérieures.
Les observations présentes à la face antérieure du papyrus Smith sont les suivantes1 2 :
Traumatismes de la tête
Traumatismes crâniens et cranio-cérébraux
Observation 1 [I-1 – I-12] – [Instructions pour une lésion traumatique de la tête] 3– (verdict 1 - 3 gloses)
Observation 2 [I-12 – I-18] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une [plaie béante à la tête] arrivant au
contact de l’os – (verdict 1 - 3 gloses)
Observation 3 [I-18 – II-2] – [Instructions pour une lésion traumatique constituée] d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu'à
l’os avec perforation [du crâne] – (verdict 1 - 4 gloses)
Observation 4 [II-2 – II-11] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à
l’os avec fracture du crâne – (verdict 2 - 3 gloses)
Observation 5 [II-11 – II-17] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une plaie béante à la tête avec fracas
crânien – (verdict 3 - 1 glose)
Observation 6 [II-17 – III-1] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à
l’os, d’un fracas crânien et d’une rupture du cerveau (à l’intérieur) du crâne – (verdict 3 - 2 gloses)
Observation 7 [III-2 – IV-4] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une plaie béante à la tête pénétrant jusqu’à
l’os avec perforation des tepaou (‘‘sinus frontaux’’) du crâne – (deux verdicts 2&3 - 10 gloses)
Observation 8 [IV-5 – IV-18] – Instructions pour un fracas du crâne sous la peau de la tête – (observation polluée avec deux verdicts 3
douteux - 5 gloses)
Observation 9 [IV-19 – V-5] – Instructions pour une lésion traumatique à l’avant du visage avec fracas de l’écaille du crâne –
(observation polluée à caractère magique dominant, sans verdict - 1 glose)
Traumatismes faciaux supérieurs
Observation 10 [V-5 – V-9] – Instructions pour une plaie du sommet du sourcil – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 11 [V-10 – V-15] – Instructions pour une fracture avec déplacement du pilier nasal – (verdict 1 - 2 gloses)
Observation 12 [V-16 – VI-3] – Instructions pour une fracture avec déplacement de la chambre du nez – (verdict 1 - 3 gloses)
Observation 13 [VI-3 – VI-7] – Instructions pour un fracas du nez – (verdict 3 - aucune glose)
Observation 14 [VI-7 – VI-14] – Instructions pour une plaie (transfixiante) de la narine – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 15 [VI-14 – VI-17] – Instructions pour une perforation de la joue – (verdict 1 - aucune glose)
Observation 16 [VI-17 – VI-21] – Instructions pour une fracture de la pommette – (verdict 1 - aucune glose)
Observation 17 [VII-1 – VII-7] – Instructions pour un fracas de la pommette – (verdict 3 - aucune glose - observation polluée par une erreur de
scribe)
Traumatismes de la région temporale
Observation 18 [VII-7 – VII-14] – Instructions pour une lésion traumatique de la tempe – (verdict 1 - 2 gloses)
Observation 19 [VII-14 – VII-22] – Instructions pour une perforation de la tempe – (verdict 1 - 1 glose)
Observation 20 [VII-22 – VIII-5] – Instructions pour une lésion traumatique de la tempe atteignant et perforant l’os temporal –
(verdict 3 – aucune glose)
Observation 21 [VIII-6 – VIII-9] – Instructions pour une fracture de l’os temporal – (verdict 2 – aucune glose)
Observation 22 [VIII-9 – VIII-17] – Instructions pour un fracas de l’os temporal – (verdict 3 – 3 gloses)
Observation 23 [VIII-18 – VIII-22] – Instructions pour une plaie de l’oreille – (verdict 1 – aucune glose)
Traumatismes faciaux inférieurs
Observation 24 [VIII-22 – IX-2] – Instructions pour une fracture avec déplacement de la mandibule – (verdict 3 – aucune glose)
Observation 25 [IX-2 – IX-6] – Instructions pour une luxation de la mandibule – (verdict 1 – aucune glose)
Observation 26 [IX-6 – IX-13] – Instructions pour une plaie de la lèvre (supérieure) – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 27 [IX-13 – IX-18] – Instructions pour une lésion traumatique constituée d’une plaie béante du menton – (verdict 1 –
aucune glose)
1
Les têtes de chapitre (ex. Traumatismes crâniens), les subdivisions (ex. Traumatismes de la région temporale) et les mentions des observations successives
avec leur numéro d’ordre (ex. Observation 19) n’existent pas dans le texte égyptien, écrit en continu, sans la moindre séparation.
2
Le verdict et l’existence de gloses et leur nombre sont précisés pour chaque observation à titre informatif préalable et seront naturellement détaillés lors de
la traduction ligne à ligne et de la traduction suivie.
3
Les parties entre crochets correspondent à la traduction de parties manquantes de la colonne, reconstituées de manière assurée.
26
NATURE DES TEXTES
Observation 31 [X-12 – X-22] – Instructions pour une luxation d’une vertèbre du cou – (verdict 3 – 3 gloses)
Observation 32 [XI-1 – XI-9] – Instructions pour un tassement d’une vertèbre du cou – (verdict 1 – 1 glose)
Observation 33 [XI-9 – XI-17] – Instructions pour un écrasement d’une vertèbre du cou – (verdict 3 – 2 gloses)
Au total, vingt-neuf des quarante-huit observations présentent une ou plusieurs gloses (jusqu’à dix pour la
septième observation) avec un total de soixante-dix gloses.
Ces gloses apparaissent dans quelques cas comme un témoignage supplémentaire de la volonté de l’auteur
primitif de se faire parfaitement comprendre de ses élèves.
Dans les autres cas, les gloses relèvent d’interventions ultérieures d’autres maîtres-médecins qui ont
souhaité, sans intervenir sur le texte initial, adapter les observations aux évolutions, notamment linguistiques,
de leur époque.
La liste ci-dessous présente les intitulés des huit incantations magiques à visée apotropaïque et des trois
recettes de nature cosmétique du verso, qui en possèdent toutes un.
En revanche, contrairement aux observations du recto, les deux prescriptions médicales n’en possèdent
pas ; l’intitulé indiqué est un ajout personnel qui découle du contenu de la prescription.
27
PAPYRUS EDWIN SMITH : PRÉSENTATION LIMINAIRE
____________________
28
MÉTHODOLOGIE
Méthodologie
L’objet de ce chapitre est de décrire la méthodologie appliquée pour passer des reproductions
photographiques du texte hiératique du papyrus Smith à la traduction française.
Plusieurs opérations successives sont nécessaires : la transcription du texte hiératique en caractères
hiéroglyphiques, strictement conforme à la présentation du document primaire, en lignes orientées de droite à
gauche ; puis la transcription hiéroglyphique de gauche à droite, sens typographique adopté dans les ouvrages
contemporains, permettant l’étape suivante de translittération hiéroglyphique, indispensable avant la traduction.
Rappels
Le papyrus Edwin Smith, dont on a précisé antérieurement les dimensions, est rédigé dans son intégralité
en écriture hiératique, forme cursive de l’écriture hiéroglyphique avec des lignes écrites de droite à gauche, se
succédant de haut en bas, pour former des colonnes disposées elles-mêmes de droite à gauche. Il comprend
un total de vingt-deux colonnes d’écriture, dix-sept rédigées à la face antérieure du papyrus (recto) et cinq à sa
face postérieure (verso). Il est écrit comme il était d’usage, en deux couleurs, noire et rouge. Il ne comporte
aucune illustration.
Deux scribes sont intervenus dans sa rédaction, dans des proportions très inégales : un premier scribe a
rédigé les dix-sept colonnes du recto ; ayant interrompu son travail de manière inopinée près de la fin de la dix-
septième colonne, il a repris le même support, après un délai indéterminé, pour copier au verso trois colonnes
et les huit premières lignes d’une quatrième, d’un texte sans lien avec le texte principal occupant le recto. Un
second scribe est intervenu à sa suite pour copier treize lignes supplémentaires sur cette même colonne, puis
quatorze lignes formant au verso une cinquième et dernière colonne de quatorze lignes, n’occupant que la
moitié de la hauteur du feuillet-support.
Le rouleau de papyrus ayant été découpé par Edwin Smith lui-même pour faciliter son transport à plat au
fond d’une malle lorsqu’il quitta Louqsor en 1876 pour rentrer aux États-Unis, le document d’origine ne peut
plus être déroulé comme d’autres papyrus mieux préservés pour en permettre une vue d’ensemble1.
Les fac-similés dont on dispose sont des photographies des différents fragments du papyrus dans son état
actuel, correspondant à ce découpage initial.
Les premières photographies connues figurent dans le second volume de la publication de James Henry
Breasted [13b, pl.I-XXII] : il s’agit de clichés de teinte bistre où la différenciation des couleurs de caractère est parfois
malaisée. Le volume 2 de Breasted offre en revanche l’avantage de présenter les colonnes à l’échelle 1/1. De
plus, il s’agit de la reproduction de photographies prises dans le laboratoire de l’Oriental Institute de Chicago,
sans doute très peu de temps après son dépôt, et avant le début des travaux de restauration et des tentatives
de décollement des cartonnages mis en place à titre de support plus de quatre décennies auparavant par
Smith : ces travaux allaient provoquer sur le papyrus quelques dommages supplémentaires irréversibles,
mentionnés par Breasted, intéressant notamment la colonne II [13b, p.IX-XII].
L'examen comparatif de ces premiers clichés et des dernières reproductions en couleur du papyrus
effectuées à la Bibliothèque de la New York Academy of Medicine où il est conservé depuis décembre 1948
montre parfaitement les différences liées à ces interventions hasardeuses.
1
Hormis après reconstruction numérique.
2
Du 13 septembre 2005 au 15 janvier 2006.
3
Clichés soumis à copyright.
4
GIMP 2 - 2.8.4 copyright © 1995-2013 Spencer Kinball, Peter Mattis & al.
29
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Les clichés qui nous ont été fournis par la NYAML sont présentés ci-dessous, mis à l’échelle 1/10e permettant
de rendre aisément compréhensibles sur une vue d’ensemble l’état actuel du papyrus, les différences de largeur
des colonnes, et la disposition des colonnes du verso au dos des colonnes de la face antérieure.
Col. XVII Col. XVI Col. XV Col. XIV Col. XIII Col. XII
Face postérieure du papyrus (verso)
Fragments 8 9
5
La colonneXVIII est au dos de la colonne XVII, la colonne XIX au dos de la colonne XVI, la colonne XX au dos de la colonne XV et de la partie la plus à
gauche de la colonne XIV, la colonne XXI au dos du reste de la colonne XIV, la colonne XXII au dos de la colonne XIII.
30
MÉTHODOLOGIE
recensés dans la littérature égyptienne disponible à la fin du XIX e et au début du XXe siècle. Le volume où figure
la quasi-totalité des caractères présents dans le papyrus Smith est le volume I paru en 1909 [99] ; quelques très
rares caractères, absents du volume I, sont référencés dans le volume 2 [100].
Lors de la préparation de son travail fondamental qui, à ce jour, n’a pas été égalé, Möller ne pouvait pas
connaître le papyrus rapporté d’Égypte par Edwin Smith, entreposé dans les cartons de son acquéreur jusqu’en
1906 puis conservé jusqu’en 1920 par la New York Historical Society, et publié seulement en 1930. Par contre,
il avait à sa disposition d’autres documents, de datation voisine, notamment le papyrus Westcar et le papyrus
Ebers. La forme des caractères hiératiques présents sur ce dernier est le plus souvent très proche de celle des
caractères homologues du papyrus Smith.
Pour réaliser le présent travail nous avons, à partir des fac-similés des vingt-deux colonnes d’écriture (dix-
sept colonnes au recto et cinq au verso), effectué la transcription hiéroglyphique numérisée, ligne à ligne, au
moyen du logiciel InScribe 20046, au plus près de l’écriture d’origine et respectant naturellement la bichromie
d’écriture noire et rouge du document primaire :
- la transcription a été effectuée avec la police de caractères hiéroglyphiques Inscribe de taille 11 pour
les colonnes I à V ;
- à partir de la colonne VI du recto, la réduction de largeur des colonnes a permis une transcription avec
la police de caractères hiéroglyphiques Inscribe de taille 14 (colonnes VI à XVII) ;
- la transcription hiéroglyphique des colonnes du verso (colonnes XVIII à XXII) a été intégralement
effectuée avec la même police de caractères Inscribe 14.
Ex. : Papyrus Smith : Colonne II - ligne 6
Translittération
Dans notre présentation ligne à ligne, la transcription hiéroglyphique de gauche à droite est immédiatement
suivie de la translittération.
Avant traduction, les textes hiéroglyphiques font l’objet d’une translittération, opération qui a pour finalité de
transformer un texte hiéroglyphique en un texte littéral, ‘‘alphabétique’’.
La translittération consiste à individualiser et à transcrire en écriture de gauche à droite les mots égyptiens
d’un texte écrit (ou transcrit) en hiéroglyphes orientés pour une lecture de gauche à droite, au moyen de lettres
minuscules correspondant, par convention, aux sonorités supposées (consonantiques et de vocalisation) du
moyen égyptien.
Dans la mesure où il s’agit d’une convention, les règles de translittération ne sont pas adoptées de manière
univoque par tous les égyptologues et philologues s’intéressant à l’Égypte ancienne7.
6
InScribe 2004 copyright © 1993-2004 Saqqara Technology Ltd - 81 Sandfield Road Headington, Oxford, Oxfordshire, OX3 7RW United Kingdom –
Le logiciel dispose de la fonte de caractères hiéroglyphiques du Griffith Institute d’Oxford, utilisée dans les différentes éditions de l’Egyptian Grammar, dont la
dernière en date [48] avec, dans la dernière version du logiciel, quelques caractères supplémentaires absents de la liste de Gardiner. Il permet de présenter les
hiéroglyphes dans les deux couleurs (noire et rouge) utilisées par les scribes, de moduler les tailles de caractères imprimés de 8 à 144, d’écrire dans les deux
sens de l’écriture égyptienne en ligne (de droite à gauche et de gauche à droite), de créer des cartouches, de marquer des caractères endommagés et des
lacunes du texte, etc. Les séquences créées sont ensuite directement transférables dans les traitements de texte d’usage courant, d’où elles peuvent être
récupérées pour une éventuelle révision.
Le logiciel Inscribe est doté également d’une fonte littérale pour la translittération (Inscribe Phonetic).
7
Certains modes récents de translittération présentent une complexification non seulement rébarbative, mais surtout inutile et au total sans doute, contre-
productive.
31
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Le mode de translittération adopté dans cet ouvrage est fondé sur celui du Griffith Institute d’Oxford, avec
quelques adaptations a minima.
Les 25 caractères utilisés pour effectuer la translittération, typographiés en italique (ou soulignés dans une
écriture manuscrite) pour être distingués du reste du texte (traduction et commentaires), sont listés ci-dessous
dans l’ordre conventionnel retenu dans les dictionnaires et lexiques égyptiens.
Ces caractères correspondent aux caractères hiéroglyphiques (et hiératiques) définis par Champollion
comme phonogrammes unilitères :
A–j–y–a–w–b–p–f–m–n–r–h–H–x–X–z–s –S–q–k–g–t–T–d–D 8
8
Dans la majorité des ouvrages et des dictionnaires sont confondus dans la translittération le z et le s sous la forme unique s ; cette simplification n’apporte
aucune valeur ajoutée et nous différencierons donc les deux caractères de translittération en fonction des caractères hiéroglyphiques d’origine.
9
cf. Suppl.1 : Système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité –Tableau IV).
10
Ce terme et les divers termes grammaticaux qui sont mentionnés ci-après et présents dans de nombreuses notes de bas de page sont explicités et
développés dans un second supplément en fin de volume intitulé ‘‘Abrégé de grammaire de l’égyptien classique’’. Pour la notion de verbe faible : cf. Suppl.2 :
Abrégé de grammaire, chap.8.
11
Le pronom suffixe est l’une des trois variétés de pronoms personnels de l’égyptien classique, les deux autres étant le pronom dépendant et le pronom
indépendant. Le pronom suffixe a plusieurs usages dont celui de déterminant possessif (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire, chap.5) et dans l’énoncé d’action ou
phrase à prédicat verbal (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire, chap.9) il peut être sujet, complément d’objet indirect ou complément circonstanciel du verbe.
12
Le verbe à la voix active comprend un certain nombre de formes définies à partir d’un paradigme où le verbe sDm « entendre », « écouter » a pour sujet le
pronom suffixe de la 3e personne du masculin singulier .f :ont été ainsi identifiées par les grammairiens diverses formes de flexion suffixale, directe sDm.f où
le pronom suffixe suit directement le verbe, indirecte où le pronom suffixe sujet ne suit le verbe qu’indirectement étant séparé de lui par une particule ‘‘suffixale’’
(il en existe quatre : .n, .jn, .xr, .kA ), et enfin la flexion auxiliée, où le verbe est précédé d’un ‘‘auxiliaire’’ (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire chap.11).
13
Le pseudoparticipe est une forme verbale ancienne appelée ‘pseudopartizip’ par le grammairien allemand Adolf Erman (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire,
chap.18).
14
Le complément de nom peut s’exprimer en égyptien suivant deux modes, le génitif direct où les deux substantifs (le substantif régissant et le substantif régi)
sont directement au contact l’un de l’autre, et le génitif indirect où une copule adjectivale s’interpose entre le substantif régissant et le substantif régie (on parle
de copule adjectivale, car cet élément s’accorde à la manière d’un adjectif en genre et en nombre avec le substantif régissant) : cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire,
chap.3).
15
Nisbé : nom donné à des adjectifs de relation forgés à partir de substantifs d’une part (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire, chap.2), de prépositions d’autre part (cf.
Suppl.2 : Abrégé de grammaire, chap.10).
16
Le participe égyptien comporte six formes (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire chap.17).
17
Le complément verbal négatif est la désinence d’un verbe nié par la présence devant lui d’un verbe de négation (cf. Suppl.2 : Abrégé de grammaire chap.24).
18
La langue égyptienne a su gérer le problème de l’homographie avec homophonie par l’usage des ‘‘déterminatifs sémantiques’’, caractères qui se lisent, mais
ne s’expriment pas : l’utilisation en fin de mot de déterminatifs spécifiques derrière une séquence de phonogrammes permet de distinguer deux termes
homographes et homophones, de signification différente (cf. Suppl.1 : Système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité §5B3d).
32
MÉTHODOLOGIE
Traduction
La traduction de l’égyptien ancien en français a, comme toute traduction, l’ambition d’assurer la meilleure
restitution possible des concepts de l’auteur de l’Antiquité.
Dans le domaine médical, objet principal du papyrus Smith, il convient également dans la traduction de
rester au plus près du savoir des praticiens de l’époque et de ce que l’on en connaît, tel qu’on peut l’apprécier
en fonction des différentes sources disponibles, et ce en évitant deux écueils.
Le premier consisterait à mésestimer ce savoir, en se fondant sur la pertinence faible (ou qui, plus
exactement, peut nous paraître telle) au vu des connaissances actuelles, des solutions thérapeutiques
proposées il y a plus de 3 500 ans. Ces traitements étaient le fruit d’une longue expérience collective acquise
au fil des siècles et des millénaires précédents, depuis le moment où, au sein des petites communautés
humaines préhistoriques, certains hommes se virent investis de la fonction redoutable de soulager leurs
semblables et d’essayer de différer l’échéance inéluctable, la mort. Leurs connaissances, fruits de l’expérience,
furent transmises par voie orale dans une longue chaîne humaine, de génération en génération, jusqu’au
moment où l’écriture permit de les fixer à l’usage de quelques initiés. Il s’agissait donc de traitements
empiriques, au sens premier et noble du terme21. On sait par ailleurs, grâce aux sources écrites de témoins de
l’Antiquité, que la médecine égyptienne avait acquis très tôt un développement et des potentialités
remarquables à tel point que des médecins égyptiens étaient appelés à exercer hors de leur pays ; le corps
médical était structuré et les médecins directement responsables de leurs actes, la faute médicale inexcusable
pouvant être punie de mort comme le précise Diodore de Sicile [Diod I 82-3, p.154-5], ce qui n’est pas sans rappeler les
pratiques babyloniennes inscrites dans le Code d’Hammurabi.
Inversement, il ne faut pas surinterpréter les textes, et faire dire à l’auteur de l’Antiquité, dans une forme
d’enthousiasme hors de propos, ce qui ne lui était pas et ne pouvait pas lui être accessible.
Dans la traduction nous avons été conduits à introduire quelques termes médicaux lorsqu’ils apportent des
précisions que ne rend pas, ou insuffisamment, le langage commun.
19
La translittération des parties manquantes restaurées est effectuée avec la police InScribe Phonetic 9.
20
Les compléments phonétiques sont des caractères présents dans la graphie, en lien avec un phonogramme bilitère ou trilitère, dont ils précisent la lecture,
mais dans la majorité des cas dans un but esthétique (cf. Suppl.1 : Système d’écriture des Égyptiens de l’Antiquité §5B5).
Le logiciel dispose également d’une fonte littérale pour la translittération (Inscribe Phonetic).
21
Dans la terminologie grecque coexistent « ™p…st»mh » [épistémê], ou « science pure » (d’où le terme « épistémologie », ou « discours sur la science »), et
« ™mpeir…a » [empeiria], « expérience » (d’où les termes « empirisme » et « empirique » qui correspondent aux acquis de l’expérience et ne présentent donc, dans
leur signification originelle, aucune connotation péjorative).
33
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Sur le plan de la forme, la traduction française nécessite le recours aux signes habituels de ponctuation, la
séparation des mots, des phrases, des paragraphes, étant inexistante en égyptien où les caractères, qu’il
s’agisse du hiératique ou de l’écriture hiéroglyphique, sont disposés sans aucune démarcation.
La traduction a été typographiée en caractères droits Times New Roman 9, hormis la traduction des parties de
texte qui font l’objet d’une reconstitution, écrite en caractères italiques [Times New Roman 7], entre crochets.
Le reste du texte (présentation, commentaires) est rédigé en caractères droits Arial 10.
Les nombreuses notes de bas de page qu’il nous a semblé nécessaire d’inclure comportent cinq types de
caractères : police InScribe 8 (dans tous les cas, caractères de couleur noire en écriture de gauche à droite)
pour les hiéroglyphes, police Inscribe Phonetic 8 en caractères italiques pour la translittération, police Times New Roman 7
pour les termes traduits ; police Arial 7 pour les commentaires ; police Arial Narrow 9 en exposant entre crochets droits
[Arial Narrow 9] pour les renvois vers d’autres parties du papyrus et les références bibliographiques 22.
La traduction a eu pour objectif d’allier au mieux précision et clarté du propos et fluidité de langage tout en
restant au plus près de la formulation égyptienne.
Certains usages linguistiques égyptiens, transcrits mot à mot, conduisent à une traduction ‘‘lourde’’, de
lecture rébarbative.
On peut ainsi signaler le recours très fréquent et souvent sémantiquement redondant du pronom suffixe
déterminant possessif dans les observations médicales au recto du papyrus. Dans la plupart des cas, une
traduction française littérale utilisant l’adjectif possessif n’apporte aucune précision complémentaire, et alourdit
inutilement la formulation. On a donc privilégié, chaque fois qu’il était possible de le faire sans affaiblir le sens
de la phrase, la traduction du déterminant par un article défini dont il faut savoir qu’il n’existait pas en égyptien
classique et qu’il n’apparût qu’au Nouvel Empire par évolution des démonstratifs ‘‘récents‘’ en A (cf. Suppl.2 :
Abrégé de grammaire chap.4).
22
Il en est de même pour les renvois bibliographiques introduits dans le corps du texte.
23
Ces modifications sont consultables sur le site : http://francite.net/education/cyberprof/page522.html
34
MÉTHODOLOGIE
de la langue par les enfants et apprenants de français langue étrangère, vient bien au contraire le compliquer
inutilement, de manière irresponsable.
Nous avons donc pris le parti de continuer à écrire sans vergogne, entre autres, « voûte » et non « voute »,
« crâne » et non « crane », « ambiguïté » et non « ambigüité » ( !), etc., demeurant en accord, ce faisant, avec des
pratiques anciennes éprouvées, ayant pour la plupart un fondement étymologique et coutumier solide, suivies
par la majorité des auteurs et traducteurs, et que l’on trouve toujours dans la plupart des ouvrages imprimés
actuels, encyclopédies et dictionnaires inclus.
Concernant enfin l’orthographe de certains termes grammaticaux spécifiques à l’étude de l’égyptien, nous
sommes restés fidèles à l’origine de ces mots : c’est ainsi que l’on écrit « pseudoparticipe », le mot ayant été
forgé comme on le verra plus loin par le grammairien allemand Adolf Erman (‘‘pseudopartizip’’), mais que l’on
conservera le trait d’union dans des formulations telles que « prédicat pseudo-verbal », « phrase ou construction
pseudo-verbale ».
____________________
35
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
Les fac-similés des vingt-deux colonnes du papyrus Smith sont présentés sur les pages paires ; sur les
pages impaires en regard, figure la transcription hiéroglyphique ligne à ligne du hiératique, orientée de droite à
gauche, respectant au mieux l’ordonnancement et la disposition des caractères hiératiques d’origine.
37
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
38
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
I-1
I-2
I-3
I-4
I-5
I-6
I-7
I-8
I-9
I-10
I-11
I-12
I-13
I-14
I-15
I-16
I-17
I-18
I-19
I-20
I-21
I-23
I-24
I-25
I-26
Colonne I
Transcription hiéroglyphique des fragments exploitables
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PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Figure 3 : Colonne II
Fac-similé (échelle 0,57)
Avec la permission de : The New York Academy of Medicine Library ©
25 lignes
40
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
II-1
II-2
II-3
II-4
II-5
II-6
II-7
II-8
II-9
II-10
II-11
II-12
II-13
II-14
II-22
II-23
II-24
II-25
Colonne II
Transcription hiéroglyphique
41
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
42
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
III-12
III-13
III-14
III-15
III-16
III-17
III-18
III-19
III-20
III-21
Colonne III
Transcription hiéroglyphique
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PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Figure 5 : Colonne IV
Fac-similé (échelle )
Avec la permission de : The New York Academy of Medicine Library ©
21 lignes
44
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
IV-1
IV-2
IV-3
IV-4
IV-5
IV-6
IV-7
IV-8
IV-9
IV-10
IV-11
IV-12
IV-13
IV-14
IV-15
IV-16
IV-17
IV-18
IV-19
IV-20
IV-21
Colonne IV
Transcription hiéroglyphique
45
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Figure 6 : Colonne V
Fac-similé (échelle 0,54)
Avec la permission de : The New York Academy of Medicine Library ©
22 lignes
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FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
V-1
Colonne V
Transcription hiéroglyphique
47
PAPYRUS EDWIN SMITH : TRANSCRIPTION – TRANSLITTÉRATION – TRADUCTION – COMMENTAIRES
Figure 7 : Colonne VI
Fac-similé (échelle 0,70)
Avec la permission de : The New York Academy of Medicine Library ©
21 lignes
48
FAC-SIMILÉ ET TRANSCRIPTION HIÉROGLYPHIQUE
VI-1
VI-2
VI-3
VI-4
VI-5
VI-6
VI-7
VI-8
VI-9
VI-10
VI-11
VI-12
VI-13
VI-14
VI-15
VI-16
VI-17
VI-18
VI-19
VI-21
Colonne VI
Transcription hiéroglyphique
49