MOHEBS_ DOCUMENT DE REFERENCE_mis à jour
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Ministère de
l’Education nationale
-------------------------------------------------
DIRECTION DE L’ENSEIGNEMENT
ELEMENTAIRE (DEE)
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MODELE HARMONISE
D’ENSEIGNEMENT BILINGUE
AU SENEGAL
Novembre 2019
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
I. CADRE DE REFERENCE DE L’ENSEIGNEMENT BILINGUE AU SENEGAL 6
1.1. Cadre international ................................................................................................. 6
1.2. Cadre sous-régional............................................................................................... 8
1.3. Cadre national ......................................................................................................... 8
II. ETAT DES LIEUX ........................................................................................................ 9
2.1. Expériences d’enseignement bilingue à l’école ............................................. 9
2.2. Leçons apprises........................................................................................................... 22
III. OBJECTIFS ET RESULTATS ATTENDUS .......................................................... 23
3.1. Objectifs ......................................................................................................................... 23
3.2. Résultats attendus ...................................................................................................... 24
IV. PRESENTATION DU MODELE HARMONISE D’ENSEIGNEMENT BILINGUE
AU SENEGAL........................................................................................................................ 24
4.1 Articulation des langues ..................................................................................... 24
4.2 Critères d’éligibilité des langues ...................................................................... 26
V. SCHEMA DE GENERALISATION PROGRESSIVE ............................................ 27
VI. COMPOSANTES........................................................................................................ 29
6.1. PILOTAGE .................................................................................................................. 29
6.2. PROGRAMME ............................................................................................................ 31
6.3. FORMATION DES ACTRICES ET DES ACTEURS ............................................ 31
6.4. MATÉRIEL DIDACTIQUE ........................................................................................ 32
6.5. RECHERCHE ACTION ET ACCOMPAGNEMENT SCIENTIFIQUE ET
TECHNIQUE .......................................................................................................................... 32
6.6. COMMUNICATION ET MOBILISATION COMMUNAUTAIRE .......................... 33
6.7. GESTION ..................................................................................................................... 33
6.8. SUIVI-ÉVALUATION DE LA REFORME ............................................................... 33
2
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
ADLAS Association pour le Développement de la Langue Saafi
AME Association des Mères d’Elèves
APE Association des Parents d’Elèves
ARED Associates in Research and Education for Development
ASC Association sportive et culturelle
ASELN Association sénégalaise des Ecrivains en Langues nationales
ASLN Académie sénégalaise des Langues nationales
BFEM Brevet de Fin d’Etudes moyennes
BM Banque mondiale
CE1 Cours élémentaire 1ère année
CE2 Cours élémentaire 2ème année
CEB Curriculum de l’Education de Base
CESAG Centre africain d’Etudes supérieures en Gestion
CFEE Certificat de Fin d’Etudes élémentaires
CGE Comité de Gestion d’Ecole
CI Cours d’Initiation
CLAD Centre de Linguistique appliquée de Dakar
CNRE Centre national des Ressources éducationnelles
CNREF Commission nationale de Réforme de l’Education et de la Formation
CONFEMEN Conférence des Ministres de l’Education des Etats et Gouvernements
de la Francophonie
CP Cours préparatoire
CREN Centre de Recherche en Education de Nantes
CRFPE Centre régional de Formation des Personnels de l’Education
CT Collectivités territoriales
DAGE Direction de l’Administration générale et de l’Equipement
DAJLD Division des Affaires juridiques, de la Liaison et de la Documentation
DALN Direction de l’Alphabétisation et des Langues nationales
DEE Direction de l’Enseignement élémentaire
DEMSG Direction de l’Enseignement moyen secondaire général
DEXCO Direction des Examens et Concours
3
DFC Direction de la Formation et de la Communication
DPLN Direction de la Promotion des Langues nationales
DPRE Direction de la Planification et de la Réforme de l’Education
DRTS Division de la Radio-Télévision scolaire
ECB Ecoles communautaires de Base
ECE Ecole communautaire élémentaire rurale
EGEF Etats généraux de l’Education et de la Formation
EGRA Early Grade Reading Assessment
ELAN Ecole et Langues nationales en Afrique
EMiLe Projet d’Education multilingue
EPSA Education physique sportive et artistique
ESVS Education à la Science et à la Vie sociale
ETL Equipe technique locale
FASTEF Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la
Formation
GPF Groupement de Promotion féminine
IA Inspection d’Académie
ICD Inspecteur Chef de District
ID Inspection des Daara
IEF Inspection de l’Education et de la Formation
IFAN Institut fondamental d’Afrique noire
IFEF Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation
INEADE Institut national d’Etude et d’Action pour le Développement de
l’Education
IREMPT Institut de Recherche pour l’Enseignement des Mathématiques, de la
Physique et de la Technologie
L1 Langue première
L2 Langue seconde
LASCOLAF Langues de Scolarisation en Afrique francophone
LC Langue et Communication
LN Langue nationale
LN/F Langue nationale/Français
LPGS Lettre de Politique générale sectorielle
4
LPT Lecture Pour Tous
MAE Mise à l’Essai
MEN Ministère de l’Education nationale
MOHEBS Modèle harmonisé d’Enseignement bilingue au Sénégal
MPE Ministère de la petite Enfance
MWAI Miske Witt & Associates international
NORAD Norvegian Agency For Development Cooperation
OCB Organisation communautaire de Base
OCDE Organisation pour la Coopération et le Développement économique
OIF Organisation internationale de la Francophonie
ONECS Office national d’Enseignement catholique au Sénégal
ONG Organisation Non gouvernementale
OSC Organisations de la Société civile
PA Plan d’Action
PAQUET-EF Programme d’Amélioration de la Qualité, de l’Equité et de la
Transparence du secteur de l’Education et de la Formation
PSE Plan Sénégal émergent
PTF Partenaires techniques et financiers
RDA Responsable départemental de l’Alphabétisation
RDC République démocratique du Congo
RRA Responsable régional de l’Alphabétisation
SEA Suivi, Evaluation et Ajustement
SIL Société internationale de Linguistique
SIMEN Système d’Information et de Management de l’Education nationale
SNA Semaine nationale de l’Alphabétisation
TDR Termes De Références
TIC Technologies de l’Information et de la Communication
UCAD Université Cheikh Anta Diop
UCGE Union des Comités de Gestion d’Ecole
UESLAN Union des Ecrivains sénégalais en Langues nationales
UNAL Union nationale des Associations de Langues
UNESCO Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et la
Culture
5
I. CADRE DE REFERENCE DE L’ENSEIGNEMENT BILINGUE AU SENEGAL
Il a été très tôt établi que la langue d’enseignement, au tout début de la scolarité,
devrait être la langue première1 de l’enfant. Selon les experts de l’UNESCO
« l’enseignement dans une langue étrangère expliquerait les taux élevés d’échec
enregistrés dans les écoles africaines : après trois ou quatre ans d’étude, beaucoup
d’élèves abandonnent l’école ou en sont exclus pour une insuffisance de résultats.
La plupart des élèves ne comprennent pas le contenu du message véhiculé dans
une langue étrangère ».2 C’est ainsi que plusieurs expériences ont été menées dans
divers pays avec des fortunes diverses.
L'UNESCO a très tôt contribué à placer le débat sur l’introduction des langues
nationales à l’école en Afrique à un niveau international. Dès 1947, la première
réunion d'experts chargés d'étudier les problèmes linguistiques relatifs à l'éducation
de base s’est penchée sur la question : "Doit-on, pour faire acquérir aux élèves les
idées essentielles de la civilisation moderne, se servir de leur langue maternelle ou
d'une langue auxiliaire ?"3
1 Une langue première est une langue de première socialisation, une langue que l’enfant maîtrise avant d’aller à l’école.
2 Les langues de scolarisation en Afrique francophone (LASCOLAF), Enjeux et repères pour l’action, Etudes-pays Juin 2010.
3 UNESCO (2001), conférence internationale de l’éducation, 46 ème session, Rapport final. Genève 5-8 septembre.
6
Entre autres réponses, il a été souligné que c'est une évidence que tout enfant d'âge
scolaire devrait aller à l'école et que le meilleur véhicule de
l’enseignement/apprentissage est la langue première de l'élève.
Dans les années 90, la Banque mondiale a fait de la question des langues nationales
un des facteurs-clés du développement des systèmes éducatifs africains :
l’adaptation des enseignements/apprentissages aux problèmes de développement
économique et social de l’Afrique passe par la revalorisation et l’utilisation des
langues nationales à l’école.
4 Linguapax International protège et encourage la revitalisation de la diversité linguistique dans le monde pour contribuer au
dialogue et à la paix.
5 Les langues de scolarisation en Afrique francophones (LASCOLAF), Enjeux et repères pour l’action, Etudes-pays Juin
2010.
7
1.2. Cadre sous-régional
De plus en plus, les responsables des pays africains et leurs partenaires font du
développement durable un paradigme nouveau. Cela implique la nécessaire
articulation entre l’école et les besoins socio-économiques et culturels des
communautés. C’est dire le rôle déterminant que les langues africaines doivent jouer
dans toute stratégie de développement durable en Afrique. Elles doivent permettre à
l’élève de trouver sa place dans son environnement, le connaître, le comprendre,
l’analyser, le respecter, l’aimer pour contribuer à son évolution vers le type de
développement recherché.
La question des langues nationales à l’école est une des préoccupations majeures
des Etats francophones d’Afrique subsaharienne : il est évident, pour les spécialistes
de l’éducation, qu’un système éducatif performant passe par la construction d’un
enseignement/apprentissage bilingue « Langue nationale-français ».
Le problème n’est donc plus de savoir s’il faut ou non utiliser les langues nationales à
l’école, mais de voir comment le faire au mieux.
Au Sénégal, l’utilisation des langues nationales dans le système éducatif formel est
une préoccupation centrale des autorités et des communautés. Cette préoccupation
apparaît à travers plusieurs textes6 et décisions7 dont les EGEF, les conclusions des
colloques de Kolda et Saint-Louis, les Assises nationales pour le secteur de
l’Education et de la Formation, ainsi que la directive N°6 du Conseil présidentiel sur
les conclusions des Assises de l’Education et de la Formation (septembre 2015), la
Lettre de Politique générale sectorielle et le Programme d’Amélioration de la Qualité
et de l’Equité (PAQUET).
6
Loi 71-36 du 03 juin 1971 portant orientation de l’éducation nationale
7
Décret 72-862 relatif à l’organisation de l’enseignement primaire, Loi d’orientation 91- 22 du 16 février 1991, Constitution
de 2001, LPS de 2018.
8
La Commission nationale de Réforme de l’Education et de la Formation (CNREF),
issue des Etats généraux de l’Education et de la Formation (EGEF) a recommandé
l’introduction des langues nationales comme médium d’enseignement dans le cycle
fondamental.
Les colloques de Kolda (1993) et de Saint-Louis (1995) ont repris la réflexion pour
aboutir à la conclusion que l’objectif de scolarisation universelle ne pourra être atteint
que grâce à l’introduction des langues nationales dans l’éducation de base. Des
actes du colloque de Saint-Louis, est née l’expérimentation des Ecoles
communautaires de Base (ECB).
9
La question de l’apprentissage et de la maîtrise des langues est perçue, par exemple
dans les pays de l’OCDE dans sa dimension sociétale, bien au-delà des seuls
aspects didactiques et pédagogiques.
Les formations en langues sont appréhendées de manière holistique. Elles incluent
en général toutes les langues parlées traditionnellement dans ces pays (langues
endogènes) ainsi que les langues des minorités et les langues étrangères.
L'apprentissage des langues étrangères est un vecteur au service de la culture et de
la mobilité dans un monde sans frontière.
Instrument privilégié de contact interculturel, l'éducation bi-plurilingue en Europe, par
exemple, vise à transmettre aux enfants une compétence en anglais et dans les
autres langues d’Europe afin de faire face aux exigences du libre marché de l'emploi.
La finalité est double :
- au niveau individuel, il s'agit de promouvoir une ouverture culturelle et une
approche de l'altérité, mais aussi de faciliter l'insertion professionnelle des
jeunes en améliorant leurs compétences linguistiques ;
- au niveau institutionnel, il s'agit de contribuer à la création d'une citoyenneté
démocratique européenne et de renforcer en retour la diffusion de la langue
territoriale.
2.1.2. En Afrique
Aux lendemains des indépendances, la question de l’introduction des langues
nationales à l’école ne s’est pas posée d’emblée comme une priorité pour la plupart
des États africains. Il a fallu des années pour qu’un consensus se fasse autour d’une
introduction réfléchie des langues nationales à l’école et que les premières
expériences voient le jour dans la plupart des pays d’Afrique (Mali, Burkina Faso,
Guinée, Niger, Mauritanie, Bénin, Cameroun, RDC, Burundi, Ethiopie, Rwanda,
Sénégal, etc.).
9Pour les détails de ces expériences voir l’Etude sur les expériences sous régionales en matière d’introduction des langues
nationales à l’école élémentaire : les cas du Burkina Faso, du Mali, du Niger et de la Mauritanie - DPLN mars 2002.
10
- créer une passerelle entre l’école et le milieu afin d’impulser un développement
durable à partir d’une école réappropriée par les communautés bénéficiaires ;
- corriger les imperfections du système formel d’éducation qui se traduisent par
une massification des échecs scolaires, de forts taux d’abandon et de
redoublement, des disparités énormes en matière d’accès.
Si l’appellation des approches pédagogiques utilisées diffère, les méthodes sont pour
l’essentiel les mêmes.
Les performances réalisées par les élèves des classes bilingues sont globalement
meilleures que celles observées dans les classes monolingues.
2.1.3. Au Sénégal
L’utilisation des langues nationales à l’école est à l’ordre du jour depuis 1971. Le
Sénégal a développé plusieurs expériences en éducation bilingue avec les classes
télévisuelles et non télévisuelles de 1977 à 1984, les Ecoles communautaires de
Base (ECB) dans les années 90, la mise à l’essai de 2002 à 2008, les Ecoles
communautaires élémentaires rurales (ECE) de 2002 à 2012, les expériences
développées par la société civile (ADLAS, ARED, EMiLe), l’initiative ELAN à partir de
2009. Plus récemment, les classes passerelles sont initiées et développées avec
l’UNICEF, l’IFEF, l’USAID, la Banque mondiale. Le Programme Lecture Pour Tous
financé par USAID a aussi démarré depuis 2016 et utilise les langues nationales
pour améliorer les performances en lecture.
10Est médium d’enseignement une langue utilisée pour enseigner une discipline non linguistique (mathématique, ESVS,
EPSA)
11
L’utilisation des langues nationales à l’école a été expérimentée pour la première fois
de 1977 à 1984 avec les classes télévisuelles et les classes non télévisuelles. Ces
classes s’appuyaient sur les supports médiatiques que sont la télévision (les
premières) et la radio (les secondes) pour l’enseignement des langues nationales à
l’école élémentaire. Durant l’année scolaire 1980-1981, on a compté une quinzaine
de classes dont quatorze en wolof et une en seereer. L’expérience a duré six années
et s’est arrêtée en 1984. Aucun bilan n’a été présenté. (LASCOLAF, 2010, p. 585).
L’Ecole communautaire de Base (ECB) est un modèle alternatif qui a comme objectif
d’élargir l’accès à l’éducation de base et de promouvoir une éducation au service du
développement communautaire. Il prend en charge les enfants hors école, non
scolarisés ou très tôt déscolarisés âgés de 9 à 15 ans, avec une option de passerelle
vers l’école formelle ou d’insertion socio-économique. Le programme déroulé sur une
période de 4 ans au plus consiste à des apprentissages théoriques sur la base de
compétences fondamentales et une formation pratique adossée sur un micro-projet
choisi en fonction des besoins de la communauté. La langue nationale est utilisée
comme principal médium à côté du français.
Le Sénégal a connu diverses expériences depuis 1993 avec ADEF-Afrique, Aide et
Action, Plan International. En 1996, l’Etat du Sénégal, grâce à l’appui financier de la
coopération canadienne a mis sur pied le Projet d’Appui au Plan d’Action (PAPA)
avec 200 classes expérimentales gérées par des opérateurs en alphabétisation
conformément à la stratégie du faire faire.
L’expérience des ECB est toujours en cours. Elle est développée par le Ministère de
la Famille en rapport avec la DALN dans le Programme d’Alphabétisation
et d’Apprentissage de Métiers pour la lutte contre la pauvreté (PALAM) financé par la
BID.
A partir de la rentrée scolaire 2002 / 2003, l’Etat du Sénégal ouvrait tous les deux
ans 155 classes de CI, portant ainsi le nombre total de classes à 465, pour
expérimenter l’enseignement bilingue (LN/F) à l’école élémentaire dans six (06)
langues nationales (wolof, pulaar, seereer, joola, mandinka et sooninke). Le
12
programme couvrait tous les niveaux de l’élémentaire, de même que l’ensemble du
territoire national à raison de 10 ou 15 classes par région, selon le cas.
Au CI, la L1 est utilisée comme seul médium d’enseignement.
Le schéma d’introduction progressive du français s’établit ainsi qu’il suit :
1. utilisation à l'oral en début du quatrième mois du CI
2. utilisation à l'écrit au 1e trimestre du CP
3. utilisation en mathématique à partir du deuxième trimestre du CP
4. redistribution progressive des disciplines/activités entre les deux langues11
La première génération d’élèves a passé les examens du CFEE et de l’entrée en
6ème en 2008 dans les mêmes conditions que les classes traditionnelles avec des
résultats satisfaisants (taux de 100% réalisé dans des écoles à Mbacké, Mpal,
Thilogne, Bignona, Golmy…).
C’est dans la réalisation de ce programme que des difficultés de tous ordres sont
apparues, même si les résultats au CFEE et à l’entrée en 6 ème de 2008 ont montré, à
première vue, une nette amélioration de la qualité des enseignements dans les
classes expérimentales. Une évaluation externe lancée par la Banque mondiale dans
une approche comparative entre le Sénégal, le Mali et le Niger a placé le Sénégal
loin devant les deux autres pays, toutes disciplines confondues.
Créées en 2002 par la Fondation « Education et Santé », les ECE sont implantées
dans les localités de Thiès et Kédougou. On en a compté quatre au total : les écoles
de Mbissao à Thiès, Nénéfécha, Mitchou et Kékéressi dans la région de Kédougou.
Le schéma d’introduction des langues nationales dans ces écoles est identique à
celui de la MAE. Les élèves d’âge scolaire bénéficient, en supplément, d’une
formation aux métiers du milieu tels que le jardinage, l’horticulture, etc. L’objectif
recherché est de rendre l’élève apte à la transformation du milieu et de la
communauté.
11 La L1 et la L2 sont utilisées selon des critères (taux horaires, disciplines, activités prises en charge) qui
assurent un équilibre fonctionnel et positif entre les deux langues.
13
La nouvelle dénomination d’Ecole communautaire élémentaire rurale (ECE) vient
délimiter leur lieu d’implantation dans les zones rurales.
L’ONG ARED cherche à promouvoir une éducation de qualité dans les langues
africaines, pour les communautés de base, par la formation, l’édition, les
innovations pédagogiques et la recherche-action.
Cette initiative a fait l’objet de deux évaluations indépendantes par des cabinets
internationaux : d’abord par Dalberg en 2013 et puis par Miske Witt & Associates
international (MWAI) en 2018. Les résultats de ces évaluations ajoutés à ceux
14
obtenus en interne et au niveau des structures du MEN révèlent que les élèves qui
ont participé à l'enseignement bilingue ont eu des résultats nettement supérieurs à
ceux des élèves ayant fréquenté les classes monolingues.
En plus, l'analyse secondaire des données de suivi du CFEE12 collectées par ARED
a confirmé cette tendance chez les élèves du CI au CE2 : sur 11 des 15 sous-tests
du troisième trimestre 2016-2017, leurs moyennes en français dans les domaines
Langue et Communication, Mathématiques et ESVS étaient supérieures (MWAI,
2018, p. 98).
15
C’est en 2008 qu’ADLAS a commencé à dérouler un programme préscolaire basé
sur la langue maternelle. Les cibles sont les enfants de 3, 4 et 5 ans.
Il est important de signaler que les élèves ont été évalués uniquement en L2
(français) ce qui permet de voir l’apport de la L1 dans la maîtrise des compétences
en contexte de bilinguisme.
Les évaluations standardisées menées par les IEF ont montré que les élèves des
classes bilingues enregistrent des résultats meilleurs que ceux des classes
monolingues.
13Digni est une organisation faîtière qui participe à l'autonomisation de la société civile dans les pays en développement en
soutenant les partenaires locaux dans environ 35 pays.
16
La fréquence des sessions de formation continue qui s’appuie sur des besoins
identifiés en cours d’action, permet de renforcer de manière pertinente les capacités
des acteurs. L’intérêt du suivi encadrement est également à souligner comme facteur
de réussite.
EMiLe est d’abord passé d’une phase préparatoire de 2009 à 2013, à une phase
d’introduction en septembre 2013, avec l’ouverture de 12 classes pilotes (8 classes
de l’enseignement catholique et 4 classes du public laïc). Dans la mise en œuvre de
l’expérience, les deux langues sont utilisées ainsi qu’il suit :
17
A partir du second semestre, les compétences acquises en L1 seront
progressivement transférées en L2.
Une évaluation externe des acquis des élèves a été menée en fin de CP par le
Centre de Recherche en Education de Nantes (CREN) et a mis en évidence des
résultats satisfaisants en faveur des classes bilingues. Ainsi, l'impact du dispositif
ELAN s'observe en wolof et en français sur 5 épreuves : segmentation syllabique,
18
identification du phonème initial, connaissance du nom des lettres, lecture en une
minute et identification des mots écrits.
19
Un partenariat entre le MEN et l’UNICEF a permis d’initier un nouveau modèle
alternatif de prise en charge d’enfants hors école et sa mise en œuvre dans les
régions de Tambacounda et Kédougou à partir d’octobre 2016. L’expérience consiste
à former les enfants sur un programme minimal tiré du curriculum de l’éducation de
base de la 1ère étape pour les non scolarisés et la 2ème étape pour les déscolarisés à
partir du CP. La langue nationale est utilisée durant les 2 premiers mois de l’année.
Des expériences similaires se déroulent actuellement avec l’appui de l’IFEF, l’USAID
et de la Banque mondiale (PAQEEB), en plus de celle de l’UNICEF qui a étendu son
intervention à d’autres académies.
Il s’agit d’un programme de lecture initiale en wolof, pulaar et seereer dans les trois
premières années de la scolarisation à travers six régions (Kaolack, Fatick, Kaffrine,
Diourbel, Louga et Matam). Le MEN met en œuvre le même programme dans
l’Académie de Saint-Louis dans le cadre d’un accord direct de Gouvernement à
Gouvernement (G2G). Cette expérimentation, prévue pour une durée de cinq (5) ans
(2016-2021) concerne les classes de CI, CP, CE1 dans 3890 écoles et 100 Daara.
- l’utilisation des langues nationales comme principal médium pour améliorer les
compétences en lecture ;
- le recours à la méthode syllabique à travers un enseignement explicite,
systématique et structuré ;
- l’articulation des contenus avec ceux du Curriculum de l’Education de Base
(CEB) ;
- la mise à disposition du matériel didactique avec des outils élèves classe, des
outils élèves maison, des livrets décodables, des cahiers de récit pour la
lecture à haute voix, des guides de l’enseignant, des planches alphabétiques,
des outils adaptés en braille pour les non-voyants, des supports extra
scolaires ;
- l’adoption d’un plan genre et inclusion sociale ;
- l’amélioration de l’engagement des parents et des communautés dans le
soutien de la lecture initiale avec l’implication des CGE ;
20
Un dispositif de formation continue en cascade est mis en œuvre avec une équipe
technique nationale et des équipes techniques régionales de formateurs pour la
formation des inspecteurs, des enseignants et des directeurs impliqués.
21
2.2. Leçons apprises
Au plan institutionnel :
22
Le rapport de synthèse du programme Langues de Scolarisation en Afrique
Francophone (LASCOLAF) relève l’existence d’un consensus au niveau des
modalités d’articulation de l’enseignement des langues nationales africaines (L1) et
du français (L2) :
Compte tenu des leçons tirées des nombreuses initiatives bilingues, l’élaboration du
modèle bilingue harmonisé en vue d’améliorer les performances scolaires des
élèves, constitue une nécessité.
23
- assurer une formation initiale et continuée des acteurs clés, enseignants et
encadreurs à la maitrise de la description et du fonctionnement des langues
nationales, à la didactique de la L1 et aux techniques de gestion pédagogique
d’un bilinguisme fonctionnel ;
- produire le matériel et les supports didactiques nécessaires au bilinguisme à
l’école élémentaire ;
- développer l’outillage des langues nationales ;
- mettre en place un dispositif de communication impliquant les acteurs et les
communautés dans le processus ;
- mettre en place un dispositif de suivi-évaluation fonctionnel et efficient.
24
d’apprentissage durant tout le cycle élémentaire. Il est à envisager l’articulation
préscolaire-élémentaire-moyen dans l’utilisation des langues nationales et du
français.
Langue et Communication
Mathématiques
ESVS et EPSA
Durant les deux premières années (CI/CP), l’ESVS et l’EPSA sont enseignées
exclusivement en L1 et pour les quatre dernières années en langue nationale et en
français.
25
LC
Communication LN LN/FR LN/FR LN/FR LN/FR LN/FR
écrite
Remarque : au-delà de tous ces critères, et avant qu’une langue ne soit retenue
comme langue d’enseignement, il faut au préalable qu’elle ait fait l’objet du choix de
la communauté.
26
V. SCHEMA DE GENERALISATION PROGRESSIVE
La mise en œuvre du MOHEBS passera progressivement par une extension
géographique et linguistique. La mise à l’échelle devra démarrer dès l’an 1
conformément au processus ci-dessous :
- Introduction à l’école élémentaire comme objet et médium
d’enseignement/apprentissage des six (06) premières langues nationales
codifiées (jόola, mandinka, pulaar, seereer, soninke et wolof) ; il reste entendu
que les autres langues codifiées seront utilisées au fur et à mesure que leur
degré d’outillage le permettra. L’outillage de toutes les langues restantes reste à
parfaire dans le but de leur prochaine utilisation comme langues
d’enseignement.
- Ouverture de classes bilingues dans les sites identifiés, à partir d’une enquête
sociolinguistique conduite en partenariat avec les structures déconcentrées et
les communautés.
La mise à l’échelle démarre à l’an 1 avec neuf régions dont sept disposent déjà
d’une expérience avérée avec le programme Lecture Pour Tous. Quatre régions
seront impliquées dans la phase d’extension qui dure 3 ans. L’an 5 va marquer le
début de la généralisation avec l’enrôlement de la dernière région.
27
Tableau de la généralisation
Niv AN 1 AN 2 AN 3 AN 4 AN 5 AN 6
Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Généralisation Suite de la généralisation
Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Diourbel, Fatick, Kaffrine Diourbel, Fatick, Kaffrine
Louga, Matam, Louga Matam, Louga Matam, Saint- Louga Matam, Saint- Kaolack, Louga Matam, Kaolack, Louga Matam, Saint-
Saint-Louis, Saint-Louis, Louis, Tambacounda, Louis, Tambacounda, Saint-Louis, Louis, Tambacounda,
CI Tambacounda, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda, Ziguinchor, Kolda, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda, Kédougou,
Ziguinchor Ziguinchor, Kolda Kédougou, Sédhiou Kédougou, Sédhiou, Ziguinchor, Kolda, Sédhiou, Dakar, Thiès. 10737
6746 7534 8340 Dakar Kédougou, Sédhiou,
9193 Dakar, Thiès
10737
Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Kaffrine Généralisation
Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Kaolack, Louga Matam, Diourbel, Fatick, Kaffrine
Louga Matam, Louga Matam, Saint- Louga Matam, Saint- Saint-Louis, Kaolack, Louga Matam, Saint-
CP Saint-Louis, Louis, Tambacounda, Louis, Tambacounda, Tambacounda, Louis, Tambacounda,
Tambacounda, Ziguinchor, Kolda Ziguinchor, Kolda, Ziguinchor, Kolda, Ziguinchor, Kolda, Kédougou,
Ziguinchor. 6746 7534 Kédougou, Sédhiou Kédougou, Sédhiou, Sédhiou, Dakar, Thiès. 10737
8340 Dakar. 9193
Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Kaffrine Diourbel, Fatick, Kaffrine
Kaffrine Kaolack, Kaffrine Kaolack, Kaolack, Louga Matam, Kaolack, Louga Matam, Saint-
Louga Matam, Saint- Louga Matam, Saint- Saint-Louis, Louis, Tambacounda,
CE1
Louis, Tambacounda, Louis, Tambacounda, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda, Kédougou,
Ziguinchor. 6746 Ziguinchor, Kolda Ziguinchor, Kolda, Sédhiou, Dakar. 9193
7534 Kédougou, Sédhiou. 8340
Diourbel, Fatick, Diourbel, Fatick, Kaffrine Diourbel, Fatick, Kaffrine
Kaffrine Kaolack, Kaolack, Louga Matam, Kaolack, Louga Matam, Saint-
CE2 Louga Matam, Saint- Saint-Louis, Louis, Tambacounda,
Louis, Tambacounda, Tambacounda, Ziguinchor, Kolda, Kédougou,
Ziguinchor 6746 Ziguinchor, Kolda 7534 Sédhiou,.8340
Diourbel, Fatick, Kaffrine
Diourbel, Fatick, Kaffrine
Kaolack, Louga Matam,
Kaolack, Louga Matam, Saint-
CM1 Saint-Louis,
Louis, Tambacounda,
Tambacounda, Ziguinchor
Ziguinchor, Kolda. 7534
6746
CFEE
Diourbel, Fatick, Kaffrine
CM2 Kaolack, Louga Matam, Saint-
Louis, Tambacounda,
Ziguinchor 6746
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VI. COMPOSANTES
Huit composantes ont été retenues pour une bonne mise en oeuvre du MOHEBS : le
pilotage, le programme, la formation, le matériel didactique, la recherche action, la
communication et la mobilization communautaire, la gestion et le suivi-évaluation.
6.1. PILOTAGE
Il définit les rôles et responsabilités des différents acteurs pour une gestion
partenariale, déconcentrée et décentralisée.
A tous les niveaux, les rôles et responsabilités des acteurs seront définis. La
communication entre les différents acteurs sera renforcée.
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Schéma du dispositif de pilotage
Le schéma du dispositif de pilotage est décliné comme suit :
Ecole CGE
Équipe pédagogique sous la conduite du directeur d’école
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6.2. PROGRAMME
Des modules sur l’enseignement bilingue seront intégrés dans les référentiels de
formation des élèves-inspecteurs à la FASTEF et des élèves-maîtres dans les
CRFPE.
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6.4. MATÉRIEL DIDACTIQUE
Les manuels et supports didactiques seront produits dans chacune des langues
nationales introduites conformément aux dispositions de la politique nationale du
manuel scolaire et du matériel didactique. Le processus de production des manuels
suivra différentes étapes :
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6.6. COMMUNICATION ET MOBILISATION COMMUNAUTAIRE
La stratégie de communication et de mobilisation communautaire cible l’ensemble de
acteurs politiques, institutionnels, les collectivités territoriales et les organisations
communautaires de base. Le plan de communication et de mobilisation
communautaire s’appuie sur les actions suivantes :
- informer pour mobiliser les acteurs, les partenaires et les bénéficiaires pour la
réussite du bilinguisme à l’école ;
6.7. GESTION
La mise en œuvre du MOHEBS va engendrer des coûts supplémentaires dans le
financement du système éducatif. L’Etat du Sénégal doit renforcer son leadership
dans le financement de réformes initiées dans ce domaine.
Les ressources nécessaires à la mise en œuvre du MOHEBS devront être
disponibles et gérées de manière efficace et efficiente pour l’atteinte des résultats
attendus.
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Un dispositif régulier de suivi-évaluation de la réforme sera développé et portera
essentiellement sur :
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