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Journées Nationales de Géotechnique et de Géologie de l’Ingénieur – Lyon 2020

CARACTERISATION DES ALLUVIONS DE LA LOIRE ET


CORRELATIONS SUR LE SITE DU NOUVEAU CHU DE NANTES.
CARACTERISATION OF DEPOSITS OF THE LOIRE AND CORRELATIONS ON
THE SITE OF THE NEW HOSPITAL OF NANTES.

Olivier DAVID1, Anne CHASSAING1, Romain BRIELLES1,


1
FONDOUEST, Angers, France

RÉSUMÉ – Les campagnes de reconnaissances géotechniques réalisées depuis le


lancement de l’opération du nouveau CHU de Nantes constituent une importante base de
données sur les formations alluvionnaires de l’estuaire de la Loire ; A l’appui de ces
résultats, cet article fait une présentation rapide de la lithologie et des données
géomécaniques du site et présente quelques corrélations entre les paramètres obtenus.

ABSTRACT – The geotechnical survey campaigns carried out since the launch of the
operation of the new hospital of Nantes constitute an important database on the alluvial
formations of the Loire estuary ; based on these results, this article provides a quick
overview of the site's lithology and geomechanical data and analyzes some correlations
between the parameters.

1. Le projet
Le nouvel ensemble hospitalo-universitaire de Nantes ouvrira ses portes en 2026 en plein
cœur de l’Ile de Nantes. Il s’étendra sur 10 ha en lieu et place de l’actuel MIN.
Le projet se décompose en un ensemble de 12 bâtiments en R+4 à R+6, établis sur un
niveau de sous-sol ou vide-sanitaire technique.
La Maîtrise d’Ouvrage du projet est déléguée par le CHU de Nantes à La SODEREC.
La Maîtrise d’œuvre du projet est assurée par le groupement ART&BUILD Architecte et
mandataire du groupement, PARGADE Architecte, ARTELIA Bâtiment et Industrie, et
SIGNES Paysage. Les reconnaissances géotechniques et l’étude géotechnique de
conception ont été confiées à FONDOUEST.

2. Reconnaissances et lithologie du site


Les investigations réalisées sur le site ont comporté, en particulier, plus de 1500 essais
pressiométriques répartis dans 98 sondages, 46 sondages carottés, 43 sondages au
pénétromètre statique CPT et CPTu, des profils MASW et 3 essais cross-hole ainsi que
des
des essais en laboratoire : identifications, essais œdomètriques, triaxiaux CD et UU, Rc…
Le projet occupe la partie Ouest de l’Ile de Nantes, formée par la réunion de plusieurs
iles, la Prairie au Duc étant la principale. Au XIXème siècle, le site a été progressivement
remblayé lors de l’aménagement de la Gare de l’Etat et de l’industrialisation de cette
partie de l’ile et les boires canalisées ou comblées. Le Sud du site a été aménagé au
début du XXème siècle avec la construction des Quais Wilson puis l’implantation du MIN au
milieu du XXème siècle.
La stratigraphie du site est représentée par :
- des recouvrements sableux supérieurs (RS) constitués de remblais divers, de
remblais hydrauliques sableux propres ou de dépôt naturel sur 1 à 4,5 m
d’épaisseur environ,

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- des limons sableux à sables limoneux (LS) recoupés sous les remblais sur un à
six mètres d’épaisseur généralement. Ils sont surtout présents à l’intérieur de l’ile et
correspondent à des dépôts de crue relativement récents du fleuve,
- des alluvions à dominante sableuse (ALLs), constituées de sables fins, moyens
ou grossiers, pouvant inclure une fraction limoneuse ou argileuse variable,
- des alluvions à dominante argileuse ou limoneuse (ALLa), incluant localement
des passages organiques à tourbeux,
- le substratum constitué de micaschistes peu altérés, compacts, dont le toit est très
variable, puisqu’atteint entre 14 et 30 m de profondeur (figure 2).

Les dépôts alluvionnaires sableux ALLs et argileux ALLa sont plus moins imbriqués les
uns dans les autres et sont présents en proportion variable, les couches argileuses
représentant entre 5 et 60% de la formation suivant les zones. Leur structure souligne
l’histoire des cheminements de La Loire et des variations de son lit.

Figure 1. Illustration de la stratigraphie sur une des zones du site

Les terrains sont baignés par la nappe alluviale. A l’étiage, celle-ci présente un gradient
moyen de l’ordre de 0,2 à 0,5% et son niveau, très peu influencé par les marées, reste
proche du niveau moyen de la Loire près des axes de drainage. Elle est en revanche
sensible aux crues du fleuve et son niveau est susceptible de fortes variations en période
hivernale.

3. Caractérisation géotechnique des formations alluvionnaires


Les valeurs moyennes (moyenne arithmétique ou moyenne inférieure au sens de l’EC7)
des principales caractéristiques obtenues sont synthétisées dans le tableau 1.
On note une dépendance avec la profondeur assez marquée des valeurs
pressiométriques, dans les alluvions sableuses ALLs en particulier, et de la cohésion non
drainée des argiles. Hormis pour les résultats des triaxiaux CD qui sont peu variables
(coefficients de variation CV de 5 à 7% par rapport à la droite moyenne sur le diagramme
de Lambe), les mesures sont assez dispersées au sein d’un même faciès (CV de l’ordre
de 30 à 60% suivant le paramètre et le faciès concerné) mais se répartissent de manière
relativement homogène sur l’ensemble du site (composante verticale de la dispersion de
70 à 80 % dans les alluvions ALLs et ALLa).
Eu égard à la nature des formations, les résultats pressiométriques des sols argileux
LS et ALLa sont assez atypiques avec des modules EM et des rapport EM/pl plutôt élevés.

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Tableau 1. Caractéristiques moyennes des alluvions


Limons sableux LS Alluvions sableuses ALLs Alluvions argileuses ALLa
Classification LPC Lp Sm à Sl Lt à At (Op localement)
Classe GTR A1 B1 à B4 A2 à A4
wn (%) 30 à 40 5 à 25 50 à 100
IP (%) - - 25 à 46
3
γh (kN/m ) 18,5 19 15,5
VBS 1,3 à 2,5 0,1 à 2,2 -
Cc/(1+e0) 0,1 0,04 0,3
-7 -6 -8
Cv (m²/s) 7.10 8.10 3.10
Cu (kPa) 45 - 17+1,3.z
φ’ / c’ 31° / 7 kPa 38° / ≈0 22° / 15 kPa
1,5 0,7
pl* (MPa) 0,5
pl,mi(z) = 0,02.z+1,25 pl,mi(z) = 0,01.z+0,5
12
EM (MPa) 6,5 0,5 10
EM,mi(z) = 9.(0,1.z+0,5)
qc (MPa) 1,5 10,5 1,6
Indice de
2,7 1,9 3,1
comportement Ic
Vs (m/s) 150 à 200 200 à 250 150 à 200
(z : profondeur en m par rapport au TN)

Figure 2. Zones de densité maximale dans les diagrammes de Baud et de Q-F de Robertson

4. Corrélations entre les paramètres

4.1. Corrélations entre qc, pl et EM


Les rapports entre qc, pl et EM présentés dans le tableau 2, restent dans les intervalles de
valeurs donnés par la bibliographie (Vaillant et Aubrion, 2014) : dans la moyenne pour
l’horizon sableux ALLs, et dans la fourchette basse pour les faciès argileux et limoneux
(LS et ALLa) avec des valeurs généralement associées à un état de surconsolidation.

Tableau 2. Rapports moyens entre qc, pl et EM


Faciès (qc-σV0 )/pl* qc /EM
LS 3 0,25
ALLS 7 0,9
ALLA 2,5 0,16

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De même, la corrélation pl* # (qc-σV0)0,8 (Gress, 2012) est bien vérifiée dans le faciès
sableux ALLs, alors qu’elle sous-estime de 30 à 60% la valeur de pl* dans les sols fins LS
et ALLa.

4.2. Corrélations entre qc et Cu


La littérature et l’Eurocode 7 (NF EN 1997-2) proposent entre qc et Cu des relations du
type Cu # (qc-σV0)/Nk. La figure 3 permet une comparaison :
- des demi-déviateurs mesurés au triaxial UU dans les faciès LS et ALLa,
- des courbes de régression moyennes inférieures (mi) et basse (b) retenues pour
Cu,
- des cohésions corrélées sur les résultats de trois pénétromètres jugés
représentatifs dans les faciès argileux par Cu # (qc-σV0)/17 qui donne une bonne
correspondance.
On note une faible dispersion des valeurs corrélées sur qc sous la droite moyenne.

Figure 3. Corrélation entre Cu et qc

A titre de comparaison, la corrélation Cu = pl*/12+30 kPa, 0,3< pl*<1 MPa (Cassan,


2005) conduit à des valeurs respectives de Cu de 65 kPa et 80 kPa dans les faciès LS et
ALLa, ce qui confirme le caractère a priori atypique des résultats pressiométriques
obtenus dans les horizons limono-argileux.

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4.3. Corrélations entre φ’, qc et pl*


Le tableau 3 ci-après permet de comparer les caractéristiques moyennes obtenues à
l’essai triaxial CD dans les sables ALLs et diverses corrélations entre φ’ et qc ou pl* :
(1) Ménard :
(2) Combarieu :
(3) EC7 (Stenzel et al.) : , sables mal gradués hors nappe
(4) Kulhawy & Mayne : , sable roulé propre
(5) Robertson & Campanella :

Tableau 3. Comparaison des résistances au cisaillement corrélées


Kulhawy & Robertson &
Essais in situ Menard Combarieu EC7
Mayne Campanella
Triax. CD (1) (2) (3)
(moyennes) (4) (5)
Prof. qc pl*
φ'mi (°) φ'cor (°) φ'cor (°) φ'cor (°) φ'cor (°) φ'cor (°)
(m) (MPa) (MPa)
5 1,35 34 40 37 40 41
12 10,5 1,50 38 34 37 37 36 39
20 1,65 35 36 37 33 37

Les valeurs corrélées sont globalement en accord avec celles mesurées au triaxial. La
relation (2) apparait plus représentative que la relation (1) qui sous-estime la résistance au
cisaillement d’environ 12 à 15%. La formule (3), qui ne fait pas intervenir la contrainte
effective se prête bien, en première approche, à une interprétation à partir de la valeur
moyenne de qc mais, de manière générale, une exploitation correcte des corrélations sur
le pénétromètre nécessite un traitement graphique point par point sur chaque profil.

4.4. Corrélations entre OCR, Cu, c’ et qc


La figure 4 permet de comparer les taux de consolidation dans les sols fins LS et ALLa :
- issus de l’interprétation des essais œdométriques
- corrélés sur Cu à partir de la relation de Skempton :

- corrélés sur c’ par : (Gress, 2012)


- corrélés sur un pénétromètre représentatif par les deux relations ci-après :
o (Robertson, 2012)
o , avec m = 0,9 (Gress, 2012 )

Figure 4. Corrélation sur l’OCR

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Globalement, les essais réalisés traduisent des états normalement à légèrement


surconsolidés, en cohérence avec l’interprétation de la figure 2.
La corrélation sur la moyenne inférieure des cohésions mesurées au triaxial UU dans
les argiles ALLa, Cumi = 17 kPa + 0,1.z, reste en particulier très proche de 1.
Les OCR donnés par les essais œdométriques, compris entre 0,25 et 1, apparaissent
nettement sous-estimés et sont à associer à un probable remaniement des échantillons.

4.5. Corrélations entre CC et Wn


Les indices de compressibilité œdométriques sont bien corrélés pour l’ensemble des
faciès avec la teneur en eau par une régression linéaire d’équation Cc = 0,012.(Wn-10).
La courbe de tendance Cc/(1+e0) = f(log(Wn)) reproduit remarquablement la relation
proposée par F.Blondeau : Cc/(1+e0) = 0,45.log(Wn/15).

Figure 5. Cc/(1+e0) = f (Wn)

4.6. Corrélations sur Vs


La littérature propose des corrélations de type Gmax= ρ.Vs² # k.EM avec des valeur de k
variant généralement de 6 à 12 (Pecker : k=7 ; Jandel : k = 9 pour les essais avec
préforage, 6 pour les essais avec refoulement…).
Sur cette base, les profils Cross Hole (CH2 et CH3) sont comparés sur la figure 6 avec
les résultats des sondages pressiométriques les plus proches et les valeurs moyennes de
EM. L’ordre de grandeur des Vs corrélées avec k = 6 est globalement très correct.
Les Cross-Hole sont également comparés sur la figure 7 avec les Vs corrélées sur les
CPT et CPTu les plus proches suivant plusieurs approches : Baldi et al (1989) dans les
sables, Mayne et Rix (1995) dans les argiles, Andrus et al (2007).
Ces corrélations fonctionnent bien dans les sables sous nappe. En surface (hors
nappe) et dans les alluvions argileuses, les Vs apparaissent sous-estimées. Dans les
argiles, ce constat peut (au moins partiellement) être lié à un effet d’échelle et à la nature
lenticulaire des passées argileuses.

4.7. Modules de déformation et courbes de dégradation


La figure 8 donne une représentation synthétique, sur la courbe de dégradation G=f(ε),
des corrélations entre le module élastique et les valeurs moyennes de E M, Ea, qc, Eoed,
Vs. Les taux de déformation associés sont indicatifs et peut-être discutables mais
témoignent d’une bonne cohérence entre les résultats obtenus.

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Figure 6. Comparaison des profils Cross-Hole et des corrélations sur EM

Figure 7. Comparaison des profils Cross-Hole et des corrélations sur le pénétromètre

5. Conclusions
L’analyse détaillée et la mise en perspective des données géotechniques recueillies lors
des campagnes de reconnaissance réalisées sur le site du futur CHU de Nantes
permettent de préciser les corrélations entre les résultats d’essais et d’apprécier leur
représentativité dans le contexte régional. Dans le cadre de l’étude géotechnique de
conception du projet, cette démarche, mise en œuvre dès la phase d’avant-projet, a
permis de limiter les incertitudes associées à la définition des valeurs caractéristiques à
considérer pour la justification des ouvrages et d’optimiser le programme des
investigations complémentaires nécessaires pour finaliser la conception, en privilégiant
notamment les investigations in situ.

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Figure 8. Courbes de dégradation du module de cisaillement

6. Références bibliographiques
Blondeau F. (2014). Florilège de retours d’expérience à l’attention des jeunes
géotechniciens. Conférence Coulomb 2014.
Cassan M. (2005). Le Pressiomètre et la résistance au cisaillement des sols cas
particulier des argiles saturées. Actes du Symp. Intern. ISP5 – PRESSIO 2005, Paris,
Vol.1.
Combarieu O. (1996). Estimation rapide de l’angle de frottement d’un sol granulaire au
pressiomètre. BLPC, vol. 203, pp. 121-123.
Gress J.C. (2012). Corrélations nouvelles pour améliorer la pertinence du diagnostic
géotechnique. JNGG 2012.
Hamza M., Shahien M. (2013). Compressibiliy parameters of cohesive soils from
piezocone. Proceedings of the 18th International Conference on Soil Mechanics and
Geotechnical Engineering, Paris 2013.
Robertson P.K., Cabal K.L. (2015). Guide to cone penetration testing for geotechnical
engineering 6th Edition. Gregg Drilling & Testing, Inc.
Vaillant J.M., Aubrion P.(2014), Correlations entre les résultats d'essais pressiometriques
et de pénétration statique, JNGG 2014.
NF P94 261 (2013), Norme française d’application de l’Eurocode 7 pour les fondations
superficielles, AFNOR
NF EN 1997-2 (2007), Eurocode 7 : calcul géotechnique - Partie 2 : reconnaissance des
terrains et essais Reconnaissance des terrains et essais, AFNOR.

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