furie
furie
n.f. [ lat. furia ]furie
(fyʀi)nom féminin
FURIE
(fu-rie) s. f.HISTORIQUE
- XIVe s. Anciennement l'en creoit estre trois deesses d'enfer apelées Furies [BERCHEURE, f° 23, verso.]
- XVe s. Tout à l'entour de nos rempars Les ennemis sont en furie : Sauvez nos tonneaux, je vous prie ! [BASSELIN, LXII]
- XVIe s. Les furies l'ont sonné [mon hymen] Et donné Le signe à ma destinée [DU BELLAY, IV, 31, verso.]Icy se teut ; mais pleine de furie La grand prestresse impatiente enrage Par la caverne [ID., IV, 42, recto.]
ÉTYMOLOGIE
- Ital. furia ; du lat. furia ; de même radical que furor, fureur.
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- FURIE. - HIST. Ajoutez : XIIe s. Et enprès si [Calchas] lor anoncia Que jà li venz n'abessereit Ne la mers ne s'apesereit, Desi [de ci] que les infernax fures Eüssent eü lor dreitures [BENOIT DE STE-MORE, Roman de Troie, V. 26286](on remarquera que fure est la forme française, le lat. fúria ayant l'accent sur fu ; furie a été refait au XIVe siècle sur le latin).
furie
Il se dit quelquefois pour Ardeur, impétuosité de courage. Les troupes donnèrent avec furie sur l'ennemi.
La furie française, Expression proverbiale qui désigne l'Ardeur impétueuse avec laquelle les troupes françaises se portent à l'attaque.
Il désigne aussi l'État le plus violent d'une chose, sa plus grande intensité. Dans la furie du combat, de la mêlée, il arriva que...
Il se dit en outre, en termes de Mythologie, de Ces divinités infernales qui avaient l'emploi de tourmenter les méchants, les criminels, soit dans les enfers, soit sur la terre. Fig., Ce créancier est comme une Furie attachée à ses pas.
Il se dit figurément, par allusion au sens qui précède, d'une Femme extrêmement méchante et emportée. C'est une vraie furie. Ce n'est pas une femme, c'est une furie, une furie d'enfer.
furie
Entrer en furie l'enormité d'un cas qu'on a commis, Furorem concipere ex maleficio.
furie
FURIE, s. f. FURIEûSEMENT, adv. FURIEUX, EûSE, adj. [Furi-e, rieû-zeman, rieû, rieû-ze; en vers ri-eû: 2e lon.] Furie, est 1°. Un emportement de colère. "Être, se mettre, entrer en furie. = 2°. Ardeur, impétuosité de courage. "Les français vont au combat avec furie. "Ils donèrent de furie sur l'énemi. = 3°. Il se dit des animaux et de certaines chôses inanimées. "Le lion, la tempête, la mer en furie. "La furie des vents, de l'orage. "Dans la furie du combat, de la fièvre, etc. = 4°. Furie, divinité infernale. "Les trois furies, Alecton, Mégère et Tisiphone. = Une furie d'enfer, une vraie furie, se dit par exagération d'une femme méchante et violente.
REM. L'adverbe en furie ne s'unit qu'aux noms.
Ne désespérez pas une Amante en furie.
Racine.
"Une populace en furie qui n'avoit pris la loi que de son ressentiment Vertot. = Avec les verbes, on dit, de furie. "Il se jeta de furie sur lui. P. Charlevoix. = "Madame de Sévigné fait régir l'ablatif à l'adv. en furie. "J'en suis en furie. Elle n'est pas à imiter en cela.
FURIEUX, 1°. Qui est en furie. "Il est devenu furieux. "Tigre, lion furieux: lione furieûse. = S. m. "Doner des armes à un furieux. "Ce sont des furieux. "C'est une furieûse. = 2°. Véhément, impétueux, en parlant des chôses: "Vents furieux; furieûse tempête; Furieux combat, furieûse ataque. = 3°. Excessif, extraordinaire en son genre. "Un furieux mangeur; un furieux coup, une furieûse dépense. = En ce sens, il précède toujours le substantif.
REM. 1°. Furieux, est fort célébré dans le jargon moderne. "En bien et en mal ils escaladent tous les superlatifs; ils sont comblés, enchantés, furieux à propôs de rien. Coyer. = C'est aussi une mauvaise habitude d'employer à tout propôs furieux, pour énorme, excessif. "Un furieux ennui, une furieûse douleur, etc.
2°. St. Évremont, Vertot, Linguet, l'Ab. Prévôt, ont fait régir à furieux la prép. de. Les trois premiers ont dit furieux de liberté, ou de sa liberté, ou de la liberté. Le dernier dit: "La populace toujours éfrayée des dangers présens, furieûse de ceux qui lui paraissent éloignés. Hist. des Stuarts. = Fénelon l'a aussi employé avec ce régime. "Astarbé le vit, l'aima et en devint furieûse. TÉLÉM. On dit, en devint folle: mais cet illustre Auteur a regardé cette dernière expression comme trop familière, et en a employé une moins usité, mais plus noble et plus énergique. = Furieux, se dit sans régime des noms. Pour les verbes, il régit de et l'infinitif ou que avec le subjonctif. "Il est furieux d'avoir manqué son coup. "Charles furieux que toutes ces concessions ne fissent qu' augmenter leurs demandes. Hist. des St. — Le régime de l' infinitif s'emploie quand le verbe régi se raporte au sujet de la phrâse; le régime du subjonctif, quand il ne s'y raporte pas.
Mettre des armes entre les mains d'un furieux, c'est figurément, doner à un méchant homme ou à un fou des chôses dont il abusera pour mal faire, et pour nuire aux aûtres et à lui-même. — Cette expression peut être employée dans tous les styles, mais avec précaution, dans le style soutenu.
FURIEûSEMENT, avec furie. Il est peu usité en ce sens, ou pour mieux dire, il ne l'est point du tout. = Excessivement: "Furieûsement grand, riche, laid, laide. "Il ment furieûsement. — On peut dire que plusieurs sont furieûsement amateurs de furieux et furieûsement: ils les ont sans cesse à la bouche. C'est une mauvaise habitude.