ladre

ladre

adj. et n. [ du lat. Lazarus, nom du pauvre couvert d'ulcères dans la parabole de l'Évangile ]
1. Litt. Avare généreux
2. Se dit d'un porc ou d'un bœuf infecté par des larves de ténia.
Maxipoche 2014 © Larousse 2013

LADRE

(la-dr') adj.
Attaqué de ladrerie, de lèpre ou éléphantiasis.
Plus désolé Que si j'étais maran [espèce de lépreux] ou ladre.... [RÉGNIER, Sat. X]
Terme de chasse. Lièvre ladre, lièvre qui habite aux lieux marécageux.
Affecté de la maladie dite ladrerie particulière aux porcs. Pourceau ladre. Truie ladre.
Insensible physiquement ; insensibilité attribuée à la lèpre. Il est ladre, il ne sent rien. Insensible moralement.
M. de Richelieu dit à M. de Luxembourg qu'il était fort surpris de son procédé à son égard, mais qu'il n'était point ladre [SAINT-SIMON, 19, 223]
Par extension de l'insensibilité morale, excessivement avare. C'est un homme très ladre.
S. m. et f. Ladre, ladresse, celui, celle qui est attaqué de la lèpre. Dans le moyen âge, les ladres étaient astreints à porter un petit engin faisant du bruit, dit claquet, afin que les personnes saines se détournassent de leur rencontre, par crainte de la contagion.
Actuellement nous ne voyons ici aucuns ladres ; autrefois il y avait un hôpital dédié pour les recevoir au faubourg de Saint-Denis [GUI PATIN, Lett. t. II, p. 177]
Ladres blancs, les hommes qui n'ont la lèpre qu'intérieurement et qui ne laissent pas d'avoir la peau belle. Ladres verts, ceux dans qui elle se déclare par des pustules extérieures.
Ladre, ladresse, celui, celle qui est extrêmement avare.
....Fi ! c'était un vilain, Un ladre. - Il ne faut pas appeler vilenie Ce que les gens sensés nomment économie [HAUTEROCHE, Deuil, sc. 9]
Le ladre a été ferme à toutes mes attaques [MOL., Avare, II, 6]
Jamais on ne parle de vous que sous les noms d'avare, de ladre, de vilain et de fesse-mathieu [ID., ib. III, 5]
Voilà mon ladre, voilà mon vilain dans de furieuses angoisses, et la tendresse qu'il a pour son fils fait un combat étrange avec son avarice [ID., Scapin, III, 3]
Quel plaisir, vient de dire tout à l'heure un de ses héritiers, quel plaisir pour des neveux d'avoir de vieux ladres d'oncles qui renoncent aux douceurs de la vie pour les leur procurer ! [LE SAGE, Diable boit. XII, dans POUGENS]
Ladre vert, homme d'une avarice sordide.
Terme de vétérinaire. Tache de ladre, partie de la peau dépourvue de pigment, et nue, ou recouverte de poils fins et courts. Ce cheval a du ladre.

HISTORIQUE

  • XIIIe s.
    [Le riche] Qui vestoit la porpre nobile, Ainsi com nous dist l'Evangile, Au ladre ne veut faire bien [, Mahommet, V. 306]
    [Homme qui] Mix [mieux] ne vousist estre mesel Et ladres vivre en un bordel [cabane], Que mort avoir ne le trespas [, Fl. et Bl. 1021]
  • XVe s.
    Celluy jour fut la damoiselle guerie qui devant estoit ladresse et meselle [, Lancelot du lac, t. III, f° 110, dans LACURNE]
    C'est de Jesus la parabole Touchant du riche enseveli En feu, non pas en couche molle, Et du ladre au dessus de ly [VILLON, Grand testament, LXXII]
  • XVIe s.
    Aucuns ont la face belle et le cuir poli et lisse, ne donnant aucun indice de lepre par dehors, comme sont les ladres blancs, appellés cachots, cagots et capots, que l'on trouve en basse Bretagne et en Guyenne vers Bordeaux où ils les appellent gobets [PARÉ, XXII, 11]
    Nostre maistre [Henri IV] est un ladre vert et le plus ingrat mortel qu'il y ait sur la face de la terre [D'AUB., Vie, XCV]
    ... que ton importun caquet Soit fait compaignon du claquet, Du baril et de la besace D'un ladre vert.... [R. BELLEAU, Œuv. t. II, p. 69, dans LACURNE]

ÉTYMOLOGIE

  • Ladre, nom vulgaire du Lazare de l'Évangile, de celui qui, couvert d'ulcères, était à la porte du riche, et que le moyen âge disait lépreux ; provenç. ladre. Le mot est bien fait, l'accent étant sur la, lázarus ( le 2nd a étant un a bref). M. Scheler se demande si ladre dans le sens d'avare n'est pas l'italien ladro, voleur ; mais il n'est pas nécessaire d'intercaler un mot d'une tout autre origine, et la série des sens peut s'en passer.
Émile Littré's Dictionnaire de la langue française © 1872-1877

ladre

LADRE. n. des deux genres. Celui, celle qui est excessivement avare. Un ladre. Une ladre. Adjectivement, C'est un homme très ladre.

Fig., Ladre vert, Homme d'une avarice sordide.

Il signifiait proprement Celui, celle qui est atteint de la lèpre. Dans cette acception, on dit encore, en termes d'Art vétérinaire, Ce cheval a du ladre, d'un Cheval qui a le tour des yeux, le bout des naseaux ou le tour des lèvres dénués de poil. Adjectivement, Pourceau, truie ladre.

Dictionnaire de L'Académie française 8th Edition © 1932-5

ladre

Porc ladre ou sursemé, Sus grandinosus.

Jean Nicot's Thresor de la langue française © 1606

ladre


LADRE, adj. et subst. LADRERIE, s. f. [1re brève, 2e e muet, 3e lon. au 2d.] Au propre, lépreux, lèpre. = Au fig. 1°. Ladre, insensible. "Il est ladre; il ne sent rien. = Excessivement avâre. "Il est bien ladre: c'est une action bien ladre: quelle ladrerie! Voyez la ladrerie de cet homme. = Ladre est aussi subst. et il a au fém. ladresse. "C'est un ladre, une ladresse. "Notre maître est un ladre vert. D'Aubigné. Expression proverbiale. = Bayle a dit ladre d'esprit, pour hébété. Cette métaphôre est ridicule.

Jean-François Féraud's Dictionaire critique de la langue française © 1787-1788
Synonymes et Contraires

ladre

adjectif ladre
Littéraire. Très avare.
avare, thésauriseur -familier: chiche, chien, pingre, radin, rapiat, rat -littéraire: avaricieux, lésineur.
charitable, dépensier, dilapidateur, gaspilleur, généreux, large, prodigue -littéraire: dissipateur, libéral.

ladre

nom ladre
Littéraire. Personne avare.
avare, thésauriseur -familier: grigou, grippe-sou, radin, rapiat, rat -littéraire: harpagon, lésineur.
dépensier, dilapidateur, gaspilleur -familier: panier percé -littéraire: dissipateur.
Le Grand Dictionnaire des Synonymes et Contraires © Larousse 2004
Traductions

ladre

karg

ladre

[lɑdʀ] adjmiserly
Collins English/French Electronic Resource. © HarperCollins Publishers 2005