prodigue
prodigue
adj. et n. [ du lat. prodigus, qui gaspille ]prodigue
(pʀɔdig)adjectif
PRODIGUE
(pro-di-gh') adj.SYNONYME
- PRODIGUE, DISSIPATEUR. Le prodigue pèche par rapport à la quantité : il est trop libéral, il ne sait pas se retenir. Le dissipateur pèche par rapport à la manière : il est désordonné, extravagant. Le prodigue dépense trop ; le dissipateur dépense mal ; l'un fait de grandes dépenses, l'autre fait de folles dépenses. Dissipateur ne se dit qu'en mauvaise part ; prodigue, suivant l'application qu'on en fait, ne présente pas ce caractère : on dit, en forme de louange, prodigue de ses soins et de ses services, de sa vie, etc.
HISTORIQUE
- XIIe s. Prodigues est cil qui se desmesure en doner et faut en reçoivre [BRUN. LATINI, Trés. p. 284]
- XIVe s. Prodige, c'est fol large [ORESME, Thèse de MEUNIER.]
- XVe s. Les convis et les banquetz plus grans et plus prodigues que en nul autre lieu [COM., I, 2]
- XVIe s. Mesme un prodigue en plusieurs années ne pouvoit quasi despendre son bien [LANOUE, 467]Puis se combattoient à toute outrance de poignées de roses, dont se faisoit une espaisse et prodigue jonchée [YVER, p. 523]En tout ceci ay-je esté si prodigue de moy-mesme, de mon labeur et de mes facultés, que.... [PARÉ, Dédic.]
ÉTYMOLOGIE
- Lat. prodigus, de prodigere, mettre en avant, dépenser (voy. PRODIGE).
SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
- PRODIGUE. Ajoutez : - REM. Saint-Simon n'est pas le seul qui ait dit prodigue à quelqu'un (voy. PRODIGUE, n° 1). Bien avant lui, Corneille avait employé cette tournure : Le pardon qu'il lui donna fut la source de nouveaux bienfaits dont il lui fut prodigue [CORN., Cinna, Épît.]
prodigue
Enfant prodigue, Personnage d'une parabole de l'Évangile, qui réclame sa part d'héritage, la dissipe, puis, tombé dans la misère, revient dans la maison paternelle, où il est accueilli avec bonté.
Figurément, il se dit d'un Jeune homme qui, après des absences et de l'inconduite, retourne dans la maison paternelle. Le retour de l'enfant prodigue.
PRODIGUE se dit, en bonne part, de Celui qui fait de grands sacrifices pour l'utilité d'autrui. Cet homme est prodigue de son bien pour soulager les malheureux. Il s'est montré prodigue de son sang, de sa vie pour l'État.
Il s'emploie aussi figurément. Cet homme est prodigue de paroles, de promesses, de serments. Il n'est pas prodigue de louanges.
PRODIGUE est aussi employé comme nom. C'est un prodigue. Il peut être défendu aux prodigues de plaider, de transiger, d'emprunter, etc., sans l'assistance d'un conseil.
prodigue
Prodigue, Prodigus, Damnosus, Nepos.
Prodigue en dons, Largitor.
Il fut estimé prodigue pour, etc. Hoc pisce prodigus.
prodigue
PRODIGUE, adj. et subst. PRODIGUER, v. act. [Prodighe, ghé: dern. e muet au 1er, é fer. au 2d; l'u est muet, il n'est là que pour doner au g un son fort qu'il n'a pas devant l'e.] Prodigue, qui dissipe son bien en folles dépenses. — Adj. Il se dit, ou sans régime: il n'est pas libéral, mais il est prodigue: cette femme est trop prodigue: — Enfant prodigue, jeune homme de famille débauché, qui retourne dans la maison paternelle. st. fig. famil. Allusion à la parabole de l'Évangile: ou il régit la prép. de: il est prodigue de son bien, de son sang, de sa vie; il ne les ménage pas assez: il est prodigue de paroles, de promesses; il promet beaucoup, mais il n'exécute pas. Il n'est pas prodigue de louanges: il ne loûe pas volontiers. Voyez un exemple au mot AVARE, n°. 2°. = S. m. Il s'emploie sans régime: "C'est un prodigue.
REM. Corneille lui fait régir le datif de la persone.
Et les nouveaux bienfaits, dont il lui fut prodigue.
À~ mettre un 2d régime, il faudrait se servir d'envers ou à l'égard. "Prodigue de vos biens envers les riches, vous en êtes avâre à l'égard des paûvres.
PRODIGUER, doner avec profusion. "Prodiguer son bien, ses trésors, son sang, sa vie. Il est beau au fig.
Ils vous prodigueront un encens dangereux.
Je ne sais si Racine n'en a pas dit plus qu'il ne voulait en dire, en disant dans Andromaque, que:
Hermione à Pyrrhus prodiguoit tous ses charmes.
On voit, par les deux derniers exemples, que si le datif ne convient pas à l'adjectif, il fait três-bien avec le verbe.