mouvoir
mouvoir
v.t. [ lat. movere ]se mouvoir
v.pr.mouvoir
Participe passé: mû
Gérondif: mouvant
Indicatif présent |
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je meus |
tu meus |
il/elle meut |
nous mouvons |
vous mouvez |
ils/elles meuvent |
MOUVOIR
(mou-voir) , je meus, tu meus, il meut, nous mouvons, vous mouvez, ils meuvent ; je mouvais ; je mus ; je mouvrai ; je mouvrais ; meus ; qu'il meuve, mouvons, mouvez, qu'ils meuvent ; que je meuve, que tu meuves, qu'il meuve, que nous mouvions, que vous mouviez, qu'ils meuvent ; que je musse, qu'il mût ; mû ; mouvant (l'ou se changeant en eu, là où il porte l'accent tonique) v. a.PROVERBE
- L'objet meut la puissance, la présence de l'objet détermine à l'action ; locution prise de la philosophie d'Aristote où la puissance signifie la simple disposition à faire une chose ; quand cette puissance était mue, elle passait à l'acte.
REMARQUE
- L'Académie dit que plusieurs des temps de ce verbe ne sont usités que dans le style didactique, mais les exemples classiques rapportés ci-dessus permettent d'en user partout.
HISTORIQUE
- XIe s. Je t'en muvrai un tel si grant contraire [opposition] [, Ch. de Rol. X]Après lui dist : cuivert, mar i moüstes [à malheur y vîntes] [, ib. CII]
- XIIe s. Seignor, par tel maniere, jà nus [nul] n'en soit doutans, Fu meüe la guerre entre Saisnes et Frans [, Sax. V]Ne la meüssent [une pierre] li buef d'une charrue [, Ronc. p. 105]
- XIIIe s. Avant que vous movés de ci [avant que vous partiez d'ici] [, la Rose, 2054]Li pueples.... Qui fu tous de pitié meüs [, ib. 5669]Li quens Baudoins leur mande, par le conseil le duc de Venise et des autres barons, qu'il meüssent [se missent en mouvement] à l'issue de mars [VILLEH., LIV]Si en fu mervelles [singulièrement] meüs en pitiet [, Chr. de Rains, 88]À mouvoir vertueuse guerre Pour nostre adversaire conquerre [J. DE MEUNG, Tr. 27]Se c'est heritages, li ples [le procès] demorra par devant le segneur de qui il muet [BEAUMANOIR, II, 29]Du prael [pré] mouvoit une alée qui aloit au flum [JOINV., 244]N'aiez paour, je ne di pas Que meviez isnel le pas, Pour la sainte terre defendre [RUTEB., 118]
- XIVe s. Les utilités pour quoi les mendibles [mâchoires] desous se meuvent sans celes desus [H. DE MONDEVILLE, f° 19, verso.]Ce qui les meut à telles opinions, c'est pour ce que ilz veullent fuir le mal et la misere où ilz sont [ORESME, Eth. IV]
- XVe s. Adonc commencerent à parler ces dames et ces seigneurs ensemble, et la jeune dame en estant se tenoit toute coie, et ne mouvoit ni œil ni bouche [FROISS., II, II, 229]Incontinent que ung discord se mouvoit en Angleterre [COMM., VI, 2]Qui peut avoir meu le conte de prendre cette alliance [ID., I, 1]Vous devez avoir entendu au long dont mouvoit ceste guerre [ID., III, 3]S'il y met grand merrien, tel que le mur peust empirer, il doit faire pilier de pierre de taille, mouvant de terre, suffisant pour le soustenir ; et, s'il ne meut de terre, si doit il estre fondé sur fondement ou mur de pierre de taille [, Ordonnance, 1485]
- XVIe s. Le chancelier Duprat, de longtemps mal meu contre le dit seigneur de Semblançay [M. DU BELLAY, 72]Dieu s'esjouit grandement après qu'il eut achevé le monde, quand il le veit tourner et mouvoir son premier mouvement [AMYOT, Lyc. 60]Quand les Grecs movoyent armes les ungs contre les aultres [RAB., Garg. I, 46]Estans sur la riviere de Loyre, nous sembloyent les arbres prochains se movoir ; toutefoys ilz ne se mouvent, mais nous, par le decours du basteau [ID., Pant. V, 26]Les muscles se revirans vers leurs origines mouvent l'os fracturé [PARÉ, XIII, 4]Quels ressorts nous meuvent [MONT., I, 172]
ÉTYMOLOGIE
- Berry et Normandie, mouver ; wallon, mouwer ; provenç. mover, movre ; cat. mourer ; esp. et port. mover ; ital. movere ; du lat. movere. Le radical sanscrit me (e long) paraît être dans movere, meare. Le participe meü, devenu mû, par contraction, suppose un participe barbare movutus.
mouvoir
SE MOUVOIR signifie spécialement Marcher, se déplacer. Il se meut très difficilement. Un corps qui se meut en ligne droite.
Mouvoir se dit aussi des Idées, des sentiments et signifie Exciter, donner quelque impulsion, faire agir. J'ignore l'idée qui le meut. Mû par la passion. C'est la passion qui le meut.
Faire mouvoir, Mettre une chose en mouvement, faire qu'elle se meuve. Un simple ressort fait mouvoir tout le mécanisme. Fig., La volonté fait mouvoir les autres facultés.
En termes de Procédure, Tous procès mus et à mouvoir, Tous procès présents et futurs. Pour terminer tous procès mus et à mouvoir.
En termes de Féodalité, il se dit d'un Fief qui relève d'un autre.
mouvoir
Mouvoir, C'est bouger d'une place à autre, Mouere. Mouvoir aussi est inciter aucun à faire quelque chose, comme, Les Suisses meus des suasions de Orgetorix, firent leurs preparatifs pour se mettre en chemin, His rebus adducti, et auctoritate Orgetorigis permoti constituerunt ea, quae ad proficiscendum pertinerent comparare, etc. Caesar. Mouvoir en outre est dependre d'aucun seigneur superieur, qu'on dit autrement relever, comme, Le seigneur feodal a mis en sa main le fief mouvant de luy, c'est à dire, relevant de luy.
Mouvoir d'une place en autre, Dimouere.
Estre en une place sans se mouvoir, Cessare.
Qui le meut de faire cela? Quae causa est cur hoc velit?
Qui le mouvoit de plustost prendre une povre fille à femme? Qua ratione inopem potius ducebat domum?
Cela ne me meut point si, etc. Nec me mouet, praesens homo fuerit necne.
Mouvoir proces, Controuersiam lacessere. B.
Estre meu, Re aliqua duci vel adduci.
Qui meut, Motor, Mouens.
Qui meut et aiguillonne, Incentiuus.
Qui se meut, ou peut estre meu, Mobilis.
Qui ne se meut point, Immobilis, Immotus.