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Animals (album)

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Animals

Album de Pink Floyd
Sortie 23 janvier 1977
Enregistré Avril-décembre 1976
Studios Britannia Row (Drapeau du Royaume-Uni Londres)
Durée 41:41
Genre Rock progressif
Format 33 tours
Producteur Pink Floyd
Label Drapeau du Royaume-Uni Harvest et Drapeau des États-Unis Columbia
Classement 2e (Royaume-Uni)
3e (États-Unis)

Albums de Pink Floyd

Animals est le dixième album studio du groupe britannique rock progressif Pink Floyd, paru en janvier 1977. Album-concept, il brosse une critique acerbe et virulente des conditions socio-politiques au Royaume-Uni vers la fin des années 1970, et marque une transition notable au niveau du style musical de Pink Floyd par rapport à leurs travaux antérieurs. L'album est enregistré aux studios du groupe, Britannia Row, à Londres, mais sa production est ponctuée par les premiers signes de désaccord entre les membres de la formation, qui culmineront avec le départ du claviériste Richard Wright deux ans plus tard. La pochette de l'album, conçue par Roger Waters et photographiée par le collectif de graphisme Hipgnosis, montre un cochon flottant entre deux cheminées de la Battersea Power Station.

Le concept d'Animals trouve son inspiration dans le livre La Ferme des animaux de George Orwell et reprend les grandes lignes du roman : le cynisme, l'agressivité et la critique sociale en utilisant des archétypes animaux. La société est ainsi divisée en trois castes qui donnent leurs titres aux chansons : Pigs — la bourgeoisie —, les porcs qui baignent dans la luxure et l'oisiveté ; Dogs — la petite bourgeoisie, la classe intermédiaire —, les chiens qui recherchent le profit et qui exercent le contrôle des masses avec agressivité et Sheep, les moutons qui suivent docilement, comme aveuglés et impuissants. Animals rompt singulièrement avec les thèmes explorés par Pink Floyd dans Wish You Were Here ou The Dark Side of the Moon, prenant un ton nettement politique au sein d'une scène musicale anglaise marquée par l'ascension fulgurante du punk.

L'album reçoit à sa sortie un accueil critique favorable, et atteint la seconde place des charts au Royaume-Uni. Aux États-Unis, Animals occupe la troisième place du Billboard 200 et, bien que n'ayant figuré dans les charts américains que pour une période de six mois, il est certifié quatre fois album de platine par la RIAA du fait des ventes continues après sa parution. Les vastes arènes dans lesquelles joue Pink Floyd lors du In The Flesh Tour et l'incident de Montréal lors duquel Waters crache sur un fan précipitent l'écriture du prochain album-concept du groupe, The Wall.

Historique

Contexte

En 1975, Pink Floyd fait l'acquisition d'un immeuble de trois étages au 35 Britannia Row à Islington, dans le nord de Londres. Il s'agit d'une ancienne chapelle qui est reconvertie en entrepôt pour l'équipement son et lumières du groupe, ainsi qu'en studio d'enregistrement. Les termes de leur contrat avec EMI leur accordaient un accès illimité aux studios Abbey Road en échange d'un pourcentage sur leurs ventes, mais cet arrangement vient d'expirer et les musiciens craignent de voir le coût de leurs séances d'enregistrement augmenter. En créant leur propre studio, ils se libèrent de cette crainte et s'offrent un espace qu'ils sont libres d'employer comme bon leur semble[1],[2].

En 1976 et 1977, le mouvement punk était à son apogée et prenait en grippe des groupes comme Pink Floyd qui allaient loin dans la complexité de leurs compositions, car ils pensaient que le rock devait être un moyen d'expression utilisable par tous, et non uniquement à la portée de gens ayant étudié techniquement la musique au conservatoire (ce qui n'était pourtant le cas d'aucun membre de Pink Floyd)[3].

Enregistrement

Animals est enregistré d'avril à décembre 1976 aux studios Britannia Row. Le groupe fait appel à l'ingénieur du son Brian Humphries, qui a déjà travaillé avec eux. Gotta Be Crazy et Raving and Drooling, deux chansons jouées durant la tournée de 1974 et écartées de l'album Wish You Were Here, sont retravaillées par Roger Waters et deviennent Dogs et Sheep respectivement. Waters écrit les trois autres chansons de l'album, Pigs et les deux parties de Pigs on the Wing. Seul David Gilmour bénéficie d'un crédit comme coauteur de Dogs. Les contributions de Nick Mason et Rick Wright sont plus réduites que sur les précédents albums de Pink Floyd ; Animals est le premier où Wright ne participe à l'écriture d'aucune chanson.

Parution et accueil

Animal
Compilation des critiques
PériodiqueNote
The Village Voice[4] (1977) B+
Rolling Stone[5] (1977) défavorable
AllMusic[6] (date inconnue) 4/5 étoiles
Pitchfork[7] (2000) 10/10

Afin de promouvoir Animals, les membres de Pink Floyd acceptent de donner des entretiens pour une émission de radio en six épisodes de 45 minutes, The Pink Floyd Story, diffusée à partir du sur Capitol Radio. Le dernier épisode est diffusé le , deux jours après une conférence de presse durant laquelle Animals est présenté. Ce dernier épisode est censé se conclure sur la première diffusion radiophonique de l'album, mais le DJ John Peel souffle l'exclusivité en le passant dans son émission de BBC Radio One la veille.

Animals sort le au Royaume-Uni et le aux États-Unis.

Tournée

Le , Pink Floyd entame une tournée mondiale, baptisée In the Flesh, par un concert à Dortmund. Le groupe se produit en Europe et en Amérique du Nord durant toute la première moitié de l'année, jusqu'au concert du au stade olympique de Montréal. Durant ces spectacles, le groupe interprète l'intégralité d'Animals en première partie, puis l'intégralité de Wish You Were Here en deuxième partie. En rappel, ils jouent Money, souvent suivie de Us and Them.

Les concerts sont donnés dans d'immenses stades avec de nombreux accessoires, notamment un cochon gonflable géant qui est réutilisé dans les tournées ultérieures du groupe. Le public américain, bruyant et indiscipliné, agace Roger Waters. Lors du dernier concert, sa frustration est telle qu'il finit par cracher sur un membre du public. Cet incident lui inspire le concept de l'album suivant de Pink Floyd, The Wall.

Caractéristiques artistiques

Concept

Animals est un album à thèse inspiré par La Ferme des animaux de George Orwell écrit en 1945. Sans la nommer, Roger Waters s'en prend déjà[8] violemment à Margaret Thatcher, leader des Tories[9].

Le chiffre des ventes de l'album reste relativement modeste en comparaison de ceux de Dark Side of the Moon, Wish You Were Here et de The Wall. L'album est moins accessible et moins flatteur à l'oreille ; l'ambiance est sombre, violente et dissonante[10].

Musique

L'album a été composé de manière à surprendre l'auditeur. Après un Wish You Were Here planant, ultra-progressif, lisse et sans rupture, le groupe (Roger Waters en particulier) s'affirme avec cet opus dans un style beaucoup plus agressif, froid et sans fioritures. Agressivité qui caractérise bon nombre de groupes punk. La musique très rock montre un David Gilmour imposant ses riffs de guitare et un jeu très inspiré. Sur Dogs en particulier, David Gilmour étoffe son style en basant sa composition sur 4 lignes de guitare au lieu des deux qu'il utilise habituellement. Il fait usage d'un talkbox sur Pigs.

Tous les titres sont signés Waters à l'exception de Dogs cosigné par Gilmour. Mason n'apparaît que dans la rubrique graphiques et Wright n'est pas cité.

Avec cet album Roger Waters accapare les parties vocales de Pink Floyd. Gilmour devient le leader des parties instrumentales avec les guitares solo et rythmique. Rick Wright perd de sa prédominance au sein du groupe; il modère ses inclinations planantes, mais reste essentiel pour la cohésion de l'ensemble ; il est pertinent à l'atmosphère et au son « floydien ».

Pochette

Un cochon volant a été ré-installé devant la Battersea Power Station pour promouvoir la réédition du catalogue de disques des Pink Floyd, en 2011.

À l'origine, pour la pochette, Storm Thorgerson projette de représenter la « jungle psychotique de l’enfance » à travers une première maquette représentant un jeune bambin découvrant ses parents en plein coït. Puis il propose un canard cloué sur un mur. Mais c'est finalement Waters qui soumet le concept définitif de la pochette. Celle-ci représente un ensemble industriel au milieu de Londres (la Battersea Power Station, partiellement arrêtée depuis 1975 puis fermée en 1983), au-dessus duquel flotte un dirigeable en forme de cochon fabriqué spécialement pour l'occasion par les industries Zeppelin. La symbolique veut que du haut du ciel, le cochon observe les « errances et la décadence de la société ». Pour la petite histoire, le cochon a « profité » d'une rafale de vent pour s'échapper, devenant rapidement invisible depuis le sol. Détecté par des pilotes d'avion à 40 000 pieds d'altitude, les vols à l'aéroport de Londres Heathrow furent annulés, le cochon se trouvant au beau milieu des couloirs aériens. Il poursuivit sa route vers l'est et finit par atterrir dans une ferme du Kent en pleine nuit.

Fiche technique

Liste des chansons

Toutes les chansons sont composées et chantées par Roger Waters, à l'exception de Dogs, composée et chantée aussi par David Gilmour.

Face A
NoTitreDurée
1.Pigs on the Wing 11:25
2.Dogs17:04
Face B
NoTitreDurée
3.Pigs (Three Different Ones)11:22
4.Sheep10:24
5.Pigs on the Wing 21:26

Musiciens

Pink Floyd
avec

Équipe de production

  • Pink Floyd : production
  • Brian Humphries : ingénieur du son
  • Roger Waters : idée de pochette
  • Storm Thorgerson : conception de la pochette
  • Aubrey Powell : conception de la pochette, photographie
  • Nick Mason : graphismes
  • Peter Christopherson, Howard Bartrop, Nic Tucker, Bob Ellis, Rob Brimson, Colin Jones : photographie
  • E. R. G. Amsterdam : conception du cochon gonflable

Classements et certifications

Charts album
Pays (classement) Meilleure
position
Drapeau de l'Allemagne Allemagne (Media Control AG)[11] 1
Drapeau de l'Australie Australie (Kent Music Report)[12] 3
Drapeau de l'Autriche Autriche (Ö3 Austria Top 40)[13] 2
Drapeau du Canada Canada (RPM) 12
Drapeau des États-Unis États-Unis (Billboard 200)[14] 3
Drapeau de la France France (SNEP)[15] 1
Drapeau de l'Italie Italie (FIMI)[16] 1
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande (RIANZ)[17] 1
Drapeau de la Norvège Norvège (VG-lista)[18] 2
Drapeau des Pays-Bas Pays-Bas (Mega Album Top 100)[19] 1
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni (UK Albums Chart)[20] 2
Drapeau de la Suède Suède (Sverigetopplistan)[21] 3
Drapeau de la Suisse Suisse (Schweizer Hitparade)[22] 1
Certifications
Pays Certification Ventes Date
Drapeau de l'Allemagne Allemagne[23] Disque de platine Platine 500 000 + 1990
Drapeau de l'Autriche Autriche[24] Disque d'or Or 25 000 + 23/12/1994
Drapeau du Canada Canada[25] Disque de platine 2 × Platine 200 000 + 01/10/1979
Drapeau des États-Unis États-Unis[26] Disque de platine 4 × Platine 4 000 000 + 31/01/1995
Drapeau de la France France[27] Disque de platine Platine 400 000 + 1980
Drapeau de l'Italie Italie[28] Disque d'or Or 50 000 + 2014
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni[29] Disque d'or Or 100 000 + 21/04/1977

Références

  1. Mason 2005, p. 218–220.
  2. Blake 2008, p. 239.
  3. Pour l'anecdote, Johnny Rotten, des Sex Pistols, a connu son manager parce qu'il se baladait avec un t-shirt « I hate Pink Floyd » (« Je hais Pink Floyd »). David Gilmour dira dans une interview donnée au magazine allemand Der Spiegel du 5 juin 1995 : « J'ai été à un spectacle avec Johnny Rotten [...] et il a dit qu'il n'a jamais réellement détesté Pink Floyd et qu'en fait il était un peu fan. »
  4. (en) Robert Christgau, « Robert Christgau: CG: Pink Floyd » (consulté le ).
  5. (en) Frank Rose, « Pink Floyd: Animals », Rolling Stone,‎ (lire en ligne).
  6. (en) Stephen Thomas Erlewine, « Animals: Overview », sur AllMusic (consulté le ).
  7. (en) James P. Wisdom, « Pink Floyd: Animals », sur Pitchfork, (consulté le ).
  8. Roger Waters enfoncera le clou en 1983 sur l'album The Final Cut où il dénoncera la guerre des Malouines et les deux cent cinquante-cinq soldats britanniques tués.
  9. Aymeric Leroy, Pink Floyd, Plongée dans l'œuvre d'un groupe paradoxal, Éditions Le mot et le reste, 2009, p. 104.
  10. Aymeric Leroy, op. cit., p. 101.
  11. (de) Charts.de – Pink Floyd – Animals. GfK Entertainment. PhonoNet GmbH.
  12. (en) David Kent, Australian Chart Book 1970–1992, St. Ives, N.S.W., Australian Chart Book, , Illustrated éd., 444 p. (ISBN 978-0-646-11917-5), p. 233.
  13. (de) Austriancharts.at – Pink Floyd – Animals. Ö3 Austria Top 40. Hung Medien.
  14. (en) Pink Floyd - Chart history – Billboard. Billboard 200. Prometheus Global Media.
  15. infodisc.fr/détail par artiste/pink floyd
  16. (it)Gli album più venduti del 1977
  17. (en) Charts.org.nz – Pink Floyd – Animals. RIANZ. Hung Medien.
  18. (en) Norwegiancharts.com – Pink Floyd – Animals. VG-lista. Hung Medien.
  19. (nl) Dutchcharts.nl – Pink Floyd – Animals. Mega Album Top 100. Hung Medien.
  20. (en) Official Albums Chart Top 100. UK Albums Chart. The Official Charts Company.
  21. (en) Swedishcharts.com – Pink Floyd – Animals. Sverigetopplistan. Hung Medien.
  22. (en) Swisscharts.com – Pink Floyd – Animals. Schweizer Hitparade. Hung Medien.
  23. (de)musikindustrie.de/gold-platin/databank- suchen consulté le 31 décembre 2018
  24. (de)ifpi.at/goldplatin/suchen/pink floyd consulté le 31 décembre 2018
  25. (en)musiccanada.com/gold platinum/search consulté le 31 décembre 2018
  26. (en)riaa.com/gold-platinum/search consulté le 31 décembre 2018
  27. infodisc.fr/certifications/recherche consulté le 31 décembre 2018
  28. (it)fimi.it/certificazioni/pink floyd consulté le 31 décembre 2018
  29. (en)BPI.co.uk/certified-awards/search consulté le 31 décembre 2018

Voir aussi

Bibliographie

Article connexe