« Arbre du Monde » : différence entre les versions
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Le mouvement néopaïen "Turas", fondé par F. Madurov, a pour objectif de revivifier le culte dans les Keremets de Tchouvachie.[https://en.wikipedia.org/wiki/Vattisen_Yaly] |
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Version du 25 décembre 2019 à 10:03
Le mythème d’Arbre du Monde / Arbre-Monde[1], aussi appelé Arbre cosmique, Axe du Monde (Axis Mundi) et Arbre de vie, repose sur l'archétype d'un arbre structurant reliant trois composantes de l'Univers: les mondes céleste, terrestre (interface) et souterrain.
Ce concept chamanique est universel. Il apparaît chez de nombreux peuples indo-européens[2], tels les Perses, les Slaves et les Germains et revêt une forme particulièrement aboutie dans la religion scandinave, avec l'arbre cosmique Yggdrasil (certainement un frêne), dont les branches se déployaient dans les cieux et les racines menaient au pays des géants, à celui des hommes et aux enfers. On le retrouve aussi chez les peuples sibériens[3], chinois, coréens, polynésiens et mésoaméricains.
Selon le mythologue Mircea Eliade : « Le symbolisme de l’Arbre du Monde est complémentaire de celui de la Montagne Centrale. Parfois, les deux symboles se recouvrent ; généralement ils se complètent. Mais l’un comme l’autre ne sont que des formules mythiques plus élaborées de l’Axe Cosmique (Pilier du Monde, etc.)[4]. »
Plusieurs concepts religieux sont associés à l'arbre du monde, dont celui qu'il constitue un « réservoir des âmes » (souvent symbolisé par des oiseaux posées sur ses branches ou par le bruit du vent dans ses feuilles), celui de « Livre des destins » et celui de fertilité / régénération. L'arbre monde, souvent marqué de 7 ou 9 entailles, aide le chamane à passer d'un monde à l'autre[3], [5] lors d'envols mystiques.
Voir aussi: arbre de mai
Arbre du monde et tambour chamanique
«Une légende raconte que le premier tambour de chaman a été fabriqué à partir d'une branche de l'Arbre-Monde qui pousse au centre de la terre. Cette branche est tombée sur la terre selon la volonté du dieu et le chaman en a fabriqué le fût pour son tambour. C'est très important. Le fait que le tambour est conçu d'une partie de l'Arbre-Monde, l'axe du monde, non seulement située dans son centre, mais aussi unissant le ciel, la terre et les autres sphères, permet au chaman de se déplacer entre les sphères de l'existence pendant ses voyages chamaniques. »[6]
Altaï Mapuches (Chili)
Une Déesse nourricière réside au cœur de l'Arbre du monde
Dans la plupart des versions du mythe originel un principe nourricier, symbolisé par une Déesse à la poitrine généreuse, réside dans l'arbre monde. Le fidèle boit à son sein.
« La véritable divinité de l’arbre est toujours une déesse, la Grande Mère, la Terre, maîtresse de la végétation, source première de toute nourriture, figurée sous l’arbre, parée de fleurs et tenant ses seins gorgés de lait… On la figurait aussi sous la forme de statues colonnes dont le corps est conventionnellement cylindrique au-dessous de la ceinture, à la façon d’un tronc d’arbre d’où émerge le buste de la déesse ».[7]
« Ce que les païens adoraient dans un arbre n’était pas le végétal lui-même, mais l’esprit divin qui l’animait, et qu’ils pouvaient imaginer sous forme d’une Dryade [nymphe du chêne]; on comprend mieux alors la sacralisation des travaux agraires qui accompagnaient le cycle des saisons. C’est pourquoi les paysans, en contact permanent avec la nature, résistèrent beaucoup plus longtemps au Christianisme. » Source: Neyton André, Lumières sur le paganisme* antique, Letouzey et Ané, 1995[8].
Cette Déesse de l'arbre s'appelle Hathor en Égypte antique, Lilith en Mésopotamie, Ashera au Proche-Orient, Ajysyt-ijaksit-khotan ("génitrice et mère nourricière") chez les Yakoutes de Sibérie, Nang Maï ("Femme de l'arbre") chez en Thaïlande, Eej Mod ("arbre-mère") chez les Mongols, NookoMis Giizhig ("grand-mère cèdre") chez les Amérindiens Ojibwés. L'arbre est ainsi la grand-mère. En espagnol les mots madera (bois) et madre (mère, mother en anglais) ont la même étymologie.
« Une croyance populaire très répandue en Sibérie est rapportée par l'historien finlandais Uno Holmberg-Harva, auteur d'importantes études sur les religions altaïques, dans sa Mythologie sibérienne. L'esprit du bouleau est une femme d'âge mûr qui apparaît parfois entre ses racines ou sortant de son tronc, en réponse à l'invocation d'un fidèle. Elle se montre jusqu'à la taille, les cheveux dénoués, et tend les bras tandis que ses yeux fixent gravement le dévot à qui elle présente son sein nu. Après avoir bu son lait, l'homme sent ses forces décuplées. » (Source)
Chez les Yakoutes, la Déesse-Mère Ajysyt-ijaksit-khotan émerge de l'arbre cosmique et nourrit de son sein un jeune homme dont la force est alors décuplée d'un facteur 100. La déesse des Tartars Altaï est appelée "la mère du lac de lait". En Thaïlande c'est la Déesse / Nymphe Nang Mai qui apparaît au niveau de l'arbre sacré. En Égypte antique c'est la Déesse Hathor qui est équivalente, elle émerge d'un arbre sycomore. Et dans le folklore norvégien, Iðunn, qui détient dans un coffre des pommes merveilleuses procurant une éternelle jeunesse. La Déesse grecque Héra résidait sous l’arbre aux pommes d’or du jardin des Hespérides avec son serpent Ladon comme gardien que doit tuer Héraclès pour pouvoir cueillir les fruits.
Dans son livre Traité d’histoire des religions, le mythologue Mircea Eliade écrit:
« On ne peut donc parler proprement d’un « culte de l’arbre ». Jamais un arbre n’a été adoré rien que pour lui-même, mais toujours pour ce qui, à travers lui, se « révélait », pour ce qu’il impliquait et signifiait. (Les plantes magiques ou pharmaceutiques doivent aussi leur efficacité à un prototype mythique). En étudiant les représentations de l’« arbre sacré » en Mésopotamie et en Elam, Nell Parrot écrit : « Il n’y a pas de culte de l’arbre lui-même ; sous cette figuration se cache toujours une entité spirituelle »[9].
Dans les traditions de l'Inde, la déesse est souvent adorée comme arbre. La Danse de Kâlî: la déesse est comme un arbre dont partent d'innombrables lianes, une prolifération (prapanca) sans limites. Jacques Lacarrière, Au cœur des mythologies, Félin, 1994:
« Cette Grande Déesse, cette Terre Mère comme l’appelaient les Anciens, on la retrouvera dans tous les mythes de l’Antiquité méditerranéenne avec ce double visage de bienfaitrice et de reine des morts. Par la suite on lui adjoindra un compagnon, un dieu mâle qui demeure sous sa dépendance et dont l’Histoire porte déjà la marque d’un destin tragique. Car ce dieu, assimilé le plus souvent à la végétation, et qu’on représente parfois sous l’aspect d’un arbre, d’un feuillage ou d’un épis, naît et meurt chaque année pour renaître. Chaque année, quand les feuilles tombent des arbres et que le grain séjourne dans l’obscurité de la terre, le dieu mâle meurt lui aussi. Et ce cycle dramatique de mort et de renaissance indéfiniment répétées est à l’origine des mythes les plus beaux et les plus dramatiques. Car tous ces dieux qui meurent et dont des peuples entiers pleurent la disparition saisonnière avant de célébrer leur résurrection – Attis en Asie Mineure, Adonis en Syrie, Dionysos en Grèce – sont indiscutablement très proches de nous. Ils expriment, à travers leurs épreuves, l’angoisse de l’homme devant la nature : la mort des feuilles des graines, de la vie végétale – drame qu’il assimilera peu à peu à son propre destin. Et, à force de confondre son destin avec celui de ses dieux, l’homme finira par découvrir en eux des êtres nés pour lui, dont les épreuves deviendront une passion, des dieux venus expressément pour lui apporter le salut. Ainsi est né il y a quelque deux mille ans et plus, sur les bords de la Méditerranée, cette intuition prodigieuse qui fait du dieu le sauveur de l’homme, et de l’homme un dieu en puissance ».[5]
Arbre du monde et boisson sacrée
Les chamans Tatars Abakhan consomment des amanites tue-mouche qui poussent au pied des bouleaux, pour entrer en transe. Le nombre neuf joue un grand rôle dans ces rituels : neuf bouleaux en cercle à gravir successivement, à la cime desquels il faut graver neuf entailles.
"Le secret du rôle que joue le bouleau dans les cérémonies chamaniques réside plutôt dans son association avec l'amanite tue-mouche (Amanita muscaria L.) qui est consommée par les chamans pour entrer en transe. Ce champignon pousse en relation mycorhizienne avec les racines de certains arbres, mais l'espèce qu'il préfère est le bouleau et c'est au pied de celui-ci que l'on a plus de chance d'en trouver. En second lieu, vient le sapin qui est souvent aussi, comme on l'a vu, l'Arbre cosmique des populations sibériennes. La consommation de l'amanite entraîne d'abord une période de somnolence, après quoi "le sujet se trouve stimulé pour accomplir les hauts faits physiques que l'on trouve célébrés" non seulement en Sibérie, mais en Inde, dans les hymnes du Rig-Véda (...)" (Source[10]).
Le livre "Le champignon sacré et la croix" de John M. Allegro souligne l'importance de l'amanite dans les religiosités anciennes[11]. "Dans son livre : Soma Divine Mushroom of Immortality, Gordon R. WASSON émit l’hypothèse en 1968 que le soma (boisson sacrée du Rig Veda hindouiste équivalente à l'haoma de l'Avesta zoroastrien) n’était autre qu'Amanita muscaria L." (Source). Connue également des Mayas du Guatemala et des Indiens Ojibway ou Ahnishinaubeg, l'amanite tue-mouche est employée depuis très longtemps à des fins rituelles sacrées.
Amanite-bouleau, l’entente cordiale: "Philippe Von Stralenhberg, observa que des chamans locaux tenaient à leurs provisions d’amanite tue-mouche comme à la prunelle de leurs yeux. C’est lui qui décrivit pour la première fois l’usage cérémoniel de ce champignon. Selon les croyances des peuples Koriaks et Tchouktches, la consommation de cette matière permettait de dialoguer avec les dieux de la nature." (Source)
On trouve aussi l'amanite tue-mouches au pied des sapins. "Il y a fort fort longtemps, en Sibérie, près du Pôle Nord (la maison du Père Noël avant qu’il ne déménage en Laponie), les chamans distribuaient aux villageois des amanites séchées en guise de cadeau pour le solstice d’hiver (qui tombe autour du 21 décembre)." (Source)
"Il y a dix mille ans, une invasion de bouleaux suivit le recul des glaciers : car les bouleaux sont des pionniers qui s'installent dans les milieux les plus durs, où aucun autre arbre ne pourrait tenir. Leur grande résistance au froid en fait l'arbre privilégié du nord de la taïga sibérienne, où son tronc blanc se fond dans les paysages enneigés." (Source: Jean-Marie Pelt, La Vie sociale des plantes, Fayard, 1984).
Arbre du monde et premiers êtres humains
Selon Jean-loic Le Quellec et Bernard Sergent:
« Plusieurs mythes font naître les hommes des arbres, ou bien affirment que l'homme fut créé à partir d'un arbre (...) En Amérique du sud les Haramkbet disent que c'est l'arbre sorti lors du déluge pour offrir un refuge aux hommes (...) En Guyane l'arbre est aussi le berceau de l'humanité et chez les Fulnio les survivants du déluge se fabriquent une descendance avec un tronc »[12]
Anders Hultgård:
« Les mythes de l'origine de l'humanité à partir d'arbres ou de bois semblent être particulièrement liés aux peuples de l'Europe ancienne, de l'Indo-Europe ou aux peuples d'Asie mineure et d'Iran parlant l'indo-européen. En revanche, les cultures du Proche-Orient montrent presque exclusivement des histoires anthropogoniques qui tirent l'homme de l'argile, de la terre ou du sang par le biais d'un acte de création divine ». Source: Anders Hultgård, Old Nore Religion in Long-term Perspectives, Nordic Academic Press, 2006 (ISBN 91-89116-81-X), The Askr and Embla Myth in a Comparative Perspective.
Selon l'Edda germanique:
« Mais d’où viennent les hommes qui habitent la terre? — Har répondit : Les fils de Bœrr allèrent sur le rivage de la mer ; ils y trouvèrent deux arbres ; ils les prirent et en firent deux êtres humains. Odin leur donna l’âme et la vie, Vile la raison, et Vé le visage, la parole, l’ouïe et la vue. Ils leur donnèrent aussi des vêtements et des noms : l’homme fut appelé Ask et la femme Embla. C’est d’eux que descendent les enfants des hommes » [13]
Ludovic Deloraine, botaniste, Tela botanica:
« L’origine de l’humanité, pour les peuples germano-scandinaves, ce n’est pas le singe, mais l’arbre (...) Qu’en est-il du Ragnarök, qui est presque la fin de l’humanité? L’arbre y joue-t-il encore un rôle? Evidemment! Reprenons l’Edda de snorri Sturlusson traduite par Dillmann: les deux derniers humains, Lif et Leif-Thrasir (« Vie » et « Vivace » selon Boyer), « se cacheront dans le bois de Hoddmimir, et de la rosée du matin ils se nourriront. Ce sont d’eux que les hommes naîtront ». La boucle est bouclée ! L’humanité, façonnée à partir d’arbres, trouvera son salut dans un bois (le « trésor de Mimir »). »[14]
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Adam et Eve par Gustave Courtois
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Ask et Embla
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Ask et Embla, timbre, îles Feroë
- Selon un mythe persan, l'humanité a comme origine un arbre double. Arrivé à maturité l'arbre fût coupé en deux créant la femme et l'homme [15]
- En Afrique, chez les Bakongos l'androgyne Mahungu chercha à embrasser l'arbre sacré Muti Mpungu. Mais Muti mpungu coupa en deux Mahungu pour former un homme, Lumbu et une femme, Muzita, qui depuis cherchent à s'unir[16].
Arbre du monde, astronomie et calendrier agraire
L'axe de l'arbre du monde est l'axe de la planète Terre. Cet axe est incliné à 23° (obliquité) par rapport au plan de l'écliptique et pointe vers l'étoile polaire. Cette inclinaison est à l'origine des saisons, saisons qui peuvent être repérées par l'apparition de telle ou telle constellation dans le ciel et qui se manifestent notamment par les migrations de différentes espèces animales: oiseaux, tortues, poissons, etc. L'alternance des saisons est au cœur des mythes de la résurrection du dieu de la végétation: Attis en Phrygie (grâce à la Déesse Cybèle), Osiris en Egypte (grâce à la Déesse Isis), Dumuzi en Mésopotamie, Adon en Phénicie, Adonis en Syrie, Mithra en Perse etc.
Selon l'anthopologue Louis Cruchet,
« L’axe du monde a un rapport particulier, dans nombreuses cultures différentes, avec les mythèmes du serpent, ou tout animal en connexion à la terre (tortue) ou à l’eau (la tortue aquatique, le poisson, l’anguille…), et de l’oiseau, ou tout autre thème du vol (plumes, lévitation, axe cosmique…). Ces thèmes sont, dans certaines cultures, astronomiquement rattachés aux Pléiades, elles-mêmes souvent associées à Vénus. Anthropologiquement parlant, il existe un mythème « arbre/serpent/oiseau/axe cosmique » en relation astronomique avec les Pléiades. »[17]
Selon la chercheuse lithuanienne Marija Gimbutas,
« la constellation de motifs et de symboles liés à la mythologie pré-indo-européenne comprend des motifs tels que la déesse Serpent, la déesse Oiseau, l'Œuf primordial (...) »[18][6]
De nombreux peuples comme les Hébreux ou les Aztèques appelaient les Pléïades « poussinière », les comparant à une poule et ses poussins. Gallina cum pullis suis. Les bergers provençaux l'appelaient « La Poucinièro ». En breton la constellation des Pléiades se dit Ar yar (la poule). Peleias signifie colombe en grec ancien. En Crête minoenne la Peleku[19] était une double-hâche qui figurait deux ailes d'oiseau. La Déesse de la fertilité Maïa est l'aînée des 7 Pléïades. Selon Taíd Rodríguez Castillo,
- « les Grecs et les Romains, au début, utilisaient les Pléiades pour organiser leur calendrier, en particulier leur calendrier agricole. Au lever des Pléiades commençaient le travail des récoltes ; et lorsqu’elles se couchaient, en novembre, les travaux de labour. Pendant quarante jours, elles restaient cachées, « hyades » comme leurs sœurs, cachées dans le royaume d’Hadès, pour ressusciter quarante jours plus tard, avec le mai fleuri. »[20]
- « Les Polynésiens étaient très préoccupés par l’apparition de la constellation des Pléiades (Matarii, Matari’i, Mataiki) auxquelles ils prêtaient des liens secrets avec la vie, le cycle d’abondance et la fertilité. »[21]
Comme le souligne Wolfhard Schlosser, professeur d’astronomie à l’Université de la Ruhr (Bochum), les prêtres et chamans du Néolithique accordaient une extrême importance à cet amas ouvert, puisque son apparition marquait dans tout l'hémisphère nord le début des moissons. Des analyses phylogénétiques des motifs mythologiques ont montré que le motif d'Orion poursuivant les Pléiades pourrait trouver son origine au paléolithique avec la sortie de l'Homme d'Afrique (How Did the First Humans Perceive the Starry Night? On the Pleiades.)[7] Selon la théorie de l'astronome allemand Rahlf Hansen le disque de Nebra est un calendrier lié aux Pléïades: lorsque la nouvelle Lune apparaissait près de l'amas des Pléiades seulement au troisième jour du mois de printemps par lequel l'année commençait (32 jours après le début de l'année et plus pour les années normales), on devait décompter cette année-là des mois de 29,5 jours, ce qui permettait de faire correspondre l'année solaire de 365 jours avec l'année lunaire de 354 jours. Durant l'hiver les pléiades disparaissaient du ciel pendant 40 jours[22].
«Les Aztèques exécutait une cérémonie religieuse spéciale appelée la Danse du Nouveau Feu (ou Cérémonie du Nouveau Feu) une fois tous les 52 ans pour s’assurer le mouvement du cosmos et la renaissance du soleil. (...) Tous les 52 ans solaires Haab (73 années Tolkin), ces calendriers coïncident. Les Aztèques l’appelaient parfois le Calendrier Rond. On disait du cycle de 52 ans qu’il commençait quand les Pléiades traversait le cinquième point cardinal ou zénith céleste à minuit. »[23]
Pâques a lieu le premier dimanche après la pleine lune qui a lieu soit le jour de l'équinoxe de printemps (21 mars), soit juste après cette date.
Arbre du monde et numérologie
Le mythologue «Eliade Mircea (1983), dans son étude exhaustive "Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase", a bien montré toute l’importance du thème de l’axe cosmique et du vol mystique (serpent, arc-en-ciel, arbre, axe cosmique, lévitation …) dans le chamanisme et, dans son chapitre « Chamanisme et cosmologie » (Ibid, pp.211-231), de la numérologie cosmique en relation avec les nombres divisibles par 3 (6, 9, 33, 99…) et le nombre 7, qu’il attribut en partie à la probabilité d’une influence mésopotamienne. Cette particularité numérologique, du 3 et du 7, est pourtant tout autant attestée en Afrique du Nord-Ouest. » [17]
L'arbre du monde en Afrique
Égypte
« La Déesse-Arbre, la gardienne des portes de l’Au-Delà »[24]
L'acacia de «Saosis» est considéré par les Égyptiens comme l'Arbre de Vie. Neuf divinités (Eneades) sont sortis de l'Arbre de Vie.
D’après le Livre des morts égyptien, deux sycomores jumeaux se tenaient devant le portail oriental du ciel d’où le dieu soleil, Râ, émergeait tous les matins. Cet arbre étaient aussi considéré comme une manifestation des déesses Nut, Isis et surtout Hathor, la «Dame du sycomore». Ficus sycomorus était souvent planté près des tombes et la sépulture dans un cercueil fait du bois de cet arbre retournait, croyait-on, le mort au sein de la déesse de l’arbre mère." (Source)
La déesse Nout (Nwt) émergeait des branches du figuier sycomore pour offrir à une personne qui venait de décéder, eau et nourriture. « Porteur de vie, le sycomore était assimilé à la déesse Isis et pouvait donc être représenté en train d'allaiter lui-même Pharaon » (Source)
Le pilier Dd (Djed) est associé au dieu Sokaris / Ptah / Osiris. Il représente la colonne vertébrale d'Osiris. La colonne vertébrale est comme un arbre intérieur. Le pilier Djed est un palmier aux couleurs de l'arc-en-ciel. Selon Cheikh Anta Diop (Nations Nègres et Culture, Editions présence Africaine, page 145),
- « Osiris était le dieu de la végétation: on le peignait même quelque fois en vert à l'image de cette végétation dont il symbolisait la renaissance. Son symbole est un arbre aux branches coupées, qu’on dressait pour annoncer la résurrection de la vie végétale. »[25]
- « A l'origine, le pilier Djed était sans doute le fût d'un arbre ébranché ou un faisceau de gerbes et il jouait une rôle dans les rites agricoles »[26]
- « Dans le Dictionnaire de la civilisation égyptienne (sous la direction de Posener), le Djed est « une sorte de fétiche préhistorique de nature encore mal définie qui figurait peut-être un arbre ébranché ou un pieu tailladé et jouait un rôle dans des rites agricoles…(...) L’érection du pilier Djed durant les très importantes fêtes du mois de Khoiak (le 30e jour) serait en relation avec la création de la première momie lorsque le corps du dieu déchiqueté par Seth est reconstitué. L’érection pourra alors ressembler à une sorte de « régénération » du dieu »[27].
En Phrygie l'érection du pin représentant Attis dans le campus du temple où il était exposé trois jours symbolisait aussi la résurrection du dieu, la régénération de la végétation. En Grèce la danse des rubans que font les Ménades autour du mât où est fixé le dieu Zagréus s'inscrit dans la même registre. Cette momification a comme objectif de reconstituer les membres de Zagréus après qu’il eut été déchiqueté par les Titans.
Le symbole du pilier Djed a été retrouvé à Hiérakonpolis, une des plus importantes villes de Haute Égypte vers 4000-3300 av. J.-C.
Le tombeau mythique d’Osiris est sous une butte sacrée (dite butte d'Osiris) qui est surmontée d’un arbre. "Dans la légende d’Osiris, le coffre renfermant la dépouille du dieu assassiné par son frère Seth se retrouve à Byblos, déposé là par les flots… Un arbre, dont la rapidité de la croissance semble miraculeuse, enveloppe alors le coffre dans son écorce, abritant et cachant ainsi les restes du dieu… que la déesse Isis retrouvera…" (Source[28])
L'arbre sacré de l'île de Rhoda sur le Nil en Égypte, était appelé "arbre de Fatima" et "Hakeem-Kebeer" (grand médecin / grand physicien) par les arabes. Des pélérinages avaient lieu à destination de cet arbre et des tissus étaient accrochés aux branches dans la perspective d'être libéré des maladies. Source: Georg Moritz Ebers – Egypt Descriptive, Historial and Picturest, 1885, vol. 1, pp. 199-201[29].
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Pilier Djed
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Isis-arbre allaitant un pharaon
Afrique noire
En Afrique l'arbre sacré (par exemple le fromager ou le baobab) est un intermédiaire entre le monde d'en haut (des esprits) et le monde des humains. C’est l’arbre qui abrite les esprits des ancêtres.
Selon un dicton bëti (langue bantoue, Afrique), "ele enen mebog ebul", "à grand arbre, neuf entailles" (ebul = neuf). Source[30]. Les échelles de Jacob et de joseph d'Arimathie comptent 9 barreaux.
"L'initiation chez les Bassa se fait en neuf épreuves". (Source) "Avant de soigner, le guérisseur effectuera neuf fois un même geste, prononcera neuf fois une formule de bénédiction ; de même, le patient aura avalé neuf boules d’herbe écrasée, observé une continence sexuelle pendant neuf jours. La rupture des interdits liés au non-respect du nombre 9 annule l’effet attendu et rend inaccessible le but poursuivi. Le nombre neuf est aussi lié au monde des esprits" (Source)
Le chiffre 9 (3 x 3) est le chiffre sacré par excellence en Afrique[31].
Dans son livre "L'arbre cosmique dans la pensée populaire et dans la vie quotidienne du nord-ouest africain" la chercheuse Viviana Paques porte la thèse qu'"il n'y a pas un monde spirituel noir (et/ou animiste) en opposition avec un monde spirituel blanc (et/ou musulman), mais une seule forme commune de pensée qui dicte à tous la même démarche pour interpréter le Cosmos, appréhender la réalité intérieure et déterminer les règles de comportement." (Source) Viviane Pâques a décrit la cosmologie des Africains du Nord-Ouest: un héros est descendu sur la Terre par l'intermédiaire de l'arbre cosmique triple formé par le corps d'un serpent décapité (Source). En Polynésie le premier cocotier est né de la tête du dieu-serpent qui a été enterré par la Déesse Hina.
Dans la mythologie d'Afrique de l'ouest l'arbre Kigelia africana, aux fruits en formes de bourses, est l'arbre de la fertilité. Il est surnommé l"'arbre à saucisses". "Toute femme allaitante accroche à l’arbre un morceau de tissu pour en chercher protection et nombreuse progéniture". (Source, page 44) "Kigelia africana est considéré comme sacré dans de nombreuses régions; il abrite des réunions religieuses, et les fleurs et les fruits sont considérés comme des fétiches. Les fruits sont couramment vendus sur les marchés comme porte-bonheur pour apporter la richesse et la prospérité, pour donner force et courage aux guerriers avant la bataille, pour augmenter le rendement des cultures, et comme fétiche pour la fécondité, ou encore pour éviter les tornades." (Source) Chez les lébous du Cap-Vert, "les matrones utilisent fréquemment la pulpe de ses fruits mûrs en décoction et en friction sur les seins des jeunes filles afin de les doter d’une poitrine avantageuse. Elles assurent que les mensurations pratiquées avant et après cette thérapeutique prouvent son bien-fondé". (Source)
L'arbre du monde des peuples du Kenya (dont les Kikuyus) s'appelle Mugumo (Ficus natalensis) ou Mukuyu. "Une étude approfondie de l'arbre sacré Mugumo révèle une approche holistique des Kikuyus concernant l'environnement". Source: Revisiting the Roots of Gĩkũyũ Culture through the Sacred "Mũgumo" Tree[32]
De nombreuses espèces végétales servent de résidence à des vodun. Celles que l'on rencontre le plus fréquemment sont l'iroko, le baobab (Source). Dans le temple des Pythons à Ouidah au Bénin se trouve un iroko (ou Loko) sacré qui serait âgé de 600 ans.
Sur l'île de Nosy Bé (Madagascar),
"le site Arbre sacré MahaTsinjo est un lieu de culte et de prière où l’on vient pour solliciter des bénédictions de Dieu par l’intermédiaire des esprits de nos ancêtres."[33]
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En Afrique l’arbre à palabres est un lieu traditionnel de rassemblement, à l'ombre duquel on s'exprime sur la société. C'est aussi un lieu où les enfants viennent écouter conter des histoires par un ancien du village.
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Bosquet sacré d'Osun-Osogbo, Nigéria.
L'arbre du monde en Asie
Chine
L'Arbre du Monde se nomme Kien Mou (建 木, "bois dressé") ou Jian Mu. Kien Mou relie les neuf sources aux neuf cieux. “A midi rien de ce qui se tient parfaitement droit auprès de lui ne donne d'ombre ni d'écho”.[34]
"Pour les Chinois, le centre de l'univers, le lieu où devrait se trouver la Capitale parfaite, est marqué par Kien-mou, « Bois dressé ». Kien-mou est l'arbre du renouveau, donc aussi du commencement absolu, celui du monde. « Il réunit les Neuvièmes Sources (séjours des morts) aux Neuvièmes Cieux, les Bas-fonds du monde à son Faîte... et l'on dit qu'à midi rien de ce qui, auprès de lui, se tient parfaitement droit ne peut donner d'ombre. Rien non plus n'y donne d'écho » (Brosse, p.34, 2001)." [17]
Aux neuf mondes correspondent les neuf étages de la pagode (source). Dans la mythologie chinoise la Déesse-Mère Xihe avait eu 10 enfants. Ils habitaient dans le lac Tanggu au milieu duquel poussait le grand arbre Fusang. Sur ses 10 énormes branches reposaient les 10 Soleils / Corbeaux à trois pattes.
« Toute chose à des racines et des branches. Les événements ne finissent que pour recommencer. A travers dix mille mouvements et dix mille changements le Tao reste Un » (Mengzi) « Soyez comme cet arbre. Si vous êtes utiles, vous serez abattus et transformés en meubles. Si vous êtes beaux, vous serez vendus au marché, tels des objets. Soyez comme cet arbre, absolument inutiles... alors vous deviendrez immenses, et des milliers de gens s'abriteront sous votre ombrage. » ( Lao Tseu)
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Fusang
Thaïlande
L'arbre du monde se nomme T̂nmị̂ (ต้นไม้). C'est la Déesse / Nymphe Nang Mai (นางไม้; "Dame de l'arbre"), dont l'un des avatars les plus courants est Nang Ta-khian (en), qui apparaît au niveau de l'arbre sacré (Hopea odorata, ตะเคียน).
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Vue d'artiste de Nang Ta-khian.
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Offrandes à la Déesse Nang Ta-khian au pied d'un arbre sacré.
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Offrandes à Nang Ta-khian shrine, près du lac Dan Sing Khon.
Corée
En Corée "l'arbre cosmique unit le ciel et la Terre et symbolise la totalité." (Source)
Son nom est Sindansu / Dang-Sanna-Mu (Sourceet Source). Il est visible sur la couronne de Silla, Silla étant l'un des trois royaumes de Corée.
Mosos du Tibet historique
A l'occasion du "sacrifice périodique au ciel", "les prières au ciel sont suivies de prières à la Terre et au genévrier, l'arbre cosmique qui soutient l'univers et se dresse au "centre du monde" (Source, page 347)
Japon
L'Arbre du Monde se nomme ShinBoku (神木). La racine Boku signifie arbre. Himorogi désigne "les forêts en tant que sanctuaires naturels et les vieux arbres de taille gigantesque considérés comme habités par des divinités (shinboku)".(Source). Les shinbokus les plus fameux du Japon :
- Le grand camphrier de Kamô du sanctuaire Kamô Hachiman (préfecture de Kagoshima),
- Le grand camphrier de Kinomiya, vénéré dans le sanctuaire de Sugihokowake no mikoto (préfecture de Shizuoka)
- Le zelkova « arbre du dieu dragon » du sanctuaire Chichibu Imamiya (préfecture de Saitama).
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Shinboku, kasukabe hachiman jinja
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Shimenawa, Kamidana
Orang Talang (Malaisie)
L'arbre-monde du peuple Orang Talang s'appelle Pohon Alam (Source). Il est le microcosme de l'ensemble de l'univers.
Ngaju de Bornéo (Indonésie)
"Dans les peintures des Ngaju, à Bornéo, tout le cosmos est figuré dans les branches de l’arbre de vie, car le cosmos et les êtres vivants sont issus de l’union de l’arbre et d’un oiseau (le bucéros), tous deux en rapport étroit avec le serpent." (Source)
Civilisation de l'Indus (Monhenjo-Daro)
"Dans la civilisation de l’Indus, à Monhenjo-Daro, l’arbre cosmique est similaire à l’arbre mésopotamien et accompagné des mêmes symboles, il s'agit ici du figuier, dans le feuillage duquel se produit l'épiphanie d’une déesse nue." [17]
Inde
L'Arbre du Monde se nomme Bo / Bodhi (un pipal). C'est sous cet arbre que Boudha aurait atteint l'illumination.
Dans le Rig Veda est posée la question de savoir quel est l'arbre d'où ont été générés le ciel et la Terre. La réponse est que c'est l'arbre cosmique, autrement dit la divinité Bhrama elle-même[15].
L' arbre Ashoka est étroitement associé aux êtres mythologiques Yakshini. L' un des éléments récurrents dans l' art indien , souvent trouvé aux portes des temples bouddhistes et hindous, est un Yakshi avec son pied sur le tronc et ses mains tenant la branche d'un Ashoka à fleurs stylisé ou, moins fréquemment, d' autres arbres avec des fleurs ou des fruits. Les personnes considérées comme ayant atteint le nirvana dans le jaïnisme, les jinas, sont souvent représentées sous un arbre d'Ashoka.
« Les trois mondes » (triloka) reliés par l'arbre cosmique sont :
- Svarga, le monde du haut (ciel)
- Bhûmi, le monde du milieu (surface de la Terre)
- Pâtâla, le monde du dessous (l'"enfer")
Neuf principes universels fondent les enseignements de la plus ancienne secte philosophique de l’Inde, les Vaïses-hica.
« Les hommes disent que l'Ashvattha, l'arbre sacré éternel, croît avec sa racine vers le haut et ses branches vers le bas, et que ses feuilles sont les Veda ; celui qui connaît cette vérité connaît les Veda ». (Source: Bhagavad Gîtâ XV, v. 1) "Krishna évoque un symbole employé par les hommes pour représenter l'Univers comme un courant éternel d'évolution, émanant d'une Source immuable. Bien qu'immuable en elle-même, cette Source produit le changement en des différenciations qui ne cessent de croître tout au long de la grande période de manifestation. La limite de différenciation une fois atteinte, la même impulsion absorbe graduellement toutes les différenciations pour retourner à l'homogène." (Source)
« Le mont Mérou est supposé traverser et réunir les trois mondes, et c'est sur son plus haut sommet, dans la plus élevée des sphères, que rayonne le triangle, symbole du yoni et de la création[35] »
Le mont Mérou est constitué d'or et de pierres précieuses. C'est la résidence de la Trimourti. Il réunit le ciel, la terre et l'infra-monde, c'est-à-dire les trois mondes, et est porté par huit éléphants, éléphants reposant sur la grande tortue (Akupara), qui repose elle-même sur le grand serpent Sécha. 4 fleuves naissent du Mont Mérou, vers 4 régions où poussent 4 arbres différents, les Kalpavrikchas. Un mythe qui rappelle celui de la Bible: un fleuve sortait d'Eden pour arroser le jardin; et de là il se divisait en quatre fleuves: Phiscon, Guiho, Chidékel et Euphrate.
« "Toute l’architecture du Stupa" en Asie (tumulus funéraire contenant des reliques de Bouddha ou des saints bouddhistes) se conforme au mythe indien qui, avant la formation du monde dual (jour et nuit, mâle et femelle, dieu et démon, etc.), assimile les origines à un chaos constituant l’océan cosmique. De là émerge le Tertre primordial flottant, puis naît Indra quand la terre et le ciel ne sont pas encore séparés dans ce tertre gardé par le dragon Vrtra. Ce dernier est vaincu par Indra qui libère le ciel et la terre dès lors uniquement reliés par le pilier cosmique ou l’arbre du monde. Le Temps et les saisons jailliront de la naissance du soleil depuis l’océan. Le tertre sera fixé par le pilier cosmique (Irwin 1979)."[36]) »
Le dieu Agni est aussi qualifié de VanasPati, "seigneur des arbres". Dans l'AtharvaVeda, on peut lire que les divinités du troisième ciel sont assises sous l'arbre Asvattha, qui correspond sans doute à « l'arbre des feuilles justes » du Rig Veda sous lequel Yama et les êtres bénis se rassemblent[37].
Iran ancien
Dans l'Iran ancien "le Bundahishn évoque un arbre qui contient toutes sortes de graines. Sous le tronc de cet arbre, endroit appelé bas-Tokhmeh, se trouvent neuf montagnes. De leurs grottes coulent 9999 fleuves. On dit que l’oiseau fabuleux Simorgh se perche sur cet arbre chaque année afin d’en jeter les graines à l’eau ; puis Tishtrya, le dieu de l’eau, envoie la pluie sur toutes les régions, permettant la reproduction de nombreuses plantes issues de cet arbre fabuleux."
Quand le Simorgh s'envolait, les feuilles de l'arbre du savoir tremblaient, causant la chute des graines de toutes les plantes.
Selon la foi baha'i, la manifestation de Dieu dans la réalité se fait via l'Arbre de Vie. " Baha'u'llah ", fondateur de la foi bahá'í, est considéré comme l'Arbre de Vie. Le «Livre de l'alliance» est également associé à l'Arbre de Vie.
Hittites
"Les Hittites comptaient trois mondes, "le ciel", "la Terre" et "les hommes", chacun subdivisés en 9 niveaux (Masson 1991) (Source)
Mésopotamie
L'Arbre-Monde se nomme KisKanu. Et l'Arbre-Vigne GesTin. Incantation babylonienne :
« Dans Eridu a poussé un Kiskanu noir, en un lieu saint il a été créé ; Son éclat est celui du lapis-lazuli brillant, il s’étend vers Vapsu. C’est le déambulatoire d’Ea dans l’opulente Eridu, Sa résidence est un lieu de repos pour Bau…[38] »
« La déesse Inanna / Isthar recueille un petit arbre, huluppu, qui croît sur les bords de l'Euphrate. Elle le plante dans son jardin sacré et le soigne jusqu'à ce qu'il devienne un arbre magnifique. Des animaux y trouvent un abri : le serpent qui « ne connaît pas les sortilèges » fait son logis dans les racines, l'oiseau Imdugud installe ses oisillons sur la cime et Lillith « la jeune femme aérienne » construit sa demeure dans le feuillage.»[39] La Déesse Ninhursag prélève la semence du dieu Enki dans le ventre de la Déesse Uttu et crée huit plantes. Mais Enki dévore ces plantes. Ninhursag condamne alors Enki à souffrir de déficiences dans huit parties de son corps. Les huits plantes permettront de guérir Enki.
Bouc dressé face à l'arbre du monde, Ur, Mésopotamie. 2500 BC. Il rappelle le Bouc de Mendès (Egypte) et le Bouc des sorcières. Dieu est un bouc dans la Genèse (Bible) des Samaritains. Le dieu pan (bouc) Akelarre basque (sabbat des sorcières), par Goya
Phéniciens
« Adon est né du dieu El et de son épouse la déesse Ashérat, qui avait pris la forme d’un arbre »[40]
Ancien Israël
Ashera, Déesse cananéenne, était traditionnellement symbolisée par un poteau sacré, symbole de la fécondité. Un autre mot d'origine cananéenne "Asteroth" signifie « arbre sacré » ou « poteau sacré ». En Égypte antique Hathor est dite "Dame du sycomore".
Source: "Arbres sacrés, poteaux cultuels et déesse Ashéra dans l'Israël ancien", in L'arbre en Asie, ed. P.-S. Filliozat.
A Tel Dan (Galilée, Israël) existe un chêne sacré (associé à une tombe) auquel sont accrochés des offrandes votives.
Yakoutes (Sibérie)
L'arbre-Monde se nomme Aal Luuk Mas et l'oiseau sacré, Turuya[41]. Le bois de l'arbre sacré permet de fabriquer un tambour. « Fabrique-toi un tambour et tout ce qui convient à un chaman. Bat le tambour et chante. Si tu es un homme ordinaire, il n’en sortira rien ; mais si tu es un chaman, tu ne seras plus ordinaire. »
« Mon maître m’expliqua que le battement du tambour permet d’invoquer les esprits. Il me rappelait également que ce son répété est assimilé au son premier, celui du battement du cœur de la Mère nourricière, ainsi que de la Terre-Mère (iïe bor).» [41]
Dans les épopées yakoutes oloŋxo, l’univers est présenté comme la superposition de trois mondes horizontaux :
- üöhe dojdu : le monde ‘du haut’,
- orto dojdu : le monde ‘du milieu’
- allara dojdu : le monde ‘du bas’
- Le monde ‘du milieu’ comporte lui-même un centre, qui est représenté par l’arbre ‘du milieu’ Aar Luuk Mas ou Aal Luuk Mas, qui sert de jonction symbolique entre les trois mondes (Source: Emilie Maj, thèse EPHE Paris, 2007).
"Au nombril de la terre se dresse un arbre florissant à huit branches ... La couronne de l'arbre répand un liquide divin d'un jaune écumant. Quand les passants en boivent, leur fatigue se dissipe et leur faim disparaît... Quand le premier homme, à son apparition dans le monde, désira savoir pourquoi il était là, il se rendit près de cet arbre gigantesque dont la cime traverse le ciel ... Il vit alors, dans le tronc de l'arbre merveilleux, une cavité où se montra jusqu'à la ceinture une femme qui lui fit savoir qu'il était venu au monde pour être l'ancêtre du genre humain".
Selon ma mythologie yakoute, la Déesse-Mère Ajysyt-ijaksit-khotan ("génitrice et mère nourricière") est un jour apparue à un jeune homme qui rendait grâces après avoir vu le lac de lait au pied de l'arbre cosmique d'Yryn-al-tojon, le "seigneur créateur blanc" (source), qui est "comme le lait avec trois escaliers d'argent" (source). Elle l'aurait alors nourri de son propre lait, accroissant sa force cent fois.
"Pour les Yakoutes, au « nombril d’or de la Terre » s’élève un arbre à huit rameaux : c’est une sorte de Paradis primordial car c’est là que le premier homme est né, et il est nourri par le lait d’une Femme à demi sortie du tronc de l’Arbre."
Ajysyt (ou Ajihyt) guide les âmes lors de chaque naissance. Elle réside dans une maison à sept étages, au sommet d'une montagne, d'où elle écrit le destin de chacun.
Bouriatie (Sibérie)
"L’arbre cosmique, le tambour, l’arc et l’arc-en-ciel sont divers moyens d’accéder au royaume des cieux (...) Eliade souligne que les rubans colorés utilisés lors de l’initiation des chamans bouriates sont appelés « arcs-en-ciel » ; ils représentent le voyage du chaman dans les cieux." [42]
Pour les Bouriates "le dogme fondateur, c’est la foi en trois composants de l’univers." (Source) Les mondes d'en haut, du milieu, et d'en bas. Après la mort, l’âme se transforme en un oiseau, un animal, une plante ou devient une montagne, une rivière.
Hezhen ou Goldes (Toungouses)
L'univers des Goldes est composés de trois mondes dans chacun desquels se trouve un arbre. Les âmes humaines sont posées sur les branches de l'arbre céleste comme des oiseaux, attendant d’être descendues sur terre pour donner naissance à des enfants. (Source)
Chez les Mosos du Tibet historique (matriarcaux),
"il y a un Nom-du-Père mais c'est une déesse, la déesse Abaogdu qui a déposé les graines dans le ventre des femmes avant même leur naissance. Évidemment, cela devient difficile d’employer le concept de Nom-du-Père dans le cas d’une déesse. On se rend compte que notre concept de Nom-du-Père est ethnocentriste, ce qui rend sa légitimité contestable. Aboagdu est bien l’Autre de la mère à qui est attribuée la procréation." (Source)
Tatares
Dans le récit de la création de la tradition tatare au commencement la Terre n'existe pas encore.
"Dieu demande à son compagnon de plonger au fond de l'eau pour lui rapporter un peu de boue afin de créer la Terre. Dieu crée la terre et un arbre se met à pousser. Cet arbre est nu, sans feuilles et sans branches. Dieu est triste et prononce une formule magique : "Qu'il y ait des branches !" et aussitôt neuf branches poussent sur cet arbre. Dieu est satisfait et prononce une seconde formule : "Qu'il y ait neuf hommes au pied des neuf branches et que de ces hommes naissent les neuf races humaines". Il arriva comme Dieu avait commandé et les neuf races humaines naquirent de cet arbre." (Source)
Samoyèdes
Le récit fait par un chamane Samoyède de sa propre initiation extatique à l'ethnologue russe Andreï A. Popov (1902-1960). Le chamane affirme avoir été conduit au Centre du Monde, où se trouvent « l'Arbre du Monde et le Seigneur Universel » (aussi appelé le Seigneur de l'Arbre). Il aurait reçu « de l'Arbre Cosmique et du Seigneur lui-même le bois pour se construire un tambour (...) ». Cet arbre, dans le récit, est « un jeune bouleau [qui] s'élev[e] jusqu'au ciel », et pousse sur une île au bord des Neuf Mers (...) ». Près de lui poussent « neuf herbes, ancêtres de toutes les plantes de la terre ». Au sommet de l'arbre, l'apprenti chamane aperçoit les ancêtres des nations (russes, dolganes, yakoutes, toungouses...). Le Seigneur de l'Arbre lui-même, « prenant figure humaine et sortant de l'arbre jusqu'à la poitrine », déclare qu'il y a une branche qu'il ne donne pas aux chamanes, car il la garde pour les êtres humains ordinaires, qui pourront en faire tout usage (habitations, etc.), et conclut : « Je suis l'Arbre qui donne la vie à tous les humains ».
De nombreux peuples sibériens conçoivent le ciel comme une toile de tente.
"La voie lactée est la couture. Les étoiles, des "trous" pour la lumière (...) Au milieu du ciel brille l'étoile polaire, qui fixe la tente céleste comme un piquet. Les Samoyèdes l'appellent "le clou du ciel". Les Tchouktches, les Koryaks: "l'étoile-clou". Même image et même terminologie chez les Lapons, les Finnois et les Estoniens. Les turco-altaïques conçoivent l'étoile polaire comme un pilier. Elle est le "pilier d'or" des Mongols, des Kalmoucks, des Bouriates, "le pilier de fer" des Kirghizes, des Bashkirs, des tatares sibériens." (Source, page 212).
Les autres étoiles du ciel sont reliées à l'étoile polaire telles des chevaux à un piquet, "le pilier du monde", l'arbre-monde. Le poteau central de l'habitation (yourte etc.) est une version miniature (microcosme) du pilier cosmique. Au pied du pilier ont lieu des rituels, des offrandes, ceci dans le cadre d'un échange avec les esprits du monde d'en haut auxquels le pilier relie.
Turco-Mongols
"Les Turko-mongols croient à un arbre à neuf branches, créé aussitôt après la motte de terre primordiale et sur lequel est étagé tout l'univers." (Source)
Les turcs utilisent l'adjectif tengri qui signifie "céleste, divin", pour désigner tout ce qui semblait grandiose, comme un arbre ou une montagne, et ils s'inclinèrent devant de telles entités. Le cosmos du chaman mongol est constitué d'un ciel éternel bleu (tengri, également considéré comme Ciel-Père, principale divinité du tengrisme) au-dessus de la Terre-Mère, en une structure verticale. Le Père des cieux domine 99 royaumes dont 55 à l'ouest et 44 à l'est. La Terre-Mère, elle, en possède 77. La totalité forme un arbre cosmique dont les branches s'étendent à tous les niveaux. Il y a des trous entre chaque niveau, qui permettent au chaman de passer d'un niveau à l'autre.
"La représentation de Tengri évolue entre celle d'un arbre cosmique lié aux quatre points cardinaux et celle du Ciel Bleu Infini. Il est doté d'une parèdre, une épouse divine, en la personne de Eje, la Terre-Mère" (Source) Dans le mythe de la création maya, l'arbre-maïs émerge d'une tortue. Dans le chant de la création magyar (Hongrie), l'arbre de vie émerge de la Terre (Ek).L'importance du bouleau dans le chamanisme conduit à voir "dans le poteau de yourte son substitut, axe des trois cercles de la yourte (anneau de compression, bord supérieur du treillis, bord inférieur du treillis) représentant les trois mondes, supérieur, médian et inférieur." (Source)
Le Turc Osman 1er a une une vision de l'arbre cosmique quand il a fondé l’empire ottoman. L'arbre-monde est souvent représenté sur les tapis turcs.
Eej Mod (эж Мод) est un arbre-mère sacré en Mongolie (Eej = mère et mod = arbre). Selon les anciens Turcs le premier homme a été créé sous un arbre (Marie accouche de Jésus, seule, adossée à un palmier dans le désert).
Tchouvaches
L'arbre du monde des Tchouvaches, c'est Keremet. Le nom de l'aéroport international de Moscou (Cheremetievo) a la même étymologie.[43]
- « La plupart sont idolâtres, et offrent des sacrifices sur une espèce d'autel, appelé Keremet.»[44]
- « Keremet est l'Etre suprême chez les Tchonvaches. On donne le même nom au lieu que ces peuples choisissent pour offrir à leurs dieux un sacrifice solennel. C'est une enceinte carré, fermée par une palissade qui ne va pas tout à fait à hauteur d'homme, et dans laquelle on a ménagé quatre portent qui ouvrent sur les quatre points cardinaux: par celle de l'est entrent les victimes et les offrandes; par celle du nord arrive toute l'eau nécessaire aux sacrifices; par celle du sud s'échappe l'eau souillée et sanglante. Le peuple entre et sort par la porte de l'ouest »[45]
- «L'origine du mot «keremet» n'est pas claire de toute façon. Certains chercheurs associent cette notion à l’idéologie islamique, dans laquelle Keremet signifie «un miracle», le Saint-Esprit. Le scientifique finlandais Albert Hämäläinen (plus tôt, Heikki Paasonen) et M. Vasilyev sont de cet avis. Quant à V. Sboev, il pense que le «kéremet» tchouvache vient du «gyuremet» arabe (protégé, saint). Selon N. Marr, le mot keremet signifie «dieu», comme le «kerp» géorgien, le «karapet» arménien, etc. » [8]
Représentations de l'arbre du monde dans la mythologie tchouvache:
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Drapeau de la Tchouvachie, avec en son centre le Keremet, l'arbre du monde
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Drapeau de Pitishevskoe (Tchouvachie)
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Arbre du monde, Tchouvachie
L'arbre du monde dans la mythologie tchouvache: Tchouvaches#/media/Fichier:Чувашский мир.jpg
Le mouvement Vattisen Yaly a comme finalité la renaissance de la mystique ancestrale tchouvache.
La loi tchouvache relative aux symboles nationaux de la République tchouvache définit le drapeau ainsi :
« Le drapeau national de la République tchouvache est de forme rectangulaire et ses côtés ont un rapport de 5:8. Il est constitué de parties jaune (en haut) et pourpre (en bas), et au milieu du drapeau se trouvent d’anciens emblèmes tchouvaches pourpres : “l’Arbre de la Vie” et “Trois Soleils”.» 8/5 = 1,6. C'est une approximation du nombre d'or.
Le mouvement néopaïen "Turas", fondé par F. Madurov, a pour objectif de revivifier le culte dans les Keremets de Tchouvachie.[9]
Oudmourts ( = Votyaks)
La cérémonie autour de l'arbre sacré est appelée « keremet » (ou « lud ») chez les Oudmourtes du Bachkortostan. Le lud, entouré d'une clôture en rondins, se composait généralement d'un bosquet de sapins, d'un endroit pour un feu et de tables pour le repas sacrificiel. Il était interdit aux gens de casser des branches d'arbres à l'intérieur de l'enceinte, qui était surveillée par un gardien. Le poète Kuzebaj Gerd, début du XXième siècle:
« Dans le passé, Вунэм аръёсы, Leurs années oubliées, Вашкала дыръёсы, Aux temps jadis, Удмуртъёс Les Oudmourtes Кыӵе татчы лыктыса Quand ils venaient ici Люкаськозы. Se rassemblaient. Курадӟонзэс вераса Ils se racontaient leurs soucis, Бöрдозы вал … Ils pleuraient… Соку вöсьлэн Alors de la prière Бадӟымэсь, пиштӥсь Les grandes Тылъёсыз, brillantes flammes, Курадӟись калыклэн Du peuple souffrant Тыл кадь сюлэмез сутӥсь Comme une flamme embrasant le cœur, Кылъёсыз, Les paroles, Востэм нылъёслэн кырдӟанъёссы Des jeunes filles les chants modestes, Шур жингыртэм кадь, Comme la voix du fleuve Жингырес куараоссы, Résonnant Туж кыдёке вöлдӥськыса, Se répandent très loin, Шуккыськыса, À grands coups, Ӵукна шунды ӝужатозь Le matin jusqu’au lever du soleil Кылӥськозы вал… On pouvait encore les entendre…» [46]
A l'occasion de la cérémonie « Keremet Nunal » un animal était sacrifié: taureau, cheval, mouton, oie, canard.[47] Keremet signifie « esprit » et a ensuite été associé au diable lors de la christianisation.
« Cette conception partait d’une image par défaut du christianisme, caractérisé par la « pureté » du dogme, et encore, du dogme vu par un prisme « protestant » : l’Oudmourt qui faisait baptiser ses enfants, avait des icônes chez lui et allait effectuer dans le bosquet sacré des sacrifices à Keremet, même s’il se disait lui-même Orthodoxe, n’était pas considéré par l’église orthodoxe et par les observateurs comme l’étant réellement, parce que tout en respectant les rites, il n’avait pas intériorisé les « vérités » chrétiennes dans leur universalisme, leur exclusivité, et leur individualité. » [10]
Tchérémisses ( = Maris)
- « Les esprits désignés par le terme générique Keremet sont considérés par presque tous les chercheurs comme des créatures maléfiques, dont le but est exclusivement de nuire aux gens. Ce n'était pas tout à fait le cas en réalité. P. Glezdnev a écrit dans son article: "Des esprits spéciaux, appelés par le nom général Keremet, protègent toute la famille". Cela a été dit à propos de la région des Maris de Belebeyev. L'idée de Keremet dans le d'autres régions de la République de Mari était la même. Un Mari était très fier de rendre hommage à Keremet (...) L'idée moderne selon laquelle les Keremets sont des fantômes cruels ne sont pas originaux, mais tardifs, et d'origine étrangère. Les Maris de l'Est étaient moins soumis à Le christianisme, et donc ils ont conservé l'idée originale de Keremets comme esprits gardiens dans un certain nombre d'endroits jusqu'à nos jours (...)»[11]
- « Pour l'exercice des rites religieux et culturels les Maris choisissent les lieux isolées dans les bosquets. Dans ces lieux on ne coupait jamais les arbres, l'herbe, on n'y ramassait pas les baies et les champignons, on n'y prononçait pas de mots grossiers. Il était interdit en particulier de prononcer le mot Keremet (nom du dieu principal du Mal, du Diable) afin de ne pas profaner le lieu sacré. Les Maris considéraient le bouleau, le chêne et le sapin comme arbres sacrés. La communication avec les dieux célestes avait lieu 3 fois par an : au printemps, en été, et en automne. Tous ces rites sacrés et les prières religieuses s'accompagnaient du jeu de différents instruments musicaux : le guslé ( kuslé ), le cornemuse (chuvyr), le tambour (tumyr). De nos jours on peut écouter jouer du chalumeau et du gusli pendant les fêtes et les noces. » [48]
Kazakhs
L'arbre du monde des Kazakhs se nomme Baiterek, "mère peuplier". Baiterek, centre de l'univers, relie trois mondes: le ciel, le monde du milieu, et le monde souterrain. Cet arbre est associé à un oiseau (Simurgh) et un dragon (Aydakhar). L'oiseau empêche le dragon de dévorer un homme-héros en le transportant vers les cieux (un mythe analogue à celui d'Etanna). Dans la ville de Noursoultan (ex-Astana), capitale du Kazakhstan, se trouve une représentation de Baiterek mesurant 105 mètres de haut et 22 mètres de diamètre. Mère Simurgh est surnommée "l'oiseau du bonheur" et pond chaque année un œuf d'or, d'où la grosse boule en or au sommet de la tour Baiterek.
Selon la mythologie kazakh un peuplier poussait sur la colline de Kok-Tobe. Il reliait la terre et le ciel. Chaque année, l'oiseau sacré Simurgh se posait au sommet de l'arbre et y pondait un oeuf, qui se transformaient en soleil. Un dragon vivant au niveau des racines de l'arbre voulu manger le soleil pour plonger le monde dans l'obscurité. Mais le guerrier Yer-Tostik tua le dragon.
"Les fidèles, à la queue leu leu, bifurquent ensuite vers la droite, traversent un petit couloir pour rejoindre une salle munie d’un piquet en forme de longue branche décrépie, tenu au sol par de gros cailloux et pointant vers le ciel à travers un orifice creusé dans le plafond de la grotte. Les pèlerins tournent trois fois autour de celui-ci, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Ils y accrochent des fichus et, à chaque tour, après avoir effleuré le piquet, apposent leurs mains sur leur corps, prioritairement aux endroits douloureux. Il est difficile de ne pas voir dans ce piquet la contrepartie kazakhe du sèrgè, présent notamment dans l’Altaï russe et en Bouriatie. Il permet d’attacher les chevaux et, plus encore dans le cadre d’une société nomade, de rendre intelligible des territoires inconnus. Le sèrgè permet une figuration de l’espace dans son horizontalité et un accès au transcendant de par sa verticalité, ce qui lui a souvent valu une utilisation chamanique. En d’autres termes, il s’agit d’une réminiscence de l’axis mundi ou de l’Arbre cosmique habilement théorisé par Mircea Eliade." (Source)
Kirghizes
« Au début de l'accouchement, au centre de la yourte (l'habitat mobile des Kirghizes), on plantait un long pieu représentant «l'arbre du monde» qui aidait à accoucher et garantissait le bien-êtres des vivants. La femme en couche, à genou, prenait un appui sur ce pieu. » (Source: "Kirghistan, Terre des nomades[49]")
Azerbaïdjan
L'arbre de vie du palace de Shaki Khans.
L'arbre du monde en Europe
« Historiquement, chez les Européens de l’ensemble germanique (comme sans doute chez d’autres peuples), l’arbre et la forêt ont tenu une place de premier ordre. Bien évidemment pour les propriétés du bois en tant que tel, qui a permis de construire des habitations, des statuettes religieuses, des bateaux (tels les drekkr), qui a permis de se chauffer, de se chausser (sabots en bois), de chasser (arcs, lances), de réaliser des enclos (avec du bois mort ou des haies plus ou moins travaillées), etc. » [14]
Russie
Sur la pierre sacrée Alatyr[50] (associée à un oiseau et un serpent) pousse l'Arbre du Monde, et les rivières guérisseuses s'écoulent d'en dessous vers le monde entier. "Les Russes croyaient qu'on pouvait accéder au ciel par l'Arbre du Monde, qui lie entre eux le Bas Monde, la Terre et les neuf cieux. Là où l'Arbre dépasse le septième ciel, il y a une île nommée « Iriï » ou « Vyriï », d'où peut-être, le mot « raï » qui signifie en russe « paradis »." Sur Alatyr apparaissent les graines de tous les autres arbres et plantes de la terre.
Les trois mondes reliés par l'arbre cosmique :
- Prawia (ou Swarga) : monde d'en haut
- Jawia : monde du milieu
- Nawia : monde d'en bas, lieu où les âmes se reposent. Nawia se compose de plusieurs pièces et de plusieurs niveaux (Source)
En Russie, lors de la fête du SeMik (Семик) ou Siémik, au cours du mois de juin (solstice d'été), les jeunes femmes tressaient des couronnes de bouleau pour décorer leur village et les accrochaient à leur arbre bien aimé. Puis elles organisaient des danses (des rondes). Selon une supplique des prêtres de Novgorod datée de 1636,« Le 7ème jeudi après Pâques, les femmes et les filles se rassemblent sous les arbres, sous les bouleaux, et elles apportent en sacrifice des pâtés, de la bouillie et des omelettes, et elles s'insclinent devant les bouleaux. En marchant elles se mettent à chanter des chansons diaboliques, à taper dans leurs mains et à faire toute sorte de choses impies. »[51]
Ukraine
-
Arbre du monde, Ukraine
-
Arbre du monde, UKraine
Une comparaison des designs de l'arbre du monde dans l'art ukrainien et tchouvache:[52],[53]
Baltes
L'arbre-monde est très répandu dans la culture balte.
- Aušros medis en lituanien
- Austras koks, Pasaules koks (arbre du monde) ou Saules koks (arbre du soleil) en letton.
Medeina ou Medeinė est la Déesse lituanienne des forêts, équivalente à Meža Māte des Lettons. Elle refuse d'être mariée. En lituanien, Medis signifie arbre et Medè, forêt.
« Aussi les arbres étaient-ils vénérés. Il était défendu de les arracher du sol, de leur casser les branches et surtout les cimes. Quand les chrétiens arrachaient ou coupaient les arbres, les Lituaniens païens voyaient le sang couler du tronc meurtri ou des racines déchirées. » Source: G. Alinsky et F. Durand, Larousse Mythes et mythologies, pp.362-364[54].
Il s'agissait en général d'un chêne.
Romuva est un mouvement religieux néopaien inspiré des anciennes pratiques religieuses des peuples baltes d'avant leur christianisation au XIVe siècle. Romuva a comme objectif de maintenir les traditions qui auraient survécu dans le folklore populaire. Un exemple de cérémonie païenne: Ligo[55] (Lettonie).
Europe du nord
L'Arbre-Monde se nomme IrminSul / Irmin Säule.
Le moine Rodolphe de Fulda:
« Il y avait aussi un tronc d'arbre d'une taille peu commune, dressé verticalement, qu'ils <les Saxons> vénéraient en plein air, et qu'ils appelaient dans leur langue « Irminsul », qu'on peut rendre en latin par « pilier du monde », comme s'il soutenait toutes choses. » Il a été détruit par Charlemagne[56]. "L'arbre abattu (qui était situé près du château d’Eresburg, à Paderborn, dans l’Allemagne actuelle) Charlemagne apporta la preuve à ses adversaires que leurs croyances étaient fausses. En effet contrairement à ce qu’ils pensaient, Irminsul à terre, le ciel ne leur tomba pas sur la tête. Discrédités et massacrés, les Saxons furent convertis de force au Christianisme et la guerre prit fin en l’an 804. » [57]
Un dictionnaire français de 1860 :
« Irminsul, ou colonne d'Irmin (Hermann, Arminius), idole des anciens Saxons, était placé sur la montagne fortifiée d'Ehresburg (aujourd'hui Marsberg). Elle représentait un homme armé à la façon des Germains, tenant un étendard d'une main et une lance de l'autre. C'était le dieu de la guerre, ou selon quelques uns, Arminius déifié. Charlemagne détruisit cette idole en 772, ainsi que la forteresse qui la défendait. »
Vescoli, Calendrier Celtique, Actes Sud 1996:
« Au VIIIème siècle, la moitié de l’Europe était recouverte de bosquets de chênes. À cette époque, saint Boniface, apôtre de la Germanie, abattit un chêne sacré pour prouver aux païens que leur Dieu ne valait rien puisqu’il était incapable de défendre son symbole. Le chêne devint alors l’arbre du diable. Seules les sorcières lui restèrent fidèles. Le protégeant et le vénérant au péril de leur vie, elles continuèrent à se réunir à son pied pendant la nuit de Walpurgis qui précède l’aurore du 1er Mai. Aussi les immolait-on sur un bûcher de chêne. »
La nuit de Walpurgis[58] correspond au "sabbat des sorcières". Ludovic Deloraine, botaniste, Tela Botanica:
« Les anciens chrétiens ne s’y sont pas trompés, tel « Saint » Boniface qui abattit en 723 un chêne légendaire (arbre sacré des Frisons consacré à Donar/Thorr) pour prouver aux païens que ce culte sylvestre n’était qu’idôlatrie. Il est dit que les païens présents s’attendaient à voir la foudre s’abattre lors de l’abattage de l’arbre; mais Donar ne s’étant pas manifesté, il se seraient alors convertis. Ce récit a sans doute été enjolivé par l’église; pour ma part j’y vois l’aveuglement fanatique d’un « saint » incapable de percevoir le sacré dans la Nature et n’ayant pas réussit (ni même sans doute essayé) d’établir un lien avec un être vivant que l’on peut supposer plus que millénaire. Il en va de même lorsque Charlemagne, sans doute pour des raisons politiques, abattit l’Irminsul des Saxons en 772 (...) Il s’agissait de l’arbre colonne vertébrale du multivers. On lui rapproche le rune Tyr dont le graphisme rappelle celui d’Irminsul (la voûte du ciel soutenue par la colonne universelle). Cet axis mundi permet de relier la terre au ciel (...). »[14]
Les mythes norvégiens racontent qu’Yggdrasil est l’arbre où le dieu Odin (Wotan), tel Jésus sur la Croix, a été sacrifié et est mort. Odin est pendu 9 jours et 9 nuits à l'Yggdrasil (qui porte 9 royaumes). C'est la qu'il apprend a connaitre le secret des Runes. Régénéré, il est ressuscité aveugle, mais a reçu des dieux le don de la vue divine. Un manuscrit datant du Xème siècle après JC s'intitule " Charme des Neuf Herbes". Il y est fait mention d’Odin qui « coupe » un « ver » (le dragon/serpent) en neufs maux, pour que ceux-ci puissent être soignés par les Neuf Herbes.
Yggdrasil est représenté comme un immense Frêne (ou If) il relie 3 x 3 mondes:
1. Le niveau supérieur :
- Ásgard ou Gotheim : le domaine des dieux Ases
- Vanaheim : le domaine des dieux Vanes ;
- Ljösalfheim, parfois Lightalfheim ou Alfheim : la Terre des Elfes ou Elfes de lumière
2. Le niveau central :
- Midgard ou Mannheim : le royaume des hommes
- Jötunheim ou Utgard : le royaume des géants
- Svartalfheim : le royaume des elfes noirs et des nains
3. Le niveau inférieur :
- Niflheim : le monde de la glace et des brumes
- Muspellheim : le monde du feu, gardé par le géant Surt le Noir
- Helheim : le monde des morts non victorieux, gardés par la déesse de la mort Hela
Un oiseau (aigle) est perché au sommet d'Yggdrasil et il y a trois Nornes à son pied. Trois Marie au pied de la Croix (qui est un arbre sacré). En anglais arbre se dit tree et trois se dit three.
La Völuspá (« prophétie de la voyante »), un poème anonyme en vieux norrois:
"Je sais que se dresse un frêne,
S’appelle Yggdrasill,
L’arbre élève, aspergé
De blancs remous ;
De là vient la rosée
Qui dans le vallon tombe,
Éternellement vert il se dresse
Au-dessus du puits d’Urdr
Trois racines
Partent dans trois aires
Du frêne Yggdrasill ;
Hel demeure sous l’une, (Niflheimr)
Sous l’autre, les (thurs) géants du givre,
Sous la troisième, l’espèce humaine."
Chanson païenne viking sur le thème de l'arbre du monde (Yggdrasil)[59]:
Culte de la Déesse-Mère Nerthus :
« Dans une île de l’Océan est un bois consacré, et, dans ce bois, un char couvert, dédié à la déesse. Le prêtre seul a le droit d’y toucher ; il connaît le moment où la déesse est présente dans ce sanctuaire ; elle part traînée par des génisses, et il la suit avec une profonde vénération. Ce sont alors des jours d’allégresse ; c’est une fête pour tous les lieux qu’elle daigne visiter et honorer de sa présence. »[14]
Selon R. Derolez, Les dieux et la religion des Germains, 1962. »[8] :
« Pour Tacite, la forêt était la demeure naturelle des dieux (Die Gewalten en allemand, les “Puissances” dont le nom dérive de Wald “la forêt”). Dans un espace ethnique où la conception moderne ou romaine du temple n’avait pas vraiment cours, les forêts et les arbres à offrande formaient le refuge naturel des cultes et réunions cultuelles. “Il ne s’agit naturellement pas d’offrande à des pierres, des arbres ou des sources. La pierre, l’arbre ou la source ne recevaient pas comme tels, un culte quelconque ; ce dernier ne s’adressait qu’au pouvoir divin qui y était “présent” d’une façon spéciale”. »
Grèce antique
L'Olivier, appelé Moria, était l'arbre-monde des grecs. Il était associé à la déesse de l'Olympe Athena. Selon la légende Athena a planté le premier Olivier sur une colline qui est devenue l'acropole à Athènes.
Le dieu Zeus grandit dans un berceau suspendu à un arbre.
Le chêne de Dodone: « Si aujourd’hui on retient que Dodone était l’oracle de Zeus, nous avons tendance à oublier le fait que l’oracle était aussi dédié à Dioné (mère d'Aphrodite), qui était considérée à la fois comme une puissance agraire et comme une déesse du Chêne, l’arbre tutélaire de ce bois sacré. Ce site apparaitrait donc comme un ancien lieu sacré, à l’origine voué au culte de la Déesse Mère sur lequel les grecs auraient imposé leurs dieux pères comme ils l’ont fait pour les autres mythes de l’Europe pré-hellénique. »[60]
Les prêtres et les trois prêtresses du bosquet sacré de Dodone (les trois péléiades, en grec αἱ πελειάδες, "colombes", nommées par Hérodote, Preuménia, Timarété et Nicandre) interprétaient le bruissement des feuilles de chêne sous le vent. L'oracle de Dodone est le plus vieil oracle grec, d'après Hérodote, remontant peut-être au IIe millénaire av. J.-C., et l’un des plus célèbres avec ceux de Delphes et d’Ammon. Le mât du navire Argo, qui a transporté les Argonautes à la recherche de la Toison d'or, est réputé construit à partir d'un chêne de la forêt sacrée de Dodone.
Les dryades (nymphes) sortaient d'un arbre appelé « Arbre des Hespérides », aux pommes d'or, situé dans le jardin des Hespérides sur le mont Atlas. La Déesse grecque Héra résidait sous cet arbre sacré avec son serpent Ladon comme gardien que doit tuer Héraclès pour pouvoir cueillir les fruits. "Les plus anciennes représentations d'Héra semblent avoir été de simples troncs d'arbre comme celui que Clément d'Alexandrie cite à Théspies; à Samos une planche peinte, à Argos un bloc décoré de rubans recevaient également les hommages des fidèles de la déesse."[61]
« Il existait une Héra Apia, d'apios, "le poirier", et les statues du culte de la déesse étaient taillées dans son son bois, particulièrement celle de l'Héraion de Mycènes, l'un de ses plus anciens sanctuaires. Peut-être partageait-elle cette propriété avec Athéna, car à Thèbes, en Béotie, il existait un temple à Athéna Onga, d'après le nom phénicien du poirier. De sorte que le conflit qui opposa les Achéens aux Troyens est à rapprocher des "combats des arbres" des légendes celtiques, ici poirier (Héra et Athéna, donc leur parti, les Achéens) contre le pommier (Aphrodite et les Troyens). »[62]
« Les arbres ont été les temples des divinités ; et encore aujourd’hui les campagnes, conservant dans leur simplicité les rites anciens, consacrent le plus bel arbre à un dieu. Et, dans le fait, les images resplendissantes d’or et d’ivoire ne nous inspirent pas plus d’adoration que les bois sacrés et leur profond silence. Chaque espèce d’arbre demeure toujours dédiée à une même divinité, le chêne à Jupiter, le laurier à Apollon, l’olivier à Minerve, le myrte à Vénus, le peuplier à Hercule. Bien plus, les Sylvains, les Faunes, des déesses, des divinités spéciales sont, dans nos croyances, chargées du soin des forêts, comme d’autres divinités président au ciel. » (Pline l’Ancien, Histoire Naturelle 12, 3-5)
« Alors que Penthée est caché dans un arbre du mont Cithéron pour épier la bacchanale, il est découvert et mis en pièces par les ménades, à la tête desquelles figure sa propre mère et ses deux tantes, Ino et Autonoé. » Les Ménades démembrent et tuent Orphée, après sa tentative vaine d'arracher son épouse aux Enfers. Dionysos les change en arbres pour apaiser la colère des dieux. Elles tiennent à la main le thyrse, un bâton terminé par une pomme de pin. « Dans l’un des mythes grecs de transformation les mieux connus, Daphné se transforme en laurier pour échapper aux poursuites d’Apollon. » (Source)
Crête minoenne
« L’arbre, et plus particulièrement l'olivier, fait l'objet d'un culte, car il apparaît sur de nombreuses représentations d'adoration. »[63]
Syrie
« Aphrodite créa des fêtes, les Adonies, en l'honneur d'Adonis célébrées par les femmes syriennes au début du printemps (...) La légende d’Adonis est le symbole de la résurrection de la nature au printemps, moment où il revient auprès d’Aphrodite après son séjour sous terre avec Perséphone.»[64]
Phrygie
Du sang de l'émasculation d'Agdistis (hermaphrodite et dont la libido est débridée) est né l'amendier. Agdistis est équivalente à la déesse Cybèle. Nana, fille du dieu-fleuve Sangarios, trouva l'amendier si beau qu'elle en mangeât un fruit et le plaça sur son sein...Elle tomba alors enceinte. Sangarios, furieux que sa fille ait eu un enfant en dehors du mariage patriarcal la condamna à mourir de faim. Mais Cybèle lui apporta elle-même des grenades et d'autres fruits. Nana accoucha d'Attis. Attis, à la fois fils et amant de Cybèle est représenté sous les traits d’un jeune homme, souvent d’un berger. Cybèle s’éprend violemment de lui, mais il la dédaigne pour une autre ce qui la rend furieuse. Attis s’enfuit dans la forêt et, saisissant une pierre tranchante, il s’émascule. De son sang coulant sur le sol naît le pin, toujours vert, symbole d’éternité. Calmée, Cybèle lui rend la vie (tout comme Isis rend la vie à Osiris). À l'équinoxe, un pin était abattu et transporté sur le Palatin au sanctuaire de Cybèle par la confrérie des dendrophores (« porte-arbre ») : enveloppé comme un cadavre, il figurait Attis mort. Le lendemain, jour de tristesse et d'abstinence, les fidèles jeûnaient et se lamentaient. Les prêtres ou galles se flagellaient et se tailladaient, et les néophytes s'émasculaient à leur tour rituellement avec une pierre tranchante. Après une nuit, où ils étaient censés s'unir à la déesse, comme Attis, la jubilation éclatait, se manifestait en mascarades et banquets.
Romains
Dans la mythologie romaine, l'arbre-monde était l'Olivier, associé à Pax, la déesse de la paix.
Un mât était dressé au printemps lors de la célébration des Floralia en l'honneur de Flore / Maia, la déesse de la fécondité. Maia permet l'accroissement des végétaux, la poussée de la sève. Maia est ce qui faisait grandir. On peut l’appeler la Nature, ou la force qui anime la croissance des choses. Maia était l’aînée des 7 Pléïades, des Nymphes. Les Jeux floraux étaient parmi les plus anciens célébrés à Rome même du 27 avril au 2 mai, instituées en 173, par les édiles curules en l'honneur de la déesse Flore. Ils furent ensuite introduits dans tout l'Empire, au fur et à mesure des conquêtes, et fort appréciés des peuples conquis en raison de leur caractère licencieux.
« Le principe de la fête consiste à choisir une reine, la plus jolie fille, ou simplement la plus attractive. Celle-ci à son tour choisira un « mai », un partenaire. Pour ce faire, les garçons doivent se faire connaître d’une manière particulière. Dans cette fête, on va généralement chercher un grand arbre dans la forêt et on le plante au milieu de la place du village. La nuit, les jeunes gens rôdent autour des maisons des jeunes filles et déposent à leurs fenêtres des branches que celles-ci, le lendemain, peuvent laisser ou ôter. Cet arbre dépouillé de branches est appelé un « mai » et les célébrations et les compétitions ont lieu autour de lui. (...) »[20]
Dictionnaire Larousse:
« Dans la mythologie romaine , la Maïa grecque se confondit avec une divinité indigène homonyme , déesse de la croissance . Dans la mythologie hindoue , Maïa est la personnalisation féminine du principe créateur. »
Espagne
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Croix de Mai, Beas
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Cruz de Mayo, Cordoba
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El Salvador (Amérique latine), Fiesta de las Cruces
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L'arbre de Guernica
« Rodrigo Caro (...) raconte dans ses « Días geniales » qu’en Andalousie, on choisissait seulement une maia (et pas un « mayo », jeune homme), qu’elle était assise sur un trône et servie par un cortège de jeunes filles qui demandaient l’aumône aux passants pour la parure de la maia. Ceux qui donnaient quelque chose étaient aspergés d’eau de fleurs ; ceux qui ne donnaient rien étaient vilipendés et traités de « face de chien qui n’a pas d’argent » ou des invectives du genre. Les jeunes filles conduisaient ensuite la maia au chœur, lui chantaient des chansons et l’acclamaient partout où elle allait. Caro signale en outre les parallèles avec certaines fêtes romaines et grecques, dont certaines étaient des représentations, sous forme de jeu, de fiançailles entre un roi et une reine, ou entre un dieu et une déesse, où les couronnes de fleurs, les cortèges nuptiaux, l’eau de fleurs et l’aumône pour la jeune mariée étaient également présents. Il signale lui-même dans ce passage cette relation entre les fêtes du mois de mai et la déesse Maia, mère de Mercure et fille d’Atlante (...)
Avec le temps, presque partout, on finit par remplacer l’érection de grands mâts ou « mais » par les croix chrétiennes plus décentes, occultant le symbolisme clairement libertin et sensuel des fêtes de printemps (les fêtes « maj-eures » qui concluaient avec la nuit apothéotique de la Saint-Jean). De là vient la fête des « croix de mai » (cruz de mayo) (...) [20]
Les croix de mai, documentaire[65]:
L'Eglise chrétienne supprima partout où elle a pu l’érection des mais et aussi les danses, chants et rencontres amoureuses associés. Mais cette tradition tenace a persisté en Espagne.
« Parce que Votre Grâce est informé qu’en mai, sous le prétexte de demander l’aumône pour Notre-Dame, les jeunes filles avec désinvolture et impudeur sortent demander l’aumône aux jeunes gens et aux passants, les peignant et leur chantant des chansons libidineuses et faisant d’autres démonstrations qui sont de graves infractions contre Dieu, et que les garçons à une heure indue de la nuit s’approchent des portes des filles en chantant et en y mettant des bouquets provoquant le scandale et l’altération des âmes, et pour prévenir de tels troubles, demande à Votre Grâce que désormais, ces jeunes filles demandent l’aumône sans chanter, peigner ou faire d’autres choses qui puissent engendrer une ruine spirituelle et que les jeunes gens rentrent chez eux de nuit et n’aillent pas en groupe dans les rues ni ne mettent ce qu’ils appelle le mai. » (Source: José Luís Alonso Puga, “Notas documentales para el estudio de las tradiciones populares…” Revista de Folklore, nº 36. Fundación Joaquín Díaz, 1983.)
L'Eglise chrétienne, associée à la Monarchie, s'est enrichie en imposant des amendes pour punir les contrevenants. Cette croisade et ses persécutions contre les manifestations de joies, contre la danse, la musique et le culte de la fertilité conduisit à une baisse du moral des villageois, selon des observateurs de l'époque. De l'autre côté des Pyrénées « contre cette répression généralisée de la joie et contre d’autres abus de ce funeste siècle des « Lumières », les villages français, excédés de tant d’absolutisme absurde, se révoltèrent finalement en 1780. » [20] Au cours de l’hiver 1780, en signe de protestation les villageois de nombreuses régions françaises érigèrent des mais qui étaient interdit par la monarchie et l'église. Le mât de mai fut l’un des grands symboles de la révolution.
L’Église, lors du 5ème Concile de Milan, en 1579 a émis l'interdiction
« le premier jour de mai, fête des apôtres saint Jacques et saint Philippe, de couper les arbres avec leurs branches, de les promener dans les rues et dans les carrefours, et de les planter ensuite avec des cérémonies folles et ridicules. »
En Russie, lors de la fête du SeMik (Семик) ou Siémik, au cours du mois de juin (mois du solstice d'été), les jeunes femmes tressaient des couronnes de bouleau pour décorer leur village et les accrochaient à leur arbre bien aimé. Puis elles organisaient des danses (des rondes). Selon une supplique des prêtres de Novgorod datée de 1636,
« Le 7ème jeudi après Pâques, les femmes et les filles se rassemblent sous les arbres, sous les bouleaux, et elles apportent en sacrifice des pâtés, de la bouillie et des omelettes, et elles s'inclinent devant les bouleaux. En marchant elles se mettent à chanter des chansons diaboliques, à taper dans leurs mains et à faire toute sorte de choses impies. »
Jean-Paul de Lagrave, Docteur en histoire et auteur du livre « Isis contre Moïse. Des secrets de la déesse du bonheur à la vengeance du dieu jaloux »:
« Les antiques religions solaires présentaient dans l’ensemble un visage plus ouvert et plus accueillant que la religion dite monothéiste des Hébreux. Celle-ci culpabilisait ses fidèles d’une façon traumatisante et bien susceptible d’assombrir leur vie. Saint Paul (Saul de Tarse) devait être pour les chrétiens le théoricien implacable du « péché originel », et la hantise du péché sous toutes ses formes marquerait profondément le christianisme, issu du judaïsme. Or, l’âme du véritable croyant d’Isis était habitée par l’amour non par la crainte. »
« Autant l’idéal égyptien d’une vie sensuelle manifestait une mystique de la beauté, autant les bûchers chrétiens, que la haine théologique du corps alluma en Occident, témoignent d’une véritable métaphysique de la torture. (…) De par son concept mystique du péché, l’Eglise chrétienne confiait aux bûchers, sans faire aucune distinction, tous les rebelles intellectuels, sexuels ou religieux. »[66]
La Déesse Isis « a triomphé de la mort par l’amour ».e
Celtes
L'arbre de la connaissance. Les écorces du bouleau et du hêtre (et d'autres arbres) était jadis utilisée pour écrire. "D’après certains signes laissés par les anciens Celtes du nord de l’Europe, il y aurait eu une association entre les arbres et l’écriture. Les 25 caractères de l’alphabet celtique (ogham)utilisé dans les inscriptions sur pierre et sur bois portaient le nom d’un groupe de 20 arbres et plantes sacrés. Les 13 mois du calendrier celtique étaient aussi nommés d’après ces arbres (...) En fait, les mots en irlandais pour «bois» et «science» ont presque le même son (Clark, 1995, 2001)." (Source) Les vingt lettres se disent fid en vieil irlandais (pluriel : feda) qui signifie « arbre ». Le mot anglais Book aurait la même étymologie que les mots Beech (hêtre en anglais) et Buche (en allemand). (Source) Le mot druide aurait comme étymologie dru (chêne) + weid (savoir, mot de la même famille que Véda en Inde)
Dans la langue gaélique, l'Arbre de Vie est connu comme «crann bethadh».
Selon Chevalier et Gheerbrant (voir Bibliographie), « le chêne serait la figure par excellence de l’arbre, ou de l’axe du monde, tant chez les Celtes qu'en Grèce, à Dodone. C'est encore le cas chez les Yakoutes sibériens. »[67].
Chez les Celtes Esus est considéré comme le "Divin Bûcheron", armé d'une hache avec laquelle il fend l'Arbre de Vie, dans le but de le faire renaître. Une sculpture de l'autel des Nautes de Paris le représente en train d'abattre un arbre.
France
L'expression "toucher du bois" est relative à la chance, au destin.
« Apparemment, cette superstition remonte à très loin, puisque les les Perses et les Égyptiens la pratiquaient déjà.Pour les premiers, ce serait parce qu'ils pratiquaient le 'mazdéisme', religion dans laquelle le fait de toucher du bois permettait de se mettre sous la puissance protectrice d'Atar, le génie du feu. Pour les seconds, ce serait parce qu'il pensaient que le bois diffusait une forme de magnétisme bénéfique. »[68]
Selon Natacha Rimasson-Fertin (voir Bibliographie), le tilleul mentionné dans le conte de Grimm intitulé Le Roi Grenouille ou Henri de Fer (KHM1)[69], qui « était un arbre sacré auquel on faisait des offrandes » (mais aussi « un arbre associé aux sorcières », forme avec le puits du conte « un axe vertical qui relie la terre au ciel », soit l’axis mundi étudié par Mircea Eliade.
Les couples fraîchement mariés passent par le «tilleul aux épousailles » [70],[14] de Lucheux (nord de la Picardie)
Saint-Louis rendait la justice assis sous un chêne.
"Dans certains contes du folklore français, il arrive qu’un jeune garçon plante une graine de haricot magique qui se met à pousser jusqu’au ciel, lui permettant ainsi une visite au Paradis." (Source)
Le lieu de culte des Gaulois, en pleine forêt et à l'aide de druides, s'appelait le nemeton. L'équivalent gaélique est nemed qui signifie « sacré ». En brittonique, on trouve nyfed en gallois et neved en breton. 4
« Dans la mythologie gauloise Esus, le bûcheron divin, abattait l’Arbre pour libérer de l’hiver la Déesse et la réveiller au Printemps naissant. Un jeune arbre symbolisant le renouveau vernal était alors érigé. » Source: J-P. Ronecker, ABC des Runes, Grancher 1993.
Bretagne
La plus ancienne figuration d'arbre cosmique connue à l'échelle mondiale est celle d'une céramique néolithique dite de Lannec er Dagouer et trouvée à Erdeven, département du Morbihan. (Source[71], source et source).
L'arbre de Lannec er Gadouer (Dessin 1 page 81 [12]) est âgé de 7 millénaires. Il porte 27 branches et 12 boules, ce qui amène le chercheur Howard Crowhurst a estimer qu'il fait référence aux cycles soli-lunaires (Conférence). Selon Howard Crowhurst la longueur variable des 27 branches pourrait correspondre à la longueur de l'ombre d'un gnomon au cours de l'année. La même hypothèse a été avancée concernant le Rehue (ou Rewe), le pilier sacré des indiens Mapuches du Chili (Source). Idem concernant l'arborglyphe des amérindiens Chumash (Source). Chez les Sioux le poteau central (un bouleau blanc) de la "danse qui regarde le soleil" (Wiwanyank Wacipi, durant laquelle est initié l'apprenti chaman en subissant des épreuves douloureuses) est entouré d'un cercle où sont placés 28 autres poteaux figurant les jours du cycle lunaire ainsi que les 28 côtes du bison. Dans le même registre le chemin de croix du Christ compte 14 stations. "Le Christ comme une sorte de chaman" (Source). Selon Plutarque: « Les Égyptiens interprètent le dépeçage d'Osiris en 14 morceaux comme un symbole des jours pendant lesquels la Lune décroît après la Pleine Lune jusqu'à la néoménie.» (Source). Les 28 jours divisés par 4 donnent la semaine de 7 jours. Dans la mythologie finnoise deux des branches de l'arbre-monde portent le Soleil et la Lune.
Le chercheur Serge Cassen a comparé la céramique bretonne de Lannec er Gadouer avec une Assiette Hopi (amérindiens), une poupée de fécondité Ashanti (Afrique) et des tambours de chamanes altaïens (Source, Figure 195, page 728)
A Questembert se trouve un chêne (dit "du Hulo") où sont attachés des rubans[72]. Cet arbre est considéré comme guérisseur. "En ce coin reculé du bourg, une jeune bretonne en coiffe traverse la lande pour accrocher aux branches du chêne Hulo un petit bonnet de son bébé ; une main vite posée sur l’écorce rugueuse. Elle dépose là ses inquiétudes pour un petit qui ne va pas bien, nourrissant l’espoir que les maux restent accrochés à l’arbre et que les branches transmettent au ciel sa prière."
Roumanie
L'arbre-monde se nomme ArminDer.
Bulgarie
L'arbre-monde se nomme IrminDen, ou encore Yeremiya, Eremiya, IriMa, Zamski Den.
Hongrie (Magyars)
L'arbre-monde se nomme Világfa (Fa = arbre, Vilag = monde) ou életfa (élet= vie). A son sommet se trouve Turul, l'oiseau mythologique le plus important du mythe de l'origine des Magyars. Dans la mythologie hongroise, Turul est un messager divin lumineux veillant sur les esprits des enfants à naître, encore sous forme d'oiseaux. Les táltosok (shamans) sont des humains qui grimpent sur l'arbre et qui lisent des messages dans les 7 ou 9 couches célestes.
"Les Magyars, originaires de Sibérie, ont rapporté cette représentation en Hongrie (A. Kovacs 1989), où il est dit que l'arbre cosmique (un poirier) grimpe jusqu'au firmament qu'il ne peut percer, mais que, continuant à pousser, il recourbe 13 fois contre le ciel. Un autre récit précise que c'est sous ces racines que se trouvait le "trou du monde" permettant de communiquer avec l'autre-monde" (Source: Dictionnaire critique de mythologie[73], de Jean-loic Le Quellec et Bernard Sergent)
Dans la mythologie magyare (hongroise) le monde est divisé en trois sphères :
- felső világ le « monde d'en haut » réservé aux Dieux,
- középső világ (le « monde du milieu » où vivent les Hommes)
- et alsó világ (le « monde d'en bas » hanté par les esprits).
- Au centre du monde des humains, il y a un grand arbre : VilágFa, signifiant « arbre (Fa) du monde (Világ) » et qui traverse les trois espaces. On raconte qu'il peut porter des fruits, des pommes dorées.
Chant de la création magyar (Ecouter): "Ég szülte Földet, Föld szülte fát, Fa szülte ágát,Ága szülte bimbaját, Bimbaja szülte virágját, Virágja szülte Szent Annát, Szent Anna szülte Máriát, Mária szülte Krisztus Urunkat a világ megváltóját." Traduction: "Terre née du ciel, arbre né de la terre, branche née de l'arbre, bouton de fleur (mamelon) né de la branche, fleur née du bouton de fleur, Sainte Anne née de la fleur, Marie née de Sainte Anne, Christ le Seigneur né de Marie, le Sauveur du monde."
Sami (Finlande, Suède, Norvège)
L'arbre-monde (Maylmen ,Stytto) est représenté sur les tambours chamaniques (meavrresgárri / kannus) des Samis.
Dans la mythologie finnoise deux des branches de l'arbre-monde portent le Soleil et la Lune. "Dans les régions septentrionales du territoire sami, l'arbre du monde est considéré à la fois comme une source de vie et de connaissances et comme une plaque tournante du ciel." [74] L'arbre-monde est représenté sur les tambours des shamans (noaidi) samis.
"Le bouleau est l'arbre de la connaissance des Finno-Ougriens et des chamans sibériens qui tirent une boisson fermentée de sa sève qu'ils nomment eau ou sang." (Source)
L'arbre du monde en Amérique
Olmèques
L'arbre-Monde se nomme UlaMa(K)
"Parmi les objets les plus remarquables de l'art olmèque, il faut citer les haches de jade poli dont la fonction est rituelle et non pas utilitaire : c'étaient des offrandes – le jade étant le substitut symbolique non périssable du sang. Dressées verticalement, elles figuraient l'axe du monde, qui unissait les trois niveaux verticaux du ciel, de la terre et de l'inframonde, conçu comme un arbre de vie – représentation cosmique fondamentale dans toute la mythologie mésoaméricaine –, mais elles délimitaient également les quatre orients." (Source)
Mayas
L'arbre-Monde se nomme Ceiba / Yax Imix Che / Wacah Chan. C'est le Ceiba pentandra, Kapokier ou Arbre à kapok. Cet arbre était une voie de passage aux esprits des morts qui pouvaient l'emprunter pour monter du niveau inférieur aux divers niveaux célestes (Source: Merideth Paxton, The cosmos of the Yucatec Maya: cycles and steps from the Madrid Codex, University of New Mexico Press, 2001)
L'arbre-monde (Wacah Chan) structure les trois mondes :
- Caan: les Cieux
- Cab: la Terre
- Xibalba: le Monde du Dessous
La Déesse maya Xmucane (Oxomoco des Aztèques) a moulu 9 grains de l'arbre-maïs formant une farine, y a ajouté de l’eau pour en former une pâte et utilisa cette pâte afin de modeler les premiers Mayas.
-
Pakal et l'arbre du monde, Palenque, Mexique
Zapothèques
TzaPotecatl signifie “gens de l'arbre zapote”.
Aztèques
L'arbre-Monde se nomme Pochotl en nahuatl (Pochote en espagnol). Cet arbre relie 9 infra-mondes à 3 ciels.
"Chez les Aztèques, les aspects de l’arbre cosmique sont tripartites :
- le jaguar représente l’aspect chthonien et les racines de l’arbre cosmique
- le serpent son aspect terrestre et son tronc
- l’oiseau on aspect céleste et son sommet" (Source)
« Un paradis originel aztèque où une déesse aurait mangé le fruit d'un arbre interdit (...) La tête tranchée de Hun Hunahpu fut pendue à un arbre où elle se transforma en calebasse. Les seigneurs interdirent de l'approcher de l'arbre mais la fille de l'un d'entre eux, Xquic, enfreignit l'interdit. Au moment où elle voulu cueillir un fruit, celui ci, qui n'était autre que la tête de Hun Hunahpu, lui dit de tendre la main pour recevoir sa descendance. Xquic s'exécuta et le fruit lui cracha dans la main, la rendant ainsi enceinte. Condamnée à mort par les seigneurs de Xibalba (infra-monde), la jeune fille parvint à fuir sur la Terre où elle mit au monde des jumeaux. Ceux-ci parviendront à vaincre les forces des ténèbres et par devenir le Soleil et la Lune »[75]
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Le drapeau du Mexique porte en son cœur l'arbre du monde sur lequel est perché un aigle saisissant un serpent.
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Drapeau du Mexique
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Arbre de vie dont le thème est l'artisanat. Sculpture d'Oscar Soteno exposé au Museo de Arte Popular (Musée d'Art Populaire) de Mexico.
Incas
Chez les incas les trois mondes portent le nom de:
- Hanan Pacha: "le monde d'en haut" (AlaxPacha en Aymara). Le royaume du condor (Kuntur en Quechua)
- Kay Pacha, où vivent les humains (AkaPacha en Aymara). Le royaume du puma.
- Uku Pacha ou Urin Pacha: "le monde d'en bas" ( ManqhiPacha en Aymara). Le royaume du serpent (Amaru en quechua).
Le serpent cosmique Amaru (ou Chokora, ou Katari) est capable de passer entre les différents pachas (mondes).[76] Il est symbolisé par l'arc-en-ciel, médiateur entre la Terre et le soleil.
« Cette femme qui n'avait jamais été touchée par un homme était en train de tisser au pied d'un lucuma (un arbre fruitier). Cuniraya (Viracocha), profitant de sa science, se transforma en oiseau et monta dans l'arbre. Un fruit de lucuma étant déjà mûr, il y introduisit sa semence et le fît tomber à côté d'elle. Alors cette femme, toute joyeuse, l'avala. Et la voilà enceinte sans jamais avoir été touchée par un homme.» -
Amaru
Indiens Mapuches du Chili
L'arbre-Monde se nomme Picun Chao ou Pehuen. C'est l'Araucaria araucana, le "pin du Chili". Les Pehuenches (gens de l'arbre pehuén) sont un peuple qui faisait partie du groupe des Mapuches.
L'arbre sacré, le pehuen, relie les trois mondes de la mythologie mapuche :
- Huenu Mapu (ou Wenu Mapu) : monde d'en haut
- Nag Mapu (ou Ñuke Mapu) : monde du milieu, monde habité par les hommes. Constitué de Puel Mapu à l'est, Ngulu Mapu (ou Gulu Mapu) à l'ouest, Picun Mapu au nord, Huilli Mapu (ou Willi Mapu) au sud. Entre le Pikun Mapu et le Gulu Mapu se trouve le printemps (Pewü). Entre le Gulu Mapu et le Willi Mapu se trouve l'été (Walüng). Entre le Willi Mapu et le Puel Mapu se trouve l'automne (Rimu). Entre le Puel Mapu et le Pikun Mapu se trouve l'hiver (Puken).
- Minche Mapu : monde d'en bas
Cet arbre sacré figure sur les tambour chamaniques (Kultrung ou Cultrun) des mapuches, instrument utilisé par les Machis, chamanesses mapuches.
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Araucaria / Pewen, ou "pin du Chili". La farine de Pehuen est comestible. "Nguenechén est descendu sur terre pour nous sauver. Nous suivrons ses conseils et nous nourrirons du fruit de l'arbre sacré qui n'appartient qu'à lui." [77]
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Cônes d'Araucaria
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Piñones d'Araucaria grillés. On les cuisine à toutes les sauces : fermenté pour obtenir une boisson (le Muday), bouilli, ou encore écrasé pour en faire une farine.
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Le Muday, une boisson traditionnelle mapuche à base de piñones d'Araucaria ou de grains de maïs fermentés. Elle est notamment offerte lors du rituel Nguillatún et ressemble à la Chicha des incas et au Methu des Grecs anciens.
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nguillatun
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Machis Mapuches, avec arbre-monde sur le tambour chamanique.
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Kultrun
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Rehue (en espagnol), Rewe (en mapudungún)
Indiens Shipibos d'Amazonie
Pour les chamans shipibos la Terre est comme "un disque plat, ceinturé par un anaconda géant et surmonté au centre par un arbre cosmique qui fait le lien entre les mondes." (Source)
L'anaconda Ronin est la mère primordiale qui a créé l'univers en chantant une chanson (huehua) qui était inscrite dans les motifs ( « Kené », symboles géométriques associés à l'ethnicité) de sa peau en écailles. Cette chanson s'appelle « Ronin kené huehua » et a une grande importance dans la cosmogonie et l'artisanat shipibo[78]. Ronin a la capacité de générer tous les designs (Kenés) imaginables sur Terre. Chaque être humain a un design unique. La boisson sacrée Ayahuasca est consommée par les chamans Shipibos et aide a reconnaître les designs. Le chaman shipibo cherche avant tout à rétablir le lien entre l'individu et la nature. "Dans le chamanisme, le divin, c'est la Nature (...) Un retour aux forces primordiales (...) D'un point de vue chamanique il est totalement absurde de vouloir élever l'âme sans être fermement ancré sur Terre". (Source)
Indiens Wayapi et Teko de Guyane
Le tronc du fromager sert d'’échelle qui permet à l’apprenti chamane d’accéder au monde des esprits (Source).
En langues Teko et Wayãpi, le fromager se nomme Kumaka et est "le gardien, le protecteur des cultures". Le fromager est un arbre central dans l’imaginaire teko ; il est censé abriter divers « esprits » (kaluwat). Selon la croyance Teko, "si l’on enterre la dépouille d’une loutre, tsololo (Lutra ennudris) au pied d’un fromager, kumaka (Ceiba pentadra), toutes sortes de plantes médicinales pousseront sur le corps pourrissant". (Source)
Selon la tradition orale Teko, par le recours au rêve et aux psychotropes suscitant le voyage chamanique, le Padze (mot qui signifie chamane) a accès privilégié au monde des esprits dont les les kaluwat et les kulupit. C'est le Padze, guérisseur, qui rétablit les équilibres perturbés via ses chants et ses rituels.
Bolivie
L'arbre Ceiba Speciosa porte le nom vernaculaire de ToroBochi en Bolivie. Ses fleurs sont roses. Pourchassée, Araverá parvient à fuir grâce à un tapis volant que lui as transmis un Colibri. Elle se réfugie à l'intérieur du tronc d'un Torobochi où elle donne naissance à son fils. Ce dernier venge sa mère.
Matakos (Argentine)
Selon un mythe des indiens Matakos, "après la séparation du ciel et de la terre un grand arbre poussa pour les connecter, et que les hommes en profitèrent pour grimper au ciel et y chasser. Mais un vieil homme ayant reçu une portion de gibier insuffisante, il se vengea en brûlant l'arbre, les chasseurs ne purent rentrer et devinrent les Pléïades" (Source)
Antilles françaises
Le Ceiba pentandra est appelé Fromager, Fwomajyé ou encore Mapou Wouj. Autrefois les Antillais pensaient que le fromager était habité par des esprits appelés Soukougnan.
Haïti
Le poto-mitan du culte vaudou représente l'axe du monde. Il est équivalent au poteau chamanique central de la yourte sibérienne ou au poteau de la danse du soleil des Sioux.
« Quant au Soleil, un Soleil de frontière
il cherche le poteau-mitan autour duquel faire tourner
pour qu'enfin l'avenir commence »
Aimé Césaire
Amérindiens Ojibwés
L'arbre-monde des amérindiens Ojbwés se nomme NookoMis Giizhig ("grand-mère cèdre"). Le "monde d'en dessous" s'appelle BitokoMegog.
Le cèdre (et l'Araucaria des Mapuches du Chili) permet d'obtenir de la farine comestible, tout comme avec les grains de maïs.
Amérindiens Navajos
Selon le chercheur Lima (2014), dans la mythologie Navajo l'arbre du monde est un plant de maïs qui émerge du vase (ou panier) cérémoniel au cœur duquel se trouve "changing woman", Asdzaa Nádleehé, la Déesse-Mère.
« Pour les Navajo du sud-ouest des États-Unis, leur arbre de vie a pris la forme de maïs (Lima, 2014). »[79] (« The great Tree of Life », de Douglas Soltis, et Pamela Soltis, 2018)
Chez les Navajos quatre plantes sont associées aux quatre points cardinaux: maïs (nord), haricot (est), courge (sud) et tabac (ouest).
« Le pollen de maïs est utilisé dans de nombreuses cérémonies de bénédiction. » (Source: The Dine': Origin Myths of the Navajo Indians, 1956; Aileen O'Bryan.)
Emily Fay Capelin:
« Le pollen de maïs est utilisé uniquement pour les bonnes choses, pour restaurer la beauté et le hozhó »[13]
Gladys Reichard:
« Le maïs est plus qu'humain; il est divin; il est lié aux idéaux éthiques les plus élevés. »[80]
Amérindiens Cherokees
Dans la mythologie Cherokee l'arbre du monde est un plant de maïs où réside l'esprit de la Déesse-Mère Selu.[81] Dans les mythologies amérindiennes la déesse du maïs a des relations sexuelles avec un serpent.[82] (pages 140 et 141). Tout comme dans le mythe de la création des Pelasges, où la Déesse Eurynomé s'unit avec le serpent Ophion.[83] Un couple Déesse-arbre / serpent que l'on trouve aussi dans le jardin d'Eden biblique. Dans le mythe des Amérindiens Penobscots intitulé "l'origine du mais et du tabac", un jeune homme découvre, en la suivant discrètement un jour, que la Déesse du maïs (dont il est amoureux) a des relations sexuelles secrètes avec un serpent, son véritable amour. Chez les Lakotas (Sioux), la Déesse du maïs peut aussi prendre l'aspect de la femelle Bison blanc. Chez les Amérindiens Mandan et Hidatsa des plaines du nord la Déesse du Maïs s'unit avec un serpent monstrueux qui régule l'eau des rivières. La Déesse Bachué des indiens Chibchas de Colombie, créatrice de la totalité des êtres humains, se transforme en serpent et retourne avec son compagnon-serpent dans le lagon sacré d'Iguaque d'où ils resurgiront sous forme du soleil et de la lune. Chez les Amérindiens Hopis le serpent est associé à la pluie d'orage et aux éclairs, eau qui permet de faire pousser l'arbre-maïs. La "danse du serpent", qui dure 9 jours, a pour finalité de faire tomber la pluie.
Des traces de la culture du maïs datant de 9 millénaires ont été trouvées dans la péninsule du Yucatan au Mexique.[14] Le mot maya signifie maïs, céréale qui tient une place primordiale dans les mythologies précolombiennes et dans la vie quotidienne des Mayas au point qu'ils se sont désignés eux-mêmes comme les « hommes du maïs » depuis une très haute antiquité. Le maïs était cultivée par les Amérindiens avec la courge et le haricot en utilisant la technique dite « des trois sœurs » dite « Milpa » au Mexique et « Kionhekwa » chez les Amérindiens Iroquois.
Selu des Cherokees est équivalente à la Déesse du grain Mama Sara ( ou Zaramama) [84] au Pérou (grain de maïs permettant d'obtenir la chicha, boisson fermentée et sacrée des incas qui sert d'offrande lors de la fête Inti Raymi), à Xilonen chez les Aztèques, à Qocha Mana chez les Amérindiens Hopis, à Kahesana Xaskwim[85] des Amérindiens Lenape, à Uretsete[86] chez les Amérindiens Pueblos, à Cérès chez les Romains et à Déméter en Grèce. Le mot français céréale est lié au mot latin cerealis qui signifie « relatif à Cérès. »
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Poupées de maïs en épi d'Oaxaca, Mexique (Corn husk dolls)
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Corn husk doll, poupée amérindienne à base de maïs
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La culture des trois sœurs (maïs, courge, haricot)
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Association maïs, courge et haricot
James Georg Frazer:
« Si l'Europe a sa mère-blé et sa mère-orge, l'Amérique a sa mère-maïs et les Indes orientales leur mère-riz. »[87]
En Europe:
« Cette poupée est censée incarner l'esprit des blés (« the Corn Mother », c'est-à-dire « la Mère du Blé ») ou « l'esprit de la fertilité » vivant dans chaque épi. (...) Cette poupée de blé, une fois confectionnée à partir de la dernière gerbe, doit résider au domicile du moissonneur qui l'a coupée. Il doit ensuite lui offrir de la nourriture pendant toute la période hivernale (Frazer, 1983). L'hiver passé, cette poupée, appelée la Vieille, est rituellement réimplantée dans les premiers sillons des nouveaux semis afin que l'esprit des blés soit de nouveau présent pour rendre la terre fertile et la récolte prospère (Newland, 2010). » [15]
Amérindiens Apaches
Lors de la cérémonie du lever du soleil (Na'ii'ees, sunrise dance) qui marque le passage d'une jeune Femme à l'âge de la fertilité, un mélange sacré d'argile et de pollen de maïs est versé par un chaman sur la tête de la jeune Femme qui devient pubère.
Amérindiens Hopis
« Le maïs est un symbole central de la vie, comme un arbre du monde pour les Hopis ».[88]
Amérindiens Pueblo Keresan
La Déesse de l'arbre-maïs s'appelle Naiya IyaTiku / Niy Ey Tekw. Elle a fait émerger les êtres humains depuis l'infra-monde (Shipap).
Pour les Keresan le maïs, dont on peut faire une boisson, est comme le lait qui coule des seins de la Déesse (Déesse qui a mis son cœur dans la Terre).[89]
Amérindiens Sioux
Lors du solstice d'été la "danse du soleil" (et le rituel sacrificiel associé) s'effectue autour du tronc d'un arbre émondé. Ce mât représentait le centre du monde et reliait symboliquement le ciel à la terre. Vingt-huit autres poteaux sont plantés en cercle autour de ce mât, figurant les vingt-huit jours du cycle lunaire et correspondants aux vingt huit côtes du bison.
Amérindiens Iroquois
Les Iroquoiens appelaient leur monde « l'Île de la Tortue » ou « cette vieille île » (Wendat Ehen en langue huronne-wendat). Sur cette tortue-île pousse l'arbre cosmique (un érable ou un pin blanc). Arthur C. Parker (« Certain iroquois tree myths and symbols »):
« Une personne étudiant le folklore, les cérémonies, et l'histoire des Iroquois sera marquée par les nombreux exemples frappants où les arbres sacrés ou symboliques sont mentionnés »[90]
Dans la première partie du Code Wampum de la Confédération des Cinq Nations est fait référence au « grand arbre », à «l'arbre de la grande paix ».[91]Le chef des Iroquois Mohawk s'adressant à Lord Effingham en juillet 1684, ceci en réponse à une proposition d'accord de paix:
« Nous plantons maintenant un arbre dont le sommet atteindra le soleil et ses branches se propagent loin, de sorte qu'il sera vu de loin et nous nous y abriterons et vivrons en paix, sans violences. »
En Grèce antique l'Olivier avait lui aussi un lien avec la paix. Dans la tradition iroquoise, la Grande Paix est venue quand, grâce à Dekanawida, les 5 nations iroquoises (ohawks, Oneidas, Onondagas, Cayugas, aetSenecas )ont planté ensemble un très grand pin et ont déposé leurs armes de guerre dans la cavité. Cet acte signifiait que les nations confédérées ne prendraient jamais les armes les unes contre les autres.
« Selon une légende de tribus d'Iroquois de l'est de l'Amérique, les chefs Deganawidah et Hiawatha auraient convaincu les cinq tribus (les Cinq Nations) en guerre dans la région de cesser les combats et de former une confédération. Pour marquer cet événement, les Iroquois auraient enterré leurs armes sous les racines d'un pin blanc, et une rivière souterraine les aurait emportées, empêchant ainsi les tribus de recommencer à guerroyer. »[92]
« L'arbre cosmique iroquois, Onodzha a ses racines dans le ciel, au-dessus de l'ouverture qui unit le ciel et la terre. Onodzha signifie la fleur Erythronium americanum, avec ses brillants pétales jaunes, suggérant ainsi un arbre de lumière et d’étoiles (cette image a des parallèles plus étroits dans l’Eurasie occidentale que dans la majeure partie de l’Amérique du Nord). »
Arbre du monde, Iroquois Le drapeau des 5 nations iroquoises Drapeau du Canada
Amérindiens Pomos (Californie du nord)
Chez les magyars, "lorsqu’on adopte un nouveau chamane, il est présenté aux esprits, c’est à dire qu’il « grimpe à l’arbre du chamane » qui représente l’arbre du monde. C’est l’escalade du bouleau rituel en Asie centrale et septentrionale, contrées où les arbres sont parfois rares. L’ascension rituelle des arbres se retrouve chez les Pomo d’Amérique (Californie du nord) ; ils l’ont remplacé par un poteau de 8 à 10 mètres de haut." (Source)
Amérindiens Chumash
L'univers Chumash a trois composantes :
- Le ciel
- Antap: Le monde du milieu
- Le monde souterrain
Une gravure sur arbre (arborglyph) réalisée par les Chumash aurait une signification astronomique en relation avec l'étoile polaire (appelée Shnilemun ou coyotte du ciel, et aussi Miwalaqsh) et la grande ourse (’ilihiy), ainsi qu'avec les solstices et équinoxes. Le même motif a été retrouvé sur des sites rupestres majeurs de Californie. La constellation de la grande ourse tourne autour de l'étoile polaire, cette dernière est un point fixe dans le ciel. Lors du coucher du soleil, sa position dans le ciel vis à vis de l'étoile polaire permet d'indiquer la saison dans laquelle on se trouve (Source). L'arbre-gnomon et l'étoile polaire portent le même nom dans la langue Chumash: Miwalaqsh, qui signifie diviser / séparer par le milieu. Les 6 pattes de l'animal de l'arborglyph représentent l'ombre du soleil lors des solstices et des équinoxes. Source: Archaeoastronomical Implications of a Northern Chumash Arborglyph - Vidéo - Site spécialisé: https://chumashscience.com/2018/09/06/the-arborglyph/ Hutash est le nom de «Mère Terre» des Chumash. Hutash fait référence à «l'axe de la terre» et à la sphère où réside l'homme.
Arbre du monde en Océanie et Australie
Maoris (Nouvelle-Zélande)
L'arbre-Monde se nomme Kauri / Tane Mahute. Dans la mythologie maori cet arbre géant porte le ciel, sépare la Terre (Papatuanuku) du Ciel (Rangi).
"Les enfants vivaient dans l’obscurité, entre les corps enlacés de leurs parents. Désireux d’accéder à la lumière et à la connaissance, ils décidèrent de séparer Ranginui et Papatuanuku. Après plusieurs essais, ce fût Tane-Mahuta qui finalement réussit à dénouer l’étreinte ; il plaça ses épaules contre la Terre et ses pieds sous le Ciel et poussa de toutes ses forces. La Mère Terre et le Père Ciel se mirent à saigner (cela donna l’ocre – la terre rouge – couleur sacrée des Maori). Rangi et Papa finirent par céder et pour la première fois la Terre et le Ciel furent clairement définis. Te Aomarama, le monde de la lumière, le troisième état d’existence, après Te Kore (le Néant) et Te Po (l’Obscurité), débuta. Le monde des hommes. On raconte que la pluie est le signe que Papa et Rangi pleurent encore leur séparation." (Source)
On retrouve le même substrat mythologique ailleurs sur la planète:
"Ciel et Terre au commencement étaient si proches que l’on pouvait sans peine passer de l’un à l’autre. La paix régnait sur la Terre. L’homme cueillait pour se nourrir de simples morceaux de ciel que sa main pouvait atteindre. Mais les hommes, dit-on du moins en Afrique, étaient si à l’étroit dans l’étreinte du couple cosmique que ce qui devait arriver se produisit : un coup de pilon à bouillie, un geste un peu trop vif ou peut-être un bref mouvement d’humeur heurtèrent la voûte du Ciel qui se retira très loin dans les hauteurs. Le lien -liane, corde, échelle ou pont-, qui unissait la Terre au Ciel était définitivement rompu. La vie des hommes en fut bouleversée, ils purent enfin se redresser mais ils durent renoncer à leurs courses dans les jardins du Ciel, ils connurent la famine et la mort." (Source)
Selon Euripide, "Autrefois, le ciel et la Terre ne faisaient qu’un."
Polynésie
"L'essentiel de l'idéologie et de la technique chamanique, à savoir la communication entre les trois zones cosmiques le long d'un axe se trouvant au centre et la faculté d’ascension ou de vol magique, est abondamment attesté dans la mythologie polynésienne et continue de survivre dans les croyances populaires relatives aux sorciers" (Source, page 289)
En Polynésie l'arbre-Monde se nomme Ora. Dans la mythologie polynésienne 10 "pou" (piliers célestes) soutiennent le ciel[93]. Les 10 pous sont reliés aux 10 étoiles les plus brillantes du ciel.
"En Polynésie, la banyan (ora) était l’arbre cosmique de Hina, la déesse de la Lune, qui, pour les anciens Polynésiens, était représentée dans la Lune accompagnée de son arbre sacré. Dans d’autres représentation, elle figure dans la Lune avec son oiseau fétiche, un u'upa (pigeon vert sauvage), qui demeurait dans l'arbre, se nourrissant de ses petites figues dont il apporta quelques exemplaires sur terre. « Une fois près de la terre il éparpilla les fruits qui donnèrent naissance aux premiers banyans en Polynésie. Les populations, trouvant l'écorce propre à la fabrication du tapa (tissus d’écorce d’arbre), répandirent l'arbre un peu partout » (Henry, 1993, p.483)."[17].
Selon des chansons polynésiennes basées sur la mythologie, la déesse Hina se transforma sur la Lune en oiseau, un splendide ‘u’upa au plumage d’un vert magnifique. Elle s'envola alors vers la Terre et apporta des semences aux êtres humains, semences de plantes qui leur sont utiles.
« Hina part. Quelques instants plus tard, elle souhaite se baigner avec ses servantes et dépose son paquet sur l’herbe oubliant ainsi le conseil du dieu Maui. La terre s’ouvre et engloutit la tête de l’anguille. Une plante apparaît alors et se met à grandir. Elle devient un arbre étrange, ressemblant à une immense anguille dressée, la tête vers le soleil : le premier cocotier (tumu ha’ari) vient de naître. »[94]
Nouvelle-Calédonie
En Nouvelle-Calédonie les Fuang ma Japhalo de Tamala font remonter leur origine à deux fruits d'un arbre Telo qui poussait à Kuhwahwak.
« Un arbre talo croissait à Kuhwahwak au fond de Hwahongo, dans la forêt de Kukudu. Deux femmes y résidaient, vivant sous la forme de fruits de cet arbre, sauf si elles voulaient se baigner dans la rivière et prenaient à cet effet une forme humaine. Leur nom était Hiké et Kapo. Elles furent un jour emportées par le courant, abordant à l'embouchure de la rivière de Temala à l'îlot Wunyen. Elles y firent du feu. Le chef de l'ilôt Gatop vint les voir (...) Il vécu alors avec elles »[95]
Aborigènes (Australie)
«En Australie, les aborigènes du Warlpiri occidental croient que les âmes s’accumulent dans les arbres et attendent le passage de la femme adaptée pour leur permettre de sauter dehors et d’être nées (Warnayaka Art Centre, 2001) » (Source)
L'arbre séphirotique de la Kabbale juive
Dans le cadre du Kabbalisme (mystique juive), les 10 Sephiroth (centres énergétiques) portés par l'arbre de vie ((Etz haHa'yim עץ החיים en hébreu) "sont souvent répartis en trois colonnes, ou gimel kavim (« trois lignes » en hébreu). Dans les cérémonies initiatiques les deux piliers extérieurs sont représentés par les deux piliers du Temple de Salomon (...) l'initié étant lui-même le troisième pilier de la conscience, placé entre les deux autres."
L'Arbre de la Kabbale, dit arbre séphirotique, porte symboliquement les lois de l'Univers.
L'arbre du monde dans la culture musulmane
- Le mystique Ibn Arabî, dans L'arbre cosmique:
« C'est alors que je vis l'univers comme un arbre » (Shajarat al-kawn) « Puis le Lotus de la Limite fut déterminé comme étant l’un des rameaux issus de cet Arbre sous lequel se tient celui qui respecte le service dû à cette branche »
- L'arbre Waq-Waq
« L’arbre Waq Waq est l’une des merveilles de l’Orient musulman, rapporté en Occident sous les traits d’un végétal hybride aux fruits ressemblant à des têtes humaines.»[96]
« Dans le grand roman persan "Shâh Nâmeh", écrit par Firdouzi (940-1020), l'Arbre Wak-Wak est ensuite associé à la quête du savoir par Iskandar (Alexandre le grand). Ce dernier rencontre des arbres parlant, sur l'île des femmes, et ils lui prophétisent sa mort prochaine.»[97]
Coran: « Certes l’arbre de Zakkoum sera la nourriture du grand pécheur. Comme du métal en fusion ; il bouillonnera dans les ventres comme le bouillonnement de l’eau surchauffée. » (Sourate 44, 43-46) «... Vous, les égarés, qui traitiez celà de mensonge, vous mangerez certainement de l'arbre de Zaqqoum. Vous vous en remplirez le ventre. » (Sourate 56, 51-53)
Dans le Coran l'arbre az-zaqqum a des fruits amers brûlant l'estomac et en forme de têtes de Zayatin (Démons) dont les damnés devront se nourrir.
- Dans le Coran l'arbre du monde est appelé Toubâ.
« L’arbre le plus éminent du Paradis s’appelle Toubâ ; il s’agit d’un très grand arbre qui porte tous les fruits existants." « C’est Lui qui, du ciel, a fait descendre de l’eau qui vous sert de boisson et grâce à laquelle poussent des plantes dont vous nourrissez vos troupeaux » (sourate Yâ-Sin, verset 10). "Dans le judaïsme, Dieu s’adresse à Moïse depuis un buisson ardent. Dans le christianisme, Marie, mère de Jésus, donne naissance à son fils au pied d’un dattier et se nourrit des dattes qui tombent de cet arbre. L’islam comprend la croyance à l’arbre de Toubâ, un arbre sacré qui se trouve au Paradis. Sans oublier l’arbre commun à ces trois religions, celui du jardin d’Eden portant le fruit interdit, et dont la consommation aboutit à la chute d’Eve et d’Adam et au commencement de la civilisation humaine.
L'arbre du monde dans la culture chrétienne
Le Dieu qui meurt et ressuscite
Le Dieu qui meurt et ressuscite est un archétype de divinité présent dans plusieurs mythologies. Il est nommé ainsi (« dying god ») par l'anthropologue James George Frazer dans son étude de mythologie comparée Le Rameau d'or. Le titre s'inspire d'un épisode du chant VI de L'Énéide, où Énée et la Sibylle tendent un rameau d'or au gardien des Enfers afin d'être admis dans le royaume des morts.
Dominica in ramis palmarum. En mémoire de la Passion du Christ et sa mort sur la croix (autrement dit l'arbre sacré) a lieu chaque année au début du printemps la « célébration des Rameaux et de la Passion ». Les rameaux de l'année précédente sont brûlés lors du « mercredi des cendres, » premier jour du carême (40 jours soit 1/9ème d'une année) et lendemain du mardi gras ( carnaval). Le dimanche des Rameaux (ou des palmes) marque le début de la "semaine sainte". Il a lieu une semaine avant le dimanche de Pâques, la plus importante fête du christianisme. Le Christ est « ressuscité le troisième jour » ( selon les Ecritures. Troisième jour après la crucifiction (vendredi saint) qui a lieu le lendemain de la Cène (dernier repas du Christ avec ses disciples avant son arrestation suite au baiser de Judas). « Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson, de même le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre. » (Evangile selon Matthieu, 12 : 41). Saint Paul: « Et si le Christ n'est pas ressuscité, notre prédication est vaine, et vaine aussi est votre foi » (1Cor 15:14). La Pentecôte (illumination des disciples de Jésus par l'Esprit-saint) clôt le temps pascal, le septième dimanche après le dimanche de Pâques.
Pâques a lieu le premier dimanche après la pleine lune qui a lieu soit le jour de l'équinoxe de printemps (21 mars), soit juste après cette date. L'équinoxe de printemps marque la transition de 6 mois de phase sombre vers 6 mois de phase claire. L'œuf (de Pâques, associé au lapin lunaire) symbolise le renouveau. Pour les chrétiens orthodoxes l’œuf de Pâques est associé à la formule: « Christ est ressuscité ! ». En Roumanie le premier convive dit en même temps qu'il brise son œuf : « Hristos a înviat ». Et son voisin lui répond : « devarat a înviat » (Christ est ressuscité ; c'est vrai, il est ressuscité). Selon la mythologie Orthodoxe, Marie-Madeleine s'est rendue à Rome après l’ascension de Jésus : elle aurait demandé à voir l’empereur Tibère et lui aurait tendu un œuf rouge en disant « Jésus est ressuscité ». L 'arbre de Pâques (Osterbaum) est une tradition qui consiste à décorer un arbre du jardin avec des œufs de Pâques. On retrouve la symbolique de l’œuf pondu au sommet de l'arbre cosmique (Baïterek) par l'oiseau sacré (Simurgh) au Kazakhstan. En Chine “l'oiseau de l’aube” (qui a trois pattes, ce qui rappelle les trois grues associées au dieu celte Esus) fait son nid dans l’arbre Fusang qui est l’Arbre du Monde et qui pousse au pays de l’aurore. Cet oiseau pond des œufs d'où sortent des poussins à crêtes rouges. Chez les Amérindiens Sioux la fourche du mât sacré (Wakan-Tanka) de la "danse du soleil" (au solstice d'été) représente le nid d'un aigle. En Finlande les jours les plus longs de l'année ont été appelés "jours de nidification" car le soleil est alors dans le nid d'oiseau en haut du Mât sacré.
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La passion du Christ
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Dendrophores
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Attis portant la couronne d'épines
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Lamentations de la sœur de Dumuzi - Époque paléo-babylonienne IIe millénaire av. J.‑C. - Terre cuite - Musée du Louvre
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Le phénix renaît de ses cendres
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Marie de Magdala montrant l’œuf rouge, symbole de la résurrection, par Vasnetsov.
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La résurrection du Christ
- En Phrygie un pin coupé, porté par les dendrophores, symbolisait chez les grecs anciens le dieu Attis mort (un berger fils de la vierge Nana, né le 25 décembre). Ce rituel, qui se célébrait à l'entrée du printemps, duraient trois jours. Après trois jours passé en enfers le dieu ressuscitait (fête d'Hilaria)[98].(page 29)
- En Crête minoenne la végétation est personnifiée par un enfant divin ou un Jeune Dieu, qui meurt et ressuscite tous les ans. La puissance créatrice de la nature prit les traits de la « grande Mère », qui apparaît comme une femme portant son enfant dans les bras et aussi comme l'épouse du « jeune dieu ».
- En Mésopotamie c'est le berger et dieu de la végétation Dumuzi / Tamuz (compagnon de la Déesse Inanna / Ishtar) qui ressuscite après trois jours et trois nuits dans le monde inférieur.
- Chez les Cananéens il s'agit du dieu Ba'al. Anat intervient auprès d'El, pour sauver Ba'al des mains de Mot, la mort.
- En Égypte, Osiris d'Abidos ressuscite aussi trois jours après sa mort[99]. Ceci grâce à la Déesse Isis qui est parvenue à retrouver 13 des 14 morceaux (en lien avec le cycle lunaire de 28 jours) de son corps dépecé, ainsi qu'à lui fabriquer un phallus en argile, seule pièce qui était manquante car dévorée par des poissons du Nil. Plutarque: « Les Égyptiens interprètent le dépeçage d'Osiris en 14 morceaux comme un symbole des jours pendant lesquels la Lune décroît après la Pleine Lune jusqu'à la néoménie.»[100] Le chemin de croix du Christ comporte 14 étapes pendant lesquelles le Christ est torturé, crucifié, puis mis dans un tombeau. Marie et Marie-Madeleine pleurent le Christ (comme Isis et Nephtys pour Osiris), l’embaument, le mettent au tombeau, et assistent à sa résurrection.
- Mithra (né le 25 décembre) dans l'Iran ancien ressuscite lui aussi.
- Chez les scandinaves les runes ont été dévoilées à Odin pendant qu'il restait accroché à l'arbre. Il est ressuscité du royaume des morts en utilisant ces runes.
- « En Grèce antique quand Zagréus ressuscite il donne naissance à un nouveau dieu, Dionysos. « Une des figures de notre Danse des Rubans fait un tressage des douze (ou vingt quatre) rubans sur le Mai, tressage qui n’est autre qu’un spica (épis), un bandage particulièrement efficace et esthétique, celui que font les Ménades lors d’une “danse furieuse”, pour tenter de reconstituer les membres de Zagréus après qu’il eut été déchiqueté par les Titans auteurs de la Gigantomachie. »[101]
- Chez les amérindiens Sioux l'apprenti-chaman subit un rituel douloureux proche de la passion du Christ en étant crucifié sur un poteau (Wakan-Tanka) lors de la "danse du soleil". Lorsque ce rituel (qui consiste en une mort virtuelle) est terminé l'apprenti est alors doué de talents guérisseurs, tout comme Jésus. Le rituel des "arbres de mai" s'inscrit dans le même registre.
- Kukulkan est le dieu de la résurrection des Mayas
Bible
- Jérémie 17:8: « Il est comme un arbre planté près des eaux, Et qui étend ses racines vers le courant; Il n'aperçoit point la chaleur quand elle vient, Et son feuillage reste vert; Dans l'année de la sécheresse, il n'a point de crainte, Et il ne cesse de porter du fruit.»
- Isaïe :13: « La souche est une semence sainte »
- Ezéchiel 17:24:
« Et tous les arbres des champs sauront que moi, l’Éternel, j’ai abaissé l’arbre qui s’élevait et élevé l’arbre qui était abaissé, que j’ai desséché l’arbre vert et fait verdir l’arbre sec. Moi, l’Éternel, j’ai parlé, et j’agirai. »
- Genèse (XXVIII, 11 à 19), Jacob allongé sur le sol rêve:
« Voici qu’une échelle était plantée en terre et que son sommet atteignait le ciel, et des anges de Dieu y montaient et descendaient. » Et Yahvé lui dit: « La terre sur laquelle tu es couché, je te la donne à toi et à ta descendance qui deviendra nombreuse comme la poussière du sol. » A la suite de ce rêve, Jacob prend une pierre, la dresse comme une colonne verticale et la consacre: « Et cette pierre dressée comme une colonne sera la maison de Dieu. »
- René Guénon (Le roi du monde, chapitre 9) :
« Il est très probable que chez les peuples celtiques certains menhirs avaient cette signification; et les oracles étaient rendus auprès de ces pierres comme à Delphes, ce qui s’explique aisément dès lors qu’elles étaient considérées comme la demeure de la divinité.
- Saint-Antoine:
« L’arbre, le corps humain, est coupé par la hache de la mort, il vieillit, se décompose en terre et est réduit en poussière. L’homme cependant doit garder l’espoir qu’il refleurira ; il renaîtra, et ses membres pousseront à nouveau… il se refera une ramure immortelle, comme lorsqu’il fut planté dans le paradis terrestre (...) La chair de l’homme fleurit dans le paradis terrestre avant le péché, elle “défleurit” après le péché, elle refleurira dans la Résurrection du Christ ; elle “super-fleurira”, elle fleurira parfaitement, dans la Résurrection générale »[102]
- « C'est le Christ lui-même qui devient "arbre du monde", "axe du monde" ou "échelle" » (L'arbre du bonheur: S'harmoniser avec l'énergie des arbres grâce au Qi Gong).
Arbre à clous et arbre à chiffons
Romuva est un mouvement religieux néopaien inspiré des anciennes pratiques religieuses des peuples baltes d'avant leur christianisation au XIVe siècle. Romuva prétend perpétuer des traditions qui auraient survécu dans le folklore populaire.,,bUn arbre à clous est un type d'arbre à prières ou votif qui se rencontre en Europe, comparable aux arbres à prières et aux arbres à loques ou à chiffons.
-
Arbre à clous
-
Arbre à loques, Cappadoce (Turquie)
-
Arbre à prières
Arbre du monde dans la culture
Antoine de Saint-Exupéry
« Nous savions qu’il faut longtemps regarder l’arbre pour qu’il naisse de même en nous. Et chacun jalousait celui-là qui portait dans le cœur cette masse de feuillage et d’oiseaux »
Source: Antoine de Saint-Exupéry, Citadelle, chapitre X (oeuvre postume publiée en 1948).
Georges Brassens
« Auprès de mon arbre, je vivais heureux. J'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre » [103]
Notes et références
- Arbre-Monde semble être une traduction déficiente de l'expression World Tree en anglais, et être utilisée surtout dans les domaines de la fantasy et des jeux vidéo.
- Jérémie Benoît (voir Bibliographie), p.65-66.
- Mircea Eliade, Le chamanisme... (voir Bibliographie).
- Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, pp.218-222
- Selon Jörg Bäcker, « toutes les variantes de l'arbre cosmique » sont à relier à une origine chamanique. (Article Schamanismus de l’Encyclopédie du conte, mentionné par Natacha Rimasson-Fertin (voir Bibliographie).
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- On peut mentionner à ce sujet l'image du Chêne donnée par Jean de La Fontaine dans Le Chêne et le Roseau : « Celui de qui la tête au Ciel était voisine / Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts ».
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- Le texte du conte dit : « Près du château du roi se trouvait une grande et sombre forêt, et dans cette forêt, sous un vieux tilleul, il y avait un puits. » (Trad. N. Rimasson-Fertin).
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Annexes
Bibliographie
- Jérémie Benoît, Le paganisme indo-européen, L'Âge d'Homme, 2001 (ISBN 978-2825115640)
- Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles, Robert Laffont / Bouquins, 1982 (ISBN 2-221-50319-8)
- Mircea Eliade, Le chamanisme et les techniques archaïques de l'extase, Payot, 2012 (texte de la 2e édition de 1968) (ISBN 978-2-228-88596-6). Voir en particulier la section intitulée L'Arbre du Monde dans le chapitre VIII, Chamanisme et cosmologie.
- Natacha Rimasson-Fertin, L'autre monde est ses figures dans les Contes de l'Enfance et du foyer des frères Grimm et des Contes populaires russes d'A.N. Afanassiev, thèse de doctorat présentée le , Université Grenoble-III - Stendhal
Articles connexes
- Yggdrasil
- Mythologie mongole
- Chamanisme
- Axis mundi
- Symbolisme des arbres
- Bouïane
- Világfa
- Le Chêne Dorokhveï
- Jack et le Haricot magique
- Arbre de la connaissance
- Arbre de vie
- L'Homme qui plantait des arbres (1954) (Jean Giono)
- Printemps silencieux (1962) de Rachel Carson
- Ecotopia (1975)
- L'Arbre-monde (2018), roman de Richard Powers