Voir la source de Catastrophe nucléaire de Tchernobyl

{{Autre|la centrale en question|Centrale nucléaire de Tchernobyl}}
{{voir homonymes|Tchernobyl (homonymie)}}
{{Infobox Événement
 | charte          = 
 | entête          = 
 | image           = IAEA 02790015 (5613115146).jpg
 | légende         = Photo aérienne du bâtiment du réacteur {{n°|4}} prise quelques mois après l’accident. Le réacteur {{n°|3}} est visible derrière la cheminée de ventilation.
 | type            = [[Accident nucléaire#Accidents majeurs - Niveau 7|Accident nucléaire majeur de niveau 7]]
 | pays            = URSS
 | localisation    = {{drapeau|RSS d'Ukraine}} [[Prypiat]] ([[République socialiste soviétique d'Ukraine|RSS d'Ukraine]])
 | latitude        = 51/23/22.39/N
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 | cause           = [[Accident de criticité|Excursion de puissance]]
 | date            = {{date-|26|avril|1986}} à {{Heure|1|23|45|fuseau=([[UTC+04:00]])}}
 | géolocalisation = Ukraine/Oblast de Kiev
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 | résultat        = Destruction du réacteur 4<br>[[Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl|Contamination radioactive sur environ {{unité|160000|km|2}}]]
 | blessés         = Jusqu’à {{Unité|4000|personnes}} radio-exposées
 | morts           = Environ 30 morts de [[syndrome d'irradiation aiguë]]
}}

La '''catastrophe nucléaire de Tchernobyl''' ({{MSAPI|/tʃɛʁnɔbil/}}<ref group="alpha">[[Prononciation du français|Prononciation]] en [[français de France]] [[Français standard|standardisé]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la norme [[Alphabet phonétique international|API]].</ref>) est un [[accident nucléaire]] majeur survenu le {{date-|26|avril|1986}} à {{Heure|1|23|45}} dans le réacteur {{Numéro|4}} de la [[Centrale nucléaire de Tchernobyl|centrale nucléaire V.I. Lénine de Tchernobyl]], située à trois km de la ville de [[Prypiat]] et à environ {{Unité|130|km}} au nord de [[Kiev]]. Classée au {{nobr|niveau 7}} de l'[[échelle internationale des événements nucléaires]], elle est la [[:en:Comparison of the Chernobyl and Fukushima nuclear accidents|plus  grave catastrophe nucléaire jamais survenue à ce jour]], devant l'[[accident nucléaire de Fukushima]] de 2011, bien qu'il soit classé au même niveau<ref>[https://www.irsn.fr/savoir-comprendre/crise/impact-environnemental-dun-accident-nucleaire-comparaison-entre-tchernobyl Impact environnemental d’un accident nucléaire : comparaison entre Tchernobyl et Fukushima], irsn, 1er mars 2013</ref>.

L'accident est provoqué au cours d'un test de sécurité, par l'augmentation incontrôlée de la puissance de l'unité {{numéro|4}} de la centrale à plus de cent fois sa puissance nominale, ce qui conduit à la [[Fusion du cœur d'un réacteur nucléaire|fusion du cœur du réacteur]]. Cela entraîne son explosion, qui détruit une partie du bâtiment dans lequel il se trouve.  Le cœur se retrouve alors à l'air libre et d'énormes quantités de produits radioactifs sont rejetées dans l'atmosphère.

L'explosion est rapidement suivie par plusieurs interventions des pompiers de Prypiat dans la nuit pour tenter de combattre les feux. Une [[Zone d'exclusion de Tchernobyl|zone d'exclusion]] de dix km de rayon autour de la centrale est créée trente-six heures après l'explosion et la ville de Prypiat est évacuée. Au début du mois de mai, le rayon de la zone d'exclusion est porté à trente km. Au total, {{nombre|135000|personnes}} sont évacuées des environs de la centrale dans les mois qui suivent l'explosion.

Des centaines de milliers de personnes (les [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateurs]]) interviennent pour décontaminer les zones radioactives, traiter et limiter les conséquences de l'explosion. Un premier sarcophage est construit au cours de l'année 1986 pour isoler le réacteur et ainsi limiter les rejets de radioactivité dans l'environnement. En 2012, la construction du second sarcophage (l'[[arche de Tchernobyl]]) débute et se termine en 2019.

Le gouvernement soviétique est accusé par la communauté internationale d'un manque de communication envers le reste du monde. Les autorités ne communiquent officiellement sur l'accident que plusieurs jours plus tard et en minimisent la gravité. Au sein même du gouvernement, la communication est défaillante. [[Mikhaïl Gorbatchev]], secrétaire général du [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique|Comité central]] n'est informé officiellement que le {{date|27 avril}} et doit faire appel au [[KGB]] pour obtenir des informations fiables.

L'événement a des [[conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl|conséquences sanitaires]], écologiques et économiques importantes. Plus de {{nombre|200000|personnes}} sont définitivement évacuées de la zone. L'accident aurait provoqué entre [[#Décès|43 et 4000 morts]] selon les rapports des agences [[Organisation des Nations unies|onusiennes]] publiés dans des revues scientifiques, voire davantage selon diverses analyses non publiées dans ces dernières.

== Contexte ==
=== Localisation et construction de la centrale ===
{{Article détaillé|Centrale nucléaire de Tchernobyl}}
[[Fichier:Chernobyl NPP Site Panorama with NSC Construction - June 2013.jpg|vignette|redresse=1.2|alt=Usine grise avec, à gauche une structure en construction et, au milieu, plusieurs cheminées et des grues.|La [[centrale nucléaire de Tchernobyl]] et le chantier de l'[[Arche de Tchernobyl|arche]] sur la gauche en {{date-|juin 2013}}.]]
La [[centrale nucléaire de Tchernobyl]], construite entre 1970 et 1977, est située à trois km de la ville de [[Prypiat]], en [[Ukraine]]. Elle se trouve à environ {{unité|130 kilomètres}} au nord de [[Kiev]], à vingt km au sud de la frontière avec la [[Biélorussie]] et à quinze kilomètres au nord-ouest de la ville de [[Tchernobyl]]. En 1986, la population dans un rayon de trente km autour de la centrale comprend entre {{unité|115000 et 135000 personnes}}<ref name="WN-CD"/>.

La ville de Prypiat, spécifiquement érigée dans les années 1970 pour loger les employés de la centrale nucléaire, compte au moment de l'accident environ {{Unité|50000|habitants}}. Souvent qualifiée de ville modèle de l'URSS, elle est aujourd'hui une [[ville fantôme]]<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Pripyat : ville radioactive désertée après l'accident nucléaire de Tchernobyl |url=https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/pripyat-en-photos-vestiges-de-la-ville-evacuee-apres-l-explosion-nucleaire-de-tchernobyl_153562 |site=Sciences et Avenir |date=2021-04-23 |consulté le=2023-08-19}}.</ref>.

La centrale compte, au moment de l'accident, quatre réacteurs nucléaires. Le premier, construit avec la centrale, est mis en service en {{date-|septembre 1977}}<ref>{{lien web |langue=en |url=https://pris.iaea.org/PRIS/CountryStatistics/ReactorDetails.aspx?current=568 |titre=Chernobyl-1 |site=base de données PRIS de l'AIEA |éditeur=AIEA |consulté le=22 avril 2022}}.</ref>. Le deuxième réacteur est mis en service l'année suivante et les troisième et quatrième sont respectivement mis en service en 1981 et 1983<ref name="WN-CD">{{Lien web |langue=en |titre=Chernobyl Disaster |url=https://www.world-nuclear.org/information-library/safety-and-security/safety-of-plants/chernobyl-accident.aspx |site=world-nuclear.org |consulté le=2022-04-18}}.</ref>. Jusqu'en 1989, deux réacteurs supplémentaires sont en construction, avant que le projet ne soit abandonné, principalement en raison de l'explosion du quatrième réacteur<ref>{{Lien web |langue=en-GB |titre=Chernobyl Reactors 5 and 6 {{!}} The Chernobyl Gallery |url=http://www.chernobylgallery.com/galleries/chernobyl-reactor-5/ |date=2014-08-08 |consulté le=2023-08-19}}.</ref>. Les quatre réacteurs opérationnels sont de type [[Réacteur de grande puissance à tubes de force|RBMK-1000]], de conception soviétique et d'une capacité unitaire de {{unité|1000|MWe}} ({{unité|3200|MWth}})<ref name="WN-CD" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Agence internationale de l'énergie atomique|titre=INSAG-7 The Chernobyl Accident: Updating of INSAG-1|lieu=[[Vienne (Autriche)|Vienne]] ([[Autriche]])|série=Safety series|date=1992|numéro édition=75-INSAG-7|pages totales=148|présentation en ligne=https://www.iaea.org/publications/3786/the-chernobyl-accident-updating-of-insag-1|lire en ligne=https://www-pub.iaea.org/MTCD/Publications/PDF/Pub913e_web.pdf|format électronique=pdf|consulté le=19/08/2023}}</ref>.

Tchernobyl est la première et la seule centrale nucléaire de type RBMK construite sur le sol ukrainien, et la troisième construite en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] avec celles [[centrale nucléaire de Leningrad|de Léningrad]] et de [[centrale nucléaire de Koursk|Koursk]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Early Soviet Reactors and EU Accession |url=https://world-nuclear.org/information-library/safety-and-security/safety-of-plants/appendices/early-soviet-reactors-and-eu-accession.aspx |site=world-nuclear.org |consulté le=2022-04-18}}.</ref>.

=== Refroidissement du réacteur après arrêt avec perte du réseau ===
En fonctionnement normal, la plus grande partie de la puissance d'un [[réacteur nucléaire]] provient de la [[fission nucléaire]] du combustible<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Qu’est-ce que l’énergie nucléaire ? La science de l’électronucléaire |url=https://www.iaea.org/fr/newscenter/news/quest-ce-que-lenergie-nucleaire-la-science-de-lelectronucleaire |site=iaea.org |date=2021-11-03 |consulté le=2022-04-22}}.</ref>. Cependant, une part non négligeable de cette puissance provient de la [[puissance résiduelle]] dégagée par la [[radioactivité]] due à l'accumulation des [[Produit de fission|produits de fission]]. Cette puissance résiduelle continue de générer de la chaleur après l'arrêt du réacteur nucléaire et nécessite un refroidissement pour empêcher la [[Fusion du cœur d'un réacteur nucléaire|fusion du cœur du réacteur]]<ref>{{Article |langue=en |auteur1=M. Ragheb |titre=Decay Heat Generation in Fission Reactors |périodique=Rensselaer Polytechnic Institute |date=22 mars 2011 |lire en ligne=https://web.archive.org/web/20130514074247/http://www.ewp.rpi.edu/hartford/~ernesto/F2011/EP/MaterialsforStudents/Petty/Ragheb-Ch8-2011.PDF |consulté le=2022-04-18}}.</ref>. Les réacteurs RBMK-1000, tels que ceux présents à Tchernobyl, utilisent de l'[[eau]] pour le refroidissement. Le {{nobr|réacteur 4}} de Tchernobyl compte entre {{unité|1600 et 1700 canaux}} individuels, qui nécessitent chacun un débit de refroidissement de {{nobr|28 tonnes}} d'eau par heure{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=6-7}}.

Les pompes de refroidissement sont alimentées par de l'[[électricité]] et doivent fonctionner pendant un certain temps après l'arrêt d'un réacteur, même en cas de défaillance de l'alimentation électrique externe. Chacun des réacteurs de Tchernobyl dispose donc de trois [[Groupe électrogène|générateurs diesel de secours]] pour pallier cette éventuelle défaillance. Ces générateurs peuvent être activés en {{nobr|15 secondes}}, mais il leur faut {{unité|60 à 75 secondes}} pour atteindre leur pleine puissance et générer les {{unité|5,5 mégawatts}} nécessaires au fonctionnement d'une des pompes{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=10-11}}. Ce retard de {{nobr|90 seconde}}s représente un risque de sûreté lors d'une perte d'alimentation électrique externe et n'est pas acceptable pour un certain nombre d'accidents de référence pris en compte à la conception du réacteur{{sfn|Plokhy|2018|p=63}}{{,}}{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=11}}.

Les concepteurs proposent d'utiliser l'[[énergie cinétique]] [[énergie résiduelle|résiduelle]] des [[turbo-alternateur]]s afin de générer l'[[énergie électrique]] nécessaire pour alimenter les pompes de refroidissement avant la reprise par les générateurs de secours{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=11}}. Cette solution suffit pour faire fonctionner ces pompes pendant environ {{nobr|45 secondes}}{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=16}}, mais elle ne comble pas complètement le délai entre une perte d'alimentation externe et le temps nécessaire pour que les générateurs de secours atteignent leur pleine puissance{{sfn|Karpan|2006|p=312-313}}. Des ingénieurs d'un institut de recherche situé à [[Donetsk]] proposent alors d'utiliser aussi la pression résiduelle de la vapeur produite par le réacteur juste après l'arrêt pour prolonger la rotation du groupe turbo-alternateur et couvrir ainsi le deuxième « trou » de {{nobr|45 seconde}}s. Un nouvel essai est programmé pour définir si cette solution fonctionne alors réellement{{sfn|Plokhy|2018|p=63}}.

=== Tests de sûreté ===
L'essai d'alimentation des pompes de refroidissement du réacteur sur la décélération du groupe  [[turbo-alternateur]] après un arrêt fait partie des tests requis avant la mise en exploitation du réacteur, mais il n'avait pas pu être mené à bien{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=14}}. C'est lors de cet essai, réalisé plus de deux ans après la mise en service commercial de la centrale, que la catastrophe a lieu{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=11}}.

Un premier essai est effectué en 1982 sur le {{nobr|réacteur 3}} et montre que la puissance générée par le groupe turbo-alternateur ne peut pas être maintenue suffisamment longtemps à cause d'un problème de régulation de l'[[Excitation (machine électrique)|excitation]] de l'[[Générateur électrique#Alternateur|alternateur]]. Ce point est modifié et l'essai est répété en 1984, mais il échoue de nouveau. En 1985, un troisième test a lieu, avec des résultats également négatifs. Un quatrième essai est ensuite programmé pour {{date-|avril 1986}}, à l'occasion d'un arrêt pour maintenance du {{nobr|réacteur 4}}{{sfn|Karpan|2006|p=312-313}}{{,}}{{sfn|INSAG-7|1992|p=51}}.

Une procédure d'essai est rédigée, mais ses auteurs ne connaissent pas le comportement du réacteur RBMK-1000 dans les conditions de fonctionnement prévues pour la réalisation de l'essai{{sfn|INSAG-7|1992|p=52}}. Alors que ce quatrième essai nécessite la désactivation de certains systèmes de sécurité, comme celui du refroidissement de secours du cœur du réacteur{{sfn|INSAG-7|1992|p=51}}, il est considéré comme un essai purement électrique des turbo-alternateurs, n'impliquant pas la partie nucléaire. Selon la réglementation en vigueur à l'époque, un tel test ne nécessite pas l'approbation de l'autorité principale de conception du réacteur (NIKIET) ni de l'organisme soviétique de réglementation de la sécurité nucléaire{{sfn|INSAG-7|1992|p=51-52}}.

== Déroulement de l'accident ==
=== Retards dans la réalisation du test et changements d'équipe ===
[[Fichier:Gen II nuclear reactor vessels sizes.svg|vignette|alt=Superposition de plusieurs réacteurs nucléaires. Le réacteur RBMK est le deuxième plus large avec {{nobr|19 mètres}} et le troisième le plus grand avec {{nombre|13,6|mètres}} de hauteur.|Comparaison des tailles de cuve pour les réacteurs de génération {{II}}, une classification de conception des réacteurs commerciaux construits jusqu'à la fin des années 1990.]]
Le test du {{date-|25 avril 1986}} doit être effectué par l'équipe de jour lors d'un arrêt prévu pour la maintenance du {{nobr|réacteur 4}}{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=15}}. Une équipe spéciale d'ingénieurs électriciens doit être présente pour effectuer un test sur le nouveau système de régulation de la tension une fois que les conditions correctes sont atteintes{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=24}}. En préparation pour le test, la réduction progressive de la puissance de la centrale commence le {{date-|25 avril}} à {{heure|1|6}}, et la puissance du réacteur atteint {{unité|1600|MWth}} à {{heure|3|47}}{{sfn|INSAG-7|1992|p=53}}.

L'équipe de jour commence son [[travail posté|service]] à {{heure|8}}, alors qu'il ne reste que 15 des {{nobr|167 [[Barre de contrôle (nucléaire)|barres de contrôle]]}} hors du cœur du réacteur{{sfn|Plokhy|2018|p=66}}. Selon les recommandations du constructeur, le réacteur aurait alors dû être arrêté car le nombre de barres non insérées dans son cœur était inférieur au nombre requis, mais l'essai se poursuit en suivant la procédure de test qui ne demande pas l'arrêt du réacteur. Selon Igor Kazachkov, le chef de l'équipe de jour : {{citation|aucun d'entre nous n'a imaginé que cela pouvait provoquer un accident nucléaire. Nous savions qu'il était interdit [de retarder l'arrêt], mais nous n'y avons pas pensé. Mais si j'avais arrêté le réacteur, j'aurais eu droit à une sévère correction. Après tout, nous faisions [tout] pour exécuter le programme [de test]}}{{refn|group=alpha|Citation originale : {{en}} {{citation étrangère|langue=en|[…] none of us imagined that that could bring on a nuclear accident. We knew that it was forbidden [by the manufacturer] to do so [delay the shutdown], but did not think [about it]. But if I [had] shut down the reactor, I would [have gotten] a severe tongue-lashing. After all, we were racing to fulfill the plan}}{{sfn|Plokhy|2018|p=66-67}}.}}. En conséquence, Kazachkov estime qu'il {{citation|aurai[t] certainement été licencié. Pas pour cela bien sûr. Mais ils auraient trouvé un prétexte. [Le nombre de barres de contrôle] n'était pas quelque chose que l'on considérait comme important}}{{refn|group=alpha|Citation originale : {{en}} {{citation étrangère|langue=en|[…] I think they would have fired me. They would certainly have fired me. Not for that, of course. But they would have latched onto something. That particular parameter {{incise|the number of rods}} was not something we considered serious}}{{sfn|Plokhy|2018|p=67}}.}}{{,}}{{sfn|Plokhy|2018|p=66-67}}.

Au lieu d'arrêter le réacteur, l'équipe de jour continue la préparation du test conformément à la procédure, et déconnecte le turbogénérateur {{numero|7}} du réseau à {{heure|13|05}}. Elle entreprend ensuite l'isolement du système de refroidissement de secours du cœur{{sfn|INSAG-7|1992|p=112}}. Pour ce faire, elle doit fermer plusieurs vannes manuelles. Ce travail est réparti entre plusieurs équipes de deux ou trois hommes et prend environ {{nobr|45 minutes}} par vanne. Le système est entièrement désactivé à {{heure|14}}{{sfn|Plokhy|2018|p=66-67}}. Pendant ce temps, un des réacteurs de la [[centrale nucléaire d'Ukraine du Sud]] s'est intempestivement déconnecté du réseau ; les contrôleurs du réseau électrique de Kiev demandent donc à ce que la puissance actuelle de la tranche 4 soit maintenue jusqu'à ce que la demande d'énergie diminue en début de soirée. Le test, qui doit être effectué à {{unité|700 MWth}}, est ainsi retardé{{sfn|Plokhy|2018|p=68}}.

À {{heure|16}}, l'équipe de jour est remplacée par celle de début de soirée. Iouri Trehub, chef de cette équipe, n'a pas été familiarisé avec les procédures de l'essai puisque le test était censé être terminé avant sa prise de quart{{sfn|Plokhy|2018|p=69}}. Il s'étonne que le système de refroidissement de secours du cœur soit resté désactivé malgré les retards{{sfn|Plokhy|2018|p=69-70}}, mais décide finalement qu'il serait trop compliqué de réactiver le système de refroidissement et de le désactiver à nouveau pour le test{{sfn|Plokhy|2018|p=69-70}}. Ceci n'a eu aucune incidence sur les événements qui se sont déroulés par la suite, mais le fait de laisser le réacteur fonctionner pendant près de {{nobr|11 heures}} sans système de refroidissement de secours témoigne d'un bas niveau de culture de sûreté{{sfn|INSAG-7|1992|p=10, 18}}.

Aux alentours de {{heure|21}}, les contrôleurs du réseau électrique autorisent la reprise du test à partir de {{heure|22}}. Trehub a alors passé une partie de son temps de travail à étudier la procédure de test, mais il a reçu l'ordre d'attendre [[Anatoli Diatlov]], l'ingénieur en chef adjoint de la centrale de Tchernobyl, avant de commencer l'essai. Ce dernier est cependant rentré chez lui à {{heure|16}} pour se reposer et reste introuvable{{sfn|Plokhy|2018|p=70}}. Lorsque Trehub appelle le domicile de Diatlov à {{heure|21}}, il apprend que celui-ci est déjà parti pour la centrale ; Diatlov, se déplaçant à pied, n'arrive sur place qu'à environ {{heure|23}}{{sfn|Plokhy|2018|p=78}}. Il refuse alors de répondre aux questions de Trehub et lui annonce que le test sera mené par l'équipe suivante. Ce dernier passe la dernière heure de son service à baisser la puissance du réacteur{{sfn|Plokhy|2018|p=78-79}}.

À 00h00, le changement avec l'équipe de nuit est effectuée. Elle n'est pas informée de la procédure du test en cours<ref name=":11">{{Lien web |langue=Fr |auteur=Institut National de Physique nucléaire et de physique des particules. |titre=Un essai malencontreux |url=https://laradioactivite.com/energie_nucleaire/un-essai-malencontreux |accès url=libre |site=laradioactivite.com |date=2023 |consulté le=30/08/2023}}.</ref>.

Selon le programme initial, l'équipe de nuit n'aurait eu qu'à refroidir le cœur du réacteur et n'a ainsi pas été formée pour le test. Elle dispose de peu de temps pour préparer et exécuter l'expérience. Sous les ordres de Diatlov, qui supervise le test et dirige l'expérience, se trouvent Aleksandr Akimov, chef de l'équipe de nuit, et Leonid Toptounov, l'opérateur chargé entre autres du déplacement des [[Barre de contrôle (nucléaire)|barres de contrôle]] du réacteur.

=== Baisse inattendue de la puissance du réacteur ===
[[Fichier:RBMK fr.svg|vignette|upright=1.3|Diagramme montrant le fonctionnement du réacteur.]]
Le test nécessite une réduction progressive de la puissance de sortie du {{nobr|réacteur 4}} entre {{unité|700 et 1000 MWth}}{{sfn|Zhores A. Medvedev|1990|p=27}}.

À {{heure|0|0}}, l'équipe de nuit entreprend la réduction de la puissance du réacteur n°4<ref name=":11" />.

À {{heure|0|05}} la puissance de {{unité|720 MWth}} est atteinte. A partir de 700 MWth, le réacteur entre alors dans une zone d'instabilité<ref name=":11" />. En raison de la production d'un sous-produit de fission dans le réacteur, le [[xénon]]-135, qui est un [[Capture neutronique|absorbeur de neutrons]] inhibant la [[réaction en chaîne (nucléaire)|réaction en chaîne]], la puissance du cœur continue à diminuer en l'absence de toute autre action de l'opérateur. Ce phénomène est connu sous le nom d'« [[Empoisonnement au xénon|empoisonnement du réacteur]] »<ref name="nf">{{lien web |langue=en |url=https://web.archive.org/web/20110714210818/http://nuclearfissionary.com/2010/03/03/what-happened-at-chernobyl/ |titre=What Happened at Chernobyl? |consulté le=12 janvier 2011 |éditeur=Nuclear Fissionary }}.</ref>.

À {{heure|0|28}}, alors que la puissance est amenée à environ {{unité|500 MWth}} et que l'équipe essaie de maintenir le niveau de puissance, la manœuvre échoue<ref name=":11" />. Toptounov passe par erreur d'un régulateur de [[barre de contrôle (nucléaire)|barres de contrôle]] fonctionnel à un régulateur hors service. Cette manipulation fait entrer le réacteur dans un état de quasi-arrêt, avec une puissance de sortie de {{unité|30 MWth}} ou moins<ref name=":11" />. La génération d'électricité s'élève alors à {{unité|10 MWe}}, ce qui est insuffisant pour faire fonctionner les pompes de refroidissement.

À ce stade, il convenait d’arrêter le réacteur pour 24 heures, le temps de laisser disparaître le xénon-135, produit de fission qui empêche le redémarrage. Le test était sans enjeu autre que technique. Il aurait dû donc être abandonné<ref name=":11" />.

Au lieu de cela, Toptounov déconnecte la plupart des barres de contrôle du système de régulation automatique et commence à les retirer manuellement afin de faire remonter la puissance du réacteur. Il est entre autres aidé par Trehub, qui est resté comme observateur et finit par prendre la place de Toptounov. En quatre minutes, il parvient à faire remonter la puissance du réacteur à {{unité|160 MWth}}. Dès que la puissance atteint {{unité|200 MWth}}, le système de régulation automatique est réactivé et la puissance se stabilise<ref name=":6" />.

Entre {{heure|00|35}} et {{heure|00|45}}, les signaux d'alarme d'urgence concernant les paramètres [[thermohydraulique|thermo hydraulique]]s sont ignorés, apparemment pour préserver la faible puissance du réacteur. La raison de ce mépris pour les alarmes de sécurité n'est pas connue. Il est supposé qu'Anatoly Diatlov, l'ingénieur en chef adjoint de la centrale, a fait pression sur ses employés pour qu'ils procèdent au test malgré les problèmes apparents, menaçant même de licencier ceux qui exprimeraient une quelconque objection<ref name="atom">{{Article |url=http://accidont.ru/expert.html |titre=Report for the IAEA on the Chernobyl Accident |périodique=Atomic Energy |volume=61 |date=1986 |page=308–320 |langue=ru |consulté le=8 novembre 2018 }}.</ref>

À 01h00 du matin, la puissance est remontée à 200 MW thermiques mais il n’y a presque plus d’absorbants dans le cœur. La situation du réacteur n’est donc plus en conformité ni avec les conditions du test ni avec les règles de sûreté d'exploitation<ref name=":11" />.

À {{heure|1|03}} et {{heure|1|07}}, comme prévu dans la documentation du test, deux pompes de réserve sont activées, afin d'augmenter le débit d'eau qui passe par le réacteur. Au total, huit pompes desservent alors le réacteur. L'augmentation du débit d'eau déstabilise cependant le réacteur et fait baisser le taux de vapeur dans les séparateurs de vapeur du réacteur{{sfn|Plokhy|2018|p=79-80}}.

À {{heure|1|15}}, les opérateurs désactivent, pour continuer l’essai, des systèmes d’arrêt d’urgence et de refroidissement<ref name=":11" />.

À {{heure|1|19}}, le débit de vapeur dépasse la limite minimale autorisée, déclenchant une alarme de faible pression de vapeur dans les séparateurs de vapeur. Bien que le débit d'eau supplémentaire permette de réduire la température globale du cœur, l'eau est un faible absorbeur de neutrons, mais sa [[densité]] en fait un meilleur absorbeur que la vapeur. L'activation des pompes supplémentaires a donc diminué la puissance du réacteur. L'équipe réagit en arrêtant les deux pompes de réserve dans le but d'augmenter la pression de la vapeur, et en retirant manuellement d'autres barres de contrôle pour maintenir l'alimentation électrique<ref name="OECD02-Ch1">{{lien web |langue=en |url=https://www.oecd-nea.org/rp/reports/2003/nea3508-chernobyl.pdf |titre=Chernobyl: Assessment of Radiological and Health Impact, 2002 update; Chapter I – The site and accident sequence |éditeur=OECD-NEA |année=2002 |consulté le=3 juin 2015 }}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=ru |url=http://www.physiciansofchernobyl.org.ua/rus/books/Karpan.html |titre=N. V. Karpan |éditeur=Physicians of Chernobyl Association |consulté le=3 septembre 2013 }}.</ref>{{,}}{{sfn|Plokhy|2018|p=80}}. Il ne reste bientôt plus que 9 des {{nobr|167 barres}} de contrôle dans le cœur du réacteur, rendant le réacteur hautement instable<ref name=":6" />.

=== Explosion du réacteur ===
À 01h23 min 04 s, l'essai proprement dit débute. Les vannes d'alimentation en vapeur de la turbine sont fermées<ref name=":11" />, mais le réacteur n'est pas arrêté (les signaux d'arrêt d'urgence du réacteur sur arrêt des turbines ont été déconnectés afin de pouvoir refaire l'essai si besoin, cette déconnexion est hors procédure de test{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=89}}). L'alimentation des pompes de refroidissement du réacteur est alors fournie par l'inertie du turbo-alternateur en service, le débit d'eau passant dans les canaux du combustible décroît au fur et à mesure de la baisse de régime du turboalternateur, ce qui provoque l'ébullition de cette eau{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=89}}. À cause du [[Coefficient modérateur|coefficient de vide]] positif, le réacteur entre dans une [[rétroaction]] positive (amplificatrice du processus engagé) ou excursion nucléaire<ref name=":10" />, entraînant une rapide montée de sa puissance{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=95}}.

À 01h23 min 25 s, la pression de vapeur dans le cœur devient incontrôlable, provoquant une série de rupture et de déformation de nombreux canaux de force<ref name=":11" />.

À {{heure|1|23|40}}, devant l'emballement du réacteur, le chef de quart de nuit{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=91}}, [[Aleksandr Akimov]] appuie sur le bouton d'[[Scram|arrêt d'urgence]]. Les [[Barre de contrôle (nucléaire)|barres de contrôle]] commencent alors à descendre{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=90}}. Or, par un défaut de conception, sur ce type de réacteur nucléaire, l’insertion complète des barres d’arrêt d'urgence dans le cœur du réacteur prend près de {{nobr|20 secondes}}<ref name=":13">{{Article|auteur=Luis Lederman|url=https://www.iaea.org/sites/default/files/38102741017_fr.pdf|format=pdf|titre=La sûreté des réacteurs RBMK|sous-titre= mise en place du cadre technique|page=Système de protection d'urgence, {{p.|14}}|périodique=Bulletin de l'AIEA|mois=janvier|année=1996}}.</ref>, là où les systèmes d'arrêt d'urgence occidentaux se déploient en moins de 2 secondes pour stopper la réaction de fission<ref name=":7">{{Lien web |langue=Fr |auteur=Jacques Frot |titre=Les causes de l'évènement de Tchernobyl |url=https://inis.iaea.org/collection/NCLCollectionStore/_Public/34/066/34066689.pdf |format=pdf |accès url=libre |site=inis.iaea.org |date=novembre 2000 |consulté le=14/08/2023}}.</ref>.

Voyant que les barres ne sont descendues que de {{unité|2.50|m}} au lieu des {{unité|7|m}} attendus, Akimov coupe l'alimentation de leur mécanisme de commande afin que les barres tombent par gravité. Mais le réacteur devenu trop chaud, et les canaux guidant les barres de commande sont déformés par les ruptures et bloquent la descente de celles-ci{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=91}}<ref name=":11" />.

En outre, par un second défaut de conception du système d'arrêt du réacteur RBMK, les extrémités de ces barres de contrôle en [[bore]] (matériau absorbant et ralentisseur de la fission) sont faites de graphite qui provoque au contraire, au début de leur insertion, une augmentation de la réactivité et donc de la puissance<ref name="IRSN-RBMK">{{Lien web |titre=1986-2011 - L'accident de Tchernobyl et la sûreté des centrales d’Europe de l’Est : Les réacteurs RBMK |url=https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/consequences-industrie-nucleaire/Pages/3-Les_reacteurs_RBMK.aspx |site=[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]] |consulté le=10 avril 2022}}.</ref>{{,}}<ref name=":3">{{Lien web |titre=Défauts de conception (RBMK) |url=https://laradioactivite.com/energie_nucleaire/defauts-de-conception-rbmk|site=laradioactivite.com |consulté le=04/08/2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Chouha|titre=Les réacteurs RBMK, défauts et améliorations|date=2006|pages totales=6|lire en ligne=https://www.laradioactivite.com/site/pages/RadioPDF/RBMK-Fiches-M-Chouha.pdf |format=pdf }}.</ref>{{,}}<ref name=":7" />.

À {{heure|1|23|45}}, la [[radiolyse]] de l'[[eau]] conduit à la formation d'un mélange détonant d'[[hydrogène]] et d'[[oxygène]]. {{citation|Le pic de puissance est atteint, dépassant de plus de 100 fois la puissance nominale du réacteur}}<ref name="IRSN-RBMK" />{{,}}<ref name="Nesterenko">[http://www.dissident-media.org/infonucleaire/hypothese_nesterenko.html « Lettre du Professeur Nesterenko à Wladimir Tchertkoff, Solange Fernex et Bella Belbéoch »], janvier 2005.</ref>. La pression à l'intérieur du coeur ne peut plus être contenue. Une explosion se produit<ref name=":11" />. Les {{unité|2000|tonnes}} de la dalle de béton recouvrant le réacteur sont projetées en l'air et retombent de biais sur le cœur du réacteur qui est fracturé par le choc. Un [[incendie]] très important se déclare avec une trentaine de foyers<ref>{{Lien web |langue=Fr |auteur=Institut National de Physique nucléaire et de physique des particules |titre=Tchernobyl circonstances et causes |url=https://laradioactivite.com/energie_nucleaire/tchernobyl_circonstances_causes |accès url=libre |site=laradioactivite.com |date=2023 |consulté le=30/08/2023}}.</ref>, tandis qu'une lumière aux reflets bleus se dégage du trou formé ([[effet Vavilov-Tcherenkov]]).

=== La gestion de l'incendie et la sous évaluation de la gravité de la situation ===
Les techniciens présents sur place, notamment [[Anatoli Diatlov]], l’ingénieur en chef adjoint, ne saisissent pas immédiatement l'ampleur de la catastrophe et pensent que le réacteur est toujours intact, de même que Viktor Brioukhanov, le directeur de la centrale réveillé à {{heure|1|30}}.

Entre-temps, dans la salle des machines, au niveau 0, le feu prend en plusieurs endroits. Le revêtement craque, des morceaux incandescents de combustible et de graphite, qui s'enflamme à l'air libre, tombent par terre et sur le matériel tandis que l'eau radioactive surgit vers le puisard du condensat. Une odeur d'ozone se répand dans les installations en feu<ref name=":6" />.

Anatoli Diatlov qui émet l'hypothèse erronée avec Akimov d'une explosion du réservoir central d'hydrogène, demandent aux ingénieurs nucléaires stagiaires présents et en formation, Proskouriakov et Koudriavtsev d'aller dans le hall central insérer manuellement les barres de contrôle dans le cœur du réacteur<ref name=":6" />. Ces derniers arrivés dans le hall central constatent la destruction du réacteur et sont mortellement irradiés. De retour au centre de commandes, la peau foncée due au hâle nucléaire y compris sous leurs vêtements, leurs constatations sont refusées par Anatoli Diatlov qui les traite d'incompétents<ref name=":6" />.

À {{heure|2|0}}0 du matin, Anatoli Diatlov, après avoir ordonné l'alimentation en eau du réacteur, entreprend avec le dosimétriste de la centrale Gorbatchenko une exploration des installations. Le radiamètre prévu pour détecter des doses de 1000 micro [[röntgen]]s/s (soit 3,6 röntgens/h) est dépassé comme le constate ce dernier. Un radiamètre avec une échelle de mesure allant jusqu'à 10 000 röntgens, existait mais était enfermé dans un coffre, devenu inaccessible du fait de l'effondrement des structures de la centrale <ref name=":6">{{Ouvrage|langue=Fr|auteur1=Grigori Medvedev|titre=La Vérité sur Tchernobyl (trad. Laetitia Lys et Nadinne Diatlovic, préf. Andreï Sakharov)|lieu=Paris|éditeur=Albin Michel|date=1900|pages totales=318|isbn=2-226-04031-5|lire en ligne=https://www.dissident-media.org/infonucleaire/verit_sur_tcherno.html|consulté le=13/08/2023}}</ref>. Ils constatent la présence de graphite qu'ils ne s'expliquent pas, le cœur devant être intact en principe<ref name=":6" />.

L'équipe technique présente tente le maximum pour circonscrire l'incendie en bouchant les canalisations d'huile rompues qui risque de s'enflammer tandis que les pompiers de Pripiat alertés, interviennent sur les abords et le toit de la centrale pour arrêter les foyers<ref name=":6" />. Ils sont tous gravement irradiés, pour leur majorité en raison de morceaux de graphite et de combustible directement éjectés depuis le cœur du réacteur.

À {{heure|2|30}} du matin, Viktor Petrovitch Brioukhanov, le directeur général de la centrale, arrive à la salle de commande n°4. Il procède à une analyse de la situation et sur la foi des déclarations d'Akimov estime que le réacteur est intact. L'activité de l'air atteint 3 à 5 röntgens / h dans la salle de commande n°4<ref name=":6" />.

À {{heure|3|00}} du matin, Brioukhanov téléphone de son bureau au domicile de Vladimir Vassilievitch Maryine, responsable du secteur de l'énergie nucléaire au Comité central du Parti. Vorobiev, chef de l'état-major de la défense civile de la centrale détecte une activité de 250 röntgens /heure au moyen d'un détecteur plus précis mais s'aperçoit que l'aiguille de mesure dépasse le cadre autorisé. L'activité à l'intérieur de la centrale et notamment dans le hall du réacteur, désormais à l'air libre, est de 15 000 röntgens / heure<ref name=":6" />. Brioukhanov est informé par Vorobiev des mesures mais estime que le détecteur est défectueux, ce que conteste Vorobiev<ref name=":6" />.

À {{heure|4|0}} du matin, le directeur de la centrale, appelle d’ailleurs le ministère de l'Énergie en déclarant que « le cœur du réacteur n'est probablement pas endommagé »{{sfn|Werth|2006}}. En parallèle, l'ingénieur en chef Fomine, resté introuvable pendant plusieurs heures, arrive à la salle de commande n°4. Il donne l'instruction de maintenir l'alimentation en eau du réacteur<ref name=":6" />.

Il reçoit l'ordre de Moscou, de maintenir le refroidissement par eau du réacteur ; cet ordre, que Viktor Brioukhanov fera appliquer toute la journée, n'aura pour effet que de libérer plus de radioéléments dans l'atmosphère, de noyer les installations souterraines communes aux {{nobr|réacteurs 3 et 4}} et d'épuiser les réserves en eau, menaçant gravement le fonctionnement et l'intégrité du {{nobr|réacteur 3}} et également l'alimentation électrique des réacteurs 1 et 2<ref name=":6" />. En conséquence, l'ingénieur en chef responsable du {{nobr|réacteur 3}}, Youri Edouardovitch Bagdassarov, qui a compris que les ressources en eau sont dévolues en priorité au {{nobr|réacteur 4}}, mais impactent également celles nécessaires au réacteur n°3 prend au cours de la journée et contre les directives de l'ingénieur en chef (M.N. Fomine), la décision de faire passer le {{nobr|réacteur 3}} en arrêt à froid, permettant ainsi d'éviter que son cœur ne fonde par manque d'eau{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=142}}. Au moment de l'accident, et voyant dans les heures suivantes que la situation radiologique s'aggravait, il a donné l'ordre à tous ses hommes de mettre les masques dits "pétale" et de prendre les comprimés d'iodure de potassium<ref name=":6" />.

En parallèle, les bâtiments des réacteurs 1 et 2 toujours en fonctionnement, sont contaminés par le système d'aération de la centrale qui prélève l'air directement à l'extérieur et saturé de radionucléides en provenance du reacteur n°4<ref name=":8">{{Lien web |auteur=Valeri Alexeevitch Legassov |traducteur=Association Suisse Pour l'Energie Atomique |titre=Le testament |url=http://www.dissident-media.org/infonucleaire/testament_legassov.html}}.</ref>.

Les opérateurs Akimov et Toptounov, présumant à tort que le réacteur est intact, tentent de maintenir l'alimentation en eau s'irradiant gravement dans les installations parsemées de blocs de graphite<ref name=":6" />.

Au sein du bunker du bâtiment administratif du réacteur n°1, le directeur Brioukhanov assure la liaison avec Moscou et l'ingénieur Fomine avec la salle de commande de la tranche n° 4. Moscou annonce la création d'une commission d'enquête composée de spécialistes qui doit partir à {{heure|8|0}}.

À {{heure|5|00}} du matin, Anatoli Diatlov et le dosimétriste Gorbatchenko sont pris de graves vomissements et sont évacués au centre médical<ref name=":6" />.

Fomine demande au physicien [[Anatoly Sitnikov]] de faire une observation la plus objective de la situation. Celui-ci après avoir exploré le hall des machines détruit, monte sur les hauteurs du toit de la centrale du côté de la tour B (chimie spéciale)  et constate l'ampleur des destructions<ref name=":6" />.

À {{heure|10|00}}, Anatoly Sitnikov rapporte à Fomine et Brioukhanov que la tranche n°4 et donc le cœur du réacteur sont détruits, ce qui n'est pas pris en compte<ref name=":6" />. Exposé à une dose de plus de 1 500 röntgens, il est gravement irradié et décède dans les semaines suivantes.

=== Versions alternatives ===
Plus de cent versions alternatives de l'accident ont été proposées par des sources diverses. Aucune n'a jamais été reprise dans un rapport national ou international, ni dans une revue publiée sous [[évaluation par les pairs]].

==== Hypothèse sismique ====
Cette hypothèse attribue la cause de l'accident à un tremblement de terre qui aurait eu lieu quelques secondes avant dans la zone de Tchernobyl<ref>{{Article|langue=en|périodique=Pravda|titre=Nature's anomaly blamed for Chernobyl disaster|date=12 mai 2005|url=http://english.pravda.ru/hotspots/disasters/12-05-2005/8231-chernobyl-0/}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.historia.fr/lhypoth%C3%A8se-du-tremblement-de-terre|titre=L'hypothèse du tremblement de terre|site=Historia|date=30 juin 2001}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=ru|url=https://scholar.google.com/scholar_host?q=info:KlldaSXQ9dcJ:scholar.google.com/&hl=fr&as_sdt=0&pg=3&output=viewport&shm=1|titre=Сейсмические явления в районе Чернобыльской АЭС}}.</ref>. Des enregistrements sismiques effectués par trois stations militaires auraient mis en évidence un [[séisme]] de {{nobr|[[magnitude (sismologie)|magnitude]] 2,6}} sur l'[[échelle de Richter]] à {{heure|1|23|39}} (moment du pic des courbes), tandis que, selon plusieurs rapports, l'explosion aurait eu lieu entre {{heure|1|23|49}} et {{heure|1|23|59}}. Cet enchaînement des événements est contesté et la secousse enregistrée pourrait simplement correspondre à l'onde de choc provoquée par l'explosion du bloc {{numéro|4}}. Plusieurs scientifiques qui se sont penchés sur l'hypothèse du tremblement de terre ont ainsi refait les calculs de temps en prenant en compte différentes incertitudes et ont montré qu'il était possible de faire coïncider le moment de l'explosion avec celui de la secousse, ce qui les a cependant amenés à modifier la chronologie « officielle » des événements telle qu'elle a été décrite dans la section précédente<ref>{{en}}{{pdf}} [http://www.rri.kyoto-u.ac.jp/NSRG/reports/kr79/kr79pdf/Gorbachev.pdf The Causes and Scenario of the Chernobyl Accident, and Radioactive Release on the CHNPP Unit-4 Site], Boris Gorbatchev, du centre interdisciplinaire «Sarcophage» ({{lang-ru|Укрытие}}, ''Oukrytié'') de l'[[Académie nationale des sciences d'Ukraine]] ({{ru}} [http://n-t.ru/tp/ie/ca.htm article en version originale]).</ref>{{,}}<ref>{{en}}{{pdf}} [http://www.rri.kyoto-u.ac.jp/NSRG/reports/kr139/pdf/karpan.pdf Analysis of the Version “Earthquake is the Cause of the Chernobyl Accident”], Nikolaï Karpane, ingénieur en chef adjoint de la centrale en 1986 ({{ru}} [http://www.souzchernobyl.org/?section=14&id=562 article en version originale]).</ref>.

==== Hypothèse politique ====
{{article connexe|Pic-vert russe}}
Le documentaire ''Le Pic-vert russe'', réalisé en 2015 par Chad Gracia, développe l'hypothèse selon laquelle la catastrophe nucléaire de Tchernobyl aurait été commanditée par le ministre russe des Communications Vassily Chamchine. L'objectif aurait été de cacher aux yeux du pouvoir soviétique le fait que l'antenne [[radar trans-horizon]] {{nobr|Pic-vert russe}}, située à {{unité|15|km}} de la centrale nucléaire, ne fonctionnait pas. En provoquant cette explosion, il masquait l'échec technologique du système [[Radar trans-horizon#Radars transhorizon : URSS / Russie|Duga]], faisant passer la catastrophe nucléaire pour la cause de cet échec, et il échappait à une accusation de « détournement de fonds publics » qui était à l'époque punie de la peine de mort<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=Sundance : théorie du complot, Tchernobyl et Poutine dans "{{lang|en|The Russian Woodpecker}}" |site=RTBF Culture |date=2015-01-26 |lire en ligne=https://www.rtbf.be/culture/cinema/detail_sundance-theorie-du-complot-tchernobyl-et-poutine-dans-the-russian-woodpecker?id=8851097 |consulté le=2018-10-08}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article |langue=fr |auteur1=Julien Broquet |titre=Le Pic-vert russe|périodique=[[Focus Vif]] |date=2016-04-26 |lire en ligne=https://focus.levif.be/culture/tele/a-la-tele-ce-soir-le-pic-vert-russe/article-review-492797.html|consulté le=2018-10-08}}.</ref>

== Après l'accident ==
=== Lutte contre l'incendie ({{date-|26 avril 1986}}) ===
Durant cette nuit, {{citation|avec l'aide des électriciens du quart d'Akimov, Davletbaïev{{refn|group=alpha|l'adjoint au chef de service des turbines{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=115}}}} essaie de remplacer l'hydrogène du générateur par de l'azote pour éviter l'explosion. Ils vident l'huile des bacs de la turbine dans les réservoirs de secours situés à l'extérieur de la tranche. Les bacs d'huile sont noyés d'eau}}{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=129}}. Cette intervention évitera la propagation du feu aux autres tranches{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=120}}. Sinon, {{Citation|les flammes auraient gagné toute la salle des turbines, le toit se serait effondré et l'incendie se serait propagé aux autres réacteurs, risquant de les détruire tous les quatre}}{{sfn|Grigori Medvedev|1990|p=120}}.

Afin d'éteindre l'incendie, Viktor Brioukhanov appelle simplement les pompiers. Ceux-ci, venus de [[Prypiat]], située à {{Unité|3|km}} de la centrale, interviennent sur les lieux sans équipement particulier. Cependant, les matières nucléaires ne peuvent être éteintes avec de l'eau en raison des dégagements de vapeur et d'éléments radioactifs qu'elle engendre.

A {{heure|5|0}}, le principal foyer d'incendie est cependant maitrisé<ref name=":12">{{Lien web |langue=Fr |titre=Le lourd tribut des pompiers et liquidateurs |url=https://laradioactivite.com/energie_nucleaire/lesliquidateurs |accès url=Libre |site=laradioactivite.com |date=2023 |consulté le=30/08/2023}}.</ref>. La maîtrise de tous les foyers d'incendie nécessite une semaine<ref name=":12" />.

Au total, 600 pompiers participèrent à cette extinction. Ils furent exposés non seulement à une chaleur intense mais à une très intense radioactivité. Les pompiers intervenus dans les premières heures et gravement [[Irradiation|irradiés]], sont évacués notamment vers l'hopital n°6 de Moscou et mourront pour la plupart<ref name=":6" />.

Au total, 134 souffrirent d’un syndrome aigu d’irradiation entrainant 40 décès, auxquels il faut ajouter 19 décès causés par des brûlures radio-induites<ref name=":12" />. Les témoignages sur leur souffrance et les conditions de leur mort ont été recueillis par la journaliste biélorusse [[Svetlana Alexievitch]], [[prix Nobel de littérature]], et publiés dans son livre ''[[La Supplication]]''.

Le principal danger de l'incendie est que les dégâts qu'il occasionne à la structure risquent de provoquer l'effondrement de la matière en fusion ([[corium]]) dans les parties souterraines qui sont noyées. Un contact entre l'eau et le corium pourrait provoquer une [[Explosion de vapeur d'eau|explosion de vapeur]] engendrant des dommages supplémentaires probablement limités au site<ref name=":5">{{Lien web |langue=fr |titre=Tchernobyl : aurait-on évité encore pire ? / Afis Science - Association française pour l’information scientifique |url=https://www.afis.org/Tchernobyl-aurait-on-evite-encore-pire |site=Afis Science - Association française pour l’information scientifique |consulté le=2023-08-13}}.</ref>.

Ainsi, au cours des jours suivants, des plongeurs sont envoyés afin de fermer les vannes et installer un système de pompage pour vider les salles noyées. L'incendie finira par être éteint par projection dans le brasier de sacs de sable et de [[bore]] depuis des hélicoptères<ref name=":5" />{{,}}<ref>[https://www.sciencesetavenir.fr/decouvrir/tele-cinema/tchernobyl-une-deuxieme-explosion-evitee-de-justesse_132777 Tchernobyl : comment l’Europe a failli être rasée par une deuxième explosion], sciences et avenir, 8 avril 2019</ref>.

Les photos des pompiers de Tchernobyl sont exposées au musée de Tchernobyl de Kiev. On y découvre des [[héros de l'Union soviétique]] tels que [[Vladimir Pravik]], Victor Kibenok, [[Vassili Ignatenko]], Mykola Titenok, Mykola Vachtchouk et Tichtchoura<ref>{{Lien web |url=http://eraufta.free.fr/spip.php?article41 |titre=Musée de Tchernobyl à Kiev}}.</ref>.

Le 26 avril 1986, la Commission gouvernementale créée à la suite de l'information de l'accident et dirigée par Boris Evdokimovitch Chtcherbina, vice-ministre chargé de l'énergie en URSS arrive à Prypiat à 20h00<ref name=":8" />. Un survol de la tranche accidentée est effectuée et la constatation de la destruction du réacteur n°4 et de la continuation de l'incendie du cœur éventré, désormais à ciel ouvert est attestée<ref name=":8" />{{,}}<ref name=":6" />.

L'armée qui a en URSS la responsabilité de la gestion de crise en cas de catastrophe civile majeure<ref name=":6" />, est appelée en renfort avec le régiment de guerre chimique dirigé par le général Pikalov<ref name=":8" />.

=== Étouffement du cœur du réacteur en fusion ({{date-|26 avril}} – {{date-|14 mai}}) ===
L'incendie éteint, les techniciens de la centrale prennent conscience de l'étendue des dégâts provoqués par la retombée du toit sur le réacteur, qui est désormais fissuré. Le graphite toujours en combustion, mélangé au magma de [[combustible nucléaire|combustible]] qui continue de réagir, dégage un nuage de fumée saturé de particules [[Radioactivité|radioactives]]. Sa vitesse de combustion est de 1 tonne/heure. La commission dont fait partie le physicien Valeri Legassov, détermine que les 2 500 tonnes que contenait initialement le cœur vont alors brûler pendant plus de 240 heures continuant à libérer des matières radioactives<ref name=":8" />.

Il faut donc au plus vite maîtriser le feu de graphite et faire face à la présence de débris hautement radioactifs projetés aux environs par l'explosion. Ce n'est qu'ensuite que le réacteur pourra être isolé par un sarcophage.

=== Largages par hélicoptères ===
La première opération, menée par plus de mille pilotes, est réalisée sous la direction de l'armée grâce à un ballet d'[[hélicoptère]]s militaires de transport {{lnobr|Mil Mi-8|Mi-8}}<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=The Forgotten Helicopters of Chernobyl |url=http://www.collectivemag.com/chernobyl-helicopters/ |site=Collective Magazine |date=2016-04-26 |consulté le=2019-07-24}}.</ref>. Il s'agit de larguer dans le trou béant {{Unité|5000|tonnes}} de [[sable]], d'[[argile]], de [[plomb]], de [[bore]], de [[borax]] et de [[dolomite]]<ref>{{Lien web |titre=Tchernobyl histoire |url=https://www.chernobylwel.com/fr/tchernobyl-histoire |site=chernobylwel.com}}.</ref>, un mélange qui permettra de stopper la réaction nucléaire et d'étouffer l'incendie du graphite afin de limiter les rejets radioactifs{{sfn|Aleksievitch|1998|p=149}}. La mission est difficile, car elle consiste à larguer les sacs à une hauteur de plus de {{Unité|110|m}} dans un trou de {{Unité|5|m}} de diamètre environ, et ceci le plus vite possible, car malgré l'altitude les opérateurs reçoivent {{nobr|15 [[röntgen]]s}}, soit {{unité|150|mSv}}, en huit secondes, avec un débit dose de plus de {{unité|100|Sv/h}}. Une telle dose augmente significativement la probabilité de développer un cancer.

Le {{date|27 avril 1986}}, des unités d'hélicoptères dirigées par le général Antochkine appelées en renfort arrivent à partir de 4h00 du matin sur la place de l'hôtel de Prypiat<ref name=":8" />.

Après avoir évalué la situation, les hélicoptères sortent 110 fois et 150 tonnes de matériaux dont du sable sont larguées dans le coeur du réacteur par les équipages qui, à une centaine de mètres de hauteur reçoivent un flux de 500 röntgen /h<ref name=":6" />.

Le {{date|28 avril}}, 300 sorties sont effectuées et 300 tonnes de matériaux sont déversées<ref name=":6" />.

Le {{date|29 avril}}, 750 tonnes sont déversées dans le coeur du réacteur<ref name=":6" />.

Dans la seule journée du {{date-|30 avril}}, {{nobr|1 500 tonnes}} de sable et d'argile sont ainsi déversées sur le réacteur<ref name=":6" />.

Le {{1er}} mai, 1 900 tonnes sont larguées dans le cœur réacteur<ref name=":6" />.

Au total, du 26 avril au 2 mai 1986, 5 000 tonnes de matériaux sont déversées dans le coeur du réacteur pour étouffer la réaction<ref name=":6" />. Les pilotes et membres d'équipage sont fortement irradiés. Par la suite, les pilotes mettront des masques de respiration et des feuilles de plomb sous leur siège pour réduire partiellement l'exposition au rayonnement. Néanmoins, au cours de leur l'hospitalisation qui durera un mois, on extraira au moyen de transfusions sanguines répétées des sels d'uranium et de plutonium du sang des pilotes<ref name=":6" />.

Le soir du {{date|1 mai}}, à 19 heures, la réduction de moitié du nombre de sacs largués est ordonnée par Chtcherbina par crainte que les constructions en béton, sur lesquelles reposait le réacteur, ne supportent pas le poids et ne s'effondrent dans la piscine de condensation, ce qui aurait provoqué une explosion thermique et un énorme rejet de radioactivité<ref name=":6" />.

=== Vidage de la nappe des sous-structures ===
La seconde opération a pour objectif de vider le bâtiment de la centrale de l'eau présente dans la piscine et accumulée par l'action des lances incendies des pompiers sous les structures du réacteur pour contrer le risque d'explosion thermique menaçant les réacteurs 1, 2 et 3 encore intacts<ref name=":9" />{{,}}<ref name=":6" />.

En effet, le réacteur est toujours actif et la dalle de béton qui le soutient menace de se fissurer. Plus grave, l'eau déversée par les pompiers pour éteindre l'incendie<ref name=":0" /> a noyé les sous-structures, menaçant ainsi l'intégrité et le pilotage des trois autres réacteurs de la centrale. Le professeur [[Vassili Nesterenko]] diagnostique que, si le cœur en fusion atteint la nappe d'eau accumulée par l'intervention des pompiers, une explosion de vapeur est susceptible de se produire et de disséminer des éléments radioactifs à une très grande distance<ref name=":0" />. En effet, la fusion du combustible et des structures métalliques a formé un [[corium]] sur le plancher situé sous le réacteur. L'eau pouvait être drainée en ouvrant des vannes d'évacuation. Cependant, les soupapes qui la contrôlaient étaient sous l'eau, situées dans un couloir inondé du sous-sol.

Ainsi, des volontaires en combinaison de plongée, avec des respirateurs (pour la protection contre les aérosols radioactifs) et équipés de dosimètres, plongent dans l'eau radioactive pour ouvrir les vannes<ref name="kramer">{{lien web |langue=en |prénom1=Sarah |nom1=Kramer |titre=The amazing true story behind the Chernobyl 'suicide squad' that helped save Europe |url=http://www.businessinsider.com/chernobyl-volunteers-divers-nuclear-mission-2016-4 |site=Business Insider |date=26 avril 2016 |consulté le=7 octobre 2016}}.</ref>{{,}}<ref name="mkru">{{lien web |langue=ru |prénom1=Svetlana |nom1=Samodelova |titre=Белые пятна Чернобыля |url=http://www.mk.ru/politics/sng/2011/04/25/584047-belyie-pyatna-chernobyilya.html |site=Московский комсомолец |date=25 avril 2011 |consulté le=7 octobre 2016}}.</ref>. Ces hommes sont les ingénieurs [[Alexei Ananenko]] et [[Valeri Bezpalov]] (qui savaient où se trouvaient les vannes), accompagnés du superviseur de quart [[Boris Baranov]]<ref name="Chernobyl 1986, p.178">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Nigel Hawkes et al.|titre=Chernobyl|sous-titre=The End of the Nuclear Dream|passage=178|éditeur=Vintage|année=1986|pages totales=246|isbn=0-330-29743-0}}.</ref>. Selon de nombreuses sources, les trois hommes savaient que c'était une mission suicide, ils auraient subi une forte [[irradiation]] et seraient morts peu de temps après. C'est par exemple le cas dans le docufiction de la [[British Broadcasting Corporation|BBC]] ''{{langue|en|Surviving Disaster - Chernobyl Nuclear}}''. Certaines sources ont affirmé à tort qu'ils étaient morts dans l'usine<ref>{{article|langue=en|titre=Stephen McGinty: Lead coffins and a nation's thanks for the Chernobyl suicide squad|périodique=scotsman.com|date=16 mars 2011|url=http://www.scotsman.com/news/stephen-mcginty-lead-coffins-and-a-nation-s-thanks-for-the-chernobyl-suicide-squad-1-1532289}}.</ref>. Cependant, les recherches d'Andrew Leatherbarrow, auteur du livre ''Tchernobyl 01:23:40'', ont déterminé que l'histoire fréquemment racontée était une exagération grossière : [[Alexei Ananenko]] continue de travailler dans l'industrie de l'énergie nucléaire et pense qu'il y a beaucoup de {{citation|folklore}} autour de Tchernobyl dans les médias<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Воспоминания старшего инженера-механика реакторного цеха №2 Алексея Ананенка |traduction titre=Souvenirs de l'ingénieur mécanicien en chef du réacteur № 2, Alekseï Ananenko |lire en ligne=http://www.souzchernobyl.org/?id=2440}}.</ref>. Bien que [[Valeri Bezpalov]] ait été retrouvé encore en vie par Leatherbarrow, Baranov âgé de {{nobr|65 ans}}, a vécu jusqu'en 2005 et est mort d'une insuffisance cardiaque, selon une source en langue russe<ref>{{lien web |langue=en |titre=Человек широкой души: Вот уже девятнадцатая годовщина Чернобыльской катастрофы заставляет нас вернуться в своих воспоминаниях к апрельским дням 1986 года |url=http://www.postchernobyl.kiev.ua/pamyati-tovarishha/ |éditeur=Post Chernobyl |date=2005-04-16}} ([https://translate.google.com/translate?hl=en&ie=UTF8&prev=_t&sl=uk&tl=en&u=http://www.postchernobyl.kiev.ua/pamyati-tovarishha/ autotranslation]).</ref>. En 2019, Ananenko est toujours vivant, et déclare que les doses de radiations qu'il a reçues à ce moment n'étaient pas particulièrement élevées<ref>{{lien web |langue=en |titre='I'm no hero' says Chernobyl diver portrayed in hit TV series |url=https://www.france24.com/en/20190614-im-no-hero-says-chernobyl-diver-portrayed-hit-tv-series |site=france24.com |date=14 juin 2019}}.</ref>.

=== Nettoyage des bâtiments de la centrale ===
D'autre part, en parallèle, sur le toit et aux alentours immédiats de la centrale, une cinquantaine d'opérateurs sont chargés dans les premiers jours suivant la catastrophe de collecter les débris très radioactifs. Chaque opérateur ne dispose que de {{nobr|90 secondes}} pour effectuer sa tâche. Il est exposé à cette occasion à des niveaux de radiations extrêmement élevés dont ne le protègent guère des équipements de protection dérisoires faits de 20 kg de plombs, principalement destinés à l’empêcher d’inhaler des poussières radioactives. Un grand nombre de ces travailleurs en première ligne ont développé par la suite des cancers et sont morts dans les années qui ont suivi. Ces travailleurs ont été surnommés les [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateur]]s. Il a aussi été fait appel à des robots télécommandés français, suisses et allemands, mais ceux-ci sont tous tombés en panne à cause des niveaux de radiation exceptionnellement élevés<ref>{{Article|titre=Les liquidateurs sacrifiés de Tchernobyl|périodique=Le Parisien|date=15 mars 2011|url=http://www.leparisien.fr/tsunami-pacifique/les-liquidateurs-sacrifies-de-tchernobyl-15-03-2011-1359377.php}}.</ref>{{,}}{{sfn|Aleksievitch|1998|p=146}}.

=== Renforcement de la dalle de béton du réacteur ===
Sous le cœur du réacteur en fusion, la dalle de béton menace de fondre. Au cours de la seconde quinzaine de mai, environ {{nobr|400 mineurs}} des mines des environs de [[Moscou]] et du bassin houiller du [[Donbass]] sont appelés pour creuser un tunnel de {{nobr|167 mètres}} de long menant sous le réacteur{{sfn|Coumarianos|2000|p=37}} afin d'y construire une salle. Un serpentin de refroidissement à l'[[azote]] doit y être installé pour refroidir la dalle de béton du réacteur{{sfn|Aleksievitch|1998|p=149}}. Les mineurs se relaient {{nobr|24 heures}} sur 24 dans des conditions très difficiles dues à des températures élevées (plus de {{tmp|50|°C}}) et en étant dans l'impossibilité d'utiliser des ventilateurs à cause du niveau très important de poussières radioactives. Le débit de dose à la sortie du tunnel est d’environ {{nobr|200 [[röntgen]]s}} par heure{{sfn|Aleksievitch|1998|p=149}}. La radioactivité dans le tunnel lui-même est élevée, quoique non fatale à court terme, mais la chaleur rend le travail difficile<ref name="Nesterenko" />. Le circuit de refroidissement ne fut jamais installé, finalement remplacé par du béton pour ralentir et arrêter la descente du cœur fondu.

=== Chute de la radio-activité ===
Grâce à ces travaux, le niveau de radiation baisse momentanément avant de s'élever à nouveau. Ce n'est que le {{date|6|mai|1986-}} que la radiation absorbée en huit secondes chute enfin à {{unité|1.5|[[röntgen]]}} par heure. Après cette date, ce sont encore {{nobr|80 tonnes}} de mélanges qui seront déversées.

=== Écoulement et solidification du cœur ===
Le {{date-|6 mai}}, l'émission du réacteur chute en moins de vingt minutes au 1/{{50e}} de sa valeur précédente, puis à quelques [[Curie (unité)|curies]] par jour. L'explication n'en sera connue qu'en [[1988]], à la suite de forages horizontaux faits à cette date, à travers le {{nobr|bloc 4}}, par l'[[Institut Kourtchatov]] : le fond du réacteur avait cédé d’un coup, et le cœur fondu s’était écoulé, puis solidifié {{Unité|20|m}} dans les infrastructures inférieures, la piscine de suppression de pression qui avait été vidée<ref>[http://www.ecolo.org/documents/documents_in_french/Thernobyl-France-03.pdf Données métrologiques et évaluation des risques en France lors de l’accident de Tchernobyl (26 avril 1986). Mise au point historique], Pierre Galle, Raymond Paulin, Jean Coursaget, juin 2003, Éditions scientifiques et médicales Elsevier.</ref>. Le cœur du réacteur mélangé de débris fondus est appelé [[corium]] et sa partie visible, du fait de sa forme, est nommée [[pied d'éléphant (Tchernobyl)|pied d'éléphant]]<ref>{{Lien web|url=https://www.vice.com/fr/article/kb38ew/lhomme-qui-a-trouve-un-elephant-radioactif-dans-le-sous-sol-de-tchernobyl|auteur=Christine Kewitz|titre=L'homme qui a trouvé un éléphant radioactif dans le sous-sol de Tchernobyl|date=26 avril 2016|site=vice.com}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Le pied d'éléphant de Tchernobyl est une masse toxique de corium |url=https://lesactualites.news/technologie-et-science/le-pied-delephant-de-tchernobyl-est-une-masse-toxique-de-corium/ |site=Les Actualites |date=2021-07-23 |consulté le=2022-04-28}}.</ref>. L'activité du cœur n'a cessé de décroître depuis les événements{{Refnec|date=28 avril 2022}}. Depuis la pose de la seconde enceinte de confinement en 2016, les émissions de neutrons ont doublé, Ce regain d'activité est, selon certains spécialistes, susceptible d'entraîner un risque de destruction  des infrastructures de confinement<ref>{{Lien web |auteur=Christelle Guibert |titre=Tchernobyl. Pourquoi la radioactivité de l’ancienne centrale nucléaire repart à la hausse |url=https://www.ouest-france.fr/environnement/nucleaire/hausse-de-la-radioactivite-a-tchernobyl-35-ans-apres-la-catastrophe-nucleaire-3da68a66-b713-11eb-b73a-358c628dc742 |site=Ouest-France |date=18/05/2021}}.</ref>, opinion démentie par l'IRSN<ref>{{Lien web |titre=Réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl: augmentation des valeurs mesurées par des compteurs neutroniques rapportée par le magazine Science le 5 mai 2021 |url=https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Pages/20210526_NI_Tchernobyl-Neutrons.aspx#.YmopHehByM8 |site=irsn.fr |consulté le=2022-04-28}}.</ref>.

=== Construction du premier sarcophage et décontamination (14 mai – décembre 1986) ===
{{Article connexe|Liquidateur (Tchernobyl)}}
Dans les mois qui ont suivi, plusieurs centaines de milliers d'ouvriers ({{formatnum:600000}} environ<ref>{{article|auteur=Marie Jégo|titre=« Finir le travail » à Tchernobyl|journal=[[Le Monde]]|date=18.03.2011|page=3|url=https://www.lemonde.fr/japon/article/2011/03/18/finir-le-travail-a-tchernobyl_1495134_1492975.html}}.</ref>), les « [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateur]]s » venus d'[[Ukraine]], de [[Biélorussie]], de [[Lettonie]], de [[Lituanie]] et de [[Russie]] arrivent sur le site pour procéder à des nettoyages du terrain environnant{{sfn|AEN/OCDE|2002|p=65-66}}. Leur [[radioprotection|protection]] individuelle contre les [[rayonnement ionisant|rayonnements]] était très faible, voire nulle. La décontamination était illusoire, dans la mesure où personne ne savait où transférer les gravats déblayés. Beaucoup de villages en Ukraine, mais surtout en Biélorussie ont été évacués, détruits et enterrés en raison d'une radioactivité trop élevée.

Dans la zone interdite, les liquidateurs étaient chargés de tuer les animaux domestiques et sauvages, car la poussière radioactive présente dans leur pelage risquait de contaminer les autres liquidateurs. D'autres unités de liquidateurs procédaient à la décontamination des villages et des camions revenant de la centrale à l'aide de simples jets d'eau, la poussière radioactive recouvrant presque tout.

En {{date-|août 1986}} commençaient la décontamination de la centrale et l'isolation du réacteur. C'est dans ce périmètre que les niveaux de radioactivité étaient les plus élevés. Les véhicules étaient recouverts de plaques de plomb pour protéger leur équipage. Les liquidateurs travaillaient dans une radioactivité si élevée qu'ils ne pouvaient rester sur place que quelques minutes, voire secondes. De plus, des morceaux de [[graphite]] qui entouraient les barres de combustible du réacteur en avaient été expulsés lors de l'explosion et étaient éparpillés sur le toit de la centrale et dans ses environs. Ces gravats hautement radioactifs ne pouvaient être récupérés par des êtres humains sans sacrifier leur santé. Dans de telles conditions, des robots téléguidés ont été choisis pour procéder au nettoyage, mais la radioactivité était si élevée qu'ils tombaient en panne après quelques missions. La dernière solution était donc d'envoyer des hommes pour effectuer ce travail. Ces liquidateurs, par la suite appelés « bio-robots » ou {{citation|« robots verts » (à cause de la couleur de leur uniforme)}}, se relayaient à peu près toutes les {{nobr|30 secondes}}{{sfn|Aleksievitch|1998|p=146}} sur les toits de l'usine, qui avaient reçu pour l'occasion des surnoms, « Nina », « Masha » et « Katya »<ref>{{Lien web |langue=en |url=https://www.historyvshollywood.com/video/chernobyl-biorobots-footage-cleaning-roof/ |titre=Footage of Chernobyl Biorobots Cleaning the Roof |site=historyvshollywood.com|consulté le=19 novembre 2021}}.</ref>, Masha étant la partie la plus radioactive des trois. Leur mission était de jeter les gravats radioactifs dans des bennes ou dans le réacteur détruit à l'aide de pelles ou, quand il n'y en avait plus, à la main{{sfn|Aleksievitch|1998|p=146}}. Une fois cette lourde tâche effectuée, les travaux d'isolement du réacteur pouvaient commencer. On estime qu'il y avait sur le toit de {{unité/2|10000|à=12000|[[röntgen]]s}} par heure, et donc que chaque liquidateur recevait environ {{nobr|100 röntgens}} ; sachant que la dose mortelle est d'à peu près {{nobr|400 röntgens}} en une année, ces hommes ont enduré différents problèmes de santé une fois rentrés chez eux<ref name=":0">''La Bataille de Tchernobyl'', film documentaire réalisé par Thomas Johnson, {{nobr|94 minutes}}, 2006.</ref>.

La solution retenue pour isoler le réacteur détruit est une imposante structure d'acier recouvrant les ruines du bâtiment. Du fait de la radioactivité, les liquidateurs chargés de sa construction ne pouvaient pas rester longtemps sur place. La construction de ce premier sarcophage de Tchernobyl s'est déroulée de mai à {{date-|octobre 1986}}<ref>[https://m.youtube.com/watch?v=TiZe1BB5MLA# Film Vinci sur la construction du nouveau confinement, citation à 21 sec, consulté le 12 mai 2019].</ref>. Pour en célébrer la fin, un drapeau rouge a été hissé au-dessus de la tour de refroidissement. Les noms des liquidateurs sont mentionnés sur la dernière pièce métallique fixée au sarcophage. Une seule personne y repose : Valeri Kodemtchouk, un employé de la centrale mort à son poste dans la salle de pompage au moment de l'explosion et dont le corps n'a jamais été retrouvé<ref>{{lien web|langue=en|url=https://www.express.co.uk/showbiz/tv-radio/1136189/Chernobyl-cast-Who-is-Valery-Valery-Khodemchuk-What-happened-final-HBO-Sky|site=express.co.uk|titre=Chernobyl: Who is Valery Khodemchuk? What happened to him?|auteur=Molli Mitchell|date=4 août 2020}}.</ref>.

Un hélicoptère {{lnobr|Mil Mi-8|Mi-8}} s'est écrasé pendant l'édification du sarcophage, entraînant la mort de son équipage. Les [[pale]]s ont percuté le câble d'une grue. La scène a été filmée par le cinéaste Vladimir Chevtchenko.

Selon Viatcheslav Grichine, membre de l'Union Tchernobyl, principale organisation des liquidateurs, sur {{nombre|600000|liquidateurs}}, « {{formatnum:25000}} sont morts et {{formatnum:70000}} restés handicapés en Russie, en [[Ukraine]] les chiffres sont proches, et en [[Biélorussie]] {{formatnum:10000}} sont morts et {{nombre|25000|handicapés}} »<ref>{{article|titre=Selon un rapport indépendant, les chiffres de l'ONU sur les victimes de Tchernobyl ont été sous-estimés|date=07.04.2006|périodique=Le Monde|url=https://www.lemonde.fr/planete/article/2006/04/07/les-chiffres-de-l-onu-sur-les-victimes-de-tchernobyl-auraient-ete-sous-estimes_759215_3244.html?xtmc=onu_sur_les_victimes_de_tchernobyl_ont_ete_sous_estimes&xtcr=1}}.</ref>.

{{Gallery |width=170 |height=170 |lines=2 |align=center
|Fichier:4th block of the Chernobyl Nuclear Power Plant.jpg|Vue du {{1er}} sarcophage<br />(en 2005).
|Fichier:The damaged unit 4 reactor and shelter at Chernobyl (02710156).jpg|Réacteur nº 4 et {{1er}} sarcophage (en 2010).
}}

=== Évacuation tardive des populations ===
[[Fichier:View of Chernobyl taken from Pripyat zoomed.JPG|thumb|right|250px|Vue de la centrale nucléaire depuis la ville de [[Prypiat]], toute proche.]]
[[Fichier:Pripyat 1986.ogg|vignette|Message d’évacuation diffusé à Prypiat.]]
{{article connexe|Retombée radioactive}}

Le {{Date-|26|avril|1986}}, la population locale n’est pas prévenue de l'accident et poursuit ses activités habituelles sans prendre de précautions particulières, les autorités soviétiques considérant que la panique est bien plus dangereuse que la radioactivité<ref>{{Ouvrage|auteur1=Georges Charpak, Richard L. Garwin, Venance Journé|titre=De Tchernobyl en tchernobyls|éditeur=Odile Jacob|année=2005|passage=219}}.</ref>. Les habitants de [[Prypiat]], petite ville située à {{unité|3|km}} de Tchernobyl, ne sont pas immédiatement informés sur la gravité de la situation. Ils vivront une journée comme les autres, envoyant leurs enfants à l'école, les emmenant jouer au square. Ils ne seront évacués que {{nobr|30 heures}} après l'accident<ref>''Tchernobyl forever'', documentaire d’Alain de Halleux (France, 2011, 55 min).</ref> après décision de la Commission gouvernementale intervenue le 26 avril à 23h00<ref name=":8" />. À [[Prypiat]] toujours, {{nobr|900 élèves}} âgés de {{unité|10|à=17|ans}} participent à un « marathon de la paix » qui fait le tour de la centrale.

L'évacuation est officiellement annoncée le 27 avril 1986 à 11h00<ref name=":8" /> et débute le {{date|27|avril|1986-}} à {{Heure|14}} et les {{nombre|49360|habitants}}<ref>{{Lien web|langue = en|url = http://www.chernobylee.com/articles/chernobyl/my-journey-to-chernobyl-6.php|titre = My visit to Chernobyl|site = chernobylee.com|consulté le = 16/07/2014}}.</ref> de [[Prypiat]] sont les premiers concernés. Ils n'ont été informés que quelques heures auparavant par la radio locale, qui leur demandait de n'emporter que le strict minimum et leur promettait qu'ils seraient de retour sous {{unité|2|ou=3|jours}}. Emmenés par l'armée, ils sont hébergés dans des conditions précaires dans la région de Polesskoïe, elle-même gravement touchée par les retombées radioactives.

Au début du mois de mai, les {{nombre|115000|personnes}} habitant dans un rayon de {{Unité|30|km}} autour du site sont évacuées, opération qui se poursuit jusqu'à la fin du mois d'août. Chaque évacué reçoit une indemnité de {{unité|4000|[[rouble]]s}} par adulte<ref group="alpha">Cette somme correspond à un an de salaire moyen.</ref> et {{unité|1500|roubles}} par enfant. Les évacuations touchent au total environ {{nombre|250000|personnes}} de [[Biélorussie]], de [[Russie]] et d’[[Ukraine]]. [[Slavoutytch]], une ville comptant plus de {{nombre|30000|habitants}} à la fin de l'année 1987, est créée ''[[ex nihilo]]''.

Quatre « zones de [[contamination radioactive]] » décroissantes sont définies. Deux d'entre elles ne sont pas évacuées, mais les habitants disposent d'un suivi [[Médecine|médical]] et de [[Prime de risque|primes de risque]].

=== Gestion administrative et politique ===
==== Autorités locales et échelons bureaucratiques ====
Dans les premières heures qui suivent la catastrophe, l'opacité créée par les différents échelons administratifs est totale. [[Mikhaïl Gorbatchev]], secrétaire général du [[Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique]], n'est informé officiellement que le {{date-|27 avril}}. Avec l'accord du [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|Politburo]], il est forcé de faire appel au [[KGB]] pour obtenir des informations fiables<ref>Documentaire France 3 / Play Film, témoignage de Gorbatchev.</ref>{{refinc|date=octobre 2019}}. Le document qui lui est transmis parle d'une explosion, de la mort de deux hommes, de l'arrêt des tranches 1, 2 et 3. Les rapports faits au dirigeant soviétique sont entourés d'« un luxe de précautions oratoires »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Mikhaïl Gorbatchev|titre=Mémoires|éditeur=Le Rocher|année=1997}}.</ref>.

==== Rôle des pays occidentaux ====
[[Fichier:SPOT-1-1986-05-01-Tchernobyl-PAN.jpg|vignette|Image satellite prise le {{date-|1 mai 1986}} par le satellite français [[SPOT-1]].]]
Le {{date-|28 avril}} au matin, un niveau de [[radioactivité]] anormal est constaté dans la [[centrale nucléaire de Forsmark]] en [[Suède]], qui entraîne l'évacuation immédiate de l'ensemble du site, par crainte d'une fuite radioactive interne. Mais les premières analyses montrent que l'origine de la [[Contamination (toxicologie)|contamination]] est extérieure à la centrale et vient de l'est. L'après-midi du même jour, l'[[Agence France-Presse]] rapporte l'incident<ref name="croix">{{Lien web|titre=26 avril 1986, explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl |périodique=[[La Croix]] |url=https://www.la-croix.com/Monde/Europe/26-avril-1986-explosion-centrale-nucleaire-Tchernobyl-2016-04-24-1200755534|consulté le=8 mai 2019}}.</ref>.

À partir de ce moment, toutes les [[hypothèse]]s sont formulées par les [[média]]s occidentaux. Les informations arrivent au compte-goutte (entretien à [[Kiev]] de personnes évacuées de la zone, etc.). L'agence de presse [[Tass (agence de presse)|TASS]] parle le {{date-|29 avril}} d'un accident « de gravité moyenne survenu à la centrale nucléaire de Tchernobyl », le {{citation|premier de cette nature}}, citant le [[Conseil des ministres de l'URSS]]. Alexandre Liachko, le premier ministre ukrainien, affirmera finalement que {{citation|les autorités de Moscou n'ont été mises au courant de la pleine gravité de la catastrophe que quarante-huit heures après les faits}}<ref name="croix" />. En même temps, les photos satellites du site de la centrale fournissent les premières images de la catastrophe.

==== Communication de crise ====
Pour [[Mikhaïl Gorbatchev]], la catastrophe constitue la première mise en œuvre de la politique de ''[[glasnost]]'' (« transparence ») présentée au cours du {{XXVIIe}} congrès du [[Parti communiste de l'Union soviétique|PCUS]] ([[25 février]] – {{Date-|6|mars|1986}}), et qui a rencontré de fortes oppositions. Dans son esprit, l'accident constitue « un nouvel argument fort en faveur de réformes profondes ».

Le {{date|14|mai|1986-}}, Gorbatchev prononce une allocution télévisée de {{nobr|45 minutes}} dans laquelle il reconnaît l'ampleur de la catastrophe. Il rejette les accusations de dissimulation portées par les médias occidentaux et affirme que lui-même et la direction du parti n'avaient initialement pas conscience de son ampleur. La reconnaissance publique de la catastrophe et la mise en cause du système tranchent de façon importante avec la censure habituelle<ref>{{lien web|url=https://www.lhistoire.fr/tchernobyl-enqu%C3%AAte-sur-une-catastrophe-annonc%C3%A9e|site=lhistoire.fr|titre=Tchernobyl : enquête sur une catastrophe annoncée|auteur=Nicolas Werth|date=avril 2006}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |prénom=Nicolas |nom=Werth|lien auteur=Nicolas Werth |titre=Essai sur l'histoire de l'Union soviétique 1914-1991 |lieu=Paris |éditeur=Perrin |collection=Tempus |date=2019 |page=413-435|isbn=9782262078799}}</ref>.

Il admet que des dysfonctionnements profonds ont eu pour conséquence que « ni les politiques ni même les scientifiques n'étaient préparés à saisir la portée de cet événement ». Cette volonté de [[Transparence démocratique|transparence]] ne va pas sans une très importante [[propagande]] autour des travaux réalisés, destinée à mettre en valeur la « bataille contre l'atome ». Une banderole apposée sur le réacteur éventré proclame que « le peuple soviétique est plus fort que l'atome », tandis qu'un [[drapeau rouge]] est fixé au sommet de la tour d'aération de la centrale à l'issue des travaux de déblaiement.

Pendant {{nobr|15 ans}}, seuls les {{nobr|56 premiers}} décès seront reconnus par les autorités<ref>[http://www.chernobyl-day.org/article/la-bataille-de-tchernobyl ''La Bataille de Tchernobyl'', partie 2 – {{nobr|11 minutes}}].</ref>.

==== Gestion des déchets ====
Une grande quantité de déchets radioactifs a été produite à la suite de l'accident. Une partie de ces déchets a été conservée sous le ''sarcophage'' ; une autre a été stockée en surface, ou enfouie dans de nombreux dépôts et tranchées (au nombre de {{nombre|1000}} rien qu'en Ukraine, où le volume de déchets a été évalué à environ {{Citation|un million de mètres cubes et une radioactivité de {{nobr|14 pétabecquerels}}}}<ref name=IRSN_BD2000>{{Lien web|titre=Caractérisation des sites de stockage de déchets issus de Tchernobyl|auteurs=Christine Brun-Yaba, Gérard Deville-Cavelin, Michel Colin (Laboratoire d’Études des Stockages de Surface)|url=http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/aktis-lettre-dossiers-thematiques/RST/RA-DPRE-2000/Documents/RAdpre00-prog7.pdf|site=le site de l'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]]|passage=67|format électronique=pdf}}.</ref>.

Ces déchets ont été répartis selon leur niveau d'activité. Ceux de moyenne et de haute activité ont été stockés dans des casemates en béton ou des tranchées, ceux de faible activité (bois, matériaux, sols...) ont été enfouis sous des tumulus de terre. À l'heure actuelle, seules les tranchées accueillent encore ces déchets. Comme bon nombre de ces tranchées ne sont pas étanches, des radionucléides ont pu s'échapper vers les eaux souterraines. Pour y remédier, les autorités ont élaboré des aménagements tels qu'un système de drainage des eaux, des barrières, ou encore des puits de surveillance. En outre, des tranchées ont été construites afin d'accueillir de nouveaux déchets, notamment sur le site de Buriakovka en 2019. Il en est de même sur le site de Vektor qui doit accueillir des déchets de la centrale de Tchernobyl, mais également d'autres centrales ukrainiennes<ref name=IRSN>{{Lien web|titre=Les déchets radioactifs résultant de l’accident de Tchernobyl |url=https://www.irsn.fr/FR/Actualites_presse/Actualites/Documents/20210421_NI-dechets-Tchernobyl-avril-2021.pdf}}.</ref>.

Avec l'aide de la France et de l'Allemagne, une base de données a été créée (de [[1999]] à mi-[[2000]]<ref name=IRSN_BD2000/>) pour décrire et localiser ces déchets et permettre leur suivi, pour les trois États principalement concernés<ref name=IRSN_BD2000/> à partir des informations qu'ils ont pu ou voulu fournir ; avant d'être complétée au fur et à mesure par des données nouvelles (via {{nobr|426 enregistrements}}<ref name=IRSN_BD2000/>, la base contenait (en 2000) l'équivalent de 45 % environ des dépôts estimés dans les zones contaminées<ref name=IRSN_BD2000/>). Des incohérences de données ont été détectées entre les versions russes et anglaises, et {{Citation|des lacunes importantes dans les données sur les émetteurs alpha et bêta rendent délicate la classification de certains déchets}} précisent les gestionnaires de la base<ref name=IRSN_BD2000/>.

==== La « Cassandre de Tchernobyl » ====
{{Section à sourcer|date=juin 2021}}

Lioubov Kovalevskaïa est une journaliste russe qui a tenté d’alerter l’opinion publique sur le risque d’accident nucléaire six mois avant la catastrophe de Tchernobyl<ref name="Gouzée">{{Article |auteur=Nadine Gouzée |titre=Casser le mythe de Cassandre |périodique=Reflets et perspectives de la vie économique |année=2002|tome=XLI|numéro=1|pages=5-17|url=https://www.cairn.info/revue-reflets-et-perspectives-de-la-vie-economique-2002-1-page-5.htm|consulté le=02 mai 2020}}.</ref>. Elle a travaillé comme rédactrice en chef du journal ''La tribune de l’énergéticien'' de la centrale de Tchernobyl à partir de 1980. À partir de 1983, ayant observé « une fuite de vapeur radioactive [ayant] contaminé le site et atteint [[Prypiat]] » et enquêté à ce sujet, elle a cherché, à travers plusieurs articles censurés et édulcorés, à alerter les lecteurs sur le manque de [[sûreté nucléaire]] de la centrale. C’était un risque dont elle était témoin, et dont elle a été tragiquement victime, ayant été {{citation|gravement irradiée}}, ainsi que sa fille<ref name="Gouzée"/>. Dans ses articles, la censure ne l’a jamais laissée faire plus qu'une allusion aux dysfonctionnements qu’elle constatait.

Après quelques années, elle a démissionné de son poste. Dans la foulée, au début de 1986, elle a osé publier un article dans ''L’Ukrainien littéraire'' (de Kiev), affirmant plus clairement cette fois-ci que la centrale « n’était pas sûre ». L’administration communiste a alors ouvert une enquête visant à l’exclure du Parti, même si cette publication, improbable dans une revue littéraire, ne pouvait pas avoir d’impact important sur l’opinion publique de l’URSS.

Elle a ensuite écrit deux ouvrages : ''Tchernobyl secret'' et ''Le journal de Tchernobyl'' et donné une interview<ref>au journal Libération du mercredi {{date-|25 avril 1990}}, disponible en PDF sur le net.</ref>. Ainsi ''a posteriori'' a-t-elle été surnommée la « Cassandre de Tchernobyl » et [[Mikhaïl Gorbatchev]] l’a félicitée pour son « courage civique ».

== Conséquences ==

=== Modernisation et sécurisation des réacteurs RBMK ===

==== Réduction du coefficient de vide positif ====
Pour réduire l'effet déstabilisant du coefficient positif de température des RBMK, les deux principales mesures ont été :

* l'ajout, dans le cœur du réacteur, d'un certain nombre de barres absorbantes fixes permanentes en remplacement d'assemblages de combustible<ref name=":13" /> ;
* l’augmentation progressive de l'enrichissement du combustible passé de 2 à 2,6%<ref name=":13" />.

Sans rendre le coefficient négatif, ces mesures ont contribué à le réduire significativement.

==== Modification du système d'arrêt d'urgence ====
Pour remédier aux défauts de ce système, les mesures immédiates d'amélioration sous l'égide de l'[[Agence internationale de l'énergie atomique|AIEA]] ont été les suivantes :

* Installation d'un second système d'arrêt rapide ou Système de Protection d'Urgence (SPU) de 24 nouvelles barres pouvant descendre en 7 ou 2,5 secondes en fonction de l'option choisie<ref name=":13" />.
* Modification de la conception des barres absorbantes<ref name=":13" />
* Réduction sur le système d'arrêt principal du temps d'introduction des barres de contrôle passé de 18 à 12 secondes<ref name=":13" />.
* Installation de nouveaux signaux d'alarme pour le déclenchement de l'arrêt d'urgence<ref name=":13" />.
* Mise en place d'alarme spécifique et d'un arrêt manuel lorsque la puissance du réacteur passe en dessous de 700 MW ou si le nombre de barres de contrôle amovibles est inférieur à 30 dans le cœur du réacteur<ref name=":13" />.

=== Suicide de l'académicien Valeri Legassov ===
Deux ans après la catastrophe, [[Valeri Legassov]], scientifique (directeur de l'[[Institut Kourtchatov|Institut Kourtchatov de physique nucléaire]]) et haut fonctionnaire soviétique chargé des questions nucléaires, et qui a co-écrit et présenté le rapport de la première ''commission gouvernementale chargée de la gestion de Tchernobyl'', se pend après avoir dénoncé les défauts des centrales nucléaires russes, mal conçues à cause des difficultés financières de l'Union soviétique, et il publie à titre posthume un article dans la ''[[Pravda]]''<ref>{{Article|auteur=Valeri Legassov|titre=Mon devoir est d'en parler|périodique=La [[Pravda]]|date=20 mai 1988}}.</ref>{{,}}<ref name=":8" />.

Son témoignage est publié par la Pravda le 20 mai 1988. Il y écrivait « ''Lors du rapport qu’il fit à la réunion du 14 juillet 1986, N.I. Ryjkhov (Premier ministre et membre du Politburo du PC) affirma que, selon toute apparence, l’avarie à la centrale ukrainienne n’avait pas été fortuite, et que c’était en fait de manière inéluctable que l’économie atomique en était arrivée à un événement aussi grave. Je fus frappé par la justesse de ces propos, étant moi-même incapable de résumer ainsi l’état des choses. Je me rappelais un cas significatif survenu un jour dans une centrale: au lieu de souder correctement un joint du circuit principal, les soudeurs s’étaient contentés de placer une électrode, la soudant à peine en surface. On avait risqué une avarie épouvantable, l’explosion d’une conduite importante, avec perte intégrale du fluide de refroidissement, la fonte de la zone active, la destruction du réacteur, Mais, heureusement, cette centrale disposait d’un personnel discipliné, attentif et précis; en effet, le point non étanche détecté par l’opérateur n’était même pas décelable au microscope. On se lança alors dans des investigations pour découvrir que l’on se trouvait tout simplement en présence d’une soudure bâclée. On se mit ensuite à examiner les documents: ils portaient tous les signatures requises, celle du soudeur qui confirmait avoir effectué un travail de qualité, celle aussi du responsable de la détection par flux gamma qui disait avoir contrôlé ce joint, joint en réalité inexistant. Tout cela au nom de la productivité du travail, à savoir la soudure d’un nombre maximum de joints. Un tel gâchis frappa vivement notre imagination. On s’attacha alors à contrôler ce même secteur dans d’autres centrales, et les résultats ne furent pas partout satisfaisants'' »<ref name=":10" />.

=== Fonctionnement de la centrale après l'accident ===
Les réacteurs 1, 2 et 3 sont maintenus en activité en raison des forts besoins d'électricité en Ukraine. Les conditions d'exploitation et la forte radioactivité obligent à une rotation des équipes afin de respecter les normes sanitaires.

Le 11 octobre 1991 un incendie détruit la salle des machines du réacteur n°2 et réduit le toit du bâtiment à l'état de débris. Le réacteur n°2 est alors mis définitivement hors service<ref name=":9">{{Ouvrage|langue=Fr|auteur1=Belle et Roger BELBÉOCH|titre=Tchernobyl une catastrophe|lieu=Paris|éditeur=Edition Allia|date=1993|pages totales=80|lire en ligne=http://www.dissident-media.org/infonucleaire/Tchernobyl_une_catastrophe_1993.pdf|consulté le=29/08/2023}}</ref>.

=== Polémiques relatives aux conséquences ===
Internationalement, une crise de crédibilité affectant globalement l'énergie nucléaire est déclenchée par l'accident de Tchernobyl.

Selon [[Kate Brown (chercheuse)|Kate Brown]], professeure au ''Massachusetts Institute of Technology'' (MIT), les conséquences réelles du désastre restent largement méconnues et sous-estimées : {{citation|Il s’agit surtout d’occulter les effets des radiations chroniques à faibles doses, afin de détourner l’attention de l’impact possible des essais nucléaires sur les populations. […] Se contenter de ne voir dans Tchernobyl qu’un accident avec un début et une fin, c’est l’utiliser comme un balai pour écarter le vrai sujet : au nom de la paix, nos dirigeants ont fait exploser [[Liste d'essais nucléaires|{{unité|2000|bombes}}]] dans l’atmosphère pendant la guerre froide, qui ont émis 500 fois plus de radioactivité que Tchernobyl. Nous y avons tous été exposés, surtout dans l’hémisphère nord. Depuis 1950, on constate partout une envolée des taux de cancers, surtout chez les enfants, des malformations congénitales, une chute de moitié de la qualité du sperme… Voulons-nous savoir pourquoi ? Ou acceptons-nous un humain en moins bonne santé comme étant le nouveau standard ? À cause du nucléaire, des produits chimiques ? Non, nous devons demander à en savoir plus, et nous armer de données pour résister à ceux qui essaient de nous endormir avec des demi-vérités}}<ref>{{Article |langue=fr|auteur1=Coralie Schaub |titre=Catastrophe de Tchernobyl : «Nous devons demander à en savoir plus». |périodique=Libération |date=26 avril 2019 |lire en ligne=https://www.liberation.fr/planete/2019/04/26/catastrophe-de-tchernobyl-nous-devons-demander-a-en-savoir-plus_1723340 }}.</ref>{{,}}<ref name=":1">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Kate Brown|titre=Manual for Survival|sous-titre=A Chernobyl Guide to the Future|éditeur=Norton|lieu=USA|année=2019}}.</ref>.

==== Survol du territoire français par le panache radioactif ====
En France, [[Pierre Pellerin]], directeur du [[Service central de protection contre les rayonnements ionisants|Service de protection contre la radioactivité]], déclare que l’augmentation de la radioactivité mesurée dans l'air ne cause pas de risques pour la santé publique en France. Cette déclaration est transformée en « le nuage s’est arrêté aux frontières » dans les médias<ref>Pierre Schmidt, [http://gilbert.pasqualini.free.fr/html_nucleaire/Le_nuage_de_tchernobyl.htm Le nuage de Tchernobyl se serait arrêté aux frontières], Les dossiers du Net, 2 mai 2006.</ref>{{,}}<ref>[https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/nucleaire/le-nuage-de-tchernobyl-toujours-present-en-france_30266 En 2016, les retombées de Tchernobyl sont toujours présentes en France], ''[[Sciences et Avenir]]''.</ref>.

La présentatrice du journal météo de [[Antenne 2]], [[Brigitte Simonetta]], annonce le {{date-|30|avril|1986}}, notamment en faisant figurer, de sa propre initiative, un panneau stop, que les prévisions météorologiques permettent de dire que le « nuage » ne devrait pas survoler la France grâce à la présence d'un [[anticyclone]]. Toutefois, à partir du {{Date|30.4.1986}}, les vents s'inversent et le nuage survole le territoire de la France jusqu'au 5 mai<ref name='SPS'>{{Article|langue=fr|auteur=François-Marie Bréon|périodique=Sciences & pseudo-sciences|numéro=335|date=janvier-mars 2021|pages=80-84|titre=Le nuage de Tchernobyl qui s'arrête à la frontière : une fable sans cesse réitérée}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |prénom=Nicolas Beunaiche |titre=«Le nuage s’arrête à la frontière» : de Tchernobyl à Rouen, itinéraire d’un mensonge qui n’en était pas un |url=https://www.leparisien.fr/societe/le-nuage-s-arrete-a-la-frontiere-de-tchernobyl-a-rouen-itineraire-d-un-mensonge-qui-n-en-etait-pas-un-01-10-2019-8164089.php |site=[[Le Parisien]] |date=2019-10-01 |consulté le=2022-03-17}}.</ref>{{,}}<ref name=":14">{{Lien web |langue=Fr |auteur=La rédaction de TF1info |titre=30 ans de Tchernobyl : comment a-t-on pu affirmer que le nuage radioactif ne passerait pas la frontière ? |url=https://www.tf1info.fr/politique/30-ans-de-tchernobyl-comment-a-t-on-pu-affirmer-que-le-nuage-radioactif-ne-passerait-pas-la-frontiere-1508979.html |accès url=libre |site=tf1info.fr |date=25/04/2016 |consulté le=18/02/2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Fr |auteur=Le Monde |titre=La progression du nuage de Tchernobyl en une minute |url=https://www.lemonde.fr/planete/video/2016/04/20/la-progression-du-nuage-de-tchernobyl-en-une-minute_4905544_3244.html |accès url=libre |site=lemonde.fr |date=20/04/2016 |consulté le=18/02/2024}}.</ref>.

Un communiqué du ministère de l'Agriculture daté du {{date-|6 mai}}, mal rédigé car sa formulation est contradictoire, indique que {{citation|le territoire français, en raison de son éloignement, a été totalement épargné par les retombées de radionucléides consécutives à l'accident de la centrale de Tchernobyl. À aucun moment les hausses observées de radioactivité n'ont posé le moindre problème d'hygiène publique}}<ref name='SPS' />.

Le 10 mai, sur le plateau de TF1, Pierre Pellerin reconnaît que la radioactivité est supérieure à la normale, information confidentielle, mais qu’elle ne présente toujours aucun risque pour la santé<ref name=":14" />. Néanmoins, cette position tranche avec la réaction d'autres pays européens notamment en Suisse et en Allemagne où des mesures de précaution de la population sont prises<ref>{{Lien web |langue=Fr |auteur=Frederic Boillat |titre=26 avril 1986, le jour où Tchernobyl a traumatisé l'Europe |url=https://www.rts.ch/info/monde/7639179-26-avril-1986-le-jour-ou-tchernobyl-a-traumatise-leurope.html |accès url=libre |site=rts.ch |date=29/11/2023 |consulté le=18/02/2024}}.</ref>.

Cependant, la Commission de Recherche et d'Informations Indépendantes sur la radioactivité, la [[Commission de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité|Criirad]], formée en 1986 à la suite de l'accident de Tchernobyl, et l'Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans l'Ouest ([[Association pour le contrôle de la radioactivité dans l'Ouest|ACRO]]), aboutissent par analyses directes des sols à des conclusions différentes en soulignant notamment la présence dès fin des années 1980 puis au cours des années 1990 dans le massif des Alpes en France, en Suisse, en Italie et en Autriche, de fortes accumulations de nucléides tel que le [[césium 137]] issus du nuage radioactif et toujours actifs plus de trente cinq ans après la catastrophe<ref>{{Article|langue=Fr|auteur1=Commission de Recherches et d'Informations Indépendante sur la Radio Activité|titre=impact de TCHERNOBYL 29 ans après. Dans les Alpes, certains sols sont toujours des « déchets radioactifs »|périodique=Communiqué de la Crirad|date=31/07/2015|lire en ligne=criirad.org/wp-content/uploads/2017/08/2015-07-31tchernobyl-alpes.pdf|accès url=Libre|format=PDF}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Fr |auteur=Virginie Salanson |titre=Tchernobyl, 30 ans après : quelles conséquences en Rhône-Alpes ? |url=https://www.francebleu.fr/infos/climat-environnement/tchernobyl-30-ans-apres-quelles-consequences-en-rhone-alpes-1461601052 |accès url=libre |site=francebleu.fr |date=26/10/2015 |consulté le=17/02/2024}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=Fr |auteur=Antoine Sillières |titre=Tchernobyl a transformé certains sols du Mercantour en «déchets radioactifs» |url=https://www.lefigaro.fr/sciences/2015/08/03/01008-20150803ARTFIG00317-tchernobyl-a-transforme-certains-sols-du-mercantour-en-dechets-radioactifs.php |accès url=libre |site=lefigaro.fr |date=03/08/2015 |consulté le=17/02/2024}}.</ref>.

=== Conséquences politiques ===
A l'échelle de l'état fédéral et également du monde entier, les failles de l'URSS sont révélés par l'accident.

Pour [[Mikhaïl Gorbatchev]], [[Parti communiste de l'Union soviétique#Organisation|secrétaire général du Comité central du Parti communiste de l'Union soviétique]] au moment de la catastrophe, cet évènement le renforce dans sa détermination de mettre en place les réformes économiques ([[Perestroïka]]) et de transparence politique ([[Glasnost]]) indispensables pour insuffler à l'URSS, sérieusement en difficultés notamment dans l'agriculture<ref>A partir de 1972, l'URSS importait jusqu'à 40 millions de tonnes de céréales en provenance des pays occidentaux pour pallier les déficits structurels de son agriculture. </ref>, les changements nécessaires à sa continuité<ref name=":15">{{Ouvrage|langue=Fr|auteur1=DULLIN Sabine|titre=L'ironie du destin : une histoire des russes et de leur empire 1853-1991|lieu=Paris|éditeur=Payot histoire|année=2021|pages totales=299}}</ref>.

Le {{Date|3.7.1986}}, il tient ce discours devant le [[Politburo du Parti communiste de l'Union soviétique|politburo]] réuni au complet : {{citation|Voilà trente ans que vous autres scientifiques, spécialistes, ministres, n'arrêtez pas de nous dire que tout est fiable. Et vous escomptez que l'on vous regarde comme des dieux ! Or tout cela s'est soldé par un échec. Les ministères et les centres de recherche travaillaient hors de tout contrôle. Tout le système était miné par la flagornerie, l'esprit de chapelle, l'intolérance envers toute pensée hétérodoxe, l'épate et les liens personnels ou claniques avec les dirigeants<ref name=":15" />}}.

En 2011, il affirmait : {{citation|Nous n'avons pas encore pris toute la mesure de cette tragédie}}<ref>{{Lien web |langue=français |auteur1=Gorbatchev |titre=Dépêche de l'AFP, citée par "20 minutes" |url=https://www.20minutes.fr/planete/679093-20110301-planete-25-ans-apres-faut-encore-tirer-lecons-tchernobyl-selon-gorbatchev |date=2011-03-01 |consulté le=2019-10-14}}.</ref>.

=== Déplacements de populations ===
{{article détaillé|Zone d'exclusion de Tchernobyl}}

[[Fichier:Médaille Tchernobyl goutte de sang.jpg|thumb|Une des médailles remises aux [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateur]]s : le symbole représente une goutte de sang traversée par les rayonnements [[Radioactivité α|alpha]], [[Particule β|bêta]] et [[rayon gamma|gamma]].]]
[[Fichier:Pripyat, Ukraine, abandoned city.jpg|thumb|[[Prypiat]], devenue une ville fantôme.]]

Le rapport de 2007 de l'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]] rapporte que, dans la semaine qui a suivi l’accident, les autorités soviétiques ont procédé à l’évacuation des habitants des localités des environs, soit plus de {{nombre|135000|personnes}}, qui ont dû être relogées ultérieurement{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=29}}. Comme le note Philippe Coumarianos : « entre le {{date-|27 avril}} et le [[7 mai]], deux villes et soixante-dix localités, situées dans un rayon de {{nobr|30 kilomètres}} autour de la centrale, furent vidées de leurs habitants. Cette zone d'exclusion couvre une superficie de près de {{unité|300000|hectares}}, à cheval sur les territoires ukrainien et biélorusse. (…) Au total, environ {{nombre|250000|personnes}} quittèrent leurs foyers »{{sfn|Coumarianos|2000|p=81-83}}.

Le déplacement des populations vivant dans les zones d’exclusion a également engendré un coût, et de nombreuses personnes vivent encore en territoire contaminé (en Biélorussie, le pays le plus touché, {{Unité|1.6| million}} de personnes) et connaissent donc des difficultés. Il a également fallu créer de nouveaux établissements de santé et prendre des mesures sanitaires<ref name="IRSN - Sommaire">{{Lien web|titre=1986-2011 - L'accident de Tchernobyl et ses conséquences pour l’environnement et la santé |site=le site de l'Institut de la radioprotection et de la sûreté nucléaire|url=https://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/consequences-homme-environnement/Pages/sommaire.aspx }}.</ref>.

Passant outre les ordres d'évacuation de la [[zone d'exclusion nucléaire]], environ un millier de ''samossioly'' (« colons individuels ») sont revenus y habiter, vivant en [[autarcie]] de leur lopin de terre{{sfn|Werth|2006}} ; en 2007, ils auraient été environ 300, dont la moitié à Tchernobyl.

=== Sanitaires ===
[[Fichier:Tchernobyl radiation 1996.svg|right|thumb|250px|Carte indiquant l'état de la contamination au [[césium 137]] en [[1996]] sur la [[Biélorussie]], la [[Russie]] et l'[[Ukraine]] :
{{légende|#ff0000|Zone fermée/confisquée (Supérieure à 40 curies par kilomètre
carré (ci/km²) de césium 137)}}<br/>
{{légende|#ff6666|Zone de contrôle permanent (15 à 40 ci/km² de césium 137) }}<br/>
{{légende|#ff9999|Zone de contrôle périodique (5 à 15 ci/km² de césium 137) }}<br/>
{{légende|#ffcc66|Zone faiblement contaminée (1 à 5 ci/km² de césium 137) }}]]

{{Article détaillé|Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl|Faibles doses d'irradiation|Conséquences de la catastrophe de Tchernobyl en France}}

==== Radiations ====
L'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]] a publié en 2007 un rapport sur {{citation|Les accidents dus aux rayonnements ionisants}} qui consacre cinq pages à une synthèse des conséquences de la catastrophe de Tchernobyl. {{citation|Des surfaces importantes de trois territoires de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie (correspondant à plus de sept millions d’habitants) ont présenté des dépôts de [[césium 137]] supérieurs à {{unité|37|kBq/m|2}} ({{unité|1|Ci/km|2}}) :
# La région comprise dans un cercle approximatif de {{Unité|100|km}} de rayon autour de la centrale ;
# La région de [[Homiel]], de [[Mahiliow]] et de [[Briansk]] à environ {{Unité|200|km}} au nord-nord-est ;
# La région de [[Kalouga]], [[Toula]] et [[Orel]] à {{Unité|500|km}} au nord-est.}}{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=29}}.

L'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]] rapporte que {{citation|1=deux radionucléides ont soulevé des problèmes sanitaires, tant à cause de leurs effets que des quantités rejetées : le césium 137 avec {{unité|85|PBq}} (2,3 10{{exp|6}} Ci) rejetés et l’[[iode 131]] avec {{unité|1760|PBq}} (47,5 10{{exp|6}} Ci) rejetés}}{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=29}}.

Les plus fortes doses de radiation ont été reçues par le millier de personnes qui sont intervenues sur le site les premiers jours, et ont été exposées à des doses allant de {{unité/2|2|à=20|[[Gray (unité)|gray]]}}. Selon l'[[Agence internationale de l'énergie atomique|IAEA]] et l'IRSN, 134 présentèrent un [[syndrome d'irradiation aiguë]] et 28 décédèrent<ref name="IAEA" />{{,}}{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=61}}. L'[[effet stochastique]] de la [[contamination radioactive]] sur les populations exposées moins fortement n'apparaît que statistiquement, et est plus difficile à mettre en évidence, d'où son caractère très polémique. La distribution dans les premières heures (6-30) de l'accident de tablettes d'iode à la population de [[Prypiat]] (la plus grande ville à proximité de la centrale, dont la population a été évacuée moins de {{nobr|48 heures}} après l'accident) a permis en moyenne de diminuer la dose sur la thyroïde d'un facteur six<ref name="IAEA" />. Selon d'autres experts, allant du [[Comité scientifique des Nations Unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants]] à la [[Commission européenne]] en passant par le [[André Aurengo|professeur Aurengo]], la distribution d'iode a été trop partielle et/ou tardive<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteurs=United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR) | titre=Report to the General Assembly, Volume II, Annex J, Exposures and effects of the Chernobyl accident | éditeur=Organisation des Nations Unies | année=2000 | présentation en ligne=http://www.unscear.org/unscear/en/chernobyl.html | lire en ligne=http://www.unscear.org/docs/reports/2000/Volume%20II_Effects/AnnexJ_pages%20451-566.pdf | consulté le=25 décembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref name=RadiationProtection170 >{{Ouvrage | langue=en | auteurs=Working Party on Research Implications on Health and Safety Standards of the Article 31 Group of Experts: A. Friedl, R. Huiskamp, L. Lebaron-Jacobs, P. Olko, S. Risica, P. Smeesters (chairman), R. Wakeford, S. Mundigl (scientific secretary) | titre=Recent scientific findings and publications on the health effects of Chernobyl | éditeur=European Commission | collection=Radiation Protection | numéro dans collection=170 | année=2011 | présentation en ligne=http://ec.europa.eu/energy/nuclear/radiation_protection/publications_en.htm | lire en ligne=http://ec.europa.eu/energy/nuclear/radiation_protection/doc/publication/170.pdf | consulté le=25 décembre 2011}}.</ref>{{,}}<ref>{{article | prénom = André | nom = Aurengo | titre = Tchernobyl : quelles conséquences sanitaires ? | périodique = La Jaune et la Rouge | numéro = 569 | mois = novembre | année = 2001 | url texte = http://www.industrie.gouv.fr/debat_energie/contribution/pdf/aurengo.pdf | consulté le = 25 décembre 2011 }}.</ref>. Finalement, une très nette épidémie de {{nombre|4000|[[cancer de la thyroïde|cancers de la thyroïde]]}} (au lieu des 50 statistiquement attendus) a été constatée chez les jeunes enfants de la région, directement attribuable à une contamination à l'Iode-131, et conduisant à neuf décès. Cela correspond à une multiplication du taux naturel de ce cancer, très rare chez l’enfant<ref>{{Article|langue = en|auteur1 = DJ. Blackburn, L.A. Michel, A. Rosière, JP. Trigaux, J.E. Donckier.|titre = Outbreak of thyroid papillary carcinoma in young patients. A Chernobyl connection ?|périodique = Journal of Pediatric Endocrinology & Metabolism 2001|numéro = 14|année = 2001|lire en ligne = http://www.surgery-michel.com/|pages = 503-506}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue = en|auteur1 = L. Michel, J. Donckier|titre = Thyroid cancer 15 years after Chernobyl|périodique = Lancet|numéro = 359|année = 2002|lire en ligne = http://www.surgery-michel.com/|pages = 1946-47}}.</ref>, par un facteur entre 10 et 100{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=31}}. Cet excès de cancers de la thyroïde parmi les enfants aurait été évité si toute la population avait bénéficié en temps voulu d’une distribution prophylactique d’iode stable{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=33}}.

Selon l'IAEA<ref name="IAEA" />, les quelque {{nombre|600000|« [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateur]]s »}} qui étaient intervenus sur le site reçurent en moyenne une dose de l'ordre de {{unité|100|[[Sievert|mSv]]}} (de {{unité/2|10|à=500|mSv}}) ; et le taux de mortalité de ce groupe semble avoir augmenté d'environ 5 %, conduisant à une estimation de quatre mille morts supplémentaires. Cependant, si la mortalité a été anormalement élevée, le risque de cancer à proprement parler semble avoir diminué dans ce groupe selon une étude pratiquée sur {{formatnum:8600}} de ces liquidateurs ayant reçu une moyenne de {{unité|50|mSv}} : elle montre une sous-incidence significative de 12 % de l’ensemble des cancers par rapport à la population générale russe, et elle n’a pas permis de mettre en évidence de relation dose-effet significative<ref name="Aurengo2004">{{pdf}} [http://www.academie-sciences.fr/activite/rapport/rapport070405.pdf « La relation dose-effet et l’estimation des effets cancérogènes des faibles doses de rayonnements ionisants »]. [[Maurice Tubiana]] et [[André Aurengo]], Rapport à l'Académie nationale de médecine, octobre 2004. {{p.|26}}.</ref>. L’analyse chez ces liquidateurs a montré une augmentation (double, voire triple) de l’incidence des leucémies, mais sans relation dose-effet significative, ce qui pouvait signifier que cette augmentation apparente n'est qu'un biais de dépistage<ref name=Aurengo2004/>{{,}}<ref>{{article | langue = en | auteurs = M. Hatch, E. Ron, A. Bouville, L. Zablotska, G. Howe | titre = The Chernobyl Disaster: Cancer following the Accident at the Chernobyl Nuclear Power Plant | périodique = Epidemiologic Reviews | volume = 27 | numéro = 1 | pages=56-66 | année = 2005 | résumé = http://epirev.oxfordjournals.org/content/27/1/56.full | url texte = http://epirev.oxfordjournals.org/content/27/1/56.full.pdf | doi = 10.1093/epirev/mxi012 | consulté le = 25 décembre 2011 | issn = 0193-936X }}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteurs=Committee to Assess Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation, National Research Council | titre=Health Risks from Exposure to Low Levels of Ionizing Radiation | sous-titre=BEIR VII – Phase 2 | éditeur=National Academy Press | lieu=Washington, DC | année=2006 | isbn=0-309-53040-7 | présentation en ligne=http://www.nap.edu/catalog.php?record_id=11340 | lire en ligne=http://www.nap.edu/openbook.php?record_id=11340&page=R1 | consulté le=25 décembre 2011|passage=203}}.</ref>. L'IRSN indique que « indépendamment des incertitudes sur les doses reçues par les « liquidateurs », souvent surévaluées en raison des avantages sociaux et des compensations liées au statut de « liquidateur », les données issues du suivi de ces travailleurs sont d’interprétation difficile, notamment à cause de l’éclatement de l’URSS, qui a rendu nombre de « liquidateurs » à leurs pays d’origine »{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=30}}. En reconstruisant les doses des sujets plutôt qu'en utilisant les chiffres officiels donnés par les registres, une étude de 2008 a cependant observé une augmentation significative du nombre de leucémies chez des liquidateurs ukrainiens, ce résultat étant conforté par l'existence d'une relation dose-effet linéaire<ref>{{article|langue = en|auteurs = A.Y. Romanenko, S.C. Finch, M. Hatch {{et al.}}| titre = The Ukrainian-American Study Of Leukemia And Related Disorders Among Cleanup Workers From Ukraine: III. Radiation Rrisks | périodique = Radiation Research | volume = 170 | numéro = 6 | pages=711-720 | année = 2008 | résumé = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2856603/?tool=pubmed |url = https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2856603/pdf/nihms188261.pdf | doi = 10.1667/RR1404.1}}.</ref>{{,}}<ref name=RadiationProtection170/>.

L'IAEA estime qu'il n'y a pas d'effet statistiquement observable sur le taux de leucémie ou de cancer (autre que de la thyroïde) des populations les plus exposées, à savoir {{nombre|116000|personnes}} évacuées des zones hautement contaminées (exposition moyenne estimée à {{unité|33|mSv}}, avec des expositions maximales de l'ordre de quelques centaines de mSv), {{nombre|270000|personnes}} habitant les zones strictement contrôlées (exposition cumulée de l'ordre de {{unité|50|mSv}} entre 1986 et 2005), et les {{nobr|5 millions}} d'habitants des zones faiblement contaminées (de 10 à {{unité|20|mSv}})<ref name="IAEA" />. Ces zones contaminées (à plus de {{unité|37|kBq/m|2}} en Cs-137, soit un curie/km{{2}}) représentent un total de {{unité|200000|km|2}}. Une contamination de 15 Ci par km{{2}} occasionne une dose externe d’environ {{unité|4|mSv/an}}, auxquels il faut ajouter la part de contamination interne provenant des produits utilisés dans la [[réseau trophique|chaîne alimentaire]], doublant en moyenne cette valeur<ref>{{Lien web|titre=Effets des radiations|auteur=Roland Masse|url=http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/websfp/masse.htm}}.</ref>.

Pour l'OMS, la principale cause des décès dus à la catastrophe de Tchernobyl est le stress, pas les radiations<ref>{{Lien web|langue=français|titre=Rapport de 1996. En 2011 l'ONU a rectifié le tir : https://www.un.org/fr/events/chernobyl/25anniversary/background.shtml|url=https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/37332/9242561819_fre.pdf;jsessionid=FDF06A0F85DCF8B5CDB30922A25F5705?sequence=1|consulté le=2019-10-14}}.</ref>. Cependant, il faut rappeler que l'[[Organisation mondiale de la santé|OMS]], organisation de l'ONU, est liée depuis 1959 par ses statuts à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), chargée de promouvoir les usages pacifiques du nucléaire, qui lui interdit d’« entreprendre un programme ou une activité » dans le domaine nucléaire sans consulter cette dernière « en vue de régler la question d’un commun accord » (point 2 de l’article 1) »<ref>[http://www.monde-diplomatique.fr/2008/03/KATZ/15711 Le Monde Diplomatique:] [https://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/37332/9242561819_fre.pdf;jsessionid=FDF06A0F85DCF8B5CDB30922A25F5705?sequence=1].</ref>.

Les personnes évacuées ont ainsi été confrontées à des facteurs de stress aigu, d’où peuvent découler le stress psychologique à long terme, le syndrome de stress post-traumatique et une diminution du bien-être<ref>{{Lien web|langue=en|format électronique=pdf|auteurs=Sonny S. Patel, Jonathan M. Samet|titre=The Psychological and Welfare Consequences of the Chernobyl Disaster|url=http://www.greencross.ch/uploads/media/the_psychological_and_welfare_consequences_of_the_chernobyl_disaster.pdf|date=18 avril 2011}}.</ref>.

[[Kate Brown (chercheuse)|Kate Brown]] indique : {{citation|Officiellement, selon l’ONU, la catastrophe n’aurait fait que 33 à 55 morts, et provoqué 600 cancers infantiles. Le pire accident nucléaire de l’histoire n’aurait pas eu de conséquences si graves que cela. Beaucoup de gens soupçonnaient que c’était largement sous-évalué. En 2014, j’ai commencé à éplucher les très nombreux rapports des médecins locaux, uniquement transmis aux responsables médicaux du KGB et restés secrets. J’ai trouvé une énorme collection, en ukrainien et en russe, sur les « conséquences médicales du désastre de Tchernobyl ». J’ai été choquée par l’ampleur des dégâts sanitaires, par leur visibilité aux yeux de tous. L’été 1986, les registres notent une forte hausse des complications à la naissance, des bébés nés avec des malformations, ou qui meurent dans le mois. Les gens se plaignent de maux de gorge, de problèmes respiratoires et gastro-intestinaux, à force de respirer des poussières radioactives et d’avaler des aliments contaminés. Avant l’accident, 80 % à 90 % des enfants étaient répertoriés comme étant « en bonne santé » ; après, en 1987 et 1988, seuls 10 à 20 % le sont. Le nombre de cancers explose environ 18 mois après l’accident, des leucémies, des cancers de la thyroïde chez les enfants}}<ref name=":1" />.

[[Image:ChernobylMIR.jpg|thumb|250px|left|Photo satellite de la région de Tchernobyl en 1997.]]
En dehors de ces zones, dans le reste de l'[[Europe]], le passage des « nuages radioactifs » multiples<ref>{{article|auteurs=H. ApSimon et J. Wilson|date=1986|titre=Tracking the cloud from Chernobyl|journal=New Scientist|vol=17|pages=42–45|url=https://books.google.fr/books?id=a5CS6IcW0FEC&pg=PA42&lpg=PA42&dq=Tracking+the+cloud+from+Chernobyl&source=bl&ots=Ga0xu9ErnQ&sig=KMm2IR45MvyN6t0eonccs1lt9Wo&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjZ1e-lx5TQAhUGPRoKHQHzC_wQ6AEIPzAF#v=onepage&q=Tracking%20the%20cloud%20from%20Chernobyl&f=false}}.</ref> a conduit à une hausse détectable de la radioactivité<ref>{{article|auteurs=H. ApSimon, J.J.N. Wilson et K.L. Simms|date=1989|titre=Analysis of the dispersal and deposition of radionuclides from Chernobyl across Europe|revue=Proc. R. Soc. Lond. A|vol=425|passage=365–405|doi=10.1098/rspa.1989.0111|url=http://rspa.royalsocietypublishing.org/content/royprsa/425/1869/365.full.pdf|format=pdf}}.</ref>, mais la population a été exposée à moins de {{unité|10|mSv}} (c'est-à-dire deux à quatre fois la dose moyenne annuelle reçue par la radioactivité naturelle). En France, la radioactivité maximale enregistrée a été de l'ordre de {{unité|6|kBq/m|2}}, cinq à six fois plus faible que la limite des « zones faiblement contaminées » (zones où les populations n'ont pas été évacuées). « L'explosion est restée très concentrée près de l'installation, et les retombées ont été dispersées par de grands [[Panache (hydrodynamique)|panaches]] de fumée, qui sont montés très haut dans l'atmosphère et ont traversé l'Europe, diluant leur concentration… Ça aurait pu être bien pire »<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Folks near Chernobyl still cloudy about health|auteur=Mara D. Bellaby|lire en ligne=http://www.nbcnews.com/id/12315750/ns/world_news-world_environment/t/folks-near-chernobyl-still-cloudy-about-health/#.XL1t-tjgqUk|citation=The explosion was very concentrated around the facility and the fallout was spread in great plumes that went high into the atmosphere and crossed Europe, diffusing the concentration… It could have been much worse|description=D'après Didier Louvat, un expert de l'AIEA}}.</ref>.

L'IRSN précise que {{citation|les conséquences radiologiques de l’accident de Tchernobyl sur la santé des populations doivent être dissociées des effets qui ont été causés ou amplifiés par les changements radicaux […] qui ont eu lieu en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union Soviétique]] au même moment. La période post-accidentelle a coïncidé avec la période de restructuration de la ''[[Perestroïka]]'', qui a entraîné une chute brutale de tous les indices économiques, comparable à celle constatée dans des pays en guerre. […] L’effondrement économique a eu un impact significatif sur les taux de mortalité et de morbidité. En Russie, le taux brut de mortalité est passé de 488 pour {{formatnum:100000}} en 1990 à 741 pour {{formatnum:100000}} en 1993, soit une augmentation de 52 %. En 1993, l’espérance de vie des hommes est tombée à cinquante-neuf ans, soit six ans de moins qu’en 1987. […] Si l’on néglige cette augmentation globale de la morbidité et de la mortalité, l’examen isolé des statistiques sur les populations exposées du fait de l’accident peut aboutir à la fausse conclusion que ces effets sont en rapport direct avec l’accident.{{sfn|Nénot|Gourmelon|2007|p=31-32}}}}

Des [[Feu de forêt|incendies de forêts]] et de [[tourbière]]s tels que [[Incendies de forêt en Russie de 2010|ceux qui]] ont accompagné la [[canicule européenne de 2010]] en Russie sont susceptibles de réinjecter brutalement dans l'atmosphère et les eaux superficielles et souterraines des radionucléides ou du plomb qui étaient restés piégés jusque-là dans la [[biomasse (écologie)|biomasse]] et la [[nécromasse]] fongique, lichénique, animale et végétale.

Après l’accident, de nombreux obstétriciens ont jugé plus prudent de mettre un terme à une grossesse, ou ont été incapables de résister à la demande de la future mère, alors que les doses de radiation étaient bien en dessous de celles susceptibles de produire un quelconque effet ''in utero'', mais en quelques semaines les idées fausses ont été largement propagées au sein de la profession médicale<ref name="Trichopoulos1987" />. Néanmoins, selon l'[[Agence internationale de l'énergie atomique]] entre {{formatnum:100000}} et {{formatnum:200000}} avortements en Europe de l'Ouest ont été provoqués à la suite de cette catastrophe<ref name="Trichopoulos1987">{{article|langue=en|auteurs=D. Trichopoulos, X. Zavitsanos, C. Koutis, P. Drogari, C. Proukakis et E. Petridou|titre=The victims of Chernobyl in Greece : Induced abortions after the accident|périodique=British Medical Journal|date=1987|vol=295|page=1100|url=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC1248180/pdf/bmjcred00044-0022.pdf|format électronique=pdf}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|langue=en|lire en ligne=https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3375486/|titre=The LNT Debate in Radiation Protection: Science vs. Policy|auteur=Kenneth L. Mossman|périodique=Dose-Response|volume=10|numéro=2|année=2012}}.</ref>.

En 2000, la plus grande partie des zones contaminées ne présente plus de danger particulier d'irradiation. La dose causée par les [[retombée radioactive|retombées radioactives]] de l'accident ne dépasse encore {{nobr|1 [[Sievert|millisievert]]}} par an que dans les zones qui avaient été fortement contaminées (zones de contrôle permanent), ce qui concerne {{unité|100000|personnes}}<ref name="IAEA" />. C'est l'ordre de grandeur du niveau d'exposition dû à la radioactivité naturelle ({{unité|2.5|[[Sievert|mSv]]/an}} en moyenne, jusqu'à dix fois plus dans certaines régions, sans effets détectables sur les populations). Le {{date-|5 septembre 2005}}, un rapport de {{nobr|600 pages}} a été produit à l'occasion du ''Forum Tchernobyl'' organisé à [[Vienne (Autriche)|Vienne]] réunissant une centaine d'experts sous l'égide notamment de l'[[Agence internationale de l'énergie atomique|AIEA]], de l'[[Organisation mondiale de la santé|OMS]] et du [[Programme des Nations unies pour le développement|PNUD]] : {{citation|Jusqu'à {{Unité|4000|personnes}} pourraient, à terme, décéder des suites d'une radio-exposition consécutive à l’accident}}. Cette étude fut très critiquée et même qualifiée de mensongère<ref name="Kempf">{{Article|titre=Tchernobyl, vingt ans après : plus de {{Unité|16000|morts}}|auteur=Hervé Kempf|date=25 avril 2006|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/planete/article/2006/04/25/plus-de-16-000-morts_765179_3244.html|périodique=Le Monde|consulté le=21 avril 2019}}.</ref>. Élisabeth Cardis, chef du groupe rayonnement et cancer au [[Centre international de recherche sur le cancer|Circ]] de Lyon, estime que, si l'on prend en compte toutes les personnes touchées par les retombées radioactives, soit {{nobr|570 millions}} de personnes, {{citation|nous prévoyons […] {{nombre|41000|cas}} de cancers, thyroïde et autres, tous confondus, liés à l'accident de Tchernobyl dont {{Unité|16000|décès}}}}<ref>{{Article|titre=Tchernobyl : le vrai bilan reste à faire|auteur=Caroline Tourbe|périodique=[[Science et Vie]]|numéro=1063|date=avril 2006|passage=112 à 114}}.</ref>. Les cancers devraient cependant toucher disproportionnellement les habitants de la Biélorussie, de l'Ukraine et des territoires les plus contaminés de la Russie, avec près des deux tiers des cas de cancer de la thyroïde et au moins la moitié des autres cancers<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Carole Bianchi|titre=Dr Elisabeth Cardis : « 41 000 cancers seront liés à Tchernobyl »|périodique=20 minutes|date=25/04/2006|lire en ligne=https://www.20minutes.fr/lyon/82665-20060425-lyon-dr-elisabeth-cardis-41-000-cancers-seront-lies-a-tchernobyl}}.</ref>. Le {{Lien|trad=TORCH report|fr=rapport TORCH|texte=rapport TORCH (The Other Report on Chernobyl)}}, quant à lui, estime que le chiffre pour le monde entier se situera entre {{formatnum:30000}} et {{formatnum:60000}} ; [[Greenpeace]], d’autre part, évalue à {{formatnum:93000}} le nombre de morts en ex-URSS<ref name="Kempf" />{{,}}<ref name=":2">{{Article|langue=en|prénom1=Charles|nom1=Hawley|prénom2=Stefan|nom2=Schmitt|titre=Greenpeace vs. the United Nations: The Chernobyl Body Count Controversy|périodique=Der Spiegel|date=2006-04-18|issn=2195-1349|lire en ligne=https://www.spiegel.de/international/greenpeace-vs-the-united-nations-the-chernobyl-body-count-controversy-a-411864.html|consulté le=2023-08-07}}</ref>{{,}}<ref name=":4">{{Lien web |langue=fr |prénom=Louis-Gilles |nom=Francoeur |titre=Vingt ans après l'incendie du réacteur nucléaire - Greenpeace accuse l'ONU de réduire le bilan de la catastrophe de Tchernobyl |url=https://www.ledevoir.com/environnement/107090/vingt-ans-apres-l-incendie-du-reacteur-nucleaire-greenpeace-accuse-l-onu-de-reduire-le-bilan-de-la-catastrophe-de-tchernobyl |site=Le Devoir |date=2006-04-19 |consulté le=2023-08-07}}.</ref>.

Au cours des années 2000, le réacteur détruit sous le sarcophage reste une menace permanente. Ce premier sarcophage se détériore de jour en jour et n'est plus étanche. Il laisse filtrer les eaux de pluie qui risquent, par écoulement et infiltration naturelle, de contaminer la nappe phréatique qui se situe à l’aplomb{{sfn|AEN/OCDE|2002|p=124-125}}. Un nouveau sarcophage est mis en place en 2016.

{{Article détaillé|Arche de Tchernobyl}}

Le rapport de l'[[Agence internationale de l'énergie atomique]] (AIEA) établi en 2005 recense près de {{nobr|30 morts}} par [[syndrome d'irradiation aiguë]] directement attribuables à l'accident et il estime que 5 % des décès de [[liquidateur (Tchernobyl)|liquidateur]]s serait lié à la catastrophe. Dans les populations locales, {{nombre|4000 [[Cancer de la thyroïde|cancers de la thyroïde]]}} ont été officiellement diagnostiqués entre la catastrophe et 2002, dont la grande majorité est attribuée à la catastrophe. Cependant, ce rapport estime que le nombre de morts supplémentaires par cancer dans ces populations (estimé à {{nombre|4000|morts}} d'après les modèles de [[radioprotection]]) est trop faible par rapport à la mortalité naturelle ({{nombre|100000|morts}}, soit 4 % d'accroissement) pour être détectable par les outils épidémiologiques disponibles<ref name="IAEA">{{Lien web|langue=en|lire en ligne=https://www.iaea.org/sites/default/files/chernobyl.pdf|titre=Chernobyl’s Legacy: Health, Environmental and Socio-Economic Impacts|format=pdf}}. {{Commentaire biblio SRL|The Chernobyl Forum: 2003–2005 - Second revised version. IAEA Division of Public Information}}.</ref>.

==== Décès ====
{{Article détaillé|Conséquences sanitaires de la catastrophe de Tchernobyl}}

===== Rapports officiels des agences onusiennes =====
Selon le rapport officiel de l'[[Organisation mondiale de la santé]]<ref name="OMS |Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident">{{Lien archive|url=https://www.who.int/mediacentre/news/releases/2005/pr38/fr/|titre=Tchernobyl : l’ampleur réelle de l’accident|site=[[Organisation mondiale de la santé]]|horodatage archive=20090130121108}}.</ref> de 2005, jusqu’à {{nombre|4000|personnes}} au maximum pourraient éventuellement à terme décéder des suites d'une radio‑exposition consécutive à la catastrophe de Tchernobyl, dans le cas d'une échelle linéaire sans seuil (les échelles « linéaires avec seuil » ou avec effet d'{{lien|trad=Radiation hormesis|fr=hormèse de radiation|texte=hormèse}}, donnent un maximum théorique encore beaucoup plus faible).

Selon le rapport de l'[[Comité scientifique des Nations unies pour l'étude des effets des rayonnements ionisants|UNSCEAR]] de 2008{{sfn|UNSCEAR|2008|p=64-65}}, les décès attribuables « de façon fiable » à l’exposition au rayonnement produit par l'accident sont estimés à {{nobr|43 décès}} et se déclinent ainsi :
* {{nobr|28 morts}} du syndrome d’irradiation aiguë (parmi le personnel de l'usine et les pompiers) ;
* {{nobr|15 personnes}} dans la population environnante mortes de cancer de la thyroïde (à la suite d’ingestion de lait contaminé par l'iode 131, avant l’application des mesures préventives).

Parmi les survivants du syndrome d'irradiation aiguë, 19 sont morts entre 1986 et 2006, mais les causes des décès sont diverses et généralement pas associées à l'exposition aux radiations.

Le rapport conclut que {{citation|la grande majorité de la population n'a pas à vivre dans la peur des conséquences graves sur la santé de l'accident de Tchernobyl}}. {{refnec|Ce rapport est critiqué par les organisations militantes antinucléaires qui proposent leurs propres contre-analyses}}. Cependant ce rapport a été publié dans des revues scientifiques à comités de lecture dits « ''peer reviewed'' », ce qui n'est pas systématiquement le cas des contre-analyses.

===== Analyses venant de diverses origines par ordre croissant de décès =====
* Selon l'Américain [[Michael Shellenberger]], les chiffres des morts liées à la catastrophe de Tchernobyl sont surestimés : les radiations ne seraient pas aussi nocives et auraient tué au maximum {{nobr|200 personnes}}{{sfn|UNSCEAR|2008|p=179}}{{,}}<ref name="shellenberg">{{Lien web |langue=en |auteur=Michael Shellenberger |titre=It Sounds Crazy, But Fukushima, Chernobyl, And Three Mile Island Show Why Nuclear Is Inherently Safe |url=https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2019/03/11/it-sounds-crazy-but-fukushima-chernobyl-and-three-mile-island-show-why-nuclear-is-inherently-safe/#22ed1dcc1688 |périodique=[[Forbes (magazine)|Forbes]] |consulté le=8 mai 2019}}.</ref>.
* L'article de [[vérification des faits]] du journaliste scientifique Olivier Monod paru en 2019 dans le quotidien français ''[[Libération (journal)|Libération]]'', lequel ne prétend pas trancher entre les différentes conclusions, avance {{citation|une fourchette, ou plutôt un râteau, allant de {{nb|4000 à 200000}}}} morts<ref>{{Lien web|langue=fr|auteur=Olivier Monod|titre=L'accident nucléaire de Tchernobyl n'a-t-il fait que 130 morts ?|url=https://www.liberation.fr/checknews/2019/06/22/l-accident-nucleaire-de-tchernobyl-n-a-t-il-fait-que-130-morts_1731784/|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|date=22 juin 2019|consulté le=2020-05-08}}.</ref>.
* Selon le gouvernement allemand, il existe des chiffres très différents sur les décès : selon [[Greenpeace]]<ref name="green">{{lien web |langue=en |titre=Chernobyl death toll grossly underestimated |url=http://www.greenpeace.org/international/en/news/features/chernobyl-deaths-180406/ |site=greenpeace.org |date=18 avril 2006}}.</ref>{{,}}<ref>{{en}} [http://www.greenpeace.org/international/Global/international/planet-2/report/2006/4/chernobylhealthreport.pdf {{langue|en|texte=The Chernobyl Catastrophe – Consequences on Human Health}}] {{pdf}}, {{p.|23}}.</ref>{{,}}<ref name=":2" />{{,}}<ref name=":4" />, la catastrophe causera de l'ordre de {{nombre|270000|cancers}} ({{nombre|93000|mortels}}) sur {{nobr|70 ans}}, selon l'[[Association internationale des médecins pour la prévention de la guerre nucléaire|IPPNW]] plus de {{nombre|112000 liquidateurs}} seraient décédés et cette association prévoit près de {{formatnum:240000}} nouveaux cas de cancer en Europe d’ici 2056. Le gouvernement allemand montre donc qu'il y a d'énormes divergences d'appréciation, affirme qu'il n'existe pas de danger pour la population allemande, mais que les conséquences de la catastrophe l'ont conduit à sortir progressivement du nucléaire<ref>{{Lien archive|langue=de |titre=Tschernobyl und die Folgen |traduction titre=Tchernobyl et les conséquences |url=https://www.bmu.de/themen/atomenergie-strahlenschutz/nukleare-sicherheit/tschernobyl-und-die-folgen |site=[[Ministère fédéral de l'Environnement (Allemagne)]] |date=2010-04-01|horodatage archive=20180330131556}}.</ref>.
* Selon [[Kate Brown (chercheuse)|Kate Brown]], les conséquences réelles du désastre sont largement méconnues et sous-estimées : il y aurait, par exemple, jusqu'à {{nombre|150000|morts}} en Ukraine selon certains scientifiques de ce pays<ref name="Libé Brown">{{lien web|langue=fr|auteur=Coralie Schaub|url=https://www.liberation.fr/planete/2019/04/26/catastrophe-de-tchernobyl-nous-devons-demander-a-en-savoir-plus_1723340|titre=Catastrophe de Tchernobyl : « Nous devons demander à en savoir plus »|périodique=[[Libération (journal)|Libération]]|date=26 avril 2019|consulté le=13 mars 2022}}.</ref>.
* Près d'un million selon le {{lien|trad=Chernobyl: Consequences of the Catastrophe for People and the Environment|texte=rapport russe d'A. Yablokov}} ({{langue|en|Center for Russian Environmental Policy}} de Moscou), V.B. Nesterenko et A.V. Nesterenko ({{langue|en|Institute of Radiation Safety}} de Minsk) de 2007{{sfn|Yablokov|Nesterenko|Nesterenko|2009|p=210}}{{,}}<ref name="ladocumentationfrancaise">{{Lien web |titre=Tchernobyl : près d’un million de morts, selon de nouvelles études |url=https://reporterre.net/Tchernobyl-pres-d-un-million-de|site=[[Reporterre]] |date=31 décembre 2010}}.</ref>.
* En 2011, [[Helen Caldicott]], militante anti-nucléaire, docteur en médecine de nationalité australienne, s’appuie sur les chiffres du rapport de Yablokov, Nesterenko et Nesterenko (publié en anglais en 2009) qui estime qu’un million de personnes sont déjà décédées des suites de l’accident<ref>{{lien web|langue=en|auteur=Helen Caldicott|url=https://www.nytimes.com/2011/05/01/opinion/01caldicott.html|titre=Unsafe at Any Dose |périodique=[[The New York Times]]|date=2011-04-30|consulté le=2020-06-02}}.</ref>.

=== Techniques ===
Après l'accident de Tchernobyl, un projet de construction d'une [[Centrale nucléaire de Crimée|centrale nucléaire]] en [[Crimée]] fut abandonné<ref>{{Lien web|titre=Valery Pyatnitsky : des leçons doivent être tirées de Tchernobyl, mais le nucléaire ne doit pas être abandonné|url=https://www.euractiv.fr/section/energie/interview/valery-pyatnitsky-des-lecons-doivent-etre-tirees-de-tchernobyl-mais-le-nucleaire-ne-doit-pas-etre-abandonne/|date=19 avril 2011|site=Euractiv}}.</ref>.

La catastrophe a accéléré la recherche sur les réacteurs RBMK et leur modernisation. Elle a également mis en évidence la nécessité d'une enceinte de confinement autour des installations, dont l'efficacité avait été pleinement démontrée lors de l'[[Accident nucléaire de Three Mile Island|accident de la centrale nucléaire de Three Mile Island]]. Le {{date|15 décembre 2000}}, la dernière tranche encore active de la centrale de Tchernobyl a été arrêtée définitivement, sous la pression de l'[[Union européenne]] et en échange d'aides financières<ref>{{Lien web|url=https://www.lesechos.fr/1994/10/lukraine-accepte-de-fermer-la-centrale-nucleaire-de-tchernobyl-890798|titre=L'Ukraine accepte de fermer la centrale nucléaire de Tchernobyl|date=1994-10-05|consulté le=2020-05-01}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=https://www.ina.fr//video/CAB00063987/fermeture-de-tchernobyl-video.html|titre=Fermeture de Tchernobyl|description=reportage diffusé le 14 décembre 2000|consulté le=2020-05-01}}.</ref>.

=== Confinement (sarcophages) et démantèlement du réacteur accidenté ===
{{Article détaillé|Arche de Tchernobyl}}
Depuis sa construction, l'[[eau]] et la neige s'infiltrent dans le premier « sarcophage » : le béton a souffert de la [[radioactivité]], et la structure a été bâtie sur des fondations préexistantes ou sur des structures instables dont l'état n'est plus connu avec précision et est aujourd'hui invérifiable car non accessible à cause de la radioactivité et des débris. En 1997, la [[communauté internationale]] jugeait qu'une intervention sur le site de Tchernobyl était nécessaire. Il s'agissait de stabiliser le premier sarcophage, préparer le site à l’édification du nouveau sarcophage et procéder à sa construction.

En 1999, une première série de travaux de consolidation du toit a été réalisée par les Ukrainiens, en attendant la décision de réalisation du nouveau sarcophage. Au début des études SIP (''{{lang|en|shelter implementation plan}}''), en 1998<ref>{{Lien web|langue=en|titre=The Chernobyl Shelter Implementation Plan|url=https://www.ebrd.com/what-we-do/sectors/nuclear-safety/chernobyl-shelter-implementation.html|éditeur=[[Banque européenne pour la reconstruction et le développement]] (EBRD)}}.</ref>, la priorité a été donnée au renforcement du toit qui menaçait de tomber et risquait ainsi de recontaminer le site.

Entre 2003 et 2006, des travaux de construction d'un bâtiment de vestiaire, d'un hôpital, d'un centre d'entraînement, d'une base de construction, des réseaux d'alimentation en eau et énergies ainsi que d'un bâtiment administratif ont été réalisés. En 2006, à la suite d'un appel d'offres, une entreprise russe a procédé à la stabilisation des parties instables du premier sarcophage. En 2001, le concept « [[arche de Tchernobyl]] » a été choisi. Entre 2002 et 2003, un avant-projet a été réalisé. Un appel d'offres international a été lancé le {{date-|11 mars 2004}} pour la conception, la construction et la mise en service du nouveau confinement. Le consortium Novarka mené par les groupes français [[Vinci (entreprise)|Vinci]] et [[Bouygues]] est chargé des travaux. Les travaux de terrassement ont débuté en 2006 et la construction de l'arche en avril 2012. La désormais emblématique tour de refroidissement (qui se trouve être aussi le logo de Novarka) a été démontée lors des travaux car sa base se trouvait sous le futur sarcophage. De plus, cette tour, plus entretenue depuis la catastrophe, menaçait de s'écrouler sur le toit du sarcophage et de le faire s'effondrer. En {{date-|février 2013}}, le toit d'un bâtiment proche du sarcophage s'est effondré sous le poids de la neige<ref>{{Lien web|langue=en|titre=No impact from Chernobyl roof collapse|url=https://world-nuclear-news.org/Articles/No-impact-from-Chernobyl-roof-collapse|site=world-nuclear-news.org|date=13 février 2013|consulté le= 27 juillet 2024}}.</ref>.

En novembre 2016 est mis en place un sarcophage, « un bâtiment mesurant {{nobr|162 mètres}} de long pour {{nobr|108 mètres}} de haut et un poids total de {{nombre|36000|tonnes}} équipé »<ref>{{lien web|langue=fr|url=http://immobilier.lefigaro.fr/article/36-000-tonnes-de-metal-en-mouvement-pour-securiser-tchernobyl_55a7ba5a-abc3-11e6-a681-5cfa72a17503/|titre={{unité|36000|tonnes}} de métal en mouvement pour isoler Tchernobyl|périodique=[[Le Figaro]]|date=16 novembre 2016}}.</ref>. Le coût total de ce projet atteint {{nombre|1,426|milliard}} d'euros, bien au-delà des {{nobr|432 millions}} d'euros initialement estimés, payés en majeure partie par les pays du [[Groupe des sept (économie)|G7]] et l'Ukraine. Son financement a été géré par la [[Banque européenne pour la reconstruction et le développement]] (BERD).

Ce nouveau sarcophage, en forme d’[[Arche de Tchernobyl|arche]] dont la mise en service a été annoncée en juillet 2019<ref>[https://www.rts.ch/info/monde/10565887-le-sarcophage-recouvrant-la-centrale-de-tchernobyl-a-ete-mis-en-service.html Le sarcophage recouvrant la centrale de Tchernobyl a été mis en service], rts, 10 juillet 2019</ref>, doit abriter des ateliers destinés à décontaminer, traiter et conditionner les matériaux [[Radioactivité|radioactifs]] en vue d'un futur stockage<ref>{{Article|titre=Un deuxième sarcophage pour oublier Tchernobyl|périodique=[[Sciences et Avenir]]|numéro=710|date=avril 2006}}.</ref>. Selon un spécialiste de l'IRSN, le démantèlement nécessitera plusieurs décennies et aucune stratégie n'est encore arrêtée<ref>{{lien web|langue=fr|titre=À Tchernobyl, il faut agir avant qu’il ne soit trop tard|url=http://abonnes.lemonde.fr/planete/article/2017/04/25/a-tchernobyl-il-faut-agir-avant-qu-il-ne-soit-trop-tard_5117038_3244.html|périodique=[[Le Monde]]|date=25 avril 2017}}.</ref>, mais, selon la revue anglophone ''Science'' : {{citation|avec la vie qui vacille encore dans l'Abri, il pourrait être plus difficile que jamais d'enterrer les inquiétants restes du réacteur}}{{refn|group=alpha|Citation originale : {{en}} {{citation étrangère|langue=en|with life still flickering within the Shelter, it may be harder than ever to bury the reactor’s restless remains}}.}}{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|titre=‘It’s like the embers in a barbecue pit.’ Nuclear reactions are smoldering again at Chernobyl|url=https://www.sciencemag.org/news/2021/05/nuclear-reactions-reawaken-chernobyl-reactor|périodique=[[Science (revue)|Science]]|date=2021-05-05}}.</ref>.

=== Économiques ===
L’accident nucléaire a eu un énorme impact économique dans les trois pays. La plus grande conséquence économique est due aux pertes de terrains agricoles et de forêts ({{nombre|784000|ha}} de terrains agricoles et {{nombre|694000|ha}} de forêts ont dû être abandonnés) et d’établissements ruraux. La situation économique problématique consécutive à la chute de l’URSS a également été aggravée par la perte des sources de revenus secondaires qu’étaient la chasse, la pêche…<ref name="IRSN - Sommaire" />

Selon [[Mikhaïl Gorbatchev]], en 1991 l'ensemble de la liquidation a été évalué à {{nobr|18 milliards}} de roubles<ref name=":0" />, soit {{nobr|25 milliards}} de dollars de l'époque{{refnec}}.

En 2011, le coût de la catastrophe de Tchernobyl a été évalué à 175 milliards de dollars<ref name=":10">{{Ouvrage|langue=Fr|auteur1=Marc Molitor|titre=Tchernobyl : déni passé, menace future ?|lieu=Bruxelles|éditeur=Editions Racine|date=Avril 2011|pages totales=284|isbn=978-2-87386-715-7|lire en ligne=https://www.acro.eu.org/wp-content/uploads/2016/05/Tchernobyl_fab2.pdf|consulté le=29/08/2023}}</ref>.

Le [[Arche de Tchernobyl|nouveau sarcophage]], construit avec l'aide d'un financement européen, a coûté {{nombre|1.426|milliard}} d'euros. Il devrait tenir un siècle. Depuis fin 2016, sa structure métallique recouvre le premier sarcophage de béton et de plomb construit à la hâte par les Soviétiques, destiné, lui, à durer {{nobr|30 ans}}.

Sur {{nobr|30 ans}}, plusieurs rapports cités par l'[[Agence internationale de l'énergie atomique]] (IAEA) estiment le coût de la catastrophe de Tchernobyl à plusieurs centaines de milliards de dollars<ref>{{Lien web|langue=en|titre=Chernobyl’s Legacy:Health, Environmental and Socio-economic Impacts and Recommendations to the Governments of Belarus,the Russian Federation and Ukraine|auteur=Tchernobyl Forum 2003-2005|lire en ligne=https://www.iaea.org/sites/default/files/chernobyl.pdf|citation=However, the magnitude of the impact is clear from a variety of government estimates from the 1990s, which put the cost of the accident, over two decades, at hundreds of billions of dollars|passage=33|format=pdf}}.</ref>{{Secnec|date=7 août 2023}}. Pour sa part, le directeur de l'[[Mouvement antinucléaire|organisation antinucléaire]] [[Greenpeace]] France, Pascal Husting, chiffre le coût total de Tchernobyl à {{unité|1000|milliards}}<ref group="alpha">Pascal Hunting a fait cette déclaration lors de l'émission ''On est pas couché'' sur France 2 le 26 mars 2011 : {{citation|La seule [[q:Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|catastrophe de Tchernobyl]] a coûté jusqu'à présent {{unité|1000 milliards}} de dollars, ce qui équivaut au coût total de l'ensemble des centrales nucléaires construites sur terre : 458 centrales}}.</ref>{{Secnec|date=7 août 2023}}.

=== Écologiques ===
Des divergences subsistent au sujet de l'évaluation à long terme des conséquences sur le milieu naturel : la contamination de longue durée de plantes forestières et de gibier, une forte mortalité d'animaux invertébrés ou mammifères, ainsi qu'un impact sur la durée de vie des conifères ont été évoqués<ref>{{lien web|titre=Tchernobyl, 20 ans après - Conséquences sur l’environnement|site=[[La Documentation française]] |url=http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/heritage-sovietique/tchernobyl.shtml}}.</ref>. Certains médias évoquent une nouvelle biodiversité consécutive à l'abandon par l'homme des environs de la centrale<ref>{{lien web|lire en ligne=http://boutique.arte.tv/f5570-tchernobyl_une_histoire_naturelle|titre=Tchernobyl, une histoire naturelle|éditeur=[[Arte]]}}.</ref>. En effet, moins de quinze ans après l'accident, on constate que la nature a repris petit à petit ses droits dans les zones contaminées. Presque toutes les espèces animales se multiplient librement. Cigognes, grues grises et toutes sortes de poissons et oiseaux refont leur apparition. Selon Robert Baker, de l'[[Université Texas Tech|université Tech au Texas]], {{citation|le départ des hommes a contrebalancé beaucoup des effets négatifs liés aux rayons ionisants. L'industrialisation, l'élevage, l'agriculture et la chasse sont des activités plus dévastatrices pour la biodiversité que le pire accident nucléaire}}{{sfn|Coumarianos|2000|p=127-128}}. Cependant, ce point de vue est sujet à débat<ref>{{lien web|lire en ligne=https://www.sortirdunucleaire.org/Commentaires-de-Michel-Fernex-sur-le-reportage|titre=Commentaires de Michel Fernex sur le reportage "Tchernobyl, une histoire naturelle"}}.</ref>. Selon [[Kate Brown (chercheuse)|Kate Brown]], {{citation|dans les zones les plus radioactives, ils ne peuvent même pas capturer de souris, car il n’y en a pas. Il y a aussi très peu de pollinisateurs, donc très peu de fruits et d’animaux frugivores comme les oiseaux. La population d’oiseaux a chuté de 66 % dans ces zones, et ceux qui y vivent souffrent souvent de malformations. Les feuilles et arbres morts ne se décomposent pas, car il n’y a pas assez d’insectes et de microbes pour s’en charger}}<ref name="Libé Brown"/>.

=== Critique du système soviétique ===
Pour l'historien [[Nicolas Werth]], {{Citation|cet événement impulse une réflexion sur la responsabilité du pouvoir central et sur la place de l'Ukraine, la deuxième république soviétique par sa population, au sein de l'URSS : [...] est-elle destinée, après avoir été, sous Staline, un grenier à blé surexploité, à devenir la poubelle nucléaire de l'URSS<ref name="Werth95">{{article |auteur=Nicolas Werth |titre= URSS : comment un empire implose |périodique=L'Histoire |numéro=485-486 |date= juillet-août 2021| page= 95}}.</ref> ?}}

Alors que l'URSS sous la direction de [[Mikhaïl Gorbatchev]] a amorcé un certain nombre de transformations, l'accident nucléaire de Tchernobyl montre au grand jour les faiblesses scientifiques, techniques et de sécurité du pays. Il éclaire d'une lumière crue l'incurie du système en place. Ainsi pour [[Valeri Legassov]], l'accident de Tchernobyl fut {{citation|le point extrême de tout ce qui n'allait pas dans la gestion de l'économie du pays}}<ref name="Moullec">{{Article|titre=Tchernobyl : un accident soviétique|auteur=Gaël Moullec|périodique=[[La Nouvelle Revue d'histoire]]|numéro=80|mois=septembre - octobre|année=2015|passage=51}}.</ref>.

=== Développement des régions touchées ===
Alors que, vingt ans après, la vie dans les régions touchées reste marquée par la catastrophe<ref>{{Ouvrage|titre=Société civile et radioprotection : les enseignements de Tchernobyl, 20 ans après|éditeur=[[Agence pour l'énergie nucléaire|AEN]]-[[Organisation de coopération et de développement économiques|OCDE]]|isbn=978-92-64-02309-3|isbn2=92-64-02309-7|lire en ligne=http://www.oecd-nea.org/rp/reports/2006/nea6171-tchernobyl.pdf |format électronique=pdf}}.</ref>, le [[Programme des Nations unies pour le développement]] (PNUD) a lancé en 2003 un programme spécifique pour le développement des régions touchées par l'accident intitulé {{lang|en|''[[Chernobyl Recovery and Development Programme]]''}} (« Programme pour le développement et le renouveau de Tchernobyl »).

=== Effets juridiques ===
Tirant les leçons des effets catastrophiques de l'absence de transparence et de communication les jours qui ont suivi l'explosion du réacteur {{n°|4}} de Tchernobyl (fin {{date-|avril 1986}}), l'AIEA a organisé la rédaction et l'adoption rapide d'une [[Convention sur la notification rapide d'un accident nucléaire]] ainsi qu'une Convention sur l'assistance en cas d'accident nucléaire ou de situation d'urgence radiologique (dont l'adoption sera plus lente)<ref>Kiss A.C (1986) L'accident de Tchernobyl : ses conséquences au point de vue du Droit international [archive]. Annuaire français de droit international, 32(1), 139-152.</ref>.

Un procès s'est déroulé du 7 au {{date-|30 juillet 1987}} dans une salle d'audience provisoire installée à la Maison de la Culture de la ville de Tchernobyl. Cinq employés de l'usine : [[Anatoli Diatlov]] (l'ancien ingénieur en chef adjoint), Viktor Brioukhanov (l'ancien directeur de l'usine), Nikolaï Fomine (l'ancien ingénieur en chef), Boris Rogojine (le directeur d'équipe du réacteur 4) et Alexandre Kovalenko (le chef du réacteur {{n°|4}}) ainsi qu'Iouri Laouchkine, inspecteur du Gosatomenergonadzor (''Comité d'État de l'URSS sur la surveillance de la conduite sûre du travail dans l'énergie atomique'') ont été condamnés respectivement pour les trois premiers à dix ans, puis cinq, trois et deux ans dans des [[Camp de travail pénitentiaire|camps de travail]] du [[Goulag]]<ref>[https://www.nytimes.com/1987/07/30/world/chernobyl-officials-are-sentenced-to-labor-camp.html|title=Chernobyl Officials Are Sentenced to Labor Camp],[[The New York Times]]</ref>. La condamnation est publiée par la radio d'État après deux jours, mais passée sous silence par les autres médias<ref>{{lien web|url=https://www.universalis.fr/evenement/7-31-juillet-1987-condamnation-de-responsables-de-tchernobyl/|site=universalis.fr|titre=7-31 juillet 1987|sous-titre=U.R.S.S. Condamnation de responsables de Tchernobyl}}.</ref>. Les familles d'[[Aleksandr Akimov]], Leonid Toptounov et Valery Perevoztchenko avaient reçu des convocations officielles, mais les poursuites contre les employés avaient pris fin à leur mort.

Anatoli Diatlov a été reconnu coupable « de mauvaise gestion criminelle d'entreprises potentiellement explosives » et condamné à dix ans d'emprisonnement (il en purgera trois) pour son rôle dans la surveillance de l'expérience, qui a joué dans l'accident.

== Dans les arts et la culture populaire ==
=== Filmographie ===
==== Documentaires ====
* ''[[Tchernobyl Chronique des jours graves]]'' (1986) réalisé par [[Vladimir Shevchenko]], premier métrage documentaire tourné à Tchernobyl<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Tchernobyl Chronique des jours graves de Shevchenko; témoignage utile |url=https://voyages.ideoz.fr/tchernobyl-chronique-jours-graves-chernobyl-the-severe-days-vladimir-shevchenko-film-documentaire-ukrainien/ |site=IDEOZ Voyages |consulté le=2022-12-05}}.</ref>.
* ''Black Wind, White Land'' (1993) de [[Gene Kerrigan]].
* ''Controverses Nucléaires'' (2003) de [[Wladimir Tchertkoff]].
* ''Le Sacrifice'' (2003) de Wladimir Tchertkoff.
* ''La bataille de Tchernobyl'' (2006) de [[Thomas Johnson (réalisateur)|Thomas Johnson]]
* ''Tchernobyl, une histoire naturelle ?'' (2010) de [[Luc Riolon]]
* ''Tchernobyl, The Lost Tapes'' (2022) de James Jones<ref>{{Article|langue=fr|titre=« Chernobyl. The Lost Tapes », sur Histoire TV : au cœur de l’enfer et des mensonges d’Etat|périodique=Le Monde.fr|date=2023-04-26|lire en ligne=https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2023/04/26/chernobyl-the-lost-tapes-sur-histoire-tv-au-c-ur-de-l-enfer-et-des-mensonges-d-etat_6171122_1655027.html|consulté le=2023-05-13}}</ref>.

==== Films ====
* ''[[La Désintégration (film, 1990)|Raspad]]'' (1990), film réalisé par Mikhaïl Belikov, diffusé à la télévision avec ce titre. D'autres titres circulent, ''La Désintégration'' ou ''L'Effondrement'' sur l'Iconothèque russe et soviétique<ref>{{lien web |langue=fr |titre=''Raspad'' [''L'Effondrement''] |url=http://iconotheque-russe.ehess.fr/film/13/ |éditeur=Iconothèque russe et soviétique - [[École des hautes études en sciences sociales|EHESS]] |date=23 avril 2007 |consulté le=13 mars 2022}}.</ref>.
* ''[[Universal Soldier : Régénération|Universal Soldier: Régéneration]]'' (2009), des terroristes prennent le contrôle de Tchernobyl et menacent de faire exploser son réacteur.
* ''[[La Terre outragée]]'' (2011) réalisé par [[Michale Boganim]], premier long métrage de fiction tourné à Tchernobyl.
* ''[[Chroniques de Tchernobyl]]'' (2012), réalisé par Bradley Parker.
* ''[[La Supplication (film)|La Supplication]]'' (2016), réalisé par [[Pol Cruchten]].
* ''[[Chernobyl: Under Fire]]'' (2021) de [[Danila Kozlovski]]. Il met en scène des pompiers tentant d'arrêter l'incendie de la centrale.

==== Séries télévisées ====
* ''[[Chernobyl (mini-série)|Chernobyl]]'', une mini-série de cinq épisodes d'une heure, produite en 2019 par [[HBO]] en partenariat avec [[Sky (opérateur)|Sky]]. Elle raconte le début de la catastrophe et sa gestion progressive par les autorités et les secours<ref>{{Lien web|titre=Chernobyl, nouvelle mini-série HBO|url=https://www.ocs.fr/actualite/chernobyl-nouvelle-mini-serie-hbo-partir-du-7-mai-en-us24|site=le site d'[[OCS (bouquet)|OCS]]|consulté le=8 mai 2019}}.</ref>.

=== Romans ===
* '' [[La Nuit Tombée]]'', d'[[Antoine Choplin]], publié en 2012 chez [[Editions La Fosse Aux Ours|La Fosse aux Ours]]<ref>{{Lien web|titre=La Nuit Tombée|url=https://lafosseauxours.com/litteraturefrancaise/la-nuit-tombee|consulté le=5 octobre 2023}}.</ref>.[https://www.babelio.com/livres/Choplin-La-nuit-tombee/395806]

=== Bandes dessinées ===
* ''[[Un printemps à Tchernobyl]]'', d'[[Emmanuel Lepage]], publiée en 2012 chez [[Futuropolis (maison d'édition)|Futuropolis]]. Reportage graphique où l'auteur raconte son expédition sur les sites contaminés.
* ''[[Les Chiens de Pripyat]]'', d'[[Aurélien Ducoudray]] (scénario) et [[Christophe Alliel]] (dessin), 2 tomes publiés entre 2017 et 2018 chez [[Bamboo Édition|Bamboo]] (collection [[Grand Angle]]). Récit sur les opérations d'extermination des chiens errants (et autres animaux contaminés) qui pullulent dans la ville abandonnée de Pripyat, première ville touchée par la catastrophe de par sa proximité immédiate avec la centrale nucléaire.

=== Musique ===
* L'album ''[[Killing Technology]]'' du groupe de [[thrash metal]] canadien [[Voivod]], sorti un an après l'accident, se base en partie sur celui-ci.
* En 2010, la chanteuse Alyosha représente l'Ukraine à l'Eurovision avec sa chanson ''Sweet People'', qui parle de Tchernobyl. Un clip fut tourné dans la ville de Pripyat, le réalisateur refusant de tourner avec un enfant dans Tchernobyl.
* En 2014, [[Steve Rothery]] sort un album intitulé ''The Ghosts of Pripyat''.

=== Jeux vidéo ===
Plusieurs jeux vidéo évoquent la catastrophe de Tchernobyl :
* Série ''STALKER'' : jeu vidéo dont l'histoire se déroule dans les années 2010 et a trait à l'accident de Tchernobyl et à l'univers fantastique qu'il a engendré (''[[STALKER: Shadow of Chernobyl|Shadow of Chernobyl]]'', ''[[STALKER: Clear Sky|Clear Sky]]'', ''[[STALKER: Call of Pripyat|Call of Pripyat]]'', [[S.T.A.L.K.E.R. 2: Heart of Chornobyl]]).
* ''[[Chernobylite]]'' : Vous y incarnez un physicien, ancien employé de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui enquête sur la mystérieuse disparition de sa compagne.

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|Chernobyl disaster|893442319}}

=== Notes ===
{{Références|groupe=alpha}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}
<!--À classer par ordre alphabétique des auteurs-->
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Galia|nom1=Ackerman|lien auteur1=Galia Ackerman|directeur1=oui|prénom2=Guillaume|nom2=Grandazzi|directeur2=oui|prénom3=Frédérick|nom3=Lemarchand|directeur3=oui|titre=Les Silences de Tchernobyl|sous-titre=l'avenir contaminé|éditeur=éditions Autrement|collection=Frontières|lieu=Paris|année=2006|pages totales=299|isbn=978-2-7467-0821-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Galia|nom1=Ackerman|lien auteur1=Galia Ackerman|titre=Tchernobyl, retour sur un désastre|éditeur=Gallimard|collection=Folio|lieu=Paris|série=Documents|numéro dans collection=38|année=2007|pages totales=162|isbn=978-2-07-034092-7}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Galia|nom1=Ackerman|lien auteur1=Galia Ackerman|titre=Traverser Tchernobyl|éditeur=Premier parallèle|lieu=Clamecy|année=2016|pages totales=170|isbn=979-10-94841-19-8}}.
* {{Ouvrage|auteur1=AEN/OCDE|titre=Évaluation de l’impact radiologique et sanitaire|sous-titre=Mise à jour 2002 de Tchernobyl : 10 ans déjà|année=2002|pages totales=175|isbn=92-64-28487-7|lire en ligne=http://www.oecd-nea.org/rp/pubs/2003/3509-tchernobyl.pdf}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ru-Latn|prénom1=Svetlana|nom1=Aleksievitch|lien auteur1=Svetlana Aleksievitch|traducteur=[[Galia Ackerman]] et [[Pierre Lorrain (journaliste)|Pierre Lorrain]]|titre=[[La Supplication]]|sous-titre=Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse|éditeur=Lattès|lieu=Paris|année=1998|pages totales=267|isbn=2-7096-1914-8}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Association contre le nucléaire et son monde|directeur1=oui|titre=Sous l'épaisseur de la nuit|sous-titre=documents et témoignages sur le désastre de Tchernobyl|éditeur=Association contre le nucléaire et son monde|lieu=Paris|année=1993|pages totales=156}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Bella|nom1=Belbéoch|prénom2=Roger|nom2=Belbéoch|lien auteur2=Roger Belbéoch (physicien)|préface=Cédric de Queiros|titre=Tchernobyl, une catastrophe|sous-titre=quelques éléments pour un bilan|éditeur=la Lenteur|lieu=Paris|année=2012|pages totales=307|isbn=978-2-9540696-0-9}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Kate|nom1=Brown|lien auteur1=Kate_Brown_(chercheuse)|titre=Tchernobyl par la preuve|sous-titre=vivre avec le désastre et après|éditeur= Actes Sud|lieu=Arles (Bouches-du-Rhône)|année=2021|pages totales=524|isbn=9782330144135}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Gildas|nom1=Chassebœuf|prénom2=Emmanuel|nom2=Lepage|lien auteur2=Emmanuel Lepage|préface=Pascal Rueff|titre=Les Fleurs de Tchernobyl|sous-titre=carnet de voyage en terre irradiée|éditeur=la Boîte à bulles|lieu=Antony|année=2012|pages totales=64|isbn=978-2-84953-156-3}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Michel|nom1=Chouha|prénom2=Paul|nom2=Reuss|préface=[[Jacques Repussard]]|titre=Tchernobyl, 25 ans après... Fukushima|sous-titre=quel avenir pour le nucléaire ?|éditeur=éd. Tec & doc|lieu=Paris|année=2011|pages totales=216|isbn=978-2-7430-1364-6|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=pTwKPE41n-oC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Philippe|nom1=Coumarianos|titre=Tchernobyl|sous-titre=après l'apocalypse|éditeur=Hachette Littératures|lieu=Paris|année=2000|pages totales=204|isbn=2-01-235562-5}}.
* {{Ouvrage|langue=ru|prénom1=Anatoli|nom1=Diatlov|lien auteur1=Anatoli Diatlov|titre=Чернобыль. Как это было|traduction titre=Tchernobyl. Comment est-ce arrivé ?|éditeur=Naoutchtekhlitizdat|lieu=Moscou|année=2003|pages totales=191}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Dupuy|titre=Retour de Tchernobyl|sous-titre=journal d'un homme en colère|éditeur=éditions du Seuil|lieu=Paris|année=2006|pages totales=179|isbn=2-02-087969-7}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Nigel|nom1=Hawkes|prénom2=Geoffrey|nom2=Lean|prénom3=David|nom3=Leigh|et al.=oui|titre=Tchernobyl|sous-titre=le récit de la première catastrophe nucléaire majeure de l'Histoire|éditeur=Presses de la Cité|collection=Document|lieu=Paris|année=1986|pages totales=198|isbn=2-258-01839-0}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Guillaume|nom1=Herbaut|responsabilité1=photographies|traducteur=Brian Fulmer et Robert Kremer|titre=Tchernobylsty|éditeur=le Petit Camarguais|lieu=Paris|année=2003|isbn=2-9518105-1-2}}.
* {{Ouvrage |langue=en |lire en ligne=https://www-pub.iaea.org/MTCD/publications/PDF/Pub913e_web.pdf |titre=INSAG-7: The Chernobyl Accident: Updating of INSAG-1 |date=1992 |auteur=IAEA |consulté le=8 novembre 2018 |id=INSAG-71992|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=ru |prénom1=Nikolaj V. |nom1=Karpan |titre=Chernobyl. Vengeance of peaceful atom. |lieu=Dnepropetrovsk |éditeur=IKK Balance Club |année=2006 |isbn=9789668135217 |plume=oui}}
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=uk|prénom1=Igor|nom1=Kostine|lien auteur1=Igor Kostine|traducteur=[[Emilia Koustova]]|champ libre=avec la collaboration de Thomas Johnson|titre=Tchernobyl|sous-titre=confessions d'un reporter|éditeur=France Inter et les Arènes|lieu=Paris|année=2006|pages totales=240|isbn=2-912485-97-5}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Yves|nom1=Lecerf|lien auteur1=Yves Lecerf|prénom2=Édouard|nom2=Parker|titre=L'Affaire Tchernobyl|sous-titre=la guerre des rumeurs|éditeur=Presses universitaires de France|collection=Politique d'aujourd'hui|lieu=Paris|année=1987|pages totales=416|isbn=2-13-041372-2}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Wil |nom1= Mara |titre=The Chernobyl Disaster |sous-titre=Legacy and Impact on the Future of Nuclear Energy |éditeur=Marshall Cavendish Corporation |année=2011 |lieu=[[Tarrytown (New York)|Tarrytown]] |isbn=978-1-60870-378-4 |plume=oui }}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Roland|nom1=Masse|titre=Que doit-on craindre d'un accident nucléaire ?|éditeur=le Pommier|collection=Les petites pommes du savoir|lieu=Paris|numéro dans collection=43|année=2004|pages totales=64|isbn=2-7465-0166-X}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|langue originale=ru-Latn|prénom1=Grigori|nom1=Medvedev|traducteur=Laetitia Lys et Nadine Diatlovic|préface=[[Andreï Sakharov]]|titre=La Vérité sur Tchernobyl|titre original=Чернобыльская хроника (Chronique de Tchernobyl)|éditeur=Albin Michel|lieu=Paris|année=1990|pages totales=318|isbn=2-226-04031-5}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Zhores A. |nom1=Medvedev |lien auteur1=Jaurès Medvedev |titre=The Legacy of Chernobyl |éditeur=W.W. Norton & Company |année=1990 |isbn=978-0-393-30814-3 |lire en ligne=https://archive.org/details/legacyofchernoby00medv/page/37/mode/1up |plume=oui }}
* {{Ouvrage|prénom1=Marc|nom1=Molitor|titre=Tchernobyl|sous-titre=déni passé, menace future ?|éditeur=Racine et RTBF|collection=Société|lieu=Bruxelles et Namur|année=2011|pages totales=275|isbn=978-2-87386-715-7}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Jean-Claude Nénot|auteur2=Patrick Gourmelon|titre=Les accidents dus aux rayonnements ionisants|sous-titre=le bilan sur un demi-siècle|éditeur=IRSN|année=2007|mois=février|jour=15|pages totales=79|lire en ligne=http://www.irsn.fr/FR/Larecherche/publications-documentation/collection-ouvrages-IRSN/Documents/IRSN_reference_les_accidents_dus_aux_rayonnements_ionisants.pdf|format électronique=pdf}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Pierre|nom1=Pharabod|prénom2=Jean-Paul|nom2=Schapira|titre=Les Jeux de l'atome et du hasard|éditeur=Calmann-Lévy|lieu=Paris|année=1988|pages totales=247|isbn=2-7021-1661-2}}.
* {{Ouvrage|langue=en|prénom1=Serhii |nom1=Plokhy|lien auteur1=Serhii Plokhy|titre=Chernobyl: History of a Tragedy |lieu=Londres |éditeur=Allen Lane|année= 2018 |isbn=9780241349038 |plume=oui }}
* {{Chapitre|prénom1=Ferenc|nom1=Rákóczy|lien auteur1=Ferenc Rákóczy|titre chapitre=Devant Tchernobyl|titre ouvrage=Éoliennes|lieu=Lausanne|éditeur=l'Âge d'Homme|année=2007|passage=51-64|isbn=2-8251-3749-9|présentation en ligne=https://books.google.be/books?id=XmhuDnV2YxwC&lpg=PA181&hl=fr&pg=PA53#v=onepage&q&f=false|consulté le=03 décembre 2013}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Tchernobyl|sous-titre=anatomie d'un nuage : inventaire provisoire des dégâts physiques et moraux consécutifs à la catastrophe du 26 avril 1986|éditeur=[[Champ libre|éditions Gérard Lebovici]]|lieu=Paris|année=1987|pages totales=157|isbn=2-85184-178-5}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Wladimir|nom1=Tchertkoff|lien auteur1=Wladimir Tchertkoff|prénom2=Michel|nom2=Parfenov|directeur2=oui|titre=Le Crime de Tchernobyl|sous-titre=le goulag nucléaire|éditeur=Actes Sud|lieu=Arles|année=2006|pages totales=717|isbn=2-7427-6042-3}}.
* {{Ouvrage |langue=en |langue originale=ru |auteur1=Alexey V. Yablokov |auteur2=Vassily B. Nesterenko |auteur3=Alexey V. Nesterenko |titre=Tchernobyl |sous-titre=Consequences of the Catastrophe for People and the Environment |éditeur=Blackwell Publishing pour l'Académie de Sciences de New York |lieu=Boston, Massachusetts |année=2009 |pages totales=328 |isbn=978-1-57331-757-3 |isbn2=1-57331-757-8 |lire en ligne=http://www.foejapan.org/energy/evt/pdf/121214.pdf |format=pdf }}.
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Alexeï V. Yablokov |auteur2=Vassilï B. Nesterenko |auteur3=Natalia Preobrajenskaia |titre=Tchernobyl Conséquences de la catastrophe sur la population et l’environnement |date=avril 2015 |isbn=978-2-9552736-0-9 |lire en ligne=http://independentwho.org/media/Documents_Autres/Tchernobyl_Consequences_de_la_catastrophe_sur_la_population_et_l_environnement_V01PDF.pdf |format=pdf |plume=oui}}
* Alla Yarochinskaya, ''Tchernobyl Vérité interdite'', traduit du russe par Michèle Kahn, Artel/édition de l'Aube 1993. {{ISBN|2-87678-134-4}}.

=== Articles connexes ===
* [[Centrale nucléaire de Tchernobyl]]
* [[Zone d'exclusion de Tchernobyl]]
* ''[[Chernobyl Recovery and Development Programme]]''
* [[Arche de Tchernobyl]]
* [[Liste d'accidents nucléaires]]
* [[Échelle internationale des événements nucléaires]]
* [[Accident nucléaire de Fukushima]]
* [[Catastrophe nucléaire de Kychtym]]
* [[Accident nucléaire de Three Mile Island]]
* [[Débat sur l'énergie nucléaire]]
* [[Agence internationale de l'énergie atomique]]
* ''[[À crier dans les ruines]]'' (2019), roman d'[[Alexandra Koszelyk]] évoquant la catastrophe nucléaire

=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Chernobyl disaster}}
* {{Autorité}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}
* [https://www.franceculture.fr/emissions/la-methode-scientifique/tchernobyl-au-coeur-du-reacteur « Tchernobyl, au cœur du réacteur »], ''La Méthode scientifique'', France Culture, {{date-|29 août 2019}}.
* [http://www.irsn.fr/FR/popup/Pages/tchernobyl_video_nuage.aspx Animation représentant l'activité volumique du césium 137 au-dessus de l'Europe entre le 26 avril et le 6 mai 1986] – site de l'[[Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire|IRSN]].
** [http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/panache-tchernobyl/Documents/irsn_tchernobyl_animation-nuage.pdf Note d'accompagnement]. {{pdf}}
* [http://www.irsn.fr/tchernobyl Les leçons de Tchernobyl] – dossier complet de l'IRSN. [http://www.irsn.fr/FR/connaissances/Installations_nucleaires/Les-accidents-nucleaires/accident-tchernobyl-1986/25ans Tchernobyl, {{nobr|25 ans}} après], Panorama de l'accident.
* [http://www.greenfacts.org/fr/tchernobyl/tchernobyl-greenfacts.pdf Consensus scientifique sur l'accident nucléaire de Tchernobyl] – GreenFacts. {{pdf}}
* {{en}} [http://www.unicef.org/newsline/chernobylreport.pdf {{langue|en|texte=The human consequences of the Chernobyl nuclear accident. À strategy for recovery}}] – [[Fonds des Nations unies pour l'enfance|Unicef]], {{date-|janvier 2002}}. {{pdf}}
* [http://rouilleandco.carbonmade.com/projects/4612386#1 Photos de la ville de Pripyat aujourd'hui].
* [http://www.world-nuclear.org/information-library/safety-and-security/safety-of-plants/chernobyl-accident.aspx Chernobyl Accident 1986].
* {{Ouvrage|éditeur=[[ANDRA]]|titre=Contamination dans l’environnement à proximité du site de Tchernobyl ; Journée technique de la SFRP: Tchernobyl, {{nobr|30 ans}} après|date=15 mars 2016|auteur=Yves Thiry |lire en ligne= https://sfrp.asso.fr/wp-content/uploads/2021/11/2016%2003%2015%20THIRY%20Y.pdf}}


{{Palette|Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|Accidents et incidents nucléaires|Histoire de l'Ukraine|Mikhaïl Gorbatchev}}

{{Portail|sécurité civile et sapeurs-pompiers|énergie|nucléaire|années 1980|URSS|Ukraine|risques majeurs|Biélorussie}}

[[Catégorie:Catastrophe nucléaire de Tchernobyl|*]]
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