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Gymnopédies

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Les Gymnopédies étaient des festivités religieuses et des exercices d'endurance pour les jeunes Spartiates.

Les Gymnopédies (en grec ancien Γυμνοπαιδία / Gumnopaidía) étaient des festivités religieuses tenues à Sparte, en juillet, en l'honneur d'Apollon, et en hommage aux guerriers morts à la bataille des Champions.

Déroulement

Les Gymnopédies consistent essentiellement en des danses et des exercices accomplis par les jeunes Spartiates. La fête se déroule dans le théâtre qui se trouve à l'est de l'agora[1],[2]. En allusion à cette fête, l'agora comprend des statues représentant Apollon Pythien, Artémis et Léto, placées dans un endroit appelé « le chœur »[3], allusion aux équipes de danse. En effet, chaque jour, une équipe de garçons se produit tôt le matin, et une équipe d'hommes l'après-midi[4]. Ces équipes correspondent probablement aux obai, l'une des subdivisions de la société spartiate ; comme celles-ci sont au nombre de cinq, on peut en déduire que la fête dure cinq jours[5]. L'assistance comprend les autres Lacédémoniens, les étrangers et les Hilotes. Les célibataires âgés (de plus de 30 ans) sont en revanche exclus de l'assistance[6].

Plutarque rapporte qu'à l'annonce de la bataille de Leuctres, où les troupes thébaines d'Épaminondas écrasent celles de Sparte, les éphores ordonnent la poursuite des Gymnopédies qui se tiennent à ce moment-là[2]. Or l'on sait que Leuctres a lieu en juillet, ce qui permet de situer la fête dans l'année. L'anecdote démontre également la grande piété de Sparte, qui fait toujours passer ses pratiques religieuses avant toute autre préoccupation. De même, en 417 av. J.-C., le parti démocratique d'Argos attend la célébration des Gymnopédies pour attaquer les oligarques soutenus par Sparte ; malgré les supplications de ces derniers, les Lacédémoniens préfèrent poursuivre leurs festivités[7].

Les Gymnopédies n'étaient pas que des festivités religieuses. Le Spartiate Mégillos, dans les Lois, les appelle un « redoutable endurcissement (…), de redoutables exercices d'endurance où il faut résister à la violence de la canicule[8]. »

Origine

Selon l'érudit Sosibios, le chef de chaque équipe porte une couronne de fleurs, également appelée « couronne thyréatique », en mémoire de la victoire spartiate contre les Argiens à Thyréa[4], plus connue sous le nom de « bataille des Champions » (545 av. J.-C.)[9]. Il n'en découle pas que les Gymnopédies aient été fondées spécifiquement suite à la bataille de Thyréa ; elles sont en fait plus anciennes. Selon la tradition, elles se déroulent pour la première fois en 668 av. J.-C.[10], c'est-à-dire l'année qui suit la bataille d'Hysiai qui voit Sparte perdre la Thyréatide contre les Argiens[11]. Les Gymnopédies sont donc probablement instituées pour renforcer le moral spartiate[12].

Étymologie

Le nom « gymnopédies » est clairement composé à partir de γυμνός / gumnós, « nu, sans vêtement, sans armes », mais le second terme est sujet à débat : il pourrait venir de παίζω / paízô, « danser » et signifierait alors « danse sans armes »[5], ou alors de παῖς / paĩs, « enfant ». Le nom pourrait également dériver de γυμνοπαιδική / gumnopaidikế, « la danse des enfants nus », qui forme le cœur des festivités.[13]

Notes

  1. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], VI, 67, 3.
  2. a et b Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne], Agésilas, 29.
  3. Pausanias, Description de la Grèce [détail des éditions] [lire en ligne], III, 11, 9.
  4. a et b Sosibios chez Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), 678c.
  5. a et b Wade-Gery, p. 79.
  6. Plutarque, Vie de Lycurgue, XV, 1.
  7. Thucydide, La Guerre du Péloponnèse [détail des éditions] [lire en ligne], V, 82, 2-3.
  8. Platon, Les Lois [détail des éditions] [lire en ligne], I, 633.
  9. Hérodote, Histoires [détail des éditions] [lire en ligne], I, 82.
  10. Jérôme de Stridon, version latine des Canons d'Eusèbe de Césarée, XXVIII, 1.
  11. Pausanias, II, 24, 7.
  12. Wade-Gery, p. 80.
  13. Pettersson, p. 42-43.

Voir aussi

Autres festivités spartiates :

Bibliographie

  • Edmond Lévy, Sparte : histoire politique et sociale jusqu’à la conquête romaine, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-032453-9).
  • (en) Michael Pettersson, Cults of Apollo at Sparta: The Hyakinthia, the Gymnopaidiai, and the Karneia, Paul Astroms Forlag, Stockholm, 1992 (ISBN 91-7916-027-1).
  • (en) H. T. Wade-Gery, « A Note on the Origin of the Spartan Gymnopaidiai », The Classical Quarterly, vol. 43, no1/2 (janvier-avril 1949), p. 79-81.

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