Élection présidentielle croate de 2019-2020
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Élection présidentielle croate de 2019-2020 | ||||||||||||||
(1er tour) (2e tour) |
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Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
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Inscrits | 3 719 741 | |||||||||||||
Votants au 1er tour | 1 903 861 | |||||||||||||
51,18 % 4,1 | ||||||||||||||
Blancs et nuls au 1er tour | 22 218 | |||||||||||||
Votants au 2d tour | 2 053 292 | |||||||||||||
54,99 % 4,1 | ||||||||||||||
Blancs et nuls au 2d tour | 89 415 | |||||||||||||
Zoran Milanović – SDP | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 562 783 | |||||||||||||
29,55 % | 8,9 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 1 034 170 | |||||||||||||
52,66 % | ||||||||||||||
Kolinda Grabar-Kitarović – Indépendante | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 507 628 | |||||||||||||
26,65 % | 10,6 | |||||||||||||
Voix au 2e tour | 929 707 | |||||||||||||
47,34 % | ||||||||||||||
Miroslav Škoro – Indépendant | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 465 704 | |||||||||||||
24,45 % | ||||||||||||||
Mislav Kolakušić – Indépendant | ||||||||||||||
Voix au 1er tour | 111 916 | |||||||||||||
5,88 % | ||||||||||||||
Président de la République | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Kolinda Grabar-Kitarović Indépendante |
Zoran Milanović SDP | |||||||||||||
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L’élection présidentielle croate de 2019-2020 (en croate : Hrvatski predsjednički izbori 2019) se tient les et afin d'élire le président de la république de Croatie pour un mandat de cinq ans.
La présidente sortante Kolinda Grabar-Kitarović, élue en 2015, brigue un second mandat et bénéficie du soutien de l'Union démocratique croate (HDZ), dont elle a fait partie jusqu'à son accession à la présidence.
À l'issue du premier tour, marqué par une faible participation — bien qu'en hausse —, l'ancien Premier ministre social-démocrate Zoran Milanović vire en tête, devant la cheffe de l'État : tous deux se qualifient pour le second tour, deux semaines plus tard. La droite radicale réalise une percée à l'occasion de ce scrutin, le national-populiste Miroslav Škoro talonnant la présidente sortante avec près d'un quart des suffrages exprimés. Milanović l'emporte deux semaines plus tard avec 52,7 % des suffrages exprimés et 55 % de participation, en baisse sensible par rapport à l’élection précédente.
Contexte
[modifier | modifier le code]Comme d’autres pays des Balkans, la Croatie est confrontée à une importante émigration, notamment depuis son adhésion à l’Union européenne, en 2013. La situation économique et sociale, ainsi que le niveau élevé de corruption dans le pays sont avancés pour expliquer ce phénomène[1].
La Croatie est également au cœur de la crise migratoire en Europe, étant un point de passage des migrants. Le premier tour de scrutin intervient quelques jours avant le début de la présidence croate du Conseil de l'Union européenne[2].
Système électoral
[modifier | modifier le code]Le président de la république de Croatie est élu directement par les citoyens selon une forme modifiée du scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. Pour l’emporter dès le premier tour, un candidat doit réunir la majorité absolue de la totalité des votants, y compris les votes blancs et nuls. À défaut, un second tour est organisé entre les deux candidats arrivés en tête, et celui recueillant le plus de suffrages est déclaré élu. Tout président élu doit immédiatement résilier son appartenance à un parti politique, s'il en avait une, et le notifier au Parlement. Officiellement, les présidents sortants sont ainsi nécessairement sans étiquette[3].
Le scrutin se tient dans les trente à soixante jours précédant l'expiration du mandat du chef de l’État sortant. Si un second tour est nécessaire, il est organisé quatorze jours après le premier. En cas de désistement d'un candidat qualifié pour le second tour, le candidat arrivé après lui au premier prend sa place[3].
Pour participer au scrutin, un candidat à la présidence doit réunir les signatures de soutien d'au moins 10 000 électeurs inscrits sur les listes électorales, et ce dans les douze jours suivant l'officialisation de sa candidature. Les électeurs ne peuvent apporter leur soutien qu'à un seul candidat par élection présidentielle. Les soutiens sont vérifiés par la commission électorale à l'expiration du délai de douze jours pour chacun des candidats déclarés[4].
Campagne
[modifier | modifier le code]Les trois favoris du scrutin affichent leur patriotisme en revendiquant l’héritage du premier président du pays, Franjo Tuđman[2].
Dans un premier temps, Kolinda Grabar-Kitarović est donnée largement en tête, bénéficiant d'une cote de popularité plus élevée que celle de son parti d’origine, l’Union démocratique croate (HDZ)[5]. Elle voit cependant les intentions de vote en sa faveur diminuer de façon continue, sa campagne étant marquée par une certaine improvisation et plusieurs « gaffes », et surtout par la concurrence du candidat soutenu par la droite radicale, Miroslav Škoro, chanteur connu depuis les années 1990 pour ses titres patriotiques[6],[1]. Celui-ci promet d’avoir recours à l’armée pour empêcher les migrants en provenance du Moyen-Orient, d’Afrique ou d’Asie de passer la frontière croate via la Bosnie-Herzégovine[7]. Il souhaite également gracier Tomislav Mercep, condamné pour crimes de guerre lors de la guerre de 1990-1995[8]. Kolinda Grabar-Kitarović salue de son côté Slobodan Praljak, qui s’est suicidé après avoir été condamné pour crimes contre l'humanité par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie[5].
L’ancien Premier ministre Zoran Milanović, dont le passage à la tête du gouvernement avait déçu sur le plan économique et en matière de lutte contre la corruption — il avait alors atteint 80 % d'impopularité —, promet de faire de la Croatie un « pays normal » sur le plan judiciaire et sur le plan du respect des minorités[5],[6]. La campagne aborde par ailleurs relativement peu les sujets économiques[1].
Résultats
[modifier | modifier le code]Au niveau national
[modifier | modifier le code]Candidats | Partis | Premier tour | Second tour | |||
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Voix | % | Voix | % | |||
Zoran Milanović | SDP | 562 783 | 29,55 | 1 034 170 | 52,66 | |
Kolinda Grabar-Kitarović | Indépendante[a] | 507 628 | 26,65 | 929 707 | 47,34 | |
Miroslav Škoro | Indépendant | 465 704 | 24,45 | |||
Mislav Kolakušić | Indépendant | 111 916 | 5,88 | |||
Dario Juričan (en) | Indépendant | 87 883 | 4,61 | |||
Dalija Orešković (en) | Indépendante | 55 163 | 2,90 | |||
Ivan Pernar (en) | SIP | 44 057 | 2,31 | |||
Katarina Peović | RF | 21 387 | 1,12 | |||
Dejan Kovač | HSLS | 18 107 | 0,95 | |||
Anto Đapić (en) | DESNO | 4 001 | 0,21 | |||
Nedjeljko Babić | HSSČKŠ | 3 014 | 0,16 | |||
Votes blancs, nuls et autres[b] | 22 818 | 1,20 | ||||
Votes valides | 1 881 643 | 98,83 | 1 963 877 | 95,65 | ||
Votes blancs, nuls et autres | 22 818 | 1,20 | 89 415 | 4,35 | ||
Total | 1 904 461 | 100 | 2 053 292 | 100 | ||
Abstention[c] | 1 815 880 | 48,92 | 1 680 823 | 45,01 | ||
Inscrits / participation | 3 719 741 | 51,18 | 3 734 115 | 54,99 |
Représentation des résultats du second tour :
Zoran Milanović (52,66 %) |
Kolinda Grabar-Kitarović (47,34 %) | ||
▲ | |||
Majorité absolue |
Cartes
[modifier | modifier le code]Premier tour
[modifier | modifier le code]Les résultats de Miroslav Škoro sont représentés en violet dans les cartes ci-dessous pour une meilleure visibilité.
Second tour
[modifier | modifier le code]Analyse
[modifier | modifier le code]Un sondage de sortie des urnes effectué par l'institut Ipsos Puls après le premier tour indique les préférences suivantes :
Groupe | Milanović | Grabar-Kitarović | Škoro | |
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Total des voix | 29,9 | 27,0 | 24,8 | |
Sexe | ||||
Homme | 27,2 | 24,7 | 26,5 | |
Femme | 30,3 | 24,4 | 23,2 | |
Age | ||||
18–29 | 15,8 | 18,2 | 31,9 | |
30–44 | 24,8 | 20,3 | 24,2 | |
45–59 | 28,3 | 26,7 | 25,7 | |
60+ | 40,5 | 29,6 | 19,8 | |
Niveau d'étude | ||||
Primaire | 21,4 | 40,1 | 26,9 | |
Secondaire | 28,4 | 24,3 | 27,2 | |
Universitaire | 31,8 | 19,9 | 20,0 | |
Parti politique[13] | ||||
HDZ | 3,1 | 63,0 | 26,8 | |
SDP | 77,2 | 1,8 | 6,4 | |
Le Pont | 9,4 | 5,6 | 45,4 | |
ZZ | 8,5 | 1,5 | 24,9 | |
BM 365 | 12,5 | 18,1 | 36,5 | |
Autres | 12,0 | 5,8 | 38,8 |
Conséquences
[modifier | modifier le code]Pour la deuxième fois, et de manière consécutive, le chef de l'État sortant n'est pas reconduit pour un second mandat, Kolinda Grabar-Kitarović ayant elle-même battue Ivo Josipović au second tour cinq ans plus tôt. La candidate échoue ainsi à rallier les électeurs de Miroslav Škoro malgré une campagne axée sur son nationalisme. L'échec de la candidate soutenue par l'Union démocratique croate est jugé susceptible de fragiliser la coalition au pouvoir en vue des élections législatives prévues à l'automne[14].
Zoran Milanović prend ses fonctions le , devenant le cinquième président croate depuis l'indépendance en 1991.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Officiellement Indépendante, soutenue par l'Union démocratique croate, dont elle était auparavant membre
- 22 218 électeurs ayant votés blancs ou dont le bulletin était invalide, auquel s'ajoute 600 électeurs s'étant rendus aux bureaux de vote mais n'ayant pas voté, comptabilisés dans le total servant au calcul des pourcentages de voix des candidats, en accord avec la loi électorale croate[11].
- Abstention et participation calculées en retranchant du total de participants les 600 électeurs s'étant rendus aux bureaux de vote mais n'ayant pas voté, ces derniers n'étant comptabilisés que dans le total des présents utilisé pour le calcul des pourcentages des candidats, en accord avec la loi électorale croate. Pour celui de la participation, ils sont comptés en tant qu'abstentionniste
Références
[modifier | modifier le code]- « Présidentielle en Croatie : Duel au second tour entre la conservatrice sortante et le centre gauche », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le ).
- François d'Alançon, « Croatie : une présidentielle avant la présidence de l’UE », La Croix, (lire en ligne, consulté le ).
- « Croatie Constitution du 22 décembre 1990. », sur mjp.univ-perp.fr (consulté le ).
- (hr) Mislav Bago, « Bliže se predsjednički izbori! Ovo su datumi koje morate znati », Dnevnik, (lire en ligne, consulté le ).
- (en) « Gaffes blight Croatia president’s fight for new term », sur ft.com, (consulté le ).
- « Présidentielle en Croatie : l’ancien premier ministre arrive en tête du premier tour », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- « Croatie: la présidente sortante affrontera le centre-gauche au second tour », Radio France internationale, (lire en ligne, consulté le ).
- Nelly Didelot, « Croatie : le candidat social-démocrate devance la droite dure », Libération, (lire en ligne, consulté le ).
- « Izbori za predsjednika RH 2019. - rezultati », sur www.izbori.hr (consulté le )
- (hr) « Izbori za predsjednika RH 2019. - rezultati », sur www.izbori.hr (consulté le ).
- (hr) magicmarinac.hr, « Zakon o izboru Predsjednika Republike Hrvatske - Zakon.hr », sur www.zakon.hr (consulté le ).
- (sl) « DETALJNA ANALIZA: OD KOGA SU KANDIDATI DOBILI GLASOVE Milanović se može pohvaliti najobrazovanijim biračima, Škoro je osvojio one mlade », sur jutarnji.hr (consulté le ).
- (hr) « Analiza strukture birača predsjedničkih kandidata: Evo koji birači bi mogli odlučiti ishod izbora, ali i taktiku "zavođenja" Milanovića i Grabar-Kitarović », sur Dnevnik.hr (consulté le ).
- « Croatie : le social-démocrate Zoran Milanovic remporte la présidentielle », sur LExpress.fr, lexpress, (consulté le ).