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Abbaye de Clairmarais

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Abbaye de Clairmarais
image de l'abbaye
Les ruines de l'église abbatiale de Clairmarais
Diocèse Diocèse d'Arras
Patronage Notre-Dame
Numéro d'ordre (selon Janauschek) CXLV (145)[1]
Fondation 26 avril 1140
Dissolution 1791
Abbaye-mère Abbaye de Clairvaux
Lignée de Abbaye de Clairvaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1946, 1987)[2]
Coordonnées 50° 46′ 08″ N, 2° 18′ 19″ E[3].
Pays Drapeau de la France France
Province Comté d'Artois
Région Hauts-de-France
Département Pas-de-Calais
Commune Clairmarais
Géolocalisation sur la carte : Pas-de-Calais
(Voir situation sur carte : Pas-de-Calais)
Abbaye de Clairmarais
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Clairmarais

L'abbaye de Clairmarais fut fondée en 1140[4] par Gonfroi envoyé de Saint-Bernard[5] selon les règles de l'Ordre de Cîteaux.

À l'origine, sur l'initiative de Foulques, abbé de l'abbaye des Gunes, vers 1128, il est question d'ouvrir un établissement relevant de l'ordre des Bénédictins, puis on se dirige vers l'Ordre cistercien[6]. Bernard de Clairvaux abbé de l'Abbaye de Clairvaux décide de construire une nouvelle abbaye dans la forêt de Rihoult au Nord-Est de Sithieu (actuellement Saint-Omer ). Il nomme Gonfroi (ou Gunfrid) qui vient de Clairvaux avec 12 autres moines pour bâtir une maison cistercienne. Le 26 avril 1140 ,après avoir aménagé le terrain marécageux ils vont jeter les fondements d'une première maison et d'un oratoire, dédié à la vierge Marie, un peu plus bas que l'emplacement connu aujourd'hui.

On lui donna le nom de Clarus Mariscus a cause du terrain environnant et Gonfroi fut nommé premier abbé[5].

L'établissement s'installe définitivement à Clairmarais à l'endroit connu de nos jours en 1161. À l'origine, les moines ne possèdent qu'environ 65 mesures, soit de l'ordre d'une vingtaine d'hectares, dont presque la moitié de pâtures et de marais[6].

Dans les années qui suivent sa fondation, jusqu'à son installation définitive ainsi que dans les années qui suivent, l'abbaye reçoit plusieurs dons de terres, de rentes, etc., des seigneurs et puissants nobles du voisinage : le comte de Flandre Thierry d'Alsace et sa femme Sibylle d'Anjou, Mathieu de Lorraine comte de Boulogne, Arnould Ier de Guînes comte de Guînes, Gauthier châtelain de Saint-Omer[6].

En 1145, Arnould Ier de Guînes, sa femme Mathilde et leur fils Baudouin donnent à l'abbaye de Clairmarais tout ce qu'ils possédaient à Niwerlede (sans doute Nieurlet) par concession du comte Flandre Thierry d'Alsace, ainsi que d'autres biens; la charte contient également des dispositions relatives au creusement des fossés[7]. Milon II, évêque de Thérouanne, confirme la donation lors d'un synode tenu la même année[7]. Vers 1150, Arnould, Mathilde et Baudouin exemptent du tonlieu (impôt sur les marchandises qui se lève pour le passage en Angleterre) les abbayes de Clairvaux et de Clairmarais, ainsi que tous les monastères du même ordre que celui de Clairvaux[8]. Arnould va encore approuver des donations faites à l'abbaye à cette époque là[8]. Baudouin II de Guînes, fils d'Arnould, et sa femme Christine d'Ardres, vont à leur tour faire en 1174 d'importantes donations à l'abbaye de Clairmarais, tout en confirmant celle faites par Arnould[9]. Thierry d'Alsace, comte de Flandre, donne à l'abbaye en 1156 une portion du bois de Ruhout (forêt de Clairmarais)[10].

Plusieurs membres de la famille de Bourbourg, châtelains de Bourbourg (châtellenie de Bourbourg) font également des dons à l'abbaye. Les seigneurs d'Ardres agissent de même, ainsi Arnould IV d'Ardres vers 1149, qui accorde la dîme de terres situées à Nieurlet. De même, les comtes de Guînes successifs accordent des libéralités au monastère : en 1270, Arnoul III de Guînes confirme à l'abbaye la donation d'une rente de 40 sous parisis, faite par sa tante Béatrix[11].

L'abbaye, comme nombre de ses semblables, bénéficie de la protection des papes : en 1170-1171, Alexandre III confirme à l'abbaye la possession de plusieurs biens et notamment de la terre que les religieux avaient conquise sur la mer et que Philippe comte de Flandre (Philippe d'Alsace), et le châtelain de Bourbourg leur avaient déjà concédée[12].

En 1176, par lettres données à Bergues, Philippe d'Alsace, comte de Flandre, fils de Thierry d'Alsace, prend l'abbaye sous sa protection et la dote de l'ordre de 1283 mesures dont 297 de dunes (environ 570 hectares dont 130 de dunes) à Loon-Plage. Ces terres devenues terres d'église étaient dégagées de toute obligation féodale[13],[14]. Dites Les censes de l'Enna, ces fermes vaudront de nombreux procès à l'abbaye, en raison de la présence de nombreux lapins causant de nombreux dommages dans les environs. En 1720, la rupture des digues amènera un conflit entre le magistrat de Bourbourg et les abbés successifs, chaque partie rejetant sur l'autre la responsabilité des dégâts et la nécessité des réparations[14].

L'abbaye se développe dans les siècles suivants et détient plusieurs richesses : une église avec un carillon de 19 cloches, des verrières, sculptures, tableaux, plusieurs chapelles, et de nombreuses dépendances (fours, boulangerie, boucherie, brasserie, ...) résultant des largesses de nombreux donateurs. Elle possède des terres dans de nombreux villages des environs[15].

Au plus fort de son développement elle compte de l'ordre de 100 religieux et 200 frères convers[15].

Après 600 ans d'histoire et 59 abbés l'abbaye est dissoute en 1791.

À sa fermeture imposée, le , elle ne compte que 23 moines[15]. Les possessions de l'abbaye, dunes de Loon-Plage incluses sont vendues en tant que biens nationaux[14].

Près de 200 ans plus tard, une brasserie artisanale ouvre en Juin 2019 dans la ferme de l'Abbaye, rare bâtiment à avoir survécu au temps. Cette brasserie reprend l'activité des moines qui brassaient de la bière dans l'Abbaye jusqu'à sa fermeture[5].

Architecture et description

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  • Ancienne abbaye cistercienne, ruines de l'abbaye : inscription aux monuments historiques par arrêté du [16]; ferme comprenant :
1. vestiges en partie médiévaux de l'entrée de l'abbaye avec la porterie et les bâtiments des étrangers, dont la chapelle ;
2. ferme proprement dite avec le portail d'entrée, le logis accolé aux bâtiments des étrangers et sa tourelle d'escalier datée de 1680, les bâtiments agricoles (granges, étables, écuries, porcheries, maréchalerie, etc.) ;
3. le pigeonnier (cad. D 108, 110, 323, 326) : inscription par arrêté du .
  • Ferme cistercienne de la Cloquette : façades et toitures du petit pavillon XVIIIe siècle (cad. B 193) : inscription par arrêté du [2].

Filiation et dépendances

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Clairmarais est fille de l'Abbaye de Clairvaux et dépendante de l'Abbaye de Cîteaux

Edmond Tirant

Cinquante-neuf abbés se sont succédé pendant près de 700 ans. Entre autres :

  • Gunfrid ou Gonfroi, premier abbé.
  • Guillaume, abbé vers 1150[17].
  • David, abbé en [9].
  • Lambert, abbé en 1220, arbitre d'un conflit entre le seigneur de Haverskerque et l'abbaye Saint-Bertin de Saint-Omer[18].
  • Simon de Markette (Marquette-lez-lille? Marquette-en-Ostrevant?), élu abbé en 1225, le demeure jusqu'en 1257[19].
  • Gilles II Dupont de Bourbourg, trente septième abbé de 1518 à 1525; en 1519, est juge commissaire pour la conservation des privilèges ecclésiastiques[20].
  • Hertault, trente huitième abbé, en 1527, commence la bibliothèque de l'abbaye[21].
  • Hubert Raoul, quarante-deuxième abbé, il publie en 1598 à Douai le récit des exploits d'Alexandre Farnèse.
  • Morand Blomme, quarante-troisième abbé, gratifié de la mitre en 1615, développe la bibliothèque[21].
  • Georges d'Affringues, quarante-sixième abbé, né en 1597, profès à dix-sept ans, prieur en 1627, élu abbé le , député à Bruxelles en 1638, mort le , enterré à Clairmarais[22].
  • Dom de Brianville, abbé le [23].
  • Edmond Tirant, cinquante-septième abbé entre 1767 et 1782.
  • Charles-Omer Deschodt, dernier abbé élu le , sa nomination est approuvée par Louis XVI le , expulsé le [15], déporté par arrêté le .

11 feuillets du cartulaire de cette abbaye furent confiés au cabinet d'expertise Honoré d'Urfé en 2009 dans le cadre d'une vente à Drouot. Les pièces examinées sont de 1153 et 1297.

Notes et références

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  1. (la) Leopold Janauschek, Originum Cisterciensium : in quo, praemissis congregationum domiciliis adjectisque tabulis chronologico-genealogicis, veterum abbatiarum a monachis habitatarum fundationes ad fidem antiquissimorum fontium primus descripsit, t. I, Vienne, , 491 p. (lire en ligne), p. 152-153.
  2. a et b Notice no PA00108253, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. « Clairmarais (Pas-de-Calais) », sur cistercensi.info, Ordre cistercien (consulté le ).
  4. Jacques-Joseph Champollion-Figeac, Documents historiques inédits : tirés de collections manuscrites de la bibliothèque royale et des archives des départements, Firmin Didot, .
  5. a b et c Abbaye de Clairmarais (brasseur), « Histoire de l'Abbaye de Clairmarais ».
  6. a b et c Georges Dupas, Le clergé, les couvents et leurs biens dans la châtellenie de Bourbourg avant la Révolution, Coudekerque-Branche, Galaad, , p. 100.
  7. a et b Wauters, Tome 2, année 1145.
  8. a et b Wauters, Tome 2, année 1150 environ.
  9. a et b Wauters, Tome 2, année 1174.
  10. Wauters, Tome II, année 1156.
  11. Wauters, Tome V, année 1270.
  12. Wauters, Tome VII, , 1re partie, année 1170-1171.
  13. Georges Dupas, Seigneuries et seigneurs de la châtellenie de Bourbourg, Coudekerque-Branche, Galaad Graal, , p. 270-271
  14. a b et c Dupas 2000, p. 102.
  15. a b c et d Dupas 2000, p. 101.
  16. « Ancienne abbaye cistercienne », sur Base Mérimée
  17. André Du Chesne, Histoire généalogique des maisons de Guines, d'Ardres, de Gand et de Coucy et de quelques autres familles illustres, Paris, 1632, p. 60, lire en ligne
  18. Wauters, tome III, année 1220.
  19. Mémoire de la Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences, des lettres et des arts, 1866-1867, douzième volume, note bas de page 197, lire en ligne.
  20. F. F. Lecouvet, « Claude d'Ausque », dans Bulletin historique trimestriel de la Société des Antiquaires de la Morinie, Années 1862-1866, Volume III, Saint-Omer, 1866, p. 494, lire en ligne
  21. a et b Frédéric Barbier, Le berceau du livre : autour des incunables, Genève, 2004, Société des bibliophiles de Guyenne, p. 64, lire en ligne
  22. Paul Denis du Péage,, « Recueil de généalogies lilloises », Recueil de la société d'études de la province de Cambrai, t. 1,‎ 1906-1909, p.60 (lire en ligne).
  23. Paul Denis du Péage,, « Recueil de généalogies lilloises », Recueil de généalogies lilloises, t. 2,‎ 1906-1909, p.460 (lire en ligne).

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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