Académie pontanienne
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L'Académie pontanienne[1] (en italien Accademia Pontaniana) est fondée au XVe siècle à Naples sur l'initiative d'hommes cultivés. Elle « fut l'un des “laboratoires” les plus importants où se cuisinait la Renaissance littéraire »[2]. Reconnue par le décret royal no 473 du , elle se propose de cultiver les sciences, les lettres et les arts.
Histoire
[modifier | modifier le code]Fondée par Antonio Beccadelli (dit le Panormita) en 1458, l'Académie est d'abord appelée Porticus Antoniana (Portique d'Antonio en latin).
Giovanni Pontano succède à Beccadelli et donne une physionomie plus précise à l'association et un caractère plus officiel aux réunions. Ces dernières se tenaient dans sa maison et consistaient dans des banquets accompagnés de déclamations de vers latins. Le Porticus Antoniana devient l'Académie pontanienne en 1471, époque de la mort de Pontano[3]. Parmi ses membres, on compte à l'époque les poètes Jacopo Sannazaro, Pietro Summonte, Giano Anisio (it) et Giovanni Cotta, le peintre Andrea Sabbatini et l'écrivain Andrea Matteo III Acquaviva (it). Elle combat méthodiquement le patois napolitain, qui est aux prises avec la langue italienne, devenue d'un usage général dans la péninsule vers la fin du siècle[4].
Au cours de son histoire multiséculaire, l'Académie a été abolie deux fois.
La première fois, c'est le vice-roi espagnol Pierre Alvarez de Tolède qui la fait fermer en 1542 parce qu'il s'oppose à toute association autochtone dans le cadre de sa politique d'hispanisation.
L'académie renaît deux siècles et demi plus tard, le , sous le nom de Società Pontaniana (Société pontanienne) sur l'initiative d'un groupe de savants, de scientifiques et de gens de lettres réuni chez Giustino Fortunato. Elle est reconnue officiellement en 1817 et reprend son nom d'académie le en vertu d'un décret de François Ier des Deux-Siciles.
En 1934, elle est à nouveau supprimée par le gouvernement fasciste sous le prétexte qu'il y a deux académies à Naples, ce qui est contraire à la loi de l'unité sacrée aux yeux du régime. En réalité, le motif de l'abolition est politique : nombre de ses membres sont de tendance ouvertement antifasciste. En 1943, sa bibliothèque est jetée aux flammes avec celle de la Società Reale et les archives nationales. L'Académie pontanienne est toutefois rétablie par décret le .
Parmi les présidents de l'Académie, il y eut Benedetto Croce en 1917 et en 1923.
La vie de l'Académie est maintenant régie par ses statuts de 1825, modifiés en 1952. Ils prévoient des assemblées au cours desquelles on présente des mémoires, des communications, des rapports. En outre, l'Académie organise des concours et décerne des prix.
Certains font remonter la naissance de l'Académie à 1442, année où Alphonse V d'Aragon, devenu roi de Naples, aménagea dans son Castel Capuano une bibliothèque très riche (transférée plus tard au Castel Nuovo) où des gens cultivés se réunissaient pour discuter de littérature et de philosophie[5]. Cette association fut appelée Académie alphonsine en l'honneur du roi. L'académie d'Antonio Beccadelli, protégé par le roi lui-même, en descendrait directement. Si l'on accepte cette hypothèse, l'Académie pontanienne serait la plus ancienne des académies italiennes.
L'académie regroupe autour de trois cents personnes. Elle est organisée en cinq classes (1 - sciences mathématiques pures et appliquées ; 2 - sciences naturelles ; 3 - sciences morales ; 4 - histoire, archéologie et philologie ; 5 - lettres et beaux arts) et trois ordres de membres : ordinaire résidents, ordinaires non résidents et correspondants. Elle a son siège dans l'ancien couvent jésuite, via Mezzocannone, 8.
Liste des présidents
[modifier | modifier le code]- 1808 - Vincenzo Cuoco
- 1808 - Domenico Sansone
- 1809 - Giovan Battista Gagliardo
- 1809 - Matteo Galdi[6]
- 1810 - Giuseppe Zurlo
- 1817 - Donato Tommasi (it)
- 1826 - Ferdinando Visconti
- 1828 - Corradino d'Albergo
- 1829 - Raimondo Guarini (it)
- 1830 - Giuseppe di Cesare
- 1831 - Corradino d'Albergo
- 1832 - Michele Tenore
- 1834 - Michele Arditi
- 1835 - Giuseppe di Cesare
- 1836 - Giacomo Filioli
- 1837 - Luca de Samuele Cagnazzi (it)
- 1838 - Ferdinando De Luca
- 1839 - Giuseppe di Cesare
- 1840 - Michele Tafuri
- 1842 - Giuseppe Durini
- 1843 - Ferdinando De Luca
- 1844 - Giuseppe di Cesare
- 1845 - Michele Tenore
- 1846 - Oronzio Gabriele Costa
- 1847 - Giuseppe Campagna
- 1848 - Luca de Samuele Cagnazzi
- 1849 - Giuseppe Campagna
- 1850 - Giulio Genoino
- 1851 - Michele Tenore
- 1852 - Michele Tafuri
- 1853 - Michele Tenore
- 1855 - Giuseppe Campagna
- 1856 - Michele Tenore
- 1857 - Salvatore De Renzi (it)
- 1859 - Michele Tenore
- 1861 - Ernesto Capocci (it)
- 1862 - Giovanni Gussone
- 1863 - Salvatore De Renzi (it)
- 1864 - Michele Baldacchini
- 1866 - Saverio Baldacchini
- 1867 - Luigi Palmieri
- 1869 - Salvatore de Renzi
- 1870 - Luigi Palmieri
- 1872 - Paolo Emilio Imbriani (it)
- 1874 - Luigi Palmieri
- 1876 - Paolo Emilio Imbriani
- 1877 - Luigi Palmieri
- 1881 - Nicola Alianelli (it)
- 1882 - Luigi Palmieri
- 1884 - Bartolomeo Capasso (it)
- 1885 - Luigi Palmieri
- 1889 - Achille Sannia
- 1892 - Luigi Palmieri
- 1897 - Bartolomeo Capasso
- 1900 - Emanuele Fergola
- 1903 - Enrico Pessina (it)
- 1906 - Emanuele Fergola
- 1909 - Federico Persico (it)
- 1912 - Giovanni Antonelli (it)
- 1917 - Benedetto Croce
- 1920 - Gabriele Torelli
- 1923 - Benedetto Croce
- 1926 - Gabriele Torelli
- 1929 - Michelangelo Schipa (it)
- 1932 - Pasquale del Pezzo
- 1944 - Maria Bakunin
- 1949 - Fausto Nicolini (it)
- 1955 - Luigi Torraca
- 1958 - Carmelo Colamonico
- 1964 - Ernesto Pontieri (it)
- 1974 - Enzo Carlevaro
- 1977 - Francesco Sbordone
- 1983 - Antonio Scherillo
- 1990 - Giuseppe Martano
- 1996 - Guido Guerra
- 2002 - Antonio Garzya
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 22, Paris, Bachelier, (lire en ligne), p. 970.
- Sidi Abd-ar-rahmen et Ibn Carol al-Barsaluni, Culture catalane d'expression écrite : Les Frontières du canon, 110 p. (lire en ligne), p. 51.
- Naples, ses monuments et ses curiosités, 356 p. (lire en ligne), p. 104.
- « De la littérature populaire en Italie : II — Naples — Milan — Bologne », dans Revue des Deux Mondes, t. 21, (lire en ligne).
- Académie Pontanienne. Une réunion de lettrés avec lesquels le roi Alphonse I [sic] d'Aragon se plaisait à converser, donna origine à cette société qui était convoquée et réglée par Antonio Beccadelli, appelé le Panormita. Naples, ses monuments et ses curiosités, p. 104.
- Voir la notice nécrologique de Matteo Galdi dans : Jacques-Alphonse Mahul, Annuaire nécrologique, ou Supplément annuel et continuation de toutes les biographies ou dictionnaires historiques, 3e année, 1822, Paris : Ponthieu, 1823, p. 270-271 [1]
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (it) Luigi Pinto, Indice dei lavori della Accademia Pontaniana pubblicati dal 1810 al 1910. Ristampa a cura di Benito Iezzi. Napoli: nella sede dell'Accademia, 1990 (Riproduzione facsimile dell'edizione Napoli: Stabilimento tipografico Francesco Giannini, 1911).
- (it) Benito Iezzi, L'Accademia Pontaniana dal 1911 al 1985: pubblicazioni, contributi accademici e attività d'istituto, indici compilati dal socio Benito Iezzi, Naples, Officine grafiche Francesco Giannini, 1990.
- (it) Annuario dell'Accademia Pontaniana 2008 (566 dalla fondazione). Naples, Académie pontanienne, 2008.