Agoniste de la dopamine
Un agoniste des récepteurs de la dopamine est un composé qui active les récepteurs de la dopamine. Les agonistes des récepteurs de la dopamine activent les voies de signalisation via les protéines G trimères et les β-arrestines, ce qui entraîne des modifications de la transcription des gènes.
On connaît aujourd'hui plusieurs agonistes des récepteurs de la dopamine (D1, D2, D3), qui traitent ces voies de signalisation de manière différentielle. On les appelle des agonistes biaisés[1],[2],[3],[4],[5].
Les usages
[modifier | modifier le code]Certains médicaments agissent en tant qu'agonistes de la dopamine et peuvent traiter les affections hypo-dopaminergiques (déficits en dopamine); ils sont généralement utilisés pour traiter la maladie de Parkinson (MP), le trouble d'hyperactivité avec déficit de l'attention (TDAH) - sous forme de stimulants, certaines tumeurs hypophysaires (prolactinome) et peuvent être utiles pour le syndrome des jambes sans repos (SJSR). Le ropinirole et le pramipexole sont approuvés par la FDA pour le traitement du syndrome des jambes sans repos. Il existe également un essai clinique en cours visant à tester l'efficacité du ropinirole, un agoniste de la dopamine, pour inverser les symptômes de la dysfonction sexuelle induite par les SSRI[6]. En outre, un examen systématique et une méta-analyse a conclu que le traitement prophylactique avec la cabergoline réduit l'incidence, mais pas la gravité, du syndrome d'hyperstimulation ovarienne (SHO), sans compromettre les résultats de la grossesse, chez les femmes subissant des cycles stimulés de fécondation in vitro (FIV)[7].
Effets secondaires
[modifier | modifier le code]Certains des effets secondaires courants des agonistes de la dopamine incluent[8],[9] :
- Euphorie
- Épanchement péricardique
- Épaississement fibreux de la muqueuse couvrant certains organes internes, notamment le cœur ou les poumons (réaction fibreuse)
- Hallucinations
- Déclenchement ou aggravation d'une psychose
- Hypotension orthostatique, vertiges
- Augmentation de l'intensité orgasmique
- Perte de poids
- Anorexie (symptôme)
- Nausée et vomissements
- Insomnie
- Fatigue ou faiblesse inhabituelle
- Somnolence
- Manifestations possibles de narcolepsie (attaques de sommeil)[10]
- Phénomène de Raynaud (effet secondaire commun des dérivés de l'ergot)
- Syncope
- Secousses, torsions ou autres mouvements inhabituels du corps
- Dépendance pathologique (jeux de hasard, achats, pornographie sur Internet, hyper-sexualité) – en particulier les agonistes des récepteurs dopaminergiques D3
- Après une utilisation prolongée d'agonistes de la dopamine, un syndrome de sevrage peut survenir, pendant la réduction de la dose ou l'arrêt du traitement, avec les effets indésirables suivants: anxiété, attaques de panique, dysphorie, dépression, agitation, irritabilité, idéation suicidaire, fatigue, hypotension orthostatique, nausées, vomissements, diaphorèse (transpiration), douleur généralisée et fringales. Pour certaines personnes, ces symptômes de sevrage sont de courte durée et permettent un rétablissement complet. Pour d'autres, un syndrome prolongé de sevrage peut survenir et persister pendant des mois, voire des années[11].
Exemples
[modifier | modifier le code]Les exemples d'agonistes de la dopamine comprennent :
Agonistes partiels
[modifier | modifier le code]- Aripiprazole (Agoniste partiel des récepteurs de la famille D2 - Nom commercial "Abilify"; un antipsychotique atypique)
- Phéncyclidine (ou PCP; agoniste partiel. Psychoactivité principalement due à l'antagonisme aux récepteurs NMDA)
- Quinpirole (agoniste partiel des récepteurs D2 et D3)
- Salvinorine A (constituant actif principal de l'herbe psychédélique salvia divinorum, dont la psychoactivité est principalement due à un agonisme des récepteurs Kappa-opioïdes; agoniste partiel D2 ayant une activité intrinsèque de 40 à 60%, affinité de liaison de Ki = 5-10nM et CE50 = 50-90nM)[12]
Agonistes d'efficacité totale ou inconnue
[modifier | modifier le code]- Apomorphine (utilisée pour traiter la maladie de Parkinson (MP) et le syndrome des jambes sans repos (SJSR)) - biais de la protéine G au récepteur D1[4]
- Bromocriptine (Parlodel - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Cabergoline (Dostinex - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Ciladopa (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Dihydrexidine (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Dinapsoline (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Doxanthrine (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Epicriptine (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Lisuride (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Pergolide (utilisé pour traiter la MP et le SJSR) - disponible auparavant sous le nom de Permax, mais retiré du marché aux États-Unis le [13]
- Piribedil (Pronoran et Trivastal - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Pramipexole (Mirapex et Sifrol - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Propylnorapomorphine (utilisée pour traiter la MP et le SJSR)
- Quinagolide (Norprolac - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Ropinirole (Requip[14] - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Rotigotine (Neupro - utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Roxindole (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
- Sumanirole (utilisé pour traiter la MP et le SJSR)
Certains, comme le fenoldopam, sont sélectifs pour le récepteur de dopamine D1[15].
Agonistes indirects
[modifier | modifier le code]Il existe deux classes de médicaments agissant en tant qu'agonistes indirects des récepteurs de la dopamine : les inhibiteurs de la recapture de la dopamine et les agents libérant de la dopamine.
Les agonistes indirects des récepteurs de la dopamine les plus couramment prescrits sont :
- Amphétamine et/ou dextroamphétamine (utilisés pour traiter le TDAH, la narcolepsie et l'obésité)
- Bupropion (utilisé pour faciliter le sevrage tabagique et traiter la dépendance à la nicotine et certaines dépressions)
- Lisdexamfétamine (utilisé pour traiter le TDAH et le syndrome d'hyperphagie incontrôlée)
- Méthylphénidate ou dexméthylphénidate (utilisé pour traiter le TDAH et la narcolepsie)
D'autres exemples incluent :
- Cathinone (pas d'utilisation médicale)
- Cocaïne (pas d'utilisation médicale comme stimulant du système nerveux central)
- Méthamphétamine (utilisée dans de rares cas pour traiter le TDAH et l'obésité)
- Phényléthylamine (amine trace endogène sans utilisation médicale)
- p-Tyramine (amine trace endogène sans usage médical)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Discovery of G Protein-Biased Dopaminergics with a Pyrazolo[1,5-a]pyridine Substructure », J. Med. Chem., vol. 60, no 7, , p. 2908–2929 (PMID 28248104, DOI 10.1021/acs.jmedchem.6b01857)
- « Structure-guided development of heterodimer-selective GPCR ligands », Nat Commun, vol. 7, , p. 12298 (PMID 27457610, PMCID 4963535, DOI 10.1038/ncomms12298)
- « Functional Characterization of a Novel Series of Biased Signaling Dopamine D3 Receptor Agonists », ACS Chem Neurosci, vol. 8, no 3, , p. 486–500 (PMID 27801563, PMCID 5813806, DOI 10.1021/acschemneuro.6b00221)
- Conroy, Free et Sibley, « Identification of G protein-biased agonists that fail to recruit β-arrestin or promote internalization of the D1 dopamine receptor », ACS Chemical Neuroscience, vol. 6, no 4, , p. 681–92 (PMID 25660762, PMCID 5234767, DOI 10.1021/acschemneuro.5b00020)
- « Effects of β-Arrestin-Biased Dopamine D2 Receptor Ligands on Schizophrenia-Like Behavior in Hypoglutamatergic Mice », Neuropsychopharmacology, vol. 41, no 3, , p. 704–15 (PMID 26129680, PMCID 4707817, DOI 10.1038/npp.2015.196)
- (en) Essai clinique NCT00334048 intitulé « Treating Sexual Dysfunction From SSRI Medication: a Study Comparing Requip CR to Placebo » sur ClinicalTrials.gov.
- Youssef, van Wely, Hassan et Al-Inany, « Can dopamine agonists reduce the incidence and severity of OHSS in IVF/ICSI treatment cycles? A systematic review and meta-analysis », Human Reproduction Update, vol. 16, no 5, , p. 459–66 (PMID 20354100, DOI 10.1093/humupd/dmq006, lire en ligne, consulté le )
- « Pramipexole: MedlinePlus Drug Information », United States National Library of Medicine (consulté le )
- Boyd, « Bromocriptine and psychosis: A literature review », Psychiatric Quarterly, vol. 66, no 1, , p. 87–95 (PMID 7701022, DOI 10.1007/BF02238717)
- Yeung et Cavanna, « Sleep Attacks in Patients With Parkinson's Disease on Dopaminergic Medications: A Systematic Review », Movement Disorderes Clinical Practice, vol. 1, no 4, , p. 307–316 (PMID 30363881, PMCID 6183021, DOI 10.1002/mdc3.12063)
- Nirenberg, « Dopamine agonist withdrawal syndrome: implications for patient care », Drugs & Aging, vol. 30, no 8, , p. 587–92 (PMID 23686524, DOI 10.1007/s40266-013-0090-z)
- Seeman P, Guan HC, Hirbec H (2009). "Dopamine D2High receptors stimulated by phencyclidines, lysergic acid diethylamide, salvinorin A, and modafinil". Synapse 63 (8): 698–704. doi:10.1002/syn.20647. .
- La FDA annonce le retrait volontaire de produits à base de pergolide
- Matera, Quadri, Pelucchi et Amici, « A convenient synthesis of 4-(2-hydroxyethyl)indolin-2-one, a useful intermediate for the preparation of both dopamine receptor agonists and protein kinase inhibitors », Monatshefte für Chemie, vol. 145, no 7, , p. 1139–1144 (ISSN 0026-9247, DOI 10.1007/s00706-014-1211-z)
- Ng et Pang, « In vivo venodilator action of fenoldopam, a dopamine D(1)-receptor agonist », British Journal of Pharmacology, vol. 129, no 5, , p. 853–8 (PMID 10696081, PMCID 1571905, DOI 10.1038/sj.bjp.0703119)
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographe
[modifier | modifier le code]- Avanzi M, Uber E, Bonfa F. Jeu pathologique chez deux patients sous traitement de remplacement de la dopamine dans la maladie de Parkinson. Neurol Sci 2004; 25:98-101 [Medline]
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Médicament parasympathomimétique (agoniste de l'acétylcholine)
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) MeSH Dopamine+Agonists