Bataillon du Pacifique
Bataillon du Pacifique | |
Insigne du bataillon du Pacifique. | |
Création | |
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Dissolution | |
Pays | France |
Allégeance | France libre |
Branche | Armée de terre |
Effectif | 587 (mai 1 941) 645 (octobre 1 941) |
Fait partie de | 1ère DFL Infanterie de marine |
Ancienne dénomination | Bataillon Mixte du Pacifique (1916) |
Surnom | Bataillon des guitaristes |
Marche | Tamari'i Volontaires |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Batailles | Bataille de Bir Hakeim Seconde bataille d'El Alamein Campagne de Tunisie Campagne d'Italie Débarquement en Provence |
Décorations | Croix de la Libération Croix de guerre |
Commandant historique | Félix Broche Jacques Savey Eugène Alessandri Roger Bouillon Henri Magny Constant Roudaut Edmond Magendie Robert Hervé |
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Le bataillon du Pacifique est une unité des Forces françaises libres formée en Polynésie française en 1940, et appartenant à la 1re division française libre du général Pierre Kœnig. Il combat notamment en Afrique du Nord, en Italie et en France. Les soldats du bataillon sont surnommés les « Tamari'i volontaires », ce qui signifie les enfants volontaires (« tamari'i » signifie « enfants » en tahitien).
Le bataillon fut créé à l'initiative de Félix Broche, alors capitaine, qui sera promu commandant puis lieutenant-colonel avant d'être tué à la bataille de Bir Hakeim. Il était affectueusement surnommé par ses hommes le « metua » (le père).
Histoire
[modifier | modifier le code]En 1916, un bataillon mixte du Pacifique est constitué pour aller combattre en Europe et sur le front d'Orient.
Pour la seconde fois dans l'histoire de la Polynésie, et à la suite des ralliements des EFO et de la Nouvelle-Calédonie, un Bataillon du Pacifique est formé, comptant dans ses rangs certains vétérans de la Première Guerre mondiale. Tous sont volontaires. Sur les 600 hommes composant initialement le bataillon, 300 viennent de Tahiti et 300 de Nouvelle-Calédonie. Cependant, c'est à Tahiti que nait le bataillon sous l'impulsion de Félix Broche, un officier originaire de Marseille et désireux de former un corps expéditionnaire. À la suite du référendum organisé à Tahiti à la suite duquel les Établissements français d'Océanie (EFO) se rallient à la France libre du général de Gaulle, le corps est levé et les 300 volontaires tahitiens quittent Tahiti le 21 avril 1941 sur le Monowai. Ils arrivent à Nouméa le pour récupérer les volontaires calédoniens et se rendent en Australie, à Liverpool Camp (près de Sydney) pour y recevoir leur premier entraînement militaire et un équipement britannique. De là, ils embarquent à nouveau sur le Queen Mary en direction de Suez pour un voyage qui durera trente jours.
Le Bataillon du Pacifique cantonnera successivement en Égypte, en Palestine (à Qastina, près de Tel Aviv), puis en Syrie avant de retourner en Égypte dont il passera la frontière le jour de la Saint-Sylvestre 1941. Il prend place dans le dispositif anglais d'Halfaya et, le 14 février 1942, prend position à Bir Hakeim, ancien poste italien et puits à sec. Les hommes du bataillon, sur ordre du général Kœnig commandant la première brigade française libre, s'enterrent en préparation d'une guerre de position.
Le bataillon s'illustre lors de la bataille de Bir Hakeim du 26 mai au 11 juin 1942, à laquelle le maréchal Rommel en personne commande les troupes allemandes. C'est lors de cette bataille que le lieutenant-colonel Broche, qui commandait le bataillon depuis sa création, est tué, le 9 juin 1942, lorsque son poste d'observation est touché par un obus. Alors que son adjoint est tué sur le coup, il agonise dans les bras de son ordonnance. C'est également lors de cette bataille que le sergent Walter Grand devient le premier Tahitien à être décoré de la croix de guerre 39-45.
Après la sortie de vive force du 11 juin, le bataillon participe à la seconde bataille d'El Alamein avant de faire mouvement vers la Tunisie puis de s'embarquer pour l'Italie où il débarque à Naples. Entretemps, le , le Bataillon du Pacifique et le Bataillon d'infanterie de marine (BIM), ayant tous deux subis de lourdes pertes, fusionnent pour donner le Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique (BIMP). Après de durs combats, notamment à la bataille du Garigliano, le BIMP embarque à nouveau et participe au débarquement en Provence en débarquant à Cavalaire. Débute ensuite sa remontée vers le Nord : le bataillon combat à Lyon, dans les Vosges, en Alsace et passe les onze derniers mois de la guerre à la caserne Latour-Maubourg, dans l'enceinte des Invalides, à Paris. Cependant, une partie du bataillon ne va pas à Paris et continue le combat dans le massif de l'Authion, dans les Alpes.
À la fin de la guerre, les survivants océaniens du BIMP sont envoyés à Saintes puis à Marseille où ils embarquent sur le Sagittaire. Le navire est plus que surchargé puisque 2 000 personnes embarquent sur un bateau de 200 places. Après une escale technique en Guadeloupe, le Sagittaire atteint enfin Papeete le 5 mai 1946. Tous les commerces sont fermés les 5 et 6 mai, et la population de Tahiti se déplace pour accueillir les soldats partis depuis cinq ans. Le navire repart peu après pour la Nouvelle-Calédonie.
Le bataillon compte 76 morts tahitiens et 80 morts néo-calédoniens et néo-hébridais.
Organisation
[modifier | modifier le code]Le Bataillon du Pacifique est une unité à l'organisation peu commune. Au 15 mai 1941, il compte 4 compagnies à 4 sections plus une section de commandement. Au mois d'octobre 1941, Félix Broche est promu au grade de lieutenant-colonel et obtient de conserver le commandement du bataillon, autre particularité puisqu'un bataillon est usuellement dirigé par un commandant (également appelé chef de bataillon).
Personnalités ayant servi au sein du BP / BIMP
[modifier | modifier le code]Tahitiens
[modifier | modifier le code]- Walter Grand (1917-1983), président de l'Assemblée Territoriale de Polynésie française de 1955 à 1958
- Philippe Bernardino (1915-1963), Compagnon de la Libération.
- John Martin (1921-2012), membre fondateur de l'Académie tahitienne en 1972
Européens de Tahiti
[modifier | modifier le code]- Robert Hervé (1910-1999), Compagnon de la Libération.
- Félix Broche (1905-1942), Compagnon de la Libération, Mort pour la France.
Calédoniens
[modifier | modifier le code]- Marcel Kollen (1912-1942), Compagnon de la Libération, Mort pour la France.
- Georges Le Carrour (1915-1944), Compagnon de la Libération, Mort pour la France.
- Jean Tranape (1918-2012), Compagnon de la Libération.
Européens
[modifier | modifier le code]- Pierre Lafon (1904-1942), Compagnon de la Libération, Mort pour la France.
- Pierre Blanchet (1907-1944), Compagnon de la Libération, Mort pour la France.
- Benjamin Favreau (1915-1994), Compagnon de la Libération.
- Jean Bellec (1920-2002), Compagnon de la Libération.
- André Salvat (1920-2017), Compagnon de la Libération.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Voir aussi
[modifier | modifier le code]- Ralliement des Établissements Français d'Océanie à la France Libre
- Ralliement de la Nouvelle-Calédonie à la France Libre
- Henri Sautot
- Émile de Curton
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- François Broche, Le Bataillon des Guitaristes. L'épopée inconnue des FFL de Tahiti à Bir-Hakeim, 1940-1942., Paris, Fayard, 1970.
- Yacine Benhalima, Le Bataillon du Pacifique, 1940 - 1946, Paris, L'Harmattan, 2021 (ISBN 978-2-343-23679-7)