Aller au contenu

Charles Dupuy

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Charles Dupuy
Illustration.
Charles Dupuy en 1894.
Fonctions
Président de la Chambre des députés

(5 mois et 25 jours)
Législature VIe
Prédécesseur Jean Casimir-Perier
Successeur Jean Casimir-Perier
Président du Conseil des ministres français
et ministre de l'Intérieur

(7 mois et 11 jours)
Président Félix Faure
Émile Loubet
Gouvernement Dupuy IV et V
Législature VIIe
Prédécesseur Henri Brisson
Successeur Pierre Waldeck-Rousseau

(7 mois et 16 jours)
Président Sadi Carnot
Jean Casimir-Perier
Gouvernement Dupuy II et III
Législature VIe
Prédécesseur Jean Casimir-Perier
Successeur Alexandre Ribot
(président du Conseil)
Georges Leygues (Intérieur)

(7 mois et 19 jours)
Président Sadi Carnot
Gouvernement Dupuy I
Législature Ve
Prédécesseur Alexandre Ribot
Successeur Jean Casimir-Perier
(président du Conseil)
David Raynal (Intérieur)
Ministre de l'Agriculture

(2 ans, 11 mois et 11 jours)
Président Émile Loubet
Gouvernement Waldeck-Rousseau
Législature VIIe
Prédécesseur Paul Delombre
Successeur Léon Mougeot
Sénateur français

(23 ans et 29 jours)
Circonscription Haute-Loire
Député français

(2 ans et 28 jours)
Élection 18 octobre 1885
Réélection 6 octobre 1889
20 août 1893
8 mai 1898
Circonscription Haute-Loire
Législature IVe, Ve, VIe et VIIe (Troisième République)
Groupe politique Union républicaine
Biographie
Nom de naissance Charles Alexandre Dupuy
Date de naissance
Lieu de naissance Puy-en-Velay (France)
Date de décès (à 71 ans)
Lieu de décès Ille-sur-Têt (France)
Nationalité française
Parti politique Modéré
Profession Professeur agrégé de philosophie

Charles Dupuy, né le au Puy-en-Velay et mort le à Ille-sur-Têt, est un homme d'État français. Il occupe à plusieurs reprises la fonction de président du Conseil sous la IIIe République, entre 1893 et 1899. Il est également président de la Chambre des députés de 1893 à 1894.

Jeunesse et études

[modifier | modifier le code]

Charles Dupuy naît dans une famille modeste. Il effectue ses études secondaires au lycée Charlemagne[1]. Il suit des études de philosophie. Il est reçu 3ème à l'agrégation de philosophie en 1879[2].

Parcours professionnel

[modifier | modifier le code]

Charles Alexandre Dupuy devient enseignant. Il est nommé professeur au lycée de Saint-Étienne, remplaçant Auguste Burdeau[3].

Il devient ensuite inspecteur d’académie. Nommé à Ajaccio (Corse), il y rencontre en 1883 Antoinette Laborde, une jeune veuve et mère d'une jeune fille, qu'il épouse en 1888. Celle-ci est originaire d'Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, ville dont Charles Dupuy deviendra citoyen d'honneur en 1893, avant de s'y installer à la fin de sa vie et d'y mourir en 1923[4].

Parcours politique

[modifier | modifier le code]

Il est initié à la franc-maçonnerie le . Il est membre de la loge « L'industrie » de Saint-Étienne, qui appartient au Grand Orient de France[5]. Élu député pour le département de la Haute-Loire en 1885, il adhère au mouvement des républicains modérés. Il participe activement aux discussions sur les réformes de l’enseignement.

Il est ministre de l'Instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes en 1892, pendant les deux premières présidences d’Alexandre Ribot. Il prend auprès de lui son frère cadet, Adrien Dupuy, qui est son plus proche collaborateur[6]. À la suite du scandale de Panama, qui fit tomber le cabinet Ribot, il est appelé à la présidence du Conseil par Sadi-Carnot le 4 avril 1893, prenant également le ministère de l’Intérieur et des Cultes ; son frère devient son chef de cabinet[6]. Son ministère tombe 7 mois après.

Redevenu député, il est fait président de la Chambre en décembre. Il travaille alors à l’alliance franco-russe et fait face aux troubles sociaux dans le Midi (grèves de Carmaux) et dans le Nord. Il a une réputation de courage, due à une phrase, prononcée alors qu’il était président de la Chambre : le 9 décembre 1893, l’anarchiste Vaillant y ayant lancé une bombe, Dupuy s'était écrié : « Messieurs, la séance continue ! »[7].

Il est de nouveau président du Conseil quand Carnot est assassiné le 24 juin 1894. Il s'attaque au mouvement socialiste (circulaire d'octobre 1894) tout en renforçant la police politique à la suite de l'attentat de Vaillant. Il décide alors d'être candidat à l’élection présidentielle qui s’ensuit. Échouant, il est reconduit par le nouveau président de la République Jean Casimir-Perier avec lequel il s'entend mal. Il démissionne au bout de six mois, entrainant la démission de Casimir-Perier le lendemain.

C’est sous son ministère qu' Alfred Dreyfus est condamné en 1894. Revenu à la présidence du Conseil en novembre 1898, en pleine affaire Dreyfus, il s'oppose avec détermination à la révision du procès[8]. Malgré la mort du président Faure dans des circonstances scandaleuses, il garde la présidence du Conseil sous son successeur Émile Loubet. Le 3 juin 1899, la Cour de cassation impose la révision du procès Dreyfus, et Dupuy ne peut contenir l’agitation croissante des ligues d'extrême droite. Lorsque le baron Cristiani agresse à coups de canne le président Loubet au champ de courses d’Auteuil (5 juin 1899), il est presque accusé de complicité, car les policiers, pourtant présents en nombre, n’interviennent que mollement. Son gouvernement est mis en minorité et il démissionne le 12 juin.

Il est sénateur de 1900 à sa mort, en 1923.

Sa forte corpulence lui valut d'être surnommé « le pachyderme »[4].

Un lycée au Puy-en-Velay porte son nom : le lycée Charles-et-Adrien-Dupuy, ancien Collège Royal.

Liste des présidences du Conseil

[modifier | modifier le code]
Charles Dupuy dans les années 1890.
Charles Dupuy en 1914.

Il est cinq fois président du Conseil sous quatre présidents de la République différents :

Témoignages

[modifier | modifier le code]

« Henri Brisson dura peu. Il ne dut qu’à son énergie de durer assez pour faire son devoir, et introduire la révision du procès de 1894, devenue nécessaire après les aveux et le suicide du colonel Henry.
Il n’y a pas de mots pour peindre le ministère Dupuy qui lui succéda. Ce fut le chaos, l’écroulement et l’abîme. La République allait où l’emportait l’Affaire, que soulevaient en hurlant les nationalistes, entraînés par les bandes romaines. Alors régnèrent dans les villes les matraques et les bayados, et une canne aristocratique défonça le chapeau du président Loubet. »

— Anatole France, L’Église et la République (1904)

« Il était resté l'homme simple à qui suffisent, avec les satisfactions du devoir civique accompli dans un sublime désintéressement de lui-même[7]. »

— Gaston Doumergue, lors de l'éloge posthume.

Décorations

[modifier | modifier le code]

Publications

[modifier | modifier le code]
  • L'année du Certificat d'études : Livret de morale questions, résumés, sujets de rédaction, 46e éd, 1924, Paris, Armand colin, 38 p.; livret de botanique agricole par Louis Matruchot, Paris, Armand Colin et Cie, 1895, 3e édition ; Livret d'histoire de France, par M. Ernest Lavisse. 2 fasc., Paris, A. Colin , 1894.
  • Le Concordat et la séparation des Églises et de l'État, Paris : édition de "la Nouvelle Revue" , 1903, 20 p.
  • Discours prononcé par M. Charles Dupuy à la distribution solennelle des prix du lycée du Puy, Le Puy : impr. de Marchessou , 1876, 12 p.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Léon Douarche, En marge de la Troisième, FeniXX, (ISBN 979-10-410-1251-0, lire en ligne)
  2. Recueil des lois et actes de l'instruction publique: instruction supérieure, instruction secondaire, instruction primaire, Delalain (lire en ligne)
  3. jmbelmer, « Dupuy, Charles (1851-1923), trois fois Président du Conseil dans les années 1890 », sur textes rares, (consulté le )
  4. a et b Fabricio Cardenas, « Un ministre à Ille-sur-Têt en 1893 », sur Vieux papiers des Pyrénées-Orientales, (consulté le )
  5. Jean-Jacques Peurière, "Evocation d'une loge Stéphanoise "L'Industrie" à Travers quelques personnalités", in: Saint-Etienne, Histoire et Mémoire, Bulletin du vieux Saint-Etienne, Saint-Etienne, 2018, n. 272, p. 20.
  6. a et b Notice biographique d'André Dupuy sur le site Bahutiendupuy.com.
  7. a et b « Histoire », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  8. Sur son rôle dans l'Affaire, voir Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Fayard, 2014 et Philippe Oriol, L'Histoire de l'affaire Dreyfus de 1894 à nos jours, Les Belles Lettres, 2014.
  9. Guia Oficial de España 1910 pag.157

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Yvert Benoît (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil : histoire et dictionnaire raisonné des chefs du gouvernement en France (1815-2007), Paris, Perrin, 2007, 916 p.
  • « Charles Dupuy », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition]
  • « Charles Dupuy », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  • Gérard Bonet, « Dupuy (Charles, Alexandre dit Charles-Dupuy) », dans Nouveau Dictionnaire de biographies roussillonnaises 1789-2011, vol. 1 Pouvoirs et société, t. 1 (A-L), Perpignan, Publications de l'olivier, , 699 p. (ISBN 9782908866414)
  • Auguste Rivet, « La jeunesse de Charles Dupuy ou les écoles d’un républicain de gouvernement », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,‎ (lire en ligne)
  • Auguste Rivet, « La carrière gouvernementale de Charles Dupuy : un opportuniste inoportun », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,‎ , p. 137-164 (lire en ligne)
  • Auguste Rivet, « Charles Dupuy dans son département ou l’action locale d’un homme d'État », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,‎ , p. 179-205 (lire en ligne)

Liens externes

[modifier | modifier le code]