Coleta
Dans le monde de la tauromachie, la coleta (« queue, natte, couette ») désigne une mèche, de nos jours artificielle, portée par les toreros à pied. Elle est le symbole de leur activité professionnelle : l'expression « se couper la coleta » signifie mettre un terme à sa carrière[1].
Description et historique
[modifier | modifier le code]La coleta est constituée d'une petite tresse de cheveux montée sur un bouton couvert de tissu noir que les toreros portent fixée sur la nuque. Elle est attachée à la « mona » ou « catañeta » (ruban de soie), fixée aux cheveux par un courte pince à pas de vis[2].
À l'origine, comme on peut le voir sur les gravures de Goya, les toreros portaient les cheveux longs, ramassés dans une résille derrière la tête. C'était une sorte de chignon à la mode des « chulos »[3] madrilènes au XVIIIe siècle[2]. Ce chignon était destiné, selon les dires des toreros, à amortir les chocs en cas de chute[4].
Au moment où la mode des cheveux courts fit son apparition, les toreros, pour se distinguer dans la rue, conservèrent une seule longue mèche de cheveux qu'ils tressaient[5].
L'effet Belmonte
[modifier | modifier le code]Beaucoup de biographes rapportent que c'est Juan Belmonte qui a lancé la mode du postiche en supprimant sa coleta[2],[6]. Paul Casanova et Pierre Dupuy précisent toutefois que c'est bien involontairement que Belmonte eut à « se couper la coleta », non pas pour mettre fin à sa carrière, mais parce qu'il devait effectuer son service militaire à partir de l'hiver 1914-1915[5]. C'est à lui qu'on attribue l'invention de la mèche postiche reprise par tous les toreros à l'exception de Joselito, qui portait une tresse de cheveux véritables.
Désormais, le mot coleta est synonyme de torero. Par extension, le terme est employé pour désigner le torero lui-même[7]. Lorsqu'un matador « se coupe la coleta » (« prend sa retraite »), cela donne lieu à une cérémonie en public, généralement émouvante, dans les arènes. Ainsi Manolo Bienvenida a coupé la coleta de son père Bienvenida (le pape noir) le dans les arènes de Mexico en délire. À noter que de nos jours, seul Morante de la Puebla porte une coleta authentique.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Auguste Lafront - Paco Tolosa : « Encyclopédie de la corrida », éditions Prisma, 1950, p. 71
- Claude Popelin, « La Tauromachie», préface de Jean Lacouture et François Zumbiehl, édition augmentée par Yves Harté, Le Seuil, Paris, 1970-1994, p. 83 (ISBN 2020214334)
- Selon la définition du Larousse compact Espagnol-Français, 2000, p. 118 un chulo (féminin chula) est une figure typique des quartiers populaires de Madrid
- Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, ouvrage collectif sous la direction de Robert Bérard, Bouquins Laffont, Paris, 2003, p. 400 (ISBN 2221092465)
- Paul Casanova et Pierre Dupuy, Dictionnaire tauromachique, Jeanne Laffitte, 1981, p. 44 (ISBN 2862760439)
- Histoire et dictionnaire de la Tauromachie, ouvrage collectif sous la direction de Robert Bérard, Bouquins Laffont, Paris, 2003, p. 401
- Auguste Lafront, éditions Prisma, 1950, p. 71