Conséquences du printemps arabe aux Émirats arabes unis
Le « printemps arabe » de 2010-2011 n'a pas directement touché les Émirats arabes unis mais les autorités du pays ont réagi aux évènements en renforçant la surveillance policière afin d'éviter l'émergence de toute contestation populaire.
Réaction de la diplomatie des Émirats
[modifier | modifier le code]Les Émirats sont considérés comme un État policier[1]. Ils réagissent donc assez peu favorablement aux succès des révolutions en Tunisie et en Égypte[2] ; lors d’une visite diplomatique en Égypte en pleine révolution, début février, le ministre des Affaires étrangères des Émirats avait dénoncé un « complot iranien »[3].
Lorsque le printemps arabe a touché les pays de la péninsule arabique, les Émirats arabes unis ont clairement soutenu les régimes en place, au sein notamment du conseil de coopération du Golfe[4],[5]. Ils sont aussi intervenus aux côtés de l'Arabie saoudite lors de la répression du soulèvement bahreïni à la mi-mars[6].
Les manifestations ont touché de très près les Émirats, non seulement lors des protestations bahreïniennes, mais aussi à Oman[7].
Réactions internes
[modifier | modifier le code]Au début de l’année 2011, le gouvernement annonce de nouvelles élections pour le Conseil national fédéral, mais seules quelques milliers de personnes sur les quatre millions d’habitants pourront voter, et la moitié des quarante conseillers seront nommés[1]. Il prévoit également d’augmenter les stocks de blé de six mois de consommation à un an, afin de prévenir toute hausse des prix[8].
Le , soixante-dix ouvriers du bâtiment en grève depuis dix jours à Dubaï sont arrêtés par la police. Alors qu’ils étaient 3000 à demander des hausses de salaire, les négociateurs leur proposaient de reprendre le travail ou de rentrer chez eux, la plupart n’étant pas émiratis[9]. De même, les manifestants anti-Kadhafi qui affichaient leur soutien aux insurgés libyens devant l’ambassade de Libye à Dubaï, le , ont été dispersés par la police[10].
Poussés par les succès de la révolution tunisienne et de la révolution égyptienne, 130 intellectuels et militants publient deux pétitions en mars, pour demander l’élection de la totalité des quarante conseillers au suffrage universel[1].
Le gouvernement effectue quelques arrestations préventives de personnalités ayant réclamé des réformes, et de militants[11],[1] :
- le , Ahmed Mansour, blogueur et animateur du forum de discussion libre hewar arrêté dans l’émirat de Dubaï ;
- le , Fahad Saleh al-Shehhy (ou Fahad Salem al Shehhi), libéré le 17[12] ;
- le , Nasser Bin Ghaith, professeur d'économie à l’université Paris-Sorbonne d'Abu Dhabi et au UAE Armed Forces College.
Ahmed Mansour et Fahad Saleh al-Shehhy ont notamment signé une pétition demandant l’élection des membres du Conseil national fédéral, le conseil consultatif dont les membres sont majoritairement nommés[11]. Les participants au forum Hewar sont harcelés par les forces de l’ordre[1].
Ces trois personnalités, et deux autres militants, sont poursuivis pour « non-respect de la loi », « incitation à des actions de nature à porter atteinte à la sécurité de l'État » et « insultes envers des membres de la famille royale »[13],[12]. Ahmed Mansour est condamné à trois ans de prison, les autres inculpés à deux ans ; les cinq sont graciés le jour même de leur condamnation[14].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Christopher M. Davidson, « The Making of a Police State », Foreign Policy, publié le 14 avril 2011, consulté le 25 avril
- « Les pays arabes saluent avec plus ou moins d’ardeur le changement de régime en Égypte », RFI, publié le 12 février 2011, consulté le 25 avril
- Égypte : rencontre Moubarak-Émirats, 8 février 2011
- « Les pays du golfe assurent Bahreïn de leur soutien », RFI, publié le 18 février 2011, consulté le 25 avril
- Clarence Rodriguez, « Les pays arabes du Golfe dénoncent les "ingérences flagrantes" de l’Iran », RFI, publié le 4 avril 2011, consulté le 25 avril
- « Bahreïn : les Émirats envoient des troupes », Le Figaro, publié le 17 mars 2011, consulté le 25 avril
- « Des blindés interviennent à Oman », Le Figaro, publié le 1er mars 2011, consulté le 25 avril
- Myriam Berber, « La situation tunisienne préoccupe le monde arabe », Radio France international, publié le 19 janvier 2011, consulté le 25 avril 2011
- Dubaï/Manifestation : 70 ouvriers arrêtés, 26 janvier 2011
- Wafa Issa, « Anti-Qaddafi protesters disbanded by Dubai police », The National, publié le 23 février 2011, consulté le 25 avril 2011
- Marie Kostrz, « Un prof arrêté à Abu Dhabi : la Sorbonne fait la sourde oreille », Rue89, nouvelobs.com, publié et consulté le 21 avril 2011
- Inside Amnesty international annonce la libération de Fahad Salem al Shehhi et l'arrestation de « trois blogueurs » en plus de ces trois personnalités : [1], consulté le 3 mai 2011
- « Arrestation de cinq Emiratis pour "non-respect de la loi" », Bonjour Qatar, publié le 28 avril 2011, consulté le 30 avril 2011
- AFP, « Les Émirats gracient cinq militants pro-démocratie emprisonnés », Le Monde, publié le 28 novembre 2011