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Couleur politique

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The Polling, gravure de William Hogarth présentant en 1754 les élections législatives au Parlement du royaume de Grande-Bretagne : le drapeau bleu représente les Tories et le drapeau orange les Whigs.

Les partis politiques sont très souvent, officiellement ou officieusement, associés avec des couleurs utilisées pour les représenter.

L'attribution de ces couleurs suit souvent les mêmes tendances dans différents pays. Par exemple, le rouge est souvent associé aux partis de gauche alors que les partis de droite sont plutôt en bleu. Mais il ne s'agit pas d'une règle absolue.

Le blanc est la couleur du pacifisme.

En Russie, en France et en Espagne (guerre civile), il est également la couleur de la royauté et donc du monarchisme.

En Italie, la Démocratie chrétienne était associée au blanc et parfois surnommée « la baleine blanche »[1].

Logo du Parti populaire espagnol.

Couleur du conservatisme

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La couleur bleue est généralement associée aux partis de droite ou conservateurs ne se revendiquant pas spécifiquement de la démocratie chrétienne : Parti populaire espagnol, conservateurs britanniques, Fine Gael en Irlande (parti héritier des Blue Shirts de l'entre-deux-guerres), Nouvelle Démocratie grecque... Les groupes parlementaires européens du PPE et des Conservateurs et réformistes européens utilisent le bleu.

En Allemagne ou en Autriche, les partis chrétiens conservateurs (CDU, CSU, ÖVP) sont plutôt associés au noir tandis que le bleu est associé aux partis conservateurs nationalistes (AfD[2], FPÖ[3]). De même, les anciens logotypes du FDP allemand, dans sa période d'association avec les conservateurs, mélangeaient le jaune et le bleu.

Les conservateurs nordiques portent aussi le bleu (Høyre en Norvège, Moderaterna en Suède, Kokoomus en Finlande) de même que les partis libéraux-conservateurs européens comme le VVD néerlandais, le Mouvement réformateur belge ou les Libéraux-radicaux suisses.

Le bleu, couleur du protestantisme politique: ancien logo du Parti antirévolutionnaire néerlandais.

Les chrétiens-démocrates soucieux de se distancier de l'image du catholicisme politique traditionnel optent parfois pour le bleu des conservateurs. Ainsi, le renouvellement d'image de l'ÖVP autrichien sous l'impulsion de Sebastian Kurz a été symbolisé par le passage du noir au bleu turquoise[4]. De même, les chrétiens-démocrates néerlandais spécifiquement protestants de l'Union chrétienne utilisent le bleu plutôt que le noir associé à l'héritage du Parti populaire catholique. Les anciens partis protestants néerlandais ARP et CHU ont fréquemment utilisé des logotypes bleus.

Des partis d'extrême-droite ou de droite populiste utilisent aussi le bleu pour marquer leur ancrage conservateur ou libéral: FPÖ autrichien, PVV néerlandais, Parti populaire conservateur d'Estonie. Le parti européen Identité et démocratie auquel appartient le Rassemblement national utilise le bleu marine.

En Tunisie, le bleu est la couleur du parti Ennahdha, un parti conservateur promouvant une politique de démocratie islamique. En France, le bleu est la couleur du parti Les Républicains (LR) et des partis de droite en général, ainsi que du Rassemblement national (RN). Le bleu est, avec l'ambre, la couleur du mouvement royaliste Action française (AF) ou encore de l'Alliance royale (AR).

Autres usages

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Au Canada, le bleu représente traditionnellement le Parti conservateur mais le bleu clair représente le souverainisme québécois, notamment le Bloc québécois et le Parti québécois, partis plutôt associés à la gauche mais opposés au Parti libéral du Québec, de centre-droit mais qui utilise le rouge traditionnel des Libéraux canadiens[5]. Par extension, le bleu peut représenter les francophones.

Cependant, ce principe d'association entre le bleu et la droite conservatrice souffre d'exceptions notables, notamment hors d'Europe : aux États-Unis par exemple, le bleu est la couleur du Parti démocrate. Au Japon, le bleu a été choisi comme la couleur du nouveau Parti démocrate progressiste (PDP), parti centriste et du centre-gauche fondé en 2016 pour devenir la nouvelle force d'opposition au parti conservateur au pouvoir. Le bleu ciel pour sa part est la couleur de la social-démocratie japonaise, utilisé par Parti social-démocrate (PSD). En France, le bleu cyan est utilisé par La France insoumise au côté du rouge[6]. En Polynésie française, le bleu ciel est la couleur de l'Union pour la démocratie (coalition de partis de gauche et de centre-gauche indépendantistes ou autonomistes). Enfin, dans les pays utilisant un drapeau bleu comme l'Argentine, la nuance de bleu du drapeau peut être utilisée par des partis au-delà des seuls conservateurs (bleu ciel pour les Péronistes).

À cause des chemises brunes, le brun est généralement associé aux partis d'extrême droite.

Le logo de l'Internationale libérale associe le jaune et le bleu.

Couleur du libéralisme

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En Europe et dans le monde anglophone, le jaune est généralement associé au libéralisme voire au libertarianisme. Il est encore utilisé par les Libéraux-démocrates au Royaume-Uni ou la Liberal International. Il reste associé à la représentation du FDP allemand[2], même si celui-ci met maintenant en avant le magenta. En France, La République en marche n'utilise pas le jaune mais y est fréquemment associée dans les médias[7]. En Nouvelle-Zélande, le jaune est la couleur du parti ACT (Association of Consumers and Taxpayers) promouvant le libertarianisme. Les libertariens américains utilisent aussi le jaune.

Autres usages

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Le jaune est fréquemment utilisé pour les partis de droite radicale nordiques (Démocrates de Suède, Parti populaire danois, Parti des Finlandais). La plus ancienne de ces formations, le Parti du Progrès danois, utilisait le jaune et se revendiquait du libertarianisme. Les Démocrates de Suède utilisent le bleu et le jaune, couleurs nationales, depuis leur origine.

En Thaïlande, cette couleur fait référence au parti nationaliste de l'Alliance du peuple pour la démocratie, appelé aussi « chemises jaunes ».

Durant le mouvement des gilets jaunes, la couleur a été utilisé massivement par le mouvement.

Le noir peut avoir des significations très différentes :

L'orange est associé à différents mouvements politiques selon les pays.

Refus du clivage droite-gauche

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L'orange est devenu une couleur récurrente de la démocratie chrétienne (ici, le drapeau de la CDU allemande).

Usages liés à une référence religieuse

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Autres usages

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Logo du NPD canadien (centre-gauche).

Dans certains pays, le rose est associée au parti socialiste ou social-démocrate pour le différencier du parti communiste, bien que la couleur traditionnelle du socialisme ou de la social-démocratie soit le rouge. Ainsi, en France, les hauts responsables du Parti socialiste sont parfois nommés « éléphants roses »[16].

Au Japon, le rose est la couleur du parti centriste et bouddhiste du Nouveau Kōmeitō.

Drapeaux rouges flottant devant le Musée national de Chine.
Drapeau rouge brandi par un manifestant à Madrid le jour de la fête du travail en 2006.

Traditionnellement, le rouge est la couleur de la gauche et notamment du communisme et du socialisme. Cette couleur est celle du drapeau rouge, symbole du mouvement ouvrier et des mouvements révolutionnaires depuis 1848.

Dans la plupart des pays, le rouge est ainsi utilisé par le principal parti de gauche : Parti travailliste britannique, Parti social-démocrate suédois, Parti des travailleurs brésilien, Parti communiste français[17], etc. Le rouge est également utilisé par l'extrême gauche, de tradition communiste ou révolutionnaire. Le rouge est également associé à des organisations du mouvement ouvrier autre que les partis, comme le Secours rouge.

Dans les pays où existe un parti communiste, le parti socialiste ou social-démocrate est parfois associé à une autre couleur, comme le Parti socialiste en France (rose) ou le PASOK en Grèce (vert).

Autres usages

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Le Parti colorado paraguayen illustre l'utilisation du rouge par des formations centristes ou conservatrices dans les Amériques.

Dans les Amériques, le rouge est parfois associé au libéralisme ou au nationalisme. Aux États-Unis, le rouge est la couleur du Parti républicain. Au Paraguay, c'est la couleur du principal conservateur, le Parti colorado. Le rouge libéral est représenté en Uruguay par un autre Parti colorado. Au Canada, c'est aussi la couleur du Parti libéral (centre), héritier du Parti rouge.

Le rouge peut aussi être la couleur des partis nationalistes ou indépendantistes dans des pays où il fait figure de couleur nationale, comme l'Indonésie (drapeau blanc et rouge repris par le Parti démocratique de lutte). Le même drapeau malayo-indonésien historique inspire les couleurs du nationalisme malais.

Au Japon, c'est la couleur du Parti démocrate du Japon (PDJ), ancienne formation politique du centre qui a incarné la principale force d'opposition au Parti libéral-démocrate de droite de 1998 à 2016.

Au Pakistan, le rouge est la couleur du Parti national Awami, principal parti pachtoune du pays, qui se revendique dans son manifeste « de gauche et laïc ».

En Nouvelle-Calédonie, le rouge était utilisé par le Rassemblement pour la Calédonie dans la République (RPCR), formation historique de la droite anti-indépendantiste.

Logo du Parti des valeurs, le premier parti écologiste national (en Nouvelle-Zélande).

Europe, Amériques, Océanie: écologie politique ou agrarisme

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Usage politique du vert dans le monde musulman

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Le vert est souvent considéré comme la couleur de l'Islam[18]. C'est parfois la couleur de partis islamistes ou radicaux comme le Hamas. Des partis parlementaires conservateurs l'ont également adopté, comme au Pakistan la Ligue musulmane ou en Israël la Liste arabe unie. En Iran, le « mouvement vert » désigne un courant d'opposition démocratique au régime.

Autres usages

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Le vert peut aussi être associé à d'autres mouvements :

Violet, magenta, amarante

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Le violet est utilisé comme mélange du bleu et du rouge. Le carmin et le magenta sont parfois utilisés comme variante du violet à des fins similaires de fusion entre le rouge et le bleu.

Aux États-Unis, c'est la couleur des swing states (mélange du bleu démocrate et du rouge républicain).

  • Il peut s'agir de la couleur de partis réfutant le clivage droite-gauche: en Belgique, les FDF utilisent un violet-carmin — qu'ils appellent « amarante » — parce qu'à l'origine le parti a été créé par des gens issus de la gauche et de la droite; en France, l'UDI (centre-droit) utilise un violet foncé. Le violet est également utilisé par les Partis pirates (ne se situent pas sur une échelle droite-gauche).
  • Des partis conservateurs, nationalistes ou souverainistes peuvent utiliser le violet, couleur du bonapartisme en France, pour marquer leur volonté de dépasser les clivages partisans: en France, le violet est utilisé par Debout la France (souverainiste de droite). En Angleterre, c'est la couleur du UKIP, parti souverainiste et conservateur dont le meneur a longtemps été Nigel Farage.
  • le violet est aussi la couleur du mouvement féministe, mais en tant que mélange du rose associé aux filles et du bleu associé aux garçons (l'anarcha-féminisme associe ainsi la couleur violette au noir anarchiste pour son drapeau). En Suède, l'Initiative féministe utilise un violet rose.
  • Des formations de gauche peuvent utiliser le violet pour se distinguer du rouge. En Espagne, le parti de gauche radicale Podemos a choisi le violet comme couleur principale. Ce choix iconoclaste peut-être dû au contexte national : le mauve et le violet (couleur de la troisième bande du drapeau républicain) sont associés à l'imaginaire républicain de gauche, alors que dans le même temps le rouge est associé au parti social-démocrate espagnol (le PSOE). En Grèce, il est parfois utilisé par SYRIZA pour se différencier du Parti communiste de Grèce, qui utilise le rouge.
Depuis 2017, le logo du FDP allemand fait figurer le magenta aux côtés du jaune et du bleu traditionnels des Libéraux.

De nombreux partis issus du libéralisme tels que le FDP en Allemagne ou le Mouvement radical en France ont sensiblement réduit l'utilisation du jaune au profit du magenta. On retrouve le magenta chez certains partis socio-libéraux, tels que les Radicaux danois, Neos en Autriche. Le parti ALDE et le LYMEC ont quant à eux complètement remplacé le jaune par le magenta.

Notes et références

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  1. « La « Baleine blanche » et la « Pieuvre » », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (de) « Bundestagswahl: Wie steht es in den Umfragen? », sur www.zdf.de (consulté le )
  3. a et b (de-AT) « Nach Hofers Rücktritt: Wer macht jetzt Blau? », sur DER STANDARD (consulté le )
  4. (de) « Von Schwarz-Blau zu Türkis-Blau: Parteien und ihre Farben », sur kurier.at, (consulté le )
  5. a et b Philippe Bernier Arcand, « Bleu, histoire d’une couleur politique », Histoire Québec, vol. 23, no 4,‎ , p. 15–17 (ISSN 1201-4710 et 1923-2101, lire en ligne, consulté le )
  6. « Charte graphique de la France insoumise », sur La France insoumise (consulté le )
  7. « Législatives : pourquoi parle-t-on de "vague jaune" pour désigner le raz-de-marée REM au 1er tour ? », sur LCI (consulté le )
  8. « Le noir, étendard de la radicalité », sur RFI, (consulté le )
  9. « L'Internationale Noire » (consulté le )
  10. « Une " Internationale noire " ? », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Internationale noire en Europe de 1945 à la fin des années 1980 (L’) », sur Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (consulté le )
  12. Anatole France, Le parti noir, Société nouvelle de librairie et d'édition, (lire en ligne)
  13. Muriel Cassel-Piccot, « Libéraux et Libéraux Démocrates : dans l’ombre des Travaillistes ? », Observatoire de la société britannique, no 6,‎ , p. 67–88 (ISSN 1957-3383 et 1775-4135, DOI 10.4000/osb.423, lire en ligne, consulté le )
  14. Piotr H. Kosicki, « Image et réalité : la mythologisation française de la Démocratie chrétienne de l’après-guerre », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIe siècles, no 12,‎ , p. 109–128 (ISSN 1257-127X, DOI 10.4000/chretienssocietes.2228, lire en ligne, consulté le )
  15. (en) "The Family Party registered, logo declined", Commission électorale de Nouvelle-Zélande, 17 décembre 2007
  16. « Macron et les éléphants roses », sur www.franceinter.fr (consulté le )
  17. «La couleur politique, capital précieux pour les partis», sur FIGARO, (consulté le )
  18. Christopher Beam, « Pourquoi le vert est la couleur de l'Islam? », sur Slate.fr, (consulté le )
  19. « Home - Lega Nord Padania », sur www.leganord.org (consulté le )